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Insee Conjoncture Nouvelle-Aquitaine · Juillet 2021 · n° 27
Insee Conjoncture Nouvelle-AquitaineBilan économique 2020 - Nouvelle-Aquitaine En 2020, l’activité néo-aquitaine est fortement perturbée, l’emploi résiste

En 2020, la Nouvelle-Aquitaine comme le reste du pays et du monde est touchée par l’épidémie de Covid-19. La crise sanitaire se répercute très vite sur l’économie avec, dès le mois de mars, un premier confinement destiné à endiguer la propagation du virus. Tous les secteurs subissent les conséquences des restrictions de déplacements et des fermetures d’établissements. L’effondrement de la fréquentation, touristique comme professionnelle, entraîne des pertes de chiffres d’affaires et d’effectifs conséquentes dans l’hébergement et la restauration. Les transports, notamment aériens, paient également un lourd tribut à cette crise inédite. Dans la construction, en dépit d’une baisse globale de l’activité, les effectifs salariés sont préservés. L’agriculture pâtit d’une baisse de ses productions, des conditions climatiques défavorables s’ajoutant aux restrictions affectant la restauration et les rassemblements festifs. Outre les effets directs des mesures sanitaires, l’industrie subit le repli d’activité des autres secteurs. Malgré un contexte peu propice aux initiatives entrepreneuriales, les créations d’entreprises poursuivent leur progression cependant ralentie par rapport à 2019.

Les dispositifs exceptionnels d’aides gouvernementales, mis en place pour limiter les conséquences économiques, permettent à nombre d’entreprises de survivre, de limiter les suppressions d’emploi, et ainsi d’éviter une envolée du chômage. À la fin de l’année, l’emploi salarié est en retrait de 0,6 % en Nouvelle-Aquitaine et le chômage est stable.

Insee Conjoncture Nouvelle-Aquitaine
No 27
Paru le :Paru le08/07/2021

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2020 publiés par l'Insee.
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Synthèse régionale - Contexte national Bilan économique 2020

Michèle Charpentier, Aliette Cheptitski (Insee)

Insee Conjoncture Nouvelle-Aquitaine

No 27

Paru le :08/07/2021

Synthèse régionale - En 2020, l’activité néo-aquitaine est fortement perturbée, l’emploi résiste

En 2020, la Nouvelle-Aquitaine comme le reste du pays et du monde est touchée par l’épidémie de Covid-19. La crise sanitaire du début d’année se répercute très vite sur l’économie avec, dès le mois de mars, un premier confinement destiné à endiguer la propagation du virus. Tous les secteurs subissent les conséquences des restrictions de déplacements et des fermetures d’établissements, prolongées ou renouvelées tout au long de cette année, mais certains sont plus touchés comme le tourisme ou l’aéronautique. Les dispositifs exceptionnels d’aides gouvernementales, mis en place pour limiter les conséquences économiques, permettent à nombre d’entreprises de survivre, de limiter les suppressions d’emploi, et ainsi d’éviter une envolée du chômage. En Nouvelle-Aquitaine, 64 000 entreprises, tous secteurs confondus, ont bénéficié du prêt garanti par l’État, et 147 millions d’heures d’activité partielle sont déclarées en 2020, contre moins d’un million en 2019 (figure 1). Pour résister, les entreprises innovent, mettant en place de nouveaux modes de fonctionnement et de commercialisation. Les salariés s’adaptent aux divers protocoles sanitaires et au développement massif du télétravail. Les consommateurs choisissent ou sont contraints de modifier leurs comportements d’achats. Au final, les conséquences sur l’emploi salarié (– 0,6 %) et le chômage (0,2 %) sont atténuées mais, dans certains secteurs, la chute du chiffre d’affaires est importante.

Figure 1Activité partielle : nombre de salariés concernés par une demande d'indemnisation

nombre de salariés
Activité partielle : nombre de salariés concernés par une demande d'indemnisation (nombre de salariés)
Nouvelle-Aquitaine
mars 2020 529 970
avril 2020 643 060
mai 2020 505 235
juin 2020 192 345
juil. 2020 100 035
août 2020 56 720
sept. 2020 63 905
oct. 2020 97 360
nov. 2020 204 945
déc. 2020 144 750
  • Note : données mensuelles brutes, provisoires pendant un an.
  • Source : ASP-DGEFP-Dares - Extraction du SI APART du 19 avril 2021.

Figure 1Activité partielle : nombre de salariés concernés par une demande d'indemnisation

  • Note : données mensuelles brutes, provisoires pendant un an.
  • Source : ASP-DGEFP-Dares - Extraction du SI APART du 19 avril 2021.

