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Insee Conjoncture Normandie · Juin 2024 · n° 42
Insee Conjoncture NormandieBilan économique 2023 - Normandie La Normandie continue à créer des emplois en 2023 malgré le ralentissement économique

L’année 2023 a été marquée par une certaine atonie de l’activité tant en France qu’en Europe qui contraste avec le dynamisme observé aux États-Unis. L’économie normande ralentit mais ce repli n’affecte pas tous les secteurs de la région de la même manière. Le résultat de l’agriculture est en recul après deux années de hausse, suivant ainsi la tendance nationale. Le secteur de la construction est en difficulté, tant au plan national que dans la région. La situation est davantage contrastée au sein du secteur des transports. Le trafic de marchandises diminue en Normandie en 2023, alors que le transport aérien de passagers en revanche se porte mieux dans la région et les immatriculations de véhicules neufs repartent à la hausse.

En 2023, l’emploi salarié continue d’augmenter même si la dynamique observée l’an dernier est moins soutenue. La région a créé 5 700 emplois salariés en net (150 000 en France), dans presque tous les secteurs d’activité à l’exception de la construction. Dans ce contexte favorable, nombre d’offres d’emplois restent non pourvues. Depuis 2019, la part des métiers en tension progresse. Dans la région, les métiers concernés par les plus fortes tensions de recrutement se trouvent dans l’industrie et la construction, le plus souvent sur des qualifications de technicien ou de cadre, mais aussi d’ouvrier.

Le chômage repart lentement à la hausse en 2023 dans ce contexte de ralentissement économique. Cette légère croissance du chômage cette année, observée pour la première fois depuis 2014, porte son taux à 7,1 % de la population active. En 2022, le taux de chômage normand avait atteint son plus bas niveau depuis 40 ans (6,6 %).

En 2023, près de 35 700 entreprises ont été créées en Normandie, un niveau similaire à l’année précédente. La région se distingue par une légère progression dans un contexte de recul national qui touche particulièrement les formes sociétaires et les entrepreneurs individuels. Ralentissement économique, fin des mesures de soutien à l’activité depuis juin 2022 et difficultés sectorielles expliquent une progression des défaillances déjà observée l’an passé, qui retrouvent désormais leur niveau d’avant crise sanitaire.

Dans le secteur du tourisme, la fréquentation dans l’ensemble des hébergements progresse en dépit d’une baisse d’activité dans les hôtels au cœur de l’été 2023. Les touristes sont, en particulier, venus nombreux dans les campings de la région.

Insee Conjoncture Normandie
No 42
Paru le :Paru le13/06/2024

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2023 publiés par l'Insee.

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Synthèse régionale - Contexte national Bilan économique 2023

Christian Camesella, Clément Bortoli, Gaston Vermersch (Insee)

Insee Conjoncture Normandie

No 42

Paru le :13/06/2024

Synthèse régionale - En 2023, l’activité économique en Normandie ralentit mais reste toujours porteuse de créations d’emplois

Une situation contrastée dans les différents secteurs d’activité

L’année 2023 a été marquée par une certaine atonie de l’activité tant en France que dans la zone euro qui contraste avec le dynamisme observé aux États-Unis. La croissance française est toujours hésitante, elle s’établit à +1,1 % en 2023 après +2,6 % en 2022. Elle a été portée à la fois par la demande intérieure et le commerce extérieur, tandis que le mouvement de déstockage observé dans les entreprises qui jugeaient leur niveau de stocks trop élevé a pesé négativement sur l’activité. La croissance française a été modérée tout au long de l'année 2023, exceptée au deuxième trimestre où elle a été soutenue. Les tensions inflationnistes ont nettement diminué en 2023, notamment sur les produits alimentaires et les produits pétroliers, ce mouvement pourrait perdurer jusqu’en mi d’année 2024. Le moteur de l’inflation concerne désormais les prix des services qui ont augmenté sous l’effet de la progression des salaires dans le tertiaire.

Au terme de l’année 2023, la situation conjoncturelle des secteurs d’activité est contrastée : favorable dans les matériels de transport où le potentiel de rebond reste important, elle est dégradée dans la construction neuve mais aussi dans l’agro-alimentaire.

