France, portrait social Édition 2023

Cet ouvrage dresse un panorama des inégalités sociales dans plusieurs domaines. La satisfaction dans la vie et le bien-être, l’état de santé des jeunes et leur consommation de substances psychoactives, la proximité sociale des personnes en couple, les inégalités de niveau de vie et de patrimoine, les inégalités d’orientation à la fin du collège et les inégalités en matière de santé, en France et en Europe sont ainsi abordés en mobilisant les nomenclatures socioéconomiques ou socioprofessionnelles, dont la nouvelle PCS Ménage ou encore les classes d’emploi.

Par ailleurs, deux dossiers analysent le niveau de vie des ménages en 2022, année marquée par une forte inflation.

Insee Références
Paru le :Paru le23/11/2023
Mathieu Perona (Cepremap)
France, portrait social- Novembre 2023
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Le bien‑être subjectif, une question de classes sociales ?

Mathieu Perona (Cepremap)

Depuis le rapport Stiglitz de 2009, la satisfaction dans la vie – 7 en moyenne sur une échelle de 0 à 10 entre juin 2016 et juin 2023 – fait partie des indicateurs de richesse. La mesure du bien‑être subjectif est ici détaillée en près de vingt dimensions. Les notes vont d’une moyenne de 8 pour la satisfaction quant aux relations avec ses proches, à 4 pour les perspectives de la prochaine génération en France. Le pessimisme à l’égard de l’avenir contraste avec l’appréciation positive de la situation présente et témoigne de craintes d’une dégradation de la situation du pays.

Le bien‑être présente une forte hiérarchie sociale dans la plupart de ses dimensions, excepté les domaines du travail et du temps libre, où les écarts d’appréciation selon les classes sociales sont, de manière surprenante, faibles. Les écarts de bien‑être entre catégories sociales sont notamment liés à leurs revenus et à leurs conditions de vie. Une fois les effets des différences sociodémographiques entre les ménages neutralisés, les écarts entre classes sociales se réduisent, mais sans s’annuler. En se ramenant à des caractéristiques comparables (d’âge, de revenu, etc.), les ménages à dominante ouvrière sont ainsi parmi les moins satisfaits. Les indépendants sont plus satisfaits de leur travail, mais moins de l’équilibre de leurs temps de vie.

S’ils pouvaient choisir à quelle époque vivre en France, les ménages à dominante cadre et intermédiaire préfèreraient le présent, quand les autres préfèreraient les années 1980. Toutes les classes sociales ont traversé de manière assez similaire le choc de l’épidémie de Covid‑19. Certains événements nationaux, comme le mouvement social des Gilets jaunes ou la flambée des prix depuis la mi‑2021, ont des impacts plus contrastés sur le bien‑être selon les classes sociales.

Insee Références

Paru le :23/11/2023

Le Bien-être subjectif, une question de classes sociales ?

La mesure du bien‑être subjectif

Une façon de mesurer le bien‑être est de s’en remettre à l’appréciation subjective des personnes, en leur demandant directement d’évaluer leur satisfaction dans la vie en général, sans imposer de définition des concepts employés. La plateforme « Bien‑être » de l’enquête Camme, qui permet de suivre l’opinion des ménages de France métropolitaine, propose aux personnes interrogées de se positionner sur une échelle de 0 à 10, sur un ensemble d’indicateurs déclinant les principales dimensions du bien‑être subjectif : la satisfaction liée à leur situation actuelle, celle liée au travail et à l’équilibre des temps de vie, le lien social, la vision du passé et de l’avenir (sources ; méthode ; annexe).

Entre 2016 et 2023, la satisfaction dans la vie atteint 7 sur 10 en moyenne en France

Entre 2016 et 2023, les divers indicateurs de bien‑être peignent le portrait d’une France métropolitaine où il fait plutôt bon vivre. Sur une échelle de 0 à 10, où 0 désigne la pire situation et 10 la meilleure, les notes moyennes se situent le plus souvent aux alentours de 7 (figure 1). Comparée aux autres pays européens, la France se situe dans la moyenne entre une Europe du Nord généralement plus satisfaite – les pays nordiques dominant les classements mondiaux – et une Europe du Sud et de l’Est moins satisfaite [Ouvrir dans un nouvel ongletHelliwell et al., 2023].

Figure 1a - Satisfaction moyenne entre 2016 et 2023 relative à la situation actuelle

note moyenne sur 10
Figure 1a - Satisfaction moyenne entre 2016 et 2023 relative à la situation actuelle (note moyenne sur 10) - Lecture : Entre 2016 et 2023, en moyenne, la satisfaction relative à la vie actuelle est évaluée en France à 6,57 sur une échelle de 0 à 10.
Dimension du bien‑être subjectif Note
Vie actuelle 6,57
Sens de la vie menée actuellement 7,11
Sentiment d'avoir été heureux la veille 6,91
Ne pas s'être senti déprimé la veille 7,95
Santé 6,88
Niveau de vie 6,53
  • Lecture : Entre 2016 et 2023, en moyenne, la satisfaction relative à la vie actuelle est évaluée en France à 6,57 sur une échelle de 0 à 10.
  • Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 16 ans ou plus, vivant en logement ordinaire.
  • Source : Insee-Cepremap, plateforme « Bien‑être » de l’enquête conjoncture auprès des ménages, vagues de juin 2016 à juin 2023.

Figure 1a - Satisfaction moyenne entre 2016 et 2023 relative à la situation actuelle

  • Lecture : Entre 2016 et 2023, en moyenne, la satisfaction relative à la vie actuelle est évaluée en France à 6,57 sur une échelle de 0 à 10.
  • Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 16 ans ou plus, vivant en logement ordinaire.
  • Source : Insee-Cepremap, plateforme « Bien‑être » de l’enquête conjoncture auprès des ménages, vagues de juin 2016 à juin 2023.

L’appréciation que les personnes portent sur leur situation actuelle est globalement positive : entre 2016 et 2023, l’évaluation moyenne de la vie menée actuellement est de 6,6 sur 10 d’après l’enquête Camme (sources). La plupart des personnes (58 %) positionnent leur satisfaction quant à leur vie actuelle entre 7 et 9, dont 49 % à 7 ou 8 : s’il y a peu de personnes qui se disent complètement satisfaites (10), celles qui se positionnent au bas de l’échelle (entre 0 et 4) sont également peu nombreuses, autour de 10 % des réponses [Ouvrir dans un nouvel ongletPerona, 2022]. Parmi ces indicateurs généraux, c’est l’absence de sentiment dépressif la veille qui obtient la note la plus favorable, avec 8,0 sur 10.

Le domaine du travail fait l’objet d’évaluations plus contrastées. Si le travail lui‑même recueille un niveau de satisfaction assez élevé (7,2 en moyenne), l’équilibre entre le temps de travail et celui consacré aux proches constitue un point de moindre satisfaction, avec une évaluation moyenne de 5,9.

Les relations aux autres sont perçues positivement. Plus de la moitié des personnes enquêtées estiment être plus heureuses que les autres personnes vivant en France, et les relations avec leurs proches recueillent une satisfaction moyenne de 8,2 sur 10. Les notes relatives au sentiment de sécurité dans son quartier et au fait ne de pas avoir ressenti d’agressivité de la part des personnes croisées la veille sont également le plus souvent assez élevées.

Les appréciations de l’avenir sont nettement plus sombres. Les personnes envisagent leur vie dans les prochaines années de façon moins satisfaisante en moyenne que leur vie actuelle (5,9). Sur un horizon plus long, la plupart des personnes enquêtées estiment que la vie pour la prochaine génération en France, comme ailleurs en Europe, sera pire qu’aujourd’hui, avec des notes moyennes de 4,0 et 4,2 respectivement. Ce pessimisme à l’égard de l’avenir, individuel comme collectif, contraste avec une appréciation positive de la situation présente et témoigne d’un sentiment d’inquiétude et de craintes d’une dégradation de la situation du pays [Ouvrir dans un nouvel ongletPerona, 2023].

