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Insee Conjoncture Grand Est · Juin 2024 · n° 42
Insee Conjoncture Grand EstBilan économique 2023 - Grand Est Une année 2023 de consolidation économique malgré des replis sectoriels

L'année 2023 est marquée par la baisse progressive de l'inflation en France. La croissance économique ralentit, passant de +2,6 % en 2022 à +0,9 % en 2023. Dans les pays voisins du Grand Est, la croissance est également moins forte par rapport à 2022. Dans la région, le taux de chômage, au plus bas début 2023, repart ensuite à la hausse pour atteindre 7,4 % de la population active. Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A est voisin du niveau d’il y a un an. L’emploi salarié est stable après deux années de hausse. Il diminue dans la construction et l’industrie ; l’intérim est particulièrement affecté par le contexte économique.

Les créations d’entreprises se replient légèrement mais restent à un niveau élevé. Les défaillances sont en forte hausse, elles ont plus que doublé en deux ans. Les récoltes de céréales sont stables par rapport à 2022. Celles de raisins de Champagne et de vin d’Alsace sont globalement à un très haut niveau. Les autorisations de construction de logements neufs ainsi que les mises en chantier diminuent sensiblement. La vente de logements neufs chute et les stocks s’accroissent.

Le volume de marchandises transportées par la route, mode prépondérant, demeure important, tandis que le transport fluvial et le fret aérien sont en repli. La fréquentation touristique est vigoureuse, portée par la clientèle en provenance de l’étranger et par les campings.

Insee Conjoncture Grand Est
No 42
Paru le :Paru le13/06/2024

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2023 publiés par l'Insee.

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Chômage et politiques de l’emploi - Des aides à l’emploi recentrées sur l’emploi des jeunes et des publics en difficultés en 2023 Bilan économique 2023

Philippe Becquet, Benoît Bourges (Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités)

Dans le Grand Est, le taux de chômage s’élève légèrement au cours de l’année (+0,4 point entre la fin 2022 et la fin 2023), avec une hausse plus marquée chez les jeunes de moins de 25 ans que les autres tranches d’âge. Le recours à l’activité partielle reste très restreint sur l’ensemble de l’année. Après deux années de recours élevé, les aides à emploi diminuent faiblement, tout en étant supérieures aux niveaux de 2019 et 2020. Certaines mesures sont cependant moins encouragées, notamment les contrats aidés de type PEC ou CUI-CIE. En revanche, d’autres dispositifs plus axés sur les solutions structurantes en lien avec les besoins exprimés par les entreprises, tels que l’apprentissage ou les dispositifs d’insertion ou de réinsertion dans l’emploi, continuent de progresser légèrement. Par exemple, l’insertion par l’activité économique reste orientée à la hausse, et plus encore, le contrat d’engagement jeune, introduit en 2022, poursuit son déploiement, avec un nombre d’entrées en hausse de 46 % sur un an dans la région.

Insee Conjoncture Grand Est

No 42

Paru le :13/06/2024

Avertissement sur les demandeurs d'emploi en fin de mois

Une expérimentation d’accompagnement renforcé vers l’emploi des bénéficiaires du RSA (BRSA) a été initiée en avril 2023 dans 18 territoires de France. Elle conduit à enregistrer progressivement à France Travail l’ensemble des BRSA de ces territoires. Fin décembre 2023, cette expérimentation concerne environ 15 200 personnes dont 11 000 sont comptabilisées comme demandeurs d’emploi. Les 18 territoires concernés se situent dans les départements de l’Aisne, la Somme, La Réunion, l’Yonne, l’Aveyron, le Nord, les Bouches-du-Rhône, la Creuse, la Côte-d’Or, l’Eure, l’Ille-et-Vilaine, la Mayenne, la Loire-Atlantique, le Loiret, le Rhône, les Vosges, les Pyrénées-Atlantiques et les Yvelines.

