France, portrait social Édition 2022

Cet ouvrage dresse un panorama complet des pratiques sportives et culturelles en France. Quelle part de leur budget les ménages consacrent-ils à l’achat de biens et services culturels ? Quelles sont les pratiques en amateur artistiques, scientifiques ou créatives les plus répandues ? Quels sont les sports les plus pratiqués ? Quelles sont les pratiques culturelles associées au sport (émissions télé, radio, jeux vidéo, etc.), pour les sportifs comme les non-sportifs ? Les territoires influent-ils sur les pratiques sportives et culturelles des personnes ? Quel usage les jeunes enfants ont-ils des écrans numériques et comment cette utilisation évolue-t-elle entre 2 et 6 ans ?

Insee Références
Paru le :Paru le22/11/2022
Edwige Millery, Philippe Lombardo (DEPS) ; Cédric Zimmer (INJEP-MEDES)
France, portrait social- Novembre 2022
Consulter
Sommaire

Loisirs des villes, loisirs des champs : territoires et caractéristiques sociales des personnes influent sur leurs loisirs sportifs et culturels

Edwige Millery, Philippe Lombardo (DEPS) ; Cédric Zimmer (INJEP-MEDES)

En 2020, 65 % des personnes de 15 ans ou plus résidant en France métropolitaine pratiquent régulièrement une activité sportive. Toutefois, cette pratique est légèrement plus fréquente dans les villes : 67 % parmi les habitants de l’urbain de densité intermédiaire, contre 60 % des habitants des territoires ruraux les plus isolés. Les raisons de pratiquer ou non un sport sont principalement les mêmes dans l’urbain et le rural ; néanmoins, le coût de la pratique sportive est un frein spécifique dans l’urbain, tandis que le contact avec la nature est une motivation propre au rural.

Au cours d’une année, les habitants du rural autonome ou sous faible influence d’un pôle d’emploi vont moins à la bibliothèque que ceux de l’urbain dense (21 % contre 32 %), au cinéma (respectivement 53 % et 59 %, contre 68 %) ou au musée (22 % contre 37 %). D’autres loisirs peuvent se pratiquer à domicile, comme regarder la télévision ou écouter la radio : 65 % des habitants du rural autonome écoutent la radio tous les jours ou presque, contre 52 % des habitants de l’urbain dense.

Ces écarts de pratique selon les territoires s’expliquent en partie par l’offre disponible mais aussi par les caractéristiques sociodémographiques des habitants.

Insee Références

Paru le :22/11/2022

Vivre en territoire rural ou urbain implique-t-il des loisirs différents ?

Quel que soit l’âge, dans quelle mesure vivre en implique‑t‑il des loisirs différents ? Ces différences sont‑elles propres aux territoires ou bien liées aux caractéristiques sociodémographiques de leurs habitants ? En particulier, l’accès à un ensemble de services différents, notamment culturels et sportifs, conditionne‑t‑il la pratique de loisirs ? Cette étude apporte des éléments de réponse en analysant les pratiques sportives et les activités culturelles des personnes de 15 ans ou plus vivant en France métropolitaine selon la de leur commune de résidence [D’Allessandro et al., 2021].

La pratique sportive régulière est un peu plus répandue parmi les urbains

En 2020, en France métropolitaine, 65 % des personnes ont une pratique sportive régulière, c’est‑à‑dire qu’elles ont réalisé au moins 52 séances sportives dans l’année, soit au moins une séance par semaine en moyenne, hors balade, baignade et relaxation (figure 1sources). La part des sportifs réguliers parmi les 15 ans ou plus est légèrement plus élevée dans l’urbain que dans le rural (67 % contre 63 %) ; elle est la plus faible dans le rural autonome hors influence d’un pôle d’emploi (60 %) et la plus élevée dans l’urbain de densité intermédiaire (67 %).

Figure 1Pratiquer une activité sportive régulière au cours des douze derniers mois (hors balade, baignade et relaxation) en 2020