En 2023, l’emploi salarié continue d’augmenter même si la dynamique observée l’an dernier est moins soutenue. La création d’emploi salarié en France a en effet très fortement diminué (-62 % sur un an), la Normandie a suivi cette tendance mais de façon moins aiguë (-41 % sur un an). Au total, la Normandie a créé 5 700 emplois salariés en net (150 000 en France), dans presque tous les secteurs d’activité à l’exception de la construction qui subit une situation conjoncturelle dégradée. La contribution de la Normandie à la croissance de l’emploi salarié au niveau national a été multipliée par 1,5 (passant de 2,5 % en 2022 à 3,8 % cette année). L’emploi public est particulièrement porteur en Normandie, comme au niveau national. L’emploi industriel aussi en poursuivant sa progression, notamment dans le département de la Manche (selon une tendance observée depuis fin 2016), et dans une moindre mesure dans le Calvados et en Seine-Maritime. Les services marchands génèrent également de nombreux emplois nouveaux.

Dans ce contexte favorable, nombre d’offres d’emplois restent non pourvues. Depuis 2019, la part des métiers en tension progresse. Dans la région, les métiers concernés par les plus fortes tensions de recrutement se trouvent dans l’industrie et la construction, le plus souvent sur des qualifications de technicien ou de cadre, mais aussi d’ouvrier. Dans le tertiaire, les métiers de la santé, en particulier celui d’infirmier, ou de l’informatique sont eux aussi parmi les plus difficiles à pourvoir. Les métiers les moins qualifiés sont aussi concernés : aides à domicile, serveurs, métiers de bouche, conducteurs de véhicules connaissent des niveaux de tension au plus haut.

Le chômage repart lentement à la hausse dans un contexte de ralentissement économique. Cette légère croissance du chômage cette année, observée pour la première fois depuis 2014, porte son taux à 7,1 % de la population active. En 2022, le taux de chômage normand avait atteint son plus bas niveau depuis 40 ans (6,6 %). Cette lente progression ne modifie pas la géographie du chômage régional. Plus faible à l’ouest de la région, avec des taux inférieurs à ceux de la Bretagne et des Pays de la Loire, le taux de chômage est toujours plus fort à l’est, dans la moyenne des taux observés parmi les départements du bassin parisien. Ainsi, les zones d’emploi de Saint-Lô, d’Avranches et de Cherbourg-en-Cotentin restent les plus épargnées avec des taux très inférieurs à ceux observés dans les zones d’emploi du Havre (la plus touchée) ou de Rouen, qui connaît la plus forte progression en 2023.

La légère remontée du chômage épargne pour l’instant les plus de 50 ans et les chômeurs de longue durée qui représentent encore 40 % des demandeurs d’emploi de la région. Elle touche en priorité les jeunes inscrits à France Travail (20 000 en catégorie A), en dépit des mesures prises en faveur de l’apprentissage. Mesures qui sont actuellement plébiscitées par les employeurs privés notamment et les jeunes qui les utilisent de manière croissante. En ayant doublé ses effectifs d’apprentis depuis 5 ans, l’appareil productif de la Normandie accueille aujourd’hui 50 000 apprentis, soit environ 4 % de l’emploi salarié régional. Ce succès se fait au détriment du contrat de professionnalisation qui est davantage en recul dans la région qu’au niveau national (-10,1 % contre -2,2 %).

En dépit d’un certain nombre d’incertitudes sur l’environnement économique national et international, les créateurs d’entreprises normands, et particulièrement les auto-entrepreneurs continuent à se lancer dans le défi de la création de micro-entreprises. En 2023, près de 35 700 entreprises ont été créées en Normandie, un niveau similaire à l’année précédente. La région se distingue par une légère progression dans un contexte de recul national plus marqué et qui touche particulièrement les formes sociétaires et les entrepreneurs individuels. En Normandie, les créations d’entreprises sont portées uniquement par les micro-entrepreneurs. Les créations d’entreprises industrielles augmentent pour la sixième année consécutive, malgré le ralentissement des créations de sociétés pour la première fois depuis 2020. Les secteurs de la construction et du « commerce, transport, hébergement et restauration » sont en revanche en recul.

Ralentissement économique, fin des mesures de soutien à l’activité depuis juin 2022 et difficultés sectorielles expliquent une progression des défaillances déjà observée l’an passé, qui retrouvent désormais leur niveau d’avant crise sanitaire. Tous les départements normands et tous les secteurs d’activité, excepté l’agriculture, sont concernés. Dans l’industrie, le nombre de défaillances a ainsi doublé en deux ans, mais ce rythme est nettement moins soutenu qu’au niveau national.

