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Insee Conjoncture Hauts-de-France · Juin 2024 · n° 41
Insee Conjoncture Hauts-de-FranceBilan économique 2023 - Hauts-de-France L’activité économique en perte de vitesse sauf dans le tourisme et les transports

Si, en 2023, l’activité économique des Hauts-de-France est globalement supérieure à celle de 2022, c’est grâce à un début d’année particulièrement dynamique. Ensuite, l’activité ralentit progressivement et les heures rémunérées en fin d’année passent juste en dessous du volume de fin 2022 (-0,4 % en novembre 2023 par rapport à novembre 2022). Tous les secteurs sont concernés par ce recul, plus particulièrement l’industrie et la construction, tandis que les services s’en sortent mieux. L’emploi salarié stagne avec un net recul de l’intérim. Le chômage augmente et la demande d’emploi se stabilise. Les créations d’entreprises poursuivent leur recul. Les marchés agricoles souffrent encore du contexte géopolitique et les conditions météorologiques perturbent les récoltes. Le marché de l’immobilier neuf se contracte. En revanche, la fréquentation touristique augmente de nouveau en 2023. Les passagers sont plus nombreux dans les aéroports et les immatriculations de véhicules neufs repartent à la hausse.

Insee Conjoncture Hauts-de-France
No 41
Paru le :Paru le13/06/2024

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2023 publiés par l'Insee.

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Agriculture - L’agriculture régionale à la recherche de résilience Bilan économique 2023

Pascal Fouquart (Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt Hauts-de-France)

En 2023, la guerre en Ukraine entretient la fébrilité sur les marchés mondiaux des céréales et des oléagineux. Par ailleurs, des épisodes météorologiques imprévisibles perturbent le déroulement de la campagne agricole : une sécheresse importante apparaît en février, des pluies continues entre mi-juillet et mi-août interrompent les moissons et les inondations s’installent durablement au cours d’un automne très pluvieux, retardant ainsi les récoltes et les semis d’hiver. Les productions fourragères profitent des excédents d’humidité dans un climat de douceur. Enfin, le lait de vache est mieux valorisé que l’année précédente.

Insee Conjoncture Hauts-de-France

No 41

Paru le :13/06/2024

La récolte de blé tendre fractionnée par des pluies ininterrompues

Après son envolée de 2022 liée à la guerre en Ukraine, le cours moyen du blé tendre « found on board » Rouen, référence nationale suivie par FranceAgriMer, baisse fortement jusqu’en mai 2023, puis reste à un niveau moyen voisin de celui de 2021. Compte tenu du conflit en cours, l’Ukraine continue de bénéficier de dérogations des droits de douane en Europe et les récoltes abondantes en Russie pèsent fortement sur les marchés. De ce fait, la production française et européenne, à laquelle participe la moitié de la surface agricole utilisée en Hauts-de-France, se valorise au même niveau qu’avant la crise ukrainienne. Pourtant, les coûts de production ont fortement progressé sur la même période, malgré une baisse en fin d’année 2023. L’indice des prix d’achat des moyens de production agricole (IPAMPA) pour les fongicides dédiés aux grandes cultures illustre particulièrement cette évolution du coût des intrants (figure 1).

Sur le terrain, en raison des pluies ininterrompues de mi-juillet à mi-août, la récolte 2023 se déroule en deux temps. Globalement les rendements correspondent aux valeurs moyennes quinquennales (figure 2). Toutefois, leur dispersion est importante, avec de bons niveaux dans les secteurs récoltés avant les pluies, mais des résultats décevants dans les secteurs récoltés ensuite.

