France, portrait social Édition 2021

Cet ouvrage apporte un éclairage sur plus d’un an de crise sanitaire, aux conséquences économiques et sociales inédites : Comment ont évolué la mortalité et la santé de la population au cours des différentes vagues ? Quel a été le niveau d’adoption des mesures de prévention ? Comment le système de soin a-t-il été impacté ? Quels territoires ont été les plus touchés par la baisse des naissances observée neuf mois après le premier confinement ? Quelles sont les conséquences de la crise sur les revenus des ménages et sur le marché de l’emploi ? Comment les jeunes ont-ils vécu cette crise ?

Insee Références
Paru le :Paru le25/11/2021
France, portrait social- Novembre 2021
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Revenu disponible brut et pouvoir d’achat des ménages

Insee Références

Paru le :25/11/2021

En 2020, le (RDB) continue à progresser (+ 1,0 % en valeur), malgré un recul inédit du produit intérieur brut (– 5,5 % en valeur) engendré par la crise de la Covid‑19 (figure 1). Néanmoins, il ralentit par rapport aux années précédentes (+ 3,4 % en 2019 et + 3,1 % en 2018). Dans le même temps, le prix de la dépense de consommation finale des ménages continue également à progresser (+ 0,6 % en 2020 après + 0,8 % en 2019 et + 1,7 % en 2018), mais moins rapidement que le RDB. Le augmente donc légèrement, de 0,4 % en 2020.

Figure 1 - Revenu disponible, revenu arbitrable des ménages et évolution de leur pouvoir d’achat

Figure 1 - Revenu disponible, revenu arbitrable des ménages et évolution de leur pouvoir d’achat - Lecture : en 2020, le revenu arbitrable des ménages progresse de 1,6 % en valeur par rapport à 2019.
2016 2017 2018 2019 2020
Revenu disponible brut
(en milliards d’euros)
a 1 353,5 1 388,1 1 430,8 1 479,6 1 494,7
Dépenses de consommation pré-engagées b 397,7 404,9 415,8 426,6 424,9
Revenu arbitrable a – b 955,8 983,2 1 015,1 1 053,0 1 069,8
Évolutions (en %)
Revenu disponible brut 1,8 2,6 3,1 3,4 1,0
Revenu arbitrable 2,1 2,9 3,2 3,7 1,6
Indice du prix de la dépense de consommation finale des ménages 0,2 0,8 1,7 0,8 0,6
Indice du prix de la dépense de consommation finale des ménages autre que pré-engagée 0,2 0,9 2,0 0,9 0,8
Pouvoir d’achat du revenu disponible brut des ménages1 1,6 1,7 1,4 2,6 0,4
Pouvoir d’achat arbitrable des ménages2 1,9 1,9 1,2 2,8 0,7
Nombre d’unités de consommation 0,5 0,6 0,6 0,5 0,4
Pouvoir d’achat du revenu disponible brut par unité de consommation1 1,0 1,2 0,8 2,0 0,0
Pouvoir d’achat arbitrable par unité de consommation2 1,4 1,3 0,7 2,3 0,3
  • 1. L’évolution calculée au sens de la comptabilité nationale est déflatée à l’aide de l’indice du prix des dépenses de consommation finale des ménages.
  • 2. L’évolution calculée est déflatée à l’aide de l’indice du prix des dépenses de consommation non pré-engagées des ménages.
  • Lecture : en 2020, le revenu arbitrable des ménages progresse de 1,6 % en valeur par rapport à 2019.
  • Champ : France.
  • Source : Insee, comptes nationaux, base 2014.

Si le RDB s’accroît, ses différentes composantes évoluent de façon très contrastée. Sous l’effet de la crise, les revenus d’activité diminuent fortement. Les salaires et traitements bruts baissent de 4,1 % (figure 2). Les revenus mixtes des entrepreneurs individuels diminuent de manière moins marquée (– 0,5 %), notamment grâce au fonds de solidarité mis en place pour aider les entreprises et les travailleurs indépendants des secteurs les plus touchés par la crise sanitaire : avant impôts et subventions, la baisse est de 8,0 %. Les revenus du patrimoine (revenus financiers, loyers perçus par les ménages propriétaires‑bailleurs et ) se réduisent de 3,0 %, en raison principalement de la diminution des dividendes distribués par les entreprises.

