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Insee Conjoncture Corse · Juin 2022 · n° 39
Insee Conjoncture CorseBilan économique 2021 - Corse L’activité économique insulaire se redresse en 2021 avec la levée estivale des restrictions sanitaires

Encore impactée par les effets de la crise sanitaire, l’activité économique régionale est ralentie au 1ᵉʳ semestre 2021 et le manque de visibilité sur la saison touristique freine les recrutements. Toutefois, l’emploi se maintient grâce aux mesures de soutien aux entreprises, notamment le chômage partiel qui reste important jusqu’en avril. Les effets du confinement sur l’avant-saison empêchent ainsi les transports de voyageurs et la fréquentation touristique de retrouver leur niveau annuel d’avant crise.

Pourtant, avec la levée des restrictions sanitaires, l’activité économique régionale se redresse nettement au 2ᵉ semestre. Le niveau global de 2019 est dépassé tant en matière de chiffre d’affaires déclaré par les entreprises enquêtées par la banque de France que d’investissements réalisés. De même, les recettes déclarées à la Direction régionale des finances publiques (DRFIP) par les entreprises soumises à la TVA sont en nette augmentation.

À partir du déconfinement, les heures rémunérées par les entreprises bondissent et l’activité retrouve un niveau supérieur à celui d’avant crise. Ainsi, en fin d’année l’emploi insulaire dépasse son volume de 2019 notamment dans les services marchands. La construction confirme son rôle moteur dans l’emploi régional alors même que les volumes antérieurs des autorisations de construire et des mises en chantier de logements restent hors de portée. L’industrie retrouve des couleurs en particulier dans l’agro-alimentaire qui rattrape le retard pris en 2020. En outre, les créations d’entreprises atteignent un nombre record sur l’île en 2021.

Parallèlement, le repli du taux de chômage se poursuit et le nombre de demandeurs d’emploi atteint en fin d’année son plus bas niveau depuis 2014. Enfin, le monde agricole résiste dans un contexte non seulement sanitaire mais aussi climatique dégradé.

Insee Conjoncture Corse
No 39
Paru le :Paru le21/06/2022

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2021 publiés par l'Insee.
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Économie des entreprises et des ménages - En 2021, le rebond d’activité anticipé par les entreprises se confirme mais les prévisions restent prudentes pour 2022 Bilan économique 2021

Bernard Benitez (Banque de France – Responsable des Affaires Régionales de Corse)

En 2020 la crise sanitaire avait bouleversé l’économie insulaire avec des reculs d’activité très importants. En 2021, le rebond, anticipé dès le début d’année par les chefs d’entreprise interrogés, se confirme et s’amplifie sous l’effet d’une demande particulièrement forte dans les trois grands secteurs. Pour 2022, les prévisions sont freinées par les difficultés d’approvisionnements et de recrutements avant même les incertitudes engendrées par la guerre en Ukraine. En 2021, les encours de crédits bancaires progressent, portés par les crédits à l’habitat et à l’équipement.

Insee Conjoncture Corse

No 39

Paru le :21/06/2022

En 2021, selon l’enquête annuelle « Bilan et perspectives en région Corse », réalisée par la Banque de France, les chiffres d’affaires des entreprises sont en net rebond, de 11,3 % sur l’ensemble des grands secteurs d’activité (figure 1). Grâce à une demande insulaire et continentale à nouveau dynamique, les professionnels retrouvent globalement en 2021 leur niveau d’activité d’avant crise sanitaire. En matière de dépenses d’investissement, la région renoue avec une tendance haussière (+ 13,0 ) portant prioritairement sur la modernisation et la mise aux normes des installations. Dans les filières liées au Tourisme (Hôtellerie-Restauration et transport), les budgets sont fortement revus à la hausse pour répondre à une saison touristique plus tardive mais particulièrement active.

