France, portrait social Édition 2021

Cet ouvrage apporte un éclairage sur plus d’un an de crise sanitaire, aux conséquences économiques et sociales inédites : Comment ont évolué la mortalité et la santé de la population au cours des différentes vagues ? Quel a été le niveau d’adoption des mesures de prévention ? Comment le système de soin a-t-il été impacté ? Quels territoires ont été les plus touchés par la baisse des naissances observée neuf mois après le premier confinement ? Quelles sont les conséquences de la crise sur les revenus des ménages et sur le marché de l’emploi ? Comment les jeunes ont-ils vécu cette crise ?

Insee Références
Paru le :Paru le25/11/2021
France, portrait social- Novembre 2021
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Sommaire

Redistribution monétaire

Insee Références

Paru le :25/11/2021

En 2020, le annuel moyen avant est de 60 720 euros pour les 20 % de personnes les plus aisées, contre 7 070 euros pour les 20 % de personnes les plus modestes, soit 8,6 fois moins (figure 1). En 2020, les indemnités de chômage partiel, comptées dans le niveau de vie avant redistribution, ont compensé une partie des pertes de salaires liées à la crise sanitaire. Elles représentent 4,4 % du niveau de vie avant redistribution pour les 20 % les plus pauvres (310 euros en moyenne) contre 1,2 % pour les 20 % les plus aisés (740 euros en moyenne).

La redistribution atténue les inégalités de niveaux de vie : en 2020, elle augmente de 74 % le niveau de vie moyen des 20 % de personnes les plus modestes et diminue de 21 % celui des 20 % les plus aisées. Le rapport entre les deux est ainsi réduit à 3,9. La réduction des écarts est encore plus grande aux extrémités de la distribution des revenus : avant redistribution, les 10 % de personnes les plus pauvres disposent d’un niveau de vie annuel moyen de 3 520 euros, contre 80 360 euros pour les 10 % les plus aisées, soit 22,8 fois plus. Après redistribution, ce rapport est réduit à 5,6.

Figure 1 - Montants moyens des prélèvements et prestations par unité de consommation en 2020