Figure 2 - Du revenu primaire au revenu disponible des ménages

Figure 2 - Du revenu primaire au revenu disponible des ménages - Lecture : en 2020, les salaires et traitements bruts s’élèvent à 909,2 milliards d’euros, en baisse de 4,1 % par rapport à 2019.
En 2019 En 2020 Évolution en valeur (en %)
Montant (en milliards d’euros) Part dans le revenu disponible brut (en %) Montant (en milliards d’euros) Part dans le revenu disponible brut (en %) 2019 2020
Rémunération des salariés1 1 1 264,5 85,5 1 214,9 81,3 1,0 – 3,9
dont salaires et traitements bruts 947,9 64,1 909,2 60,8 3,2 – 4,1
Revenu mixte 2 128,3 8,7 127,7 8,5 2,5 – 0,5
dont entrepreneurs individuels 121,8 8,2 121,2 8,1 2,3 – 0,5
dont entrepreneurs individuels hors impôts et subventions d’exploitation 120,1 8,1 110,5 7,4 2,4 – 8,0
Revenu du patrimoine 3 278,4 18,8 270,2 18,1 1,4 – 3,0
Revenu primaire 4=1+2+3 1 671,2 113,0 1 612,8 107,9 1,2 – 3,5
Impôts sur le revenu et le patrimoine 5 – 248,9 – 16,8 – 240,1 – 16,1 0,2 – 3,6
Cotisations sociales salariés et non-salariés versées 6 – 147,3 – 10,0 – 143,6 – 9,6 1,0 – 2,5
dont cotisations sociales à la charge des salariés – 116,7 – 7,9 – 114,0 – 7,6 – 0,3 – 2,3
Cotisations sociales employeurs versées 7 – 316,6 – 21,4 – 305,7 – 20,5 – 5,0 – 3,5
Prestations sociales reçues en espèces 8 519,8 35,1 569,4 38,1 2,9 9,5
Solde des autres transferts courants (reçus moins versés) 9 1,5 0,1 2,0 0,1 – 12,5 34,2
Revenu disponible brut (RDB) (4+5+6+7+8+9) 1 479,6 100,0 1 494,7 100,0 3,4 1,0
  • 1. la rémunération des salariés recouvre les salaires et traitements bruts et les cotisations sociales à la charge des employeurs.
  • Lecture : en 2020, les salaires et traitements bruts s’élèvent à 909,2 milliards d’euros, en baisse de 4,1 % par rapport à 2019.
  • Champ : France.
  • Source : Insee, comptes nationaux, base 2014.

La diminution de ces revenus est cependant compensée par l’accroissement des prestations sociales versées en espèces (+ 9,5 %). Les dispositifs destinés à faire face au contexte de la crise sanitaire, notamment l’indemnisation de l’activité partielle, la hausse des prestations versées au titre du chômage et des arrêts maladie et les aides exceptionnelles de solidarité dédiées aux ménages les plus précaires, ont joué le rôle d’amortisseur. La poursuite de la progression des pensions de retraite contribue aussi à la hausse des prestations sociales.

Les impôts courants prélevés sur les revenus et le patrimoine des ménages (impôts sur le revenu, CSG, etc.) ont diminué de 3,6 % en raison à la fois de la baisse de l’activité économique, et de l’allégement de la taxe d’habitation et du barème de l’impôt sur le revenu.