en %
Pratiquer une activité sportive régulière au cours des douze derniers mois (hors balade, baignade et relaxation) en 2020 (en %) - Lecture : en 2020, 78 % des 15-19 ans ont une pratique sportive régulière dans le rural autonome.
Rural autonome Rural sous faible influence d’un pôle Rural sous forte influence d’un pôle Espace rural Urbain de densité intermédiaire Urbain dense Espace urbain Ensemble
Âge
15-19 ans 78 85 83 81 85 88 87 85
20-24 ans 72 74 74 73 84 82 83 80
25-39 ans 68 69 73 70 73 73 73 72
40-59 ans 59 64 66 63 65 65 65 65
60 ans ou plus 52 50 56 53 56 52 54 53
Sexe
Femmes 53 58 64 58 61 61 61 60
Hommes 67 68 68 68 73 73 73 71
Niveau de diplôme
Aucun diplôme ou CEP 44 43 53 46 43 36 39 41
Brevet, BEP, CAP 56 59 61 58 66 66 66 63
Baccalauréat ou équivalent 71 70 72 71 71 68 69 70
Diplôme du supérieur 70 79 76 75 79 76 77 76
Catégorie socioprofessionnelle1
Agriculteurs et indépendants 47 49 53 49 64 64 64 56
Cadres 75 70 72 72 78 77 77 76
Professions intermédiaires 72 68 70 70 75 73 74 73
Employés 56 63 66 61 62 51 56 58
Ouvriers 53 59 58 56 60 55 58 57
Chômeurs ns ns ns 61 59 69 66 65
Inactifs hors retraités 59 69 70 65 63 70 67 67
Ensemble 60 63 66 63 67 66 67 65
  • ns : non significatif.
  • 1. Les retraités sont classés selon leur dernière catégorie socioprofessionnelle connue.
  • Note : l’activité sportive régulière est définie comme le fait d’avoir réalisé au moins 52 séances sportives dans l’année, hors séances utilitaires.
  • Lecture : en 2020, 78 % des 15-19 ans ont une pratique sportive régulière dans le rural autonome.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en ménage ordinaire, âgées de 15 ans ou plus.
  • Source : MENJ-INJEP, enquête nationale sur les pratiques physiques et sportives 2020.

La pratique sportive intensive (plus d’une centaine de séances dans l’année, soit au moins deux séances par semaine en moyenne) est également surreprésentée dans l’urbain dense (57 %) et sous‑représentée dans le rural autonome (49 %). Dans le rural sous forte influence d’un pôle, les personnes ayant une pratique sportive peu fréquente (de 1 à 51 séances dans l’année, soit moins d’une séance par semaine en moyenne) sont davantage présentes (18 %), contrairement à celles n’ayant aucune pratique sportive dont la part y est .

Dans le rural sous forte influence d’un pôle, la population est moins âgée et la part de ménages pauvres plus faible que dans le rural autonome (encadré). La part de couples avec enfants y est également la plus élevée. En tenant compte de ces différences sociodémographiques selon les territoires, toutes choses égales par ailleurs, la probabilité d’avoir une pratique sportive régulière n’est pas significativement différente dans le rural sous faible influence d’un pôle et l’urbain dense par rapport au rural sous forte influence d’un pôle (figure 2). En revanche, elle est inférieure de 16 % dans le rural autonome et supérieure de 11 % dans les territoires urbains de densité intermédiaire. Ainsi, le fort taux de pratique sportive régulière observé dans l’urbain dense semble davantage être dû à des facteurs sociodémographiques qu’à un effet inhérent au territoire.

Figure 2Influence du lieu de résidence sur la probabilité d’avoir un loisir culturel ou sportif au cours des douze derniers mois

Influence du lieu de résidence sur la probabilité d’avoir un loisir culturel ou sportif au cours des douze derniers mois - Lecture : en 2018, toutes choses égales par ailleurs, la probabilité de participer à un festival au cours des 12 derniers mois est multipliée par 1,7 pour les habitants du rural autonome par rapport aux habitants du rural sous forte influence d’un pôle.
Rapports de chance Niveau de significativité
Pratiquer une activité sportive régulière
Rural autonome 0,8 ***
Rural sous faible influence d’un pôle 1,0 ns
Rural sous forte influence d’un pôle Réf.
Urbain de densité intermédiaire 1,1 ***
Urbain dense 1,0 ns
Aller dans une bibliothèque ou une médiathèque
Rural autonome 1,0 ns
Rural sous faible influence d’un pôle 0,9 *
Rural sous forte influence d’un pôle Réf.
Urbain de densité intermédiaire 0,9 ns
Urbain dense 1,3 ***
Aller au cinéma
Rural autonome 0,8 ***
Rural sous faible influence d’un pôle 0,9 ns
Rural sous forte influence d’un pôle Réf.
Urbain de densité intermédiaire 1,0 ns
Urbain dense 1,0 **
Assister à un spectacle vivant
Rural autonome 0,8 *
Rural sous faible influence d’un pôle 0,9 ns
Rural sous forte influence d’un pôle Réf.
Urbain de densité intermédiaire 0,8 ***
Urbain dense 1,0 ***
Fréquenter un musée ou une exposition
Rural autonome 1,0 ns
Rural sous faible influence d’un pôle 1,0 ns
Rural sous forte influence d’un pôle Réf.
Urbain de densité intermédiaire 1,0 **
Urbain dense 1,7 ***
Lire au moins un livre
Rural autonome 1,0 ns
Rural sous faible influence d’un pôle 1,0 ns
Rural sous forte influence d’un pôle Réf.
Urbain de densité intermédiaire 0,9 **
Urbain dense 1,2 ***
Participer à un festival
Rural autonome 1,7 ***
Rural sous faible influence d’un pôle 1,7 **
Rural sous forte influence d’un pôle Réf.
Urbain de densité intermédiaire 1,4 ns
Urbain dense 1,4 ns
Ecouter la radio tous les jours ou presque
Rural autonome 0,9 ***
Rural sous faible influence d’un pôle 0,8 ns
Rural sous forte influence d’un pôle Réf.
Urbain de densité intermédiaire 0,7 ns
Urbain dense 0,5 ***
Regarder la télévision tous les jours ou presque
Rural autonome 0,7 ns
Rural sous faible influence d’un pôle 0,6 **
Rural sous forte influence d’un pôle Réf.
Urbain de densité intermédiaire 1,0 ***
Urbain dense 0,6 ***
  • ns : non significatif ; * : significatif au seuil de 10 % ; ** : significatif au seuil de 5 % ; *** : significatif au seuil de 1 %.
  • Note : les résultats sont issus de modèles de régression sur variable qualitative opérés pour chacune des pratiques culturelles et pour la pratique sportive régulière. Les variables contrôlées sont l’âge du répondant, son sexe, son niveau de diplôme, son lieu de résidence et son groupe socioprofessionnel.
  • Lecture : en 2018, toutes choses égales par ailleurs, la probabilité de participer à un festival au cours des 12 derniers mois est multipliée par 1,7 pour les habitants du rural autonome par rapport aux habitants du rural sous forte influence d’un pôle.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en ménage ordinaire, âgées de 15 ans ou plus.
  • Sources : DEPS, ministère de la Culture, enquête sur les pratiques culturelles 2018 ; MENJ-INJEP, enquête nationale sur les pratiques physiques et sportives 2020.