Les services, secteur le plus touché

Parmi les dispositifs de soutien aux entreprises et à l’emploi, celui de l’activité partielle est très largement utilisé dans les services. En Nouvelle-Aquitaine, deux tiers des heures d’activité partielle déclarées ont été utilisées par des entreprises de ce secteur. L’évolution des paiements par carte bancaire par rapport à 2019 traduit la chute de la consommation lors des deux confinements (figure 2). Ainsi, les services marchands enregistrent une baisse de chiffre d’affaires de près de 8 %, les investissements sont en repli de 15 %, mais la perte d’emplois est contenue (– 1,8 %). Les services aux particuliers sont considérablement affaiblis. Parmi eux, l’hébergement touristique, la restauration, les loisirs, la culture ainsi que les transports subissent des restrictions d’activité plus drastiques et plus longues que d’autres secteurs. L’effondrement de la fréquentation, touristique comme professionnelle, entraîne des pertes de chiffres d’affaires et d’effectifs conséquentes dans l’hébergement et la restauration. Les campings perdent 14 % de nuitées par rapport à 2019, et les hôtels 40 %. Les hôteliers adaptent le niveau de leur offre en fonction de l’allègement ou du renforcement des mesures sanitaires. Mais ils doivent aussi faire face à la concurrence d’autres types d’hébergements, davantage sollicités par les voyageurs. Ainsi, même si les touristes français séjournent majoritairement dans le pays, leur fréquentation ne compense pas l’absence de la clientèle non résidente.

Les restaurateurs se réinventent en proposant de nouvelles prestations comme la vente à emporter et la livraison à domicile. Cette capacité d’adaptation, complétée par les mesures de soutien gouvernementales, permettent de limiter les conséquences de la crise sur leur établissement. Il en est de même pour les entreprises du commerce et des services aux ménages dits « non essentiels », également touchés de plein fouet. Les premières parviennent à maintenir globalement leurs effectifs alors que les secondes en perdent 6 % en un an. Les activités de transport paient également un lourd tribut à cette crise inédite. Les restrictions de déplacements provoquent notamment l’effondrement du trafic aérien, sur les lignes nationales mais surtout internationales (– 77 %). La baisse d’activité dans les entreprises et le recul de la consommation concernent aussi le trafic portuaire régional. En recul par rapport à 2019, ce dernier se maintient néanmoins à un bon niveau.

Le secteur des services non marchands résiste mieux, et enregistre près de 1 % d’emplois salariés supplémentaires.

Figure 2Évolution hebdomadaire des montants des transactions 2020 par carte bancaire CB par rapport à la même semaine de 2019

en %
Évolution hebdomadaire des montants des transactions 2020 par carte bancaire CB par rapport à la même semaine de 2019 (en %)
Semaine Nouvelle-Aquitaine France entière
2 4,4 3,3
3 5,8 4,1
4 7,8 6,9
5 6,2 4,5
6 4,7 2,8
7 5,5 2,3
8 8,6 4,0
9 -0,3 0,0
10 2,2 4,1
11 11,5 8,3
12 -36,9 -40,5
13 -54,9 -57,9
14 -52,2 -54,4
15 -45,0 -46,6
16 -45,8 -48,4
17 -42,9 -41,5
18 -45,0 -44,9
19 -32,4 -34,4
20 7,5 3,9
21 4,7 -1,2
22 3,7 2,9
23 5,5 2,5
24 8,8 4,3
25 11,5 7,2
26 0,3 -4,2
27 2,7 -1,5
28 9,8 6,0
29 11,6 8,7
30 14,4 12,1
31 8,0 5,8
32 14,4 15,5
33 13,4 12,4
34 15,4 11,0
35 11,0 4,9
36 8,7 6,0
37 8,2 5,4
38 7,8 4,6
39 4,0 0,8
40 4,0 0,9
41 4,4 2,4
42 10,9 7,3
43 5,6 2,2
44 -0,6 -2,4
45 -31,2 -33,5
46 -26,7 -29,7
47 -24,8 -28,4
48 -23,4 -27,0
49 8,0 4,7
50 2,1 -1,7
51 -4,0 -7,7
52 -0,7 -1,7
53 -1,3 -4,5
  • Note : transactions par carte bancaire CB en face-à-face qui n'incluent pas la vente à distance (internet).
  • Champ : France.
  • Sources : Cartes bancaires CB, calculs Insee.

