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Insee Conjoncture Réunion · Juin 2024 · n° 32
Insee Conjoncture RéunionBilan économique 2023 - La Réunion L'activité économique continue de résister en 2023, mais montre des signes d'essoufflement

En 2023 encore, l’économie réunionnaise résiste malgré un contexte géopolitique tendu et une économie nationale au ralenti. Si l’inflation reste élevée (+3,1 %), elle ralentit légèrement et demeure inférieure au niveau national (+4,9 %). L’emploi salarié et les créations d’entreprises continuent d’augmenter mais leur croissance s’infléchit nettement. Ils restent toutefois plus dynamiques qu’au niveau national. Le chômage quant à lui se stabilise. L’activité bancaire ralentit nettement : les encours de crédits aux ménages croissent toujours, mais bien moins qu’en 2022, et l’épargne des ménages réunionnais progresse encore moins vite que l’année précédente. La fréquentation hôtelière recule légèrement en 2023 (-2 %), malgré une clientèle étrangère plus nombreuse et la forte reprise du trafic aérien. Les créations d’emplois dans le secteur de l’hébergement et la restauration sont atones. Pour l’agriculture, le bilan de l’année est mitigé avec une production agricole quasiment stable en valeur (+0,3 %) : la baisse de la valeur de la production végétale est compensée par une production animale en nette hausse. Par ailleurs, la hausse du prix des intrants fait baisser la valeur ajoutée brute agricole de 3,9 % par rapport à 2022.

En outre, les défaillances d’entreprises augmentent. Les importations, en particulier de biens de consommation, baissent (-3,6 % en valeur), de même que les exportations (-6 %). Dans la construction, secteur traditionnellement moteur, l’activité recule : les autorisations de construire et les mises en chantier baissent, mais moins qu’au niveau national. De fait, l’emploi baisse dans le secteur, après les hausses des deux années précédentes.

Insee Conjoncture Réunion
No 32
Paru le :Paru le13/06/2024

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2023 publiés par l'Insee.

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Synthèse régionale - Contexte national Bilan économique 2023

Cédric Planchat, Clément Bortoli, Gaston Vermersch (Insee)

Insee Conjoncture Réunion

No 32

Paru le :13/06/2024

Synthèse régionale - L'activité économique continue de résister en 2023, mais montre des signes d'essoufflement

Une économie nationale au ralenti, une inflation toujours marquée

La conjoncture économique réunionnaise s’inscrit dans le contexte d’une économie nationale au ralenti et de conflits géopolitiques importants impactant notamment les approvisionnements dans la zone.

De plus, dans la continuité de 2022, l’inflation est élevée en 2023 (+3,1 % en moyenne sur l’année) et touche tous les grands postes de consommation. Elle recule cependant légèrement par rapport au pic de 2022 (+3,6 %), et reste inférieure de 1,8 point à la hausse des prix nationale.

L’alimentaire, dont les prix croissent de 7,6 % sur l’île, contribue pour un tiers à l’inflation globale. Au niveau national, les prix alimentaires augmentent davantage (+11,8 %). Sous l’effet de la baisse des prix des produits pétroliers, la hausse du prix de l’énergie ralentit fortement : +5,7 % en 2023 contre +17,8 % l’année précédente, malgré la forte croissance du prix de l’électricité.

Le rythme des créations d’emplois salariés continue de ralentir mais le taux de chômage demeure stable

La dynamique des créations d’emplois salariés s’essouffle à La Réunion pour la deuxième année consécutive. Ainsi, seuls 2 600 emplois sont créés sur l’année, après 6 300 en 2022 et 19 000 en 2021. Toutefois, avec +0,9 %, la croissance de l’emploi salarié reste un peu plus élevée qu’au niveau national (+0,6 %).

Ce ralentissement provient du secteur privé : en 2023, 1 800 emplois salariés sont créés à La Réunion dans le privé (+0,9 %), contre 8 200 l’année précédente, et 17 400 en 2021. Il est particulièrement marqué dans les secteurs de la construction et de l’hébergement-restauration. Signe également du ralentissement, l’intérim est en retrait (-10,1 %). En revanche, les créations d’emplois sont toujours dynamiques dans le commerce et les services. L’emploi augmente aussi dans les services non marchands, et en particulier dans le secteur public (+0,9 %).

Le taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) se stabilise à 19 % et reste en dessous de son niveau de 2019 (22 %). Il est stable depuis trois ans.

