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Insee Conjoncture Bourgogne-Franche-Comté · Juin 2024 · n° 42
Insee Conjoncture Bourgogne-Franche-ComtéBilan économique 2023 - Bourgogne-Franche-Comté L’emploi ralentit nettement dans le sillage d’une activité économique peu dynamique

La reprise économique post-crise sanitaire observée en 2021 et 2022 fait place à une situation moins porteuse en 2023. Dans la région, si des secteurs sont à la peine, quelques signaux positifs sont encore visibles cette année. Avec les crises géopolitiques et l'inflation encore élevée, la consommation stagne et pèse sur l’emploi. Les conditions de financement ne sont pas favorables aux investissements des entreprises, ni aux crédits des ménages. Dans ce contexte, la dynamique de l’emploi faiblit et le taux de chômage augmente, notamment chez les jeunes. L’essoufflement de la croissance se ressent sur le développement du tissu productif. Les créations d’entreprises se stabilisent à un niveau élevé, mais uniquement portées par les micro-entreprises. En outre, les défaillances d’entreprises sont en nette progression et dépassent leur niveau d’avant-crise.

Insee Conjoncture Bourgogne-Franche-Comté
No 42
Paru le :Paru le13/06/2024

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2023 publiés par l'Insee.

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Construction - Le secteur de la construction dans la tourmente Bilan économique 2023

Aline Faure (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement)

En 2023, la dégradation de l’activité dans le secteur de la construction se confirme. Les causes de cette crise sont multifactorielles : renchérissement du coût du crédit, hausse des coûts de la construction, durcissement des nouvelles normes énergétiques, tarification du foncier et inflation pesant sur le budget des ménages. Le nombre de permis de construire délivrés chute et retrouve son niveau de 2015, tandis que les mises en chantier atteignent un niveau historiquement bas. C’est également une année morose pour les ventes de logements neufs qui chutent de plus de 40 %. Seules les surfaces autorisées pour les locaux non résidentiels progressent, notamment grâce à des projets d’implantation de grands entrepôts logistiques dans l’Yonne.

Insee Conjoncture Bourgogne-Franche-Comté

No 42

Paru le :13/06/2024

Des autorisations de construction de logements au plus bas depuis 2015

En 2023, 10 200 logements ont été autorisés à la construction en Bourgogne-Franche-Comté, soit 3 700 de moins qu’en 2022 (-24,7 %) (figure 1). Ce niveau est le plus bas enregistré depuis 2015. Le recul du pouvoir d’achat des ménages, sous l’effet de l’inflation, combiné à la hausse des taux d’intérêts bancaires et au durcissement des critères d’octroi des crédits immobiliers expliquent en partie le tassement du nombre de permis de construire délivrés. La diminution des avantages fiscaux en faveur de la location de logements et les normes énergétiques plus strictes viennent également contribuer à ce phénomène. Le repli concerne principalement le secteur pavillonnaire (-30 %), la baisse étant moins marquée pour l’habitat collectif (-18 %).

Tous les départements enregistrent une diminution du nombre de logements autorisés d’au moins 20 % (figure 2). La baisse dépasse même les 40 % dans le Jura. Cette chute des permis de construire ne présage pas d’amélioration à court terme pour le marché régional de l’immobilier neuf.

Figure 1Évolution de la construction de logements

(indice base 100 en décembre 2017)
Évolution de la construction de logements ((indice base 100 en décembre 2017))
Logements autorisés - Bourgogne-Franche-Comté Logements commencés - Bourgogne-Franche-Comté Logements autorisés - France hors Mayotte Logements commencés - France hors Mayotte
2017 100,0 100,0 100,0 100,0
2018 93,9 99,1 94,0 92,4
2019 90,1 90,8 91,5 89,3
2020 89,3 94,5 80,0 84,8
2021 104,6 103,7 95,4 94,3
2022 103,1 103,7 98,9 89,9
2023 77,9 76,1 75,1 68,2
  • Note : données en date réelle estimée, extraction du 28/03/2024.
  • Champ : logements individuels, collectifs et en résidence.
  • Source : SDES, Sitadel.

