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Insee Conjoncture Grand Est · Juin 2024 · n° 42
Insee Conjoncture Grand EstBilan économique 2023 - Grand Est Une année 2023 de consolidation économique malgré des replis sectoriels

L'année 2023 est marquée par la baisse progressive de l'inflation en France. La croissance économique ralentit, passant de +2,6 % en 2022 à +0,9 % en 2023. Dans les pays voisins du Grand Est, la croissance est également moins forte par rapport à 2022. Dans la région, le taux de chômage, au plus bas début 2023, repart ensuite à la hausse pour atteindre 7,4 % de la population active. Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A est voisin du niveau d’il y a un an. L’emploi salarié est stable après deux années de hausse. Il diminue dans la construction et l’industrie ; l’intérim est particulièrement affecté par le contexte économique.

Les créations d’entreprises se replient légèrement mais restent à un niveau élevé. Les défaillances sont en forte hausse, elles ont plus que doublé en deux ans. Les récoltes de céréales sont stables par rapport à 2022. Celles de raisins de Champagne et de vin d’Alsace sont globalement à un très haut niveau. Les autorisations de construction de logements neufs ainsi que les mises en chantier diminuent sensiblement. La vente de logements neufs chute et les stocks s’accroissent.

Le volume de marchandises transportées par la route, mode prépondérant, demeure important, tandis que le transport fluvial et le fret aérien sont en repli. La fréquentation touristique est vigoureuse, portée par la clientèle en provenance de l’étranger et par les campings.

Insee Conjoncture Grand Est
No 42
Paru le :Paru le13/06/2024

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2023 publiés par l'Insee.

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Synthèse régionale - Contexte national Bilan économique 2023

Yves Frydel, Clément Bortoli, Gaston Vermersch (Insee)

Insee Conjoncture Grand Est

No 42

Paru le :13/06/2024

Synthèse régionale - Une année 2023 de consolidation économique malgré des replis sectoriels

L'année 2023 est marquée par la baisse progressive de l'inflation en France, le risque d’une spirale prix-salaires s’éloigne. La croissance économique ralentit, passant de +2,6 % en 2022 à +0,9 % en 2023. Le PIB en volume augmente fortement au printemps, avant de stagner au cours du second semestre de l’année.

Les économies européennes sont davantage freinées que celles des États-Unis et de la Chine. Ainsi, dans les pays voisins de la région, la croissance économique est également moins forte par rapport à 2022. En Allemagne et plus encore au Luxembourg, le PIB diminue.

Le chômage, au plus bas début 2023, repart ensuite à la hausse

Dans le Grand Est, le taux de chômage, après avoir atteint au premier trimestre 2023 son plus bas niveau en 15 ans, est reparti à la hausse pour atteindre 7,4 % de la population active en fin d’année.

Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A (sans activité et tenus de rechercher un emploi) est stable sur un an, après un net repli en 2022. Les demandeurs d’emplois masculins et ceux âgés de moins de 25 ans sont plus nombreux fin 2023 qu’un an auparavant.

Les mesures d’insertion dans l’emploi se poursuivent en 2023. Le nombre de contrats d’engagement jeune progresse de près de moitié dans la région, alors que les entrées en contrat d’apprentissage augmentent faiblement, après plusieurs années de hausses sensibles.

Stabilité de l’emploi salarié, malgré un repli dans la construction et l’industrie

L’emploi salarié est stable dans le Grand Est, après une croissance en 2021 et 2022. Les régions du nord et de l’est de la France ainsi que la Corse sont moins dynamiques que l’ensemble de la France métropolitaine.

L’intérim est particulièrement affecté par le contexte économique. Comme au niveau national, l’emploi intérimaire recule fortement, en particulier dans les services marchands et l’industrie. Il s’accroît légèrement dans le secteur de la construction, les entreprises y ayant recours en raison des difficultés à fidéliser les candidats sur des postes pérennes.

Hors intérim, l’emploi salarié dans la construction diminue tout au long de l’année. Il augmente modérément dans le tertiaire marchand et non marchand, mais recule dans l’industrie après deux années de croissance. Le Grand Est est la seule région de France métropolitaine dans laquelle l’industrie perd des emplois en 2023.