Le bien‑être subjectif reflète souvent la hiérarchie sociale

La distinction des indicateurs de bien‑être selon la catégorie socioprofessionnelle du ménage dans lequel vivent les personnes (PCS Ménage ; méthode) met en évidence une hiérarchie sociale du bien‑être subjectif dans de nombreux domaines.

Un premier ensemble regroupe les indicateurs des domaines de la situation actuelle ou des perspectives d’avenir pour lesquels les moyennes des notes sont bien distinctes, selon la PCS du ménage. La satisfaction dans la vie en est un exemple. En moyenne sur la période 2016‑2023, ce sont les personnes vivant dans un ménage à dominante cadre qui se montrent les plus satisfaites de la vie qu’elles mènent actuellement (note de 7,3 sur 10 ; figure 2). Viennent ensuite les personnes vivant dans un ménage à dominante intermédiaire (6,9), employée (6,6), petit indépendant (6,5), ouvrière (6,4) et enfin les ménages monoactifs d’ouvrier ou d’employé (5,9). L’écart entre le haut et le bas de l’échelle sociale est ainsi de 1,4 point, une valeur élevée pour les métriques de bien‑être.

Figure 2a – Satisfaction moyenne entre 2016 et 2023 selon la situation actuelle et la catégorie sociale

note moyenne sur 10
Figure 2a – Satisfaction moyenne entre 2016 et 2023 selon la situation actuelle et la catégorie sociale (note moyenne sur 10) - Lecture : Entre 2016 et 2023, en moyenne, les personnes appartenant à des ménages à dominante cadre ont évalué à 7,31 sur une échelle de 0 à 10 leur satisfaction de la vie qu’elles mènent actuellement.
Dimension du bien‑être subjectif Ménages à dominante...
Cadre Intermédiaire Employée Petit indépendant Ouvrière Monoactif ouvrier ou employé
Vie actuelle 7,31 6,92 6,59 6,52 6,40 5,85
Sens de la vie 7,54 7,40 7,14 7,14 6,98 6,55
Sentiment d'avoir été heureux la veille 7,31 7,13 7,02 6,91 6,89 6,35
Ne pas s'être senti déprimé la veille 8,25 8,12 7,99 8,06 7,95 7,45
Santé 7,33 7,09 6,96 6,79 6,76 6,47
Niveau de vie 7,31 6,92 6,48 6,50 6,31 5,84
  • Lecture : Entre 2016 et 2023, en moyenne, les personnes appartenant à des ménages à dominante cadre ont évalué à 7,31 sur une échelle de 0 à 10 leur satisfaction de la vie qu’elles mènent actuellement.
  • Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 16 ans ou plus, vivant en logement ordinaire.
  • Source : Insee-Cepremap, plateforme « Bien‑être » de l’enquête conjoncture auprès des ménages, vagues de juin 2016 à juin 2023.

Figure 2a – Satisfaction moyenne entre 2016 et 2023 selon la situation actuelle et la catégorie sociale

  • Lecture : Entre 2016 et 2023, en moyenne, les personnes appartenant à des ménages à dominante cadre ont évalué à 7,31 sur une échelle de 0 à 10 leur satisfaction de la vie qu’elles mènent actuellement.
  • Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 16 ans ou plus, vivant en logement ordinaire.
  • Source : Insee-Cepremap, plateforme « Bien‑être » de l’enquête conjoncture auprès des ménages, vagues de juin 2016 à juin 2023.

Des contrastes similaires s’observent pour les indicateurs relatifs au sens de la vie menée actuellement, au sentiment d’avoir été heureux la veille ou l’année précédente, ainsi qu’à l’appréciation de ce que sera sa vie dans les années à venir. Dans le domaine du lien social, plusieurs indicateurs présentent également une nette hiérarchie sociale : le sentiment de sécurité dans son quartier, celui d’avoir quelqu’un sur qui compter en cas de besoin ou bien encore la comparaison de sa situation à celle des autres Français. Les écarts entre catégories sociales sont également visibles, mais plus faibles, dans ce qui relève de l’appréciation de la santé, ou des perspectives de la prochaine génération.

Dans tous ces cas, les ménages à dominantes employée et petit indépendant donnent des réponses très proches. Les différences entre les autres groupes sociaux sont plus marquées. Les ménages monoactifs d’ouvrier ou d’employé, avec des notes moyennes inférieures, se situent souvent largement au-dessous des autres classes sociales. Il convient toutefois de mentionner qu’au sein de chaque catégorie socioprofessionnelle des différences existent, certaines personnes se déclarent très heureuses quand d’autres disent être très malheureuses. Ces écarts entre moyennes reflètent donc des différences dans la distribution des évaluations, mais n’épuisent pas les contrastes de situations au sein d’une même catégorie.

Travail, temps libre : des domaines qui échappent à la hiérarchie sociale du bien‑être

Un deuxième ensemble d’indicateurs regroupe ceux où la hiérarchie sociale est peu ou pas visible. Cela concerne principalement les indicateurs du domaine du travail et des temps de vie. Les petits indépendants sont les plus satisfaits de leur travail (note moyenne de 7,5 sur 10), mais seulement 0,5 point les sépare des ménages monoactifs d’ouvrier ou d’employé qui en sont les moins satisfaits.

En ce qui concerne l’équilibre entre le temps de travail et celui consacré à la famille, ainsi que le temps libre, les petits indépendants sont au contraire les moins satisfaits. Pour ces deux indicateurs, l’écart entre les catégories sociales est encore plus réduit : la note attribuée par les petits indépendants est inférieure de 0,2 point à 0,3 point à la note maximale (celle des personnes vivant dans un ménage à dominante ouvrière dans le premier cas ; à dominante employée dans le second).

L’exposition à l’agressivité et les relations avec les proches font également partie de cet ensemble d’indicateurs où les niveaux de satisfaction varient peu selon la catégorie sociale, et se démarquent ainsi des autres indicateurs de lien social.

Le sentiment d’avoir été déprimé la veille occupe une place intermédiaire entre ces deux ensembles d’indicateurs. Ce sentiment est en moyenne plus prononcé pour les ménages monoactifs d’ouvrier ou d’employé que parmi les autres classes sociales, avec une note moyenne à 7,5 (où 10 signifie « pas du tout déprimé »), contre des réponses proches de 8 pour les autres.

Une fois les différences sociodémographiques neutralisées, les écarts de bien‑être entre catégories sociales se réduisent

Les écarts de bien‑être constatés entre catégories sociales peuvent relever pour partie de différences de situations et de conditions de vie. Le revenu notamment, mais aussi l’âge, le fait d’être en couple ou d’avoir des enfants, le lieu d’habitation ont en effet une influence mesurable sur le bien‑être [Ouvrir dans un nouvel ongletSenik, 2014], ainsi que l’état de santé [Gleizes et al., 2022]. Des éléments plus difficiles à mesurer, comme la qualité des relations sociales ou l’accès à des espaces naturels participent aussi au bien‑être [Ouvrir dans un nouvel ongletClark et al., 2018]. Le revenu médian des ménages monoactifs d’ouvrier ou d’employé, qui ont les niveaux de satisfaction moyens les plus faibles dans une grande partie des domaines du bien‑être, est très inférieur à celui des autres catégories.

