Emploi, chômage, revenus du travail Édition 2021

L’Insee et la Dares présentent dans cet ouvrage un ensemble d’analyses et d’indicateurs portant sur le marché du travail.

Insee Références
Paru le :Paru le29/06/2021
Étienne Frel‑Cazenave, Fabien Guggemos (Insee)
Emploi, chômage, revenus du travail- Juin 2021
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Avec le dispositif de chômage partiel, les revenus professionnels des salariés n’ont, en moyenne, pas baissé en 2020

Étienne Frel‑Cazenave, Fabien Guggemos (Insee)

Avec le recours massif et inédit au dispositif de chômage partiel durant la crise sanitaire, le salaire moyen par tête a chuté en 2020 dans les branches marchandes non agricoles. Étendu aux indemnisations de chômage partiel (considérées comme des revenus de remplacement et non des salaires), il rend mieux compte de l’évolution des revenus que les salariés tirent de leur activité professionnelle. En moyenne, ces revenus professionnels n’ont pas baissé en 2020, mais les situations sont contrastées selon les secteurs d’activité. La crise sanitaire a davantage pénalisé les bas salaires, notamment les jeunes, les ouvriers et les employés. Toutefois, les dispositifs de soutien ont permis de limiter l’accroissement des inégalités salariales. La composition des emplois a en outre été sensiblement modifiée avec la crise sanitaire, ce qui a nettement contribué à tirer à la hausse les évolutions d’ensemble des revenus professionnels.

Insee Références

Paru le :29/06/2021

L’analyse conjoncturelle des salaires repose surtout sur le suivi du , estimé dans les comptes nationaux trimestriels. Cet indicateur rapporte la masse salariale versée au nombre d’emplois salariés. En 2020, il a baissé de 4,9 % en termes nominaux dans les branches marchandes non agricoles. Cette chute s’explique directement par le recours massif et inédit au dispositif de chômage partiel durant la crise sanitaire. S’il permet de contenir les pertes d’emploi, ce dispositif se traduit en effet par une baisse des salaires versés, auxquels se substituent des indemnisations qui sont considérées comme des revenus de remplacement et non comme des salaires.

Dans un tel contexte, pour rendre compte de l’évolution des revenus que les salariés tirent de leurs activités professionnelles, lorsque celles‑ci sont partiellement suspendues, le SMPT ne suffit plus : il faut étendre son analyse en ajoutant les indemnisations de chômage partiel (« revenu professionnel » moyen des salariés ou SMPT « étendu »). Ces dernières sont disponibles dans les déclarations sociales nominatives (DSN) mensuelles, dont les données provisoires ont été exploitées ici. En outre, les revenus professionnels comme le SMPT sont, par définition, calculés pour les salariés n’ayant pas perdu leur emploi durant la crise sanitaire en 2020 ; l’évolution annuelle des revenus doit ainsi être mise en regard des destructions d’emploi pour porter un diagnostic complet de l’impact de la crise.

Soutenus par le dispositif de chômage partiel, les revenus professionnels des salariés n’ont pas baissé en 2020

Calculé directement à partir des assiettes de cotisations salariales présentes dans les déclarations sociales, le SMPT a baissé de 3,7 % en euros courants en 2020. . Le SMPT « étendu » a progressé quant à lui de 0,6 % en moyenne annuelle. En d’autres termes, en dépit de la chute de l’activité, le dispositif de chômage partiel a permis que les revenus professionnels des salariés ne baissent pas en moyenne en 2020.

