Dans le vignoble champenois, l’année 2023 est plutôt chaude, avec une pluviométrie assez classique malgré un épisode de gel au printemps qui a touché 1,5 % des vignes, et un peu de grêle sur 0,4 % des surfaces. C’est une année à oïdium et à pourriture grise ; cette dernière touche environ 15 % des grappes, nécessitant un fort tri de celles-ci au moment de la coupe. Les vendanges se concentrent entre le 2 septembre et le 21 septembre, pour une durée moyenne de 38 jours avec des journées de travail un peu plus courtes, du fait des fortes chaleurs durant plusieurs jours. Ceci n’a pas toujours permis de désengorger les pressoirs face à l’afflux de volumes importants. Le nombre de grappes au m² est faible, mais nettement compensé par leur poids unitaire très important, de l’ordre de 220 g, soit 60 % de plus que la moyenne. En fin de vendange, le rendement agronomique se situe à plus de 21 000 kg/ha, dépassant le dernier record établi en 2004. La production s’élève à 3,2 millions d’hectolitres, soit 2,1 % de plus qu’en 2022.

En Alsace, les vendanges débutent le 23 août pour les crémants et une semaine plus tard, le 4 septembre, pour les vins tranquilles. Elles se poursuivent dans de bonnes conditions météorologiques et se terminent avec les vendanges tardives et de grains nobles à la fin du mois d’octobre. Depuis une dizaine d’années, la vendange des crémants commence entre le 23 et le 29 août, en raison du réchauffement climatique : au printemps, les vignes débourrent deux à quatre semaines plus tôt qu’il y a 30 ou 40 ans. Dans les années 70 et 80, la vendange démarrait fin septembre ou début octobre. Au début du mois de septembre 2023, les à-coups météorologiques ont ralenti l’arrivée à maturité des raisins, qui était encore insuffisante pour certaines parcelles. Malgré tout, les viticulteurs alsaciens tirent un bilan plutôt positif de cette récolte 2023, très qualitative et quantitative. Le rendement est estimé dans la moyenne supérieure, et la hausse de la production totale AOP du vignoble entre +8 % et +10 % par rapport à 2022. La production tous vins confondus s’élève à 1 060 000 hectolitres (volume brut), contre 950 000 en 2022.

Selon le Comité Champagne, 299 millions de bouteilles sont expédiées en 2023, contre 325 millions l’année précédente. Cela reste toutefois un peu au-dessus de la moyenne calculée sur 2018-2022 (291 millions de bouteilles). Après le niveau très élevé de 2022, la chute est similaire pour les expéditions françaises, européennes ou encore étrangères (respectivement -8,2 %, ‑8,7 % et -7,2 %) mais les expéditions vers les pays tiers restent toujours supérieures à la moyenne quinquennale, contrairement aux autres. Les États-Unis baissent leurs imports de bouteilles de plus de 20 %, du fait d’une liquidation des stocks sur le marché américain après la période Covid. Néanmoins, le chiffre d’affaires déjà record en 2022, ne s’étiole pas et demeure au meilleur niveau, à plus de 6 milliards d’euros, du fait de l’augmentation du prix des bouteilles de prestige.

Avec 123 millions de bouteilles commercialisées en 2023 tous vins alsaciens confondus, les ventes sont en recul de presque 5 %, mais retrouvent leur niveau moyen de 2017-2019 précédant la période Covid. La baisse est un peu plus forte sur le marché de l’export que sur le marché intérieur (‑7,7 % et ‑3,4 %). Seule la filière du Crémant progresse sur les deux marchés : +7,7 % à l’export et +4,4 % au national.