Les femmes participent de manière croissante au marché du travail. Leur taux d’activité augmente de 4 points par rapport à 2019, en raison d’une baisse de la part des femmes ne souhaitant pas travailler et d’une meilleure insertion des femmes dans l’emploi. Ainsi, si les femmes sont toujours moins souvent en emploi que les hommes (48 % contre 53 %), l’écart se réduit sensiblement.

Le nombre de créations d’entreprises continue de croître, mais plus faiblement et les défaillances augmentent

En 2023 12 290 entreprises sont créées à La Réunion, soit 2 % de plus qu’en 2022. Cette hausse, continue depuis 2016, ralentit nettement. Elle est portée par les micro-entrepreneurs (+9 %), qui représentent désormais 59 % des créations.

Au niveau national, les créations d’entreprises reculent de 1 % par rapport à 2022, après 7 années de hausse.

Toutefois, le nombre de défaillances augmente de 58 % en un an à La Réunion : 874 entreprises sont concernées en 2023, soit légèrement plus qu’avant-crise sanitaire de la Covid-19 (809 en 2019).

Des heures rémunérées en hausse dans tous les secteurs

En 2023, à La Réunion, l’activité économique mesurée par les heures rémunérées est supérieure en moyenne de 3,6 % à son niveau de 2022 (figure 1). La progression des heures rémunérées est plus élevée qu’en France (+1,7 %). Toutefois, comme au niveau national, cette croissance est nettement plus importante au premier semestre (+5,2 % en moyenne) qu’au second (+2 % en moyenne), notamment en novembre et décembre. Tous les secteurs d’activité suivent cette tendance.

Figure 1Évolution sectorielle mensuelle des heures rémunérées par rapport au même mois de l'année précédente

(en %)
Évolution sectorielle mensuelle des heures rémunérées par rapport au même mois de l'année précédente ((en %))
Industrie Construction Services principalement marchands Services principalement non marchands Ensemble - La Réunion Ensemble - France hors Mayotte
janv. 2022 2,4 -3,0 4,6 8,4 4,4 7,0
févr. 2022 2,4 -5,8 5,7 7,3 4,3 8,9
mars 2022 5,3 1,7 11,2 8,0 8,8 9,8
avr. 2022 4,2 1,2 14,9 6,9 10,6 10,8
mai 2022 7,7 4,8 14,1 8,5 11,3 10,1
juin 2022 5,9 2,8 9,4 6,9 7,8 5,1
juil. 2022 3,9 2,8 6,7 5,7 5,8 2,5
août 2022 5,8 4,9 11,1 7,3 9,1 3,8
sept. 2022 4,2 4,9 8,3 6,8 7,2 3,1
oct. 2022 3,4 5,7 5,1 6,1 5,1 2,2
nov. 2022 4,3 7,4 4,7 5,0 5,0 2,1
déc. 2022 2,8 0,4 4,6 4,8 4,1 1,6
janv. 2023 5,6 7,2 9,0 5,9 7,9 4,2
févr. 2023 5,1 15,8 7,5 5,0 7,6 2,8
mars 2023 2,7 5,1 4,8 4,5 4,5 1,8
avr. 2023 2,8 5,6 4,3 3,8 4,2 1,3
mai 2023 2,3 2,9 3,9 4,7 3,7 1,9
juin 2023 2,2 4,9 2,7 4,1 3,1 1,6
juil. 2023 1,8 4,4 2,4 3,6 2,7 1,7
août 2023 1,7 1,9 2,4 3,5 2,4 1,5
sept. 2023 0,3 0,7 1,9 3,1 1,7 0,6
oct. 2023 1,4 0,6 2,1 4,2 2,2 1,3
nov. 2023 1,2 -2,1 1,7 3,3 1,5 0,7
déc. 2023 1,0 4,0 0,8 1,9 1,3 0,8
  • Note : ensemble des heures rémunérées des salariés y compris les heures supplémentaires ainsi que les absences pour lesquelles le salarié est rémunéré.
  • Champ : secteur privé hors secteur agricole.
  • Source : DSN - traitement provisoire, Insee.