Activités de la forme et de la gymnastique plutôt pour les urbains, sports de cycles et équitation plutôt pour les ruraux

Les cinq catégories d’activités sportives les plus pratiquées sont les mêmes, que les personnes résident dans les territoires urbains ou ruraux. Marche, balade, course et athlétisme sont les plus pratiquées dans l’urbain comme dans le rural, devant les activités aquatiques (figure 3). Les activités de la forme et de la gymnastique et les sports de cycles se placent en troisième et quatrième positions, dans un ordre différent toutefois dans l’urbain et le rural. Les sports de raquettes, de précision ou de cible sont la cinquième pratique sportive, dans le rural (à égalité avec les activités de la forme et de la gymnastique) comme dans l’urbain.

Figure 3Loisirs sportifs et culturels de la population selon le type de territoire

en %
Loisirs sportifs et culturels de la population selon le type de territoire (en %) - Lecture : en 2020, 65 % de la population pratique régulièrement une activité sportive. Cela concerne 60 % des habitants du rural autonome et 66 % des habitants de l'urbain dense.
Rural autonome Rural sous faible influence d’un pôle Rural sous forte influence d’un pôle Espace rural Urbain de densité intermédiaire Urbain dense Espace urbain Ensemble
Loisirs sportifs2
Pratiquer une activité sportive régulière (hors baignade, balade et relaxation)1 60 63 66 63 67 66 67 65
Marche, balade, course et athlétisme 80 81 84 82 82 83 83 82
Activités aquatiques et nautiques 45 47 51 48 49 51 50 49
Activités de la forme et de la gymnastique 37 39 43 39 44 49 47 45
Sports de cycles 44 49 47 46 43 42 42 44
Sports de raquettes, de précision ou de cible 38 36 41 39 36 33 34 36
Sports d'hiver 21 22 22 22 22 23 23 22
Sports collectifs 13 15 17 15 17 19 18 17
Equitation, chasse et pêche 19 15 14 16 11 7 9 11
Autres (dont : simulateur d'activité physique et sportive, échecs) 9 9 11 10 11 13 12 11
Sports de combat 3 4 5 4 4 6 5 5
Loisirs culturels de sortie2
Aller à la bibliothèque 21 21 26 23 24 32 29 27
Aller au cinéma 53 59 66 58 62 68 65 63
Assister à un spectacle vivant 37 41 46 41 38 48 44 43
Visiter un musée ou une exposition 22 22 27 23 24 37 32 29
Assister à un festival 19 20 15 18 18 20 19 19
Loisirs domestiques2
Lire un livre 59 62 65 61 61 69 66 64
Loisirs médiatiques
Regarder la télévision3 80 78 82 81 84 72 76 78
Ecouter la radio3 65 64 71 66 62 52 56 60
Ecouter des podcasts2 8 10 11 9 8 13 11 11
Loisirs ordinaires2
Jouer à des jeux de carte ou de société 48 54 53 51 49 49 49 50
Préparer de bons plats, de nouvelles recettes 50 50 55 52 55 56 56 54
Bricoler ou décorer 54 60 58 57 54 47 50 52
Jardiner 59 63 64 61 49 33 39 47
Pêcher ou chasser 17 12 14 15 11 6 8 11
  • 1. La question porte sur une pratique hebdomadaire.
  • 2. La question porte sur la pratique au moins une fois au cours des douze derniers mois. Les simulateurs d'APS sont des jeux vidéo reproduisant ces activités.
  • 3. La question porte sur la pratique tous les jours ou presque.
  • Lecture : en 2020, 65 % de la population pratique régulièrement une activité sportive. Cela concerne 60 % des habitants du rural autonome et 66 % des habitants de l'urbain dense.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en ménage ordinaire, âgées de 15 ans ou plus.
  • Sources : DEPS, ministère de la Culture, enquête que les pratiques culturelles 2018 ; MENJS-INJEP, enquête nationale sur les pratiques physiques et sportives 2020.

