Sécurité et société Édition 2021

L’Insee et le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) du ministère de l’Intérieur, en collaboration avec le Service statistique ministériel de la Justice (SDSE), présentent dans cette édition inédite de la collection « Insee Références » intitulée Sécurité et société un panorama synthétique des connaissances sur les phénomènes de délinquance et leur traitement par la justice.

Insee Références
Paru le :Paru le09/12/2021
Sécurité et société- Décembre 2021
Consulter
Sommaire

Personnes morales victimes d’infractions

Insee Références

Paru le :09/12/2021

En 2019, 15 % des plaintes enregistrées par les services de police et de gendarmerie ont été déposées par des victimes se déclarant , relevant du droit public (État, collectivités territoriales, établissements publics, etc.) ou du droit privé (sociétés privées, associations, etc.).

Les personnes morales ne dénoncent pas les mêmes préjudices que les personnes physiques. En 2019, elles ont déposé plainte majoritairement pour vol sans violence (60 % des plaintes), puis pour destructions et dégradations (20 %) ou escroquerie (14 %) (figure 1). Ces trois catégories d’infractions représentent 93 % des plaintes des personnes morales, contre 67 % de celles des personnes physiques.

Figure 1 – Plaintes déposées par les personnes morales selon l'atteinte subie en 2016 et 2019

Figure 1 – Plaintes déposées par les personnes morales selon l'atteinte subie en 2016 et 2019 - Lecture : en 2019, 14,0 % des plaintes déposées par les personnes morales concernent une escroquerie ou une autre atteinte économique et financière.
2016 2019 Évolution du nombre de plaintes 2016-2019 (en %)
Effectifs % Effectifs %
Vols sans violence 289 352 60,3 300 769 59,7 3,9
Vols et tentatives de vol de véhicule 14 104 2,9 13 756 2,7 – 2,5
Vols et tentatives de vol de deux-roues motorisé 2 661 0,6 2 878 0,6 8,2
Vols et tentatives de vol d'accessoire de véhicule ou dans le véhicule 66 199 13,8 71 797 14,3 8,5
Cambriolages et tentatives de cambriolage de locaux industriels, commerciaux ou financiers 48 558 10,1 54 315 10,8 11,9
Cambriolages et tentatives de cambriolage d'autres lieux 17 897 3,7 16 434 3,3 – 8,2
Vols et tentatives de vol de chantier 8 212 1,7 9 923 2,0 20,8
Vols et tentatives de vol d'exploitation agricole 1 256 0,3 1 629 0,3 29,7
Vols et tentatives de vol à l'étalage 56 378 11,7 55 652 11,1 – 1,3
Autres vols et tentatives de vols simples 74 087 15,4 74 385 14,8 0,4
Vols et tentatives de vol avec violence 2 681 0,6 2 015 0,4 – 24,8
Destructions et dégradations 89 093 18,6 98 405 19,5 10,5
Biens privés 55 045 11,5 59 427 11,8 8,0
Biens publics 34 048 7,1 38 978 7,7 14,5
Escroqueries et autres atteintes économiques et financières 72 283 15,1 70 746 14,0 – 2,1
Infractions en lien avec des moyens de paiement 15 848 3,3 12 004 2,4 – 24,3
Autres escroqueries 50 551 10,5 52 212 10,4 3,3
Atteintes économiques et financières 5 884 1,2 6 530 1,3 11,0
Autres délits 26 651 5,6 31 626 6,3 18,7
Ensemble 480 060 100,0 503 561 100,0 4,9
  • Note : catégories construites à partir des 107 index utilisés dans l’« État 4001 » (sources).
  • Lecture : en 2019, 14,0 % des plaintes déposées par les personnes morales concernent une escroquerie ou une autre atteinte économique et financière.
  • Champ : France, personnes morales victimes, hors infractions routières.
  • Source : SSMSI, bases des victimes de crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie 2016 et 2019.

Entre 2016 et 2019, les plaintes des personnes morales se sont accrues de 23 500 pour atteindre plus de 503 000 en 2019, soit une hausse de 5 %. Cette augmentation est supérieure à celle observée chez les personnes physiques (+ 4 %). La recrudescence des vols sans violence (+ 11 400) et des destructions, dégradations (+ 9 300) explique 88 % de la hausse globale de ces plaintes. La hausse des destructions, dégradations contre des biens publics a été plus soutenue que celle contre les biens privés (+ 15 % contre + 8 %), particulièrement dans le contexte marqué en 2018 et 2019 par les manifestations sociales dites « des gilets jaunes ». Si l’ensemble des plaintes pour vol sans violence a progressé de 4 %, les vols d’objets dans et sur un véhicule ont crû de 9 %, les cambriolages de locaux professionnels de 12 %, les vols sur des chantiers de 21 % et les vols sur des exploitations agricoles de 30 %. Malgré cet accroissement, les vols dans les exploitations agricoles représentent 0,3 % des plaintes de personnes morales en 2019. Inversement, sur la période 2016-2019, les plaintes pour escroquerie et autre atteinte économique ou financière ont diminué (– 2 %), conséquence du net recul des infractions aux moyens de paiement, principalement les chèques volés ou falsifiés (– 24 %).