Figure 1Évolution des chiffres d’affaires des trois grands secteurs d’activité en Corse

en %
Évolution des chiffres d’affaires des trois grands secteurs d’activité en Corse (en %)
2019 2020 2021 Prév.2022
Industrie 2,0 -12,8 11,3 4,8
Services -1,2 -15,3 11,2 4,2
Construction 2,9 -13,8 11,3 2,0
  • Note : Enquête début 2022 pour résultat 2021 et prévisions 2022 ; enquête début 2021 pour résultats 2020 ; enquête début 2020 pour résultats 2019.
  • Source : Banque de France, les entreprises en Corse, Bilan 2021 – Prévisions 2022.

Figure 1Évolution des chiffres d’affaires des trois grands secteurs d’activité en Corse

  • Note : Enquête début 2022 pour résultat 2021 et prévisions 2022 ; enquête début 2021 pour résultats 2020 ; enquête début 2020 pour résultats 2019.
  • Source : Banque de France, les entreprises en Corse, Bilan 2021 – Prévisions 2022.

Un net rebond pour l’industrie insulaire

Après le fort décrochage de l’activité industrielle en 2020, le rebond de la production concerne la plupart des composantes de l’industrie avec une hausse des chiffres d’affaires de 11,3 % en 2021, sauf dans la filière du matériel de transport qui connaît un exercice de transition (– 5,8 %). Au final, cette progression de la production tend à effacer les effets de la crise sanitaire. Dans un contexte encore incertain, les chefs d’entreprises revoient plutôt à la baisse leurs dépenses d’investissement (– 3,7 %). Mais celles des filières des autres produits industriels (+ 22,0 %) et de la fabrication de matériels de transport (+ 17,5 %) s’intensifient avec une vraie volonté de poursuivre la rénovation de l’outil productif.

Le secteur des services en très nette progression

Les services tertiaires marchands, poumons de l’économie en Corse, enregistrent un exercice 2021 en nette amélioration avec un volume des transactions en progression de 11,2 %. Les mesures sanitaires prises permettent finalement à l’économie insulaire de connaître une saison touristique plus tardive mais plutôt dynamique qui se prolonge jusqu’à l’automne. Globalement les volumes de 2019 sont à portée de main et toutes les composantes sectorielles suivent une tendance haussière qui dépasse même souvent les niveaux d’avant crise sanitaire.

Pour accompagner cette croissance observée en 2021, une grande majorité des professionnels ont nettement revu à la hausse leurs budgets d’investissement (+ 16,1 %).

Cette tendance est spécialement marquée pour les filières du transport et de l’hôtellerie-restauration (+ 21,7 %).

La construction en forte hausse

En 2021, le secteur de la construction (bâtiment et travaux publics) enregistre une nette hausse de la production et ce, dans toutes ses composantes (+ 11,3 %). La commande privée et, dans une moindre mesure publique vient alimenter les plans de charge particulièrement consistants. Les professionnels retrouvent dès fin 2021 leur niveau de production d’avant crise rattrapant ainsi le retard encore présent fin 2020.

Les budgets d’investissement sont orientés à la hausse (+ 7,7 %). De fait, face à une demande plus dynamique, les professionnels du bâtiment choisissent de renforcer leurs capacités de production.

Dans la filière des travaux publics, les budgets sont toutefois un peu plus contraints (– 1,3 %).

Des perspectives 2022 prudentes dans un contexte très incertain

Pour 2022, dans un contexte sanitaire moins pénalisant, les premières prévisions formulées par les chefs d’entreprise en janvier sont plutôt positives mais relativement prudentes car freinées par les difficultés d’approvisionnement et de recrutement. Bien que cette situation soit en amont des graves incertitudes nées du conflit en Ukraine dont les conséquences ne peuvent être que négatives. Ainsi, l’économie insulaire aurait pu enregistrer en 2022 une nouvelle hausse, certes plus mesurée, des chiffres d’affaires dans l’industrie (+ 4,8 %), dans les services marchands (+ 4,2 %) et dans la construction (+ 2 %).