Figure 1Évolution sectorielle mensuelle des heures rémunérées par rapport au même mois de l'année précédente

  • Note : ensemble des heures rémunérées des salariés y compris les heures supplémentaires ainsi que les absences pour lesquelles le salarié est rémunéré.
  • Champ : secteur privé hors secteur agricole.
  • Source : DSN - traitement provisoire, Insee.
Avertissement

En décembre 2023, dans le secteur de la construction, la variation des heures rémunérées n’est pas représentative de la variation de l’activité qu’elle est censée illustrer. Les heures rémunérées dans la construction sont, dans quasiment toutes les régions, par rapport au mois de décembre 2022, en forte augmentation en décembre 2023. Ces évolutions viennent du fait que, dans la construction, les congés des salariés ne sont pas rémunérés directement par l’employeur mais par des caisses indépendantes et ne sont donc pas pris en compte. Or le positionnement atypique des vacances scolaires a entraîné moins de congés en décembre 2023 qu’en décembre 2022.

L’activité bancaire ralentit

En 2023, l’activité bancaire à La Réunion ralentit nettement.

Les crédits aux ménages fléchissent (+2,8 % après +8,5 % en 2022), particulièrement les encours de crédits immobiliers (+1,9 %). L’endettement des entreprises augmente modestement (+0,9 % sur un an).

Du côté des actifs financiers, la collecte décélère également. L’épargne des ménages réunionnais progresse encore moins vite que l’année précédente (+2,5 % après +4,7 % en 2022).

Le risque bancaire reste contenu.

La fréquentation hôtelière diminue légèrement malgré la hausse du trafic aérien

Les aéroports de La Réunion ont accueilli 15 % de plus de passagers qu’en 2022 (2,7 millions). Leur activité atteint ainsi pour la première fois un niveau supérieur à celui d’avant la crise sanitaire de la Covid-19.

Cette hausse est liée au retour à la normale sur les lignes internationales, qui représentent un tiers du trafic aérien. Sur ces lignes, le nombre de passagers augmente de 57 % et s’approche de son niveau d’avant-crise sanitaire.

Cela a partiellement profité au secteur hôtelier. Ainsi, malgré une clientèle étrangère plus nombreuse, le nombre de nuitées dans les hôtels et autres hébergements collectifs touristiques baisse de 2 % par rapport à 2022. C’est particulièrement le cas en juillet-août, pendant l’hiver austral, et dans les zones plus touristiques du Sud et de l’Ouest de l’île. Le nombre de nuitées recule dans les établissements non classés et ceux de 1 et 2 étoiles, tandis que les établissements classés en 4 et 5 étoiles s’en sortent mieux (+4 % de nuitées).

En lien avec cette fréquentation atone, les créations d’emplois dans le secteur de l’hébergement et la restauration ralentissent fortement en 2023 : seuls 100 emplois sont créés en 2023 (+1,1 %), après un fort regain post-crise sanitaire qui a perduré jusqu’en 2022.

En 2023, la production agricole est quasiment stable mais la valeur ajoutée baisse, pénalisée par la hausse des prix des intrants

En 2023, à La Réunion, la valeur de la production agricole reste quasiment stable (+0,3 %). La baisse de la valeur de la production végétale (-2,7 %) est compensée par une production animale en nette hausse (+9,1 % en valeur). Toutefois, sous l’effet des prix notamment, la valeur des intrants augmente en 2023 (+6,1 %), plus fortement qu’en 2022. De fait, la valeur ajoutée brute agricole baisse de 3,9 % par rapport à 2022, à un niveau inférieur aux années 2020 et 2021.

Le bilan de la filière de la canne à sucre est mitigé. Le poids de la canne broyée progresse de seulement 10 % par rapport à 2022, où le tonnage avait atteint un niveau historiquement faible, et la richesse en sucre des cannes récoltées diminue.

Les importations et les exportations baissent

En 2023, les importations se replient en valeur (-3,6 %) et en volume, après une forte hausse l’année précédente (+20 %), consécutive au choc inflationniste.

Le recul des importations s’explique en partie par la baisse du prix et du volume importé des produits pétroliers, en lien avec la conversion à l’utilisation de la biomasse des moteurs diesel des centrales thermiques. Ce recul tient aussi à la baisse en valeur des imports de biens de consommation non durable (notamment ceux provenant de l’industrie agroalimentaire) et durables.

Les exportations de La Réunion baissent de 6 % par rapport à 2022. En lien avec une campagne sucrière mitigée, les exportations de sucre chutent de 30 %, celles de rhum diminuent de 5 %. De même, les exports des poissons issus des mers australes baissent de 6 %. De plus, les exportations de produits fruitiers chutent de 30 %, du fait notamment de la plus faible production de letchis.