Le ralentissement de l’activité n’affecte pas tous les secteurs de l’économie de la région de la même manière. Le résultat de l’agriculture est en repli après deux années de hausse, suivant ainsi la tendance nationale. Certaines récoltes ont été perturbées par des pluies abondantes au printemps, à l’été et à l’automne. La production de lait est restée stable. Les évolutions de prix sont assez contrastées selon les productions, entre baisse et fermeté.

Le secteur de la construction est quant à lui en difficulté, tant au plan national que dans la région. Les mises en chantier ont reculé de près d’un tiers et les autorisations de logements, indicateur de l’activité à venir dans le secteur de la construction, et les surfaces autorisées à la construction de locaux non résidentiels sont également en net recul. Le constat est similaire pour la vente de logements neufs, principalement en raison du durcissement des conditions d’obtention de crédit immobilier.

La situation est davantage contrastée au sein du secteur des transports. Le trafic de marchandises diminue en Normandie en 2023. Il est en baisse dans les principaux ports normands, comme au niveau européen. Ce mouvement de baisse est dû au recul des flux de conteneurs et des vracs solides, en particulier ceux des céréales qui diminuent nettement. Le transport aérien de passagers en revanche se porte mieux en Normandie et poursuit la tendance amorcée en 2021. Les immatriculations de véhicules neufs repartent à la hausse dans la région également et se rapprochent de leur niveau d’avant crise sanitaire.

Au classement des échanges commerciaux avec l’extérieur, tant pour les importations que pour les exportations, la Normandie est la 6e région de France. En 2023, les flux entrants demeurent toujours supérieurs aux flux sortants de marchandises, mais ce solde déficitaire s’améliore, essentiellement par la diminution de la valeur des produits énergétiques importés. Le poids du département de la Seine-Maritime dans ces échanges explique une grande partie du recul du déficit régional. Les échanges sont réalisés principalement avec les pays d’Europe et l’Allemagne notamment pour les exportations et les États-Unis pour les importations. En 2023, les échanges avec la Chine et la Russie sont, quant à eux, en net recul.

Dans le secteur du tourisme, la fréquentation dans l’ensemble des hébergements progresse en dépit d’une baisse d’activité dans les hôtels au cœur de l’été 2023. Les touristes sont, en particulier, venus nombreux dans les campings de la région. Avec près de 17 millions de nuitées, soit 300 000 de plus qu’en 2022, la Normandie confirme son attractivité touristique (la fréquentation progresse de 1,8 % sur un an, légèrement en dessous de l’évolution nationale, +2,3 %). Les hôtels accueillent près d’une nuitée sur deux, les campings une sur trois. Dans l’ensemble des campings normands, la part de la clientèle étrangère ne cesse d’augmenter (+1,5 point sur un an) et demeure plus élevée qu’au niveau national.

Début 2024, l’horizon s’éclaircirait légèrement

Au premier trimestre 2024, le PIB de la France progresse de 0,2 %. La consommation des ménages accélère (+0,4 %). Ces derniers devraient bénéficier d’un mouvement de désinflation qui se confirme et qui soutiendrait leur pouvoir d’achat. L’investissement connaît un rebond (+0,3 %). La progression de l’activité serait toutefois limitée au premier semestre en France. Le fléchissement observé dans la construction devrait se poursuivre et la production de l’industrie manufacturière devrait diminuer.

En Normandie les tous premiers indicateurs de l’activité mesurée par les volumes d’heures rémunérées au premier trimestre témoignent d’un ralentissement, notamment dans la construction et l’industrie. Les offres d’emploi sont moins nombreuses également, notamment en Seine-Maritime et dans une moindre mesure dans le Calvados. Sur an, la tendance baissière est plus accentuée qu’en moyenne nationale, dans tous les départements de Normandie, excepté la Manche. C’est dans ce contexte de repli de l’offre que le nombre de demandeurs d’emploi toutes catégories confondues poursuit sa lente progression, partout sauf dans l’Eure. Les femmes sont relativement épargnées au 1er trimestre 2024 et tendanciellement sur un an. Les jeunes profitent d’une légère baisse en ce début d’année 2024 mais leur nombre progresse le plus fortement sur un an. Le nombre d’inscrits de longue durée (depuis plus d’un an) est tendanciellement stable mais subit la hausse la plus marquée au premier trimestre.