L’évolution entre 2016 et 2019 du nombre de plaintes déposées par les personnes morales a été variable selon la taille de l’ où les faits ont eu lieu. Dans les communes hors unité urbaine et les unités urbaines de moins de 20 000 habitants, ces plaintes ont augmenté 4 fois plus qu’au niveau national (22 % contre 5 %). Les plaintes ont très modérément augmenté dans les unités urbaines de 20 000 habitants ou plus (2 %) et ont reculé dans l’agglomération parisienne (– 4 %), notamment en raison de la chute des infractions liées aux moyens de paiement (– 40 %). Pour autant, rapportées au nombre d’habitants, les plaintes de personnes morales sont moins nombreuses dans les communes hors unité urbaine (35 pour 10 000 habitants) et augmentent régulièrement avec la taille de l’unité urbaine pour atteindre 101 plaintes pour 10 000 habitants dans l’agglomération parisienne (figure 2).

Figure 2 – Évolution entre 2016 et 2019 et plaintes déposées par les personnes morales selon la taille de l'unité urbaine en 2019

Figure 2 – Évolution entre 2016 et 2019 et plaintes déposées par les personnes morales selon la taille de l'unité urbaine en 2019 - Lecture : en 2019, le nombre de plaintes déposées par des personnes morales pour des faits commis dans une commune hors unité urbaine est de 34,5 pour 10 000 habitants.
Plaintes de personnes morales
pour 10 000 habitants
en 2019
Évolution 2016-2019
des plaintes
de personnes morales
(en %)
Commune hors unité urbaine 34,5 23,6
2 000 à 5 000 habitants 46,8 20,4
5 000 à 10 000 habitants 55,3 24,0
10 000 à 20 000 habitants 64,7 15,9
20 000 à 50 000 habitants 78,7 4,9
50 000 à 100 000 habitants 87,6 1,9
100 000 à 200 000 habitants 80,4 – 0,3
200 000 à 2 000 000 habitants 98,8 1,8
Agglomération Parisienne 100,9 – 4,4
  • Note : lieu où l'infraction a été commise.
  • Lecture : en 2019, le nombre de plaintes déposées par des personnes morales pour des faits commis dans une commune hors unité urbaine est de 34,5 pour 10 000 habitants.
  • Champ : France hors Mayotte, hors infractions routières.
  • Sources : SSMSI, bases des victimes de crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie 2016 et 2019 ; Insee, recensement de la population 2017.

Figure 2 – Évolution entre 2016 et 2019 et plaintes déposées par les personnes morales selon la taille de l'unité urbaine en 2019

  • Note : lieu où l'infraction a été commise.
  • Lecture : en 2019, le nombre de plaintes déposées par des personnes morales pour des faits commis dans une commune hors unité urbaine est de 34,5 pour 10 000 habitants.
  • Champ : France hors Mayotte, hors infractions routières.
  • Sources : SSMSI, bases des victimes de crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie 2016 et 2019 ; Insee, recensement de la population 2017.

La nature des infractions dénoncées diffère également selon la taille de l’unité urbaine où les faits se sont déroulés (figure 3). En 2019, lorsque les faits ont eu lieu dans des communes hors unité urbaine ou dans des unités urbaines de moins de 5 000 habitants, les personnes morales ont davantage porté plainte pour cambriolage (21 % des plaintes contre 14 % en moyenne nationale) et pour vol sur un chantier ou une exploitation agricole (5 % contre 2 %). Les victimes de faits commis dans des unités urbaines de 20 000 à 100 000 habitants dénoncent plus fréquemment des escroqueries ou des vols à l’étalage (28 % contre 23 % en moyenne). Enfin, dans l’agglomération parisienne, la proportion de plaintes déposées par les personnes morales pour vol lié aux véhicules motorisés est forte (21 % contre 18 % en moyenne). 6 vols de deux-roues motorisés appartenant à des personnes morales sur 10 y sont déclarés.

Figure 3 – Plaintes déposées par les personnes morales selon l'atteinte subie et la taille de l'unité urbaine, en 2019