Cette quasi‑stabilité en moyenne sur l’année recouvre des profils infra‑annuels heurtés (figure 1). Lors du confinement du printemps 2020, le recours au chômage partiel a bondi et le SMPT s’est effondré, la chute atteignant notamment 21,7 % en avril 2020 par rapport à avril 2019 (en euros courants). Le versement des indemnisations de chômage partiel, qui s’élèvent légalement à 70 % du salaire brut, a compensé en partie ces pertes. Ainsi, le SMPT « étendu » s’est replié dans des proportions bien moindres (– 6,3 % en avril, sur un an). À l’été, les salaires se sont rétablis avec le rebond de l’activité économique et le repli du chômage partiel. En fin d’année, lors du deuxième confinement, le repli de l’activité a été moindre qu’au printemps et le SMPT a baissé de façon bien moins marquée (– 3,9 % en novembre notamment) ; en incluant les indemnisations de chômage partiel, le SMPT « étendu » a même légèrement progressé sur un an (+ 0,7 % en novembre).

Figure 1 - Évolution du SMPT et du SMPT «étendu» en 2020

glissement annuel en %, en euros courants
Figure 1 - Évolution du SMPT et du SMPT «étendu» en 2020 (glissement annuel en %, en euros courants) - Lecture : entre novembre 2019 et novembre 2020, le SMPT a baissé de 3,9 % en euros courants. Étendu aux indemnisations de chômage partiel, il a augmenté de 0,7 %.
SMPT SMPT «étendu»
Janvier 0,7 0,7
Février 1,1 1,1
Mars -8,6 -3,3
Avril -21,7 -6,3
Mai -10,8 0,5
Juin -1,3 3,9
Juillet 0,0 2,8
Août 1,5 3,3
Septembre 0,5 2,1
Octobre 0,1 2,0
Novembre -3,9 0,7
Décembre -1,0 2,2
  • Lecture : entre novembre 2019 et novembre 2020, le SMPT a baissé de 3,9 % en euros courants. Étendu aux indemnisations de chômage partiel, il a augmenté de 0,7 %.
  • Champ : France hors Mayotte, branches marchandes non agricoles.
  • Source : Insee, déclarations sociales nominatives (DSN)- traitements provisoires.

Figure 1 - Évolution du SMPT et du SMPT «étendu» en 2020

  • Lecture : entre novembre 2019 et novembre 2020, le SMPT a baissé de 3,9 % en euros courants. Étendu aux indemnisations de chômage partiel, il a augmenté de 0,7 %.
  • Champ : France hors Mayotte, branches marchandes non agricoles.
  • Source : Insee, déclarations sociales nominatives (DSN)- traitements provisoires.

Les situations sont contrastées selon les secteurs d’activité

En 2020, le SMPT a reculé dans quasiment tous les secteurs d’activité  (figure 2). La baisse a été particulièrement marquée dans les secteurs ayant fait l’objet de restrictions au printemps ou à l’automne et ayant recouru de ce fait plus massivement au dispositif de chômage partiel : c’est principalement le cas de l’hébergement‑restauration où le SMPT s’est replié de 26,8 % en moyenne sur l’année (en euros courants) et des services aux ménages (– 9,5 %) qui regroupent notamment les activités culturelles et sportives. Le versement des indemnités de chômage partiel a largement limité la perte de revenus professionnels dans ces secteurs : dans l’hébergement‑restauration, le SMPT « étendu » a baissé de 7,0 % en 2020 tandis que dans les services aux ménages, il a été stable. Le SMPT « étendu » a même augmenté, plus fortement que l’inflation (+ 0,5 %), dans le secteur de l’énergie, eau, déchets ainsi que dans certaines activités de services (information‑communication, finance‑assurance, immobilier, services aux entreprises).