Stabilité de l’emploi salarié, léger accroissement du taux de chômage en fin d’année

Dans la région Grand Est, l’année 2023 succède au contexte post-Covid-19 de reprise économique, qui avait généré une forte croissance de l’emploi salarié en 2021 (+2,6 %) et une progression un peu plus modérée en 2022 (+0,7 %). Sous l’effet conjugué de l’inflation et de la fragilité de l’environnement économique international, cette dynamique faiblit sensiblement en 2023. Cette année est ainsi marquée par une stabilité de l’emploi salarié, avec un gain net d’à peine 700 postes de travail dans la région ; en France métropolitaine, la progression des effectifs salariés s’établit à +0,5 %.

Les deux années de reprise économique (2021-2022) avaient abouti à un fort recul du taux de chômage régional : s’établissant à 6,9 % de la population active au 1er trimestre 2023, il retrouvait son plus bas niveau depuis 15 ans. La stabilité de l’emploi en 2023 n’a pas permis de conserver ce niveau sur l’ensemble de l’année, et à fin 2023, le taux de chômage s’établit à 7,4 %, soit +0,4 point entre fin 2022 et fin 2023. Au niveau départemental, l’évolution est du même ordre, quoiqu’un peu plus faible en Haute-Marne et plus élevée dans les Ardennes (+0,2 % et +0,7 %).

Au 4e trimestre 2023, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A (sans activité et tenus de rechercher un emploi) reste stable sur un an, alors qu’il reculait de 10,1 % entre 2021 et 2022. Cette évolution annuelle n’est pas uniforme au sein de la population : la demande d’emploi masculine augmente, tandis que la demande d’emploi féminine continue de se contracter (+1,2 % et ‑1,3 % sur un an). L’effectif des jeunes demandeurs d’emploi s’accroît (+5,9 %), celui des 25-49 ans est stable, et celui des seniors demeure orienté à la baisse (‑2,7 %). La demande d’emploi de longue durée continue elle aussi de s’infléchir (-4,9 % sur un an pour les inscrits à Pôle emploi depuis plus d’un an en catégories A, B ou C) ; la demande d’emploi de très longue durée décroît davantage (‑10,1 % pour les inscrits depuis plus de deux ans), à l’inverse des demandeurs d’emploi relativement récents (+2,4 % pour les inscrits depuis moins d’un an).

Figure 1Évolution du taux chômage trimestriel

(en % de la population active)
Évolution du taux chômage trimestriel ((en % de la population active))
Grand Est France hors Mayotte France métropolitaine
4ᵉ trim. 2017 8,7 9,0 8,7
1ᵉ trim. 2018 8,9 9,3 9,0
2ᵉ trim. 2018 8,7 9,1 8,8
3ᵉ trim. 2018 8,5 8,9 8,6
4ᵉ trim. 2018 8,4 8,8 8,4
1ᵉ trim. 2019 8,4 8,8 8,5
2ᵉ trim. 2019 8,1 8,4 8,2
3ᵉ trim. 2019 8,1 8,3 8,1
4ᵉ trim. 2019 7,9 8,2 7,9
1ᵉ trim. 2020 7,7 7,9 7,7
2ᵉ trim. 2020 7,0 7,1 7,1
3ᵉ trim. 2020 8,7 9,0 8,8
4ᵉ trim. 2020 7,8 8,1 7,9
1ᵉ trim. 2021 7,9 8,2 8,0
2ᵉ trim. 2021 7,7 7,9 7,7
3ᵉ trim. 2021 7,7 7,9 7,7
4ᵉ trim. 2021 7,3 7,4 7,2
1ᵉ trim. 2022 7,2 7,4 7,2
2ᵉ trim. 2022 7,2 7,4 7,2
3ᵉ trim. 2022 7,0 7,3 7,1
4ᵉ trim. 2022 7,0 7,1 6,9
1ᵉ trim. 2023 6,9 7,1 6,9
2ᵉ trim. 2023 7,1 7,2 7,0
3ᵉ trim. 2023 7,4 7,5 7,2
4ᵉ trim. 2023 7,4 7,5 7,3
  • Notes : données provisoires pour le dernier trimestre et révisées pour les trimestres précédents ; données CVS.
  • Source : Insee, taux de chômage localisés.

Figure 1Évolution du taux chômage trimestriel

  • Notes : données provisoires pour le dernier trimestre et révisées pour les trimestres précédents ; données CVS.
  • Source : Insee, taux de chômage localisés.

