France, portrait social Édition 2023

Cet ouvrage dresse un panorama des inégalités sociales dans plusieurs domaines. La satisfaction dans la vie et le bien-être, l’état de santé des jeunes et leur consommation de substances psychoactives, la proximité sociale des personnes en couple, les inégalités de niveau de vie et de patrimoine, les inégalités d’orientation à la fin du collège et les inégalités en matière de santé, en France et en Europe sont ainsi abordés en mobilisant les nomenclatures socioéconomiques ou socioprofessionnelles, dont la nouvelle PCS Ménage ou encore les classes d’emploi.

Par ailleurs, deux dossiers analysent le niveau de vie des ménages en 2022, année marquée par une forte inflation.

Insee Références
Paru le :Paru le23/11/2023
Meriam Barhoumi (Depp), Enzo Iasoni (Depp), Faustin Schneider (Depp)
France, portrait social- Novembre 2023
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Sommaire

L’accès à la voie générale et technologique augmente, mais les inégalités sociales d’orientation en fin de troisième persistent

Meriam Barhoumi (Depp), Enzo Iasoni (Depp), Faustin Schneider (Depp)

En France, la dernière année de collège marque une étape importante dans le parcours scolaire des élèves. La décennie précédente a été marquée par l’augmentation de l’accès à la voie générale et technologique : en neuf ans, la part d’élèves scolarisés dans une classe de seconde générale et technologique est passée de 60 % en 2011 à 68 % en 2020. Le niveau scolaire est déterminant dans le choix d’orientation ; néanmoins, à acquis comparables, des disparités persistent selon l’origine sociale des élèves. Bien que l’accès à la seconde générale et technologique ait globalement progressé pour les enfants issus de tous les milieux sociaux, notamment pour les enfants d’employés et d’ouvriers non qualifiés (+11 points), les inégalités sociales d’orientation demeurent prégnantes. Ainsi, neuf enfants de cadres ou d’enseignants sur dix poursuivent en seconde générale et technologique, contre un enfant d’ouvriers sur deux. Au‑delà des résultats scolaires, ces disparités sociales reflètent en partie des aspirations plus modestes à s’engager dans des études longues de la part des familles défavorisées.

Insee Références

Paru le :23/11/2023

L’accès à la voie générale et technologique augmente, mais les inégalités sociales d’orientation en fin de troisième persistent

Deux cohortes d’élèves pour analyser les déterminants de l’orientation en fin de troisième

En France, la dernière année de collège constitue une étape déterminante pour l’orientation future des élèves. Avant d’atteindre ce stade, les élèves ont généralement suivi des cursus scolaires assez similaires en raison de l’homogénéité des formations dispensées dès le primaire. La classe de troisième marque donc une rupture dans le parcours scolaire : les élèves doivent s’engager dans des voies plus spécifiques en fonction de leurs intérêts, de leurs aptitudes et de leurs projets.

Les études sur l’orientation en fin de classe de troisième mettent en évidence les obstacles auxquels sont confrontés certains groupes sociaux, en lien notamment avec leurs ressources financières ou leur capital culturel. Les enfants provenant de milieux favorisés sont plus souvent orientés vers les filières générales, alors que les enfants issus de milieux défavorisés le sont davantage vers les filières professionnelles, socialement moins valorisées [Ouvrir dans un nouvel ongletDuru‑Bellat, Mingat, 1988 ; Ouvrir dans un nouvel ongletGrelet, 2005 ; Ouvrir dans un nouvel ongletPirus, 2013 ; Ouvrir dans un nouvel ongletBarhoumi, Caille, 2020].

Cette étude compare deux cohortes d’élèves, pour la plupart scolarisés en classe de troisième au cours de l’année 2010‑2011 (panel d’élèves dit « panel 2007 », entrés en sixième en 2007) ou au cours de l’année 2019‑2020 (panel d’élèves dit « panel 2011 », entrés en cours préparatoire en 2011), afin d’analyser les facteurs déterminants de l’orientation après la troisième et leur évolution en neuf ans (sources).

L’accès à la seconde générale et technologique augmente nettement au cours de la dernière décennie

Après la classe de troisième, la proportion d’élèves scolarisés dans une classe de seconde générale et technologique (GT) augmente fortement : parmi ceux entrés en cours préparatoire (CP) en 2011, entrés pour la majorité d’entre eux en sixième en 2016 (figure 1). Cette évolution confirme la tendance à la hausse des orientations en seconde GT observée au cours des dix dernières années [Ouvrir dans un nouvel ongletDEPP, 2022]. La crise sanitaire de 2020, qui a marqué l’année de troisième des élèves du panel 2011, a légèrement accentué le phénomène (sources).

Figure 1 – Orientation après la troisième selon les caractéristiques scolaires de l'élève et sociodémographiques de sa famille