D’après l’enquête de conjoncture de la Banque de France auprès des entreprises industrielles, leurs chiffres d’affaires progressent du fait de la revalorisation des prix des produits finis. Les volumes des ventes augmentent dans les branches de la fabrication d’équipements électriques, électroniques et matériels de transport. Par ailleurs, les exportations de matériels de transports croissent vigoureusement.

Globalement, les investissements sont orientés à la hausse, avec plusieurs acquisitions immobilières ainsi que des programmes de rénovation énergétique dans l’agroalimentaire. Pour 2024, les industriels anticipent une légère baisse de leur activité.

Les créations d’entreprises restent à un niveau élevé

Le nombre de nouvelles entreprises créées se replie légèrement en 2023, pour la deuxième année consécutive. Il reste toutefois à un niveau élevé dans la région. Les immatriculations de microentreprises sont en hausse, et représentent deux tiers de l’ensemble des créations, alors que celles d’entreprises classiques reculent fortement. Les activités de soutien aux entreprises, ainsi que l’information et la communication sont dynamiques. Les défaillances d’entreprises ont plus que doublé en deux ans. Tous les secteurs de l’économie sont touchés, les services aux entreprises et la construction en premier lieu.

Comme au niveau national, l’activité de construction de logements diminue fortement en 2023, pour les autorisations comme pour les mises en chantier. La vente de logements neufs chute et les stocks s’accroissent. Dans le BTP, qui englobe les secteurs du bâtiment et des travaux publics, la Banque de France évalue une augmentation des chiffres d’affaires des acteurs du secteur, qui découle avant tout de l’augmentation des prix pratiqués, les commandes étant modérées. Les travaux publics sont davantage en difficultés, les entreprises ne parvenant pas toujours à répercuter la hausse du prix des matières premières à leurs clients.

Le volume de marchandises transportées par la route, mode prépondérant, reste à un niveau élevé, tandis que le transport fluvial et le fret aérien sont en repli. Le trafic aérien de passagers continue de progresser, porté par l’international et les lignes à bas coût. Les immatriculations de véhicules neufs repartent à la hausse en 2023, et la part des voitures électriques s’accroît fortement.

Pour l’agriculture, un bilan contrasté selon les productions

Les récoltes de céréales sont équivalentes à celle de 2022, les conditions météorologiques ont été favorables. Malgré une baisse sur un an, le cours des céréales reste élevé. Les cultures du tournesol et du soja continuent de progresser.

Les volumes de betteraves récoltées augmentent, dans un contexte de cours mondiaux du sucre en forte croissance. Malgré des conditions météorologiques mitigées, l’année 2023 est une bonne année fourragère.

La collecte laitière recule aussi bien pour le lait conventionnel que pour le lait biologique ; pour ce dernier, c’est la première baisse en dix ans. Les prix du lait sont au plus haut en 2023, tout comme les prix d’achat des aliments pour vaches laitières.

Les abattages de gros bovins sont en forte diminution, ceux d’agneaux le sont également, mais dans une moindre mesure. Les cours des productions animales demeurent élevés.

Dans les vignobles de Champagne et d’Alsace, les récoltes se situent à un très bon niveau. Les expéditions de Champagne sont en recul par rapport aux années post-Covid, mais les chiffres d’affaires restent importants. La filière du Crémant d’Alsace poursuit sa croissance, contrairement aux autres appellations alsaciennes.

Une fréquentation touristique portée par le retour de la clientèle étrangère et par les campings

En 2023, l’activité touristique de la région est dynamique, avec une hausse de fréquentation deux fois plus forte qu’à l’échelle de la France métropolitaine.

Comparée à 2022, la fréquentation hôtelière progresse au cours du premier semestre, à la faveur du retour des touristes non résidents. Elle est freinée à l’été par une météo maussade.

La saison 2023 dans les campings atteint un niveau exceptionnel avec une majorité de clients en provenance de l’étranger.