Figure 2 - Évolution en moyenne annuelle du SMPT et du SMPT «étendu»" par secteur d'activité en 2020

en %, en euros courants
Figure 2 - Évolution en moyenne annuelle du SMPT et du SMPT «étendu»" par secteur d'activité en 2020 (en %, en euros courants) - Lecture : dans l'hébergement-restauration, le SMPT a diminué de 26,8 % en euros courants entre 2019 et 2020. Étendu aux indemnisations de chômage partiel, il a baissé de 7,0 %.
SMPT SMPT «étendu»
Industries agroalimentaires -2,0 0,2
Cokéfaction et raffinage -2,4 -1,9
Biens d'équipements -3,2 -0,6
Matériels de transport -6,8 -2,0
Autres branches industrielles -4,5 -1,2
Énergies, eau et déchets 1,7 2,6
Construction -6,6 -2,0
Commerce -5,0 -0,6
Transports et entreposage -7,0 -2,6
Hébergement et restauration -26,8 -7,0
Information et communication -0,5 1,9
Services financiers 0,6 1,5
Services immobiliers -1,9 1,5
Services aux entreprises 0,1 3,6
Services aux ménages -9,5 0,0
Ensemble -3,7 0,6
  • Lecture : dans l'hébergement-restauration, le SMPT a diminué de 26,8 % en euros courants entre 2019 et 2020. Étendu aux indemnisations de chômage partiel, il a baissé de 7,0 %.
  • Champ : France hors Mayotte, branches marchandes non agricoles.
  • Source : Insee, déclarations sociales nominatives (DSN) - traitements provisoires.

Figure 2 - Évolution en moyenne annuelle du SMPT et du SMPT «étendu»" par secteur d'activité en 2020

  • Lecture : dans l'hébergement-restauration, le SMPT a diminué de 26,8 % en euros courants entre 2019 et 2020. Étendu aux indemnisations de chômage partiel, il a baissé de 7,0 %.
  • Champ : France hors Mayotte, branches marchandes non agricoles.
  • Source : Insee, déclarations sociales nominatives (DSN) - traitements provisoires.

La crise sanitaire a davantage pénalisé les bas salaires, les dispositifs de soutien ont limité l’accroissement des inégalités salariales

En 2020, la baisse des salaires est hétérogène selon les différentes catégories socioprofessionnelles (figure 3). La baisse du SMPT est relativement limitée pour les cadres (– 1,7 % en euros courants en moyenne sur l’année), elle est en revanche bien plus forte pour les ouvriers (– 5,9 %) et les employés (– 8,4 %), dont les salaires moyens étaient déjà les moins élevés avant la crise. Ces écarts de dynamisme reflètent le fait que les catégories socioprofessionnelles ont été affectées dans des ampleurs différentes par les réductions d’activité. Les cadres exercent plus fréquemment des activités télétravaillables et ont de ce fait été moins concernés par le chômage partiel. En revanche, les employés, qui sont surreprésentés dans les activités les plus durement touchées par la crise, comme l’hébergement‑restauration, ont plus souvent que les autres subi des périodes de chômage partiel. Les ouvriers se situent dans une situation intermédiaire : exerçant principalement dans l’industrie et la construction, secteurs moins affectés lors du deuxième confinement, ils ont été moins concernés par ce dispositif à l’automne.

Figure 3 - Évolution en moyenne annuelle du SMPT et du SMPT «étendu» par catégorie socioprofessionnelle en 2020

en %, en euros courants
Figure 3 - Évolution en moyenne annuelle du SMPT et du SMPT «étendu» par catégorie socioprofessionnelle en 2020 (en %, en euros courants) - Lecture : le SMPT des employés a diminué de 8,4 % en euros courants entre 2019 et 2020. Étendu aux indemnisations de chômage partiel, il a baissé de 0,6 %.
SMPT SMPT «étendu»
Cadres¹ -1,7 0,6
Professions intermédiaires -4,6 -0,5
Employés -8,4 -0,6
Ouvriers -5,9 -1,2
Ensemble -3,7 0,6
  • 1. Y compris chefs d'entreprise salariés.
  • Lecture : le SMPT des employés a diminué de 8,4 % en euros courants entre 2019 et 2020. Étendu aux indemnisations de chômage partiel, il a baissé de 0,6 %.
  • Champ : France hors Mayotte, branches marchandes non agricoles.
  • Source : Insee, déclarations sociales nominatives (DSN) - traitements provisoires.

