Sécurité et société Édition 2021

L’Insee et le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) du ministère de l’Intérieur, en collaboration avec le Service statistique ministériel de la Justice (SDSE), présentent dans cette édition inédite de la collection « Insee Références » intitulée Sécurité et société un panorama synthétique des connaissances sur les phénomènes de délinquance et leur traitement par la justice.

Insee Références
Paru le :Paru le09/12/2021
Sécurité et société- Décembre 2021
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Auteurs selon le sexe

Insee Références

Paru le :09/12/2021

En 2019, 18 % des personnes par la police ou la gendarmerie pour un crime ou un délit sont des femmes, alors qu’elles représentent 52 % de la population. Cette proportion est relativement stable depuis 2016, la hausse du nombre de personnes mises en cause ayant été cependant plus forte chez les hommes (+ 4 %) que chez les femmes (inférieure à 1 %).

Les femmes et les hommes ne sont pas impliqués dans le même type de crime ou de délit (figure 1).

Les femmes mises en cause le sont davantage pour des escroqueries (32 % des personnes mises en cause pour ces infractions sont des femmes), pour des atteintes peu violentes telles que les vols sans violence (27 %), les autres atteintes à la personne (20 %) ou pour des atteintes en lien avec la famille (55 %) ou les enfants (34 % parmi les coups et blessures volontaires sur personne de moins de 15 ans). Les hommes (82 % des mis en cause) le sont davantage pour des actes plus violents. Ils sont surreprésentés parmi les mis en cause pour violences physiques sur personne de 15 ans ou plus (85 %), pour infractions à caractère sexuel (97 %), pour vol avec violence (93 %) ou encore pour destructions et dégradations (88 %). Ils sont également davantage mis en cause pour des cambriolages (93 %), vols liés aux véhicules (95 %) ou pour infractions sur les stupéfiants (91 %).

Figure 1 - Personnes mises en cause par les services de sécurité par nature du crime ou délit selon le sexe, en 2019

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Figure 1 - Personnes mises en cause par les services de sécurité par nature du crime ou délit selon le sexe, en 2019 (en %) - Lecture : en 2019, 84,9 % des personnes mises en cause pour coups et blessures sur personne de 15 ans ou plus sont des hommes, 15,1 % sont des femmes.
Femmes Hommes
Atteintes à la personne 20,2 79,8
Atteintes physiques 17,6 82,4
CBV1 sur personne 15 ans ou plus 15,1 84,9
CBV1 sur personne de moins de 15 ans 34,4 65,6
Autres atteintes physiques 10,9 89,1
Infractions à caractère sexuel 3,5 96,5
Atteintes à la famille 54,5 45,5
Autres atteintes à la personne2 20,1 79,9
Atteintes aux biens 17,4 82,6
Vols et tentatives 18,7 81,3
Vols ou tentatives de vol avec violence 7,2 92,8
Cambriolages ou tentatives de cambriolage 6,7 93,3
Vols ou tentatives de vol liés aux véhicules 4,8 95,2
Autres vols et tentatives de vol (y c. sans violence) 26,8 73,2
Destructions et dégradations 12,0 88,0
Escroqueries et autres atteintes économiques et financières 27,7 72,3
Escroqueries 31,8 68,2
Autres atteintes économiques et financières 14,0 86,0
Infractions à la législation sur les stupéfiants 9,5 90,5
Autres crimes et délits 14,7 85,3
Ensemble des crimes et délits 17,6 82,4
  • 1. Coups et blessures volontaires.
  • 2. Menaces, chantages, injures, outrages, diffamations, harcèlement moral.
  • Note : catégories construites à partir des 107 index utilisés dans l’« État 4001 », voir annexe Sources.
  • Lecture : en 2019, 84,9 % des personnes mises en cause pour coups et blessures sur personne de 15 ans ou plus sont des hommes, 15,1 % sont des femmes.
  • Champ : France, personnes mises en cause, hors infractions routières.
  • Source : SSMSI, base des mis en cause pour crimes ou délits enregistrés par la police et la gendarmerie 2019.

Figure 1 - Personnes mises en cause par les services de sécurité par nature du crime ou délit selon le sexe, en 2019

  • 1. Coups et blessures volontaires.
  • 2. Menaces, chantages, injures, outrages, diffamations, harcèlement moral.
  • Note : catégories construites à partir des 107 index utilisés dans l’« État 4001 », voir annexe Sources.
  • Lecture : en 2019, 84,9 % des personnes mises en cause pour coups et blessures sur personne de 15 ans ou plus sont des hommes, 15,1 % sont des femmes.
  • Champ : France, personnes mises en cause, hors infractions routières.
  • Source : SSMSI, base des mis en cause pour crimes ou délits enregistrés par la police et la gendarmerie 2019.

En 2019, les affaires traitées par les parquets ont concerné 1,9 million d’auteurs parmi lesquels 333 000 femmes, soit 17 % des personnes impliquées (figure 2).