Figure 2Évolution hebdomadaire des montants des transactions 2020 par carte bancaire CB par rapport à la même semaine de 2019

  • Note : transactions par carte bancaire CB en face-à-face qui n'incluent pas la vente à distance (internet). Les traits verticaux indiquent les dates de fermeture et réouverture des commerces « non essentiels » lors des deux confinements.
  • Champ : France.
  • Sources : Cartes bancaires CB, calculs Insee.
Avertissement

Les données utilisées proviennent de Cartes Bancaires CB et couvrent l'essentiel des transactions par carte bancaire, à l'exception des transactions CB en vente à distance (internet). Elles sont issues d'une extraction de transactions anonymisées et agrégées à l'échelle départementale afin de respecter les exigences de confidentialité.

Malgré une baisse globale d’activité, la construction préserve ses emplois

La production du secteur du bâtiment et travaux publics chute de 8 %. Le second œuvre est le pan le plus affecté, les travaux publics résistent mieux. Comme dans un grand nombre de secteurs, l’activité dans la construction se fige lors du premier confinement. Grâce à une reprise rapide dans les mois qui suivent, le recul du nombre de logements commencés par rapport à 2019 est modéré (– 3 %). La baisse du nombre de mises en chantier des locaux non résidentiels est bien plus importante (– 18 %) ; les plus touchés sont les commerces, les entrepôts et les locaux industriels. Les autorisations de construire sont également en retrait par rapport à 2019, de 13 % pour les logements et de 22 % pour les locaux non résidentiels. Toutefois, l’emploi dans la construction est préservé et même assez dynamique avec une augmentation de 2,3 % par rapport à fin 2019.

Le marché de l’immobilier neuf est aussi à la peine, avec 13 % de réservations en moins. De plus, le nombre d’annulations de transactions augmente et représente, en 2020, 15 % des ventes. Dans ce contexte de contraction du marché, les prix des maisons et des appartements neufs poursuivent leur ascension, tout en restant inférieurs aux prix moyens nationaux.

L’agriculture cumule les difficultés

L’agriculture subit le double effet des aléas climatiques et de la crise sanitaire, le premier sur les productions végétales, le second sur la commercialisation de ses produits.

Pénalisée par des périodes d’excès ou de pénurie d’eau, la production de céréales, oléagineux et protéagineux atteint son niveau le plus bas en 20 ans. Ces mêmes conditions météorologiques affectent également la production de la plupart des fruits et légumes. La baisse de l’offre s’accompagne d’une baisse de la demande liée à la crise sanitaire. En effet, les consommateurs reportent une partie de leurs achats sur des produits non périssables notamment lors du premier confinement ; la fermeture des marchés limite les circuits de commercialisation ; celle des restaurants réduit considérablement les commandes de la clientèle.

Néanmoins, les prix d’une majorité de produits se maintiennent, ou augmentent légèrement. Si la récolte de raisins pour les vins d’appellation diminue par rapport à la précédente, celle pour le Cognac est excellente avec un volume record inédit en 10 ans. La commercialisation des vins est particulièrement perturbée par la crise sanitaire, à l’exportation comme sur le marché intérieur. Les éleveurs ne sont pas épargnés. La fermeture des restaurants, le report de consommation des particuliers sur des denrées non périssables, l’interdiction des rassemblements pour les fêtes religieuses pénalisent quasiment toutes les productions d’élevage.

Effet « boule de neige » pour l’industrie

L’industrie subit le repli d’activité des autres secteurs. La filière aéronautique en est l’exemple le plus frappant. Contrairement à d’autres segments, elle ne connaît pas de réel rebond au cours de l'année, le niveau du trafic aérien mondial restant faible. L’ensemble de la construction de matériels de transport perd 2,6 % de ses effectifs en un an. Le recul d’activité des entreprises du travail du bois et des matériaux non ferreux est limité grâce au redémarrage post-confinement de la construction. L’industrie agroalimentaire résiste mieux, l’emploi salarié y est quasi stable. Globalement, en Nouvelle-Aquitaine, l’emploi salarié hors intérim diminue de 1,6 % dans l’industrie, en dépit de l’utilisation du dispositif d’activité partielle. Son chiffre d’affaires régresse de 9 % et les investissements de 15 %.