en %
Figure 1 – Orientation après la troisième selon les caractéristiques scolaires de l'élève et sociodémographiques de sa famille (en %) - Lecture : Parmi les élèves entrés en CP en 2011, 60,7 % des enfants d'agriculteurs sont scolarisés en classe de seconde générale et technologique (GT) après la troisième.
Caractéristiques Panel 2007 Panel 2011
Seconde GT1 Seconde professionnelle CAP Autres2 Seconde GT1 Seconde professionnelle CAP Autres2
Catégorie socioprofessionnelle de la personne de référence
Agriculteurs 60,3 28,8 9,3 1,6 60,7 30,6 8,2 0,5
Artisans, commerçants 61,7 22,7 12,7 2,9 68,0 21,9 9,3 0,8
Cadres3, chefs d'entreprise 87,1 8,5 2,9 1,6 91,7 6,6 1,5 0,2
Enseignants, instituteurs et professeurs des écoles 87,5 7,6 2,7 2,2 90,3 6,5 3,3 0,0
Professions intermédiaires4 69,2 20,1 9,4 1,3 78,8 15,6 5,2 0,5
Employés 52,6 28,4 15,8 3,2 63,6 24,9 10,5 1,0
Ouvriers qualifiés 45,5 32,0 19,6 3,0 54,2 29,4 15,3 1,1
Ouvriers non qualifiés 38,6 33,5 24,5 3,4 49,1 31,8 18,0 1,1
Inactifs et non renseignés 24,7 31,3 32,1 11,8 40,6 33,8 21,7 3,8
Niveau d'acquis en sixième
Inférieur à D15 12,7 32,7 46,3 8,3 20,6 38,5 37,2 3,7
D1 à D2 25,6 42,1 27,3 5,0 34,1 42,9 20,7 2,4
D2 à D3 35,5 39,1 21,8 3,6 51,0 36,8 11,5 0,8
D3 à D4 47,2 34,6 15,0 3,2 63,4 26,9 9,4 0,3
D4 à D5 57,7 30,1 10,6 1,7 72,4 21,9 5,6 0,2
D5 à D6 67,5 23,6 7,1 1,8 81,4 14,7 3,5 0,4
D6 à D7 76,4 16,9 5,3 1,3 86,0 11,1 2,7 0,3
D7 à D8 84,9 11,0 3,5 0,6 91,1 7,9 1,0 0,0
D8 à D9 91,9 5,6 1,4 1,0 94,9 4,2 0,9 0,0
Supérieur à D9 96,8 2,0 0,4 0,8 98,3 1,4 0,2 0,1
Diplôme de la mère
Aucun 39,5 33,0 22,8 4,6 47,1 31,9 18,5 2,6
CAP-BEP 48,1 31,4 18,0 2,5 52,0 29,9 17,1 1,0
Baccalauréat professionnel 65,4 23,0 9,9 1,6 62,7 26,5 10,3 0,5
Baccalauréat général ou technologique 74,3 17,9 6,5 1,3 70,1 22,9 6,9 0,1
Bac+2 ou plus 86,2 9,3 3,0 1,5 86,2 10,6 2,9 0,3
Diplôme du père
Aucun 44,2 31,5 20,9 3,4 50,0 32,1 16,4 1,5
CAP-BEP 52,3 29,1 16,5 2,1 55,4 29,3 14,3 1,1
Baccalauréat professionnel 68,0 22,3 7,7 1,9 66,5 23,2 9,8 0,5
Baccalauréat général ou technologique 74,7 17,1 6,3 1,9 75,9 18,6 5,4 0,1
Bac+2 ou plus 88,7 7,4 2,3 1,5 89,7 8,0 2,1 0,2
Ensemble 59,9 23,7 13,7 2,7 67,7 21,4 10,0 0,9
  • 1. Seconde générale et technologique.
  • 2. Autres : classe inconnue ou élève ayant redoublé plusieurs fois.
  • 3. Sauf professeur.
  • 4. Sauf instituteur ou professeur des écoles.
  • 5. Dixièmes : Inférieur à D1 : 10 % des élèves aux acquis les moins élevés, ..., supérieur à D9 : 10 % des élèves aux acquis les plus élevés.
  • Note : L'observation est effectuée pour tous les élèves après la troisième, une fois sortis du collège, c'est‑à‑dire à des dates différentes selon leur parcours scolaire. Pour la plupart des élèves du panel 2011, l'observation s'effectue à la rentrée 2020 et pour ceux du panel 2007, à la rentrée 2011.
  • Lecture : Parmi les élèves entrés en CP en 2011, 60,7 % des enfants d'agriculteurs sont scolarisés en classe de seconde générale et technologique (GT) après la troisième.
  • Champ : France métropolitaine, élèves entrés pour la première fois au cours préparatoire en septembre 2011, et élèves entrés pour la première fois en sixième en septembre 2007.
  • Source : MENJ-Depp, panels d'élèves recrutés en CP en 2011 et en sixième en 2007.

Cette orientation plus fréquente vers la voie GT s’est faite au détriment de la voie professionnelle. En effet, la part d’élèves qui s’orientent, à l’issue du collège, vers la préparation d’un diplôme d’enseignement professionnel a diminué, passant de 37 % pour les élèves du panel 2007 à 31 % pour les élèves du panel 2011. Cette baisse est plus marquée pour les élèves orientés en CAP (-4 points) que pour ceux rejoignant une seconde professionnelle (-2 points). Quand ils poursuivent en voie professionnelle, les élèves du panel 2011 intègrent ainsi plus souvent une seconde professionnelle que les élèves du panel 2007.

L’évolution du marché du travail a probablement joué un rôle dans l’attrait grandissant des élèves pour les études longues, et donc pour la poursuite de la scolarité en voie GT, et dans une moindre mesure en seconde professionnelle. En effet, les créations d’emplois seraient globalement de plus en plus favorables aux diplômés de l’enseignement supérieur [Ouvrir dans un nouvel ongletCousin et al., 2022].

Le niveau scolaire des élèves joue un rôle déterminant dans leur orientation après la troisième

À l’issue du collège, les performances scolaires jouent un rôle décisif et servent de critères de sélection déterminants dans l’orientation des élèves. Les études sur les parcours des élèves dans l’enseignement secondaire mettent en évidence, de manière récurrente, un lien fort entre le niveau d’acquis (méthodes) à l’entrée en sixième et l’accès à la voie GT [Ouvrir dans un nouvel ongletCaille, 2014].

Parmi les 10 % des élèves du panel 2011 ayant le niveau d’acquis le plus faible, 21 % s’orientent en seconde GT après la troisième, contre 98 % parmi les 10 % ayant le niveau d’acquis le plus élevé. L’accès à cette voie pour les élèves avec les acquis scolaires les plus fragiles s’est toutefois accru au cours des neuf années séparant les deux cohortes étudiées : quand leur score à l’évaluation de début de collège les plaçait parmi les 10 % aux acquis les plus faibles, 13 % seulement des élèves du panel 2007 s’orientaient en classe de seconde GT après la troisième. Dans le même temps, l’orientation en CAP pour les élèves aux acquis les plus faibles est beaucoup moins fréquente (-9 points). Cette évolution est essentiellement due à l’augmentation générale de l’accès à la seconde GT qui a profité à tous les élèves. Elle ne traduit pas un relâchement du lien entre le niveau d’acquis initial et l’orientation des élèves. Au contraire, par rapport au panel 2007, les élèves du panel 2011 aux acquis scolaires les plus élevés ont encore plus de chances que les élèves les moins bons d’être orientés en seconde GT (figure 2).

Figure 2 – Déterminants de l'orientation en seconde générale et technologique (GT)