Figure 1Évolution de la construction de logements

  • Note : données en date réelle estimée, extraction du 28/03/2024.
  • Champ : logements individuels, collectifs et en résidence.
  • Source : SDES, Sitadel.

Figure 2Construction autorisée de logements par département

(en %)
Construction autorisée de logements par département ((en %))
Zonage Logements en 2023 (nombre) Évolution 2022 - 2023 (%) Évolution annuelle moyenne 2017 - 2022 ¹ (%)
Côte-d'Or 2 600 -21,3 -4,6
Doubs 2 700 -20,3 1,5
Jura 900 -43,0 9,5
Nièvre 400 -23,8 9,8
Haute-Saône 600 -30,8 1,8
Saône-et-Loire 1 900 -21,4 2,7
Yonne 600 -25,5 -2,9
Territoire de Belfort 400 -23,1 2,0
Bourgogne-Franche-Comté 10 200 -24,7 0,6
France hors Mayotte 371 200 -24,1 -0,2
  • ¹ : évolution qui aurait été observée pour la construction autorisée de logements, pour chaque année de la période considérée, en supposant une évolution identique chaque année.
  • Notes : données en date réelle estimée, extraction du 28/03/2024. Les évolutions sont calculées sur les données non arrondies. En raison des arrondis, des totaux peuvent légèrement différer de la somme des éléments qui les composent.
  • Source : SDES, Sitadel.

Les mises en chantier reculent fortement

En 2023, 8 300 logements ont été commencés en Bourgogne-Franche-Comté, soit une baisse de 27 % sur un an, un peu plus marquée qu’en moyenne en France (-24 %). Ce niveau est au plus bas dans la région depuis les années 2000. La diminution constante des autorisations de permis de construire, depuis la mi-2022, se répercute mécaniquement sur les mises en chantier. De plus, le climat économique pesant sur les autorisations de construction a conduit à des suspensions ou annulations de projets autorisés, réduisant davantage le nombre de mises en chantier.

Comme pour les permis de construire, tous les départements de la région sont concernés par une chute des mises en chantier de logements (figure 3). La Côte-d’Or contribue pour près d’un tiers à la baisse régionale. Les délais de vente de logements neufs y augmentant, le nombre de ceux restants disponibles à la vente augmente. Les promoteurs limitent alors les nouveaux projets pour écouler en priorité le stock existant.

Figure 3Logements commencés par département

(en %)
Logements commencés par département ((en %))
Zonage Logements en 2023 (nombre) Évolution 2022 - 2023 (%) Évolution annuelle moyenne 2017 - 2022 ¹ (%)
Côte-d'Or 2 300 -32,1 3,0
Doubs 2 100 -18,8 -4,0
Jura 800 -23,6 5,3
Nièvre 300 -2,9 -5,6
Haute-Saône 600 -29,0 -0,5
Saône-et-Loire 1 400 -20,8 1,2
Yonne 400 -54,0 6,2
Territoire de Belfort 400 -27,1 3,8
Bourgogne-Franche-Comté 8 300 -27,1 0,8
France hors Mayotte 296 400 -24,2 -2,1
  • ¹ : évolution qui aurait été observée pour les logements commencés, pour chaque année de la période considérée, en supposant une évolution identique chaque année.
  • Notes : données en date réelle estimée, extraction du 28/03/2024. Les évolutions sont calculées sur les données non arrondies. En raison des arrondis, des totaux peuvent légèrement différer de la somme des éléments qui les composent.
  • Source : SDES, Sitadel.

Les ventes de logements neufs s’effondrent

En Bourgogne-Franche-Comté, comme au niveau national, la baisse du pouvoir d’achat immobilier des ménages pèse sur l’activité de la promotion immobilière. Les ventes et les mises en vente de logements neufs chutent de plus de 40 % en un an pour atteindre leur plus bas niveau depuis 20 ans (figure 4). La tendance est également marquée au niveau national, avec un recul respectif de 37 et 32 %.