Contexte national - En 2023, le décalage conjoncturel entre les États-Unis et les différentes économies européennes s’est confirmé

En 2023, le décalage conjoncturel entre les États-Unis et les différentes économies européennes s’est confirmé (figure 1). La croissance américaine a ainsi atteint +2,5 % contre +0,6 % dans la zone euro, où l’activité a été globalement étale tout au long de l’année, et +0,1 % au Royaume-Uni. Parmi les principales économies de la zone euro, la France et l’Italie ont connu une dynamique de croissance globalement assez proche en 2023 (+1,1 % en France et +1,0 % en Italie). Le moteur allemand a quant à lui calé (croissance nulle en 2023), tandis que l’économie espagnole a poursuivi son rattrapage (+2,5 %).

L’Europe est restée exposée à des prix énergétiques élevés, bien qu’en repli, et a pâti des effets du resserrement monétaire. L’économie américaine y a été moins sensible, bénéficiant de puissants soutiens budgétaires. En Chine, passé le rebond consécutif à la réouverture de l’économie, la croissance s’est stabilisée à un rythme sensiblement inférieur à celui de la décennie 2010, pénalisée notamment par la contraction du secteur immobilier. Le ralentissement chinois a, toutefois, un effet global ambigu pour l’économie française : s’il freine l’activité via les canaux commerciaux, il contribue en revanche à la détente des prix des matières premières et constitue ainsi un facteur de soutien.

Figure 1Croissance trimestrielle du PIB dans la zone euro et aux États-Unis

(en %)
Croissance trimestrielle du PIB dans la zone euro et aux États-Unis ((en %))
Date États-Unis Zone euro
T1 2022 -0,50 0,63
T2 2022 -0,14 0,79
T3 2022 0,66 0,46
T4 2022 0,64 -0,03
T1 2023 0,56 0,08
T2 2023 0,51 0,11
T3 2023 1,19 0,02
T4 2023 0,84 -0,07
  • Sources : Bureau of Economic Analysis, Eurostat.

Figure 1Croissance trimestrielle du PIB dans la zone euro et aux États-Unis

  • Sources : Bureau of Economic Analysis, Eurostat.

En France, la croissance de l'économie a été modérée en 2023 : le PIB (en volume) a augmenté de 0,9 % en données brutes (+1,1 % en données corrigées des jours ouvrables), après une hausse de 2,6 % en 2022. La production a ralenti (+1,5 % en volume après +4,1 %).

La croissance de la production est principalement portée par les services marchands, qui ralentissent mais sont en hausse de 2,4 %, et en particulier par les services aux entreprises et d'information-communication. La production en construction est quasi stable (-0,1 %), mais cette stabilité masque un repli important dans la construction de logements neufs que compense la bonne tenue des activités d’entretien-amélioration et de génie civil. La production industrielle rebondit (+0,5 % après -0,4 %), avec des situations très contrastées suivant les branches. La production de matériels de transport, encore très dégradée en 2022 par rapport à son niveau d’avant-crise, accélère nettement en 2023 (+11,3 % après +7,8 %), les difficultés d’approvisionnement s’atténuant. À l’inverse, la production d'« autres produits manufacturés » se replie de nouveau (-3,6 % après -0,9 %), notamment pour les industries les plus énergivores (chimie, papeterie, métallurgie), très pénalisées par la hausse des prix de l'énergie.

L’emploi salarié a nettement ralenti en 2023, augmentant de 0,6 % sur l’année (soit 156 000 créations nettes d’emploi entre fin 2022 et fin 2023), après +1,4 % en 2022 (soit +376 000 emplois) et +3,2 % en 2021 (soit +814 000 emplois). Le taux de chômage au sens du BIT s’est stabilisé en fin d’année à 7,5 % de la population active. Il est supérieur de 0,4 point à son niveau de fin 2022, qui était le plus bas depuis 1982. La hausse progressive du chômage depuis lors résulte du ralentissement de l’emploi alors que la population active est restée dynamique.