Cette proportion, similaire à celle observée parmi les personnes mises en cause par la police et la gendarmerie, porte sur un champ plus large, incluant le contentieux routier, les contraventions de 5e classe et les affaires provenant notamment d’autres services verbalisateurs (inspecteurs du travail, des finances, etc.). Après un premier examen de l’infraction et des charges retenues, les parquets ont estimé l'auteur pour 38 % des femmes, contre 27 % des hommes. Au regard des dossiers des auteurs , 13 % des femmes et 9 % des hommes ont fait l’objet d’un classement pour inopportunité des poursuites. Ces motifs de classement sont fondés sur la faible gravité de l’infraction, le retrait de la plainte de la victime, etc. En corollaire, une a été donnée à 87 % des femmes poursuivables, soit légèrement moins que pour les hommes (91 %). Proportionnée à la gravité des faits et à la personnalité de l’auteur, la réponse pénale diffère selon le sexe. Près de 6 femmes sur 10 font l’objet d’une alors que près de 6 hommes sur 10 sont poursuivis devant une juridiction d’instruction ou de jugement. Comparativement aux hommes, les femmes font, à chaque étape, l’objet d’un traitement judiciaire moins lourd, en raison, notamment, de la moindre gravité de leurs infractions. De ce fait, elles ne représentent que 10 % des personnes condamnées en 2019 (alors qu’elles représentent 17 % des auteurs déférés devant le parquet).

Figure 2 - Orientations pénales par les parquets des auteurs présumés selon le sexe, en 2019

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Figure 2 - Orientations pénales par les parquets des auteurs présumés selon le sexe, en 2019 (en %) - Lecture : en 2019, 91 % des hommes poursuivables ont reçu une réponse pénale, parmi eux, 58 % ont fait l'objet de poursuites.
Femmes Hommes Part de femmes
Nombre d'auteurs dans les affaires traitées 330 939 1 597 058 17
dont non poursuivables sur l'ensemble des auteurs traités (en %) 37 27 22
Nombre d'auteurs poursuivables 209 711 1 173 905 15
dont classement pour inopportunité des poursuites sur l'ensemble des auteurs poursuivables (en %) 13 9 21
Nombre d'auteurs ayant fait l'objet d'une réponse pénale 181 801 1 068 926 15
Taux de réponse pénale sur l'ensemble des auteurs poursuivables (en %) 87 91
Nature des réponse pénales (en %) 100 100 15
Mesure alternative réussie 55 37 21
Composition pénale 6 5 15
Poursuites pénales 39 58 10
  • Note : La réponse pénale, définie par le ministère de la Justice, est mesurée en rapportant les décisions des parquets aux auteurs poursuivables.
  • Lecture : en 2019, 91 % des hommes poursuivables ont reçu une réponse pénale, parmi eux, 58 % ont fait l'objet de poursuites.
  • Champ : France, auteurs personnes physiques.
  • Source : ministère de la Justice, SDSE, fichier statistique Cassiopée.

Quand les hommes sont reconnus coupables à l’issue du jugement, les tribunaux prononcent plus souvent des emprisonnements en tout ou partie ferme à leur encontre (figure 3) : 25 % des peines prononcées, contre 11 % pour les femmes. Les femmes sont condamnées plus souvent à une peine d’emprisonnement avec sursis total (32 % contre 26 %) ou une peine d’amende (40 % contre 32 %). In fine, les femmes représentent 4 % de la population carcérale au 1er janvier 2020.

Figure 3 - Peines ou mesures prononcées à titre principal selon le sexe du condamné, en 2019

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Figure 3 - Peines ou mesures prononcées à titre principal selon le sexe du condamné, en 2019 (en %) - Lecture : en 2019, 26 % des hommes reconnus coupables ont été condamnés, à titre principal, à une peine d'emprisonnement avec sursis total, contre 32 % pour les femmes.
Femmes Hommes
Réclusion et emprisonnement ferme ou en partie ferme 11 25
Emprisonnement avec sursis total 32 26
Amende 40 32
Autre peine ou mesure1 17 17
Ensemble 100 100
  • 1. Mesures de substitution, sanctions et mesures éducatives, contraintes pénales, dispenses de peine.
  • Lecture : en 2019, 26 % des hommes reconnus coupables ont été condamnés, à titre principal, à une peine d'emprisonnement avec sursis total, contre 32 % pour les femmes.
  • Champ : France, condamnations prononcées à titre principal, hors tribunal de police.
  • Source : ministère de la Justice, SDSE, fichier statistique du Casier judiciaire national des personnes physiques.

Figure 3 - Peines ou mesures prononcées à titre principal selon le sexe du condamné, en 2019

  • 1. Mesures de substitution, sanctions et mesures éducatives, contraintes pénales, dispenses de peine.
  • Lecture : en 2019, 26 % des hommes reconnus coupables ont été condamnés, à titre principal, à une peine d'emprisonnement avec sursis total, contre 32 % pour les femmes.
  • Champ : France, condamnations prononcées à titre principal, hors tribunal de police.
  • Source : ministère de la Justice, SDSE, fichier statistique du Casier judiciaire national des personnes physiques.

