Emploi, chômage, revenus du travail Édition 2022

L’Insee et la Dares présentent dans cet ouvrage un ensemble d’analyses et d’indicateurs portant sur le marché du travail.

Insee Références
Paru le :Paru le30/06/2022
Emploi, chômage, revenus du travail- Juin 2022
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Revenus d’activité des non‑salariés

Insee Références

Paru le :30/06/2022

Fin 2019, hors secteur agricole, 3,1 millions de personnes exercent une activité non salariée, à titre principal ou en complément d’une activité salariée (figure 1). Parmi elles, 46 % travaillent dans le commerce et l’artisanat commercial, la santé et la construction, alors que ces secteurs ne rassemblent que 36 % des salariés non agricoles du privé. Les économiquement actifs représentent 41 % des , et même plus de 70 % dans certains services aux particuliers (enseignement, activités artistiques et récréatives, autres services personnels), certaines activités spécialisées (traduction, design, photographie) et dans le commerce de détail hors magasin. Leur nombre a fortement progressé en 2018 (+ 14 %) et en 2019 (+ 18 %), sous l’effet du doublement des plafonds de chiffre d’affaires ouvrant droit à ce statut, alors que celui de non‑salariés classiques a diminué depuis 2014.

Figure 1 - Effectifs et revenus d’activité des non-salariés par secteur en 2019

Figure 1 - Effectifs et revenus d’activité des non-salariés par secteur en 2019 - Lecture : fin 2019, 386 000 personnes travaillent dans la construction, dont 39,2 % de micro-entrepreneurs (ME) et 3,4 % de femmes. Dans ce secteur, le revenu mensuel moyen (hors ME) est de 2 810 euros, celui des ME de 820 euros.
Effectifs au 31 décembre (y c. ME) Revenu mensuel (hors ME) Revenu mensuel moyen des ME
Ensemble1 Femmes Micro-entrepreneurs (ME) Revenu moyen (en euros) Proportion de revenus nuls
(en milliers) (en %) Ensemble Femmes Hommes (en %) (en euros)
Industrie (hors artisanat commercial) 148 37,7 53,6 3 050 1 830 3 330 9,6 380
Construction 386 3,4 39,2 2 810 2 170 2 830 5,1 820
Commerce et artisanat commercial 513 33,4 35,1 2 840 2 460 3 020 9,6 440
Commerce et réparation d'automobiles 72 7,0 33,9 2 530 2 150 2 570 9,3 520
Commerce de gros 86 28,4 36,0 3 530 2 490 3 800 13,5 830
Commerce pharmaceutique 26 55,2 ns 6 700 6 030 7 520 1,8 ns
Métiers de bouche 46 24,5 6,5 2 440 1 790 2 630 5,9 470
Commerce de détail en magasin 162 44,4 18,9 2 340 1 860 2 710 10,6 470
Commerce de détail hors magasin 122 36,6 75,1 1 370 1 110 1 470 10,8 280
Transports, dont : 117 8,1 49,4 2 050 1 940 2 070 6,9 390
taxis et VTC 48 8,0 27,2 1 460 1 790 1 420 4,9 800
Services aux entreprises et mixtes 753 37,3 48,6 5 040 4 090 5 490 10,2 730
Information et communication 97 18,3 58,4 3 840 2 730 3 990 12,1 750
Activités financières et d'assurance 40 23,4 16,3 6 110 4 300 6 560 10,2 920
Activités immobilières 60 40,0 39,7 3 010 2 270 3 360 20,9 950
Activités juridiques et comptables 95 50,6 ns 8 290 6 040 10 580 3,2 ns
Conseil de gestion 139 41,1 61,8 4 070 2 890 4 620 14,7 810
Architecture, ingénierie 76 23,0 34,8 3 920 2 740 4 190 8,4 940
Autres activités spécialisées 113 45,6 72,6 2 870 2 190 3 240 11,2 630
Vétérinaires 12 44,4 ns 5 930 4 640 6 850 2,0 ns
Services administratifs et de soutien aux entreprises 121 41,5 67,8 3 190 2 350 3 530 13,9 590
Services aux particuliers (hors santé) 650 51,4 52,8 1 800 1 500 2 060 10,4 500
Hébergement et restauration 185 36,8 20,0 1 990 1 600 2 210 12,6 540
Arts, spectacles et activités récréatives 86 37,3 71,9 1 680 1 300 1 840 17,1 430
Enseignement 154 48,2 70,7 1 740 1 560 1 840 9,4 560
Coiffure et soins de beauté 109 88,6 44,5 1 540 1 470 1 880 4,2 500
Autres services personnels 116 54,6 74,7 1 590 1 200 1 890 9,9 440
Santé humaine et action sociale, dont : 517 63,1 14,2 5 700 4 220 7 920 1,9 620
médecins et dentistes 171 42,1 ns 9 180 6 910 10 810 1,7 ns
professions paramédicales et sages-femmes 254 71,9 3,3 3 650 3 380 4 340 1,4 1 060
Ensemble 3 085 38,6 40,6 3 830 3 260 4 160 7,5 590
  • ME : micro-entrepreneur. ns : résultat non significatif.
  • 1. Les non-salariés dont le secteur d'activité est inconnu ont été répartis dans les différents secteurs pour le calcul des effectifs. Dans les autres colonnes, ils sont en revanche pris en compte uniquement pour le total, mais pas dans le détail par secteur.
  • Note : les taxés d'office sont pris en compte dans les effectifs mais pas dans les revenus.
  • Lecture : fin 2019, 386 000 personnes travaillent dans la construction, dont 39,2 % de micro-entrepreneurs (ME) et 3,4 % de femmes. Dans ce secteur, le revenu mensuel moyen (hors ME) est de 2 810 euros, celui des ME de 820 euros.
  • Champ : France hors Mayotte, personnes exerçant une activité non salariée au 31 décembre 2019, hors agriculture.
  • Source : Insee, base Non-salariés 2019.