Figure 1Cours du blé tendre « FOB » Rouen - IPAMPA fongicide grandes cultures

(en € HT/tonne)
Cours du blé tendre « FOB » Rouen - IPAMPA fongicide grandes cultures ((en € HT/tonne))
Date Prix du blé tendre FOB Rouen Indice mensuel des prix d’achat des moyens de production agricole Fongicide Grandes Cultures
janv.-21 235,52 88,1
févr.-21 236,81 88,4
mars-21 232,04 89,4
avr.-21 227,98 90,3
mai-21 227,37 90,5
juin-21 213,55 90,5
juil.-21 213,30 90,4
août-21 247,49 90,6
sept.-21 255,13 90,8
oct.-21 275,84 90,4
nov.-21 301,40 88,7
déc.-21 287,45 87,1
janv.-22 279,57 87,1
févr.-22 284,74 87,0
mars-22 384,24 88,2
avr.-22 403,59 89,7
mai-22 410,98 89,8
juin-22 390,43 90,3
juil.-22 351,40 90,5
août-22 332,11 91,5
sept.-22 340,51 92,3
oct.-22 348,69 91,9
nov.-22 336,45 95,5
déc.-22 314,18 96,3
janv.-23 298,80 97,1
févr.-23 293,25 98,0
mars-23 271,62 99,6
avr.-23 249,99 100,7
mai-23 234,29 101,1
juin-23 234,07 100,5
juil.-23 235,91 100,3
août-23 232,36 99,9
sept.-23 233,02 100,8
oct.-23 237,00 100,5
nov.-23 227,12 97,2
déc.-23 224,11 95,2
  • Sources : FranceAgriMer ; Insee.

Figure 1Cours du blé tendre « FOB » Rouen - IPAMPA fongicide grandes cultures

  • Sources : FranceAgriMer ; Insee.

Figure 2Le blé tendre en Hauts-de-France – production et rendement moyen

Le blé tendre en Hauts-de-France – production et rendement moyen
Année Production (en milliers de tonnes) Rendement moyen (en quintaux/hectare)
2014 7 591 90
2015 8 310 97
2016 4 857 58
2017 7 137 87
2018 6 844 85
2019 7 783 95
2020 6 774 88
2021 6 798 82
2022 7 229 91
2023 (provisoire) 7 061 89
  • Source : Agreste, statistique agricole annuelle (SAA).

Figure 2Le blé tendre en Hauts-de-France – production et rendement moyen

  • Source : Agreste, statistique agricole annuelle (SAA).

Les rendements moyens du colza sont en baisse

La surface agricole utilisée pour produire du colza progresse en 2023, en hausse de 12 000 hectares (+8 %) par rapport à 2022. La flambée des cours, apparue depuis le début de la guerre en Ukraine, a motivé les agriculteurs à semer davantage de surfaces en colza. Pourtant, la production a diminué par rapport à 2022 : les rendements ont baissé de 8 % bien qu’ils s’inscrivent dans les valeurs moyennes quinquennales et décennales (figure 3).

Figure 3Le colza en Hauts-de-France - production et rendement moyen

Le colza en Hauts-de-France - production et rendement moyen
Année Production (milliers de tonnes) Rendement moyen (quintaux par hectare)
2014 673 40
2015 644 41
2016 517 32
2017 671 43
2018 586 36
2019 515 37
2020 461 34
2021 388 34
2022 607 45
2023 (provisoire) 530 37
  • Source : Agreste, statistique agricole annuelle (SAA).

Figure 3Le colza en Hauts-de-France - production et rendement moyen

  • Source : Agreste, statistique agricole annuelle (SAA).

Rupture inédite des stocks de pommes de terre à l’intersaison

Les cours moyens de la pomme de terre sont élevés tout au long de l’année. Le premier semestre 2023, durant lequel se déroule la commercialisation des stocks résiduels de la récolte de l’automne 2022 et les travaux de plantation, est marqué par un fait inédit : la rupture de l’offre, conséquence des faibles volumes de la récolte précédente dus au stress hydrique de l’été 2022. Entre mi-juillet et mi-août, la pluviométrie abondante laisse craindre un risque sanitaire (mildiou). Au final, les rendements moyens sont supérieurs à la moyenne quinquennale de 26 %.

