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Insee Conjoncture Centre-Val de Loire · Juin 2024 · n° 49
Insee Conjoncture Centre-Val de LoireBilan économique 2023 - Centre-Val de Loire Une lente dégradation de l’activité économique au cours de l’année

L’activité économique reste en croissance en 2023 dans la région, mais elle ralentit au cours de l’année. Les orientations sont comparables au niveau national où le PIB croît de 0,9 % sur un an, après une progression de 2,5 % en 2022.

L’inflation recule, mais reste relativement élevée en 2023, à +4,9 % après +5,2 % en 2022 et +1,6 % en 2021. Pour lutter contre cette inflation qui pèse sur la consommation des ménages, les taux directeurs ont été très nettement relevés depuis mi-2022 ayant pour effet un moindre accès au crédit pour l’ensemble des acteurs. Dans la région la tension sur les prix se traduit entre autres par la baisse des niveaux de trésorerie des entreprises en 2023 avec une hausse des prix de vente ne compensant pas totalement celle des coûts de production. Les freins à l’accès au crédit, ainsi que les difficultés persistantes de recrutement pèsent également sur l’activité de certains secteurs, au premier rang desquels figure la construction. Néanmoins, l’emploi salarié reste à un niveau élevé, l’emploi industriel fait mieux que résister et le taux de chômage se maintient à un niveau relativement bas.

Insee Conjoncture Centre-Val de Loire
No 49
Paru le :Paru le13/06/2024

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2023 publiés par l'Insee.

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Financement et endettement - Les situations de trésorerie se dégradent, mais l’endettement des sociétés non financières est en légère baisse Bilan économique 2023

David Hueber (Banque de France)

En 2021, le relâchement des contraintes sanitaires et le report des remboursements des prêts garantis par l’État ont engendré des situations de trésorerie confortables pour les chefs d’entreprises de la région Centre-Val de Loire. Les trésoreries se sont effritées en 2023 tout en gardant un niveau perçu comme correct par les chefs d’entreprises. Le taux de défaillance d’entreprises historiquement bas en 2021 a augmenté de 50 % en 2022, et davantage encore en 2023, en atteignant des niveaux supérieurs à ceux précédant la crise sanitaire. L’évolution de l’encours de crédit bancaire aux sociétés non financières a légèrement baissé en 2023, après plusieurs années de hausse (-0,6 %, contre +9,0 % dans la région Centre-Val de Loire en 2022).

Insee Conjoncture Centre-Val de Loire

No 49

Paru le :13/06/2024

Une situation nouvelle qui fait suite à un important soutien financier accordé aux entreprises ces dernières années

En 2020, face à la pandémie, les autorités gouvernementales publiques et les banques centrales ont pris en charge une partie des coûts des entreprises, notamment salariaux (grâce au dispositif d’activité partielle, aux exonérations de charges fiscales et sociales) et différentes mesures visant spécifiquement leurs flux financiers (comme les reports de charges, les prêts garantis par l’État, le maintien de taux d’intérêt bas jusque mi-2022 par la BCE et l’accroissement de la liquidité des banques). Ainsi les chiffres d’affaires ont été préservés et la dégradation des trésoreries des entreprises a été limitée dans le temps. En 2021, les situations de trésorerie apparaissaient confortables, c’était moins le cas en 2022 avec une dégradation pendant l’été suivie d’un rétablissement complet dans les services, mais assez partiel dans l’industrie. La hausse des coûts n’était répercutée que partiellement dans les prix de vente en 2022, pendant que les taux montaient notablement (taux d’intérêt des crédits bancaires à 3,13 % en décembre 2022, plus du double de décembre 2021).