Le pouvoir d’achat des ménages a rebondi, malgré une inflation qui demeure élevée

Après être resté pendant près d’un an sur un plateau autour de +6 %, le glissement annuel des prix à la consommation en France a nettement diminué à partir du printemps 2023, du fait notamment du ralentissement des prix des produits pétroliers et des produits alimentaires (figure 2). L’inflation est néanmoins restée relativement élevée : en moyenne annuelle, elle s’est établie à +4,9 %, en 2023 après +5,2 % en 2022. L’alimentation a été la principale contributrice à l’inflation d’ensemble entre septembre 2022 et septembre 2023. Dès avril 2023 cependant, les prix des produits alimentaires ont nettement ralenti, en raison du reflux des prix des produits agricoles depuis leur pic de mai 2022. De même, la contribution des prix des produits manufacturés à l’inflation d’ensemble a reflué à compter du milieu d’année. Ce sont désormais les prix des services, tirés par la dynamique des salaires, qui soutiennent l’inflation.

En ce qui concerne les rémunérations, le salaire moyen par tête (SMPT) dans les branches marchandes non agricoles et le (SMB) ont été dynamiques en termes nominaux (respectivement +4,1 % et +4,3 %). Cependant, ils ont de nouveau reculé en termes réels (respectivement -0,8 % et -0,6 %). Comme en 2022, ces reculs inédits traduisent le fort dynamisme des prix sur la période récente. En deux ans, le recul du SMB réel atteint ainsi 2,5 %.

