Transformations de l'agriculture et des consommations alimentaires Édition 2024

L’Insee et le Service de la Statistique et de la Prospective (SSP) du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire dressent dans cet inédit « Transformations de l’agriculture et des consommations alimentaires » de la collection Insee Références un panorama des principales transformations de l’agriculture française sur les 50 dernières années : concentration et spécialisation des exploitations agricoles depuis 1970, comparaison des performances économiques de l’agriculture biologique avec celles de l’agriculture conventionnelle, évolution de la consommation alimentaire sur la dernière décennie et enfin, enjeux environnementaux auxquels l’agriculture contribue et doit faire face.

Insee Références
Paru le :Paru le27/02/2024
L'agriculture- Février 2024
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Sommaire

Emploi, capital et productivité dans la production agricole depuis 1980

Insee Références

Paru le :27/02/2024

Depuis 1980, l’essor de la agricole en valeur a été tiré par celui des productions végétales, bien plus que par celui des productions animales (figure 1). Ces dernières ne représentent plus que 33 % de la production en 2022, contre 42 % en 1980. La part des productions végétales est passée de 54 % à 61 %, et celle des services a doublé, passant de 3 % à 6 %.

Figure 1Production agricole par produit, en valeur depuis 1980

en milliards d'euros courants
Production agricole par produit, en valeur depuis 1980 (en milliards d'euros courants) - Lecture : En 2022, la valeur de la production agricole totale au prix de base est de 97,4 milliards d’euros.
Année Produits végétaux Produits animaux Services Ensemble
1980 19,5 15,3 1,1 36,0
1981 21,3 17,5 1,3 40,0
1982 26,4 19,7 1,5 47,7
1983 27,1 21,1 1,6 49,8
1984 28,7 22,0 1,7 52,4
1985 29,5 22,5 1,8 53,8
1986 29,7 22,5 1,8 54,0
1987 29,6 22,3 1,8 53,7
1988 30,0 22,3 1,8 54,1
1989 33,5 23,6 1,9 59,1
1990 34,3 23,9 2,0 60,2
1991 32,4 23,2 2,0 57,6
1992 32,3 23,9 2,1 58,3
1993 30,3 23,2 2,2 55,7
1994 32,4 23,5 2,3 58,2
1995 34,3 23,7 2,5 60,5
1996 35,4 24,0 2,6 62,0
1997 36,0 24,5 2,6 63,1
1998 37,4 24,0 2,8 64,2
1999 36,9 23,0 2,8 62,8
2000 36,5 24,4 3,0 63,9
2001 36,5 25,2 3,1 64,8
2002 37,0 24,2 3,2 64,4
2003 36,0 24,0 3,1 63,1
2004 37,8 24,4 3,3 65,5
2005 36,1 24,7 3,4 64,2
2006 34,6 23,3 3,5 61,4
2007 39,5 24,2 3,7 67,4
2008 39,2 26,1 3,9 69,2
2009 36,9 23,1 4,0 64,0
2010 40,6 23,7 4,1 68,4
2011 43,2 26,0 4,2 73,3
2012 45,9 26,6 4,4 76,9
2013 42,8 27,3 4,4 74,5
2014 43,3 27,8 4,6 75,7
2015 44,3 26,7 4,6 75,5
2016 40,8 25,3 4,6 70,8
2017 42,0 26,8 4,7 73,5
2018 46,8 26,7 4,9 78,4
2019 45,6 27,4 5,1 78,1
2020 44,7 27,2 5,2 77,1
2021 50,9 27,7 5,2 83,7
2022 59,7 32,4 5,4 97,4
  • Lecture : En 2022, la valeur de la production agricole totale au prix de base est de 97,4 milliards d’euros.
  • Champ : France.
  • Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture en 2022 arrêté en juin 2023.

Figure 1Production agricole par produit, en valeur depuis 1980

  • Lecture : En 2022, la valeur de la production agricole totale au prix de base est de 97,4 milliards d’euros.
  • Champ : France.
  • Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture en 2022 arrêté en juin 2023.