Le traitement pénal des auteurs résulte aussi de leur situation au regard de la et de la , facteurs qui durcissent le traitement pénal et les peines prononcées. Si les femmes représentent 10 % des personnes condamnées en 2019, leur part s’établit à 15 % parmi les condamnés « sans antécédent », contre 7 % parmi les condamnés récidivistes et réitérants.

Définitions

On appelle mis en cause, toute personne ayant été entendue par la police ou la gendarmerie et à l’encontre de laquelle sont réunis, dans la procédure transmise au parquet, des éléments graves et concordant attestant qu’elle a commis ou tenté de commettre un ou plusieurs délits ou crimes. Toutes les personnes mises en cause ne seront pas reconnues coupables par la justice

Une affaire est dite non poursuivable en cas de défaut d’élucidation, d’infraction mal caractérisée, d’absence d’infraction, d’extinction de l’action publique, d’irresponsabilité, d’irrégularité de la procédure ou d’immunité. Aucun élément juridique ne permettant de poursuivre l’affaire, celle‑ci fait l’objet d’un classement sans suite.

Une affaire est considérée poursuivable par le parquet, lorsqu’il n’existe aucun motif de fait ou de droit rendant impossible la poursuite devant une juridiction pénale. Une affaire poursuivable peut donner lieu soit à un classement sans suite pour inopportunité de la poursuite, soit à une réponse pénale, alternative à la poursuite, composition pénale, ou poursuite.

La réponse pénale est définie par la justice comme le fait pour le procureur de la République, dans une affaire poursuivable, soit de mettre en œuvre une alternative aux poursuites ou une composition pénale, soit de poursuivre l’auteur présumé devant une juridiction d’instruction ou de jugement.
Le taux de réponse pénale, calculé par la justice, correspond au rapport entre le nombre d'affaires pour lesquelles le procureur de la république a mis en œuvre une alternative aux poursuites, une composition pénale ou a poursuivi l'auteur présumé sur le nombre d'affaires poursuivables.

Une alternative aux poursuites est une mesure décidée par le procureur de la République à l’égard de l’auteur de l’infraction, susceptible d’assurer la réparation du dommage causé à la victime, de mettre fin au trouble résultant de l’infraction ou de contribuer au reclassement de l’auteur des faits sans engager de poursuites contre lui. Il peut s’agir d’un rappel à la loi, d’un stage par exemple de sensibilisation à la lutte contre l’achat de services sexuels, d’une orientation vers une structure sanitaire, sociale ou professionnelle, d’une interdiction de séjour ou de paraître, de réparer le dommage causé à la victime par exemple en l’indemnisant ou en remettant en l’état un bien dégradé, etc. En cas d’exécution de la mesure (mesure réussie), la procédure est classée sans suite. Elle n’est pas inscrite au casier judiciaire national. En cas de non‑exécution, le procureur de la République met en œuvre une composition pénale ou engage des poursuites.

La récidive légale correspond à la situation où un délinquant condamné pour une première infraction (premier terme de la récidive) en commet une ou plusieurs autres (second terme de la récidive). Le code pénal prévoit principalement trois situations de récidive. Dans un premier cas (art. 132‑10 du code pénal), le premier terme de la récidive doit être un délit, et le deuxième terme le même délit, ou un délit assimilé par la loi, commis dans le délai de 5 ans. Dans un second cas (art.132‑8 du code pénal), le premier terme de la récidive doit être un crime ou un délit puni de 10 ans d’emprisonnement et le deuxième terme un crime sans limite de délai. Dans un troisième cas (article 132‑9 du code pénal), le premier terme de la récidive doit être un crime ou un délit puni de 10 ans d’emprisonnement et le deuxième terme un délit puni de la même peine dans un délai de 10 ans ou un délit puni d’une peine d’emprisonnement supérieure à un an et inférieure à 10 ans dans un délai de 5 ans.
La récidive fait encourir le double des peines prévues (ou la perpétuité pour un crime puni de 20 ou 30 ans de réclusion). Elle est inscrite au casier judiciaire.
Le taux de récidive mesure la part de condamnés en état de récidive légale (inscrite sur la condamnation) parmi l'ensemble des condamnés d'une année.

La réitération d’infractions pénales, définie dans le 1er alinéa de l’article 132‑16‑7 du code pénal, correspond à la situation où une personne qui a déjà été condamnée définitivement pour un crime ou un délit commet une nouvelle infraction qui ne répond pas aux conditions de la récidive légale. La réitération n’est pas inscrite au casier judiciaire.
Le taux de réitération mesure la part de réitérants sur les cinq années précédant l’année de condamnation parmi l’ensemble des condamnés d’une année donnée.
Un condamné qui serait à la fois réintérant et récidiviste est considéré seulement comme récidiviste.