Figure 2Inflation en France et contributions par poste

(évolution en %, contributions en points)
Inflation en France et contributions par poste ((évolution en %, contributions en points)) - Lecture : en décembre 2023, l’inflation d’ensemble s’établit à 3,7 % sur un an. L’alimentation contribue pour +1,2 point à l’inflation d’ensemble.
Date Alimentation Énergie Produits manufacturés Services Tabac Ensemble Ensemble sous-jacent
janv.-2019 0,4 0,2 -0,1 0,5 0,3 1,2 0,7
févr.-2019 0,5 0,3 -0,1 0,4 0,3 1,3 0,7
mars-2019 0,4 0,4 -0,1 0,3 0,2 1,1 0,5
avr.-2019 0,4 0,4 -0,1 0,5 0,2 1,3 0,7
mai-2019 0,4 0,3 -0,2 0,3 0,2 0,9 0,4
juin-2019 0,4 0,2 -0,2 0,6 0,2 1,2 0,9
juil.-2019 0,5 0,1 -0,2 0,5 0,2 1,1 0,9
août-2019 0,5 0,1 -0,2 0,5 0,2 1,0 0,7
sept.-2019 0,3 0,0 -0,2 0,6 0,2 0,9 0,9
oct.-2019 0,3 -0,1 -0,1 0,6 0,2 0,8 1,0
nov.-2019 0,3 -0,1 -0,2 0,6 0,3 1,0 1,0
déc.-2019 0,3 0,2 -0,1 0,7 0,3 1,5 1,1
janv.-2020 0,3 0,4 -0,1 0,6 0,3 1,5 1,0
févr.-2020 0,3 0,1 0,1 0,7 0,3 1,4 1,2
mars-2020 0,3 -0,3 -0,1 0,5 0,3 0,7 0,7
avr.-2020 0,6 -0,7 -0,1 0,3 0,3 0,3 0,2
mai-2020 0,6 -0,9 -0,2 0,6 0,3 0,4 0,6
juin-2020 0,4 -0,7 -0,3 0,5 0,3 0,2 0,3
juil.-2020 0,2 -0,6 0,5 0,5 0,3 0,8 1,3
août-2020 0,1 -0,6 -0,1 0,4 0,3 0,2 0,5
sept.-2020 0,1 -0,6 0,0 0,3 0,3 0,0 0,5
oct.-2020 0,2 -0,6 0,0 0,2 0,3 0,0 0,3
nov.-2020 0,3 -0,6 -0,1 0,3 0,3 0,2 0,4
déc.-2020 0,2 -0,6 -0,2 0,4 0,3 0,0 0,2
janv.-2021 0,2 -0,5 0,2 0,4 0,3 0,6 1,1
févr.-2021 0,1 -0,1 -0,1 0,4 0,3 0,6 0,5
mars-2021 0,2 0,4 0,0 0,5 0,1 1,1 1,0
avr.-2021 0,0 0,6 -0,1 0,6 0,1 1,2 1,0
mai-2021 0,0 0,8 0,0 0,5 0,1 1,4 0,9
juin-2021 0,0 0,8 0,2 0,4 0,1 1,5 1,1
juil.-2021 0,2 0,9 -0,3 0,3 0,1 1,2 0,0
août-2021 0,2 0,9 0,3 0,3 0,1 1,9 1,0
sept.-2021 0,2 1,1 0,1 0,7 0,1 2,2 1,4
oct.-2021 0,1 1,5 0,1 0,8 0,1 2,6 1,5
nov.-2021 0,1 1,6 0,2 0,9 0,0 2,8 1,8
déc.-2021 0,2 1,4 0,3 0,8 0,0 2,8 2,0
janv.-2022 0,3 1,5 0,2 0,9 0,0 2,9 1,6
févr.-2022 0,4 1,7 0,6 1,1 0,0 3,6 2,4
mars-2022 0,5 2,3 0,5 1,1 0,0 4,5 2,5
avr.-2022 0,6 2,1 0,7 1,4 0,0 4,8 3,2
mai-2022 0,7 2,2 0,7 1,5 0,0 5,2 3,6
juin-2022 1,0 2,7 0,6 1,6 0,0 5,8 3,7
juil.-2022 1,1 2,4 0,7 1,9 0,0 6,1 4,3
août-2022 1,3 1,9 0,9 1,9 0,0 5,9 4,8
sept.-2022 1,6 1,5 0,9 1,5 0,0 5,6 4,6
oct.-2022 2,0 1,7 1,0 1,5 0,0 6,2 5,0
nov.-2022 2,0 1,6 1,1 1,4 0,0 6,2 5,3
déc.-2022 2,0 1,3 1,1 1,4 0,0 5,9 5,3
janv.-2023 2,2 1,4 1,1 1,3 0,0 6,0 5,5
févr.-2023 2,4 1,3 1,1 1,5 0,0 6,3 5,8
mars-2023 2,5 0,4 1,2 1,4 0,1 5,7 6,0
avr.-2023 2,4 0,6 1,1 1,6 0,2 5,9 6,2
mai-2023 2,3 0,2 1,0 1,5 0,2 5,1 5,7
juin-2023 2,2 -0,3 1,0 1,5 0,2 4,5 5,7
juil.-2023 2,0 -0,4 0,8 1,6 0,2 4,3 5,5
août-2023 1,8 0,6 0,7 1,6 0,2 4,9 5,0
sept.-2023 1,6 1,0 0,7 1,4 0,2 4,9 4,6
oct.-2023 1,3 0,4 0,5 1,6 0,2 4,0 4,2
nov.-2023 1,2 0,2 0,4 1,4 0,2 3,5 3,4
déc.-2023 1,2 0,5 0,3 1,6 0,2 3,7 3,4
  • Lecture : en décembre 2023, l’inflation d’ensemble s’établit à 3,7 % sur un an. L’alimentation contribue pour +1,2 point à l’inflation d’ensemble.
  • Source : Insee.

Figure 2Inflation en France et contributions par poste

  • Lecture : en décembre 2023, l’inflation d’ensemble s’établit à 3,7 % sur un an. L’alimentation contribue pour +1,2 point à l’inflation d’ensemble.
  • Source : Insee.

En 2023, le pouvoir d’achat des ménages a accéléré (+0,8 %, après +0,3 % en 2022, figure 3). Les revenus nets d’activité ont ralenti mais sont restés dynamiques (+5,0 % après +7,2 % en 2022). Les prestations sociales en espèces ont augmenté de 4,7 % après +1,7 %, sous l’effet principalement des revalorisations des retraites (effet en année pleine de la revalorisation de juillet 2022 et revalorisation résiduelle de janvier 2023) : les retraites ont ainsi progressé de façon soutenue (+5,3 %). Les revenus du patrimoine, corrigés de l’effet , accélèrent en 2023 (+7,5 % après +5,8 %) sous l’effet de la hausse des taux d’intérêt et de versements dynamiques de dividendes et des autres revenus d’investissement. Au total, le revenu disponible brut (RDB) hors effet SIFIM de l’ensemble des ménages a accéléré (+5,8 % après +5,0 %).

