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Insee Conjoncture Nouvelle-Aquitaine · Juillet 2021 · n° 27
Insee Conjoncture Nouvelle-AquitaineBilan économique 2020 - Nouvelle-Aquitaine En 2020, l’activité néo-aquitaine est fortement perturbée, l’emploi résiste

En 2020, la Nouvelle-Aquitaine comme le reste du pays et du monde est touchée par l’épidémie de Covid-19. La crise sanitaire se répercute très vite sur l’économie avec, dès le mois de mars, un premier confinement destiné à endiguer la propagation du virus. Tous les secteurs subissent les conséquences des restrictions de déplacements et des fermetures d’établissements. L’effondrement de la fréquentation, touristique comme professionnelle, entraîne des pertes de chiffres d’affaires et d’effectifs conséquentes dans l’hébergement et la restauration. Les transports, notamment aériens, paient également un lourd tribut à cette crise inédite. Dans la construction, en dépit d’une baisse globale de l’activité, les effectifs salariés sont préservés. L’agriculture pâtit d’une baisse de ses productions, des conditions climatiques défavorables s’ajoutant aux restrictions affectant la restauration et les rassemblements festifs. Outre les effets directs des mesures sanitaires, l’industrie subit le repli d’activité des autres secteurs. Malgré un contexte peu propice aux initiatives entrepreneuriales, les créations d’entreprises poursuivent leur progression cependant ralentie par rapport à 2019.

Les dispositifs exceptionnels d’aides gouvernementales, mis en place pour limiter les conséquences économiques, permettent à nombre d’entreprises de survivre, de limiter les suppressions d’emploi, et ainsi d’éviter une envolée du chômage. À la fin de l’année, l’emploi salarié est en retrait de 0,6 % en Nouvelle-Aquitaine et le chômage est stable.

Insee Conjoncture Nouvelle-Aquitaine
No 27
Paru le :Paru le08/07/2021

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2020 publiés par l'Insee.
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Agriculture végétale - pandémie et aléas météorologiques pèsent sur les productions végétales et leurs marchés Bilan économique 2020

Véronique Triquard, Isabelle Lafargue, Geneviève Majesté (Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt Nouvelle-Aquitaine)

En 2020, les conditions météorologiques sont particulièrement néfastes aux grandes cultures de la Nouvelle-Aquitaine. La production de céréales, oléagineux et protéagineux chute d’un quart par rapport à l’année passée mais les prix se maintiennent. Comme le marché du Cognac, en recul en 2020 après cinq années de croissance, celui des vins d’appellation subit les conséquences de la crise sanitaire. La météo bénéficie aux vendanges en Cognac alors que, pour les vins, la récolte est en baisse. Globalement, la production de fruits et légumes chute. Malgré une demande moindre en raison de la fermeture des restaurants, dans l’ensemble, les prix se maintiennent.

Insee Conjoncture Nouvelle-Aquitaine

No 27

Paru le :08/07/2021

L’hiver 2019-2020 est le plus doux jamais enregistré depuis des décennies, suivi par un mois d’avril très chaud et par des canicules jusqu’en septembre. Le bilan pluviométrique est excédentaire (+ 19 %) en particulier pour les départements côtiers. Seule la Creuse reste en déficit.

Grandes cultures : la plus faible production depuis 20 ans

La production régionale en céréales, oléagineux et protéagineux recule de près de 26 % et atteint le niveau le plus faible depuis 20 ans (figure 1). La baisse des surfaces en céréales à paille d’hiver et des rendements de la majorité des cultures expliquent ce recul. Après des semis d’hiver perturbés par d’importantes pluies, seule une partie des cultures a été mise en terre. En recul de 31 %, les surfaces en blé tendre sont les plus faibles depuis 2000. Les cultures semées au printemps bénéficient du report de ces surfaces non emblavées malgré des conditions peu favorables : l’orge de printemps double sa surface en un an, celle des oléagineux progresse de 23 % et celle des protéagineux de 32 %. La hausse des surfaces permet ainsi au tournesol et au colza de tirer leur épingle du jeu en augmentant leur production de 13 % et 7 %. Même si la douceur des premiers mois permet aux cultures de rattraper en partie le retard, la période sèche de mi-mars à mi-avril puis les excès d’eau de mai, les pénalisent à nouveau. Pour toutes les céréales à paille, le rendement est inférieur aux moyennes quinquennales.