en %
Figure 3 – Plaintes déposées par les personnes morales selon l'atteinte subie et la taille de l'unité urbaine, en 2019 (en %) - Lecture : en 2019, les plaintes de personnes morales pour des faits commis dans l'agglomération parisienne représentent 21,9 % des plaintes de personnes morales ; parmi elles, 20,8 % concernent des vols ou tentatives de vol de véhicules motorisés ou de deux-roues.
Agglomération parisienne Unités urbaines
De 100 000 à 2 millions d'habitants (hors Paris) De 20 000 à 100 000 habitants De 5 000 à 20 000 habitants De moins de 5 000 habitants et communes hors unité urbaine
Cambriolages ou tentatives de cambriolage 9,2 13,9 14,0 17,2 20,9
Vols ou tentatives de vol lié aux véhicules motorisés et deux-roues 20,8 19,5 11,0 13,4 17,7
Vols et tentatives de vol à l'étalage 13,1 11,1 13,9 11,9 4,5
Vols et tentatives de vol de chantier 1,6 1,8 1,5 2,3 3,4
Vols et tentatives de vol sur une exploitation agricole 0,0 0,1 0,1 0,4 1,8
Autres vols et tentatives de vols simples 15,7 13,1 14,2 16,1 17,4
Destructions et dégradations 16,7 21,2 21,9 19,2 18,0
Infractions liées aux moyens de paiement 3,3 1,6 2,3 2,6 1,9
Autres escroqueries et atteintes économiques et financières 12,4 11,5 13,6 10,6 8,5
Autres délits (y compris vol avec violence) 7,3 6,2 7,6 6,3 5,9
Ensemble des plaintes enregistrées 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
Part dans les plaintes enregistrées en 2019 21,9 39,6 15,7 9,0 13,8
  • Note : lieu où l'infraction a été commise. Catégories construites à partir des 107 index utilisés dans l’« État 4001 » (sources).
  • Lecture : en 2019, les plaintes de personnes morales pour des faits commis dans l'agglomération parisienne représentent 21,9 % des plaintes de personnes morales ; parmi elles, 20,8 % concernent des vols ou tentatives de vol de véhicules motorisés ou de deux-roues.
  • Champ : France, personnes morales victimes, hors infractions routières.
  • Sources : SSMSI, base des victimes de crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie 2019 ; Insee, recensement de la population 2017.

Sources

L’« État 4001 » historique

À partir de 1972, les forces de sécurité (police et gendarmerie) se sont dotées d’un outil standardisé de mesure de l’activité judiciaire des services basé sur des comptages mensuels, appelé « État 4001 ». Ce document administratif porte sur les crimes et les délits (à l’exclusion des contraventions et des délits routiers), enregistrés pour la première fois par les forces de sécurité et portés à la connaissance de l’institution judiciaire. Les infractions y sont classées en 107 catégories (appelés « index »), très hétérogènes par la nature et la gravité des faits, mais aussi par le nombre d’infractions constatées chaque mois. On y trouve aussi bien les « homicides commis sur des mineurs de moins de 15 ans » (catégorie qui compte autour de 60 victimes enregistrées chaque année) que les « coups et blessures volontaires criminels ou correctionnels sur personne de 15 ans ou plus » (environ 250 000 victimes par an), l’infraction de « non versement de pension alimentaire » (12 000 auteurs recensés par an) ou encore les « infractions relatives à la chasse et à la pêche » (1 400 procédures annuelles). Selon l’index, l’unité de compte retenue peut varier : elle peut être la victime par exemple en matière de violence sexuelle (index 46 à 49), l’auteur par exemple en matière d’usage (index 57) ou d’usage-revente (index 56) de stupéfiants, le chèque en matière de falsification et usage de chèques volés (index 89), ou encore le véhicule en matière de vol de véhicule (index 34 à 38), etc. Cela implique qu’il n’est pas pertinent de constituer des agrégats regroupant des index n’ayant pas la même unité de compte.

Depuis sa création en 2014, le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) expertise et fiabilise ces différents index. À ce jour, 46 des 107 index utilisés, regroupés en 12 indicateurs, font l’objet d’une diffusion mensuelle. Le regroupement de ces index a été choisi et construit en fonction de plusieurs critères :

  • l’existence d’une victimation directe ;
  • la cohérence entre les données administratives et les résultats des enquêtes de victimation : plus la proportion des victimes qui se signalent aux forces de sécurité est élevée, plus la donnée administrative est représentative de l’ampleur réelle du phénomène ;
  • la stabilité dans le temps des chiffres, preuve de la fiabilité de leur mode de production et de construction : des données très erratiques, pour illustrer des phénomènes sociaux qui ont tous une certaine inertie, montrent que le système de production n’est pas fiable ;
  • la cohérence dans les unités de compte.

Définitions

En droit français, une personne morale est un groupement doté de la personnalité juridique. Généralement une personne morale se compose d’un groupe de personnes physiques réunies pour accomplir quelque chose en commun. Ce groupe peut aussi réunir des personnes physiques et des personnes morales. Il peut aussi n’être constitué que d’un seul élément. La personnalité juridique donne à la personne morale des droits et des devoirs. Le droit français distingue : les personnes morales de droit public : l’État, les collectivités territoriales, les établissements publics, etc. ; les personnes morales de droit privé : les plus courantes étant les sociétés privées, les sociétés civiles, les groupements d’intérêt économique, les associations. Certaines personnes morales de droit privé sont chargées de la gestion d’un service public.

La notion d’unité urbaine repose sur la continuité du bâti et le nombre d’habitants. Les unités urbaines sont construites en France métropolitaine et dans les DOM d’après la définition suivante : une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions) qui compte au moins 2 000 habitants.
On désigne par « commune hors unité urbaine », les communes non affectées à une unité urbaine, elles étaient anciennement improprement appelées « communes rurales ».