En 2023 (figure 1), le niveau des trésoreries a fortement reculé, surtout au premier semestre avec un rétablissement très partiel ensuite. Ce repli est lié à une hausse des prix de vente insuffisante pour contrebalancer la hausse des coûts. Dans les services, une spirale salaires-prix semblerait se mettre en place vers la fin de l’année 2023. Nombre d’entreprises ont été freinées dans leurs velléités de hausse de prix par leurs clients ou par la concurrence lors des négociations de tarifs, la plupart n’ont pas donné suite à des demandes de baisse de prix de la part de leur client. De plus, le rétablissement partiel des marges ne s’est pas accompagné d’une amélioration de trésorerie : des délais de paiement qui ont augmenté, des demandes d’acompte plus nombreuses, la hausse des taux bancaires qui atteignent 4,79 % fin 2023 peuvent expliquer cette donne.

Figure 1Soldes d'opinion des chefs d'entreprise sur leur situation de trésorerie

(en point)
Soldes d'opinion des chefs d'entreprise sur leur situation de trésorerie ((en point))
Date Services Industrie
01/01/2022 16,3 13,9
01/02/2022 15,6 9,5
01/03/2022 15,05 5,3
01/04/2022 14,58 7,8
01/05/2022 11,18 7,6
01/06/2022 11,43 4,3
01/07/2022 3,65 0,5
01/08/2022 0,18 0,5
01/09/2022 -2,70 -8,3
01/10/2022 -10,50 -5,3
01/11/2022 3,91 -5,7
01/12/2022 18,15 -1,6
01/01/2023 10,47 0,2
01/02/2023 14,41 8,4
01/03/2023 14,07 4,21
01/04/2023 13,37 -5,26
01/05/2023 5,83 0,39
01/06/2023 2,94 -5,89
01/07/2023 6,89 -5,23
01/08/2023 0,54 -5,07
01/09/2023 6,12 -3,06
01/10/2023 0,26 0,88
01/11/2023 5,87 -1,78
01/12/2023 2,51 2,71
  • Note : le solde d’opinion sur la situation de trésorerie mesure la différence entre les proportions d’entreprises ayant déclaré un niveau de trésorerie considéré au-dessus de la normale et celles ayant déclaré un niveau considéré en dessous de la normale au cours du mois passé. En situation, un solde d'opinion positif (négatif) correspond à une estimation au-dessus de la normale (en-dessous). Les soldes d'opinion agrégés se situent entre les deux bornes -200 et +200. Pour décembre 2023, le solde d’opinion s’établit à 2,5 points dans les services marchands et -3 points dans l'industrie. Données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables.
  • Champ : entreprises des services marchands et industrielles de la région Centre-Val de Loire.
  • Source : enquête mensuelle de conjoncture, Banque de France 2022-2023.

Figure 1Soldes d'opinion des chefs d'entreprise sur leur situation de trésorerie

  • Note : le solde d’opinion sur la situation de trésorerie mesure la différence entre les proportions d’entreprises ayant déclaré un niveau de trésorerie considéré au-dessus de la normale et celles ayant déclaré un niveau considéré en dessous de la normale au cours du mois passé. En situation, un solde d'opinion positif (négatif) correspond à une estimation au-dessus de la normale (en-dessous). Les soldes d'opinion agrégés se situent entre les deux bornes -200 et +200. Pour décembre 2023, le solde d’opinion s’établit à 2,5 points dans les services marchands et -3 points dans l'industrie. Données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables.
  • Champ : entreprises des services marchands et industrielles de la région Centre-Val de Loire.
  • Source : enquête mensuelle de conjoncture, Banque de France 2022-2023.

Un taux de défaillance des entreprises supérieur à son niveau d’avant-crise sanitaire et un endettement qui ne progresse plus

Les mesures de soutien massif aux entreprises avaient contribué à la baisse du taux de défaillances tout au long de l’année 2021. La hausse du nombre de défaillances a été continue en 2022, pour atteindre 1 490 en région Centre-Val de Loire en décembre 2022 (41 300 au niveau national). Elle s’est poursuivie pour atteindre 2 030 en décembre 2023 (56 180 au niveau national), un niveau qui est un peu supérieur à celui d’avant-crise sanitaire. La forte progression des financements bancaires aux sociétés non financières constatée en 2022 ne se confirme pas en 2023, avec un recul en début d’année comblé en juillet suivi d’un nouveau recul au deuxième semestre (figure 2). Le ralentissement économique et la difficulté de finaliser des dossiers en lien avec des difficultés de financement expliquent en grande partie cette tendance. En glissement annuel, les financements bancaires baissent de 0,6 % en région Centre-Val de Loire, contre une moyenne nationale de +0,2 %.

