Deux approches sont mobilisées pour examiner les liens entre travail, santé et handicap : celle des risques liés au travail (accidents du travail, maladies professionnelles reconnues ou limitations perçues par les salariés) et celle de l’insertion professionnelle des personnes handicapées ou déclarant un problème de santé durable avec limitation d’activité.

En 2019, le régime général et le régime agricole de la Sécurité sociale ont reconnu 689 700 accidents du travail (AT) avec arrêt, soit en moyenne 21 par million d’heures de travail (figure 1). Parmi ces AT, 38 660 (soit 5,6 %) ont occasionné une incapacité permanente partielle et 787 ont été mortels.

Le régime général et le régime agricole ont reconnu plus de 52 500 nouveaux cas de maladies professionnelles (MP) en 2019, dont 26 800 ont occasionné une incapacité permanente partielle. Les ouvriers sont les plus touchés par ces maladies incapacitantes (65 % des cas), surtout pour les affections liées à l’amiante et les surdités (respectivement 90 % et 92 %), qui atteignent davantage les hommes. Les femmes sont davantage concernées par les troubles musculo‑squelettiques.

En 2019, 67 % des salariés disent avoir passé une visite médicale avec un médecin du travail ou de prévention au cours des deux années écoulées, mais 8 % déclarent n’en avoir jamais passé (figure 2).

En 2019, les employés (19 %) et les ouvriers (16 %) déclarent plus souvent être limités dans leurs activités ordinaires par un problème de santé que les cadres (8 %). Les employés (25 %) sont les plus nombreux à souffrir d’un déficit de bien‑être psychologique (score inférieur à 13 selon le questionnaire de l’OMS), les ouvriers sont les moins nombreux (19 %).

En 2023, selon l’enquête Emploi, les personnes déclarant disposer d’une « reconnaissance administrative d’un handicap » (y compris incapacité permanente ou invalidité) sont moins présentes que les autres sur le marché du travail : parmi elles, seules 45 % des 15‑64 ans sont actives au sens du BIT (en emploi ou au chômage), contre 74 % pour l’ensemble de la population de cette tranche d’âge (figure 3). En outre, le taux de chômage des personnes actives reconnues handicapées s’établit à 12 %, contre 7 % pour l’ensemble de la population. Parmi les 28,0 millions de personnes de 15 à 64 ans en emploi, 1,2 million (soit 4,3 %) disposent d’une reconnaissance administrative de leur handicap (figure 4). La plupart d’entre elles bénéficient de la loi sur l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés. En tenant également compte des personnes qui ont un problème de santé durable, accompagné de difficultés depuis au moins six mois dans les activités quotidiennes, 3,5 millions de personnes en emploi sont limitées par un handicap ou un problème de santé (soit 12,6 % de la population en emploi). Ces personnes sont nettement plus âgées que la moyenne. Elles sont plus souvent employés ou ouvriers que dans l’ensemble de la population en emploi (55 % contre 44 %) et travaillent plus souvent à temps partiel (27 % contre 17 %). Ces caractéristiques sont encore plus marquées pour les personnes reconnues handicapées.