Les entreprises en France Édition 2021

Insee Références
Paru le :Paru le01/12/2021
Les entreprises en France- Décembre 2021
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Coût du travail et salaires

Le coût du travail couvre l’ensemble des dépenses réalisées par les employeurs pour l’emploi d’un salarié : les rémunérations perçues par le salarié, les cotisations sociales à la charge de l’employeur, les frais de formation professionnelle, les autres dépenses et les taxes sur les salaires, déduction faite des subventions perçues. En France, dans les entreprises de 10 salariés ou plus dans le secteur marchand non agricole (SMNA) hors services aux ménages, le s’établit à 38,1 euros en 2020 (figure 1). Les cotisations sociales et les autres coûts à la charge de l’employeur représentent en moyenne 44,5 % du salaire brut. Cette part est plus faible dans la construction que dans l’industrie et le tertiaire. Cet écart s’explique par des niveaux de salaire plus bas dans ce secteur, ce qui permet aux entreprises de bénéficier d’allégements de charges plus importants.

Figure 1Structure du coût de la main-d’œuvre par heure travaillée selon le secteur d'activité en 2020

Structure du coût de la main-d’œuvre par heure travaillée selon le secteur d'activité en 2020 - Lecture : en 2020, dans l'industrie, le coût de la main d'œuvre est de 40,2 euros par heure travaillée, dont 27,5 euros pour les seuls salaires et traitements.
Coût horaire dont salaires et traitements Cotisations sociales et autres charges / salaires et traitements
(en euros) (en euros) (en %)
Industrie 40,2 27,5 46,2
dont industrie manufacturière 39,6 26,9 47,2
Construction 34,6 24,5 41,2
Tertiaire 37,7 26,1 44,1
Ensemble 38,1 26,3 44,5
  • Lecture : en 2020, dans l'industrie, le coût de la main d'œuvre est de 40,2 euros par heure travaillée, dont 27,5 euros pour les seuls salaires et traitements.
  • Champ : France, entreprises de 10 salariés ou plus du secteur marchand non agricole (SMNA), hors services aux ménages.
  • Source : Insee, Eurostat, Labour cost survey, annual data.

De 2013 à 2020, la hausse du coût horaire de la main‑d’œuvre a été modérée en France grâce à la mise en place de diverses mesures comme, par exemple, le (CICE) entre 2013 et 2018, ou, plus récemment, les dispositifs adoptés en 2020 pour faire face à la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid‑19 (exonérations et aide au paiement de cotisations sociales, plan « 1 jeune 1 solution »). Finalement, de 2013 à 2020, l’augmentation du coût du travail horaire en France est de 9,2 %, bien plus modérée qu’en Allemagne (+ 16,7 %) et que dans l’ensemble de l’Union européenne (UE ; + 14,4 %).

En 2020, dans l’UE, la France occupe la cinquième position des pays ayant les coûts horaires de la main‑d’œuvre les plus élevés. Avec 38,1 euros dans le SMNA hors services aux ménages, elle se situe au‑dessous du Danemark et de la Suède, mais au‑dessus de l’Allemagne et de l’ensemble de l’UE (figure 2). Dans l’industrie (hors construction), le coût horaire en France est en revanche inférieur à celui de l’Allemagne (40,2 euros contre 41,8 euros).

Figure 2Coût horaire de la main-d’œuvre en Europe en 2020

en euros
Coût horaire de la main-d’œuvre en Europe en 2020 (en euros) - Lecture : en 2020, le coût horaire de la main-d'œuvre dans l'industrie est de 40,2 euros en France, contre 41,8 euros en Allemagne.
Ensemble Industrie (hors construction)
Danemark 46,9 48,5
Suède 39,8 41,4
France 38,1 40,2
Allemagne 36,7 41,8
UE à 27 28,2 28,8
Espagne 22,2 24,9
Roumanie 7,7 7,3
Bulgarie 6,4 6,0
  • Note : tous les pays ne sont pas représentés, la France occupe le 5e rang par ordre décroissant des coûts horaires dans l'UE à 27.
  • Lecture : en 2020, le coût horaire de la main-d'œuvre dans l'industrie est de 40,2 euros en France, contre 41,8 euros en Allemagne.
  • Champ : entreprises de 10 salariés ou plus du secteur marchand non agricole, hors services aux ménages.
  • Source : Instituts nationaux de statistiques, Eurostat, Labour cost survey, annual data.