Si les principaux types d’activités sportives sont comparables dans le rural et l’urbain, la part de la population qu’elles rassemblent différencie les territoires : 47 % des 15 ans ou plus vivant dans l’urbain pratiquent les activités de la forme et de la gymnastique, contre 39 % parmi ceux vivant dans des territoires ruraux. Le jogging est pratiqué par 24 % des habitants de l’urbain dense, contre 14 % de ceux du rural autonome ; la musculation et le fitness le sont également davantage dans l’urbain dense. À l’inverse, l’équitation, la chasse et la pêche sont près de deux fois plus pratiquées dans les territoires ruraux. Les sports de cycles et ceux de raquettes, de précision ou de cible sont davantage pratiqués par les habitants des territoires ruraux, tandis que les sports collectifs le sont un peu plus dans l’urbain. Par exemple, 24 % des 15 ans ou plus du rural sous faible influence d’un pôle font du VTT, contre 13 % dans l’urbain dense. Les caractéristiques des territoires, leur topographie et les installations qui y sont présentes, qui diffèrent fortement, expliquent en partie ces différences.

Les cadres de pratique sportive s’adaptent aux lieux et aux équipements disponibles

L’encadrement de la pratique (notamment dans des structures privées ou via des associations et clubs sportifs) ainsi que le lieu de pratique (en ville, en milieu naturel, dans une installation sportive, à domicile ou sur le lieu de travail ou d’études) varient selon la zone de résidence. De manière générale, la pratique encadrée (par un coach, un éducateur, en structure privée ou en club ou association) est plus représentée parmi les sportifs réguliers de l’urbain (47 %) que ceux du rural (42 % dans le rural, 37 % dans le rural autonome).

La pratique sportive en structure privée à caractère commercial (par exemple, les salles de sport) concerne d’abord les sportifs réguliers des territoires urbains : 22 % d’entre eux exercent une partie de leur activité dans ce cadre, contre 13 % des sportifs réguliers des territoires ruraux. Ils sont même deux fois plus nombreux dans l’urbain dense (24 %) que dans le rural autonome (12 %). D’après le recensement des équipements sportifs, 83 % des équipements d’activité de forme et de santé (salles de musculation ou de cardio‑training, salles de cours collectifs et bassins d’exercices aquatiques) se situent en zone urbaine.

Les sportifs réguliers du rural sous forte influence d’un pôle et de l’urbain de densité intermédiaire font davantage de sport en association ou en club sportif (respectivement 42 % et 40 %) que ceux du rural autonome et de l’urbain dense (respectivement 36 % et 35 %). La répartition des clubs sportifs sur le territoire ne peut expliquer à elle seule cet écart. S’ils sont effectivement plus nombreux dans le rural sous forte influence d’un pôle et dans l’urbain de densité intermédiaire que dans l’urbain dense (respectivement 29 et 28 pour 10 000 habitants, contre 18 pour 10 000 habitants), c’est le rural autonome qui en compte le plus (32 pour 10 000 habitants). Il en va de même pour la répartition des équipements sportifs, allant de 25 pour 10 000 habitants dans l’urbain dense à 83 dans le rural autonome. Si la superficie des territoires ruraux permet la construction de davantage d’équipements, leur plus forte présence rapportée à la population ne garantit pas pour autant leur accessibilité et leur proximité [Ouvrir dans un nouvel ongletZimmer, Janelli, 2020]. Ainsi, dans le rural autonome, la moindre pratique en association ou en club sportif pourrait en partie s’expliquer par une moindre accessibilité géographique. Quant à l’urbain dense, le manque de clubs, la surfréquentation des infrastructures ainsi que le coût de la pratique peuvent expliquer cette moindre pratique en club ou association. En conséquence, 31 % des sportifs réguliers du rural sous forte influence d’un pôle sont licenciés d’au moins une fédération sportive, contre 23 % de ceux de l’urbain dense. Ils participent aussi plus souvent à des compétitions ou rassemblements sportifs.