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Figure 2 – Déterminants de l'orientation en seconde générale et technologique (GT) (odds radio) - Lecture : À caractéristiques scolaires et de scolarisation et à caractéristiques sociodémographiques de l’élève et de sa famille identiques, les enfants d'enseignants ou de professeurs entrés en CP en 2011 ont une probabilité plus élevée d'être scolarisés en seconde GT après leur classe de troisième plutôt qu'en seconde professionnelle ou en CAP que les enfants d'ouvriers non qualifiés entrés en CP en 2011 car le coefficient est significatif et positif.
Caractéristiques Panel 2007 Panel 2011 Écart 2011-20071
Catégorie socioprofessionnelle de la personne de référence
Agriculteurs 0,1 -0,1 -0,2
Artisans, commerçants 0,4 *** 0,3 ** -0,1
Cadres, chefs d'entreprise 0,7 *** 1,0 *** 0,3 *
Enseignants, instituteurs et professeurs des écoles 0,9 *** 1,1 *** 0,2
Professions intermédiaires 0,4 *** 0,6 *** 0,2
Employés 0,4 *** 0,3 *** -0,1
Ouvriers qualifiés 0,1 ** 0,1 0,0
Ouvriers non qualifiés Réf. Réf. Réf.
Inactifs et non renseignés 0,2 0,1 -0,1
Niveau d'acquis en sixième
Inférieur à D12 Réf. Réf. Réf.
D1 à D2 0,7 *** 0,6 *** 0,0
D2 à D3 1,0 *** 1,2 *** 0,2
D3 à D4 1,3 *** 1,7 *** 0,3 **
D4 à D5 1,6 *** 2,0 *** 0,4 ***
D5 à D6 1,9 *** 2,5 *** 0,5 ***
D6 à D7 2,2 *** 2,7 *** 0,5 ***
D7 à D8 2,6 *** 3,2 *** 0,6 ***
D8 à D9 3,2 *** 3,7 *** 0,5 **
Supérieur à D9 4,1 *** 4,7 *** 0,6 **
Diplôme de la mère
Aucun -0,6 *** -0,5 *** 0,1
CAP-BEP -0,7 *** -0,5 *** 0,1
Baccalauréat professionnel -0,3 *** -0,4 *** -0,2
Baccalauréat général ou technologique -0,1 ** -0,3 *** -0,2 *
Bac+2 ou plus Réf. Réf. Réf.
Diplôme du père
Aucun ou Brevet -0,8 *** -0,7 *** 0,1
CAP-BEP -0,8 *** -0,6 *** 0,2
Baccalauréat professionnel -0,5 *** -0,4 *** 0,0
Baccalauréat général ou technologique -0,4 *** -0,4 *** 0,0
Bac+2 ou plus Réf. Réf. Réf.
  • Réf. : modalité de référence ; *** : significatif au seuil de 1 % ; ** : significatif au seuil de 5 % ; * : significatif au seuil de 10 %.
  • 1. La colonne écart 2011-2007 mesure l'évolution de la force du lien entre chaque modalité et la probabilité d'être scolarisé en classe de seconde GT plutôt qu'en voie professionnelle (seconde professionnelle ou CAP) entre les panels 2011 et 2007.
  • 2. Dixièmes : Inférieur à D1 : 10 % des élèves aux acquis les moins élevés, ..., supérieur à D9 : 10 % des élèves aux acquis les plus élevés.
  • Lecture : À caractéristiques scolaires et de scolarisation et à caractéristiques sociodémographiques de l’élève et de sa famille identiques, les enfants d'enseignants ou de professeurs entrés en CP en 2011 ont une probabilité plus élevée d'être scolarisés en seconde GT après leur classe de troisième plutôt qu'en seconde professionnelle ou en CAP que les enfants d'ouvriers non qualifiés entrés en CP en 2011 car le coefficient est significatif et positif.
  • Champ : France métropolitaine, élèves entrés pour la première fois au cours préparatoire en septembre 2011, et élèves entrés pour la première fois en sixième en septembre 2007.
  • Source : MENJ-Depp, panels d'élèves recrutés en CP en 2011 et en sixième en 2007.

C’est néanmoins pour les élèves au niveau d’acquis peu élevé (troisième, quatrième et cinquième dixièmes) que l’augmentation d’accès à la voie GT est la plus marquée : +15 points en moyenne, essentiellement au détriment de la seconde professionnelle (figure 1). Ainsi, pour ces élèves, l’accès à la voie GT s’est nettement démocratisé entre 2011 et 2020.

Les disparités sociales d’orientation en fin de troisième persistent

Les disparités sociales sont également marquées. Ainsi, dans le panel 2011, neuf enfants de cadres, de chefs d’entreprise et d’enseignants ou de professeurs sur dix sont orientés après la troisième en seconde GT, contre un enfant d’ouvriers sur deux. Ces disparités sociales d’orientation recoupent cependant pour partie des différences de niveau scolaire. En effet, parmi les 25 % d’élèves ayant le niveau d’acquis le plus faible à l’entrée en sixième, 54 % sont issus de familles défavorisées (méthodes), et 8 % seulement sont issus de familles très favorisées (figure 3).

Figure 3 – Milieu social des élèves selon leur niveau d'acquis

en %
Figure 3 – Milieu social des élèves selon leur niveau d'acquis (en %) - Lecture : Parmi les élèves entrés en CP en 2011, 7,9 % de ceux faisant partie des 25 % d'élèves au niveau d'acquis les moins élevés sont issus d'une famille très favorisée.
Milieu social Niveau d'acquis en sixième
Inférieur
à Q11
De
Q1 à Q2
De
Q2 à Q3
Supérieur
à Q3
Ensemble
Très favorisé 7,9 14,8 23,9 39,4 20,9
Favorisé 10,9 15,7 20,5 19,9 16,5
Moyen 26,8 28,0 27,4 21,9 26,1
Défavorisé 54,3 41,6 28,3 18,8 36,5
Ensemble 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
  • 1. Quarts : Inférieur à Q1 : 25 % des élèves aux acquis les moins élevés, ..., supérieur à Q3 : 25 % des élèves aux acquis les plus élevés.
  • Note : Très favorisé, favorisé, moyen, défavorisé : voir Méthodes.
  • Lecture : Parmi les élèves entrés en CP en 2011, 7,9 % de ceux faisant partie des 25 % d'élèves au niveau d'acquis les moins élevés sont issus d'une famille très favorisée.
  • Champ : France métropolitaine, élèves entrés pour la première fois au cours préparatoire en septembre 2011.
  • Source : MENJ-Depp, panel d'élèves recrutés en CP en 2011.

Figure 3 – Milieu social des élèves selon leur niveau d'acquis

  • 1. Quarts : Inférieur à Q1 : 25 % des élèves aux acquis les moins élevés, ..., supérieur à Q3 : 25 % des élèves aux acquis les plus élevés.
  • Note : Très favorisé, favorisé, moyen, défavorisé : voir Méthodes.
  • Lecture : Parmi les élèves entrés en CP en 2011, 7,9 % de ceux faisant partie des 25 % d'élèves au niveau d'acquis les moins élevés sont issus d'une famille très favorisée.
  • Champ : France métropolitaine, élèves entrés pour la première fois au cours préparatoire en septembre 2011.
  • Source : MENJ-Depp, panel d'élèves recrutés en CP en 2011.

Ces disparités sociales d’orientation se lisent également à l’aune des différences de diplômes des parents. Les enfants de mères diplômées du supérieur sont en effet beaucoup plus souvent orientés en seconde GT que ceux dont la mère n’est pas diplômée (86 % contre 47 %). Le constat est similaire par rapport au diplôme du père.

Les performances scolaires, malgré leur rôle crucial, n’expliquent qu’en partie les mécanismes d’orientation en second cycle. En effet, même à caractéristiques comparables, en particulier le niveau scolaire relatif et le niveau de diplôme des parents, plus le milieu social de l’élève est favorisé et plus sa probabilité d’accéder à la seconde GT plutôt qu’à la voie professionnelle est forte. Dans leur orientation après la troisième, les enfants d’enseignants, instituteurs et professeurs des écoles sont proches des enfants de cadres et de chefs d’entreprise, et ce même en prenant en compte les effets des autres caractéristiques scolaires et sociodémographiques.