en euros par unité de consommation
Figure 1 - Montants moyens des prélèvements et prestations par unité de consommation en 2020 (en euros par unité de consommation) - Lecture : en 2020, les 20 % de personnes situées entre les 2e et 3e quintiles de niveau de vie acquittent en moyenne 110 euros d’impôt sur le revenu par unité de consommation.
Fractiles de niveau de vie avant redistribution1 Ensemble
<D1 <Q1 Q1 à Q2 Q2 à Q3 Q3 à Q4 >Q4 >D9
Niveau de vie avant redistribution (A) 3 520 7 070 16 700 23 090 30 720 60 720 80 360 27 660
dont indemnités de chômage partiel 190 310 540 660 780 740 680 610
Prélèvements – 160 – 360 – 910 – 1 670 – 3 150 – 13 190 – 20 240 – 3 850
Financement de la protection sociale – 180 – 380 – 940 – 1 550 – 2 220 – 5 430 – 7 680 – 2 100
Cotisations sociales2 – 70 – 160 – 380 – 590 – 820 – 1 780 – 2 420 – 750
Contributions sociales3 – 110 – 220 – 560 – 970 – 1 400 – 3 650 – 5 260 – 1 360
Impôts directs 20 20 30 – 120 – 930 – 7 760 – 12 560 – 1 750
Impôt sur le revenu (y c. crédits d’impôt) 20 20 30 – 110 – 830 – 6 910 – 11 390 – 1 560
Taxe d’habitation 0 0 0 0 – 100 – 660 – 810 – 150
Impôt sur la fortune immobilière 0 0 0 0 0 – 190 – 360 – 40
Prestations 7 470 5 620 1 720 830 500 340 310 1 800
Prestations familiales 1 850 1 590 820 510 300 140 110 670
Allocations familiales 820 720 420 310 240 100 80 360
Autres4 1 040 870 400 210 70 40 30 320
Aides au logement 1 800 1 310 180 40 30 30 20 320
Prime d’activité et minima sociaux5 3 470 2 440 620 230 130 90 90 700
Aides exceptionnelles 350 280 100 50 40 80 90 110
Aux ménages 270 210 50 10 10 0 0 60
Aux indépendants (hors reports de cotisations) 80 70 50 40 40 70 90 50
Niveau de vie (B) 10 820 12 340 17 510 22 260 28 070 47 870 60 350 25 610
Taux de redistribution (B-A)/A (en %) 207,4 74,4 4,8 – 3,6 – 8,6 – 21,2 – 24,8 – 7,4
  • 1. <D1 : 10 % de personnes les plus modestes ; <Q1 : 20 % les plus modestes, …, >Q4 : 20 % les plus aisées ; >D9 : 10 % les plus aisées.
  • 2. Uniquement les cotisations patronales famille, qui sont les seules non contributives. Hors micro-entrepreneurs, le forfait social ne permettant pas de distinguer les cotisations famille.
  • 3. Hors part de la CSG affectée à la maladie.
  • 4. Allocation de soutien familial, allocation d’éducation de l’enfant handicapé, prestation partagée d’éducation de l’enfant de la Paje, complément familial, allocation de base et prime à la naissance de la Paje et allocation de rentrée scolaire.
  • 5. Revenu de solidarité active, minimum vieillesse (Aspa), allocation supplémentaire d’invalidité, allocation pour adulte handicapé et son complément et garantie jeunes.
  • Note : les niveaux de vie, prélèvements et prestations de 2020 sont estimés à partir de ceux observés dans l’enquête Revenus fiscaux et sociaux (ERFS) en 2018, actualisés selon des hypothèses d’évolution des revenus, de l’activité et de la structure démographique et à l’aide de modèles économétriques pour simuler la singularité de l’année 2020 (notamment l’activité partielle). Les montants pourront donc différer de ceux mesurés directement à partir de l’ERFS pour 2020, qui seront disponibles en 2022.
  • Lecture : en 2020, les 20 % de personnes situées entre les 2e et 3e quintiles de niveau de vie acquittent en moyenne 110 euros d’impôt sur le revenu par unité de consommation.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
  • Sources : Insee, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2018 (actualisée 2020) ; Insee-Drees-Cnaf, modèle Ines 2020, calculs Insee.

L’efficacité redistributive d’un transfert, c’est‑à‑dire sa capacité à réduire les inégalités, est fonction de sa et de son poids dans le revenu disponible des ménages.

Du côté des , l’impôt sur le revenu est le plus redistributif : en 2020, il participe à 27 % de la réduction des inégalités de niveau de vie (figure 2). Les contributions sociales (CSG hors composante maladie, CRDS) et les cotisations d’allocations familiales, faiblement progressives, participent à 7 % seulement de la baisse des inégalités.

Du côté des , les masses monétaires sont deux fois moins importantes que pour les prélèvements, mais elles contribuent à 63 % de la réduction des inégalités en 2020. Elles sont particulièrement progressives, car souvent dotées d’un barème ciblé sur les ménages à faibles revenus. Les aides au logement apportent un soutien financier important aux ménages qui les perçoivent : elles représentent 11 % du niveau de vie moyen des 20 % de personnes les plus modestes (17 % pour les 10 % les plus modestes) et contribuent à 13 % de la réduction des inégalités. Les minima sociaux et la prime d’activité représentent 20 % du niveau de vie moyen des 20 % de personnes les plus modestes (32 % pour les 10 % les plus modestes) et contribuent à 27 % de la réduction des inégalités. En 2020, les aides exceptionnelles versées aux ménages et aux indépendants pour faire face aux conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire contribuent pour 3 % à la réduction des inégalités. Les premières sont particulièrement progressives, car elles ciblent des populations touchant d’autres prestations, mais leur poids est faible. Enfin, les prestations familiales contribuent pour 20 % à la réduction des inégalités. Leur redistributivité est due au fait que les ménages avec enfants sont plus nombreux dans le bas de la distribution des niveaux de vie et que la plupart des prestations familiales sont sous conditions de ressources.