Figure 2Coût horaire de la main-d’œuvre en Europe en 2020

  • Note : tous les pays ne sont pas représentés, la France occupe le 5e rang par ordre décroissant des coûts horaires dans l'UE à 27.
  • Lecture : en 2020, le coût horaire de la main-d'œuvre dans l'industrie est de 40,2 euros en France, contre 41,8 euros en Allemagne.
  • Champ : entreprises de 10 salariés ou plus du secteur marchand non agricole, hors services aux ménages.
  • Source : Instituts nationaux de statistiques, Eurostat, Labour cost survey, annual data.

En 2019, dans le secteur privé, le en (ETP) s’élève en moyenne à 38 200 euros par an (figure 3). Un cadre perçoit en moyenne un salaire 2,8 fois supérieur à celui d’un ouvrier non qualifié et 1,8 fois supérieur à celui d’un salarié exerçant une profession intermédiaire. Les salaires sont plus élevés dans les activités financières et d’assurance (59 800 euros en moyenne) et dans l’information et la communication (54 600 euros). Ils sont parmi les plus faibles dans l’hébergement et la restauration (26 900 euros), les salariés y étant souvent peu qualifiés et payés au Smic.

Figure 3Salaire brut annuel moyen en ETP par catégorie socioprofessionnelle en 2019 dans le secteur privé

en milliers d'euros
Salaire brut annuel moyen en ETP par catégorie socioprofessionnelle en 2019 dans le secteur privé (en milliers d'euros) - Lecture : en 2019, le salaire brut annuel moyen en ETP des cadres dans les transports et l'entreposage est de 62 400 euros.
Cadres¹ Professions intermédiaires Employés Ouvriers qualifiés Ouvriers non qualifiés Ensemble
Industrie manufacturière, industries extractives et autres 73,8 43,7 30,4 32,9 28,1 43,0
Construction 59,5 39,2 30,3 29,8 24,7 34,6
Commerce ; réparation d'automobiles et de motocycles 66,1 37,3 26,3 28,5 25,4 35,0
Transports et entreposage 62,4 38,2 31,2 29,8 25,9 35,6
Hébergement et restauration 46,2 33,0 24,1 26,4 24,7 26,9
Information et communication 62,8 37,6 33,1 36,0 27,2 54,6
Activités financières et d'assurance 84,3 42,7 34,0 33,7 27,7 59,8
Activités immobilières 63,9 36,4 29,8 29,0 25,6 39,9
Activités scientifiques et techniques ; services administratifs et de soutien 68,8 36,5 28,0 27,5 23,7 38,5
Administrations publiques, enseignement, santé et action sociale 58,6 33,4 25,3 24,8 14,0 30,5
Autres activités de services 53,6 37,6 25,7 28,1 22,1 33,6
Ensemble 67,8 38,2 27,1 30,0 24,1 38,2
  • 1. Y compris chefs d'entreprise salariés.
  • Lecture : en 2019, le salaire brut annuel moyen en ETP des cadres dans les transports et l'entreposage est de 62 400 euros.
  • Champ : France hors Mayotte, salariés du privé et des entreprises publiques, y compris contrats aidés et de professionalisation, hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers employeurs.
  • Source : Insee, base Tous salariés 2019.