Figure 2Taux de chômage trimestriel par département

(en % de la population active)
Taux de chômage trimestriel par département ((en % de la population active))
Zonage 2023 T1 2023 T2 2023 T3 2023 T4 Évolution 2023 T4 / 2022 T4 (points de %)
Ardennes 9,4 9,5 9,9 9,9 0,7
Aube 9,4 9,4 9,8 9,8 0,4
Marne 7,0 7,2 7,4 7,4 0,4
Haute-Marne 6,2 6,4 6,7 6,5 0,2
Meurthe-et-Moselle 6,9 7,0 7,2 7,2 0,3
Meuse 7,1 7,1 7,4 7,5 0,3
Moselle 6,9 7,1 7,3 7,4 0,4
Bas-Rhin 6,0 6,2 6,5 6,5 0,4
Haut-Rhin 6,7 6,9 7,2 7,2 0,5
Vosges 7,4 7,7 7,9 7,9 0,5
Grand Est 6,9 7,1 7,4 7,4 0,4
France hors Mayotte 7,1 7,2 7,5 7,5 0,4
  • Notes : données provisoires pour le dernier trimestre et révisées pour les trimestres précédents ; données CVS.
  • Source : Insee, taux de chômage localisés.

Figure 3Demandeurs d'emploi en fin de mois

Demandeurs d'emploi en fin de mois
Décomposition Demandeurs d'emploi au quatrième trimestre 2023 Évolution 2023 T4 / 2022 T4
Catégories A, B, C Catégorie A Catégories A, B, C (% de l'ensemble) Catégorie A (% de l'ensemble) Catégories A, B, C (%) Catégorie A (%)
Hommes 203 060 121 750 49,5 52,1 -0,3 1,2
Femmes 207 110 111 910 50,5 47,9 -1,6 -1,3
Moins de 25 ans 54 280 32 730 13,2 14,0 4,4 5,9
De 25 à 49 ans 242 240 133 630 59,1 57,2 -1,6 0,0
50 ans ou plus 113 650 67 290 27,7 28,8 -2,1 -2,7
Inscrits depuis un an ou plus 182 340 nd 44,5 nd -4,9 nd
dont inscrits depuis 2 ans ou plus 103 540 nd 25,2 nd -10,1 nd
Grand Est 410 170 233 660 100,0 100,0 -1,0 -0,0
France hors Mayotte 5 397 900 3 032 000 100,0 100,0 0,3 -0,6
  • nd : données non disponibles.
  • Note : données CVS-CJO.
  • Avertissement : le nombre de demandeurs d'emploi au quatrième trimestre est une moyenne des stocks de demandeurs d'emploi à la fin des mois d'octobre, novembre et décembre afin de mieux dégager les évolutions tendancielles.
  • Source : France Travail-Dares, STMT.

Après avoir été fortement sollicité lors de la crise sanitaire, le recours à l’activité partielle avait fortement diminué lors de l’année 2022. En 2023, le recours au dispositif reste relativement modeste, malgré la situation économique moins favorable. En moyenne, 440 demandes d’indemnisation au titre de l’activité partielle sont déposées chaque mois par les entreprises du Grand Est en 2023 (contre 1 320 en 2022) pour indemniser près de 10 600 salariés (contre 15 700 en 2022). En 2023, ce sont près de 260 000 heures qui sont indemnisées en moyenne chaque mois dans la région au titre de l’activité partielle, pour un montant moyen de 2,6 millions d’euros.

Les salariés indemnisés en 2023 travaillent essentiellement dans l’industrie, et plus spécifiquement dans la fabrication de matériels de transports (20 % des salariés indemnisés) et dans la fabrication des autres produits industriels (48 %) - plus spécifiquement dans la métallurgie et la fabrication de produits métalliques ainsi que dans la plasturgie-caoutchouc -. En leur adjoignant les salariés des services aux entreprises (13 %), ces secteurs emploient à eux seuls quatre salariés indemnisés sur cinq.