Figure 2 - Contribution des différents transferts à la réduction des inégalités de niveau de vie en 2020

Figure 2 - Contribution des différents transferts à la réduction des inégalités de niveau de vie en 2020 - Lecture : les prestations représentent en moyenne 7,0 % du niveau de vie et contribuent pour 62,6 % à la réduction des inégalités.
Part dans le niveau de vie (en %) Progressivité1 Contribution à la réduction des inégalités1 (en %)
(A) (B) (C)
Prélèvements – 15,1 2,6 37,4
Financement de la protection sociale – 8,2 0,9 7,2
Cotisations sociales2 – 2,9 0,5 1,3
Contributions sociales3 – 5,3 1,2 5,9
Impôts directs – 6,8 4,4 30,2
Impôt sur le revenu (y c. crédits d’impôt) – 6,1 4,4 27,1
Taxe d’habitation – 0,6 4,0 2,3
Impôt sur la fortune immobilière – 0,1 5,8 0,8
Prestations 7,0 9,4 62,6
Prestations familiales 2,6 8,1 20,1
Allocations familiales 1,4 7,2 9,4
Autres4 1,2 9,1 10,6
Aides au logement 1,2 11,2 13,0
Prime d’activité et minima sociaux5 2,7 10,3 26,5
Aides exceptionnelles 0,4 7,4 3,0
Aux ménages 0,2 10,6 2,2
Aux indépendants (hors reports de cotisations) 0,2 3,8 0,7
Niveau de vie 100,0 /// 100,0
  • /// : absence de résultat due à la nature des choses.
  • 1. La progressivité d’un prélèvement ou d’une prestation (colonne B) est mesurée par la différence entre son pseudo-Gini et le Gini du niveau de vie initial (multipliés par 10 par souci de lisibilité). La contribution à la réduction des inégalités (colonne C) correspond au produit |A×B| en pourcentage.
  • 2. Uniquement les cotisations d’allocations familiales, qui sont les seules non contributives. Hors micro-entrepreneurs, le forfait social ne permettant pas de distinguer les cotisations famille.
  • 3. Hors part de la CSG affectée à la maladie.
  • 4. Allocation de soutien familial, allocation d’éducation de l’enfant handicapé, prestation partagée d’éducation de l’enfant de la Paje, complément familial, allocation de base et prime à la naissance de la Paje et allocation de rentrée scolaire.
  • 5. Revenu de solidarité active, minimum vieillesse (Aspa), allocation supplémentaire d’invalidité, allocation pour adulte handicapé et son complément et garantie jeunes.
  • Lecture : les prestations représentent en moyenne 7,0 % du niveau de vie et contribuent pour 62,6 % à la réduction des inégalités.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
  • Sources : Insee, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2018 (actualisée 2020) ; Insee-Drees-Cnaf, modèle Ines 2020, calculs Insee.

Définitions

Le niveau de vie est défini comme le revenu disponible du ménage rapporté au nombre d’unités de consommation (UC). Le niveau de vie est donc le même pour toutes les personnes d’un même ménage.

Le champ de la redistribution monétaire, dont l’objectif principal est de réduire les écarts de niveau de vie entre ménages, regroupe les prestations sociales monétaires (prestations familiales, allocations logement, minima sociaux et prime d’activité) et les prélèvements directs non contributifs (contributions sociales hors CSG maladie, cotisations d'allocations familiales, impôt sur le revenu, taxe d’habitation, impôt sur la fortune immobilière). Les transferts visant le remplacement d’un revenu d’activité tels que les systèmes de retraite et d'assurance chômage sont exclus du champ.

Un prélèvement est progressif si sa part dans le revenu augmente à mesure que le niveau de vie initial s’accroît. Une prestation est progressive si sa part dans le revenu diminue à mesure que le niveau de vie initial s’accroît.

Les prestations sociales sont des transferts versés (en espèces ou en nature) à des individus ou à des familles, afin de réduire la charge financière que représente la protection contre différents risques sociaux (vieillesse et survie, santé, maternité et famille, perte d’emploi, difficultés de logement, pauvreté et exclusion sociale).

Pour en savoir plus

« Réduction des inégalités : la redistribution est deux fois plus ample en intégrant les services publics », in Revenus et patrimoine des ménages, coll. « Insee Références », édition 2021.