En 2020, le (SMPT) dans le SMNA, mesuré en euros courants (salaires nominaux), a chuté de 4,9 % en moyenne sur l’année, malgré la reconduction et l’extension de la (Pepa) ; il s’est notamment effondré au deuxième trimestre (– 14,3 % sur un an) avec le recours massif au chômage partiel (figure 4). En effet, ce dispositif, s’il a permis de contenir les pertes d’emploi durant la crise sanitaire, a conduit à substituer des indemnisations (non considérées comme du salaire) à une partie des salaires. En termes réels (i.e. une fois ôtée la hausse des prix), le SMPT s’est replié de 5,5 % en moyenne en 2020. L’évolution du SMPT comporte deux composantes : les éléments les plus conjoncturels, affectés en premier lieu par la crise sanitaire (contrepartie du recours au chômage partiel, heures supplémentaires, primes) ; et les mouvements tendanciels des salaires, reflétés par le (SMB), aux fluctuations bien plus modérées en 2020.

Figure 4Évolution des salaires nominaux et des prix, en euros courants, entre 2008 et 2020

glissement annuel en %
Évolution des salaires nominaux et des prix, en euros courants, entre 2008 et 2020 (glissement annuel en %) - Lecture : au quatrième trimestre 2020, le salaire moyen par tête dans le secteur marchand non agricole a diminué de 2,4 % en glissement annuel.
Indice des prix à la consommation Salaire mensuel de base (SMNA) Salaire moyen par tête (SMNA)
T1 2008 2,9 2,8 3,1
T2 2008 3,3 3,0 2,9
T3 2008 3,3 3,0 2,7
T4 2008 1,8 3,0 2,0
T1 2009 0,6 2,7 0,8
T2 2009 -0,2 2,2 1,0
T3 2009 -0,4 2,0 1,3
T4 2009 0,4 1,9 2,3
T1 2010 1,3 1,8 3,6
T2 2010 1,6 1,9 4,1
T3 2010 1,6 1,7 3,5
T4 2010 1,6 1,8 2,7
T1 2011 1,8 2,0 2,1
T2 2011 2,1 2,1 1,2
T3 2011 2,1 2,2 1,0
T4 2011 2,4 2,2 1,2
T1 2012 2,3 2,2 1,4
T2 2012 2,0 2,1 1,7
T3 2012 2,0 2,2 2,3
T4 2012 1,5 2,1 2,1
T1 2013 1,1 1,9 1,7
T2 2013 0,8 1,8 2,0
T3 2013 0,9 1,6 1,7
T4 2013 0,7 1,6 1,5
T1 2014 0,7 1,4 1,2
T2 2014 0,6 1,4 0,9
T3 2014 0,4 1,5 0,8
T4 2014 0,2 1,4 0,8
T1 2015 -0,2 1,3 1,4
T2 2015 0,2 1,3 1,6
T3 2015 0,1 1,2 1,6
T4 2015 0,1 1,2 1,8
T1 2016 0,0 1,2 1,8
T2 2016 0,0 1,1 1,5
T3 2016 0,3 1,2 1,7
T4 2016 0,5 1,2 1,5
T1 2017 1,2 1,2 2,1
T2 2017 0,9 1,3 2,1
T3 2017 0,9 1,3 2,0
T4 2017 1,1 1,3 2,1
T1 2018 1,4 1,5 1,3
T2 2018 1,9 1,5 1,6
T3 2018 2,3 1,5 1,7
T4 2018 1,9 1,6 1,9
T1 2019 1,2 1,6 2,9
T2 2019 1,1 1,7 2,3
T3 2019 1,0 1,7 2,4
T4 2019 1,0 1,7 1,6
T1 2020 1,3 1,6 -2,9
T2 2020 0,3 1,5 -14,3
T3 2020 0,3 1,5 -0,2
T4 2020 0,1 1,5 -2,4
  • SMNA : secteur marchand non agricole. Le salaire mensuel de base des premier et deuxième trimestres 2020 a été extrapolé à partir du glissement semestriel du S1 2020.
  • Lecture : au quatrième trimestre 2020, le salaire moyen par tête dans le secteur marchand non agricole a diminué de 2,4 % en glissement annuel.
  • Champ : France hors Mayotte, pour l'indice des prix à la consommation. France hors Mayotte, entreprises de 10 salariés ou plus du privé pour le salaire mensuel de base. France, pour le salaire moyen par tête.
  • Sources : Dares, enquête sur l'Activité et les conditions d'emploi de la main-d'œuvre (Acemo) ; Insee, comptes nationaux.