L’augmentation de la production s’est effectuée par un recours croissant au capital, alors que l’emploi a fortement diminué. Depuis 1980, l’emploi en a chuté des deux tiers (figure 2). La baisse a atteint 73 % pour l’emploi non salarié, en raison de la concentration des exploitations et de la baisse des emplois non salariés familiaux. L’emploi salarié n'a reculé que de 13 %. De ce fait, les salariés fournissent désormais 39 % des ETP, contre 17 % en 1980.

Figure 2Emploi agricole depuis 1980

en milliers d'ETP
Emploi agricole depuis 1980 (en milliers d'ETP) - Lecture : En 2022, la branche agricole emploie au total 734 900 équivalents temps plein (ETP).
Année Emploi total Emploi non salarié Emploi salarié
1980 1 969,6 1 637,5 332,1
1981 1 917,7 1 593,4 324,3
1982 1 867,0 1 550,0 316,9
1983 1 815,9 1 506,0 309,9
1984 1 761,5 1 459,9 301,6
1985 1 704,1 1 410,5 293,6
1986 1 645,4 1 360,0 285,3
1987 1 587,6 1 309,7 277,9
1988 1 531,4 1 260,6 270,9
1989 1 465,5 1 195,9 269,5
1990 1 403,6 1 134,6 269,0
1991 1 342,1 1 077,7 264,4
1992 1 284,3 1 022,8 261,5
1993 1 215,9 956,2 259,7
1994 1 173,2 913,0 260,2
1995 1 138,2 875,1 263,1
1996 1 108,7 841,3 267,4
1997 1 080,8 807,1 273,7
1998 1 061,1 780,1 280,9
1999 1 043,5 755,8 287,6
2000 1 028,4 732,2 296,2
2001 1 001,3 708,9 292,4
2002 976,6 686,7 289,9
2003 953,2 665,3 287,9
2004 930,0 644,7 285,3
2005 907,8 624,8 283,0
2006 886,2 606,9 279,3
2007 867,1 591,2 275,9
2008 847,6 573,4 274,3
2009 827,7 557,4 270,2
2010 809,2 541,6 267,5
2011 799,5 528,5 271,0
2012 788,2 517,3 271,0
2013 781,0 506,3 274,7
2014 774,5 496,2 278,3
2015 761,5 484,5 277,1
2016 752,9 474,3 278,6
2017 752,9 474,3 278,6
2018 741,1 456,9 284,2
2019 734,9 446,7 288,2
2020 734,9 446,7 288,2
2021 734,9 446,7 288,2
2022 734,9 446,7 288,2
  • Lecture : En 2022, la branche agricole emploie au total 734 900 équivalents temps plein (ETP).
  • Champ : France.
  • Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture en 2022 arrêté en juin 2023.

Figure 2Emploi agricole depuis 1980

  • Lecture : En 2022, la branche agricole emploie au total 734 900 équivalents temps plein (ETP).
  • Champ : France.
  • Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture en 2022 arrêté en juin 2023.

Dans le même temps, l’agriculture mobilise davantage de capital. Depuis 1980, le s’est élevé, particulièrement au cours de la décennie 2005-2015 où il a atteint 32 % en moyenne (figure 3). Il s’est ensuite replié, mais atteint encore 28 % en 2022. En 2022, l’investissement est consacré pour 65 % à l’acquisition de nouveaux matériels, 22 % de bâtiments, 8 % de produits agricoles et 5 % de services professionnels (pour la plupart liés aux transferts de terrains). Du fait de l’usure du matériel, la est également élevée et suit les cycles de l’investissement. Emploi en baisse et recours croissant au capital se traduisent par une forte recombinaison des moyens de production, et par une hausse très marquée de la productivité du travail.