La création de micro-entreprises constitue une des voies d’insertion professionnelle. La dynamique observée pour ces jeunes pousses est particulièrement soutenue dans la région comparée à la tendance nationale (5 points d’écart). En revanche, la création d’entreprises plus « classiques » est en repli au début de cette année 2024. Sur un an, elle s’inscrit dans la moyenne nationale de hausse mais à un rythme deux fois moins rapide. Au total, l’évolution de la création d’entreprises en Normandie est légèrement plus dynamique qu’au plan national. Les défaillances observées à partir des jugements de fin avril 2024 (au titre du dernier trimestre 2023) confirment une remontée du nombre d’entreprises en difficulté en 2023 (+540 par rapport au 4e trimestre 2022).

La crise du bâtiment perdure. Fin mars 2024, la construction de 11 600 logements était commencée en Normandie, ce qui correspond à une baisse de près de 30 % dans la région, baisse supérieure de 7 points à la moyenne française sur un an. Les autorisations de construire des logements en fin mars 2024 s’élèvent à 16 000 logements. Là encore, il s’agit d’une baisse de 20 % sur un an mais cette baisse est plus conforme à la moyenne nationale. En tout état de cause elle n’augure pas, à ce stade, d’une reprise de l’activité sur le segment du logement neuf.

Contexte national - En 2023, le décalage conjoncturel entre les États-Unis et les différentes économies européennes s’est confirmé

En 2023, le décalage conjoncturel entre les États-Unis et les différentes économies européennes s’est confirmé (figure 1). La croissance américaine a ainsi atteint +2,5 % contre +0,6 % dans la zone euro, où l’activité a été globalement étale tout au long de l’année, et +0,1 % au Royaume-Uni. Parmi les principales économies de la zone euro, la France et l’Italie ont connu une dynamique de croissance globalement assez proche en 2023 (+1,1 % en France et +1,0 % en Italie). Le moteur allemand a quant à lui calé (croissance nulle en 2023), tandis que l’économie espagnole a poursuivi son rattrapage (+2,5 %).

L’Europe est restée exposée à des prix énergétiques élevés, bien qu’en repli, et a pâti des effets du resserrement monétaire. L’économie américaine y a été moins sensible, bénéficiant de puissants soutiens budgétaires. En Chine, passé le rebond consécutif à la réouverture de l’économie, la croissance s’est stabilisée à un rythme sensiblement inférieur à celui de la décennie 2010, pénalisée notamment par la contraction du secteur immobilier. Le ralentissement chinois a, toutefois, un effet global ambigu pour l’économie française : s’il freine l’activité via les canaux commerciaux, il contribue en revanche à la détente des prix des matières premières et constitue ainsi un facteur de soutien.

Figure 1Croissance trimestrielle du PIB dans la zone euro et aux États-Unis

(en %)
Croissance trimestrielle du PIB dans la zone euro et aux États-Unis ((en %))
Date États-Unis Zone euro
T1 2022 -0,50 0,63
T2 2022 -0,14 0,79
T3 2022 0,66 0,46
T4 2022 0,64 -0,03
T1 2023 0,56 0,08
T2 2023 0,51 0,11
T3 2023 1,19 0,02
T4 2023 0,84 -0,07
  • Sources : Bureau of Economic Analysis, Eurostat.

Figure 1Croissance trimestrielle du PIB dans la zone euro et aux États-Unis

  • Sources : Bureau of Economic Analysis, Eurostat.

En France, la croissance de l'économie a été modérée en 2023 : le PIB (en volume) a augmenté de 0,9 % en données brutes (+1,1 % en données corrigées des jours ouvrables), après une hausse de 2,6 % en 2022. La production a ralenti (+1,5 % en volume après +4,1 %).

La croissance de la production est principalement portée par les services marchands, qui ralentissent mais sont en hausse de 2,4 %, et en particulier par les services aux entreprises et d'information-communication. La production en construction est quasi stable (-0,1 %), mais cette stabilité masque un repli important dans la construction de logements neufs que compense la bonne tenue des activités d’entretien-amélioration et de génie civil. La production industrielle rebondit (+0,5 % après -0,4 %), avec des situations très contrastées suivant les branches. La production de matériels de transport, encore très dégradée en 2022 par rapport à son niveau d’avant-crise, accélère nettement en 2023 (+11,3 % après +7,8 %), les difficultés d’approvisionnement s’atténuant. À l’inverse, la production d'« autres produits manufacturés » se replie de nouveau (-3,6 % après -0,9 %), notamment pour les industries les plus énergivores (chimie, papeterie, métallurgie), très pénalisées par la hausse des prix de l'énergie.