Il est possible de neutraliser statistiquement l’impact de certaines caractéristiques sociodémographiques : le revenu, le sexe, l’âge, le diplôme, la taille du ménage, le nombre d’enfants et la région de résidence (méthode). Les ménages à dominante employée sont alors choisis comme référence et l’analyse se fait systématiquement en écart à ce groupe. Une fois ces différences de caractéristiques sociodémographiques neutralisées, les écarts entre les PCS se réduisent, voire deviennent non significatifs, pour la plupart des dimensions du bien‑être. Ainsi, par rapport aux ménages à dominante employée, le sentiment d’avoir été heureux la veille est plus faible de 0,7 point parmi les ménages monoactifs d’ouvrier ou d’employé, et plus élevé de 0,3 point parmi les ménages à dominante cadre (figure 3). Mais, après neutralisation des différences de caractéristiques sociodémographiques, l’écart se réduit à -0,2 point pour les ménages monoactifs d’ouvrier ou d’employé, et devient non significatif pour les ménages à dominante cadre.

Figure 3 – Les différentes dimensions du bien‑être subjectif : écarts de satisfaction entre catégories sociales, à caractéristiques sociodémographiques comparables

en points
Figure 3 – Les différentes dimensions du bien‑être subjectif : écarts de satisfaction entre catégories sociales, à caractéristiques sociodémographiques comparables (en points) - Lecture : Entre 2016 et 2023, en moyenne, les ménages à dominante cadre déclarent une satisfaction dans la vie supérieure de 0,73 point aux ménages à dominante employée. À autres caractéristiques neutralisées, le fait de vivre dans un ménage à dominante cadre augmente en moyenne la note de satisfaction dans la vie de 0,20 point seulement par rapport aux ménages à dominante employée.
Dimension du bien‑être subjectif Ménages à dominante... Sans neutralisation1 Avec neutralisation2
Écart par rapport à la note des ménages à dominante employée Erreur‑type de cet écart Coefficient Écart-type du coefficient
Situation actuelle
Vie actuelle Cadre 0,73 0,02 0,20 0,04
Intermédiaire 0,34 0,02 0,10 0,03
Petit indépendant -0,07 0,03 ns ns
Ouvrière -0,19 0,03 -0,07 0,03
Monoactif ouvrier ou employé -0,74 0,02 -0,13 0,03
Sens de la vie menée actuellement Cadre 0,41 0,02 0,13 0,04
Intermédiaire 0,26 0,02 0,12 0,03
Petit indépendant -0,02 0,03 0,12 0,04
Ouvrière -0,16 0,03 -0,13 0,03
Monoactif ouvrier ou employé -0,60 0,03 -0,16 0,04
Sentiment d'avoir été heureux la veille Cadre 0,30 0,03 ns ns
Intermédiaire 0,12 0,02 ns ns
Petit indépendant -0,10 0,04 ns ns
Ouvrière -0,13 0,03 -0,12 0,04
Monoactif ouvrier ou employé -0,68 0,03 -0,17 0,04
Ne pas s'être senti déprimé la veille Cadre 0,26 0,04 ns ns
Intermédiaire 0,14 0,03 -0,10 0,04
Petit indépendant 0,06 0,04 -0,19 0,05
Ouvrière -0,04 0,04 ns ns
Monoactif ouvrier ou employé -0,54 0,04 ns ns
Santé Cadre 0,37 0,03 0,10 0,05
Intermédiaire 0,13 0,02 ns ns
Petit indépendant -0,18 0,04 ns ns
Ouvrière -0,21 0,03 -0,13 0,04
Monoactif ouvrier ou employé -0,50 0,03 ns ns
Niveau de vie Cadre 0,82 0,02 0,21 0,04
Intermédiaire 0,43 0,02 0,12 0,03
Petit indépendant 0,02 0,03 ns ns
Ouvrière -0,18 0,03 ns ns
Monoactif ouvrier ou employé -0,64 0,02 -0,10 0,03
Travail et temps de vie
Travail Cadre 0,11 0,03 0,20 0,06
Intermédiaire 0,09 0,03 0,10 0,04
Petit indépendant 0,37 0,04 0,41 0,05
Ouvrière 0,04 0,04 ns ns
Monoactif ouvrier ou employé -0,12 0,04 ns ns
Relations de travail Cadre 0,16 0,03 0,13 0,06
Intermédiaire 0,15 0,03 0,12 0,04
Petit indépendant 0,41 0,04 0,43 0,05
Ouvrière -0,02 0,04 ns ns
Monoactif ouvrier ou employé -0,12 0,04 ns ns
Équilibre travail / famille Cadre 0,01 0,04 -0,18 0,06
Intermédiaire -0,04 0,03 -0,12 0,05
Petit indépendant -0,16 0,06 -0,27 0,06
Ouvrière 0,10 0,04 ns ns
Monoactif ouvrier ou employé -0,04 0,04 ns ns
Temps libre Cadre -0,13 0,03 ns ns
Intermédiaire -0,11 0,03 -0,11 0,04
Petit indépendant -0,22 0,04 -0,35 0,04
Ouvrière -0,10 0,03 ns ns
Monoactif ouvrier ou employé -0,08 0,03 -0,14 0,04
Lien social
Heureux en comparaison des autres personnes vivant en France Cadre 0,83 0,02 0,18 0,04
Intermédiaire 0,45 0,02 0,11 0,03
Petit indépendant 0,03 0,03 0,13 0,03
Ouvrière -0,33 0,03 -0,13 0,03
Monoactif ouvrier ou employé -0,63 0,02 -0,13 0,03
Ne pas s'être senti agressé la veille Cadre -0,02 0,04 ns ns
Intermédiaire -0,04 0,03 ns ns
Petit indépendant 0,19 0,05 ns ns
Ouvrière 0,03 0,04 ns ns
Monoactif ouvrier ou employé 0,04 0,04 ns ns
Relation avec ses proches Cadre 0,04 0,02 ns ns
Intermédiaire -0,02 0,02 ns ns
Petit indépendant -0,12 0,03 ns ns
Ouvrière 0,04 0,02 ns ns
Monoactif ouvrier ou employé -0,30 0,02 ns ns
A quelqu'un sur qui compter Cadre 0,39 0,03 ns ns
Intermédiaire 0,17 0,02 ns ns
Petit indépendant -0,09 0,04 ns ns
Ouvrière -0,13 0,03 ns ns
Monoactif ouvrier ou employé -0,48 0,03 -0,10 0,05
Sécurité dans votre quartier Cadre 0,65 0,03 0,15 0,05
Intermédiaire 0,29 0,03 ns ns
Petit indépendant 0,04 0,05 ns ns
Ouvrière -0,35 0,04 -0,19 0,04
Monoactif ouvrier ou employé -0,84 0,04 -0,37 0,05
Passé et avenir
Sentiment d'avoir été heureux l'année précédente Cadre 0,56 0,02 0,17 0,04
Intermédiaire 0,21 0,02 0,07 0,03
Petit indépendant -0,07 0,03 ns ns
Ouvrière -0,08 0,03 -0,07 0,03
Monoactif ouvrier ou employé -0,66 0,03 ns ns
Perception de votre vie dans les prochaines années Cadre 0,80 0,03 0,18 0,04
Intermédiaire 0,40 0,02 0,09 0,03
Petit indépendant -0,10 0,04 ns ns
Ouvrière -0,30 0,03 -0,13 0,03
Monoactif ouvrier ou employé -0,57 0,03 ns ns
Appréciation de la vie en Europe pour la prochaine génération Cadre 0,50 0,03 ns ns
Intermédiaire 0,30 0,02 ns ns
Petit indépendant 0,03 0,04 ns ns
Ouvrière -0,33 0,03 -0,15 0,04
Monoactif ouvrier ou employé -0,28 0,03 -0,11 0,04
Appréciation de la vie en France pour la prochaine génération Cadre 0,43 0,02 ns ns
Intermédiaire 0,27 0,02 ns ns
Petit indépendant 0,03 0,04 ns ns
Ouvrière -0,33 0,03 -0,14 0,04
Monoactif ouvrier ou employé -0,31 0,03 -0,13 0,04
  • Notes : ns : non significatif ; avec neutralisation des caractéristiques sociodémographiques, seuls les coefficients statistiquement différents de la modalité de référence (ménages à dominante employée) au seuil de 5 % ont été indiqués.
  • 1. Sans neutralisation des caractéristiques sociodémographiques : différence entre la note moyenne de la catégorie sociale et la note moyenne des ménages à dominante employée et erreur‑type de cette différence.
  • 2. Avec neutralisation des caractéristiques sociodémographiques : coefficient de la catégorie sociale dans la régression (méthode) (écart de satisfaction entre la catégorie sociale et celle des ménages à dominante employée, une fois les autres caractéristiques sociodémographiques neutralisées) et écart-type du coefficient. Seuls les coefficients statistiquement différents de la modalité de référence (ménages à dominante employée) au seuil de 5 % sont indiqués.
  • Lecture : Entre 2016 et 2023, en moyenne, les ménages à dominante cadre déclarent une satisfaction dans la vie supérieure de 0,73 point aux ménages à dominante employée. À autres caractéristiques neutralisées, le fait de vivre dans un ménage à dominante cadre augmente en moyenne la note de satisfaction dans la vie de 0,20 point seulement par rapport aux ménages à dominante employée.
  • Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 16 ans ou plus, vivant en logement ordinaire.
  • Source : Insee-Cepremap, plateforme « Bien‑être » de l’enquête conjoncture auprès des ménages, vagues de juin 2016 à juin 2023.