De nouveaux débouchés pour les créateurs d’entreprise

Malgré un contexte plutôt défavorable aux initiatives entrepreneuriales, les créations d’entreprises poursuivent leur progression (+ 3 %) mais dans une moindre mesure qu’en 2019 (+ 16 %). Tous les grands secteurs y contribuent sauf la construction. Certaines activités restent attractives pour les porteurs de projet grâce à des changements dans les modes de consommation accélérés par la situation sanitaire : le commerce via la vente à distance, les transports voient la livraison à domicile exploser. D’autres, durement touchées par les restrictions, recensent moins de créations que l’an passé à l’image de l’hébergement-restauration. Les créations en micro-entreprises restent les plus nombreuses mais leur essor fléchit fortement.

La forte diminution du nombre de défaillances est, en grande partie, à mettre à l’actif des mesures de soutien aux entreprises.

Les pertes d’emploi globalement contenues

Après des fluctuations influencées par l’évolution de la crise sanitaire et les mesures prises pour l’endiguer, fin 2020, l’emploi salarié total diminue de 0,6 % en Nouvelle-Aquitaine, soit un peu moins qu’au niveau national (– 1,1 %). Ce repli de l’emploi est très limité, grâce notamment au dispositif exceptionnel d’activité partielle qui permet de sauvegarder de nombreux emplois. Cependant, les premiers emplois touchés sont les contrats intérimaires auxquels les entreprises mettent fin dès le premier confinement, au mois de mars ; à la fin de l’année, le nombre d’emplois intérimaires est inférieur de 4 % à son niveau d’avant-crise.

Compte tenu des orientations sectorielles de la région, la dégradation de l’emploi en Nouvelle-Aquitaine découle en grande partie des difficultés rencontrées par les activités de services aux ménages et du tourisme, jugées « non essentielles » pour une majorité d’entre elles (figure 3).

Figure 3Contributions sectorielles mensuelles à l'évolution des heures rémunérées par rapport au même mois de l'année 2019 - Nouvelle-Aquitaine

variation en %, contributions en points
Contributions sectorielles mensuelles à l'évolution des heures rémunérées par rapport au même mois de l'année 2019 - Nouvelle-Aquitaine (variation en %, contributions en points)
Industrie Construction Hébergement et restauration Autres services principalement marchands Services principalement non marchand Ensemble - Nouvelle-Aquitaine
janv. 2020 0,1 0,4 0,2 1,2 0,2 2,1
févr. 2020 0 0,3 0,2 1,3 0,2 2,1
mars 2020 -2,1 -3,2 -2 -5,9 -0,8 -14
avril 2020 -5,5 -5,1 -4,9 -15,8 -2,2 -33,5
mai 2020 -4 -1,7 -4,6 -9 -1,3 -20,6
juin 2020 -2 -0,2 -2,2 -3,2 -0,3 -8
juil. 2020 -1,6 -0,2 -1,2 -2,1 -0,2 -5,3
août 2020 -1,1 0,1 -1 -1,2 -0,1 -3,3
sept. 2020 -1,2 -0,2 -0,8 -1 0 -3,2
oct. 2020 -1,1 -0,2 -0,8 -0,9 0 -3
nov. 2020 -1,1 0 -3,2 -4 -0,1 -8,3
déc. 2020 -0,9 -0,2 -3,2 -1,1 0,2 -5,1
  • Note : ensemble des heures rémunérées des salariés y compris les heures supplémentaires ainsi que les absences pour lesquelles le salarié est rémunéré.
  • Champ : France hors Mayotte.
  • Source : DSN - traitement provisoire, Insee.

Figure 3Contributions sectorielles mensuelles à l'évolution des heures rémunérées par rapport au même mois de l'année 2019 - Nouvelle-Aquitaine

  • Note : ensemble des heures rémunérées des salariés y compris les heures supplémentaires ainsi que les absences pour lesquelles le salarié est rémunéré.
  • Champ : France hors Mayotte.
  • Source : DSN - traitement provisoire, Insee.

Des effets limités sur le chômage

La crise sanitaire-économique génère une hausse du nombre de demandeurs d’emploi (+ 4 %), plus limitée cependant que celle attendue, grâce à l’activité partielle. Les nouvelles inscriptions à Pôle emploi diminuent mais les reprises d’emploi aussi. Après quatre années de baisse, le taux de chômage est stable fin 2020 en dépit du contexte propice à sa hausse. Il résulte notamment de l’objectif affiché du dispositif d’activité partielle.

Dans ce contexte où les entreprises peinent à maintenir leurs effectifs et où les besoins de main-d’œuvre sont restreints et fluctuants, les dispositifs d’aide à l’insertion professionnelle ont du mal à trouver des débouchés.