Figure 3 - Évolution en moyenne annuelle du SMPT et du SMPT «étendu» par catégorie socioprofessionnelle en 2020

  • 1. Y compris chefs d'entreprise salariés.
  • Lecture : le SMPT des employés a diminué de 8,4 % en euros courants entre 2019 et 2020. Étendu aux indemnisations de chômage partiel, il a baissé de 0,6 %.
  • Champ : France hors Mayotte, branches marchandes non agricoles.
  • Source : Insee, déclarations sociales nominatives (DSN) - traitements provisoires.

La baisse des salaires étant d’autant plus forte pour les salariés les moins rémunérés, les inégalités salariales se sont accrues en 2020. Le dispositif de chômage partiel a compensé cet accroissement sans le corriger complètement : les écarts de dynamique entre catégories de salariés sont nettement plus faibles avec le SMPT « étendu », mais, comme pour le SMPT, ce dernier évolue aussi plus favorablement pour les cadres (+ 0,6 % en euros courants) que pour les ouvriers (– 1,2 %) et les employés (– 0,6 %). Par ailleurs, la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat, dispositif reconduit et renforcé en 2020, n’a contribué significativement à la hausse des salaires que pour les ouvriers et les employés, dans des proportions néanmoins modérées (+ 0,2 point).

En 2020, les salaires ont reculé dans des proportions similaires pour les femmes et pour les hommes  (figure 4). Ils ont davantage baissé pour les salariés à temps partiel que pour ceux travaillant à temps plein. Par ailleurs, le SMPT des salariés en contrat à durée indéterminée (CDI) s’est nettement plus replié (– 5,6 %) que celui des salariés en contrat à durée limitée (– 3,5 %). Cet écart en faveur des salariés en contrat à durée limitée est trompeur car il ne porte que sur ceux qui ont pu garder leur emploi en 2020, alors que dans l’ensemble, ils ont été proportionnellement plus nombreux à perdre leur emploi durant la crise sanitaire. La masse salariale versée à l’ensemble des salariés en contrat à durée limitée a d’ailleurs fondu de 18,5 % en 2020, quand dans le même temps celle versée aux salariés en CDI s’est repliée de 5,8 %. En ajoutant les indemnisations de chômage partiel à la masse salariale, l’écart subsiste avec un recul de 15,3 % pour les salariés en contrat à durée limitée et de 1,4 % pour ceux en CDI.

Figure 4 - Évolution en moyenne annuelle du SMPT et du SMPT «étendu» par sexe, condition d'emploi et nature du contrat de travail en 2020

en %, en euros courants
Figure 4 - Évolution en moyenne annuelle du SMPT et du SMPT «étendu» par sexe, condition d'emploi et nature du contrat de travail en 2020 (en %, en euros courants) - Lecture : le SMPT des salariés à temps plein a diminué de 3,4 % en euros courants entre 2019 et 2020. Étendu aux indemnisations de chômage partiel, il a augmenté de 0,8 %.
SMPT SMPT «étendu»
Femmes -3,6 1,2
Hommes -3,8 0,3
Temps plein -3,4 0,8
Temps partiel -7 -0,5
Contrat à durée limitée -3,5 0,2
Contrat à durée indéterminée -5,6 -1,3
Ensemble -3,7 0,6
  • Lecture : le SMPT des salariés à temps plein a diminué de 3,4 % en euros courants entre 2019 et 2020. Étendu aux indemnisations de chômage partiel, il a augmenté de 0,8 %.
  • Champ : France hors Mayotte, branches marchandes non agricoles.
  • Source : Insee, déclarations sociales nominatives (DSN) - traitements provisoires.