En 2019, hors agriculture et hors ME, les non‑salariés classiques perçoivent en moyenne un de 3 830 euros par mois. Les activités de médecine sont les plus rémunératrices (9 180 euros par mois), suivies des activités juridiques et comptables (8 290 euros) et du commerce pharmaceutique (6 700 euros). À l’opposé, le revenu moyen est le plus faible dans le commerce de détail hors magasin et les taxis et voitures de transport avec chauffeur (moins de 1 500 euros par mois). Les ME économiquement actifs perçoivent en moyenne 590 euros par mois au titre de leur activité non salariée. Par ailleurs, un sur quatre occupe un emploi salarié dont il tire ses principales ressources, contre un sur vingt parmi les non‑salariés classiques.

Les femmes sont minoritaires parmi les non‑salariés (39 % en 2019), même si leur part augmente continûment (31 % en 2008). Hors ME, elles perçoivent en moyenne 3 260 euros par mois en 2019, soit 22 % de moins que les hommes (4 160 euros). Elles sont pourtant proportionnellement plus nombreuses (entre 42 % et 55 %) dans les trois secteurs les plus rémunérateurs, mais y gagnent nettement moins que les hommes (– 36 % parmi les médecins et dentistes, – 43 % dans les activités juridiques et comptables, – 20 % dans le commerce pharmaceutique), en partie car elles exercent leur activité depuis moins longtemps et pour un nombre d’heures moins élevé dans l’année.

Hors agriculture, près de 8 % des non‑salariés classiques déclarent un revenu nul, car ils n’ont pas dégagé de bénéfices ou ne se sont pas versé de rémunération. Parmi ceux percevant un revenu positif, 10 % gagnent moins de 560 euros par mois, la moitié moins de 2 660 euros et 10 % plus de 8 720 euros (figure 2). Le du revenu d’activité annualisé (tenant compte de la durée d’affiliation au régime de protection sociale des non‑salariés dans l’année) est ainsi de 16. Les disparités sont bien plus importantes que parmi les salariés : alors que le rapport interdécile (D9/D1) du revenu salarial est de 22 dans le secteur privé, celui du revenu d’activité des non‑salariés (non annualisé, y compris ME) est de 106. Ceci illustre en partie les revenus plus faibles des ME du fait de périodes d’activité parfois très courtes.

Figure 2 - Dispersion des revenus des non-salariés classiques en 2019 selon le secteur d’activité

revenu mensuel en euros
Figure 2 - Dispersion des revenus des non-salariés classiques en 2019 selon le secteur d’activité (revenu mensuel en euros) - Lecture : dans les services aux particuliers, un non-salarié classique sur dix perçoit un revenu d'activité inférieur à 290 euros par mois (1er décile).
Secteur 1er décile (D1) 1er quartile (Q1) 5e décile (médiane D5) 3e quartile (Q3) 9e décile (D9)
Services aux particuliers 290 740 1 420 2 390 3 970
Commerce 370 1 000 2 100 3 870 6 700
Industrie 380 1 020 2 280 4 180 7 130
Construction 730 1 460 2 340 3 550 5 450
Services aux entreprises et mixtes 620 1 690 3 500 6 520 11 650
Santé 1 450 2 560 4 040 6 900 11 850
Ensemble 560 1 330 2 660 4 830 8 720
  • Lecture : dans les services aux particuliers, un non-salarié classique sur dix perçoit un revenu d'activité inférieur à 290 euros par mois (1er décile).
  • Champ : France hors Mayotte, non-salariés en activité au 31 décembre 2019, hors agriculture, hors micro-entrepreneurs, hors revenus nuls et hors taxés d'office.
  • Source : Insee, base Non-salariés 2019.