Entre 2011 et 2020, la progression des taux d’accès à la seconde GT entre le panel 2007 et le panel 2011 a globalement profité aux enfants issus de tous les milieux sociaux même si ce taux est resté stable pour les enfants d’agriculteurs. Pour autant, les disparités sociales restent très prégnantes. Avec l’augmentation de l’accès à la voie GT, les écarts entre les enfants d’employés ou les enfants de parents exerçant une profession intermédiaire (technicien(ne), assistant(e) social(e), etc.) et ceux de cadres se réduisent respectivement de 6 et 5 points en neuf ans mais restent marqués. Ainsi 64 % des premiers et 79 % des seconds s’orientent en seconde GT contre 92 % des enfants de cadres. Les écarts entre les cadres et les enfants d’ouvriers qualifiés ou les enfants d’ouvriers non qualifiés se réduisent également, respectivement de 4 points et de 6 points mais restent aussi très marqués.

L’orientation en CAP est nettement plus fréquente pour les enfants de catégories défavorisées, mais diminue : 22 % des enfants d’inactifs, 18 % des enfants d’ouvriers non qualifiés et 15 % des enfants d’ouvriers qualifiés du panel 2011 sont orientés en CAP, contre respectivement 32 %, 25 % et 20 % de ceux du panel 2007. Pour les enfants de catégories très favorisées, cette orientation reste marginale (2 % en 2020, contre 3 % neuf ans auparavant).

En neuf ans, à autres caractéristiques des élèves prises en compte, les inégalités d’orientation scolaire en fin de collège liées au milieu social sont stables. Seule la probabilité des enfants de cadres et de chefs d’entreprise d’accéder à une seconde GT plutôt qu’à une seconde professionnelle s’est légèrement accrue par rapport à celle des enfants d’ouvriers non qualifiés. En revanche, le rôle du niveau d’acquis en sixième sur l’orientation en voie générale s’est, à autres caractéristiques données des élèves, renforcé.

L’orientation obtenue correspond davantage aux souhaits des familles très favorisées qu’à ceux des familles défavorisées

Dans le processus d’orientation, les parents, qui peuvent être influencés par des stéréotypes associés aux différentes filières, ont également un rôle essentiel sur les aspirations de l’élève. Les familles des élèves du panel 2011 ont été interrogées au printemps 2020, alors que leur enfant était encore scolarisé en classe de troisième, sur la filière qu’elles souhaitaient réellement pour lui. Si 94 % des élèves orientés en seconde GT suivent la voie souhaitée par leur famille, ils ne sont que 73 % parmi ceux orientés en voie professionnelle (figure 4). Quelle que soit la voie suivie, l’orientation obtenue correspond davantage aux souhaits des familles très favorisées qu’aux souhaits des familles défavorisées : 97 % des familles très favorisées d’élèves scolarisés en seconde GT à leur sortie du collège ont déclaré souhaiter cette orientation pour leur enfant, contre 92 % des familles défavorisées. Cet écart est encore plus marqué pour les élèves scolarisés dans la voie professionnelle (+13 points).

Figure 4 – Cohérence entre souhaits d'orientation de la famille et orientation effective après la troisième

en %
Figure 4 – Cohérence entre souhaits d'orientation de la famille et orientation effective après la troisième (en %) - Lecture : Parmi les élèves de milieu social très favorisé, entrés en CP en 2011, 96,6 % de ceux dont la famille souhaitait en 2020 qu'ils poursuivent leur scolarité en voie générale et technologique sont finalement scolarisés dans cette voie après leur classe de troisième.
Classe
après la troisième
Milieu social
Ensemble Défavorisé Moyen Favorisé Très favorisé
Seconde GT 94,4 91,6 94,4 95,4 96,6
Voie professionnelle 72,5 68,8 76,2 76,2 82,2
  • Notes : L'observation est effectuée pour tous les élèves après la troisième, une fois sortis du collège, c'est‑à‑dire à des dates différentes selon leur parcours scolaire. Pour la plupart des élèves du panel 2011, l'observation s'effectue à la rentrée 2020. Le souhait d'orientation des familles est issu de l'enquête de mars 2020, lorsque les élèves qui n'ont pas pris de retard scolaire sont en classe de troisième. Très favorisé, favorisé, moyen, défavorisé : voir Méthodes.
  • Lecture : Parmi les élèves de milieu social très favorisé, entrés en CP en 2011, 96,6 % de ceux dont la famille souhaitait en 2020 qu'ils poursuivent leur scolarité en voie générale et technologique sont finalement scolarisés dans cette voie après leur classe de troisième.
  • Champ : France métropolitaine, élèves entrés pour la première fois au cours préparatoire en septembre 2011.
  • Source : MENJ-Depp, panel d'élèves recrutés en CP en 2011.

Figure 4 – Cohérence entre souhaits d'orientation de la famille et orientation effective après la troisième

  • Notes : L'observation est effectuée pour tous les élèves après la troisième, une fois sortis du collège, c'est‑à‑dire à des dates différentes selon leur parcours scolaire. Pour la plupart des élèves du panel 2011, l'observation s'effectue à la rentrée 2020. Le souhait d'orientation des familles est issu de l'enquête de mars 2020, lorsque les élèves qui n'ont pas pris de retard scolaire sont en classe de troisième. Très favorisé, favorisé, moyen, défavorisé : voir Méthodes.
  • Lecture : Parmi les élèves de milieu social très favorisé, entrés en CP en 2011, 96,6 % de ceux dont la famille souhaitait en 2020 qu'ils poursuivent leur scolarité en voie générale et technologique sont finalement scolarisés dans cette voie après leur classe de troisième.
  • Champ : France métropolitaine, élèves entrés pour la première fois au cours préparatoire en septembre 2011.
  • Source : MENJ-Depp, panel d'élèves recrutés en CP en 2011.

Ces écarts entre la voie souhaitée par les familles pour leur enfant au printemps et celle qui sera effectivement suivie par celui‑ci ne résultent pas directement des décisions du chef d’établissement puisque les taux de satisfaction des demandes des familles à l’issue de la procédure d’orientation sont élevés [Ouvrir dans un nouvel ongletIasoni, Schneider, 2023]. En effet, lors de la procédure d’orientation de fin de troisième, les vœux d’orientation formulés par les familles pour la poursuite des études de leur enfant ne correspondent pas toujours à ce qu’elles auraient initialement voulu pour lui. Tout se passe comme si, à l’étape de la formulation effective des vœux, les familles intégraient d’autres facteurs comme le niveau scolaire de leur enfant, sa motivation, ses envies, les échanges avec le collège, l’information autour des filières et réévaluaient leurs souhaits à la hausse ou à la baisse en fonction de ces informations.