Figure 4 - Évolution en moyenne annuelle du SMPT et du SMPT «étendu» par sexe, condition d'emploi et nature du contrat de travail en 2020

  • Lecture : le SMPT des salariés à temps plein a diminué de 3,4 % en euros courants entre 2019 et 2020. Étendu aux indemnisations de chômage partiel, il a augmenté de 0,8 %.
  • Champ : France hors Mayotte, branches marchandes non agricoles.
  • Source : Insee, déclarations sociales nominatives (DSN) - traitements provisoires.

Plus les salariés sont jeunes, plus leurs salaires ont reculé en 2020 (figure 5). Le SMPT des salariés de moins de 30 ans s’est replié de plus de 6 % en euros courants, alors que celui des 60 ans ou plus n’a reculé que de 2,1 %. Les jeunes, déjà moins bien rémunérés en moyenne que leurs aînés car ayant moins d’expérience, ont en effet davantage été affectés par le recul de l’activité, tout particulièrement lors du premier confinement. Le dispositif de chômage partiel a toutefois compensé en grande partie les écarts de dynamique salariale entre générations : le SMPT « étendu » a évolué bien plus modérément pour les différentes catégories d’âge, de – 0,2 % pour les moins de 30 ans à + 0,3 % pour les 30‑49 ans et + 0,1 % pour les 50‑59 ans. Seuls les salariés de 60 ans ou plus ont bénéficié d’une hausse plus marquée sur l’année (+ 1,3 %).

Figure 5 - Évolution en moyenne annuelle du SMPT et du SMPT «étendu» par âge en 2020

en %, en euros courants
Figure 5 - Évolution en moyenne annuelle du SMPT et du SMPT «étendu» par âge en 2020 (en %, en euros courants) - Lecture : le SMPT des salariés âgés de 30 à 39 ans a diminué de 4,3 % en euros courants entre 2019 et 2020. Étendu aux indemnisations de chômage partiel, il a augmenté de 0,3 %.
SMPT SMPT «étendu»
Moins de 20 ans -7,5 0
De 20 a 29 ans -6,2 -0,2
De 30 a 39 ans -4,3 0,3
De 40 a 49 ans -3,6 0,3
De 50 a 59 ans -3,6 0,1
60 ans ou plus -2,1 1,3
Ensemble -3,7 0,6
  • Lecture : le SMPT des salariés âgés de 30 à 39 ans a diminué de 4,3 % en euros courants entre 2019 et 2020. Étendu aux indemnisations de chômage partiel, il a augmenté de 0,3 %.
  • Champ : France hors Mayotte, branches marchandes non agricoles.
  • Source : Insee, déclarations sociales nominatives (DSN) - traitements provisoires.

Figure 5 - Évolution en moyenne annuelle du SMPT et du SMPT «étendu» par âge en 2020

  • Lecture : le SMPT des salariés âgés de 30 à 39 ans a diminué de 4,3 % en euros courants entre 2019 et 2020. Étendu aux indemnisations de chômage partiel, il a augmenté de 0,3 %.
  • Champ : France hors Mayotte, branches marchandes non agricoles.
  • Source : Insee, déclarations sociales nominatives (DSN) - traitements provisoires.

En tenant compte des destructions d’emplois, le diagnostic est plus sombre pour les jeunes : sur l’année 2020, la masse salariale « étendue » versée aux salariés de moins de 30 ans a reculé de 6,0 %. Cette baisse est deux fois plus forte que pour l’ensemble des salariés (– 3,2 %), car les jeunes sont davantage sortis de l’emploi que leurs aînés.