Figure 3 – Les différentes dimensions du bien‑être subjectif : écarts de satisfaction entre catégories sociales, à caractéristiques sociodémographiques comparables

  • 1. Sans neutralisation des caractéristiques sociodémographiques : différence entre la note moyenne de la catégorie sociale et la note moyenne des ménages à dominante employée et erreur‑type de cette différence.
  • 2. Avec neutralisation des caractéristiques sociodémographiques : coefficient de la catégorie sociale dans la régression (méthode) (écart de satisfaction entre la catégorie sociale et celle des ménages à dominante employée, une fois les autres caractéristiques sociodémographiques neutralisées) et écart-type du coefficient. Seuls les coefficients statistiquement différents de la modalité de référence (ménages à dominante employée) au seuil de 5 % sont indiqués.
  • Lecture : Entre 2016 et 2023, en moyenne, les ménages à dominante cadre déclarent une satisfaction dans la vie supérieure de 0,73 point aux ménages à dominante employée. À autres caractéristiques neutralisées, le fait de vivre dans un ménage à dominante cadre augmente en moyenne la note de satisfaction dans la vie de 0,20 point seulement par rapport aux ménages à dominante employée.
  • Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 16 ans ou plus, vivant en logement ordinaire.
  • Source : Insee-Cepremap, plateforme « Bien‑être » de l’enquête conjoncture auprès des ménages, vagues de juin 2016 à juin 2023.

Les écarts entre PCS disparaissent complètement pour l’exposition à l’agressivité hors de son domicile et la satisfaction à l’égard des relations avec ses proches : les écarts d’âge, de revenu, de situation familiale ou de région de résidence suffisent donc à rendre compte des différences observées au départ.

Les ménages à dominante ouvrière sont parmi les moins satisfaits, à autres caractéristiques identiques

La réduction des écarts entre PCS est particulièrement visible pour les ménages monoactifs d’ouvrier ou d’employé d’une part, et les ménages à dominante cadre d’autre part. Pour ces deux catégories, les écarts de bien‑être ressentis doivent donc beaucoup à leurs caractéristiques (âge, situation familiale), leurs revenus et leurs conditions de vie.

En revanche, l’écart entre les ménages à dominante ouvrière et ceux à dominante employée est peu réduit par la neutralisation des éléments sociodémographiques, et ressort le plus souvent en négatif, c’est‑à‑dire que le sentiment des ménages à dominante ouvrière est plus défavorable que celui exprimé par les ménages à dominante employée. Sur le sentiment que ce qu’ils font dans leur vie a du sens, les ménages à dominante ouvrière ont par exemple une évaluation plus faible d’environ 0,1 point par rapport aux ménages à dominante employée, soit le même écart qu’avant neutralisation. À autres caractéristiques identiques, les ménages à dominante ouvrière se rapprochent ainsi des ménages monoactifs d’ouvrier ou d’employé dans plusieurs dimensions, notamment une appréciation plus négative que les autres PCS de leur vie actuelle.

Les indépendants sont en moyenne plus satisfaits de leur travail, mais moins de l’équilibre de leurs temps de vie

Le domaine du travail et des temps de vie est le seul où la neutralisation des caractéristiques sociodémographiques accroît les écarts observés entre PCS, même s’ils restent limités. C’est notamment le cas parmi les ménages à dominante cadre, dont le surplus de satisfaction au travail par rapport aux ménages à dominante employée est plus élevé, à âge, situation familiale et niveau de revenu identiques ; au contraire, leur satisfaction concernant l’équilibre entre leurs temps de vie diminue. Par rapport aux ménages à dominante employée, les ménages à dominante petit indépendant ont aussi, à autres caractéristiques comparables, un supplément marqué de satisfaction au travail (+0,4 point).

Ces constats rejoignent les travaux qui montrent que la satisfaction au travail dépend pour l’essentiel de facteurs inhérents aux conditions et à l’environnement de travail : reconnaissance, autonomie, développement des compétences, sur lesquels les cadres et encore plus les indépendants ont un large pouvoir de décision [Ouvrir dans un nouvel ongletSenik, 2020]. Revers de ce pouvoir, ils souffrent plus souvent d’une forte emprise du travail sur leur vie [Insee, 2020] : les ménages à dominante petit indépendant ont ainsi un déficit important de satisfaction concernant leur temps libre et l’équilibre de leurs temps de vie (-0,3 point) à autres caractéristiques identiques.

Les ménages à dominante cadre et intermédiaire préfèrent le présent, les autres préfèrent les années 1980

À la question « Si vous aviez le choix, à quelle autre époque préfèreriez‑vous vivre en France ? », les réponses sont différentes selon les classes sociales. Pour les personnes vivant dans un ménage à dominante cadre, la période présente est de loin la plus choisie (33 % ; figure 4). Parmi les personnes vivant dans un ménage à dominante intermédiaire, la période présente et les années 1980 font pratiquement jeu égal. Pour tous les autres groupes de ménages, la décennie 1980 est la période la plus choisie, jusqu’à atteindre 31 % des réponses parmi les ménages à dominante ouvrière ; pour les ménages monoactifs d’ouvrier ou d’employé ainsi que ceux à dominante ouvrière, la période présente ne recueille que 16 % et 15 % des réponses.

Figure 4 – Époque préférée selon la catégorie sociale

en %
Figure 4 – Époque préférée selon la catégorie sociale (en %) - Lecture : Entre 2016 et 2023, en moyenne, s’ils avaient le choix de l’époque où ils aimeraient vivre, 33,3 % des répondants appartenant à des ménages à dominante cadre choisissent le présent.
Ménages à dominante... Autre époque du passé (avant 1950) Années 1950 Années 1960 Années 1970 Années 1980 Années 1990 Années 2000 Années 2010 Présent Avenir
Cadre 3,1 2,8 10,0 16,8 17,8 7,9 4,6 1,3 33,3 2,5
Intermédiaire 2,7 3,7 10,2 16,7 23,6 8,4 3,9 2,3 26,2 2,2
Employée 2,7 3,4 10,3 17,4 28,0 10,4 5,1 1,4 19,6 1,7
Petit indépendant 2,9 3,9 12,3 18,4 28,4 7,1 4,7 1,0 20,0 1,3
Ouvrière 2,5 4,8 11,3 17,4 31,2 11,7 4,1 1,2 14,7 1,1
Monoactif ouvrier ou employé 4,2 4,5 12,5 17,5 28,3 8,6 4,5 1,8 16,1 2,1
  • Lecture : Entre 2016 et 2023, en moyenne, s’ils avaient le choix de l’époque où ils aimeraient vivre, 33,3 % des répondants appartenant à des ménages à dominante cadre choisissent le présent.
  • Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 16 ans ou plus, vivant en logement ordinaire.
  • Source : Insee-Cepremap, plateforme « Bien‑être » de l’enquête conjoncture auprès des ménages, vagues de juin 2016 à juin 2023.