Par ailleurs, la pratique sportive en ville (dans un parc par exemple), dans une installation sportive ou encore sur le lieu de travail ou d’études est plus développée dans l’urbain, tandis que celle en milieu naturel (en forêt par exemple) ou à domicile l’est davantage dans le rural. 67 % des sportifs réguliers résidant dans des territoires urbains pratiquent en ville (73 % au sein de l’urbain dense), contre 40 % de ceux du rural (38 % au sein du rural autonome). Les salles de pratique collective sont davantage présentes dans l’urbain (65 % de l’ensemble), ce qui peut expliquer la pratique sportive dans les installations plus fréquente en territoire urbain : 74 % des sportifs réguliers, contre 65 % dans le rural. De la même manière, 80 % des équipements de sports de nature (boucles de randonnée, pistes de ski, sites d’escalade par exemple) se situent en territoire rural. Ces équipements ainsi que l’environnement favorisent la pratique en milieu naturel des sportifs réguliers des territoires ruraux : 92 % d’entre eux ont pratiqué en milieu naturel dans l’année contre 83 % de ceux de l’urbain, et 94 % dans le rural autonome contre 80 % dans l’urbain dense.

Les freins ou motivations à la pratique sportive sont similaires entre territoires urbains et ruraux malgré quelques particularités

La santé d'une part, ainsi que le bien‑être et l’évacuation du stress d'autre part, sont les deux principales motivations à la pratique sportive évoquées par les sportifs réguliers des territoires urbains comme ceux des territoires ruraux (figure 4). Puis, les urbains déclarent l’entretien physique (71 %), le plaisir ou l’amusement (66 %) et la dépense physique (57 %). En milieu rural, les sportifs invoquent le plaisir et l’amusement (67 %) avant l’entretien physique (63 %), puis le contact avec la nature (62 %) avant la dépense physique (51 %).

Figure 4aMotivations à la pratique sportive des sportifs réguliers selon le type de territoire

en %
Motivations à la pratique sportive des sportifs réguliers selon le type de territoire (en %) - Lecture : en 2020, 68 % des sportifs réguliers ont jugé l'entretien physique comme une motivation importante à leur pratique, davantage dans l'urbain (71 %) que dans le rural (63 %).
Rural autonome Rural sous faible influence d’un pôle Rural sous forte influence d’un pôle Espace rural Urbain de densité intermédiaire Urbain dense Espace urbain Ensemble
Raisons de santé 69 71 72 71 72 78 75 74
Bien-être et évacuation du stress 68 70 68 68 70 74 72 71
Entretien physique 63 60 64 63 68 73 71 68
Plaisir, amusement 68 65 68 67 66 66 66 66
Dépense physique 50 53 50 51 55 59 57 55
Contact avec la nature 65 63 58 62 53 46 49 53
Amélioration de l'apparence physique 39 41 45 42 47 52 50 47
Rencontre avec les autres, être avec ses proches 40 43 47 43 42 35 38 40
Amélioration des performances personnelles 31 34 34 33 38 42 40 38
Besoin d'avoir une activité physique 29 32 29 30 31 29 30 30
Aventure 19 20 20 20 19 18 18 19
Compétition 13 13 12 12 12 12 12 12
Risque 6 7 7 7 6 6 6 6
Autre 5 6 7 6 6 7 6 6
  • Lecture : en 2020, 68 % des sportifs réguliers ont jugé l'entretien physique comme une motivation importante à leur pratique, davantage dans l'urbain (71 %) que dans le rural (63 %).
  • Champ : France métropolitaine, sportifs réguliers vivant en ménage ordinaire, âgés de 15 ans ou plus.
  • Source : MENJ-INJEP, enquête nationale sur les pratiques physiques et sportives 2020.

Quel que soit le type de territoire, les non ou peu pratiquants (moins de 52 séances dans l’année) déclarent quatre freins importants à la pratique sportive : les problèmes de santé, les difficultés physiques liées au métier occupé, le fait de ne pas parvenir à débuter une pratique sportive et enfin le fait de ne pas aimer le sport. Le fait de ne pas parvenir à débuter une activité sportive est un peu plus déclaré par les non ou peu pratiquants de l’urbain (33 %) que par ceux du rural (27 %). Ces derniers déclarent davantage les difficultés physiques liées au métier qu’ils exercent (37 % contre 30 %). Le coût de la pratique sportive constitue également un frein spécifique pour les non ou peu pratiquants de l’urbain : 27 % d’entre eux jugent ce frein important, contre 20 % de ceux du rural. Cela s’explique notamment par une plus forte disparité de revenus dans l’urbain et par une part plus importante de ménages pauvres (encadré). Les écarts sont rarement graduels de l’urbain dense au rural autonome et il existe parfois de fortes différences entre le rural sous forte influence d’un pôle et l’urbain de densité intermédiaire : 41 % des non ou peu pratiquants dans l’urbain de densité intermédiaire jugent les problèmes de santé comme un frein important à leur pratique, contre 32 % de ceux du rural sous forte influence d’un pôle.