L’emploi salarié a nettement ralenti en 2023, augmentant de 0,6 % sur l’année (soit 156 000 créations nettes d’emploi entre fin 2022 et fin 2023), après +1,4 % en 2022 (soit +376 000 emplois) et +3,2 % en 2021 (soit +814 000 emplois). Le taux de chômage au sens du BIT s’est stabilisé en fin d’année à 7,5 % de la population active. Il est supérieur de 0,4 point à son niveau de fin 2022, qui était le plus bas depuis 1982. La hausse progressive du chômage depuis lors résulte du ralentissement de l’emploi alors que la population active est restée dynamique.

Le pouvoir d’achat des ménages a rebondi, malgré une inflation qui demeure élevée

Après être resté pendant près d’un an sur un plateau autour de +6 %, le glissement annuel des prix à la consommation en France a nettement diminué à partir du printemps 2023, du fait notamment du ralentissement des prix des produits pétroliers et des produits alimentaires (figure 2). L’inflation est néanmoins restée relativement élevée : en moyenne annuelle, elle s’est établie à +4,9 %, en 2023 après +5,2 % en 2022. L’alimentation a été la principale contributrice à l’inflation d’ensemble entre septembre 2022 et septembre 2023. Dès avril 2023 cependant, les prix des produits alimentaires ont nettement ralenti, en raison du reflux des prix des produits agricoles depuis leur pic de mai 2022. De même, la contribution des prix des produits manufacturés à l’inflation d’ensemble a reflué à compter du milieu d’année. Ce sont désormais les prix des services, tirés par la dynamique des salaires, qui soutiennent l’inflation.

En ce qui concerne les rémunérations, le salaire moyen par tête (SMPT) dans les branches marchandes non agricoles et le (SMB) ont été dynamiques en termes nominaux (respectivement +4,1 % et +4,3 %). Cependant, ils ont de nouveau reculé en termes réels (respectivement -0,8 % et -0,6 %). Comme en 2022, ces reculs inédits traduisent le fort dynamisme des prix sur la période récente. En deux ans, le recul du SMB réel atteint ainsi 2,5 %.