Figure 3Taux d’investissement et taux de consommation de capital fixe de la branche agricole depuis 1980

en % de la VABCF¹
Taux d’investissement et taux de consommation de capital fixe de la branche agricole depuis 1980 (en % de la VABCF¹ )
Année Taux d’investissement Taux de consommation de capital fixe
1980 25,0 21,0
1981 25,5 22,1
1982 23,9 20,2
1983 24,9 22,4
1984 23,7 23,5
1985 24,2 23,7
1986 22,2 24,2
1987 22,9 24,6
1988 26,8 25,8
1989 25,2 23,3
1990 25,5 22,3
1991 26,2 25,5
1992 23,7 24,6
1993 23,0 25,4
1994 22,8 23,5
1995 24,1 22,6
1996 25,6 22,9
1997 26,0 23,1
1998 26,8 22,8
1999 29,2 24,3
2000 29,5 25,5
2001 29,6 26,7
2002 28,1 27,3
2003 27,8 28,2
2004 29,8 29,2
2005 30,5 31,6
2006 29,4 29,9
2007 30,2 27,9
2008 36,0 32,6
2009 36,5 37,0
2010 28,5 29,5
2011 30,9 29,3
2012 33,3 29,8
2013 36,1 33,7
2014 31,0 29,9
2015 29,2 28,5
2016 30,4 31,1
2017 26,6 28,4
2018 26,5 26,3
2019 28,8 28,2
2020 28,0 29,0
2021 28,1 27,0
2022 28,0 25,8
  • 1. VABCF : valeur ajoutée brute au coût des facteurs.
  • Note : La consommation de capital fixe en 2022 est provisoire.
  • Champ : France.
  • Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture en 2022 arrêté en juin 2023.

Figure 3Taux d’investissement et taux de consommation de capital fixe de la branche agricole depuis 1980

  • 1. VABCF : valeur ajoutée brute au coût des facteurs.
  • Note : La consommation de capital fixe en 2022 est provisoire.
  • Lecture : En 2022, le taux d’investissement de la branche agricole est de 28,0 %.
  • Champ : France.
  • Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture en 2022 arrêté en juin 2023.

Dans le contexte de cette recombinaison productive, la production en valeur a augmenté davantage que les , permettant une élévation de la . Compte tenu du rôle des subventions dans l’agriculture, l’indicateur couramment observé est la , qui comprend l’ensemble des subventions. En 2022, la VABCF par actif s’élève à 68 300 euros.

En , la VABCF de l’activité agricole a connu des évolutions contrastées. Elle a reculé jusqu’au milieu des années 2000, comme les prix des produits agricoles augmentaient moins vite que ceux des consommations intermédiaires et de l’ensemble des produits et services. Avec la forte baisse de l’emploi agricole, la VABCF par actif en termes réels augmente de façon tendancielle, mais avec des périodes de stabilité dans les années 1980 et la première moitié des années 2000 (figure 4). Après 2010, le rattrapage des prix agricoles permet une hausse prononcée de la VABCF en termes réels. Le résultat par actif non salarié en termes réels suit des évolutions similaires.

Figure 4Évolution de la valeur ajoutée brute au coût des facteurs (VABCF) par actif en termes réels et du résultat brut de la branche agricole par actif non salarié en termes réels