Prévisions de rebond de l’activité en 2021

Selon les enquêtes de la Banque de France, une forte capacité de rebond de l’économie régionale se confirmerait en 2021. Son ampleur parait encore imprécise, conditionnée par l’évolution de l’épidémie, l’effet de la campagne de vaccination et le retour de la confiance.

Dans les services marchands, ce rebond de l’activité est anticipé pour 2021, sans toutefois permettre un retour au niveau d’avant-crise. Il s’accompagnerait d’une progression des effectifs. Les prévisions formulées par les chefs d’entreprise doivent être interprétées avec prudence, tout particulièrement dans l’hébergement, car elles sont exprimées dans un contexte d’incertitude sur l’évolution de l’épidémie et des mesures sanitaires prises en conséquence.

Confortés par l’assouplissement des conditions d’attribution des prêts à la construction pour les ménages ainsi que par le plan de relance national, les chefs d’entreprise escomptent une hausse de 5,5 % de l’activité. Dans l’industrie, la reprise serait soutenue, proche de 5 %, portée par une hausse des exportations. Le retour à une situation d’avant-crise ne serait toutefois pas immédiat. L’emploi global se contracterait à nouveau. Les projets d’investissements se renforceraient, sous l’effet du plan de relance national notamment.

Contexte national - En 2020, la crise sanitaire a pesé lourdement sur l’activité économique mondiale

L’activité mondiale en 2020 a été avant tout déterminée par l’évolution de la pandémie de Covid-19 et par les mesures d’endiguement adoptées dans les différents pays. La Chine, où le confinement strict et la chute de l’activité ne se sont pas étendus au-delà du premier trimestre, a enregistré un PIB en croissance de 2,3 % en moyenne sur l’année. Les États-Unis – où l’épidémie s’est peu à peu intensifiée, entraînant la mise en place de restrictions locales – et le Japon – bien que relativement épargné – ont en revanche connu une chute du PIB de - 3,5 % et - 4,7 % respectivement. De même, et de façon plus marquée, le PIB a diminué de 6,7 % en moyenne dans la zone euro, laquelle a connu deux vagues épidémiques, au printemps et à l’automne, et instauré des restrictions nationales strictes. Dans la plupart des pays, la consommation des ménages a souffert des mesures limitant les déplacements et les opportunités de consommer ; la production des branches du commerce, des services de transport et de l’hébergement-restauration ont été particulièrement affectées.

En France, l’activité en 2020 a davantage chuté que dans la moyenne de la zone euro

Après une croissance de 1,8 % en 2019, l’activité économique française a chuté fortement à - 8,0 % (figure 4). L’effet de la crise sanitaire a donc été du même ordre de grandeur qu’en Italie (- 8,9 %), nettement plus prononcé qu’en Allemagne (- 5,1 %) et un peu moins qu’au Royaume-Uni et en Espagne (respectivement - 9,8 % et - 10,8 %).

Tous les principaux postes de la demande (hors stocks) participent à cette chute. La plus forte contribution est , de - 3,7 points : les mesures de restriction ont grandement limité les opportunités de consommer des ménages, avec – entre autres – la fermeture pendant plusieurs mois des magasins « non essentiels », des restaurants et cafés ou encore des activités culturelles et sportives. Bien que, de manière inhabituelle, la baisse de l’investissement n’ait guère été amplifiée par rapport à celle de l’activité, ce poste contribue à hauteur de - 2,1 points à la chute du PIB – l’investissement des entreprises contribuant plus que celui des ménages et que celui des administrations publiques. La contribution des échanges extérieurs suit, à - 1,1 point : les exportations ont en effet davantage diminué que les importations, bien que les deux aient pâti de la situation économique dégradée de la France et de ses principaux partenaires (notamment européens).

Figure 4Variations annuelles du PIB et contribution des principaux postes de la demande

Variations annuelles du PIB et contribution des principaux postes de la demande - Lecture : en 2020, le PIB a diminué de - 8,0 % ; la contribution de la consommation privée des ménages a été de – 3,7 points.
PIB (en %) Consommation des ménages (en points) Investissement des ménages (en points) Investissement des entreprises (en points) Investissement des administrations publiques (en points) Echanges extérieurs (en points) Stocks (en points)
2016 1,0 0,9 0,1 0,3 0,0 -0,4 -0,4
2017 2,5 0,9 0,3 0,7 0,0 0,0 0,2
2018 1,8 0,5 0,1 0,5 0,1 0,5 0,0
2019 1,8 1,0 0,2 0,4 0,3 -0,3 0,0
2020 -8,0 -3,7 -0,7 -1,1 -0,2 -1,1 -0,2
  • Note : les volumes sont corrigés des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO).
  • Lecture : en 2020, le PIB a diminué de - 8,0 % ; la contribution de la consommation privée des ménages a été de – 3,7 points.
  • Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.