Figure 4 – Époque préférée selon la catégorie sociale

  • Lecture : Entre 2016 et 2023, en moyenne, s’ils avaient le choix de l’époque où ils aimeraient vivre, 33,3 % des répondants appartenant à des ménages à dominante cadre choisissent le présent.
  • Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 16 ans ou plus, vivant en logement ordinaire.
  • Source : Insee-Cepremap, plateforme « Bien‑être » de l’enquête conjoncture auprès des ménages, vagues de juin 2016 à juin 2023.

D’autres travaux montrent que l’appétence pour une période passée est intimement liée à l’âge : beaucoup de répondants choisissent la période du passé où ils avaient 20 ans ; plus qu’à un état du pays, c’est à leur jeunesse qu’ils pensent [Ouvrir dans un nouvel ongletPerona, Senik, 2023]. Cet effet ne joue pas ici, la moyenne d’âge des répondants étant comparable entre les différentes catégories sociales. La nostalgie du passé récent, et tout particulièrement des années 1980, est ainsi socialement marquée. Elle reflète sans doute aussi la vision qu’ont les ménages de leurs perspectives individuelles d’avenir, plus favorables parmi ceux à dominante cadre et intermédiaire.

En revanche, et en cohérence avec le pessimisme du jugement quant aux perspectives de la prochaine génération, très peu de personnes font le choix de vivre dans l’avenir. Cette proposition réunit moins de 3 % des réponses. Il ne s’agit pas d’un simple effet de conjoncture : les réponses étaient déjà à ce niveau depuis le début de l’enquête en juin 2016, avant même l’épidémie de Covid‑19, la guerre en Ukraine ou encore l’émergence au premier plan de l’éco‑anxiété.

Gilets jaunes, Covid‑19 et inflation : des impacts sur le bien‑être qui diffèrent selon les catégories sociales

L’impact des grands événements de ces dernières années affecte le bien‑être de toutes les classes sociales, mais la hiérarchie sociale des niveaux de satisfaction observée par trimestre reste stable entre juin 2016 et juin 2023 (figure 5). L’ampleur des écarts entre catégories sociales varie cependant selon les trois grandes composantes de la satisfaction et du bien‑être analysées, soit le niveau de vie actuel, les perspectives individuelles d’avenir et l’appréciation de ce que sera la vie en France pour la prochaine génération, tandis que certains événements sociétaux entraînent des réactions contrastées selon la catégorie sociale.

Figure 5 – Trois indicateurs de bien‑être subjectif : notes trimestrielles moyennes de satisfaction entre juin 2016 et juin 2023, selon la catégorie sociale

Figure 5 – Trois indicateurs de bien‑être subjectif : notes trimestrielles moyennes de satisfaction entre juin 2016 et juin 2023, selon la catégorie sociale - Lecture : En juin 2023, les ménages à dominante cadre évaluent leur satisfaction relative à leur niveau de vie à 7,3 sur une échelle de 0 à 10.
Ménages à dominante... Mesure Juin 2016 Septembre 2016 Décembre 2016 Mars 2017 Juin 2017 Septembre 2017 Décembre 2017 Mars 2018 Juin 2018 Septembre 2018 Décembre 2018 Mars 2019 Juin 2019 Septembre 2019 Décembre 2019 Mars 2020 Juin 2020 Septembre 2020 Décembre 2020 Mars 2021 Juin 2021 Septembre 2021 Décembre 2021 Mars 2022 Juin 2022 Septembre 2022 Décembre 2022 Mars 2023 Juin 2023
Perception de votre vie dans les prochaines années
Cadre Moyenne 6,6 6,6 6,6 6,7 7,0 6,7 6,8 6,7 6,7 6,7 6,1 6,8 6,8 6,7 6,8 6,8 6,9 6,9 6,7 6,6 7,1 6,7 6,3 6,4 6,2 6,2 6,4 6,5 6,4
Erreur‑type 0,2 0,2 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,2 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,2 0,1 0,1 0,1 0,1
Intermédiaire Moyenne 6,2 5,9 6,3 6,3 6,7 6,2 6,6 6,3 6,5 6,1 5,9 6,4 6,1 6,2 6,3 6,3 6,6 6,5 6,0 6,4 6,2 6,2 6,2 6,0 6,2 6,1 5,8 5,9 6,1
Erreur‑type 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,2 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1
Employée Moyenne 5,8 5,7 5,9 6,0 6,1 5,8 6,2 5,6 5,9 5,8 5,5 5,9 6,1 5,8 5,9 6,0 6,3 6,0 5,9 6,0 6,0 5,9 5,9 5,3 5,9 5,5 5,6 5,4 5,8
Erreur‑type 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,2 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,2 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1
Petit indépendant Moyenne 5,3 5,3 5,5 5,5 5,9 5,5 5,9 5,6 6,1 5,7 5,3 6,2 5,8 5,7 5,8 6,1 6,0 6,2 6,1 5,9 5,8 5,8 5,5 6,0 5,9 5,3 5,8 5,4 5,7
Erreur‑type 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2
Ouvrière Moyenne 5,2 5,6 5,5 5,6 5,7 5,8 5,4 5,7 5,6 5,5 5,0 5,5 5,4 5,8 5,5 5,8 6,0 5,8 6,0 5,4 5,9 5,8 5,8 5,4 5,2 5,0 5,4 5,1 5,4
Erreur‑type 0,1 0,1 0,1 0,2 0,1 0,2 0,2 0,1 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,1 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2
Monoactif ouvrier ou employé Moyenne 5,2 5,4 5,3 5,2 5,6 5,3 5,6 5,3 5,4 5,5 4,8 5,3 5,4 5,3 5,1 5,4 5,5 5,4 5,3 5,4 5,5 5,5 5,3 5,1 5,2 4,8 4,8 4,9 5,1
Erreur‑type 0,2 0,2 0,2 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,2 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1
Niveau de vie
Cadre Moyenne 7,3 7,2 7,2 7,3 7,3 7,3 7,2 7,1 7,2 7,3 7,1 7,1 7,2 7,3 7,3 7,3 7,6 7,6 7,5 7,5 7,6 7,5 7,3 7,2 7,1 7,3 7,3 7,5 7,3
Erreur‑type 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1
Intermédiaire Moyenne 6,7 6,6 6,8 6,8 7,0 7,0 7,0 6,8 7,0 6,8 6,6 7,0 6,7 6,9 6,9 6,9 7,2 7,2 7,1 7,1 6,9 7,0 7,1 6,9 6,8 7,0 6,9 6,9 7,0
Erreur‑type 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1
Employée Moyenne 6,4 6,4 6,6 6,5 6,3 6,4 6,5 6,4 6,4 6,1 6,1 6,3 6,3 6,5 6,4 6,5 6,9 6,8 6,6 6,6 6,7 6,6 6,7 6,6 6,7 6,4 6,5 6,4 6,6
Erreur‑type 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1
Petit indépendant Moyenne 6,5 6,3 6,1 6,4 6,8 6,2 6,6 6,0 6,9 6,4 6,2 6,7 6,4 6,3 6,5 6,7 6,8 6,9 6,9 6,8 6,5 6,9 5,9 6,8 6,7 6,2 6,6 6,2 6,6
Erreur‑type 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,1 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,1 0,2 0,1 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,1 0,2 0,1 0,2 0,2
Ouvrière Moyenne 6,1 6,2 6,3 6,2 6,4 6,3 6,1 6,3 6,3 6,2 5,8 6,2 6,3 6,4 6,0 6,5 6,8 6,7 6,5 6,3 6,7 6,5 6,4 6,5 6,1 6,2 6,3 6,1 6,2
Erreur‑type 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,2 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,2 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,2 0,2 0,2 0,1 0,1
Monoactif ouvrier ou employé Moyenne 5,7 6,1 5,7 5,8 6,0 5,8 6,0 5,8 5,7 6,0 5,8 5,6 5,9 5,6 5,8 5,8 6,0 6,1 6,1 5,8 6,0 5,9 5,9 5,8 5,7 5,5 5,7 5,8 5,8
Erreur‑type 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,2 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1
Appréciation de la vie en France pour la prochaine génération
Cadre Moyenne 4,4 4,4 4,4 4,8 5,1 4,6 5,0 4,7 4,6 4,5 4,1 5,0 4,6 4,3 4,4 4,5 4,6 4,5 4,4 4,4 4,8 4,2 4,4 4,5 3,8 4,2 4,4 4,4 4,4
Erreur‑type 0,2 0,1 0,1 0,1 0,1 0,2 0,1 0,1 0,1 0,2 0,1 0,1 0,1 0,1 0,2 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,2 0,1 0,1 0,1 0,1
Intermédiaire Moyenne 4,3 4,2 4,4 4,6 5,0 4,4 4,7 4,6 4,5 4,1 4,2 4,4 4,3 4,1 4,3 4,3 4,3 4,5 4,1 4,5 4,1 4,1 4,0 4,2 4,3 4,3 4,2 4,0 3,9
Erreur‑type 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1
Employée Moyenne 3,8 3,8 3,9 4,2 4,7 4,0 4,2 3,9 3,9 3,8 3,9 4,2 4,1 4,0 4,1 4,0 4,1 3,9 4,0 4,0 3,9 3,9 4,2 4,0 4,0 3,9 4,1 3,9 3,8
Erreur‑type 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,2 0,1 0,2 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,2 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1
Petit indépendant Moyenne 3,7 3,9 3,7 4,6 4,4 4,3 4,3 4,2 4,1 3,9 3,7 4,1 4,1 4,1 4,1 4,1 4,5 4,3 4,1 4,1 3,9 3,9 3,9 4,1 4,0 3,6 3,9 3,6 3,6
Erreur‑type 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2
Ouvrière Moyenne 3,3 3,4 3,8 3,5 4,1 3,8 3,7 3,6 4,0 3,6 3,4 4,0 3,7 3,5 3,7 3,9 4,0 3,7 3,7 3,8 3,7 3,7 3,6 3,6 3,5 3,7 3,4 3,3 3,8
Erreur‑type 0,1 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,1 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2
Monoactif ouvrier ou employé Moyenne 3,6 4,1 3,7 3,8 4,3 3,8 4,3 4,0 3,9 3,5 3,6 3,8 4,0 3,7 3,4 3,6 3,8 3,8 3,5 3,7 3,9 3,6 3,6 3,6 3,5 3,5 3,5 3,5 3,5
Erreur‑type 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,1 0,2 0,2 0,2 0,2 0,1 0,1 0,2 0,1 0,1 0,2 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1
  • Lecture : En juin 2023, les ménages à dominante cadre évaluent leur satisfaction relative à leur niveau de vie à 7,3 sur une échelle de 0 à 10.
  • Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 16 ans ou plus, vivant en logement ordinaire.
  • Source : Insee-Cepremap, plateforme « Bien‑être » de l’enquête conjoncture auprès des ménages, vagues de juin 2016 à juin 2023.