Ces évolutions ne tiennent pas compte de l’évolution du nombre et de la composition des ménages. Pour approcher une mesure plus individuelle du pouvoir d’achat, il faut rapporter l’évolution du pouvoir d’achat du RDB à celle des (UC). En 2020, le pouvoir d’achat du RDB par UC est stable, alors qu’il augmentait les années précédentes (+ 2,0 % en 2019) (figure 3). Il est également possible de calculer un pouvoir d’achat par UC en retirant du revenu disponible les , c’est‑à‑dire celles réalisées dans le cadre d’un contrat difficilement renégociable à court terme (dépenses de logement ou de téléphonie par exemple). Après avoir progressé au même rythme que le pouvoir d’achat du RDB par UC entre 1960 et 1975, le pouvoir d’achat arbitrable par UC augmente plus modérément depuis (+ 0,9 % en moyenne annuelle, contre + 1,0 % pour le pouvoir d’achat du RDB par UC, avec des écarts plus marqués jusqu’à la fin des années 1990). Ce décrochage a pu entraîner un décalage entre le ressenti des ménages et l’évolution de leur niveau de vie. Néanmoins, depuis 2014, le pouvoir d’achat arbitrable par UC progresse légèrement plus rapidement que celui du RDB par UC.

Figure 3 - Évolution du pouvoir d’achat du revenu disponible brut et du revenu arbitrable par unité de consommation

Figure 3 - Évolution du pouvoir d’achat du revenu disponible brut et du revenu arbitrable par unité de consommation - Lecture : en 2020, le pouvoir d’achat arbitrable par unité de consommation a été multiplié par 2,7 par rapport à 1960.
Évolution annuelle (en %) Indice (base 100 en 1960)
Pouvoir d’achat du revenu disponible brut par unité de consommation Pouvoir d’achat arbitrable par unité de consommation Pouvoir d’achat du revenu disponible brut par unité de consommation Pouvoir d’achat arbitrable par unité de consommation
1960 6,7 7,0 100,0 100,0
1961 3,6 3,5 103,6 103,5
1962 8,1 8,4 112,0 112,2
1963 4,6 4,3 117,1 117,0
1964 4,1 4,2 121,9 121,8
1965 3,7 3,7 126,4 126,3
1966 4,0 4,0 131,4 131,3
1967 4,6 4,5 137,4 137,2
1968 3,6 3,2 142,4 141,6
1969 3,7 2,7 147,6 145,4
1970 6,0 6,3 156,4 154,6
1971 4,1 4,2 162,8 161,1
1972 4,4 4,6 170,0 168,5
1973 4,8 4,6 178,1 176,3
1974 2,2 1,1 182,0 178,2
1975 2,2 2,9 186,0 183,4
1976 1,7 1,2 189,1 185,7
1977 1,8 1,5 192,5 188,5
1978 5,0 5,2 202,1 198,3
1979 -0,1 -0,9 201,8 196,5
1980 -0,5 -1,3 200,8 193,9
1981 0,6 0,7 202,0 195,3
1982 1,5 1,8 205,0 198,7
1983 -0,9 -1,8 203,3 195,1
1984 -1,8 -3,1 199,5 189,1
1985 0,0 -0,7 199,5 187,8
1986 2,0 2,1 203,6 191,6
1987 0,8 0,2 205,1 192,0
1988 2,5 2,9 210,3 197,6
1989 2,7 3,1 216,0 203,8
1990 3,2 3,5 222,9 210,9
1991 0,4 -0,2 223,7 210,4
1992 1,5 1,8 227,1 214,3
1993 -0,4 -1,0 226,3 212,2
1994 -0,1 -0,6 226,1 211,0
1995 1,5 1,1 229,6 213,4
1996 0,5 -0,2 230,6 212,9
1997 1,1 1,3 233,1 215,6
1998 2,7 2,8 239,5 221,7
1999 2,5 2,4 245,5 227,0
2000 2,6 2,7 251,9 233,1
2001 2,4 2,4 257,9 238,6
2002 2,1 2,2 263,4 243,8
2003 0,1 -0,5 263,6 242,6
2004 1,5 1,5 267,5 246,3
2005 0,7 0,6 269,4 247,7
2006 2,2 2,7 275,2 254,2
2007 2,3 3,1 281,4 262,1
2008 -0,3 -0,9 280,5 259,6
2009 1,0 1,2 283,2 262,7
2010 0,8 0,8 285,5 264,7
2011 -0,6 -0,7 283,9 262,9
2012 -1,1 -2,2 280,8 257,2
2013 -1,8 -3,2 275,6 249,0
2014 0,6 1,4 277,2 252,4
2015 0,3 0,3 277,9 253,2
2016 1,0 1,4 280,8 256,7
2017 1,2 1,3 284,0 260,2
2018 0,8 0,7 286,3 261,9
2019 2,0 2,3 292,1 267,8
2020 0,0 0,35 292,1 268,7
  • Lecture : en 2020, le pouvoir d’achat arbitrable par unité de consommation a été multiplié par 2,7 par rapport à 1960.
  • Champ : France.
  • Source : Insee, comptes nationaux, base 2014.