Pratiques culturelles, médiatiques et loisirs ordinaires distinguent les urbains des ruraux

L’enquête nationale sur les pratiques culturelles (sources) permet de mesurer la participation culturelle de la population résidant en France et apporte une connaissance des loisirs des personnes, qui ont en commun d’être des temps soustraits aux temps contraints (temps de travail et tâches domestiques), qu’ils soient culturels ou bien ordinaires et considérés comme des « semi‑loisirs » [Ouvrir dans un nouvel ongletDonnat, 2011; Coulangeon et al., 2002]. Parmi ces derniers, certains sont partagés par la moitié de la population : jouer à des jeux de cartes ou de société (50 %), cuisiner de nouvelles recettes ou de bons plats (54 %), bricoler ou décorer (52 %) ; d’autres le sont moins : chasser ou pêcher (11 %) (figure 3). Si certains loisirs comme le jardinage dépendent directement du lieu de vie, d’autres – comme le bricolage ou la décoration –, sont davantage prisés des ruraux (60 % pour les habitants du rural sous faible influence d’un pôle) que des urbains (47 % de l’urbain dense). Certaines pratiques culturelles de la population peuvent être réalisées à domicile (lire un livre, par exemple) ; d’autres sont qualifiées de «  sortie » et supposent de fréquenter un équipement culturel : aller à la bibliothèque ou au cinéma, assister à un spectacle, visiter un musée, etc. Pour ces dernières, la pratique des personnes est alors en partie dépendante de l’offre territoriale.

Bibliothèque et cinéma : des sorties culturelles plus pratiquées par les urbains malgré des équipements présents sur tout le territoire

La bibliothèque est l’équipement culturel le plus présent en France : 15 700 bibliothèques et médiathèques sont dispersées sur le territoire, dont la moitié sont des points relais implantés dans les communes de moins de 10 000 habitants [Ouvrir dans un nouvel ongletMillery, et al., 2022]. En 2018, 27 % des personnes âgées de 15 ans ou plus ont fréquenté une bibliothèque ou une médiathèque au cours des douze derniers mois (figure 5). Les habitants des territoires ruraux autonomes et sous faible influence d’un pôle sont les moins nombreux à les fréquenter (– 6 points par rapport à la moyenne), à l’inverse de ceux de l’urbain dense (+ 5 points). Dans l’urbain dense, souvent de grandes métropoles régionales où se concentrent les établissements d’enseignement supérieur, les jeunes en âge d’étudier (20‑24 ans) fréquentent les bibliothèques bien plus qu’ailleurs (51 % d’entre eux l’ont fait dans l’année). L’analyse toutes choses égales par ailleurs confirme l’influence du lieu de résidence sur la fréquentation d’un lieu de lecture publique : à autres caractéristiques égales, le fait de résider dans l’urbain dense multiplie par 1,3 la probabilité de fréquenter une bibliothèque ou une médiathèque par rapport au rural sous forte influence d'un pôle (figure 2).

Figure 5Fréquenter une bibliothèque ou une médiathèque au cours des douze derniers mois en 2018

en %
Fréquenter une bibliothèque ou une médiathèque au cours des douze derniers mois en 2018 (en %) - Lecture : en 2018, 21 % des 25-39 ans vivant dans le rural autonome sont allés dans une bibliothèque ou une médiathèque au cours des douze derniers mois.
Rural autonome Rural sous faible influence d’un pôle Rural sous forte influence d’un pôle Espace rural Urbain de densité intermédiaire Urbain dense Espace urbain Ensemble
Âge
15-19 ans ns ns ns 49 38 56 49 49
20-24 ans ns ns ns 24 17 51 42 36
25-39 ans 21 26 30 25 24 32 29 28
40-59 ans 20 22 24 22 25 29 27 25
60 ans ou plus 16 14 19 16 19 23 21 19
Sexe
Femmes 26 28 31 26 29 34 34 31
Hommes 16 15 21 19 18 30 23 22
Niveau de diplôme
Aucun diplôme ou CEP 10 7 9 9 10 15 13 12
Brevet, BEP, CAP 19 19 23 20 20 27 24 22
Baccalauréat ou équivalent 22 21 26 23 32 39 36 31
Diplôme du supérieur 39 38 36 38 35 41 39 39
Catégorie socioprofessionnelle1
Agriculteurs et indépendants 14 17 15 15 12 27 20 17
Cadres 32 31 41 35 36 37 37 36
Professions intermédiaires 30 27 30 29 29 39 35 33
Employés 24 20 23 23 21 25 23 23
Ouvriers 11 8 12 11 12 16 14 12
Chômeurs ns ns ns 18 24 33 30 26
Inactifs hors retraités ns ns ns 39 36 45 42 41
Ensemble 21 21 26 23 24 32 29 27
  • ns : non significatif.
  • 1. Les retraités sont classés selon leur dernière catégorie socioprofessionnelle connue.
  • Lecture : en 2018, 21 % des 25-39 ans vivant dans le rural autonome sont allés dans une bibliothèque ou une médiathèque au cours des douze derniers mois.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en ménage ordinaire, âgées de 15 ans ou plus.
  • Source : DEPS, ministère de la Culture, enquête sur les pratiques culturelles 2018.