Figure 2 - Dispersion des revenus des non-salariés classiques en 2019 selon le secteur d’activité

  • Lecture : dans les services aux particuliers, un non-salarié classique sur dix perçoit un revenu d'activité inférieur à 290 euros par mois (1er décile).
  • Champ : France hors Mayotte, non-salariés en activité au 31 décembre 2019, hors agriculture, hors micro-entrepreneurs, hors revenus nuls et hors taxés d'office.
  • Source : Insee, base Non-salariés 2019.

En 2019, le revenu d’activité moyen des non‑salariés classiques a diminué de 1,1 % en euros constants, après cinq années consécutives de hausse (figure 3). Deux mouvements de sens contraire ont pu jouer. D’une part, le contexte législatif (prélèvement forfaitaire unique en 2018, impôt sur les revenus prélevé à la source à partir de 2019) a pu favoriser une forte hausse des revenus déclarés en 2018 (+ 5,0 %) et par contrecoup un repli en 2019. D’autre part, le micro‑entrepreneuriat, qui attire depuis 2009 une part croissante de non‑salariés ayant des nouvelles activités peu rémunérées, a contribué mécaniquement à contenir le dynamisme du revenu moyen de l’ensemble des non‑salariés, mais aussi à rehausser le revenu moyen des non‑salariés hors ME.

Figure 3 - Évolution du revenu moyen et des effectifs non salariés entre 2008 et 2019

en euros constants, indice base 100 en 2008
Figure 3 - Évolution du revenu moyen et des effectifs non salariés entre 2008 et 2019 (en euros constants, indice base 100 en 2008) - Lecture : entre 2008 et 2019, les effectifs des non-salariés (y compris ME) ont augmenté de 47 %.
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
Effectifs y compris ME 100,0 103,8 112,1 117,5 123,6 129,6 129,9 130,7 131,1 132,9 137,9 146,7
Effectifs des non-salariés classiques 100,0 94,9 93,8 93,9 95,2 96,6 94,2 92,9 90,4 88,8 87,5 87,2
Revenus y compris ME 100,0 95,8 91,3 88,8 84,7 80,5
Revenus y compris ME 89,5 83,7 82,9 83,5 83,9 84,4 85,5 81,3
Revenus des non-salariés classiques 100,0 100,4 104,1 106,0 104,5 101,9
Revenus des non-salariés classiques 110,7 106,2 107,9 110,5 113,5 116,9 122,7 121,4
  • Note : la définition du revenu a changé en 2013.
  • Lecture : entre 2008 et 2019, les effectifs des non-salariés (y compris ME) ont augmenté de 47 %.
  • Champ : France hors Mayotte, non-salariés en activité au 31 décembre, hors agriculture et hors taxés d'office.
  • Source : Insee, base Non-salariés.

Figure 3 - Évolution du revenu moyen et des effectifs non salariés entre 2008 et 2019

  • Note : la définition du revenu a changé en 2013.
  • Lecture : entre 2008 et 2019, les effectifs des non-salariés (y compris ME) ont augmenté de 47 %.
  • Champ : France hors Mayotte, non-salariés en activité au 31 décembre, hors agriculture et hors taxés d'office.
  • Source : Insee, base Non-salariés.

Définitions

Un micro‑entrepreneur (auto‑entrepreneur avant 2014) bénéficie d’un régime dit « microsocial », mis en place en 2009 pour les entreprises individuelles qui relèvent du régime fiscal de la micro‑entreprise. Ce régime offre des formalités de création d’entreprise allégées ainsi qu’un mode de calcul et de paiement simplifié des cotisations et contributions sociales. À partir de 2015, la réforme du régime impose de nouvelles obligations (comme l’immatriculation au régime du commerce et des sociétés ou au répertoire des métiers) et met fin à l’exonération à la taxe pour frais de chambre consulaire. Enfin, le paiement de la cotisation foncière des entreprises est désormais exigé dès la deuxième année d’activité et non plus à partir de la quatrième année. Par ailleurs, pour bénéficier de ce statut en 2015, le micro‑entrepreneur doit avoir réalisé moins de 82 200 euros de chiffre d’affaires pour une activité commerciale et moins de 32 900 euros pour des prestations de services ou activités libérales. Ces plafonds ont doublé en 2018, et ont de nouveau été revus à la hausse en 2020. Les micro‑entrepreneurs sont considérés comme économiquement actifs s’ils déclarent un chiffre d’affaires non nul dans l’année ou, en cas d’affiliation en cours d’année, s’ils ont déclaré un chiffre d’affaires positif au moins un des quatre premiers trimestres suivant l’affiliation.