Figure 5 – Trois indicateurs de bien‑être subjectif : notes trimestrielles moyennes de satisfaction entre juin 2016 et juin 2023, selon la catégorie sociale

  • Note : Les périodes indiquées en fond coloré sont :
    - bloc jaune : période la plus aiguë du mouvement des Gilets jaunes (7 novembre 2018 - 25 janvier 2019) ;
    - blocs grisés : confinements en France métropolitaine (17 mars 2020 - 10 mai 2020, 30 octobre 2020 - 14 décembre 2020, 3 avril 2021 - 2 mai 2021) ;
    - ligne en pointillé : invasion de l’Ukraine par la Russie (24 février 2022).
  • Lecture : En juin 2023, les ménages à dominante cadre évaluent leur satisfaction relative à leur niveau de vie à 7,3 sur une échelle de 0 à 10.
  • Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 16 ans ou plus, vivant en logement ordinaire.
  • Source : Insee-Cepremap, plateforme « Bien‑être » de l’enquête conjoncture auprès des ménages, vagues de juin 2016 à juin 2023.

Ainsi, le mouvement des Gilets jaunes fin 2018 a entraîné pour toutes les catégories sociales une révision à la baisse des perspectives de satisfaction de leur vie dans les prochaines années. Cette baisse a été de courte durée, ce sentiment se rétablissant dès mars 2019 à des niveaux proches de début 2018. Pour les ménages à dominantes ouvrière, intermédiaire et petit indépendant, la sortie de crise des Gilets jaunes s’accompagne d’une hausse marquée de la satisfaction à l’égard de leur niveau de vie, à l’inverse des ménages à dominante cadre et des ménages monoactifs d’ouvrier et d’employé. Les premiers ont vraisemblablement été les principaux bénéficiaires des mesures relatives au pouvoir d’achat ayant marqué la sortie de cet épisode.

Durant le premier confinement instauré pour lutter contre l’épidémie de Covid‑19 (17 mars 2020 ‑ 10 mai 2020), les travailleurs indépendants ou les ouvriers ont plus souvent ressenti une dégradation de leur situation financière [Givord, Silhol, 2020]. Toutefois, à la sortie de cet épisode, en juin 2020, la satisfaction relative au niveau de vie s’est accrue pour toutes les catégories socioprofessionnelles. Pour les personnes vivant dans un ménage à dominante cadre, ce niveau de satisfaction s’est maintenu jusqu’après le troisième confinement (3 mai 2021), tandis qu’il se replie plus ou moins rapidement au cours de la période pour les autres catégories. L’alternance des confinements et déconfinements a affecté le bien‑être émotionnel des ménages pendant cette période [Ouvrir dans un nouvel ongletPerona, Senik, 2023], mais n’a pas eu d’effet marqué sur la perception de la vie de la prochaine génération en France. La pandémie semble avoir été perçue comme un épisode sans conséquences supplémentaires à l’horizon d’une génération, par rapport à d’autres phénomènes économiques ou environnementaux.

L’appréciation des personnes sur leur vie dans les années à venir a globalement décliné depuis la fin des confinements (mai 2021) quelle que soit leur catégorie sociale, jusqu’à un point bas dans la deuxième moitié de l’année 2022. Ce point bas se retrouve également, quoique moins marqué, sur l’appréciation du niveau de vie. Cette dégradation va de pair avec les inquiétudes quant à l’inflation.