Figure 4Variations annuelles du PIB et contribution des principaux postes de la demande

  • Note : les volumes sont corrigés des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO).
  • Lecture : en 2020, le PIB a diminué de - 8,0 % ; la contribution de la consommation privée des ménages a été de – 3,7 points.
  • Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.

Cette forte baisse du PIB en moyenne sur l’année recouvre cependant de grandes disparités mensuelles, au gré de l’évolution de la pandémie et des mesures de restrictions (figure 5). Le creux d’activité le plus marqué s’est situé au mois d’avril, à environ - 30 % (en écart au niveau d’avant-crise, à savoir le quatrième trimestre 2019) : il reflète la sévérité du confinement mis en place entre le 17 mars et le 11 mai au moment de la première vague épidémique (fermeture d’une partie de l’économie et interdiction de sortir du domicile hors motifs autorisés) mais aussi sa soudaineté, obligeant de nombreuses entreprises à réduire ou cesser leur activité du fait de l’absence de protocoles sanitaires ou de la difficulté à instaurer massivement le télétravail. Le rebond a cependant été particulièrement vif en mai et juin, l’activité se stabilisant entre août et octobre à près de - 3 % par rapport à son niveau d’avant-crise. La résurgence de l’épidémie et le confinement instauré en novembre ont ensuite conduit à une nouvelle baisse de l’activité, mais d’ampleur bien moindre, celle-ci se situant ce mois-ci à - 7 % en écart à l’avant-crise : les mesures mises en place entre le 30 octobre et le 15 décembre ont en effet été moins strictes, et les ménages et les entreprises se sont davantage adaptées à la situation sanitaire (protocoles sanitaires, télétravail).

Figure 5Pertes d’activité mensuelles estimées, écart au quatrième trimestre 2019

en %
Pertes d’activité mensuelles estimées, écart au quatrième trimestre 2019 (en %) - Lecture : en novembre, l’activité économique a été en retrait d’environ – 7 % par rapport au niveau du quatrième trimestre 2019.
Perte d'activité mensuelle
Janv. 2020 -0,4
Fév -0,6
Mars -16,5
Avr -30,0
Mai -17,3
Juin -7,6
Juil -4,6
Août -2,4
Sept -2,4
Oct -2,8
Nov -7,1
Déc -4,0
  • Lecture : en novembre, l’activité économique a été en retrait d’environ – 7 % par rapport au niveau du quatrième trimestre 2019.
  • Source : calculs Insee à partir de sources diverses.

Figure 5Pertes d’activité mensuelles estimées, écart au quatrième trimestre 2019

  • Lecture : en novembre, l’activité économique a été en retrait d’environ – 7 % par rapport au niveau du quatrième trimestre 2019.
  • Source : calculs Insee à partir de sources diverses.

L’impact de la pandémie a été contrasté suivant les différentes branches d’activité

En 2020, la valeur ajoutée totale a dans l’ensemble davantage baissé que la consommation privée, avec néanmoins des différences selon les branches (figure 6). La chute de la valeur ajoutée a été la plus forte dans l’hébergement-restauration (- 42 %) – en lien avec les fermetures réglementaires et l’arrêt d’une grande partie du tourisme –, dans les matériels de transport (- 28 %) et les services de transport (- 23 %) – qui ont souffert de la baisse des déplacements nationaux et internationaux –, dans la construction (- 16 %) – qui a surtout été affectée pendant le premier confinement –, et dans les autres services aux ménages (- 23 %) – qui regroupent les activités culturelles et sportives. Au total, les contributions les plus fortes à la baisse totale de la valeur ajoutée sont celles de l’hébergement-restauration, des services de transport et – en raison de leur poids dans la valeur ajoutée et dans le sillage de la situation économique globalement dégradée – des services aux entreprises ; chacune à hauteur d’environ - 1 point.