Ainsi, le trafic de marchandises par bateau diminue de 8 % après une première baisse en 2022 (-6 %) faisant suite à la très forte reprise en sortie de crise sanitaire (2021). Si le fret aérien croît légèrement en 2023, il n’a toujours pas retrouvé son niveau de 2019.

Le secteur de la construction en net retrait

En 2023, le nombre d’autorisations de construction de logements diminue de 8 % à La Réunion, comme les mises en chantier. Toutefois, le recul est moins important qu’au niveau national (-24 % pour les autorisations comme les mises en chantier). Côté autorisations de constructions, ce sont les logements individuels qui chutent le plus sur l’île (-16 %), alors que les deux segments sont en net retrait au niveau national.

Par ailleurs, le financement du parc locatif social et intermédiaire et les démarrages de chantiers de logement sociaux diminuent également en 2023. Toutefois, les mises en service remontent légèrement.

Ainsi, le secteur de la construction perd 500 emplois hors intérim en 2023 (-2,5 %) alors qu’en 2022, 600 emplois étaient créés et 1 100 en 2021.

Contexte national - En 2023, le décalage conjoncturel entre les États-Unis et les différentes économies européennes s’est confirmé

En 2023, le décalage conjoncturel entre les États-Unis et les différentes économies européennes s’est confirmé (figure 2). La croissance américaine a ainsi atteint +2,5 % contre +0,6 % dans la zone euro, où l’activité a été globalement étale tout au long de l’année, et +0,1 % au Royaume-Uni. Parmi les principales économies de la zone euro, la France et l’Italie ont connu une dynamique de croissance globalement assez proche en 2023 (+1,1 % en France et +1,0 % en Italie). Le moteur allemand a quant à lui calé (croissance nulle en 2023), tandis que l’économie espagnole a poursuivi son rattrapage (+2,5 %).

L’Europe est restée exposée à des prix énergétiques élevés, bien qu’en repli, et a pâti des effets du resserrement monétaire. L’économie américaine y a été moins sensible, bénéficiant de puissants soutiens budgétaires. En Chine, passé le rebond consécutif à la réouverture de l’économie, la croissance s’est stabilisée à un rythme sensiblement inférieur à celui de la décennie 2010, pénalisée notamment par la contraction du secteur immobilier. Le ralentissement chinois a, toutefois, un effet global ambigu pour l’économie française : s’il freine l’activité via les canaux commerciaux, il contribue en revanche à la détente des prix des matières premières et constitue ainsi un facteur de soutien.

Figure 2Croissance trimestrielle du PIB dans la zone euro et aux États-Unis

(en %)
Croissance trimestrielle du PIB dans la zone euro et aux États-Unis ((en %))
Date États-Unis Zone euro
T1 2022 -0,50 0,63
T2 2022 -0,14 0,79
T3 2022 0,66 0,46
T4 2022 0,64 -0,03
T1 2023 0,56 0,08
T2 2023 0,51 0,11
T3 2023 1,19 0,02
T4 2023 0,84 -0,07
  • Sources : Bureau of Economic Analysis, Eurostat.

Figure 2Croissance trimestrielle du PIB dans la zone euro et aux États-Unis

  • Sources : Bureau of Economic Analysis, Eurostat.

En France, la croissance de l'économie a été modérée en 2023 : le PIB (en volume) a augmenté de 0,9 % en données brutes (+1,1 % en données corrigées des jours ouvrables), après une hausse de 2,6 % en 2022. La production a ralenti (+1,5 % en volume après +4,1 %).

La croissance de la production est principalement portée par les services marchands, qui ralentissent mais sont en hausse de 2,4 %, et en particulier par les services aux entreprises et d'information-communication. La production en construction est quasi stable (-0,1 %), mais cette stabilité masque un repli important dans la construction de logements neufs que compense la bonne tenue des activités d’entretien-amélioration et de génie civil. La production industrielle rebondit (+0,5 % après -0,4 %), avec des situations très contrastées suivant les branches. La production de matériels de transport, encore très dégradée en 2022 par rapport à son niveau d’avant-crise, accélère nettement en 2023 (+11,3 % après +7,8 %), les difficultés d’approvisionnement s’atténuant. À l’inverse, la production d'« autres produits manufacturés » se replie de nouveau (-3,6 % après -0,9 %), notamment pour les industries les plus énergivores (chimie, papeterie, métallurgie), très pénalisées par la hausse des prix de l'énergie.