Figure 1Production des principales grandes cultures en Nouvelle-Aquitaine en 2019 et 2020

milliers de tonnes
Production des principales grandes cultures en Nouvelle-Aquitaine en 2019 et 2020 (milliers de tonnes)
Cultures Production 2019 Production 2020
Maïs grain 3 949 3 670
Blé tendre 3 839 1 868
Orge 1 018 766
Tournesol 448 508
Colza 229 245
Blé dur 242 199
Triticale 343 221
  • Source : Ministère de l’agriculture et de l’alimentation – Statistique agricole annuelle

Figure 1Production des principales grandes cultures en Nouvelle-Aquitaine en 2019 et 2020

  • Source : Ministère de l’agriculture et de l’alimentation – Statistique agricole annuelle

Début 2020, les incertitudes liées à la Covid-19 et la faiblesse de l’euro vis-à-vis du dollar maintiennent le cours du blé tendre autour de 19 €/quintal (figure 2). Durant l’été, la faible production française et la demande soutenue, interne comme mondiale, poussent les cours à la hausse pour finir au-dessus de 20 €/quintal. Au 1er semestre, la crise sanitaire pèse sur les prix du maïs. Cependant, en fin d’été, la demande des fabricants d’aliments pour bétail tire les prix vers le haut (figure 3).

Figure 2Cotations base juillet - Blé tendre (rendu Rouen)

euros/quintal
Cotations base juillet - Blé tendre (rendu Rouen) (euros/quintal)
2019 2020 Moyenne 2017-2018-2019
janv 20,09 18,92 17,34
fév 19,24 19,01 17,23
mars 18,20 18,53 16,79
avril 18,13 20,08 16,48
mai 17,43 18,88 16,41
juin 17,63 17,63 16,62
juil 16,37 18,34 17,37
août 16,37 18,10 17,56
sept 16,13 18,71 17,13
oct 16,99 20,20 17,51
nov 17,46 20,70 17,58
déc 18,27 20,54 17,87
  • Source : FranceAgriMer

Figure 2Cotations base juillet - Blé tendre (rendu Rouen)

  • Source : FranceAgriMer

Figure 3Cotations base juillet - Maïs grain (rendu Bordeaux)

euros/quintal
Cotations base juillet - Maïs grain (rendu Bordeaux) (euros/quintal)
2019 2020 Moyenne 2017-2018-2019
janv 17,38 16,44 16,01
fév 16,60 16,17 15,82
mars 15,94 15,80 15,80
avril 15,64 15,45 15,74
mai 15,23 15,53 15,64
juin 16,53 15,70 15,82
juil 17,18 15,99 16,18
août 16,25 15,97 16,38
sept 15,73 16,50 15,80
oct 15,80 17,73 15,54
nov 15,80 19,03 15,77
déc 16,07 18,72 16,61
  • Source : FranceAgriMer

Figure 3Cotations base juillet - Maïs grain (rendu Bordeaux)

  • Source : FranceAgriMer

La Covid-19 interrompt cinq ans de hausse de l’export du Cognac et accentue la baisse des vins d’appellation

En 2019-2020, les sorties de Cognac reculent de 11 % en volume (- 9 % en valeur) par rapport à 2018/2019 (figure 4). La crise sanitaire stoppe brutalement la progression des exportations, incessante depuis 5 ans. Si les envois vers les USA (1er marché) se maintiennent en raison de commandes de « précaution », les volumes exportés vers l’Extrême-Orient (2e marché) chutent de 27 % et ceux vers l’Europe de 13 %.

Figure 4Campagne de commercialisation du cognac (1er août au 31 juillet)

Campagne de commercialisation du cognac (1er août au 31 juillet)
Sorties de cognac sur la campagne 2019/2020 (hl alcool pur) Écart par rapport à 2018/2019 (en %)
Total des sorties 564 704 -11,4
dont :
marchés étrangers 511 388 -11,5
marché français 11 509 3,7
autres utilisations 39 807 -13,6
  • Source : BNIC

La filière des vins est également pénalisée par la pandémie, dans un marché international déjà tendu fin 2019. Les mesures de restriction sanitaire dans les pays clients et la surtaxe décidée par l’administration Trump compriment la dynamique commerciale des vins de Bordeaux. En repli de 7,5 % en volume, les exportations chutent de - 18 % en valeur en raison d’une diminution des ventes et du prix de produits haut de gamme comme les grands crus (figure 5). Les ventes reculent aussi en France en raison de la fermeture des cafés et restaurants.