Figure 2Inflation en France et contributions par poste

(évolution en %, contributions en points)
Inflation en France et contributions par poste ((évolution en %, contributions en points)) - Lecture : en décembre 2023, l’inflation d’ensemble s’établit à 3,7 % sur un an. L’alimentation contribue pour +1,2 point à l’inflation d’ensemble.
Date Alimentation Énergie Produits manufacturés Services Tabac Ensemble Ensemble sous-jacent
janv.-2019 0,4 0,2 -0,1 0,5 0,3 1,2 0,7
févr.-2019 0,5 0,3 -0,1 0,4 0,3 1,3 0,7
mars-2019 0,4 0,4 -0,1 0,3 0,2 1,1 0,5
avr.-2019 0,4 0,4 -0,1 0,5 0,2 1,3 0,7
mai-2019 0,4 0,3 -0,2 0,3 0,2 0,9 0,4
juin-2019 0,4 0,2 -0,2 0,6 0,2 1,2 0,9
juil.-2019 0,5 0,1 -0,2 0,5 0,2 1,1 0,9
août-2019 0,5 0,1 -0,2 0,5 0,2 1,0 0,7
sept.-2019 0,3 0,0 -0,2 0,6 0,2 0,9 0,9
oct.-2019 0,3 -0,1 -0,1 0,6 0,2 0,8 1,0
nov.-2019 0,3 -0,1 -0,2 0,6 0,3 1,0 1,0
déc.-2019 0,3 0,2 -0,1 0,7 0,3 1,5 1,1
janv.-2020 0,3 0,4 -0,1 0,6 0,3 1,5 1,0
févr.-2020 0,3 0,1 0,1 0,7 0,3 1,4 1,2
mars-2020 0,3 -0,3 -0,1 0,5 0,3 0,7 0,7
avr.-2020 0,6 -0,7 -0,1 0,3 0,3 0,3 0,2
mai-2020 0,6 -0,9 -0,2 0,6 0,3 0,4 0,6
juin-2020 0,4 -0,7 -0,3 0,5 0,3 0,2 0,3
juil.-2020 0,2 -0,6 0,5 0,5 0,3 0,8 1,3
août-2020 0,1 -0,6 -0,1 0,4 0,3 0,2 0,5
sept.-2020 0,1 -0,6 0,0 0,3 0,3 0,0 0,5
oct.-2020 0,2 -0,6 0,0 0,2 0,3 0,0 0,3
nov.-2020 0,3 -0,6 -0,1 0,3 0,3 0,2 0,4
déc.-2020 0,2 -0,6 -0,2 0,4 0,3 0,0 0,2
janv.-2021 0,2 -0,5 0,2 0,4 0,3 0,6 1,1
févr.-2021 0,1 -0,1 -0,1 0,4 0,3 0,6 0,5
mars-2021 0,2 0,4 0,0 0,5 0,1 1,1 1,0
avr.-2021 0,0 0,6 -0,1 0,6 0,1 1,2 1,0
mai-2021 0,0 0,8 0,0 0,5 0,1 1,4 0,9
juin-2021 0,0 0,8 0,2 0,4 0,1 1,5 1,1
juil.-2021 0,2 0,9 -0,3 0,3 0,1 1,2 0,0
août-2021 0,2 0,9 0,3 0,3 0,1 1,9 1,0
sept.-2021 0,2 1,1 0,1 0,7 0,1 2,2 1,4
oct.-2021 0,1 1,5 0,1 0,8 0,1 2,6 1,5
nov.-2021 0,1 1,6 0,2 0,9 0,0 2,8 1,8
déc.-2021 0,2 1,4 0,3 0,8 0,0 2,8 2,0
janv.-2022 0,3 1,5 0,2 0,9 0,0 2,9 1,6
févr.-2022 0,4 1,7 0,6 1,1 0,0 3,6 2,4
mars-2022 0,5 2,3 0,5 1,1 0,0 4,5 2,5
avr.-2022 0,6 2,1 0,7 1,4 0,0 4,8 3,2
mai-2022 0,7 2,2 0,7 1,5 0,0 5,2 3,6
juin-2022 1,0 2,7 0,6 1,6 0,0 5,8 3,7
juil.-2022 1,1 2,4 0,7 1,9 0,0 6,1 4,3
août-2022 1,3 1,9 0,9 1,9 0,0 5,9 4,8
sept.-2022 1,6 1,5 0,9 1,5 0,0 5,6 4,6
oct.-2022 2,0 1,7 1,0 1,5 0,0 6,2 5,0
nov.-2022 2,0 1,6 1,1 1,4 0,0 6,2 5,3
déc.-2022 2,0 1,3 1,1 1,4 0,0 5,9 5,3
janv.-2023 2,2 1,4 1,1 1,3 0,0 6,0 5,5
févr.-2023 2,4 1,3 1,1 1,5 0,0 6,3 5,8
mars-2023 2,5 0,4 1,2 1,4 0,1 5,7 6,0
avr.-2023 2,4 0,6 1,1 1,6 0,2 5,9 6,2
mai-2023 2,3 0,2 1,0 1,5 0,2 5,1 5,7
juin-2023 2,2 -0,3 1,0 1,5 0,2 4,5 5,7
juil.-2023 2,0 -0,4 0,8 1,6 0,2 4,3 5,5
août-2023 1,8 0,6 0,7 1,6 0,2 4,9 5,0
sept.-2023 1,6 1,0 0,7 1,4 0,2 4,9 4,6
oct.-2023 1,3 0,4 0,5 1,6 0,2 4,0 4,2
nov.-2023 1,2 0,2 0,4 1,4 0,2 3,5 3,4
déc.-2023 1,2 0,5 0,3 1,6 0,2 3,7 3,4
  • Lecture : en décembre 2023, l’inflation d’ensemble s’établit à 3,7 % sur un an. L’alimentation contribue pour +1,2 point à l’inflation d’ensemble.
  • Source : Insee.

Figure 2Inflation en France et contributions par poste

  • Lecture : en décembre 2023, l’inflation d’ensemble s’établit à 3,7 % sur un an. L’alimentation contribue pour +1,2 point à l’inflation d’ensemble.
  • Source : Insee.