Figure 3Variations annuelles du pouvoir d’achat et contributions de ses principales composantes

(évolution en %, contributions en points)
Variations annuelles du pouvoir d’achat et contributions de ses principales composantes ((évolution en %, contributions en points)) - Lecture : en 2023, les revenus du patrimoine (hors effet SIFIM) contribuent pour +1,6 point à l’évolution du revenu disponible brut (RDB) hors effet SIFIM.
Date Revenus d'activité Prélèvements sociaux-fiscaux Prestations sociales en espèces Revenus du patrimoine (hors effet SIFIM) Prix de la consommation des ménages hors SIFIM Pouvoir d'achat du RDB Pouvoir d'achat du RDB par unité de consommation
2019 2,2 -0,2 1,0 0,4 -0,8 2,6 2,0
2020 -2,5 1,0 3,0 -0,4 -0,8 0,2 -0,4
2021 5,2 -1,3 -0,5 1,7 -1,4 3,4 2,8
2022 5,2 -2,0 0,6 1,2 -4,7 0,3 -0,4
2023 3,7 -0,9 1,6 1,6 -4,8 0,8 0,3
  • Lecture : en 2023, les revenus du patrimoine (hors effet SIFIM) contribuent pour +1,6 point à l’évolution du revenu disponible brut (RDB) hors effet SIFIM.
  • Source : Insee, comptes nationaux.

Figure 3Variations annuelles du pouvoir d’achat et contributions de ses principales composantes

  • Lecture : en 2023, les revenus du patrimoine (hors effet SIFIM) contribuent pour +1,6 point à l’évolution du revenu disponible brut (RDB) hors effet SIFIM.
  • Source : Insee, comptes nationaux.

La consommation des ménages a progressé à un rythme proche du pouvoir d’achat (+0,8 %), si bien que le taux d’épargne des ménages s’est quasiment stabilisé (16,9 % après 16,8 %). Le taux d’épargne reste à un niveau nettement plus élevé que sa moyenne entre 2009 et 2019 (14,7 %). La consommation en produits alimentaires a continué de baisser (-3,6 %, après -3,2 % en 2022). Ces produits sont les plus marqués par l'inflation, avec une hausse des prix de 11,3 % en 2023 (après +6,3 % en 2022). Également très marquée par l'inflation, la consommation en biens énergétiques diminue de nouveau fortement comme en 2022 (-2,5 % après -3,3 %). À l’inverse, la consommation des ménages en services reste dynamique, en particulier dans l'information-communication (+5,6 %), dans les services de transport (+6,7 %) et dans l'hébergement-restauration (+5,5 %).

L’investissement des ménages a sombré, celui des administrations et des entreprises a résisté

En réponse à la hausse de l’inflation, les principales banques centrales, dont la Banque centrale européenne à partir de l’été 2022, ont procédé à un resserrement rapide des politiques monétaires, entraînant une augmentation du coût du crédit pesant sur l’investissement des entreprises comme des ménages. Ce dernier est de nouveau en forte baisse (-8,5 %), pénalisé par la baisse de l'investissement en construction (-5,6 %) et par celle des achats de biens immobiliers (-18,4 % d'investissement en services techniques, comprenant les frais de notaires). L'investissement des entreprises non financières progresse au même rythme qu’en 2022 (+2,7 % après +2,9 %), toujours porté par l’investissement en services d'information-communication. Au total, l’investissement se redresse légèrement en 2023 (+0,4 % en volume après 0,0 %), principalement porté par les investissements des administrations publiques (+6,9 %), qui augmentent dans les matériels de transport, avec notamment la livraison d'un sous-marin.