Le Contrat d’engagement jeune reste un outil prioritaire de réinsertion dans l’emploi

Les politiques de l’emploi recouvrent les interventions publiques sur le marché du travail, qui ont pour objectif d’en améliorer le fonctionnement, d’accroître et de préserver l’emploi, ainsi que de réduire le chômage et les discriminations à l’embauche. Le montant des crédits engagés au titre des politiques d’emploi est ajusté selon les caractéristiques de la situation socio-économique d’ensemble, telles que le taux de chômage, particulièrement faible en début d’année (6,9 % pour la France métropolitaine à fin 2022-début 2023). Aussi, en 2023, les efforts sont plutôt axés sur les mesures prioritaires déjà engagées l’année précédente.

Entré en vigueur au 1er mars 2022, le Contrat d’engagement jeune (CEJ) poursuit sa deuxième année avec une cible quantitative maintenue : comme en 2022, un objectif de 300 000 entrées de jeunes en CEJ prévues au niveau national, dont près de deux sur trois accompagnés par les missions locales et le tiers restant par Pôle emploi. La dotation en 2023 pour le CEJ atteint un milliard d’euros.

Le CEJ s’adresse aux jeunes de 16 à 25 ans révolus qui ne sont pas étudiants, ne suivent pas une formation, et présentent des difficultés d’accès à l’emploi durable. Cette mesure leur apporte un accompagnement individuel et intensif ayant pour but de favoriser leur entrée plus rapide et durable dans l’emploi. Le CEJ peut durer de 6 à 12 mois, selon un programme de 15 à 20 heures par semaine, défini en concertation avec un conseiller dédié. En fonction de ses ressources et du respect de ses engagements, le bénéficiaire peut disposer d’une allocation pouvant aller jusqu’à 520 € par mois. L’objectif quantitatif prévu au niveau national est dépassé, avec plus de 433 000 entrées en CEJ en France, soit une hausse annuelle de 35 %. L’accroissement est encore plus marqué dans le Grand Est (+46 % sur un an), avec près de 34 000 entrées en CEJ en 2023. Hors renouvellement, le nombre d'entrées en CEJ atteint près de 22 400.

Le CEJ est étroitement lié au Parcours contractualisé d’accompagnement vers l’emploi et l’autonomie (PACEA), ce dernier pouvant être proposé aux jeunes en amont ou en sortie d’un CEJ. Une dotation de 633 millions d’euros est prévue en 2023 pour le financement du PACEA aux missions locales (en légère baisse par rapport à 2022).

Tous les jeunes de 16 à 25 ans révolus peuvent signer un PACEA. Il s’agit d’un contrat d’engagement réciproque signé entre le jeune et sa mission locale, après un diagnostic initial réalisé avec un conseiller. Le PACEA est constitué de phases comportant des périodes de formation ou des situations professionnelles et des actions spécifiques dans le cadre de l’accompagnement social et professionnel (ayant une durée maximale de 24 mois consécutifs). Le Grand Est compte 17 200 entrées en PACEA en 2023, soit un recul de 5,2 % comparé à 2022, tandis qu’en France métropolitaine, le nombre de PACEA augmente de 6 % sur un an.

Hausse des contrats d’apprentissage, mais un recul des contrats de professionnalisation

Comme les années précédentes, l’apprentissage demeure la politique d’emploi la plus encouragée pour favoriser l’insertion ou le retour rapide des jeunes vers l’emploi. Le contrat d'apprentissage permet à tout jeune de 16 à 29 ans révolus de suivre une formation en alternance en entreprise, sous la responsabilité d'un maître d'apprentissage, ainsi qu’un enseignement en centre de formation des apprentis (CFA), sur une durée pouvant aller de 6 mois à 3 ans. De juillet 2020 à fin décembre 2022, l’aide pour l’embauche d’un apprenti a pu être versée selon des montants échelonnés sur les trois années du contrat. A partir de janvier 2023, l’aide exceptionnelle est versée sur les 12 premiers mois du contrat pour un montant maximal de 6 000 € pour un apprenti. En 2023, ces aides financières aux employeurs d’alternants s’élèvent à plus de deux milliards d’euros au niveau national.