En 2020, la modification de la composition des emplois avec la crise sanitaire a nettement contribué à tirer à la hausse le salaire moyen

La composition des emplois par qualification et par secteur d’activité a évolué avec la crise sanitaire. L’évolution du salaire moyen provient d’une part de ces modifications de structure et d’autre part de l’évolution des salaires dans chaque groupe de salariés (défini ici par la catégorie socioprofessionnelle et l’activité détaillée en 88 postes de la nomenclature d’activités française). Dans les branches marchandes non agricoles, cet effet de composition de l’emploi a contribué pour + 1,8 point à l’évolution du SMPT en 2020, que celui‑ci soit ou non étendu aux indemnisations de chômage partiel : les emplois qui ont résisté sont plus qualifiés et dans des secteurs plus rémunérateurs que ceux qui ont été détruits. À catégorie socioprofessionnelle et activité détaillée données, le SMPT s’est replié de 5,6 % en euros courants et le SMPT « étendu » de 1,2 %. L’effet de composition de l’emploi est particulièrement fort (+ 4,0 points) dans le secteur des services aux entreprises où sont comptabilisés les intérimaires : l’effondrement de l’emploi intérimaire, en moyenne moins bien rémunéré, lors du premier confinement a mécaniquement rehaussé le salaire moyen du secteur.

Plus encore que la structure des emplois, en partie préservée par le dispositif de chômage partiel, la répartition du volume horaire de travail des salariés a été profondément modifiée en 2020. Les ouvriers et les employés ont été plus souvent au chômage partiel tandis que les cadres ont été plus souvent en télétravail, et les secteurs les plus touchés par la contraction de l’activité sont souvent aussi les moins rémunérateurs. Dans les branches marchandes non agricoles, le salaire horaire moyen – indicateur reflétant la part du coût horaire pour l’employeur consacrée aux rémunérations de ses salariés – s’est accru de 3,2 % (en euros courants). Mais cette hausse provient en très grande partie d’un effet de composition : à qualification et activité détaillée données, le salaire horaire n’a augmenté que de 0,6 %.

Définitions

Salaire moyen par tête (SMPT)

Le salaire moyen par tête (SMPT) rapporte les masses salariales brutes versées par l’ensemble des entreprises au nombre de salariés en personnes physiques. Il est calculé dans les comptes nationaux annuels à partir des sources fiscales d’entreprises au numérateur et des Estimations d’emploi au dénominateur. Il est calculé dans les comptes nationaux trimestriels à partir des assiettes de cotisations salariales fournies par l’Acoss et des Estimations trimestrielles d’emploi pour les effectifs. Les assiettes de cotisations salariales couvrent pratiquement l’ensemble des rémunérations, notamment les primes et les heures supplémentaires mais pas l’épargne salariale (intéressement, participation) que les masses salariales sont censées couvrir. La méthode d’étalonnage‑calage des comptes trimestriels permet de corriger ce biais. L’évolution du SMPT reflète l’évolution des qualifications et de la quotité du travail (effets de structure) et celle de la rémunération des heures supplémentaires et des primes (effets saisonniers et liés à la conjoncture).

Ce dernier étant estimé sur un concept légèrement plus large que la seule assiette de cotisations salariales, intégrant notamment les primes d’intéressement ou de participation.

Pour en savoir plus

« Au quatrième trimestre 2020, l’indice du coût du travail salaires seuls augmente de 1,7 % et l’indice salaires et charges de 1,5 % », Informations Rapides n° 67, Insee, mars 2021.

« Le volume de travail rémunéré par les entreprises, un indicateur précieux pour analyser la crise actuelle », in Note de Conjoncture, Insee, novembre 2020.

« Les salaires à l’épreuve de la crise sanitaire », in Note de Conjoncture, Insee, octobre 2020.

Jauneau Y., Vidalenc J., « Durée travaillée et travail à domicile pendant le confinement : des différences marquées selon les professions », Insee Focus n° 207, octobre 2020.

« Prime exceptionnelle de pouvoir d’achat en 2019 : entre hausse des salaires et aubaine pour les entreprises », in Emploi, chômage, revenus du travail, coll. « Insee Références », édition 2020.

Ce dernier étant estimé sur un concept légèrement plus large que la seule assiette de cotisations salariales, intégrant notamment les primes d’intéressement ou de participation.