Figure 5Évolution des exportations de vins de Bordeaux par grande destination

millions d’hl
Évolution des exportations de vins de Bordeaux par grande destination (millions d’hl)
Campagnes Asie Union Européenne à 15 Amérique Europe hors UE Autres
2016-2017 945 635 287 60 179
2017-2018 892 648 304 60 192
2018-2019 680 604 286 56 186
2019-2020 581 587 275 54 178
  • Source : Douanes

Figure 5Évolution des exportations de vins de Bordeaux par grande destination

  • Source : Douanes

En fin de campagne, les stocks de vins néo-aquitains sont importants (10 millions d’hectolitres). Afin de limiter les perturbations sur le marché et de permettre le bon déroulement de la vendange 2020, l’État français déclenche la mesure de distillation de crise. Ainsi, 840 000 hectolitres de vins produits dans la région sont transformés en alcool à usage industriel ou énergétique.

Vendange excellente en Cognac, en recul pour les vins d’appellation

Avec plus de 17 millions d’hectolitres produits en 2020, le vin néo-aquitain progresse de 19 % sur un an. En Cognac, la récolte atteint un record inédit depuis 10 ans. Pour les vins d’appellation à l’inverse, la production diminue. En Gironde, elle est l’une des plus faibles de la décennie. En Dordogne, en AOP, la bonne récolte de rouge (+ 7 %) compense largement la baisse en blanc (- 1 %). En Lot-et-Garonne, la récolte recule suite à un épisode de grêle.

Fruits et légumes : la Covid perturbe demande, production et commercialisation

La météorologie a perturbé les marchés. Les fortes pluies de fin 2019, suivies d’épisodes caniculaires au début de l’été, ont permis des récoltes précoces de fruits (prunes, pommes) mais parfois minorées par un manque d’eau estival. La production de prunes à pruneaux baisse et les prix sont stables. La fraise, dont la récolte est en repli, est bien valorisée par les acteurs de la filière. Les derniers cours sont supérieurs à ceux des deux années précédentes. Après un millésime 2019 d’exception, la production de la pomme Golden diminue nettement mais la consommation aussi. Son prix se maintient grâce à la réduction des commandes des centrales d’achat et des grossistes pour s’adapter à cette baisse de la demande.

La production de tomates est en légère hausse mais la demande n’est pas toujours au rendez-vous. Les pics de production et de consommation ne coïncident pas. Au final, les prix plafonnent bas. La carotte « primeur » (vendue avant l’été) souffre des aléas climatiques et les rendements baissent, alors que ceux de la carotte de saison progressent. Néanmoins, les prix dépassent ceux des années précédentes. Le premier confinement lié à l’épidémie de Covid-19 stoppe la campagne précoce de l’asperge. En effet, le report de consommation des particuliers sur des denrées non périssables et la fermeture des restaurants et des marchés de plein air engendrent une forte baisse de la demande au moment où la production bat son plein. Beaucoup d’agriculteurs interrompent leur saison et la production chute. Cette adaptation de l’offre à la demande maintient les prix au-dessus de ceux de 2019 (figure 6).

Figure 6Cotation de l’Asperge violette Sud-Ouest (cat I - cal 16-22 mm - plt 5 kg)

euro HT/kg
Cotation de l’Asperge violette Sud-Ouest (cat I - cal 16-22 mm - plt 5 kg) (euro HT/kg)
Semaines 2019 2020 Moyenne 2017-2018-2019
7 /// /// ///
8 /// 12,00 ///
9 11,10 10,00 11,10
10 8,10 9,00 8,10
11 7,20 8,25 8,15
12 6,14 5,92 6,85
13 5,12 4,60 5,93
14 4,64 5,48 5,24
15 5,24 6,48 4,96
16 5,80 6,30 4,82
17 5,20 5,62 4,34
18 4,58 5,08 4,03
19 4,45 4,80 4,15
20 4,44 4,78 4,16
21 4,30 4,90 4,08
22 4,20 3,95
23 /// /// 3,80
24 /// /// ///
  • Source : FranceAgriMer – Réseau des nouvelles des marchés (RNM)

Figure 6Cotation de l’Asperge violette Sud-Ouest (cat I - cal 16-22 mm - plt 5 kg)

  • Source : FranceAgriMer – Réseau des nouvelles des marchés (RNM)
Publication rédigée par :Véronique Triquard, Isabelle Lafargue, Geneviève Majesté (Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt Nouvelle-Aquitaine)