Les non‑salariés sont les personnes qui travaillent mais sont rémunérées sous une autre forme qu’un salaire. En pratique, les non‑salariés sont des personnes affiliées à un régime de protection sociale des travailleurs non-salariés ; Sécurité sociale des indépendants (SSI) ou Mutualité sociale agricole (MSA). Sont concernés les micro‑entrepreneurs d’une part et les non‑salariés « classiques » de l’autre ; ces derniers sont pour l’essentiel des entrepreneurs individuels « classiques » ou des gérants majoritaires de sociétés à responsabilité limitée (SARL ou SELARL).

Le revenu d’activité des non‑salariés est le revenu ou bénéfice issu de l’activité non salariée, déduction faite des cotisations sociales payées dans l’année et des charges professionnelles associées. Les contributions sociales (CSG, CRDS) ne sont pas déduites. Le revenu d’activité des non‑salariés se calcule à partir du revenu professionnel imposable où sont réintégrés certains allègements fiscaux et cotisations sociales facultatives, en le corrigeant si nécessaire de l’éventuelle majoration de 25 % de l’assiette en cas de non‑adhésion à un centre de gestion, une association agréée ou de non‑recours à un expert‑comptable. En pratique, il correspond à l’assiette qui sert au calcul des cotisations personnelles d’allocations familiales.

Pour les entrepreneurs individuels classiques (hors micro‑entrepreneurs), il s’obtient à partir du bénéfice qu’ils retirent de leur activité (BIC ou BNC selon la nature de cette activité) net des cotisations obligatoires de sécurité sociale payées dans l’année, des salaires versés à d’éventuels employés, des intérêts d’emprunts professionnels, des dotations aux amortissements. Il est considéré comme nul en cas d’exercice déficitaire.

Pour les gérants majoritaires de société, il correspond à leur rémunération, ainsi qu’à une partie des dividendes perçus depuis 2013. En effet, depuis cette date, les dividendes perçus sont considérés comme rémunération du travail et la part qui excède 10 % du capital social, primes d’émission et sommes portées aux comptes courants d’associés, est comptabilisée dans le revenu d’activité des gérants majoritaires de SARL. En deçà de ce seuil, ils sont considérés comme des revenus de capitaux mobiliers. Avant 2013, l’intégralité des dividendes perçus était considérée comme rémunération du capital et n’était donc pas soumise à cotisations sociales (sauf pour les SEL depuis 2009 et pour les EIRL depuis 2011). Le revenu d’activité des micro‑entrepreneurs se mesure depuis 2014 à partir du chiffre d’affaires qu’ils déclarent dans les trois types d’activité suivants : activités de vente, prestations de services et activités libérales. Le revenu est estimé en appliquant à ces chiffres d’affaires les taux d’abattement pour frais professionnels mis en œuvre par l’administration fiscale (71 % pour les activités de vente, 50 % pour les prestations de services et 34 % pour une activité libérale).

Contrairement aux salariés, l’information sur le volume de travail réalisé par les non‑salariés n’est pas disponible. Il n’est donc pas possible de calculer un revenu d’activité par unité de volume de travail qui pourrait être comparé au salaire en EQTP. Cependant, pour prendre en compte le cas échéant les années incomplètes, le revenu d’activité des non‑salariés est annualisé (ramené à ce qu’aurait perçu un non‑salarié s’il avait été affilié l’année complète) avec une pondération au prorata de la durée d’affiliation dans l’année. Le calcul s’effectue sur les seuls non‑salariés en activité au 31 décembre de l’année, en excluant ceux qui n’ont pas déclaré leur revenu.

Lorsqu’on le compare au revenu salarial, le revenu d’activité des non‑salariés n’est pas annualisé et les mesures portent sur l’ensemble des non‑salariés (y compris ceux ayant cessé leur activité en cours d’année) hors secteur agricole.

Le rapport interdécile D9/D1 entre le 9e et le 1er décile (D9/D1) mesure les disparités entre le haut et le bas de la distribution du critère dans la population.

Pour en savoir plus

« En 2019, le revenu d’activité moyen des non‑salariés baisse après plusieurs années de hausse », Insee Première n° 1870, juillet 2021.

Emploi et revenus des indépendants, coll. « Insee Références », édition 2020.