indice base 100 en 1980
Évolution de la valeur ajoutée brute au coût des facteurs (VABCF) par actif en termes réels et du résultat brut de la branche agricole par actif non salarié en termes réels (indice base 100 en 1980) - Lecture : Entre 1980 et 2022, dans la branche agricole, la VABCF par actif en termes réels augmente de 168,3 %.
Année VABCF par actif en termes réels Résultat brut de la branche agricole par actif non salarié en termes réels Résultat brut de la branche agricole par actif non salarié en termes réels (moyenne mobile)
1980 100,0 100,0 ///
1981 102,0 102,1 107,7
1982 116,6 121,1 110,7
1983 108,0 108,8 111,5
1984 106,0 104,7 106,2
1985 105,5 105,0 105,7
1986 106,9 107,5 106,9
1987 108,4 108,3 107,1
1988 106,9 105,7 113,6
1989 123,9 126,8 123,6
1990 133,4 138,5 129,7
1991 123,1 123,8 132,2
1992 131,8 134,3 129,8
1993 130,4 131,5 140,6
1994 144,9 156,0 151,5
1995 152,7 167,0 164,7
1996 154,8 171,1 172,5
1997 159,0 179,4 179,9
1998 165,2 189,1 184,7
1999 161,3 185,7 187,2
2000 161,9 186,7 186,1
2001 163,1 185,9 186,6
2002 163,6 187,4 186,5
2003 163,1 186,2 188,2
2004 166,3 190,9 186,1
2005 160,8 181,2 190,8
2006 174,2 200,2 202,4
2007 190,5 225,7 207,5
2008 176,0 196,6 195,2
2009 155,1 163,2 198,9
2010 196,2 236,9 216,5
2011 204,7 249,5 246,6
2012 207,7 253,2 240,1
2013 187,0 217,7 238,2
2014 200,9 243,5 239,3
2015 207,5 256,7 241,8
2016 188,7 225,1 249,4
2017 210,8 266,5 266,0
2018 230,9 306,5 287,4
2019 218,7 289,2 295,1
2020 216,4 289,4 307,6
2021 244,7 344,1 341,9
2022 268,3 392,1 ///
  • /// : absence de résultat due à la nature des choses.
  • Note : Les nombres d’actifs et d’actifs non salariés sont exprimés en équivalent temps plein (ETP).
  • Lecture : Entre 1980 et 2022, dans la branche agricole, la VABCF par actif en termes réels augmente de 168,3 %.
  • Champ : France.
  • Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture en 2022 arrêté en juin 2023.

Figure 4Évolution de la valeur ajoutée brute au coût des facteurs (VABCF) par actif en termes réels et du résultat brut de la branche agricole par actif non salarié en termes réels

  • Note : Les nombres d’actifs et d’actifs non salariés sont exprimés en équivalent temps plein (ETP).
  • Lecture : Entre 1980 et 2022, dans la branche agricole, la VABCF par actif en termes réels augmente de 168,3 %.
  • Champ : France.
  • Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture en 2022 arrêté en juin 2023.

Définitions

La production en valeur au prix de base est égale à la production valorisée au prix auquel vend le producteur, augmentée des subventions sur les produits et diminuée des impôts spécifiques sur les produits.

Un équivalent temps plein (ETP) correspond au travail d’une personne à plein temps pendant une année entière (un ETP = au moins 1 607 heures travaillées sur l’année). Il est équivalent, dans la statistique agricole, à l'unité de travail annuel (UTA).

Le taux d’investissement dans les comptes de l'agriculture est calculé comme le rapport entre la formation brute de capital fixe et la valeur ajoutée brute au coût des facteurs.

La consommation de capital fixe correspond à la dépréciation subie par le stock d’actifs fixes au cours de la période considérée par suite d’usure normale et d’obsolescence prévisible ou de dommages accidentels pouvant être considérés comme normaux.

Les consommations intermédiaires correspondent aux biens et services transformés ou entièrement consommés au cours du processus de production.

La valeur ajoutée brute est égale à la production valorisée au prix de base diminuée des consommations intermédiaires.

La valeur ajoutée brute au coût des facteurs (VABCF) s’obtient en ajoutant à la valeur ajoutée les subventions d’exploitation et en déduisant les impôts sur la production.

Les indicateurs de résultats sont présentés en termes réels : les évolutions à prix courants sont déflatées par l’indice de prix du produit intérieur brut (PIB), qui couvre l’ensemble du champ de l’économie. Ainsi, l’évolution d’un prix ou d’un résultat calculée en termes réels est positive si elle est supérieure à l’évolution générale des prix. Il s’agit d’une moyenne qui résulte d’une grande diversité de situations individuelles.