Sous l’effet de redimensionnements ou d’abandons de projet, le nombre de logements disponibles à la vente fin 2023 croît de 8,9 % sur un an, contre 11 % l’année précédente, pour atteindre 2 600 logements. Un peu plus de neuf ventes sur dix concernent des appartements.

Malgré la conjoncture dégradée, les prix de vente des appartements progressent encore pour atteindre 3 700 €/m2 en moyenne dans la région (+3 %), toujours en raison de l’inflation qui renchérit les coûts des réalisations. L’augmentation des taxes sur le gazole non routier, bien que compensée pour les petites entreprises, risque de surenchérir encore le prix des logements neufs en 2024. Concernant les appartements neufs, la région est 20 % moins chère que la France. Toutefois, l’agglomération de Dijon se distingue avec des prix dépassant 4 000 €/m2.

Figure 4Évolution de la commercialisation de logements neufs - Bourgogne-Franche-Comté

(indice base 100 en 2017)
Évolution de la commercialisation de logements neufs - Bourgogne-Franche-Comté ((indice base 100 en 2017))
Logements neufs disponibles en fin d'année Logements neufs mis en vente Logements neufs vendus (réservés)
2017 100,0 100,0 100,0
2018 118,8 150,8 99,6
2019 103,6 109,9 105,3
2020 107,7 131,2 101,4
2021 95,1 98,5 99,2
2022 105,5 135,0 97,1
2023 114,9 80,4 54,2
  • Notes : données brutes, extraction du 08/03/2024. Le champ intègre les logements neufs issus de la construction sur existant.
  • Champ : permis de 5 logements et plus destinés à la vente aux particuliers.
  • Source : SDES, enquête ECLN.

Figure 4Évolution de la commercialisation de logements neufs - Bourgogne-Franche-Comté

  • Notes : données brutes, extraction du 08/03/2024. Le champ intègre les logements neufs issus de la construction sur existant.
  • Champ : permis de 5 logements et plus destinés à la vente aux particuliers.
  • Source : SDES, enquête ECLN.

Coup de frein sur la rénovation du logement

La rénovation du logement est restée aussi en berne en partie à cause de la hausse des coûts. Les rénovations globales aidées, dans le logement social comme dans le parc privé, sont en net repli. Il en est de même pour les rénovations de moindre ampleur dites par geste (changement des fenêtres, modification du mode de chauffage, etc.). Associé au recul de la construction neuve, ce coup de frein dans la rénovation a amplifié la réduction de l’activité des sous-traitants qui assurent l’essentiel du second œuvre.

Un des secteurs qui résiste le mieux est celui de la pose de panneaux photovoltaïques dont l'activité a doublé. En effet, la hausse des coûts de l'énergie et la revalorisation de la prime à l'autoconsommation ont augmenté la rentabilité des projets.

Locaux non résidentiels : une hausse à rebours de la tendance nationale

Après une baisse en 2022, les surfaces autorisées de locaux non résidentiels repartent à la hausse en 2023 pour atteindre 1,7 million de m2 (+7 % en un an). Cette croissance s’inscrit à contre-courant de l’évolution observée au niveau national (-6 %). Elle est portée essentiellement par l’entreposage, dont les surfaces autorisées ont augmenté d’un tiers en an dans la région (figure 5).

Dans l’Yonne, les surfaces d’entrepôts sont multipliées par 12. Le secteur de l’entreposage cherche à étendre son activité en périphérie de l’Île-de-France où le foncier est moins saturé. Ainsi la position géographique de l’Yonne avec sa desserte autoroutière bénéficie particulièrement au Sénonais et à l’Avallonais.

