Chaque année, la Banque de France réalise l’Enquête Régionale Bilans et Perspectives Grand Est. D’après les résultats issus de l’échantillon Construction, l’augmentation générale de la valeur de la production du secteur provient davantage de la hausse des prix que de celle des volumes.

Les travaux publics sont davantage touchés. C’est notamment le cas de la branche du gros œuvre, avec des mises en chantier atones pour les constructions neuves. Dans l’ensemble, les carnets de commandes se réduisent.

Les effectifs augmentent légèrement en 2023, toutefois moins qu’espéré. Depuis plusieurs années, les entrepreneurs font état de fortes difficultés à trouver et fidéliser les candidats adéquats. Dans le secteur du gros œuvre, la main-d’œuvre est quasi stable, dans un contexte où la production a baissé en volume alors que la hausse des prix a permis de soutenir les chiffres d’affaires en 2023. Le recours aux contrats de travail précaires s’accentue.

Malgré la forte hausse des coûts des intrants en 2023, les trois quarts des entreprises du bâtiment parviennent à maintenir, voire à augmenter leur rentabilité. À l’inverse, 54 % des acteurs du secteur des travaux publics peinent à répercuter les augmentations de prix des matières premières sur leur clientèle et subissent un effritement de leurs marges.

Les montants consacrés aux investissements progressent dans l’ensemble, et tout particulièrement dans la branche du second œuvre. Cela concerne notamment des projets d’acquisition initiés en 2022 mais réalisés en 2023. A contrario, le secteur des travaux publics réduit faiblement les budgets dédiés.

Les mises en chantier devraient stagner. Les sous-secteurs évolueraient cependant de manière hétérogène. Alors que le second œuvre progresserait modérément (notamment les activités d’installation électrique et thermique), le gros œuvre connaîtrait un repli en 2024. Le marché de la construction neuve resterait morose.

Les professionnels du secteur prévoient de préserver l’emploi, malgré un manque de visibilité sur l’année à venir. Les contrats stables seraient privilégiés par rapport au recours à l’intérim dans le but de fidéliser les profils intéressants, dans un secteur où le recrutement demeure difficile.

Parmi les chefs d’entreprise, 56 % envisagent une stabilité de leurs performances. En revanche, ils sont près de 30 % à anticiper de meilleurs résultats.

La proportion est plus marquée auprès des sociétés de travaux publics, dans lesquelles 47 % des dirigeants espèrent rétablir leurs marges, après une année 2023 où elles se sont érodées.

Le nombre de devis signés devrait demeurer équivalent en 2024 pour la majorité des sociétés du secteur.

Néanmoins, il est à noter qu’un entrepreneur sur quatre anticipe une réduction de ses carnets de commandes. Dans le secteur du gros œuvre, cette proportion monte jusqu’à 37 %, alors qu’elle n’est que de 18 % dans le second œuvre. Le ralentissement constaté sur les mises en chantier de constructions neuves explique cette différence.