L’objectif est d’atteindre progressivement un million d’entrées en contrat d’apprentissage à l’échelle nationale en 2027. Pour 2023, la cible retenue de 800 000 contrats conclus est atteinte (829 000 contrats). Après des accroissements sensibles les trois dernières années dans le Grand Est (+28 % en 2020, +30 % en 2021 et +14 % en 2022), le nombre d’entrées en contrat augmente de seulement 0,8 % en 2023, avec 59 000 contrats signés. Il s’accroît de 1,8 % en France métropolitaine.

Figure 4Cumul annuel des entrées en contrats d'apprentissage

Cumul annuel des entrées en contrats d'apprentissage
Année Grand Est - Secteur privé Grand Est - Secteur public Métropole - Secteur privé Métropole - Secteur public
2013 24 462 808 271 636 8 649
2014 23 704 756 263 364 8 438
2015 24 054 930 266 466 11 473
2016 23 597 1 171 270 472 13 702
2017 24 490 1 097 285 404 14 350
2018 25 844 1 097 301 335 14 463
2019 28 227 1 069 347 788 13 846
2020 38 603 1 103 503 171 15 206
2021 49 681 1 577 693 226 21 504
2022 56 669 1 872 790 995 22 951
2023 56 954 2 047 804 027 25 057
  • Source : DARES - PoEm.

Figure 4Cumul annuel des entrées en contrats d'apprentissage

  • Source : DARES - PoEm.

Autre mesure d’alternance, le contrat de professionnalisation permet l’acquisition, dans le cadre de la formation continue, d’une qualification professionnelle reconnue par l’État et/ou la branche professionnelle (diplôme, titre, certificat de qualification professionnelle…). Il repose sur le principe de l’alternance entre enseignement théorique dans un organisme de formation continue et enseignement du métier chez un employeur. Le contrat de professionnalisation s'adresse plus spécifiquement aux jeunes de 16 à 25 ans, mais est aussi accessible à d’autres publics : les demandeurs d’emploi âgés de 26 ans et plus, les sortants d’un contrat aidé et les allocataires du revenu de solidarité active (RSA), de l’allocation de solidarité spécifique (ASS) ou de l’allocation aux adultes handicapés (AAH). Une entreprise embauchant un salarié en contrat de professionnalisation peut bénéficier en 2023 de l’aide exceptionnelle de 6 000 € lorsque celui-ci a moins de 30 ans. Le contrat de professionnalisation pâtit un peu de la priorité attribuée au contrat d’apprentissage, et le nombre d’entrées en contrats, après avoir augmenté de 1,3 % en 2022, recule de 9,1 % en 2023 dans le Grand Est (moins de 7 200 contrats conclus en 2023).

Reflux des contrats aidés conclus en 2023

Les emplois aidés sont des contrats de travail dérogatoires au droit commun, pour lesquels l’employeur bénéficie d’aides. Ils s’adressent en priorité aux personnes rencontrant des difficultés spécifiques d’accès à l’emploi, telles que les demandeurs d’emploi de longue durée, les seniors ou les jeunes sans qualifications, les allocataires de minima sociaux ou les personnes handicapées. Ils ont suscité un regain d’intérêt pendant les deux années de crise sanitaire. Dans le contexte de la reprise économique de 2021, les contrats aidés ont, en 2022, de nouveau été gérés selon les modalités antérieures à la crise (pilotage plus strict). En 2023, la dotation allouée à ces contrats diminue par rapport à l’année précédente.

Le Parcours emploi compétences (PEC) est un contrat du secteur non marchand ayant pour objectif l’insertion durable dans l’emploi du bénéficiaire, associant les mises en situations professionnelles, l’accompagnement du bénéficiaire, et l’accès à la formation. Les PEC sont soumis à une prescription par le service public de l’emploi (Pôle Emploi, mission locale et Cap Emploi). Après un recours plus important à ces contrats en 2021 (+23 % sur un an), le nombre d’entrées en PEC reflue dans le Grand Est en 2022 et 2023 (‑28 % et ‑26 %), comme en France métropolitaine (‑24 %). Le Grand Est compte 4 500 entrées en PEC en 2023.