Figure 5Construction autorisée de locaux non résidentiels selon le type

(en %)
Construction autorisée de locaux non résidentiels selon le type ((en %))
Type de locaux Bourgogne-Franche-Comté France entière
Surfaces autorisées en 2023 (milliers de m²) Évolution 2022 - 2023 Évolution annuelle moyenne 2017 - 2022 ¹ Évolution 2022 - 2023 Évolution annuelle moyenne 2017 - 2022 ¹
Artisanat 76 -6,3 2,2 -1,9 1,8
Bureaux 131 -3,4 2,4 -18,4 1,0
Commerce 187 1,6 -1,8 -7,6 -4,1
Entrepôt 543 37,0 11,7 -6,6 6,7
Exploitation agricole ou forestière 279 -13,1 -9,2 -6,7 -5,9
Hébergement hôtelier 13 -37,7 -8,6 -8,6 -2,6
Industrie 212 -3,7 2,2 1,4 3,7
Service public ou d'intérêt collectif 233 9,9 -0,3 -0,3 -1,4
Ensemble 1 674 6,5 -0,2 -6,3 -0,2
  • ¹ : évolution qui aurait été observée pour la construction autorisée de locaux non résidentiels, pour chaque année de la période considérée, en supposant une évolution identique chaque année.
  • Note : données brutes provisoires en date de prise en compte, extraction du 28/03/2024.
  • Source : SDES, Sitadel.
Publication rédigée par :Aline Faure (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement)

Avertissement

Les données chiffrées sont parfois arrondies (selon les règles mathématiques). Le résultat arrondi d'une combinaison de données chiffrées (qui fait intervenir leurs valeurs réelles) peut se trouver légèrement différent de celui que donnerait la combinaison de leurs valeurs arrondies.

Pour comprendre

La base de données Sit@del2 rassemble les informations relatives aux autorisations de construire (permis accordés) et aux mises en chantier transmises par les services instructeurs (État, collectivités territoriales) au service statistique du Ministère de la Transition écologique (MTE). Les mouvements relatifs à la vie du permis (autorisations, annulations, modificatifs, déclarations d'ouverture de chantier) sont exploités à des fins statistiques.

Les séries de la construction utilisées pour la conjoncture et le bilan économique sont élaborées à partir de cette base.

En matière de logement, les séries d'estimations en date réelle sont produites mensuellement pour évaluer le nombre d'autorisations et de mises en chantier. Elles visent à retracer dès le mois suivant, l'ensemble des évènements à leur date réelle. Sur la base des données collectées, les séries intègrent une estimation de l'information non encore remontée. Ces séries sont actualisées chaque mois pour prendre en compte les informations les plus récentes. Les estimations en date réelle corrigent des éventuels défauts de collecte des déclarations d'ouverture de chantier.

Pour les locaux non résidentiels, les séries de surface de plancher en date de prise en compte permettent le suivi conjoncturel de ce secteur. Elles agrègent les informations issues des permis (autorisés, commencés, etc.) selon la date d'enregistrement de la donnée dans l'application Sit@del2.

Les séries de surface de plancher en date réelle sont utilisées pour les études structurelles. L'information est restituée selon la date effective de l'autorisation ou de la mise en chantier. Ces séries sont présentées nettes des annulations et ne comportent pas d'estimations : elles minorent donc la réalité, spécialement pour les mois de collecte les plus récents.

À la date de réalisation de cette publication, les données consolidées en date réelle ne sont pas disponibles ; les données en date de prise en compte ont donc été privilégiées.

Définitions

Logement autorisé :

Un logement autorisé est un logement, non encore réalisé, dont la construction a été autorisée par un permis de construire ou une non-opposition à une déclaration préalable.


Logement commencé :

Un logement est considéré comme commencé (ou mis en chantier) après réception de la déclaration d’ouverture de chantier (DOC) envoyée par le pétitionnaire (ou maître d’ouvrage).


Logement collectif :

Un logement collectif (appartement) fait partie d’un bâtiment dans lequel sont superposés plus de deux logements distincts et dont certains ne disposent pas d’un accès privatif.

Logement individuel :

Un logement individuel est un logement dans une maison individuelle. Une maison individuelle peut comporter deux logements individuels s'ils ont été construits par le même maître d'ouvrage d'après le code de la construction et de l'habitation.

Pour en savoir plus

(1) « Ouvrir dans un nouvel ongletLa construction de logements et de locaux (SITADEL 2) », Dreal de Bourgogne-Franche-Comté, mai 2024.

(2) « Ouvrir dans un nouvel ongletLa commercialisation de logements neufs (ECLN) », Dreal de Bourgogne-Franche-Comté, mai 2024.