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Insee Conjoncture Grand Est · Juin 2022 · n° 32
Insee Conjoncture Grand EstBilan économique 2021 - Grand Est Malgré la pandémie et ses conséquences, l’économie du Grand Est retrouve des couleurs

L’année 2021 est marquée par une reprise de l’activité économique et de l’emploi, dans la région comme au niveau national. La progression des campagnes de vaccination, en France et dans les pays voisins, permet la levée progressive des mesures sanitaires. L’emploi progresse et le chômage recule. Les créations d’entreprises sont toujours plus nombreuses, principalement sous le régime de micro-entrepreneur. Le secteur de la construction fait preuve d’un dynamisme remarquable. Les récoltes agricoles sont globalement dans les normes, et on assiste à un fort rebond des expéditions de champagne. Cependant, hors fret aérien, le transport de marchandises et de passagers demeure très en deçà de son niveau d’avant-crise. Au deuxième semestre, la mise en place d’un pass sanitaire en France pour l’accès à certains lieux publics, et la recrudescence de l’épidémie en toute fin d’année, n’ont pas d’impact sur l’économie régionale.

Insee Conjoncture Grand Est
No 32
Paru le :Paru le21/06/2022

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2021 publiés par l'Insee.
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Transfrontalier - Comme en France, l’activité économique se redresse dans tous les pays frontaliers Bilan économique 2021

Thibaut Martini, Olivasoa Razafindramanana (Insee)

En 2021, malgré les restrictions de l’année précédente, la croissance repart dans les quatre pays voisins du Grand Est, et leurs territoires ; la Rhénanie-Palatinat se distingue en particulier, grâce au développement et à la production d’un vaccin contre le Covid-19. L’activité économique augmente dans presque tous les secteurs. Le chômage baisse en Allemagne et au Luxembourg, alors qu’il s’accroît en Suisse et en Belgique.

Insee Conjoncture Grand Est

No 32

Paru le :21/06/2022

Suisse : la croissance s’améliore et l’industrie manufacturière redémarre

Selon une estimation provisoire du Secrétariat d’État à l’économie (SECO), le PIB de la Suisse progresse de 3,7 % en 2021, après le recul de 2020. Dès l’été 2021, la création de valeur ajoutée dépasse le niveau d’avant la pandémie. L’industrie manufacturière rebondit (+ 11,2 %), la construction affiche une hausse de 1,2 % et le commerce diminue très légèrement par rapport à l’année précédente. L’activité du secteur de l’hébergement et de la restauration croît de 4,0 %, après la chute considérable de 41,8 % en 2020 ; l’activité des secteurs de la finance, des assurances et des services aux entreprises est en hausse de 1,4 %.

La consommation des ménages augmente de 2,6 % et la consommation publique poursuit sa progression (+ 2,7 %). Le commerce extérieur suisse se révèle très dynamique avec une hausse des exportations de 15,2 % (260 milliards de francs) et des importations de 10,1 % (200 milliards de francs). En 2021, le nombre de chômeurs est en hausse de 5,9 % et s’élève à 252 000. Près de 352 000 frontaliers étrangers travaillent en Suisse en 2021 (+ 3,1 %). Concernant les frontaliers résidant en Alsace, plus de 35 000 ont un emploi dans l’un des cinq cantons de la Suisse du Nord-Ouest (+ 1,9 % sur un an). Le taux de chômage suisse au sens du BIT passe à 5,1 % (+ 0,3 point), et à 4,6 % pour la Suisse du Nord-Ouest (+ 0,4 point).

Reprise économique en Allemagne

En 2021, le PIB allemand repart à la hausse (+ 2,9 %) après une profonde récession au cours de l’année de crise sanitaire 2020. Cette progression est presque trois fois plus élevée qu’en 2019. Par rapport à l’année précédente, la production augmente dans presque tous les secteurs en 2021, sans atteindre le niveau d’avant-crise. La valeur ajoutée brute (VAB) dans l’industrie manufacturière progresse de 4,4 % comparée à 2020. Celle des services aux entreprises (recherche et développement, conseils juridiques et fiscaux, bureaux d’ingénierie) augmente de 5,4 %. Dans le secteur du commerce, des transports et de l’hôtellerie, la croissance est limitée à 3,0 % en raison des restrictions sanitaires. En revanche, dans la construction, la VAB baisse légèrement de 0,4 % par rapport à l’année 2020.