Deuxième équipement culturel de proximité, le cinéma est présent sur l’essentiel du territoire métropolitain. En 2018, avant la crise sanitaire, 63 % des personnes de 15 ans ou plus sont allés au cinéma au cours des douze derniers mois. Les jeunes le fréquentent plus que les seniors, les diplômés de l’enseignement supérieur plus de deux fois plus que les non‑diplômés, et les cadres plus que les ouvriers ou les employés (79 %, contre 60 % et 45 %). Aussi populaire que soit cette pratique, un fort effet territorial est observé pour les habitants du rural autonome (– 10 points par rapport à la moyenne), ainsi que pour ceux du rural sous faible influence d’un pôle (– 4 points). Toutes choses égales par ailleurs, le fait de résider dans le rural autonome divise par 1,3 la probabilité d’être allé au cinéma dans l’année, par rapport aux habitants résidant dans le rural sous forte influence d’un pôle. Là encore, l’effet d’offre explique en partie ce phénomène, même si 32 % des cinémas sont situés dans des zones peu ou très peu denses et que plus de la moitié des cinémas classés Art et essai sont situés dans des communes rurales.

Spectacles vivants, musées et expositions : des sorties culturelles plus prisées des habitants de l’urbain dense

En 2018, 43 % des personnes de 15 ans ou plus ont assisté à un spectacle vivant. Les populations résidant dans l’urbain dense ont une pratique supérieure à la moyenne (+ 5 points), à l’inverse de celles du rural autonome (– 6 points).

Les jeunes de 20 à 24 ans sont beaucoup plus nombreux à assister à un spectacle dans l’urbain dense que dans les autres territoires, et cela vaut aussi pour les 40‑59 ans et les 60 ans ou plus, mais dans une moindre mesure. Dans l’urbain dense, les peu diplômés (titulaires d’un brevet ou d’un CAP), les diplômés du supérieur ainsi que les cadres et les professions intermédiaires assistent plus qu’ailleurs à des spectacles. À l’inverse, dans les territoires ruraux autonomes, la pratique est toujours inférieure à la moyenne quelles que soient les caractéristiques sociodémographiques des personnes. Cela tient sans doute à un effet d’offre : près de la moitié des équipements de spectacle vivant (théâtres, salles de spectacle et de concert, etc.) sont situés en zone urbaine dense, quand moins d’un sur cinq est situé en zone rurale, autonome ou sous l’influence d’un pôle. Cependant, l’espace urbain dense ne s’oppose pas seulement aux territoires ruraux, mais aussi à l’urbain de densité intermédiaire, dont les habitants ont une fréquentation des spectacles vivants également inférieure à la moyenne (– 5 points) malgré la présence de près d’un quart des équipements sur ces territoires.

En 2018, 29 % des personnes de 15 ans ou plus ont visité un musée ou une exposition au cours des douze derniers mois, avec des écarts importants selon leurs caractéristiques sociodémographiques. Ainsi, 52 % des diplômés de l’enseignement supérieur ont visité un musée ou une exposition, contre 19 % des titulaires d’un brevet ou d’un CAP et 30 % des bacheliers ; 59 % des cadres, contre 20 % des employés et 10 % des ouvriers (figure 6). Comme pour la sortie au spectacle, l’effet territorial est particulièrement marqué et distingue les habitants de l’urbain dense de ceux du rural autonome et sous faible influence d’un pôle : dans l’urbain dense, la pratique est supérieure de 8 points à la moyenne ; à l’inverse, dans le rural autonome et sous faible influence d’un pôle, elle est inférieure de 7 points. Dans l’urbain dense, quels que soient l’âge, le sexe, le niveau de diplôme ou la catégorie socioprofessionnelle, la pratique est supérieure à la moyenne. Ainsi, toutes choses égales par ailleurs, les habitants de l’urbain dense ont une probabilité 1,7 fois plus élevée d’avoir visité un musée ou une exposition dans l’année que les habitants en milieu rural sous forte influence d’un pôle.

Figure 6Visiter un musée ou une exposition au cours des douze derniers mois en 2018