Le Contrat Initiative Emploi (CIE) est l’équivalent du PEC pour le secteur marchand. De nombreux CIE ont été signés en 2021 (près de 7 200 dans la région) dans le but de réinsérer un maximum de personnes dans l’emploi marchand. Comme pour le PEC, le nombre d’entrées en contrats CIE recule sensiblement en 2022 et en 2023 (‑39 % et ‑51 %). Il retrouve quasiment le niveau qu’il avait six ans auparavant, soit 2 100 entrées en CIE en 2023 dans le Grand Est (contre 2 000 en 2017).

Depuis 2018, le dispositif des emplois francs vise à réduire le chômage dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Ce dispositif devait prendre fin au 31 décembre 2022, mais il est prolongé et restera en vigueur au moins jusqu’à fin 2024 - la cartographie des QPV est actualisée pour 2024 (décret n° 2023-1314 du 28 décembre 2023) -. Une entreprise, quel que soit son lieu d’implantation, peut bénéficier d’une prime pour l’embauche d’un emploi franc en CDI ou en CDD d’au moins six mois. En 2023, le montant de l’aide pour un emploi franc est de 15 000 € sur trois ans (5 000 €/an) pour une embauche en CDI, et de 5 000 € sur deux ans (2 500 €/an) pour une embauche en CDD d’au moins six mois. Les emplois francs conclus ont aussi été plus nombreux en 2021, avec près de 2 000 embauches dans le Grand Est, et à peine moins en 2022. En 2023, les embauches en emplois francs se contractent, aussi bien dans la région qu’à l’échelle nationale (‑11 % et ‑12 %), retrouvant quasiment leur niveau de 2020.

Le nombre d’entrées en IAE continue de s’accroître en 2023

L'insertion par l’activité économique (IAE) permet aux personnes plus éloignées de l’emploi (demandeurs d’emploi de très longue durée, allocataires du RSA, jeunes en difficultés) de renforcer leur employabilité et de bénéficier d’un accompagnement adapté et personnalisé vers l’emploi. L’IAE rassemble cinq types de structures adaptées aux différents publics : les entreprises d’insertion, les associations intermédiaires, les entreprises de travail temporaire d’insertion, les ateliers et chantiers d’insertion et les entreprises d’insertion par le travail indépendant. En 2022, l’IAE a bénéficié d’un budget prioritaire (1,3 milliard d’euros au niveau national), en hausse par rapport à 2020. Ces crédits sont à nouveau à la hausse en 2023. Le nombre d’entrées en IAE s’accroît quasiment chaque année depuis six ans, passant de 30 000 entrées en 2017 dans le Grand Est à plus de 40 000 en 2023. L’augmentation s’est ralentie en fin de période : +16,5 % en 2021, +5,1 % en 2022 et +1,6 % en 2023, de même qu’au plan national.

Figure 5Entrées dans les dispositifs de contrats aidés, d'alternance et d'accompagnement des jeunes - Grand Est

Entrées dans les dispositifs de contrats aidés, d'alternance et d'accompagnement des jeunes - Grand Est
Type d'aide  2022   2023 
Aides à l'emploi (p) 116 258 112 836
dont contrats aidés (p) 49 839 46 692
Parcours emploi compétences (PEC) et contrats d'accompagnement dans l'emploi (CUI-CAE) 6 083 4 544
Contrats initiative emploi (CUI-CIE) (p) 4 366 2 134
Insertion par l'activité économique (IAE) (p) 39 390 40 014
dont contrats en alternance 66 419 66 144
Apprentissage 58 541 59 001
Contrats de professionnalisation 7 878 7 143
Accompagnement des jeunes 41 395 51 099
Parcours contractualisé d'accompagnement vers l'emploi et l'autonomie (PACEA) 18 192 17 247
Contrat d’engagement jeune 23 203 33 852
dont premières entrées 19 452 23 068
Emplois francs (p) 1 945 1 741
  • (p) : année 2023 provisoire.
  • Note : extraction du 23/05/2024. Les entrées comprennent les conventions initiales et les reconductions de contrats.
  • Source : Dares.
Publication rédigée par :Philippe Becquet, Benoît Bourges (Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités)

Avertissement

Les données chiffrées sont parfois arrondies (selon les règles mathématiques). Le résultat arrondi d'une combinaison de données chiffrées (qui fait intervenir leurs valeurs réelles) peut se trouver légèrement différent de celui que donnerait la combinaison de leurs valeurs arrondies.