À niveau scolaire comparable, les aspirations des familles défavorisées sont toujours inférieures à celles des familles très favorisées

Les souhaits formulés en troisième par les familles et leur enfant découlent généralement de leurs aspirations, notamment en matière de diplôme, qui diffèrent selon le milieu social. Givord (2020) note par exemple que les élèves de 15 ans issus d’un milieu favorisé, au sens de l’indice de statut économique, social et culturel (SESC) mesuré dans l’enquête Ouvrir dans un nouvel ongletPisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), souhaitent plus souvent obtenir un diplôme du supérieur que ceux issus de milieux défavorisés. Quelle que soit l’orientation en fin de troisième, les familles très favorisées ont des ambitions de diplôme pour leur enfant nettement plus élevées que les familles défavorisées (figure 5). C’est particulièrement le cas pour les élèves qui accèdent à une seconde GT : 66 % des familles très favorisées de ces élèves aspirent en troisième à un bac+5 ou plus pour leur enfant, contre seulement 35 % des familles défavorisées. À l’inverse, plus d’une famille défavorisée sur cinq ambitionne pour son enfant un baccalauréat général ou technologique ou moins, soit près de cinq fois plus que parmi les familles très favorisées.

Figure 5 – Diplôme souhaité par la famille pour son enfant avant de commencer sa vie active

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Figure 5 – Diplôme souhaité par la famille pour son enfant avant de commencer sa vie active (en %) - Lecture : Parmi les élèves entrés en CP en 2011 et scolarisés en seconde générale et technologique, 66,1 % des familles très favorisées déclarent souhaiter un bac+5 ou plus pour leur enfant avant son entrée dans la vie active.
Orientation après la troisième Milieu social Niveau d'acquis en sixième Baccalauréat ou moins1 Bac+2 ou Bac+3 Bac+5 ou plus Inconnu ou NSP
Seconde GT2 Très favorisé Inférieur à Q13 15,3 31,0 39,5 14,2
Q1 à Q2 8,6 28,4 48,1 14,9
Q2 à Q3 4,1 17,3 64,6 14,0
Supérieur à Q3 2,5 8,7 76,9 11,9
Ensemble 4,8 15,9 66,1 13,2
Défavorisé Inférieur à Q1 31,7 28,5 25,3 14,5
Q1 à Q2 23,1 31,1 29,1 16,7
Q2 à Q3 19,4 30,3 35,0 15,3
Supérieur à Q3 15,9 19,6 52,2 12,3
Ensemble 22,4 27,9 34,8 14,9
Voie Professionnelle Très favorisé Inférieur à Q1 59,3 27,8 4,5 8,4
Q1 à Q2 35,3 59,7 1,5 3,5
Q2 à Q3 35,2 51,0 11,4 2,4
Supérieur à Q3 28,5 54,0 17,5 0,0
Ensemble 46,1 43,1 5,4 5,4
Défavorisé Inférieur à Q1 69,1 14,8 3,7 12,4
Q1 à Q2 63,3 24,1 2,5 10,1
Q2 à Q3 56,7 32,3 3,0 8,0
Supérieur à Q3 41,7 40,7 3,9 13,7
Ensemble 65,6 19,6 3,3 11,5
Ensemble des élèves Très favorisé Inférieur à Q1 31,7 29,5 26,0 12,8
Q1 à Q2 12,5 33,0 41,3 13,2
Q2 à Q3 5,8 19,1 61,7 13,4
Supérieur à Q3 2,7 9,1 76,3 11,9
Ensemble 8,3 18,2 60,9 12,6
Défavorisé Inférieur à Q1 58,5 17,9 9,2 14,4
Q1 à Q2 40,5 28,0 17,5 14,0
Q2 à Q3 28,5 30,6 27,4 13,5
Supérieur à Q3 19,1 22,2 46,3 12,4
Ensemble 43,1 23,6 19,4 13,9
  • NSP : ne se prononce pas.
  • 1. Baccalauréat ou moins : baccalauréat professionnel, technologique ou général et CAP.
  • 2. Seconde générale et technologique.
  • 3. Quarts : Inférieur à Q1 : 25 % des élèves aux acquis les moins élevés, ..., supérieur à Q3 : 25 % des élèves aux acquis les plus élevés.
  • Notes : L'observation est effectuée pour tous les élèves après la troisième, une fois sortis du collège, c'est‑à‑dire à des dates différentes selon leur parcours scolaire. Pour la plupart des élèves du panel 2011, l'observation s'effectue à la rentrée 2020. Les familles sont interrogées sur le diplôme qu'elles souhaitent pour leur enfant au printemps 2020. Très favorisé, défavorisé : voir Méthodes.
  • Lecture : Parmi les élèves entrés en CP en 2011 et scolarisés en seconde générale et technologique, 66,1 % des familles très favorisées déclarent souhaiter un bac+5 ou plus pour leur enfant avant son entrée dans la vie active.
  • Champ : France métropolitaine, élèves entrés pour la première fois au cours préparatoire en septembre 2011.
  • Source : MENJ-Depp, panel d'élèves recrutés en CP en 2011.

Pour les élèves scolarisés en voie professionnelle après le collège, deux familles très favorisées sur cinq espèrent en troisième un bac+2 ou un bac+3 pour leur enfant, contre une famille défavorisée sur cinq. Dans leurs déclarations, les parents interrogés quand leur enfant était scolarisé en troisième ont certainement intégré le niveau scolaire de leur enfant dans leurs souhaits de diplôme.

À niveau d’acquis comparable, ces constats sont confirmés, même si les écarts se resserrent, naturellement : lorsque leur enfant, scolarisé en seconde GT, fait partie des 25 % des meilleurs élèves en sixième, 77 % des familles très favorisées aspirent en troisième à un bac+5 ou plus, contre 52 % pour les familles défavorisées. De même, en voie professionnelle, lorsque leur enfant fait partie des 25 % des meilleurs élèves en sixième, les aspirations des familles sont toujours plus élevées dans les milieux très favorisés.

Par ailleurs, pour les élèves scolarisés en seconde GT après le collège, 68 % des familles très favorisées ont des aspirations identiques à celles qu’elles avaient quand leur enfant n’était encore qu’au CP, contre 36 % des familles défavorisées (figure 6). La révision à la hausse des aspirations entre le CP et la troisième est plus fréquente parmi les familles défavorisées (36 %, contre 12 % pour les familles très favorisées). Ayant des aspirations initiales moins élevées, les familles défavorisées disposent en effet d’un plus grand potentiel d’ajustement à la hausse de leurs aspirations. Ce constat est vérifié à niveau d’acquis comparable. Une tendance similaire s’observe pour les élèves scolarisés en voie professionnelle, bien que les écarts soient alors moins marqués. Les aspirations familiales pour ces élèves sont un peu moins souvent stables par rapport au CP pour les catégories très favorisées et les aspirations un peu plus souvent revues à la hausse pour les catégories défavorisées. Cependant, en voie professionnelle, à l’inverse de ce qui est observé en voie générale, la révision à la baisse des aspirations parentales est plus fréquente dans les familles très favorisées.