L’emploi salarié a nettement ralenti en 2023, augmentant de 0,6 % sur l’année (soit 156 000 créations nettes d’emploi entre fin 2022 et fin 2023), après +1,4 % en 2022 (soit +376 000 emplois) et +3,2 % en 2021 (soit +814 000 emplois). Le taux de chômage au sens du BIT s’est stabilisé en fin d’année à 7,5 % de la population active. Il est supérieur de 0,4 point à son niveau de fin 2022, qui était le plus bas depuis 1982. La hausse progressive du chômage depuis lors résulte du ralentissement de l’emploi alors que la population active est restée dynamique.

Le pouvoir d’achat des ménages a rebondi, malgré une inflation qui demeure élevée

Après être resté pendant près d’un an sur un plateau autour de +6 %, le glissement annuel des prix à la consommation en France a nettement diminué à partir du printemps 2023, du fait notamment du ralentissement des prix des produits pétroliers et des produits alimentaires (figure 3). L’inflation est néanmoins restée relativement élevée : en moyenne annuelle, elle s’est établie à +4,9 %, en 2023 après +5,2 % en 2022. L’alimentation a été la principale contributrice à l’inflation d’ensemble entre septembre 2022 et septembre 2023. Dès avril 2023 cependant, les prix des produits alimentaires ont nettement ralenti, en raison du reflux des prix des produits agricoles depuis leur pic de mai 2022. De même, la contribution des prix des produits manufacturés à l’inflation d’ensemble a reflué à compter du milieu d’année. Ce sont désormais les prix des services, tirés par la dynamique des salaires, qui soutiennent l’inflation.

En ce qui concerne les rémunérations, le salaire moyen par tête (SMPT) dans les branches marchandes non agricoles et le (SMB) ont été dynamiques en termes nominaux (respectivement +4,1 % et +4,3 %). Cependant, ils ont de nouveau reculé en termes réels (respectivement -0,8 % et -0,6 %). Comme en 2022, ces reculs inédits traduisent le fort dynamisme des prix sur la période récente. En deux ans, le recul du SMB réel atteint ainsi 2,5 %.