Figure 6Variation annuelle et contribution des branches en 2020Valeur ajoutée

Variation annuelle et contribution des branches en 2020 - Lecture : en 2020, la valeur ajoutée totale a baissé de - 8,2 % ; l’hébergement-restauration a contribué à cette baisse à hauteur de – 1 point.
Agriculture (en points) Autres branches industrielles (en points) Industrie agro-alimentaires (en points) Matériels de transport (en points) Construction (en points) Autres services marchands (en points) Commerce (en points) Transport (en points) Hébergement-restauration (en points) Services aux entreprises (en points) Services aux ménages (en points) Services non marchands (en points)
Agriculture 0,0
Industrie -0,8 -0,1 -0,4
Construction -0,9
Services marchands -0,4 -0,7 -1,1 -1,2 -0,9 -0,7
Services non marchands -1,0
  • Note : les volumes sont corrigés des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO). La valeur ajoutée totale est calculée hors impôts et subventions sur produits (contrairement au PIB).
  • Lecture : en 2020, la valeur ajoutée totale a baissé de - 8,2 % ; l’hébergement-restauration a contribué à cette baisse à hauteur de – 1 point.
  • Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.

Figure 6Variation annuelle et contribution des branches en 2020Valeur ajoutée

  • Note : les volumes sont corrigés des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO). La valeur ajoutée totale est calculée hors impôts et subventions sur produits (contrairement au PIB).
  • Lecture : en 2020, la valeur ajoutée totale a baissé de - 8,2 % ; l’hébergement-restauration a contribué à cette baisse à hauteur de – 1 point.
  • Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.

Avec l’utilisation massive de l’activité partielle, l’emploi a beaucoup moins baissé que l’activité économique

Après une accélération en 2019 (+ 266 100 emplois en fin d’année par rapport à la fin d’année 2018, après 171 500), l’emploi salarié privé a diminué en 2020 (- 332 300) : l’ampleur de la baisse a cependant été bien moindre (- 1,7 % par rapport à fin 2019) que pour l’activité économique. Le dispositif d’activité partielle, considérablement renforcé dès le début de la crise sanitaire, a été massivement utilisé par les entreprises afin de conserver une grande partie de leurs salariés empêchés de travailler : en avril 2020, .

Le taux de chômage a connu des mouvements contraires et atypiques en 2020 : le contexte des deux confinements a en effet rendu difficiles, voire impossibles, les démarches de recherche active d’emploi, affectant par conséquent la . Ces effets « en trompe-l’œil » expliquent la baisse du taux de chômage au deuxième trimestre et en partie la baisse survenue également au quatrième trimestre : le taux de chômage s’y est situé à 8 % de la population active, soit quasiment le même niveau qu’un an auparavant (après 8,1 % fin 2019).

En moyenne, le pouvoir d’achat des ménages et le taux de marge des entreprises ont été préservés, grâce aux mesures de soutien

Après une évolution particulièrement dynamique en 2019 (+ 3,4 %), le revenu disponible brut des ménages a progressé plus modérément en 2020 (+ 1,0 %). D’une part, la masse salariale a diminué (- 4,1 %, conséquence des destructions d’emploi et de la mise au chômage partiel de nombreux salariés). C’est aussi le cas des revenus de la propriété (- 12,6 %) – reflétant en particulier le recul des dividendes versés. Cependant, les dispositifs de soutien (activité partielle et fonds de solidarité), ainsi que les stabilisateurs automatiques (assurance chômage, RSA, impôts) ont permis au revenu des ménages de globalement résister. Les prestations sociales ont ainsi augmenté de 9,5 %, tandis que les impôts sur le revenu et le patrimoine ont diminué à - 3,6 %. Le fonds de solidarité a notamment limité la baisse de l’excédent brut d’exploitation des entrepreneurs individuels (- 0,6 %). Par ailleurs, le déflateur de la consommation des ménages a ralenti avec l’inflation en 2020, à + 0,6 % après + 0,8 %. Finalement, le pouvoir d’achat a fortement ralenti à 0,4 %, après 2,6 % (figure 7) ; tandis que le pouvoir d’achat par unité de consommation s’est maintenu (0,0 %).

Du côté des entreprises, la valeur ajoutée (CVS-CJO) des sociétés non financières a chuté de 8,5 %. Le taux de marge a certes baissé lui aussi, mais dans une moindre mesure, à 31,7 % (après 33,4 % en 2019), soutenu par les dispositifs de soutien mentionnés précédemment (fonds de solidarité notamment et chômage partiel). Il revient ainsi à un niveau proche de celui observé entre 2015 et 2018, après avoir temporairement augmenté en 2019 sous l’effet principalement de l’enregistrement du CICE.