Définitions

Chômage partiel :

Lorsqu'une entreprise réduit son activité au-dessous de l'horaire légal ou arrête momentanément tout ou partie de son activité et qu'elle n'entend pas rompre les contrats de travail qui la lient à ses salariés, elle peut avoir recours au chômage partiel.

Catégories de demandes d'emploi établies par arrêté :

Les demandeurs d’emploi sont les personnes inscrites sur les listes de France Travail. L’inscription sur ces listes est soumise à certaines conditions. Selon leur situation vis‑à‑vis de l’obligation de recherche d’emploi et de l’exercice ou non d’une activité, les demandeurs d'emploi sont regroupés en cinq catégories.

Chômeur (au sens du Bureau International du Travail (BIT)) / Personne au chômage (au sens du Bureau International du Travail (BIT)) :

Un chômeur au sens du BIT est une personne âgée de 15 ans ou plus qui répond simultanément à trois conditions :

  • être sans emploi durant une semaine donnée
  • être disponible pour prendre un emploi dans les deux semaines
  • avoir cherché activement un emploi au cours des quatre dernières semaines ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois.

Contrat d'apprentissage :

Le contrat d'apprentissage est un contrat de travail conclu entre un employeur et un jeune de 16 à 29 ans ayant satisfait à l'obligation scolaire, des dérogations étant possibles.

Contrat d’engagement jeune :

le contrat d’engagement jeune (CEJ) s’adresse à tous les jeunes âgés de 16 à 25 ans révolus (ou 29 ans révolus lorsqu’ils disposent de la reconnaissance de travailleur handicapé), qui rencontrent des difficultés d'accès à l'emploi durable. Mis en œuvre à la fois par France Travail et les missions locales depuis le 1er mars 2022, il propose à ces jeunes éloignés de l’emploi un programme d’accompagnement intensif (avec un objectif de 15 à 20 heures d’accompagnement par semaine), et une mise en activité régulière. Le parcours est prévu pour durer de 6 à 12 mois. Le bénéficiaire peut toutefois quitter le dispositif de façon anticipée ou au contraire le prolonger jusqu’à 18 mois maximum. Les jeunes peuvent percevoir une allocation mensuelle pouvant aller jusqu’à 520 euros, en fonction de ses ressources et sous condition de respecter ses engagements. Contrairement à la Garantie jeunes qui s’inscrivait nécessairement dans un Pacea, le CEJ ne peut pas être concomitant avec un Pacea.

Contrat de professionnalisation :

Le contrat de professionnalisation est un contrat de travail destiné à permettre aux jeunes de 16 à 25 ans, aux demandeurs d’emploi et aux bénéficiaires de certaines allocations ou contrats, d’acquérir une qualification professionnelle ou de compléter leur formation initiale au moyen d’une formation en alternance.

Contrat unique d'insertion / CUI :

Le contrat unique d'insertion a pour objet de faciliter l'insertion professionnelle des personnes sans emploi rencontrant des difficultés sociales et professionnelles d'accès à l'emploi.

Correction des variations saisonnières / CVS / Désaisonnalisation :

La correction des variations saisonnières permet d’éliminer l’effet de fluctuations périodiques infra-annuelles dues au calendrier et aux saisons, de manière à faire ressortir les évolutions les plus significatives de la série. Celles-ci sont contenues dans la tendance et la composante irrégulière.

Demande d'indemnisation pour activité partielle :

le dispositif de l’activité partielle (ou chômage partiel) permet aux établissements confrontés à des difficultés temporaires de diminuer ou suspendre leur activité tout en assurant aux salariés une indemnisation pour compenser leur perte de salaire. L’activité partielle fait l’objet de demandes d’autorisation préalables (DAP) déposées par les établissements souhaitant recourir à l’activité partielle en raison de la crise sanitaire, ainsi que les demandes d’indemnisation (DI). Lors de la phase d’indemnisation, il est possible que le nombre d’heures effectivement consommé soit inférieur à celui qui avait été demandé. L’ensemble des données présentées sur l’activité partielle sont susceptibles d’être révisées.