Figure 3Inflation en France et contributions par poste

(évolution en %, contributions en points)
Inflation en France et contributions par poste ((évolution en %, contributions en points)) - Lecture : en décembre 2023, l’inflation d’ensemble s’établit à 3,7 % sur un an. L’alimentation contribue pour +1,2 point à l’inflation d’ensemble.
Date Alimentation Énergie Produits manufacturés Services Tabac Ensemble Ensemble sous-jacent
janv.-2019 0,4 0,2 -0,1 0,5 0,3 1,2 0,7
févr.-2019 0,5 0,3 -0,1 0,4 0,3 1,3 0,7
mars-2019 0,4 0,4 -0,1 0,3 0,2 1,1 0,5
avr.-2019 0,4 0,4 -0,1 0,5 0,2 1,3 0,7
mai-2019 0,4 0,3 -0,2 0,3 0,2 0,9 0,4
juin-2019 0,4 0,2 -0,2 0,6 0,2 1,2 0,9
juil.-2019 0,5 0,1 -0,2 0,5 0,2 1,1 0,9
août-2019 0,5 0,1 -0,2 0,5 0,2 1,0 0,7
sept.-2019 0,3 0,0 -0,2 0,6 0,2 0,9 0,9
oct.-2019 0,3 -0,1 -0,1 0,6 0,2 0,8 1,0
nov.-2019 0,3 -0,1 -0,2 0,6 0,3 1,0 1,0
déc.-2019 0,3 0,2 -0,1 0,7 0,3 1,5 1,1
janv.-2020 0,3 0,4 -0,1 0,6 0,3 1,5 1,0
févr.-2020 0,3 0,1 0,1 0,7 0,3 1,4 1,2
mars-2020 0,3 -0,3 -0,1 0,5 0,3 0,7 0,7
avr.-2020 0,6 -0,7 -0,1 0,3 0,3 0,3 0,2
mai-2020 0,6 -0,9 -0,2 0,6 0,3 0,4 0,6
juin-2020 0,4 -0,7 -0,3 0,5 0,3 0,2 0,3
juil.-2020 0,2 -0,6 0,5 0,5 0,3 0,8 1,3
août-2020 0,1 -0,6 -0,1 0,4 0,3 0,2 0,5
sept.-2020 0,1 -0,6 0,0 0,3 0,3 0,0 0,5
oct.-2020 0,2 -0,6 0,0 0,2 0,3 0,0 0,3
nov.-2020 0,3 -0,6 -0,1 0,3 0,3 0,2 0,4
déc.-2020 0,2 -0,6 -0,2 0,4 0,3 0,0 0,2
janv.-2021 0,2 -0,5 0,2 0,4 0,3 0,6 1,1
févr.-2021 0,1 -0,1 -0,1 0,4 0,3 0,6 0,5
mars-2021 0,2 0,4 0,0 0,5 0,1 1,1 1,0
avr.-2021 0,0 0,6 -0,1 0,6 0,1 1,2 1,0
mai-2021 0,0 0,8 0,0 0,5 0,1 1,4 0,9
juin-2021 0,0 0,8 0,2 0,4 0,1 1,5 1,1
juil.-2021 0,2 0,9 -0,3 0,3 0,1 1,2 0,0
août-2021 0,2 0,9 0,3 0,3 0,1 1,9 1,0
sept.-2021 0,2 1,1 0,1 0,7 0,1 2,2 1,4
oct.-2021 0,1 1,5 0,1 0,8 0,1 2,6 1,5
nov.-2021 0,1 1,6 0,2 0,9 0,0 2,8 1,8
déc.-2021 0,2 1,4 0,3 0,8 0,0 2,8 2,0
janv.-2022 0,3 1,5 0,2 0,9 0,0 2,9 1,6
févr.-2022 0,4 1,7 0,6 1,1 0,0 3,6 2,4
mars-2022 0,5 2,3 0,5 1,1 0,0 4,5 2,5
avr.-2022 0,6 2,1 0,7 1,4 0,0 4,8 3,2
mai-2022 0,7 2,2 0,7 1,5 0,0 5,2 3,6
juin-2022 1,0 2,7 0,6 1,6 0,0 5,8 3,7
juil.-2022 1,1 2,4 0,7 1,9 0,0 6,1 4,3
août-2022 1,3 1,9 0,9 1,9 0,0 5,9 4,8
sept.-2022 1,6 1,5 0,9 1,5 0,0 5,6 4,6
oct.-2022 2,0 1,7 1,0 1,5 0,0 6,2 5,0
nov.-2022 2,0 1,6 1,1 1,4 0,0 6,2 5,3
déc.-2022 2,0 1,3 1,1 1,4 0,0 5,9 5,3
janv.-2023 2,2 1,4 1,1 1,3 0,0 6,0 5,5
févr.-2023 2,4 1,3 1,1 1,5 0,0 6,3 5,8
mars-2023 2,5 0,4 1,2 1,4 0,1 5,7 6,0
avr.-2023 2,4 0,6 1,1 1,6 0,2 5,9 6,2
mai-2023 2,3 0,2 1,0 1,5 0,2 5,1 5,7
juin-2023 2,2 -0,3 1,0 1,5 0,2 4,5 5,7
juil.-2023 2,0 -0,4 0,8 1,6 0,2 4,3 5,5
août-2023 1,8 0,6 0,7 1,6 0,2 4,9 5,0
sept.-2023 1,6 1,0 0,7 1,4 0,2 4,9 4,6
oct.-2023 1,3 0,4 0,5 1,6 0,2 4,0 4,2
nov.-2023 1,2 0,2 0,4 1,4 0,2 3,5 3,4
déc.-2023 1,2 0,5 0,3 1,6 0,2 3,7 3,4
  • Lecture : en décembre 2023, l’inflation d’ensemble s’établit à 3,7 % sur un an. L’alimentation contribue pour +1,2 point à l’inflation d’ensemble.
  • Source : Insee.

Figure 3Inflation en France et contributions par poste

  • Lecture : en décembre 2023, l’inflation d’ensemble s’établit à 3,7 % sur un an. L’alimentation contribue pour +1,2 point à l’inflation d’ensemble.
  • Source : Insee.