Figure 6 – Évolution des aspirations familiales en matière de diplôme entre le CP et la troisième

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Figure 6 – Évolution des aspirations familiales en matière de diplôme entre le CP et la troisième (en %) - Lecture : Parmi les élèves entrés en CP en 2011 et scolarisés en seconde générale et technologique, 68,4 % des familles très favorisées ont des aspirations stables entre le CP et la troisième en matière de diplôme pour leur enfant avant son entrée dans la vie active.
Orientation après la troisième Milieu social Niveau d'acquis en sixième Aspirations1 stables Aspirations revues à la hausse Aspirations revues à la baisse Ne sait
pas
Seconde GT2 Très favorisé Inférieur à Q13 58,5 16,2 5,8 19,5
Q1 à Q2 61,4 15,7 4,4 18,4
Q2 à Q3 66,7 13,0 3,2 17,1
Supérieur à Q3 73,0 9,9 1,6 15,4
Ensemble 68,4 12,2 2,8 16,6
Défavorisé Inférieur à Q1 34,6 35,3 7,2 22,9
Q1 à Q2 34,8 35,4 4,8 25,0
Q2 à Q3 36,4 36,1 4,6 22,8
Supérieur à Q3 40,1 36,0 3,2 20,7
Ensemble 36,3 35,7 4,9 23,1
Voie Professionnelle Très favorisé Inférieur à Q1 36,8 17,7 27,8 17,7
Q1 à Q2 56,2 17,2 17,0 9,6
Q2 à Q3 54,8 15,7 19,7 9,8
Supérieur à Q3 35,2 36,8 19,2 8,8
Ensemble 45,9 18,2 22,6 13,3
Défavorisé Inférieur à Q1 38,9 20,2 16,4 24,5
Q1 à Q2 36,6 28,1 12,1 23,3
Q2 à Q3 44,9 30,9 7,3 16,9
Supérieur à Q3 22,9 38,7 9,5 28,9
Ensemble 38,3 23,8 14,2 23,7
Ensemble des élèves Très favorisé Inférieur à Q1 50,2 16,6 14,0 19,1
Q1 à Q2 60,7 15,9 6,3 17,1
Q2 à Q3 66,1 13,2 4,1 16,7
Supérieur à Q3 72,6 10,2 1,8 15,4
Ensemble 66,4 12,7 4,5 16,4
Défavorisé Inférieur à Q1 38,1 23,5 13,8 24,6
Q1 à Q2 35,4 32,2 8,0 24,4
Q2 à Q3 38,5 34,9 5,2 21,3
Supérieur à Q3 38,0 36,3 4,0 21,7
Ensemble 37,4 29,6 9,4 23,6
  • 1. Aspiration : Les familles ont été interrogées sur le niveau de diplôme auquel elles aspiraient pour leur enfant avant son entrée dans la vie active. L'évolution de leurs aspirations est mesurée par une hausse, une baisse ou une stabilité de ce niveau de diplôme entre leurs réponses en 2012 et en 2020. Une aspiration est revue à la hausse si le diplôme déclaré en 2020 est supérieur à celui de 2012 et inversement. Les déclarations « Ne sait pas » en 2012 ou en 2020 ne sont pas comptées mais sont affichées dans la colonne « Ne sait pas ».
  • 2. Seconde générale et technologique.
  • 3. Quarts : Inférieur à Q1 : 25 % des élèves aux acquis les moins élevés, ..., supérieur à Q3 : 25 % des élèves aux acquis les plus élevés.
  • Notes : L'observation est effectuée pour tous les élèves après la troisième, une fois sortis du collège, c'est‑à‑dire à des dates différentes selon leur parcours scolaire. Pour la plupart des élèves du panel 2011, l'observation s'effectue à la rentrée 2020. Les parents ont été interrogés sur le niveau de diplôme auquel ils aspiraient pour leur enfant avant son entrée dans la vie active, en 2012 lorsque les élèves étaient en CP puis en 2020. Très favorisé, défavorisé : voir Méthodes.
  • Lecture : Parmi les élèves entrés en CP en 2011 et scolarisés en seconde générale et technologique, 68,4 % des familles très favorisées ont des aspirations stables entre le CP et la troisième en matière de diplôme pour leur enfant avant son entrée dans la vie active.
  • Champ : France métropolitaine, élèves entrés pour la première fois au cours préparatoire en septembre 2011.
  • Source : MENJ-Depp, panel d'élèves recrutés en CP en 2011.

Les familles défavorisées accordent une importance plus élevée aux propres aspirations de leur enfant

Au printemps 2020, alors que leur enfant était encore scolarisé en classe de troisième, les familles des élèves du panel 2011 ont été interrogées sur les raisons qui motivent leurs aspirations en matière de diplôme.

Lorsque le diplôme souhaité est un bac+2 ou un bac+3, 76 % des familles défavorisées déclarent souhaiter un tel diplôme pour leur enfant afin qu’il pousse ses études le plus loin possible, contre 65 % des familles très favorisées (figure 7) ; par ailleurs, 71 % des premières aspirent à un tel diplôme afin que l’enfant réussisse mieux socialement, contre 62 % des secondes.

Figure 7 – Raisons pour lesquelles les familles souhaitent un diplôme donné pour leur enfant

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Figure 7 – Raisons pour lesquelles les familles souhaitent un diplôme donné pour leur enfant (en %) - Lecture : 68,0 % des familles d'élèves entrés en CP en 2011 et issues de milieux très favorisés déclarent souhaiter un Bac+5 ou plus à leur enfant avant son entrée dans la vie active afin qu'il pousse ses études le plus loin possible.
Diplôme souhaité par la famille Raisons pour lesquelles les familles souhaitent un diplôme donné pour leur enfant Catégorie socioprofessionnelle
de la personne de référence
Ensemble des milieux sociaux1 Défavorisée Très favorisée
Baccalauréat ou moins2 Pousser les études le plus loin possible 67,6 67,7 65,7
Atteindre le même niveau d'éducation que ses parents 21,2 21,4 21,3
Trouver un emploi 75,6 75,6 76,5
Mieux réussir socialement 67,6 69,1 62,8
Souhait de l'enfant 86,1 86,4 82,9
Bac+2 ou 3 Pousser les études le plus loin possible 69,8 75,6 64,7
Atteindre le même niveau d'éducation que ses parents 17,1 16,3 16,3
Trouver un emploi 65,3 65,9 64,1
Mieux réussir socialement 66,2 70,7 61,5
Souhait de l'enfant 70,1 74,1 60,0
Bac+5 ou plus Pousser les études le plus loin possible 71,4 79,0 68,0
Atteindre le même niveau d'éducation que ses parents 20,7 16,6 26,8
Trouver un emploi 45,4 53,2 42,0
Mieux réussir socialement 69,4 70,0 69,3
Souhait de l'enfant 80,4 85,7 77,2
  • 1. Catégories très favorisée, favorisée, moyenne et défavorisée : voir Méthodes.
  • 2. Baccalauréat ou moins : baccalauréat professionnel, technologique ou général et CAP.
  • Note : L'observation est effectuée pour tous les élèves après la troisième, une fois sortis du collège, c'est‑à‑dire à des dates différentes selon leur parcours scolaire. Pour la plupart des élèves du panel 2011, l'observation s'effectue à la rentrée 2020.
  • Lecture : 68,0 % des familles d'élèves entrés en CP en 2011 et issues de milieux très favorisés déclarent souhaiter un Bac+5 ou plus à leur enfant avant son entrée dans la vie active afin qu'il pousse ses études le plus loin possible.
  • Champ : France métropolitaine, élèves entrés pour la première fois au cours préparatoire en septembre 2011.
  • Source : MENJ-Depp, panel d'élèves recrutés en CP en 2011.