Les inondations à l’automne contrarient les récoltes et les semis d’hiver

Si les prairies et les cultures fourragères profitent de cette année 2023 assez humide, la pluviométrie abondante et continue en octobre et novembre 2023 entraîne des inondations importantes et très étendues dans la région (figure 4). Au-delà des inondations, de nombreuses communes sont situées en zones d’humidité très importante des sols. Ces évènements contrarient fortement le déroulement des récoltes (pomme de terre, betterave sucrière, racines de chicorée, chou-fleur), car l’accès aux parcelles est difficile, voire impossible pendant longtemps. La qualité de certains lots est affectée par l’excédent d’humidité et certaines cultures ne peuvent être récoltées. En conséquence, de nombreuses terres ne sont pas libres et la réalisation des semis d’hiver prévus s’en trouve perturbée (blé tendre, orge et escourgeon, colza).

Figure 4Indice d'humidité des sols

  • Note : Les données de cette carte ne sont pas disponibles.
  • Note : L’indice d’humidité est la teneur en eau relative dans le sol.
  • Sources : MétéoFrance ; traitement DRAAF Hauts-de-France.

La collecte régionale de lait de vache diminue mais le lait bio est mieux valorisé

La collecte française de lait de vache est en recul en volume depuis 2020. En termes de débouchés, et notamment à l’export hors de l’Union européenne, le recul des achats chinois se fait particulièrement sentir (poudre de lait). En Hauts-de-France, la tendance annuelle est analogue à celle observée sur le plan national. Habituellement, les volumes collectés baissent en septembre. En 2023, le niveau de collecte de septembre à novembre est de surcroît en recul de plus de 3 % par rapport à son niveau de l’année précédente, qu’il rejoint en décembre (figure 5). Le prix producteur évolue différemment pour le lait non bio et le lait bio au cours de l’année. En début d’année, les prix de 2023 sont supérieurs à ceux de l’année précédente puis ils fléchissent régulièrement tout au long de l’année en non bio alors qu’ils remontent et surpassent les prix de 2022 pour le lait bio.

Figure 5Collecte régionale et prix producteur du lait de vache BIO et non BIO

Collecte régionale et prix producteur du lait de vache BIO et non BIO
Mois Collecte régionale de lait de vache 2022 (en hectolitres) Collecte régionale de lait de vache 2023 (en hectolitres) Prix du lait non bio 2022 (en € ht/l) Prix du lait bio 2022 (en € ht/l) Prix du lait non bio 2023 (en € ht/l) Prix du lait bio 2023 (en € ht/l)
Janvier 1 914 726 1 942 261 0,387 0,476 0,494 0,511
Février 1 757 574 1 787 443 0,393 0,470 0,504 0,511
Mars 1 956 938 1 972 155 0,410 0,458 0,481 0,492
Avril 1 915 025 1 925 130 0,415 0,429 0,467 0,465
Mai 1 958 464 1 945 853 0,421 0,445 0,470 0,453
Juin 1 811 224 1 788 299 0,426 0,459 0,488 0,451
Juillet 1 785 761 1 776 537 0,436 0,490 0,456 0,517
Août 1 715 638 1 717 460 0,438 0,499 0,461 0,528
Septembre 1 676 568 1 617 323 0,471 0,522 0,475 0,538
Octobre 1 787 923 1 720 022 0,473 0,527 0,460 0,552
Novembre 1 757 760 1 697 131 0,471 0,530 0,455 0,546
Décembre 1 862 725 1 865 918 0,487 0,526 0,454 0,540
  • Source : Agreste, Enquête mensuelle laitière (EML).

Figure 5Collecte régionale et prix producteur du lait de vache BIO et non BIO

  • Source : Agreste, Enquête mensuelle laitière (EML).
Publication rédigée par :Pascal Fouquart (Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt Hauts-de-France)