Figure 2Financement bancaire des sociétés non financières

(Base 100 en décembre 2007)
Financement bancaire des sociétés non financières ((Base 100 en décembre 2007))
Date France Centre-Val de Loire
01/01/22 173 172
01/02/22 173 172
01/03/22 175 175
01/04/22 176 176
01/05/22 177 177
01/06/22 179 177
01/07/22 181 180
01/08/22 181 182
01/09/22 182 182
01/10/22 184 184
01/11/22 183 185
01/12/22 183 184
01/01/23 185 184
01/02/23 185 185
01/03/23 184 185
01/04/23 184 185
01/05/23 183 185
01/06/23 183 187
01/07/23 184 187
01/08/23 184 185
01/09/23 184 184
01/10/23 186 184
01/11/23 184 184
01/12/23 186 185
  • Champ : toutes entreprises confondues, hors activités financières et administrations publiques, de la région Centre-Val de Loire.
  • Source : enquête mensuelle auprès des établissements de crédit, Banque de France 2022-2023.

Figure 2Financement bancaire des sociétés non financières

  • Champ : toutes entreprises confondues, hors activités financières et administrations publiques, de la région Centre-Val de Loire.
  • Source : enquête mensuelle auprès des établissements de crédit, Banque de France 2022-2023.

L’endettement des petites et moyennes entreprises (PME), surtout à court terme avait très largement contribué en 2020 à la croissance de l’endettement des sociétés non financières (hausse de près de 20 % par rapport à 2019). Il avait diminué de 3,6 % en 2021, puis augmenté de 4,4 % en 2022. Il a baissé de 1,2 % en 2023 (figure 3). Cette décroissance de l’endettement est plus marquée pour les grandes entreprises, en particulier les crédits mobilisés à moyen et long terme (-7,5 %). Si les crédits à l’équipement augmentent de 4 % en région Centre-Val de Loire en 2023, les crédits à court terme déclinent plus vite pour les PME (-6,7 %, contre -4,4 % pour les grandes entreprises).

Figure 3Crédits mobilisés et mobilisables accordés aux PME (hors micro-entreprises)

(Base 100 en décembre 2007)
Crédits mobilisés et mobilisables accordés aux PME (hors micro-entreprises) ((Base 100 en décembre 2007))
Date France Centre-Val de Loire
01/12/22 191 168
01/02/22 191 167
01/03/22 191 168
01/04/22 191 168
01/05/22 191 168
01/06/22 191 166
01/07/22 191 168
01/08/22 192 168
01/09/22 189 167
01/10/22 189 166
01/11/22 190 168
01/12/22 191 168
01/01/23 191 168
01/02/23 191 168
01/03/23 191 169
01/04/23 192 168
01/05/23 191 166
01/06/23 191 168
01/07/23 192 168
01/08/23 189 167
01/09/23 189 166
01/10/23 190 167
01/11/23 189 166
01/12/23 190 168
  • Champ : toutes les PME hors micro-entreprises de la région Centre-Val de Loire.
  • Source : Banque de France - Enquête mensuelle auprès des établissements de crédit 2022-2023

Figure 3Crédits mobilisés et mobilisables accordés aux PME (hors micro-entreprises)

  • Champ : toutes les PME hors micro-entreprises de la région Centre-Val de Loire.
  • Source : Banque de France - Enquête mensuelle auprès des établissements de crédit 2022-2023