En 2023, le pouvoir d’achat des ménages a accéléré (+0,8 %, après +0,3 % en 2022, figure 4). Les revenus nets d’activité ont ralenti mais sont restés dynamiques (+5,0 % après +7,2 % en 2022). Les prestations sociales en espèces ont augmenté de 4,7 % après +1,7 %, sous l’effet principalement des revalorisations des retraites (effet en année pleine de la revalorisation de juillet 2022 et revalorisation résiduelle de janvier 2023) : les retraites ont ainsi progressé de façon soutenue (+5,3 %). Les revenus du patrimoine, corrigés de l’effet , accélèrent en 2023 (+7,5 % après +5,8 %) sous l’effet de la hausse des taux d’intérêt et de versements dynamiques de dividendes et des autres revenus d’investissement. Au total, le revenu disponible brut (RDB) hors effet SIFIM de l’ensemble des ménages a accéléré (+5,8 % après +5,0 %).

Figure 4Variations annuelles du pouvoir d’achat et contributions de ses principales composantes

(évolution en %, contributions en points)
Variations annuelles du pouvoir d’achat et contributions de ses principales composantes ((évolution en %, contributions en points)) - Lecture : en 2023, les revenus du patrimoine (hors effet SIFIM) contribuent pour +1,6 point à l’évolution du revenu disponible brut (RDB) hors effet SIFIM.
Date Revenus d'activité Prélèvements sociaux-fiscaux Prestations sociales en espèces Revenus du patrimoine (hors effet SIFIM) Prix de la consommation des ménages hors SIFIM Pouvoir d'achat du RDB Pouvoir d'achat du RDB par unité de consommation
2019 2,2 -0,2 1,0 0,4 -0,8 2,6 2,0
2020 -2,5 1,0 3,0 -0,4 -0,8 0,2 -0,4
2021 5,2 -1,3 -0,5 1,7 -1,4 3,4 2,8
2022 5,2 -2,0 0,6 1,2 -4,7 0,3 -0,4
2023 3,7 -0,9 1,6 1,6 -4,8 0,8 0,3
  • Lecture : en 2023, les revenus du patrimoine (hors effet SIFIM) contribuent pour +1,6 point à l’évolution du revenu disponible brut (RDB) hors effet SIFIM.
  • Source : Insee, comptes nationaux.

Figure 4Variations annuelles du pouvoir d’achat et contributions de ses principales composantes

  • Lecture : en 2023, les revenus du patrimoine (hors effet SIFIM) contribuent pour +1,6 point à l’évolution du revenu disponible brut (RDB) hors effet SIFIM.
  • Source : Insee, comptes nationaux.

La consommation des ménages a progressé à un rythme proche du pouvoir d’achat (+0,8 %), si bien que le taux d’épargne des ménages s’est quasiment stabilisé (16,9 % après 16,8 %). Le taux d’épargne reste à un niveau nettement plus élevé que sa moyenne entre 2009 et 2019 (14,7 %). La consommation en produits alimentaires a continué de baisser (-3,6 %, après -3,2 % en 2022). Ces produits sont les plus marqués par l'inflation, avec une hausse des prix de 11,3 % en 2023 (après +6,3 % en 2022). Également très marquée par l'inflation, la consommation en biens énergétiques diminue de nouveau fortement comme en 2022 (-2,5 % après -3,3 %). À l’inverse, la consommation des ménages en services reste dynamique, en particulier dans l'information-communication (+5,6 %), dans les services de transport (+6,7 %) et dans l'hébergement-restauration (+5,5 %).

L’investissement des ménages a sombré, celui des administrations et des entreprises a résisté

En réponse à la hausse de l’inflation, les principales banques centrales, dont la Banque centrale européenne à partir de l’été 2022, ont procédé à un resserrement rapide des politiques monétaires, entraînant une augmentation du coût du crédit pesant sur l’investissement des entreprises comme des ménages. Ce dernier est de nouveau en forte baisse (-8,5 %), pénalisé par la baisse de l'investissement en construction (-5,6 %) et par celle des achats de biens immobiliers (-18,4 % d'investissement en services techniques, comprenant les frais de notaires). L'investissement des entreprises non financières progresse au même rythme qu’en 2022 (+2,7 % après +2,9 %), toujours porté par l’investissement en services d'information-communication. Au total, l’investissement se redresse légèrement en 2023 (+0,4 % en volume après 0,0 %), principalement porté par les investissements des administrations publiques (+6,9 %), qui augmentent dans les matériels de transport, avec notamment la livraison d'un sous-marin.