Figure 4Évolution des salaires nominaux et des prix, en euros courants, entre 2008 et 2020

  • SMNA : secteur marchand non agricole. Le salaire mensuel de base des premier et deuxième trimestres 2020 a été extrapolé à partir du glissement semestriel du S1 2020.
  • Lecture : au quatrième trimestre 2020, le salaire moyen par tête dans le secteur marchand non agricole a diminué de 2,4 % en glissement annuel.
  • Champ : France hors Mayotte, pour l'indice des prix à la consommation. France hors Mayotte, entreprises de 10 salariés ou plus du privé pour le salaire mensuel de base. France, pour le salaire moyen par tête.
  • Sources : Dares, enquête sur l'Activité et les conditions d'emploi de la main-d'œuvre (Acemo) ; Insee, comptes nationaux.

Définitions

Coût horaire de la main-d’œuvre : coût salarial total rapporté au nombre d’heures effectivement travaillées par les salariés.

Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) : avantage fiscal dont bénéficient les entreprises qui emploient des salariés. Il est calculé par application d’un taux (7 % en 2017) sur l’ensemble des salaires ne dépassant pas 2,5 fois le Smic. Il a pour but de faciliter les investissements des entreprises. Le CICE a été supprimé au 1er janvier 2019 et remplacé par une baisse des cotisations sociales.

Salaire brut : intégralité des sommes perçues par le salarié avant déduction des cotisations de sécurité sociale à sa charge, de la CSG et de la CRDS. Il comprend donc le salaire de base, les avantages en nature, les primes, les gratifications fixes, les heures supplémentaires, ainsi que les sommes versées au titre de la participation et de l’intéressement.

Équivalent temps plein (ETP)  : unité de mesure d’une capacité de travail ou de production. Un ETP pour une période donnée correspond à un travail (ou une production) qui nécessite une personne à pleins temps pour le réaliser pendant la période considérée.

Salaire moyen par tête (SMPT) : somme des salaires bruts (salaire de base, primes et rémunération des heures supplémentaires et complémentaires pour l’ensemble des salariés y compris ceux à temps partiel) rapportée aux effectifs salariés (personnes physiques) de toutes les entreprises du secteur privé.

Prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (Pepa) : les mesures d’urgence économiques et sociales votées en décembre 2018 en réponse au mouvement des « gilets jaunes » offrent la possibilité aux entreprises de verser une prime exceptionnelle de pouvoir d’achat aux salariés dont la rémunération en 2018 n’excède pas trois Smic annuels. Cette prime est exonérée, jusqu’à 1 000 euros, d’impôt sur le revenu et de toutes cotisations et contributions sociales. Elle a été versée entre le 11 décembre 2018 et le 31 mars 2019. Ce dispositif a été à nouveau reconduit au premier semestre 2020, sous des conditions plus restrictives.

Salaire mensuel de base (SMB) : indicateur du salaire négocié par les partenaires sociaux. Un indice du SMB est obtenu grâce à l’enquête Acemo sur le champ des salariés à temps complet dans les entreprises de 10 salariés ou plus du secteur privé de France métropolitaine. Cet indice de prix des salaires ne prend pas en compte les modifications éventuelles de la structure des qualifications, ni l’évolution de la durée du travail, ou de la rémunération des primes.

Pour en savoir plus

« Emploi, chômage, revenus du travail », coll. « Insee Références », édition 2021.

« En 2019, le salaire net moyen dans le secteur privé a progressé de 1,2 % en euros constants », Insee Première n° 1863, juin 2021.

« Le coût de la main‑d’œuvre en France en 2016 : 34,3 euros par heure en moyenne », Insee Focus n° 184, février 2020.

« Des salaires plus dynamiques et plus dispersés en Allemagne qu’en France », Insee Focus n° 81, mars 2017.

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