En 2023, le pouvoir d’achat des ménages a accéléré (+0,8 %, après +0,3 % en 2022, figure 3). Les revenus nets d’activité ont ralenti mais sont restés dynamiques (+5,0 % après +7,2 % en 2022). Les prestations sociales en espèces ont augmenté de 4,7 % après +1,7 %, sous l’effet principalement des revalorisations des retraites (effet en année pleine de la revalorisation de juillet 2022 et revalorisation résiduelle de janvier 2023) : les retraites ont ainsi progressé de façon soutenue (+5,3 %). Les revenus du patrimoine, corrigés de l’effet , accélèrent en 2023 (+7,5 % après +5,8 %) sous l’effet de la hausse des taux d’intérêt et de versements dynamiques de dividendes et des autres revenus d’investissement. Au total, le revenu disponible brut (RDB) hors effet SIFIM de l’ensemble des ménages a accéléré (+5,8 % après +5,0 %).

Figure 3Variations annuelles du pouvoir d’achat et contributions de ses principales composantes

(évolution en %, contributions en points)
Variations annuelles du pouvoir d’achat et contributions de ses principales composantes ((évolution en %, contributions en points)) - Lecture : en 2023, les revenus du patrimoine (hors effet SIFIM) contribuent pour +1,6 point à l’évolution du revenu disponible brut (RDB) hors effet SIFIM.
Date Revenus d'activité Prélèvements sociaux-fiscaux Prestations sociales en espèces Revenus du patrimoine (hors effet SIFIM) Prix de la consommation des ménages hors SIFIM Pouvoir d'achat du RDB Pouvoir d'achat du RDB par unité de consommation
2019 2,2 -0,2 1,0 0,4 -0,8 2,6 2,0
2020 -2,5 1,0 3,0 -0,4 -0,8 0,2 -0,4
2021 5,2 -1,3 -0,5 1,7 -1,4 3,4 2,8
2022 5,2 -2,0 0,6 1,2 -4,7 0,3 -0,4
2023 3,7 -0,9 1,6 1,6 -4,8 0,8 0,3
  • Lecture : en 2023, les revenus du patrimoine (hors effet SIFIM) contribuent pour +1,6 point à l’évolution du revenu disponible brut (RDB) hors effet SIFIM.
  • Source : Insee, comptes nationaux.

Figure 3Variations annuelles du pouvoir d’achat et contributions de ses principales composantes

  • Lecture : en 2023, les revenus du patrimoine (hors effet SIFIM) contribuent pour +1,6 point à l’évolution du revenu disponible brut (RDB) hors effet SIFIM.
  • Source : Insee, comptes nationaux.

La consommation des ménages a progressé à un rythme proche du pouvoir d’achat (+0,8 %), si bien que le taux d’épargne des ménages s’est quasiment stabilisé (16,9 % après 16,8 %). Le taux d’épargne reste à un niveau nettement plus élevé que sa moyenne entre 2009 et 2019 (14,7 %). La consommation en produits alimentaires a continué de baisser (-3,6 %, après -3,2 % en 2022). Ces produits sont les plus marqués par l'inflation, avec une hausse des prix de 11,3 % en 2023 (après +6,3 % en 2022). Également très marquée par l'inflation, la consommation en biens énergétiques diminue de nouveau fortement comme en 2022 (-2,5 % après -3,3 %). À l’inverse, la consommation des ménages en services reste dynamique, en particulier dans l'information-communication (+5,6 %), dans les services de transport (+6,7 %) et dans l'hébergement-restauration (+5,5 %).

L’investissement des ménages a sombré, celui des administrations et des entreprises a résisté

En réponse à la hausse de l’inflation, les principales banques centrales, dont la Banque centrale européenne à partir de l’été 2022, ont procédé à un resserrement rapide des politiques monétaires, entraînant une augmentation du coût du crédit pesant sur l’investissement des entreprises comme des ménages. Ce dernier est de nouveau en forte baisse (-8,5 %), pénalisé par la baisse de l'investissement en construction (-5,6 %) et par celle des achats de biens immobiliers (-18,4 % d'investissement en services techniques, comprenant les frais de notaires). L'investissement des entreprises non financières progresse au même rythme qu’en 2022 (+2,7 % après +2,9 %), toujours porté par l’investissement en services d'information-communication. Au total, l’investissement se redresse légèrement en 2023 (+0,4 % en volume après 0,0 %), principalement porté par les investissements des administrations publiques (+6,9 %), qui augmentent dans les matériels de transport, avec notamment la livraison d'un sous-marin.