Alors qu’en 2020 l’endettement se concentrait essentiellement sur le court terme, ce n’était plus le cas en 2021, avec une réorientation du crédit bancaire vers des maturités plus longues. Cette tendance perdure en 2023 avec un recul de 2,4 % des crédits de trésorerie aux entreprises en région Centre-Val de Loire (figure 4). Si les caractéristiques et les modalités de remboursement des prêts garantis par l’État (PGE) - qui les apparentent à certains égards à des crédits de moyen terme - pouvait expliquer que la durée des crédits accordés aux sociétés non financières se soit allongée en 2021, il convient de mettre en avant comme en 2022 le phénomène de réintermédiation bancaire du financement des entreprises en 2023, avec une préférence marquée pour les crédits d’investissement, en progression sur l’année.

Figure 4Crédits à court terme accordés aux sociétés non financières

(Base 100 en décembre 2007)
Crédits à court terme accordés aux sociétés non financières ((Base 100 en décembre 2007))
Date France Centre-Val de Loire
01/01/22 129 116
01/02/22 125 114
01/03/22 123 118
01/04/22 121 114
01/05/22 109 90
01/06/22 104 83
01/07/22 104 87
01/08/22 101 81
01/09/22 104 83
01/10/22 104 75
01/11/22 107 79
01/12/22 105 82
01/01/23 106 82
01/02/23 110 84
01/03/23 112 84
01/04/23 110 80
01/05/23 107 79
01/06/23 106 78
01/07/23 107 79
01/08/23 103 76
01/09/23 103 75
01/10/23 104 80
01/11/23 103 79
01/12/23 102 81
  • Champ : toutes entreprises confondues, hors activités financières et administrations publiques, de la région Centre-Val de Loire.
  • Source : Banque de France - Enquête mensuelle auprès des établissements de crédit 2022-2023.

Figure 4Crédits à court terme accordés aux sociétés non financières

  • Champ : toutes entreprises confondues, hors activités financières et administrations publiques, de la région Centre-Val de Loire.
  • Source : Banque de France - Enquête mensuelle auprès des établissements de crédit 2022-2023.

En termes sectoriels, des différences importantes sont observables au sein du secteur marchand : les encours reculent dans l’industrie manufacturière (-2,9 %), dans la construction (-3,0 %), dans le commerce (-6,3 %) et dans la plupart des services, mais progressent dans l’agriculture (+3,1 %), l’immobilier, l’industrie non manufacturière.

En conclusion, sur l’ensemble de l’année 2023, les flux d’endettement des sociétés non financières ont très légèrement diminué. Cette situation contraste avec celle des années précédentes avec notamment la hausse des crédits à l’équipement. Les situations de trésorerie ont nettement baissé en 2023. Des hausses de prix qui ne rattrapent pas complètement la progression des coûts, la hausse très nette depuis la mi-2022 des coûts des emprunts, ainsi que des retards de paiements de clients sont des facteurs d’explication. L’année 2023 a été celle d’un net ralentissement de la conjoncture. Il est difficile de déterminer l’orientation en 2024 des flux d’endettement dans un contexte où la conjoncture allemande, par exemple, est nettement dégradée. Il n’est pas non plus facile de dire si la modération des flux de trésorerie perdurera et si la réorientation du crédit bancaire vers le financement des investissements se confirmera.

Publication rédigée par :David Hueber (Banque de France)

Pour comprendre

Précision méthodologique sur le champ des statistiques mensuelles des dépôts et crédits : les données sont établies à partir de la centralisation des déclarations mensuelles par les banques adhérentes à la Fédération bancaire française des financements et dépôts des sociétés non financières implantées en région Centre-Val de Loire. Ne participent à cette centralisation ni les sociétés financières ni les institutions financières spécialisées.

Définitions

Les crédits à l’équipement : ensemble des biens et matériels nécessaires à l’activité et au développement de l’entreprise.

Les crédits d’investissement utilisé pour le renouvellement de matériel obsolète ou matériel pour augmenter la production.