La consommation publique continue de progresser (+ 3,4 %) tandis que celle des ménages reste stable. Le commerce extérieur se redresse après la forte baisse de 2020. Les exportations de biens et services croissent de 9,4 %, les importations de 8,4 %. L’économie allemande termine l’année avec un besoin de financement de 153,9 milliards d’euros. En moyenne en 2021, 44,9 millions d’actifs occupent un emploi, soit une légère hausse de 0,2 % en un an. Le tertiaire emploie 33,7 millions d’actifs, soit 94 000 personnes de plus que l’année précédente. L’emploi s’améliore dans les services publics, l’éducation, la santé (+ 2,2 %), l’information et la communication (+ 2,4 %) et la construction (+ 1,2 %). Par contre, le commerce, le transport et l’hôtellerie perdent des emplois (- 1,8 %). C’est aussi le cas dans l’industrie (hors construction) où l’on compte 8,1 millions d’actifs. Dans le même temps, le nombre de chômeurs recule de 9,6 %, et le taux de chômage au sens du BIT passe de 3,6 % à 3,3 %.

Redressement de l’activité économique dans les trois Länder

Dans le Land du Bade-Wurtemberg, l’activité se redresse en 2021 (+ 3,4 %), après la chute de 2020. L’activité bade-wurtembergeoise croît dans presque tous les secteurs. La production industrielle progresse de 7,5 %, mais ne retrouve pas son niveau de 2019. Après la baisse de 2020, l’activité dans le secteur du commerce, transport et hôtellerie est en hausse de 2,0 %, alors qu’elle diminue de 1,8 % dans la construction. Après la chute du commerce extérieur en 2020, les exportations et les importations du Bade-Wurtemberg rebondissent en 2021, et dépassent le niveau d’avant la pandémie pour atteindre des records inégalés depuis 2008 (respectivement 221,7 et 198,2 milliards d’euros). Comparées à l’année précédente, les exportations augmentent de 16,9 % et les importations de 14,1 %. La part des demandeurs d’emploi dans la population active baisse pour s’établir à 3,4 %, contre 4,2 % l’an dernier.

En 2021, la Rhénanie-Palatinat connaît une hausse historique de son PIB (+ 9,6 %), largement portée par l’industrie. Elle bénéficie du développement et de la production d’un vaccin contre le coronavirus, la plaçant de loin en tête des Länder. Il s’agit du seul Land où l’activité économique dépasse son niveau d’avant-crise. Le secteur manufacturier se redresse rapidement en 2021, la valeur ajoutée brute de l’industrie croissant de 12 %. Dans l’industrie des biens de consommation, elle augmente aussi fortement (+ 23 %), avec l’extraordinaire hausse des ventes de l’industrie pharmaceutique (+ 96 %). Le secteur des services présente une croissance record en 2021 depuis les 30 dernières années (+ 11 %). Les exportations progressent de 10 % et atteignent environ 54 milliards d’euros. La valeur des importations augmente davantage (+ 18 %), et s’élève à 41,9 milliards d’euros. L’emploi est en léger repli (- 1,2 % entre 2020 et 2021) et s’établit à 2,02 millions d’actifs. En moyenne, environ 112 000 personnes sont inscrites au chômage. La part des demandeurs d’emploi dans la population active diminue à 4,4 %, contre 5,1 % l’année 2020.

Après les fortes baisses de 2020 et 2019, l'économie sarroise se redresse légèrement en 2021 (+ 1,4 %). Dans ce contexte, les exportations et les importations redémarrent également, avec une hausse respective de 11,5 % et 17,7 % : les exportations s’élèvent à 15 milliards d’euros, face à 16 milliards d’euros d’importations. La part des demandeurs d’emploi dans la population active s’établit à 6,1 %, soit - 1,0 point.

En Belgique, le PIB se redresse et le chômage augmente

En euros courants, le PIB belge s’élève à 457 milliards, soit un rebond de 6,2 % en 2021. La région wallone représente 23,2 % du PIB national belge, un poids stable depuis 1995, année de référence. En 2021, le PIB de la Wallonie progresse moins que le PIB de l’ensemble de la Belgique ; il avait d’ailleurs davantage reculé en 2020.

La population totale est de 6,7 millions d’habitants, en augmentation de 0,2 % sur un an. D’après l’office belge de statistique (Statbel) et l’enquête sur les forces de travail (EFT), la population active s’élève à 5,1 millions de personnes, soit presque 100 000 de plus par rapport à 2020. On dénombre 323 000 chômeurs (+ 14,6 % en un an), soit 41 000 individus supplémentaires, après une hausse plus contenue l’année précédente. En conséquence, le taux de chômage des 15-64 ans au sens du BIT progresse de 0,7 point et atteint 6,3 %. En Wallonie, les 136 000 chômeurs (+ 26 000 en 2021) représentent 42 % de l’ensemble des chômeurs, alors que le poids de la région dans la population n’est que de 31,4 %. Ainsi, le taux de chômage augmente fortement cette année dans la région, et s’établit à 8,9 % (+ 1,5 point).