Figure 7Variations annuelles du pouvoir d’achat et contribution de ses principaux déterminants

Variations annuelles du pouvoir d’achat et contribution de ses principaux déterminants - Lecture : en 2020, le pouvoir d’achat des ménages a ralenti à 0,4 % ; les revenus d’activités ont contribué à hauteur de près de – 3 points.
Revenus d'activité (en points) Prestations (en points) EBE des ménages purs (en points) Revenus de la propriété (en points) Impôts et cotisations (en points) Prix à la consommation des ménages (en points) Pouvoir d'achat (en %)
2017 2,3 0,6 0,3 -0,1 -0,8 -0,8 1,8
2018 1,9 0,8 0,3 0,7 -0,6 -1,7 1,4
2019 2,2 1 0,4 -0,1 -0,1 -0,8 2,6
2020 -2,7 3,4 0,2 -0,7 0,8 -0,6 0,4
  • Note : les données sont corrigées des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO).
  • Lecture : en 2020, le pouvoir d’achat des ménages a ralenti à 0,4 % ; les revenus d’activités ont contribué à hauteur de près de – 3 points.
  • Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.

Figure 7Variations annuelles du pouvoir d’achat et contribution de ses principaux déterminants

  • Note : les données sont corrigées des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO).
  • Lecture : en 2020, le pouvoir d’achat des ménages a ralenti à 0,4 % ; les revenus d’activités ont contribué à hauteur de près de – 3 points.
  • Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.
Publication rédigée par :Michèle Charpentier, Aliette Cheptitski (Insee)

Définitions

Demande d'indemnisation pour activité partielle :

Le dispositif de l’activité partielle (ou chômage partiel) permet aux établissements confrontés à des difficultés temporaires de diminuer ou suspendre leur activité tout en assurant aux salariés une indemnisation pour compenser leur perte de salaire. L’activité partielle fait l’objet de demandes d’autorisation préalables (DAP) déposées par les établissements souhaitant recourir à l’activité partielle en raison de la crise sanitaire, ainsi que les demandes d’indemnisation (DI). Lors de la phase d’indemnisation, il est possible que le nombre d’heures effectivement consommé soit inférieur à celui qui avait été demandé. En complément des données administratives (DAP et DI), les réponses des entreprises à l’enquête mensuelle Acemo-Covid-19 sont mobilisées. Elles permettent d’estimer le nombre de salariés qui ont été effectivement placés en activité partielle chaque mois, et d’anticiper ainsi les demandes d’indemnisations qui vont arriver, les entreprises disposant, pour un mois donné, d’un délai d’un an pour faire leur demande. L’ensemble des données présentées sur l’activité partielle sont susceptibles d’être révisées.

Heures rémunérées :

Le volume d’heures rémunérées correspond à la durée pour laquelle le salarié est rémunéré sur une période. Cela inclut notamment les heures supplémentaires mais aussi les absences pour lesquelles le salarié perçoit une rémunération, comme les congés payés, les jours fériés ou les jours attribués au titre de la réduction du temps de travail. Ce volume d’heures rémunérées est une composante importante de l’activité économique, même s’il ne la mesure pas directement : d’une part, certaines absences sont considérées comme du travail rémunéré et d’autre part, la rémunération des salariés ne reflète pas toujours les fluctuations de leur productivité.

Transactions par cartes bancaires :

Les montants des transactions par carte bancaire en face‑à‑face proviennent de Cartes Bancaires CB. Elles sont anonymisées et agrégées à l‘échelle départementale. Elles concernent tout détenteur de carte bancaire CB sur le territoire français, ce qui, outre les ménages, peut couvrir aussi des entreprises. Elles couvrent l’essentiel des transactions bancaires, avec et sans contact, à l’exception des transactions en vente à distance (internet). Elles permettent de suivre une partie de la consommation des ménages. Les transactions réalisées par d’autres moyens de paiement (espèces, chèque, ticket restaurant, etc.) ne sont pas suivies.

Estimation prenant en compte la correction des variations saisonnières et les effets des jours ouvrables.

Contrairement à la crise de 2008-2009, où la contribution négative de l’investissement dominait.

Situation sur le marché du travail au 26 avril 2020, Dares.

Un chômeur au sens du BIT est une personne âgée de 15 ans ou plus, sans emploi durant une semaine donnée, disponible pour travailler dans les deux semaines, et qui a effectué au cours des quatre dernières semaines une démarche active de recherche d’emploi.

Estimation prenant en compte la correction des variations saisonnières et les effets des jours ouvrables.

Contrairement à la crise de 2008-2009, où la contribution négative de l’investissement dominait.

Situation sur le marché du travail au 26 avril 2020, Dares.

Un chômeur au sens du BIT est une personne âgée de 15 ans ou plus, sans emploi durant une semaine donnée, disponible pour travailler dans les deux semaines, et qui a effectué au cours des quatre dernières semaines une démarche active de recherche d’emploi.