Avant la crise ukrainienne, les dépenses d’investissement paraissaient devoir progresser dans l’industrie (+ 5,4 %) mais marquer le pas dans les services marchands (− 12,9 %) et dans la construction (– 1,8 %).

En 2021, les encours de crédits bancaires sont en progression, portés par les crédits à l’habitat et à l’équipement

Sur l’année 2021, l’encours de crédits bancaires progresse de 6,7 % en Corse (figure 2). Cette hausse est bien supérieure à celle de la France de province (+ 4,9 %). L’encours total de crédits augmente dans les deux départements de Corse (figure 3), mais plus sensiblement en Haute-Corse (+ 9,4 %) qu’en Corse du Sud (+ 3,8 %). Au final, la Haute-Corse reste majoritaire dans l’encours régional (figure 4).

Figure 2Évolution des crédits par type d’encours entre 2020 et 2021

en %
Évolution des crédits par type d’encours entre 2020 et 2021 (en %)
Évolution France Métropolitaine Évolution France de province Évolution Corse
Total 5,1 4,9 6,7
Comptes Ordinaires Débiteurs -16,2 10,8 4,4
Crédits à l'habitat 7,2 6,9 7,4
Crédits à l'équipement 4,2 4,3 5,5
Crédits de Trésorerie 1,5 -3,5 6,6
Créances commerciales -4,9 12,3 12,6
  • Source : données Banque de France.

Figure 2Évolution des crédits par type d’encours entre 2020 et 2021

  • Source : données Banque de France.

Figure 3Évolutions départementales des encours de crédits en 2019 et 2020

(indice base 100 – année 2018)
Évolutions départementales des encours de crédits en 2019 et 2020 ((indice base 100 – année 2018))
2019 2020 2021
Corse du Sud 110,0 119,5 103,8
Haute-Corse 106,6 104,7 109,4
  • Source : Banque de France, centralisations financières territoriales des crédits à fin décembre 2019, 2020 et 2021 (Indice base 100 année 2018).

Figure 3Évolutions départementales des encours de crédits en 2019 et 2020

  • Source : Banque de France, centralisations financières territoriales des crédits à fin décembre 2019, 2020 et 2021 (Indice base 100 année 2018).

Figure 4aRépartition départementale des encours des crédits en 2020

Répartition départementale des encours des crédits en 2020
Répartition des encours des crédits en %
Corse du Sud 49,5
Haute-Corse 50,5
  • Source : Banque de France, centralisations financières territoriales des crédits en % à fin décembre 2020 et 2021.

Figure 4aRépartition départementale des encours des crédits en 2020

  • Source : Banque de France, centralisations financières territoriales des crédits en % à fin décembre 2020 et 2021.

Dans la région, en 2020, la production de Prêts Garantis par l’État porte quasi exclusivement la tendance. En revanche, en 2021, ce sont les crédits à l’habitat et les crédits d’équipement, en hausse, qui soutiennent majoritairement la croissance. Ainsi, les crédits à l’habitat continuent leur progression (+ 7,4 %) en 2021. Ils représentent 58 % du total des crédits mais restent 4 points au-dessous de leur poids en France de Province (figure 5).

Figure 5Répartition des crédits par type d’encours en 2021

Répartition des crédits par type d’encours en 2021
Répartition des crédits en %
Créances commerciales 0,1
Crédits de Trésorerie 15,4
Crédits à l'équipement 26,4
Crédits à l'habitat 57,4
Autres Crédits 0,6
  • Source : Banque de France, centralisations financières pour la région Corse des crédits en stock à fin décembre 2021

Figure 5Répartition des crédits par type d’encours en 2021

  • Source : Banque de France, centralisations financières pour la région Corse des crédits en stock à fin décembre 2021

Les crédits d’équipement augmentent de 5,5 % en Corse, soit plus vite qu’en France de Province (+ 4,0 %). Ils représentent désormais 24 % de l’encours global en Corse, contre 26 % en France de Province.

Publication rédigée par :Bernard Benitez (Banque de France – Responsable des Affaires Régionales de Corse)