Le solde extérieur de la France s’améliore

En 2023, les flux de commerce extérieur en volume marquent le pas après deux années de forte hausse. Les exportations augmentent encore un peu (+2,1 % après +8,2 %), alors que les importations sont quasi stables (+0,3 % après +8,8 %). Le solde extérieur en volume s’améliore légèrement. Cette amélioration s’explique surtout par les biens, en particulier les biens énergétiques : la France est de nouveau exportatrice nette d'électricité, et ses imports en gaz et en pétrole baissent fortement, les stocks ayant atteint des niveaux très élevés. Les exportations de matériels de transport, en particulier en aéronautique, accélèrent nettement, mais les importations, notamment de véhicules électriques, augmentent aussi fortement. Les exportations en volume de services se replient, tirées vers le bas par les exportations de services de transport (-7,5 %), tandis que les importations de services sont en forte hausse, avec notamment +15,1 % de services de transport et +7,7 % de services aux entreprises. Au final, la contribution du commerce extérieur à la croissance du PIB a été nettement positive en 2023 (+0,6 point), en partie compensée par un mouvement de déstockage (-0,4 point) (figure 5).

Figure 5Évolution du PIB en volume et contributions à cette évolution

(évolution en %, contributions en points)
Évolution du PIB en volume et contributions à cette évolution ((évolution en %, contributions en points)) - Lecture : En 2023, la croissance du PIB est de 0,9 %. La consommation des ménages et des APU contribue pour 0,6 point à cette croissance.
Année Consommation (ménages et APU ¹) Investissement Solde du commerce extérieur Variation de stocks Produit intérieur brut (PIB)
2019 1,2 0,9 0,0 -0,1 2,0
2020 -4,5 -1,3 -1,3 -0,3 -7,4
2021 4,5 2,2 0,7 -0,5 6,9
2022 2,3 0,0 -0,3 0,5 2,6
2023 0,6 0,1 0,6 -0,4 0,9
  • ¹ : Administrations publiques.
  • Lecture : En 2023, la croissance du PIB est de 0,9 %. La consommation des ménages et des APU contribue pour 0,6 point à cette croissance.
  • Source : Insee, comptes nationaux, base 2020.

Figure 5Évolution du PIB en volume et contributions à cette évolution

  • ¹ : Administrations publiques.
  • Lecture : En 2023, la croissance du PIB est de 0,9 %. La consommation des ménages et des APU contribue pour 0,6 point à cette croissance.
  • Source : Insee, comptes nationaux, base 2020.
Publication rédigée par :Cédric Planchat, Clément Bortoli, Gaston Vermersch (Insee)

Définitions

Heures rémunérées :

le volume d’heures rémunérées correspond à la durée pour laquelle le salarié est rémunéré sur une période. Cela inclut notamment les heures supplémentaires mais aussi les absences pour lesquelles le salarié perçoit une rémunération, comme les congés payés, les jours fériés ou les jours attribués au titre de la réduction du temps de travail. Ce volume d’heures rémunérées est une composante importante de l’activité économique, même s’il ne la mesure pas directement : d’une part, certaines absences sont considérées comme du travail rémunéré et d’autre part, la rémunération des salariés ne reflète pas toujours les fluctuations de leur productivité.

Le SMB correspond à la composante sous-jacente du SMPT, à côté de la composante conjoncturelle affectée notamment par les versements de primes et les heures supplémentaires.

Les services d’intermédiation financière indirectement mesurés (SIFIM) mesurent les services d’intermédiation liés à l’octroi de crédits et à la gestion des dépôts par les banques. L’imputation de SIFIM majore l’évolution des revenus du patrimoine dans un contexte de remontée de taux d’intérêt ainsi que le prix de la consommation des ménages, mais l’effet de cette imputation sur l’évolution du pouvoir d’achat du RDB est faible (encadré 2 de l’IP no 1997 « Les comptes de la Nation en 2023 »).

Pour en savoir plus

(1) Héam J.-C., Meinzel P., Morvan F., « Les comptes de la Nation en 2023 », Insee Première no 1997, mai 2024.

Le SMB correspond à la composante sous-jacente du SMPT, à côté de la composante conjoncturelle affectée notamment par les versements de primes et les heures supplémentaires.

Les services d’intermédiation financière indirectement mesurés (SIFIM) mesurent les services d’intermédiation liés à l’octroi de crédits et à la gestion des dépôts par les banques. L’imputation de SIFIM majore l’évolution des revenus du patrimoine dans un contexte de remontée de taux d’intérêt ainsi que le prix de la consommation des ménages, mais l’effet de cette imputation sur l’évolution du pouvoir d’achat du RDB est faible (encadré 2 de l’IP no 1997 « Les comptes de la Nation en 2023 »).