Figure 7 – Raisons pour lesquelles les familles souhaitent un diplôme donné pour leur enfant

  • 1. Catégories très favorisée, favorisée, moyenne et défavorisée : voir Méthodes.
  • 2. Baccalauréat ou moins : baccalauréat professionnel, technologique ou général et CAP.
  • Note : L'observation est effectuée pour tous les élèves après la troisième, une fois sortis du collège, c'est‑à‑dire à des dates différentes selon leur parcours scolaire. Pour la plupart des élèves du panel 2011, l'observation s'effectue à la rentrée 2020.
  • Lecture : 68,0 % des familles d'élèves entrés en CP en 2011 et issues de milieux très favorisés déclarent souhaiter un Bac+5 ou plus à leur enfant avant son entrée dans la vie active afin qu'il pousse ses études le plus loin possible.
  • Champ : France métropolitaine, élèves entrés pour la première fois au cours préparatoire en septembre 2011.
  • Source : MENJ-Depp, panel d'élèves recrutés en CP en 2011.

Par rapport aux familles très favorisées, les familles défavorisées accordent une importance plus élevée aux propres aspirations de leur enfant. Ainsi, 74 % d’entre elles déclarent aspirer à un bac+2 ou un bac+3 car c’est le souhait de leur enfant, contre 60 % des familles très favorisées. De même, elles sont 86 % à déclarer viser un bac+5 parce que c’est le souhait de leur enfant, contre 77 % des familles très favorisées. Peut‑être que ces familles, moins informées sur les possibilités d’études supérieures et sur les procédures d’orientation que les familles très favorisées [Ouvrir dans un nouvel ongletGuyon, Huillery, 2020], sont davantage enclines à faire confiance à leur enfant pour prendre des décisions concernant leur orientation.

Les familles défavorisées accordent également une importance relativement plus grande à l’obtention d’un emploi lorsqu’elles aspirent à un niveau bac+5 ou plus : trouver un emploi constitue une motivation pour 53 % des familles défavorisées, contre seulement 42 % des familles très favorisées. Ce motif est plus souvent cité pour des souhaits de niveaux de diplôme moins élevés et de manière équivalente selon le niveau social des familles. Plus précisément, il est évoqué par environ trois quarts des familles, aussi bien celles très favorisées que celles défavorisées, en ce qui concerne les niveaux de diplôme équivalents ou inférieurs au baccalauréat.

Sources

Le panel d’élèves du second degré recruté en 2007 est un échantillon de 35 000 collégiens entrés pour la première fois en septembre 2007 en sixième dans un collège public ou privé de France. La plupart de ces élèves (hors redoublements ou avance scolaire) étaient scolarisés en classe de troisième entre septembre 2010 et juin 2011.

Le panel d’élèves du premier degré recruté en 2011 est un échantillon de 15 188 élèves entrés en septembre 2011 en cours préparatoire (CP), dans une école élémentaire de France métropolitaine. La plupart de ces élèves étaient scolarisés en classe de troisième entre septembre 2019 et juin 2020.

Pour les deux dispositifs, la situation scolaire des élèves est actualisée chaque année via les applications de gestion administrative du ministère chargé de l’éducation. Les acquis cognitifs et conatifs (portant sur le bien‑être, la satisfaction à l’école et plus tard au collège, l’estime de soi, les loisirs, etc.) font l’objet de mesures approfondies et toutes les familles dont l’enfant est présent dans l’échantillon ont répondu à des enquêtes ayant permis de recueillir de nombreuses informations sur l’environnement familial et les conditions de vie de l’élève à différents moments clés de sa scolarité. Pour le panel 2007, ces enquêtes ont eu lieu au recrutement en classe de sixième (courant 2008) et en fin de classe de troisième (courant 2012). Pour le panel 2011, au recrutement en classe de CP (courant 2012), en fin de classe de CM2 (courant 2016) et en fin de classe de troisième (courant 2020).

Contexte d’orientation en fin de troisième des élèves du panel 2011 : La majorité des élèves du panel 2011 sont entrés en troisième en 2019 et ont effectué leur orientation de fin de troisième en pleine crise sanitaire. Une partie de l’année scolaire ayant été perturbée par des périodes de fermeture des établissements scolaires, les élèves n’ont eu que peu d’interactions avec les autres élèves et le corps éducatif. Les apprentissages du second trimestre n’ont pas été évalués, ce qui ne leur a pas permis de situer leur niveau par rapport à leurs pairs, ni de bénéficier pleinement d’un accompagnement durant la phase d’orientation. Ce contexte a rendu difficile l’appréciation du niveau scolaire des élèves pour les familles et les enseignants. Cette situation a contribué à l’augmentation des souhaits et des décisions d’orientation vers la seconde GT [Ouvrir dans un nouvel ongletIasoni, Schneider, 2023]. Dans la présente étude, l’analyse des déterminants de l’orientation repose principalement sur les acquis des élèves et sur leur origine sociale. Ces deux variables d’analyse ne sont pas affectées par la crise sanitaire de 2020, car mesurées avant cette date.

Méthodes

Détermination de l’origine sociale

L’origine sociale de l’élève est déterminée à partir du code PCS‑2003 de l’Insee (professions et catégories socioprofessionnelles). Il s’agit de celui du père s’il est responsable légal de l’enfant et que son code PCS est connu ; sinon, il s’agit de celui de la mère.

La PCS utilisée pour l’étude est celle recueillie lors de l’enquête auprès des familles réalisée lorsque l’élève était en classe de troisième. À défaut, il s’agit de celle recueillie aux enquêtes précédentes.

Dans le cadre de cette étude, pour conserver des effectifs suffisants, quatre catégories sont constituées :

  • Très favorisée : chefs d’entreprise de dix salariés ou plus, cadres et professions intellectuelles supérieures, instituteurs, professeurs des écoles ;
  • Favorisée : professions intermédiaires (sauf instituteurs et professeurs des écoles), retraités‑cadres et des professions intermédiaires ;
  • Moyenne : agriculteurs exploitants, artisans et commerçants (et retraités correspondants), employés ;
  • Défavorisée : ouvriers, retraités ouvriers et employés, inactifs (chômeurs n’ayant jamais travaillé, personnes sans activité professionnelle).

