En avant saison 2021, les secteurs de l’hébergement et restauration, les plus liés au tourisme, restent fortement impactés par les mesures d’endiguement : fermetures prolongées d’établissements et contraintes maintenues sur les déplacements. Jusqu’en mai, les chiffres d’affaires (CA) déclarés par les entreprises sont encore nettement inférieurs à ceux de 2019. En avril, en plein confinement, la perte est la plus forte, de 77 % dans l’hébergement et 86 % dans la restauration (figure 1).

En mai, lors des réouvertures des établissements, les recettes de l’hébergement et restauration représentent la moitié de celles de 2019. Avec le déconfinement, l’éveil de la saison estivale permet à l’activité de se redresser. Ainsi en juin, les CA dans la restauration se stabilisent par rapport au même mois de 2019. À partir de juillet, les recettes dépassent leur niveau d’avant crise (+ 23 %) et restent supérieures jusqu’en novembre. Après un redémarrage plus tardif dans l’hébergement elles progressent aussi entre + 10 % et + 22 % de juillet à octobre par rapport à 2019. En fin d’année, la nouvelle dégradation des recettes, en particulier dans l’hébergement en novembre et décembre (– 25 %), traduit encore la fragilité d’un secteur amputé de sa clientèle étrangère.

En 2021, le nombre de nuitées passées dans les hôtels de Corse s’établit à 2 563 milliers (figure 2), soit une perte de 20 % par rapport à 2019. Ce repli est malgré tout moins marqué qu’en France métropolitaine (– 38 %).

De mai à décembre (avertissement), ce chiffre s’établit à 2 491 milliers en recul de 14 % par rapport à la même période de 2019. Les contraintes de déplacements à l’international pèsent encore considérablement sur la fréquentation hôtelière. Le nombre de nuitées de la clientèle étrangère baisse de 57 % par rapport à 2019. Malgré la présence accrue des touristes français, en augmentation de 2 % par rapport à l’avant crise, l’absence des visiteurs étrangers induit une perte nette totale de 401 000 nuitées dans les hôtels.

Le recul de fréquentation impacte davantage les établissements non-classés (– 40 %). Les hôtels 3 étoiles, qui concentrent plus de la moitié des nuitées hôtelières insulaires, cèdent 13 % à leur niveau de 2019 (figure 3). Les établissements 4 et 5 étoiles se rapprochent davantage de leur seuil de fréquentation antérieur (– 7,5 %).

Avec le déconfinement et la réouverture progressive des établissements, la reprise d’activité s’amorce courant mai. Toutefois, en avant-saison, les taux d’occupation restent faibles (31 %) et le repli de fréquentation (– 63 % de nuitées par rapport à mai 2019) positionne la Corse encore parmi les trois régions les plus impactées de France, derrière Grand Est et Île-de-France (respectivement – 64 % et – 77 %) (figure 4).

En cœur de saison, le taux d’occupation dans les hôtels en Corse se redresse et atteint 85 % en août, bien supérieur à celui de France métropolitaine (64 %). Ainsi, le nombre de nuitées se rapproche des niveaux d’avant crise (– 1 % en juillet et – 2 % en août). L’arrière-saison se révèle favorable aux établissements hôteliers qui enregistrent une progression de leurs nuitées de 10 % en octobre et 22 % en novembre par rapport aux seuils de 2019. L’excédent est de 2 % en décembre.

Entre mai et septembre 2021, le nombre de nuitées dans les campings diminue de 11,5 % par rapport à 2019, passant de 4 126 milliers à 3 649 milliers (figure 5). Ce repli est plus important qu’au niveau national (– 5,5 %) et le plus marqué des régions situées en façade maritime. Comme dans les hôtels, les contraintes sanitaires sur les déplacements internationaux ont privé les campings corses de la clientèle étrangère. Celle-ci recule de 43 % sur l’ensemble de la saison et de 39 % au coeur de la saison. En revanche, ces mesures ont favorisé la venue des touristes français, nettement plus nombreux qu’en 2019 (+ 8 %), notamment en septembre (+ 29,5 %).

Les campings classés 3, 4 ou 5 étoiles sont les moins pénalisés. Dans ces établissements, les emplacements équipés sont prisés par les clients français : leur fréquentation augmente respectivement de 11 % et 16 %.

Entre mai et décembre, les Autres Hébergements Collectifs de Tourisme (AHCT) enregistrent 2 979 milliers de nuitées en 2021, soit un retrait de 4 % par rapport à 2019, relativement faible au regard de la moyenne nationale (– 9 %). Contrastant avec le recul très marqué d’un début de saison en proie aux incertitudes malgré le déconfinement (entre – 45 % en mai et – 30 % en juin), le rebond des nuitées s’opère dès juillet (+ 4 %). La fréquentation ne cesse ensuite de progresser par rapport à son niveau d’avant crise, surtout en arrière-saison, de 12 % en septembre à 21 % en novembre. Offrant pour une partie d’entre eux une autonomie en termes de restauration, les AHCT attirent des vacanciers qui souhaitent préserver au mieux les gestes barrières et sont plébiscités par la clientèle française. Celle-ci progresse de 7 % par rapport à la même période d’avant-crise, limitant largement les conséquences du recul des nuitées étrangères (– 44 %). Notamment entre juillet et octobre, la progression de la fréquentation française (+ 18 %) annihile le repli des touristes étrangers (– 34 %) et engendre un excédent des nuitées globales dans les AHCT (+ 6,5 % par rapport à la même période de 2019).