Figure 3 - Évolution du pouvoir d’achat du revenu disponible brut et du revenu arbitrable par unité de consommation

  • Lecture : en 2020, le pouvoir d’achat arbitrable par unité de consommation a été multiplié par 2,7 par rapport à 1960.
  • Champ : France.
  • Source : Insee, comptes nationaux, base 2014.

Définitions

Le revenu disponible brut des ménages (RDB) comprend les revenus d’activité (rémunérations des salariés et revenu mixte des non-salariés) et les revenus du patrimoine, augmentés des prestations sociales hors transferts en nature et diminués des impôts et cotisations sociales. L’évolution du pouvoir d’achat du RDB mesure l’évolution du RDB corrigée de l’évolution des prix des dépenses de consommation des ménages.

Le loyer imputé est l'estimation de l’équivalent monétaire de l’avantage que procure au ménage la propriété de sa résidence principale : à savoir, le loyer qu’il aurait à payer s’il était locataire du logement qu’il habite.

Les unités de consommation (UC) correspondent à un système de pondération attribuant un coefficient à chaque membre du ménage et permettant de comparer les niveaux de vie de ménages de tailles ou de compositions différentes. Avec cette pondération, le nombre de personnes est ramené à un nombre d’unités de consommation (UC).
Pour comparer le niveau de vie des ménages, on ne peut s’en tenir à la consommation par personne. En effet, les besoins d’un ménage ne s’accroissent pas en stricte proportion de sa taille. Lorsque plusieurs personnes vivent ensemble, il n’est pas nécessaire de multiplier tous les biens de consommation (en particulier, les biens de consommation durables) par le nombre de personnes pour garder le même niveau de vie.
Aussi, pour comparer les niveaux de vie de ménages de taille ou de composition différente, on utilise une mesure du revenu corrigé par unité de consommation à l’aide d’une échelle d’équivalence. L’échelle actuellement la plus utilisée (dite de l’OCDE) retient la pondération suivante :

  • 1 UC pour le premier adulte du ménage ;
  • 0,5 UC pour les autres personnes de 14 ans ou plus ;
  • 0,3 UC pour les enfants de moins de 14 ans.

Le revenu arbitrable est la différence entre le revenu disponible brut et les dépenses pré-engagées.

Les dépenses pré-engagées désignent l’ensemble des dépenses des ménages réalisées dans le cadre d’un contrat difficilement renégociable à court terme. Ces dépenses comprennent :

  • les dépenses liées au logement (y compris, dans le cas de la comptabilité nationale, les loyers imputés), ainsi que celles relatives à l’eau, au gaz, à l’électricité et aux autres combustibles utilisés dans les habitations ;
  • les services de télécommunications ;
  • les frais de cantine ;
  • les services de télévision (redevance télévisuelle, abonnements à des chaînes payantes) ;
  • les assurances (hors assurance-vie) ;
  • les services financiers (y compris les services d’intermédiation financière indirectement mesurés).