Mesure du niveau des acquis des élèves

La mesure du niveau des acquis permet de disposer d’informations relatives au niveau de maîtrise des élèves en français et en mathématiques à leur entrée au collège, à l’aide d’évaluations spécifiques aux panels. Les élèves du panel 2007 ont été évalués en fin de sixième et en fin de troisième. Les élèves du panel 2011 étaient évalués lorsqu’ils étaient en CP, en fin de CM2, puis tous les ans au collège, sauf en fin de troisième à cause de la crise sanitaire de 2020. En français, l’évaluation permet de tester les connaissances et compétences associées au langage oral, à la lecture et à la compréhension de l’écrit, et à l’étude de la langue. En mathématiques, l’évaluation porte sur les domaines « nombres et calculs », « grandeurs et mesures », « espace et géométrie ». Ces évaluations donnent lieu à la construction d’un score global, qui permet d’obtenir la position relative du niveau des acquis d’un élève par rapport à ses pairs.

Les élèves du panel 2011 n’ont pas été évalués en classe de troisième à cause de la crise sanitaire. Afin de garantir la cohérence entre les deux panels, les évaluations de fin de sixième sont retenues dans cette étude pour mesurer le niveau d’acquis des élèves. Les évaluations en fin de sixième sont utilisées et la distribution des scores est découpée en dixièmes ou quarts, d’effectifs égaux. Ainsi, un élève appartenant au premier dixième (respectivement quart) a obtenu un score global inférieur au premier décile, D1 (respectivement premier quartile, Q1) et fait partie des 10 % (respectivement 25 %) d’élèves ayant le niveau d’acquis le moins élevé en fin de sixième.

Modèle de régression logit

La probabilité d’être scolarisé en seconde générale et technologique (GT) après la classe de troisième plutôt qu’en voie professionnelle (seconde professionnelle ou en CAP) est étudiée en lien avec les caractéristiques sociodémographiques de l’élève et de sa famille, ses caractéristiques scolaires et les caractéristiques de l’établissement de scolarisation en classe de troisième, grâce à un modèle logit binaire.

Les résultats de la régression, calculés en moyenne sur la population, sont présentés au travers des coefficients qui correspondent à la variation de la probabilité d’être scolarisé en seconde GT plutôt qu’en seconde professionnelle ou en CAP lorsqu’une variable explicative varie, les autres variables restant constantes. Un coefficient positif indique une probabilité plus élevée de demander l’orientation en seconde GT ; réciproquement, un coefficient négatif indique une probabilité plus faible.

L’évolution entre les panels 2011 et 2007 est analysée en empilant les deux panels et en faisant interagir chacune des modalités des variables dépendantes avec une indicatrice d’appartenance au panel 2011 (le panel 2007 étant pris pour référence). Le coefficient de cette indicatrice correspond à la façon dont l’influence de cette modalité varie entre les deux panels.

Certaines variables, prises en compte dans le modèle logit, ne sont pas présentées dans les résultats des estimations, car ces dimensions ne sont pas commentées dans l’étude : sexe de l’élève, redoublement ou non (au cours de la scolarité), revenu mensuel de la famille, nombre d’enfants dans la famille, avec qui vit l’enfant (ses deux parents, en garde alternée, en famille monoparentale, en famille recomposée, etc.) et statut migratoire des parents.

Pour en savoir plus

Antoine R., Fauchon A., « Ouvrir dans un nouvel ongletL’emploi salarié des lycéens professionnels et des apprentis un an après leur sortie du système éducatif en 2020 - Une insertion professionnelle comparable à celle observée avant la crise sanitaire », Note d’Information n° 22.06, DEPP et DARES, mars 2022.

Barhoumi M., Caille J.‑P., « Ouvrir dans un nouvel ongletLes élèves sortent de l’enseignement secondaire de plus en plus diplômés mais au terme de parcours scolaires encore socialement différenciés », Éducation & Formations n° 101, novembre 2020.

Caille J.‑P., « Ouvrir dans un nouvel ongletLes transformations des trajectoires au collège : des parcours plus homogènes mais encore très liés au passé scolaire et à l’origine sociale », Éducation & Formations n° 85, novembre 2014.

Caille J.‑P., Lemaire S., « Les bacheliers “de première génération” : des trajectoires scolaires et des parcours dans l’enseignement supérieur “bridés” par de moindres ambitions ? », in France, portrait social, coll. « Insee Références », édition 2009.

Cousin C., Desjonqueres A., Eidelman A., Flamand J., Jolly C., Le Hir B., Rey M., « Ouvrir dans un nouvel ongletLes Métiers en 2030 », France Stratégie, mars 2022.

DEPP, « Ouvrir dans un nouvel ongletLes poursuites d’études après la troisième et la seconde GT dans l’enseignement scolaire et l’apprentissage », Repères et références statistiques, fiche 4.29, édition 2022.

Duru‑Bellat M., Mingat A., « Ouvrir dans un nouvel ongletLe déroulement de la scolarité au collège : le contexte “fait des différences” », Revue française de sociologie 29‑4, 1988.

Givord P., « Dans les pays de l’OCDE, les aspirations éducatives et professionnelles des jeunes de 15 ans sont très marquées par le milieu social », in France, Portrait social, coll. « Insee Références », édition 2020.

Grelet Y., « Ouvrir dans un nouvel ongletEnseignement professionnel, spécialité de formation et reproduction sociale », Éducation & Formations n° 72, septembre 2005.

Guyon N., Huillery E., “Ouvrir dans un nouvel ongletBiased Aspirations and Social Inequality at School: Evidence from French TeenagersThe Economic Journal, vol. 131(634), 2021.

Iasoni E., Schneider F., « Ouvrir dans un nouvel ongletL’orientation en fin de troisième reste marquée par de fortes disparités scolaires et sociales », Note d’information n° 23‑40, DEPP, septembre 2023.

Pirus C., « Ouvrir dans un nouvel ongletLe déroulement de la procédure d’orientation en fin de troisième reste marqué par de fortes disparités scolaires et sociales », Note d’information n° 13‑24, DEPP, novembre 2013.

L’orientation effective correspond à la voie suivie par les élèves après leur classe de troisième. Les écarts entre l’orientation effective et les décisions finales d’orientation sont assez faibles. 69,4 % des élèves ont bénéficié d’une décision d’orientation en voie GT [Ouvrir dans un nouvel ongletIasoni, Schneider, 2023]. Parmi eux, certains ont finalement redoublé leur première troisième. Au final, 67,7 % des élèves du panel 2011 ont été effectivement orientés en seconde GT.

L’orientation effective correspond à la voie suivie par les élèves après leur classe de troisième. Les écarts entre l’orientation effective et les décisions finales d’orientation sont assez faibles. 69,4 % des élèves ont bénéficié d’une décision d’orientation en voie GT [Ouvrir dans un nouvel ongletIasoni, Schneider, 2023]. Parmi eux, certains ont finalement redoublé leur première troisième. Au final, 67,7 % des élèves du panel 2011 ont été effectivement orientés en seconde GT.