Demandeurs d'emploi en fin de mois / DEFM / Demandes d'emploi en fin de mois :

Les demandeurs d'emploi en fin de mois (DEFM) sont les personnes inscrites à France Travail et ayant une demande en cours au dernier jour du mois.

Demandeurs d'emploi de longue durée / DELD :

Les demandeurs d'emploi de longue durée (DELD) sont ceux inscrits en catégories A, B, C, depuis un an ou plus.

Demandeurs d'emploi de très longue durée / DETLD :

les demandeurs d'emploi de très longue durée (DETLD) sont ceux inscrits depuis deux ans ou plus.

Emplois francs :

expérimenté à partir du 1er avril 2018 puis généralisé à la France entière au 1er janvier 2020, le dispositif d’emploi franc est un dispositif qui permet à un employeur de bénéficier d’une aide financière lorsqu’il embauche un habitant résidant dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV), en CDI ou en CDD d’au moins six mois.

Insertion par l’Activité Économique (IAE) :

l’insertion par l’activité économique (IAE) consiste en un accompagnement dans l’emploi destiné à aider les personnes très éloignées de l’emploi et rencontrant des difficultés sociales et professionnelles afin de faciliter leur insertion sur le marché du travail. La spécificité du parcours d’insertion consiste à proposer un contrat de travail, doublé d’un accompagnement social et professionnel personnalisé, de façon à lever les principaux freins d’accès à l’emploi. En complément de l’accompagnement dispensé, les salariés peuvent bénéficier de formations adaptées à leurs besoins.

Parcours contractualisé d’accompagnement vers l’emploi et l’autonomie (PACEA) :

mis en place à partir de 2017, le PACEA est le cadre contractuel de l’accompagnement des jeunes par les missions locales. Il concerne tous les jeunes de 16 à 25 ans révolus. Le PACEA est constitué de phases d’accompagnement successives qui peuvent s’enchaîner pour une durée maximale de 24 mois consécutifs.

En fonction de la situation et des besoins de l’intéressé, le bénéfice d’une allocation peut être accordé à un jeune en PACEA, destinée à soutenir ponctuellement la démarche d’insertion du jeune vers et dans l’emploi et l’autonomie.

Parcours emploi compétences (PEC) :

depuis janvier 2018, les contrats aidés du secteur non-marchand (CUI-CAE) sont transformés en parcours emploi compétences.

Dans le cadre du parcours emploi compétences, le montant de l’aide accordée aux employeurs, exprimé en pourcentage du Smic brut, est modulé selon le type de public (PEC « tout public », PEC QPV-ZRR, PEC Jeunes).

Population active (au sens du Bureau International du Travail (BIT)) / Actifs (au sens du Bureau International du Travail (BIT)), personnes actives (au sens du Bureau International du Travail (BIT)) :

La population active au sens du Bureau International du Travail (BIT) comprend les personnes en emploi au sens du BIT et les chômeurs au sens du BIT.

Emploi (au sens du Bureau International du Travail (BIT)) :

Une personne en emploi au sens du Bureau International du Travail (BIT) est une personne de 15 ans ou plus ayant effectué au moins une heure de travail rémunéré au cours d’une semaine donnée ou absente de son emploi sous certaines conditions de motif (congés annuels, maladie, maternité,etc.) et de durée.

Taux de chômage :

Le taux de chômage est le pourcentage de chômeurs dans la population active (actifs occupés + chômeurs).

On peut calculer un taux de chômage par âge en mettant en rapport les chômeurs d'une classe d'âge avec les actifs de cette classe d'âge. De la même manière se calculent des taux de chômage par sexe, par PCS, par région, par nationalité, par niveau de diplôme...

Remarque :

Le taux de chômage diffère de la part du chômage qui, elle, mesure la proportion de chômeurs dans l'ensemble de la population.

Taux de chômage (BIT) :

Le taux de chômage est le rapport entre le nombre de chômeurs et le nombre d’actifs (en emploi ou au chômage).