Au Luxembourg, le travail frontalier poursuit son essor

En 2021, le PIB luxembourgeois s’élève à 64,2 milliards d’euros en prix courants (+ 6,9 %), selon l’Institut national de la statistique et des études économiques luxembourgeois (Statec). C’est la plus forte croissance depuis 2007, année où elle avait atteint 8,1 %. En 2020, le Luxembourg faisait partie des pays européens où la contraction du PIB était la moins importante (- 1,8 %).

En un an, l’emploi intérieur progresse de 3,6 %, et correspond à 495 000 personnes. L’emploi des frontaliers sur le territoire luxembourgeois augmente de 4,5 % en un an (+ 9 300), et prend une place prépondérante dans l’économie : 44 % de l’emploi intérieur est occupé par une personne résidant à l’étranger. Avec 14 200 chômeurs, - 18 % en un an, le taux de chômage s’établit à 5,0 %.

Figure 1Taux de croissance du PIB : Variation par rapport à l'année précédente

en %
Taux de croissance du PIB : Variation par rapport à l'année précédente (en %)
2016 2017 2018 2019 2020 2021
Allemagne 2,2 2,7 1,1 1,1 -4,9 2,9
Bade- Wurtemberg 1,2 3,6 2,2 -0,5 -5,4 3,4
Rhénanie-Palatinat 1,1 1,4 0,6 0 -4,5 9,6
Sarre -0,5 1,0 -0,5 -3,1 -6,7 1,4
Suisse 1,6 1,8 3,0 1,1 -2,4 3,7
Belgique 1,3 1,6 1,8 2,1 -5,7 6,2
Wallonie 1,5 1,8 2,9 2,5 -6,2 5,7
Luxembourg 5,0 1,3 2,0 3,3 -1,8 6,9
France 1,1 2,3 1,9 1,8 -7,9 7
Zone euro 1,9 2,6 1,8 1,6 -6,4 5,4
Union Européenne 2,0 2,8 2,1 1,8 -5,9 5,3
  • Note : le produit intérieur brut (PIB) est une mesure de l'activité économique. Il est défini comme la valeur de tous les biens et services produits, moins la valeur des biens et services utilisés dans leur création. Le calcul du taux de croissance annuel du PIB en volume est destiné à permettre les comparaisons des dynamiques du développement économique à la fois à travers le temps et entre des économies de différentes tailles.
  • Pour le calcul du taux de croissance du PIB en volume, le PIB à prix constants est évalué avec les prix de l'année précédente et les changements du volume ainsi calculés sont imputés au niveau d'une année de référence. C'est ce qu'on appelle une série chaînée liée. Par conséquent, les mouvements de prix ne contribuent pas à augmenter le taux de croissance.
  • Sources : INSEE, Destatis, Statistisches Landesämter Rheinland-Pfalz, Baden-Württemberg, Saarland, Confédération Suisse, Secrétariat d'Etat à l'économie. Banque nationale de Belgique, Office national pour l'emploi belge, Institut wallon de l'évaluation, de la prospective et de la statistique, Institut national de la statistique et des études luxembourgeois.

Figure 1Taux de croissance du PIB : Variation par rapport à l'année précédente

  • Note : le produit intérieur brut (PIB) est une mesure de l'activité économique. Il est défini comme la valeur de tous les biens et services produits, moins la valeur des biens et services utilisés dans leur création. Le calcul du taux de croissance annuel du PIB en volume est destiné à permettre les comparaisons des dynamiques du développement économique à la fois à travers le temps et entre des économies de différentes tailles.
  • Pour le calcul du taux de croissance du PIB en volume, le PIB à prix constants est évalué avec les prix de l'année précédente et les changements du volume ainsi calculés sont imputés au niveau d'une année de référence. C'est ce qu'on appelle une série chaînée liée. Par conséquent, les mouvements de prix ne contribuent pas à augmenter le taux de croissance.
  • Sources : INSEE, Destatis, Statistisches Landesämter Rheinland-Pfalz, Baden-Württemberg, Saarland, Confédération Suisse, Secrétariat d'Etat à l'économie. Banque nationale de Belgique, Office national pour l'emploi belge, Institut wallon de l'évaluation, de la prospective et de la statistique, Institut national de la statistique et des études luxembourgeois.
Publication rédigée par :Thibaut Martini, Olivasoa Razafindramanana (Insee)