Le solde extérieur de la France s’améliore

En 2023, les flux de commerce extérieur en volume marquent le pas après deux années de forte hausse. Les exportations augmentent encore un peu (+2,1 % après +8,2 %), alors que les importations sont quasi stables (+0,3 % après +8,8 %). Le solde extérieur en volume s’améliore légèrement. Cette amélioration s’explique surtout par les biens, en particulier les biens énergétiques : la France est de nouveau exportatrice nette d'électricité, et ses imports en gaz et en pétrole baissent fortement, les stocks ayant atteint des niveaux très élevés. Les exportations de matériels de transport, en particulier en aéronautique, accélèrent nettement, mais les importations, notamment de véhicules électriques, augmentent aussi fortement. Les exportations en volume de services se replient, tirées vers le bas par les exportations de services de transport (-7,5 %), tandis que les importations de services sont en forte hausse, avec notamment +15,1 % de services de transport et +7,7 % de services aux entreprises. Au final, la contribution du commerce extérieur à la croissance du PIB a été nettement positive en 2023 (+0,6 point), en partie compensée par un mouvement de déstockage (-0,4 point) (figure 4).

Figure 4Évolution du PIB en volume et contributions à cette évolution

(évolution en %, contributions en points)
Évolution du PIB en volume et contributions à cette évolution ((évolution en %, contributions en points)) - Lecture : En 2023, la croissance du PIB est de 0,9 %. La consommation des ménages et des APU contribue pour 0,6 point à cette croissance.
Année Consommation (ménages et APU ¹) Investissement Solde du commerce extérieur Variation de stocks Produit intérieur brut (PIB)
2019 1,2 0,9 0,0 -0,1 2,0
2020 -4,5 -1,3 -1,3 -0,3 -7,4
2021 4,5 2,2 0,7 -0,5 6,9
2022 2,3 0,0 -0,3 0,5 2,6
2023 0,6 0,1 0,6 -0,4 0,9
  • ¹ : Administrations publiques.
  • Lecture : En 2023, la croissance du PIB est de 0,9 %. La consommation des ménages et des APU contribue pour 0,6 point à cette croissance.
  • Source : Insee, comptes nationaux, base 2020.

Figure 4Évolution du PIB en volume et contributions à cette évolution

  • ¹ : Administrations publiques.
  • Lecture : En 2023, la croissance du PIB est de 0,9 %. La consommation des ménages et des APU contribue pour 0,6 point à cette croissance.
  • Source : Insee, comptes nationaux, base 2020.
Publication rédigée par :Christian Camesella, Clément Bortoli, Gaston Vermersch (Insee)

Le SMB correspond à la composante sous-jacente du SMPT, à côté de la composante conjoncturelle affectée notamment par les versements de primes et les heures supplémentaires.

Les services d’intermédiation financière indirectement mesurés (SIFIM) mesurent les services d’intermédiation liés à l’octroi de crédits et à la gestion des dépôts par les banques. L’imputation de SIFIM majore l’évolution des revenus du patrimoine dans un contexte de remontée de taux d’intérêt ainsi que le prix de la consommation des ménages, mais l’effet de cette imputation sur l’évolution du pouvoir d’achat du RDB est faible (encadré 2 de l’IP no 1997 « Les comptes de la Nation en 2023 »).

Pour en savoir plus

(1) Héam J.-C., Meinzel P., Morvan F., « Les comptes de la Nation en 2023 », Insee Première no 1997, mai 2024.

Le SMB correspond à la composante sous-jacente du SMPT, à côté de la composante conjoncturelle affectée notamment par les versements de primes et les heures supplémentaires.

Les services d’intermédiation financière indirectement mesurés (SIFIM) mesurent les services d’intermédiation liés à l’octroi de crédits et à la gestion des dépôts par les banques. L’imputation de SIFIM majore l’évolution des revenus du patrimoine dans un contexte de remontée de taux d’intérêt ainsi que le prix de la consommation des ménages, mais l’effet de cette imputation sur l’évolution du pouvoir d’achat du RDB est faible (encadré 2 de l’IP no 1997 « Les comptes de la Nation en 2023 »).