Le solde extérieur de la France s’améliore

En 2023, les flux de commerce extérieur en volume marquent le pas après deux années de forte hausse. Les exportations augmentent encore un peu (+2,1 % après +8,2 %), alors que les importations sont quasi stables (+0,3 % après +8,8 %). Le solde extérieur en volume s’améliore légèrement. Cette amélioration s’explique surtout par les biens, en particulier les biens énergétiques : la France est de nouveau exportatrice nette d'électricité, et ses imports en gaz et en pétrole baissent fortement, les stocks ayant atteint des niveaux très élevés. Les exportations de matériels de transport, en particulier en aéronautique, accélèrent nettement, mais les importations, notamment de véhicules électriques, augmentent aussi fortement. Les exportations en volume de services se replient, tirées vers le bas par les exportations de services de transport (-7,5 %), tandis que les importations de services sont en forte hausse, avec notamment +15,1 % de services de transport et +7,7 % de services aux entreprises. Au final, la contribution du commerce extérieur à la croissance du PIB a été nettement positive en 2023 (+0,6 point), en partie compensée par un mouvement de déstockage (-0,4 point) (figure 4).

Figure 4Évolution du PIB en volume et contributions à cette évolution

(évolution en %, contributions en points)
Évolution du PIB en volume et contributions à cette évolution ((évolution en %, contributions en points)) - Lecture : En 2023, la croissance du PIB est de 0,9 %. La consommation des ménages et des APU contribue pour 0,6 point à cette croissance.
Année Consommation (ménages et APU ¹) Investissement Solde du commerce extérieur Variation de stocks Produit intérieur brut (PIB)
2019 1,2 0,9 0,0 -0,1 2,0
2020 -4,5 -1,3 -1,3 -0,3 -7,4
2021 4,5 2,2 0,7 -0,5 6,9
2022 2,3 0,0 -0,3 0,5 2,6
2023 0,6 0,1 0,6 -0,4 0,9
  • ¹ : Administrations publiques.
  • Lecture : En 2023, la croissance du PIB est de 0,9 %. La consommation des ménages et des APU contribue pour 0,6 point à cette croissance.
  • Source : Insee, comptes nationaux, base 2020.

Figure 4Évolution du PIB en volume et contributions à cette évolution

  • ¹ : Administrations publiques.
  • Lecture : En 2023, la croissance du PIB est de 0,9 %. La consommation des ménages et des APU contribue pour 0,6 point à cette croissance.
  • Source : Insee, comptes nationaux, base 2020.
Publication rédigée par :Yves Frydel, Clément Bortoli, Gaston Vermersch (Insee)

Le SMB correspond à la composante sous-jacente du SMPT, à côté de la composante conjoncturelle affectée notamment par les versements de primes et les heures supplémentaires.

Les services d’intermédiation financière indirectement mesurés (SIFIM) mesurent les services d’intermédiation liés à l’octroi de crédits et à la gestion des dépôts par les banques. L’imputation de SIFIM majore l’évolution des revenus du patrimoine dans un contexte de remontée de taux d’intérêt ainsi que le prix de la consommation des ménages, mais l’effet de cette imputation sur l’évolution du pouvoir d’achat du RDB est faible (encadré 2 de l’IP no 1997 « Les comptes de la Nation en 2023 »).

Pour en savoir plus

(1) Héam J.-C., Meinzel P., Morvan F., « Les comptes de la Nation en 2023 », Insee Première no 1997, mai 2024.

Le SMB correspond à la composante sous-jacente du SMPT, à côté de la composante conjoncturelle affectée notamment par les versements de primes et les heures supplémentaires.

Les services d’intermédiation financière indirectement mesurés (SIFIM) mesurent les services d’intermédiation liés à l’octroi de crédits et à la gestion des dépôts par les banques. L’imputation de SIFIM majore l’évolution des revenus du patrimoine dans un contexte de remontée de taux d’intérêt ainsi que le prix de la consommation des ménages, mais l’effet de cette imputation sur l’évolution du pouvoir d’achat du RDB est faible (encadré 2 de l’IP no 1997 « Les comptes de la Nation en 2023 »).