Fin 2023, près de 224 000 personnes résidant en France occupent un emploi en Suisse. Un cinquième part de Bourgogne-Franche-Comté, le plus gros contingent part des départements rhône-alpins (plus de la moitié) et les autres de la région Grand Est. Ce sont ainsi 47 500 Bourguignons-Francs-Comtois, qui traversent la frontière pour travailler, 3 200 personnes de plus sur un an, soit +7,2 %. Cette progression est supérieure à celle constatée entre l’ensemble de la France et la Suisse, +5,3 %. La croissance du nombre des frontaliers s’observe depuis plus de vingt ans (figure 1).

Avec son marché du travail dynamique et ses rémunérations élevées, la Suisse renforce son attractivité auprès des travailleurs frontaliers. Depuis plus de cinq ans, le taux de chômage de la Suisse est à son plus bas niveau, 3,9 % au quatrième trimestre 2023. La croissance économique helvète, même si elle a ralenti en 2023 (+1,3 %), est supérieure à celle de la zone euro (+0,5 %) et légèrement au-dessus de celle de la France (+0,9 %). Le secteur des services est le principal pourvoyeur d’emploi en Suisse. Près de 72 % des travailleurs frontaliers résidant en France occupent un emploi dans ce secteur et notamment dans les services de l’administration et de la santé. Cependant, pour les frontaliers résidant dans la région, plus de la moitié travaillent dans le secteur de l’industrie et du commerce en Suisse.

En Bourgogne-Franche-Comté, les frontaliers résident majoritairement dans trois départements : le Doubs, le Jura et le Territoire de Belfort. Sur un an, leur nombre dans ces départements progresse de plus de 6 % (figure 2). Les trois quarts d’entre eux habitent dans le Doubs, soit 33 600 navetteurs en 2023. Sa frontière commune de 170 km avec la confédération helvétique est insérée dans une zone de montagne avec un nombre de points de passage limités qui ne permettent pas d’éviter les embouteillages. Néanmoins, l’ A 16 facilite les trajets au nord de la bande frontalière.

Par ailleurs, les navetteurs sont de plus en en plus nombreux à habiter au-delà des territoires limitrophes de la Suisse. Ils augmentent significativement en Haute-Saône, Côte-d’Or et Saône-et-Loire, même si leurs effectifs restent relativement faibles.

Les cantons du Jura suisse, de Neuchâtel et de Vaud emploient la quasi-totalité des frontaliers de la région. Sur dix travailleurs de Bourgogne-Franche-Comté, quatre travaillent dans le canton de Vaud, trois dans le canton de Neuchâtel et près de deux dans le Jura suisse. Vers ces cantons, le nombre de frontaliers est en hausse de près de 7 % (figure 3).

Dans le canton de Vaud, les navetteurs proviennent principalement d’Auvergne-Rhône-Alpes plus proche, 55 % et de Bourgogne-Franche-Comté, 41 %. Les navetteurs de la région résident principalement dans le Doubs, 61 % et le Jura, 37 % (figure 4). La croissance des frontaliers est plus dynamique en Auvergne-Rhône-Alpes (+11,1 %) que dans la région (+6,9 %). Plus des deux tiers des frontaliers résidant en France exercent un emploi dans le tertiaire, notamment dans la santé et les services administratifs.

Dans les cantons du Jura suisse et de Neuchâtel, les frontaliers habitent principalement en Bourgogne-Franche-Comté. La région héberge plus 94 % des frontaliers travaillant vers Neuchâtel et 74 % dans le Jura suisse. Dans ces deux cantons, deux frontaliers sur cinq, travaillant dans l’industrie manufacturière, exercent un emploi dans l’horlogerie ou la fabrication de produits informatiques et électroniques.

Le canton de Berne compte 2 600 navetteurs de la région, soit 6 % des frontaliers de Bourgogne-Franche-Comté. Sur un an, leur nombre augmente fortement (+11,4 %). Ce canton a pu bénéficier du développement du télétravail qui permet de rester plus loin de son employeur. Peu de frontaliers bourguignons-francs-comtois travaillent dans le canton de Genève. Celui-ci reste toutefois le premier employeur de frontaliers résidant en France (45 %). Ces derniers résident quasi exclusivement dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.