En effet, les anticipations d’inflation et le sentiment de dégradation de la situation financière à venir augmentent dès septembre 2021. La guerre en Ukraine et ses conséquences, sur le prix des carburants en particulier, ont donné un coup d’accélérateur à ce mouvement. Le plateau bas de juin à décembre 2022 quant aux perspectives des années à venir coïncide avec le moment où les anticipations d’inflation ont atteint leur maximum [Insee, 2023a]. Les inquiétudes quant à l’inflation ont en effet un impact sur la satisfaction, au‑delà de l’effet direct de l’inflation sur le pouvoir d’achat. Les inégalités d’exposition à l’inflation, qui concerne particulièrement les ménages dépendants de la voiture ou dont les dépenses en énergie et en alimentation occupent une large part du budget [Insee, 2023b], se retrouvent dans les écarts de satisfaction [Ouvrir dans un nouvel ongletPerona, Prati, 2022]. Elles expliquent sans doute pourquoi les ménages à dominante cadre, aux revenus en moyenne plus élevés, sont moins touchés. Ils portent en mars 2023 un regard plus positif sur leur niveau de vie et leurs perspectives de vie dans les prochaines années, alors que les appréciations des autres catégories sociales restent stables ou le plus souvent se dégradent.

Annexe – Les indicateurs de bien‑être subjectif

 

 
Dimension du bien‑être subjectif Question Échelle de réponse
Situation actuelle
Vie actuelle Dans l’ensemble, dans quelle mesure êtes-vous satisfait de la vie que vous menez actuellement ? Note de 0 (Pas du tout satisfait) à 10 (Complètement satisfait)
Sens de la vie menée actuellement Avez-vous le sentiment que ce que vous faites dans votre vie a du sens, de la valeur ? Note de 0 (Pas du tout de sens) à 10 (Beaucoup de sens)
Sentiment d'avoir été heureux la veille Au cours de la journée d’hier, vous êtes-vous senti heureux ? Note de 0 (Pas du tout heureux) à 10 (Très heureux)
Ne pas s'être senti déprimé la veille Au cours de la journée d’hier, vous êtes-vous senti déprimé ? Note de 0 (Très déprimé) à 10 (Pas du tout déprimé)
Santé Dans quelle mesure êtes-vous satisfait de votre santé ? Note de 0 (Pas du tout satisfait) à 10 (Complètement satisfait)
Niveau de vie Dans quelle mesure êtes-vous satisfait votre niveau de vie ? Note de 0 (Pas du tout satisfait) à 10 (Complètement satisfait)
Travail et temps de vie
Travail Dans quelle mesure êtes-vous satisfait de votre travail en général ? Note de 0 (Pas du tout satisfait) à 10 (Complètement satisfait)
Relations de travail Dans quelle mesure êtes-vous satisfait de vos relations professionnelles, des relations que vous avez sur votre lieu de travail ou d’étude ? Note de 0 (Pas du tout satisfait) à 10 (Complètement satisfait)
Équilibre travail / famille Dans quelle mesure êtes-vous satisfait de l’équilibre entre le temps que vous consacrez à vos proches (enfants, parents, conjoint, amis proches) et le temps que vous consacrez à votre travail ? Note de 0 (Pas du tout satisfait) à 10 (Complètement satisfait)
Temps libre Dans quelle mesure êtes-vous satisfait de votre temps libre, du temps que vous pouvez utiliser comme bon vous semble ? Note de 0 (Pas du tout satisfait) à 10 (Complètement satisfait)
Lien social
Heureux en comparaison des autres personnes vivant en France Si vous vous comparez aux gens qui vivent en France en général, comment vous situez-vous sur une échelle de 0 à 10 ? Note de 0 (Beaucoup moins heureux) à 10 (Beaucoup plus heureux)
Ne pas s'être senti agressé la veille Parlons maintenant de vos relations avec les gens que vous croisez au cours de la journée, en dehors de votre famille. Au cours de la journée d’hier, avez-vous ressenti de l’agressivité ? Note de 0 (Forte agressivité) à 10 (Aucune agressivité)
Relations avec les proches Dans quelle mesure êtes-vous satisfait de vos relations avec vos proches ? Note de 0 (Pas du tout satisfait) à 10 (Complètement satisfait)
A quelqu'un sur qui compter Y a-t-il des gens autour de vous sur qui vous pouvez compter en cas de besoin ? Note de 0 (Il n’y a personne sur qui je peux compter) à 10 (Il y a de nombreuses personnes sur qui je peux compter)
Sécurité dans votre quartier Dans quelle mesure vous sentez-vous en sécurité lorsque vous marchez seul(e) dans votre quartier à la nuit tombée ? Note de 0 (Pas du tout en sécurité) à 10 (Tout à fait en sécurité)
Passé et avenir
Sentiment d'avoir été heureux l'année précédente Quand vous pensez à l'année précédente, comment vous situez-vous sur une échelle de 0 à 10 ? Note de 0 (Pas du tout heureux) à 10 (Très heureux)
Perception de votre vie dans les prochaines années Quand vous pensez à ce que vous allez vivre dans les années à venir, êtes-vous satisfait de cette perspective ? Note de 0 (Pas du tout satisfait) à 10 (Complètement satisfait)
Appréciation de la vie en France pour la prochaine génération Comment pensez-vous que sera la vie en France pour la prochaine génération ? Note de 0 (Bien pire qu’aujourd’hui) à 10 (Bien meilleure qu’aujourd’hui)
Appréciation de la vie en Europe pour la prochaine génération Comment pensez-vous que sera la vie dans les autres pays européens pour la prochaine génération ? Note de 0 (Bien pire qu’aujourd’hui) à 10 (Bien meilleure qu’aujourd’hui)
Époque préférée
Époque préférée Certaines personnes aimeraient bien vivre dans une autre époque en France. Si vous aviez le choix, laquelle choisiriez-vous ? Modalités : les années 1950 ; les années 1960 ; les années 1970 ; les années 1980 ; les années 1990 ; les années 2000 ; les années 2010 ; une autre décennie, un autre siècle dans le passé ; je suis content de vivre à l’époque actuelle ; une autre période dans l’avenir, le futur

Sources

En 2009, la commission Stiglitz recommandait de faire des indicateurs de bien‑être subjectif un élément‑clef de la mesure des performances économiques et du progrès social [Ouvrir dans un nouvel ongletStiglitz et al., 2009]. Dès 2010, l’Insee introduisait dans l’enquête Statistique sur les ressources et les conditions de vie (SRCV) des questions en ce sens, à commencer par celle qui sert de fondation à la plupart des comparaisons internationales : « Sur une échelle allant de 0 (pas du tout satisfait) à 10 (complètement satisfait), indiquez votre satisfaction concernant la vie que vous menez actuellement ». Cette mesure est venue nourrir les travaux de l’Insee [Gleizes, Grobon, 2019 ; Gleizes et al., 2022]. La satisfaction dans la vie figure dans le tableau de bord de l’état de la France prévu par la loi du 13 avril 2015, visant à la prise en compte des nouveaux indicateurs de richesse dans la définition des politiques publiques. L’enquête SRCV ne comporte toutefois qu’un nombre limité de questions sur le bien‑être subjectif, en dehors du module européen quinquennal consacré au sujet.

En 2016, l’Observatoire du bien‑être du Cepremap s’est associé avec l’Insee pour proposer une enquête trimestrielle adossée à l’enquête mensuelle de conjoncture auprès des ménages (Camme), qui permet de suivre l’opinion des ménages de France métropolitaine sur leur environnement économique, leur situation personnelle et leurs intentions en matière de consommation et d’épargne. En plus des questions habituelles de Camme, une plateforme de 20 questions couvrant de nombreuses dimensions du bien‑être subjectif est proposée depuis juin 2016 en mars, juin, septembre et décembre de chaque année (annexe).

L’enquête Camme est la seule à interroger sur l’ensemble de ces dimensions. La note moyenne de satisfaction dans la vie est plus basse dans l’enquête Camme que dans l’enquête SRCV. Elle est par exemple comprise entre 6,4 et 6,6 sur chaque trimestre de 2022 avec Camme et s’établit à 7,1 en 2022 avec SRCV. Ces écarts sont en partie liés à des différences de champ : dans Camme, ne sont interrogées que les personnes de référence ou leur conjoint, ce qui conduit à une couverture limitée des jeunes de moins de 30 ans, alors que dans SRCV sont interrogés tous les individus de 16 ans ou plus. Or les jeunes sont en moyenne beaucoup plus satisfaits de leur vie. Il reste toutefois des écarts de niveau entre les deux enquêtes à champ comparable. Une partie de ces écarts peut provenir d’effet de cadrage : dans Camme, les questions relatives au bien‑être arrivent après les questions portant sur la situation financière des ménages et leur appréciation de la conjoncture économique d’ensemble. Cet ordre peut donner un poids plus important dans les réponses aux difficultés financières individuelles ou aux craintes quant aux perspectives économiques du pays.

Méthode

Dans l’enquête Camme, la personne de référence du ménage (au sens fiscal) ou son conjoint est interrogée. À chaque vague d’enquête, des questions sont posées sur leurs caractéristiques sociodémographiques. Parmi ces caractéristiques, cette étude utilise :

  • le sexe de la personne interrogée ;
  • l’âge de la personne de référence et le cas échéant celui du conjoint ;
  • le revenu mensuel moyen du ménage déclaré, exprimé selon les quartiles de la distribution ;
  • le nombre de personnes dans le ménage ;
  • le nombre d’enfants de moins de 14 ans dans le ménage ;
  • le diplôme de la personne de référence et le cas échéant celui du conjoint ;
  • la région de résidence ;
  • la taille de l’unité urbaine ;
  • le statut d’occupation (en emploi, au chômage, élève ou étudiant, retraité, au foyer, etc.) de la personne de référence et celui du conjoint éventuel ;
  • la catégorie socioprofessionnelle du ménage, dont la construction est détaillée ci‑après.

L’état de santé ou les limitations d’activité déclarées sont aussi des déterminants importants de la satisfaction dans la vie [Gleizes et al., 2022], mais cette variable n’est pas disponible dans l’enquête Camme, où seule une évaluation subjective de la santé est disponible.

Pour chacun des indicateurs de bien‑être (annexe), les notes individuelles (sur une échelle de 0 à 10) font l’objet d’une régression par les moindres carrés ordinaires sur les caractéristiques sociodémographiques. Cela permet de ne pas faire d’hypothèse sur la forme de la relation entre chaque caractéristique et un indicateur de bien‑être subjectif, et limite l’influence que certaines valeurs extrêmes, par exemple quelques familles très nombreuses, peuvent avoir sur l’estimation. Pour la catégorie socioprofessionnelle reconstruite à l’échelle du ménage (PCS Ménage), la catégorie de référence est celle des ménages à dominante employée : les coefficients associés aux autres catégories sociales s’interprètent comme les écarts de satisfaction entre la catégorie sociale considérée et celles des ménages à dominante employée, une fois les autres caractéristiques sociodémographiques neutralisées.

La PCS Ménage pour cette étude permet de ne pas se limiter à la catégorie sociale de la personne interrogée, mais de rendre compte de la composition du ménage. Ainsi, les ménages à dominante cadre regroupent les configurations conjugales : cadre avec cadre ; cadre avec profession intermédiaire. Les ménages à dominante intermédiaire regroupent les configurations : cadre avec employé ou ouvrier ; cadre avec inactif ou sans conjoint ; profession intermédiaire ou cadre avec petit indépendant ; profession intermédiaire avec profession intermédiaire. Les ménages à dominante employée regroupent les configurations : profession intermédiaire avec employé, ouvrier, inactif ou sans conjoint ; employé avec employé. Les ménages à dominante petit indépendant (les petits indépendants sont les exploitants agricoles, les artisans et les commerçants) regroupent les configurations : petit indépendant avec petit indépendant, employé, ouvrier, inactif ou sans conjoint. Les ménages à dominante ouvrière regroupent les configurations : ouvrier avec employé ou ouvrier. Les  ménages monoactifs d’employé ou d’ouvrier regroupent les configurations : employé avec inactif ou sans conjoint ; ouvrier avec inactif ou sans conjoint. Les retraités ayant travaillé sont classés dans le groupe social de leur dernier emploi, les inactifs sont les personnes n’ayant jamais travaillé. Les ménages inactifs, trop peu nombreux dans l’échantillon, sont exclus de l’analyse.

La PCS individuelle existante dans Camme correspond à une nomenclature agrégée, reposant sur la PCS 2003 : elle regroupe dans une même catégorie tous les indépendants, y compris les chefs d’entreprise, et dans une autre catégorie les cadres et professions intermédiaires. Afin de reconstituer les groupes de la PCS Ménage, cette étude utilise la classification internationale des professions individuelles (International Standard Classification of Occupations, ISCO) pour départager autant que possible ces catégories. La PCS Ménage ainsi reconstituée est donc une construction approchée.

Pour en savoir plus

Clark A., Flèche S., Layard R., Powdthavee N., Ward G., “Ouvrir dans un nouvel onglet The Origins of Happiness “, Princeton University Press, 2018.

Gleizes F., Grobon S., « Le niveau de satisfaction dans la vie dépend peu du type de territoire de résidence », Insee Focus n° 139, janvier 2019.

Gleizes F., Legleye S., Pla A., « Satisfaction et privation matérielle et sociale en 2021 ‑ Après un an de pandémie, davantage d’insatisfaction mais des budgets moins contraints », Insee Focus n° 261, février 2022.

Givord P., Silhol J., « Confinement : des conséquences économiques inégales selon les ménages », Insee Première n° 1822, octobre 2020.

Helliwell J. F., Layard R., Sachs J. D., Aknin L. B., De Neve J.‑E., Wang S. (Eds.),
Ouvrir dans un nouvel onglet World Happiness Report 2023 ” (11th Ed.), Sustainable Development Solutions Network, 2023.

Insee, « En mai 2023, la confiance des ménages est stable », Informations Rapides n° 133, mai 2023a.

Insee, « Début 2023, les écarts d’inflation entre les ménages sont accentués par la forte hausse des prix de l’alimentation et de l’énergie », éclairage de la Note de conjoncture, mars 2023b.

Insee, « Conditions de travail des indépendants », fiche 1.8, in Emploi et revenus des indépendants, coll. « Insee Références », édition 2020.

Perona M., « Ouvrir dans un nouvel ongletLes Français ont‑ils peur de l’avenir ? », Note de l’Observatoire du Bien‑être n° 2023‑04, Cepremap, février 2023.

Perona M., « Ouvrir dans un nouvel ongletFrance heureuse, France malheureuse », Note de l’Observatoire du Bien‑être n° 2022‑04, Cepremap, mars 2022.

Perona M., Prati A., « Ouvrir dans un nouvel ongletLe Bien‑être à l’épreuve de l’inflation », Note de l’Observatoire du Bien‑être n° 2022‑14, Cepremap, novembre 2022.

Perona M. (dir.), Senik C. (dir.), « Ouvrir dans un nouvel ongletLe Bien‑être en France - Rapport 2022 », Cepremap, avril 2023.

Senik C., « Ouvrir dans un nouvel ongletBien‑être au travail : ce qui compte », Les Presses de Science Po, 2020.

Senik C., « Ouvrir dans un nouvel ongletL’économie du bonheur », La République des Idées, Seuil, 2014.

Stiglitz J., Sen A., Fitoussi J.‑P., « Ouvrir dans un nouvel ongletRapport de la Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social », Présidence de la République, ministère de l’Économie, de l’industrie et de l’emploi, septembre 2009.