en %
Visiter un musée ou une exposition au cours des douze derniers mois en 2018 (en %) - Lecture : en 2018, 21 % des 25-39 ans vivant dans le rural autonome ont visité un musée ou vu une expositions au cours des douze derniers mois.
Rural autonome Rural sous faible influence d’un pôle Rural sous forte influence d’un pôle Espace rural Urbain de densité intermédiaire Urbain dense Espace urbain Ensemble
Âge
15-19 ans ns ns ns 36 31 37 34 35
20-24 ans ns ns ns 20 15 42 35 30
25-39 ans 21 30 24 24 23 35 32 29
40-59 ans 24 25 30 26 28 40 36 32
60 ans ou plus 18 15 23 18 20 34 28 24
Sexe
Femmes 22 26 29 24 24 39 34 30
Hommes 21 18 25 22 24 35 31 27
Niveau de diplôme
Aucun diplôme ou CEP 8 7 8 8 9 11 10 9
Brevet, BEP, CAP 18 17 19 18 17 24 21 19
Baccalauréat ou équivalent 21 29 25 24 27 36 33 30
Diplôme du supérieur 45 39 44 44 43 61 55 52
Catégorie socioprofessionnelle1
Agriculteurs et indépendants 18 18 27 20 24 37 31 25
Cadres 49 36 53 48 48 69 63 59
Professions intermédiaires 33 30 36 33 34 48 43 39
Employés 16 23 16 18 16 24 21 20
Ouvriers 11 12 10 11 9 10 10 10
Chômeurs ns ns ns 14 15 34 26 22
Inactifs hors retraités ns ns ns 28 32 31 31 30
Ensemble 22 22 27 23 24 37 32 29
  • ns : non significatif.
  • 1. Les retraités sont classés selon leur dernière catégorie socioprofessionnelle connue.
  • Lecture : en 2018, 21 % des 25-39 ans vivant dans le rural autonome ont visité un musée ou vu une expositions au cours des douze derniers mois.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en ménage ordinaire, âgées de 15 ans ou plus.
  • Source : DEPS, ministère de la Culture, enquête sur les pratiques culturelles 2018.

Plus de lecteurs dans l’urbain dense que dans tous les autres territoires

En 2018, 64 % des personnes ont lu au moins un livre dans l’année, bandes dessinées et mangas compris. La lecture oppose les non‑diplômés aux diplômés du supérieur (ces derniers sont deux fois plus nombreux à avoir lu un livre dans l’année que les non‑diplômés), les cadres aux employés et ouvriers (respectivement 86 %, 55 % et 55 % ont lu un livre dans l’année). À la différence des autres loisirs culturels, l’activité de lecture ne suppose pas a priori de disposer d’un équipement culturel près de chez soi. Pourtant, ici encore, les habitants de l’urbain dense se distinguent de tous les autres : 69 % d’entre eux ont lu au moins un livre dans l’année, contre 59 % des habitants du rural autonome, et 62 % de ceux du rural sous faible influence d’un pôle. Cette différence territoriale confirme l’analyse de Coulangeon et al. (2002), montrant que la lecture se rapproche de la culture de sortie par les caractéristiques sociales qui lui sont associées. À âge, sexe, diplôme et catégorie socioprofessionnelle donnés, un habitant de l’urbain dense a 1,2 fois plus de chance de lire que dans le rural sous forte influence d’un pôle.

Habiter dans le rural multiplie les chances d’avoir participé à un festival

En 2018, 19 % de la population a participé à un festival au cours des douze derniers mois. Il s’agit d’une des pratiques culturelles qui a le plus augmenté depuis cinquante ans puisqu’elle concernait seulement 8 % de la population en 1973. Cette progression s’explique notamment par la massification des pratiques culturelles et la multiplication du nombre de festivals, et illustre l’événementialisation de la . Les festivals sont plus prisés des jeunes, des diplômés du supérieur et des cadres. Néanmoins, toutes choses égales par ailleurs, le fait de résider dans le rural autonome ou sous faible influence d’un pôle multiplie par 1,7 la probabilité d’avoir assisté à un festival dans l’année par rapport au rural sous forte influence d'un pôle. La diffusion de cette pratique dans l’ensemble de la population, quel que soit le type de territoire où résident les personnes, s’explique sans doute également en partie par l’implantation rurale comme urbaine des festivals, souvent liée à l’attractivité touristique des territoires, et donc moins corrélée au caractère urbain de l’offre.

Radio et télévision : des médias prisés des habitants des territoires ruraux

60 % des 15 ans ou plus écoutent la radio tous les jours ou presque. En 2018, les personnes qui résident dans les territoires ruraux sont plus nombreuses à déclarer écouter la radio tous les jours ou presque, en particulier celles résidant dans le rural sous forte influence d’un pôle (+ 11 points par rapport à la moyenne) dont les temps de transport domicile‑travail peuvent expliquer la plus forte écoute de la radio. À l’inverse, les habitants de l’urbain dense sont moins nombreux à écouter la radio tous les jours ou presque (– 8 points).

En 2018, 78 % de la population de 15 ans ou plus déclare regarder la télévision tous les jours ou presque (figure 7). Les habitants de l’urbain dense la regardent moins que l’ensemble de la population (– 6 points), et cela quelles que soient leurs caractéristiques sociodémographiques. L’effet territorial distingue donc les habitants de l’urbain dense, par ailleurs plus férus de sorties culturelles, et délaissant, dans leur pratique quotidienne, le média télévision. Toutes choses égales par ailleurs, les habitants de l’urbain dense ont près de deux fois moins de chances (0,6) de regarder la télévision tous les jours ou presque que les habitants du rural sous forte influence d’un pôle.

Figure 7Regarder la télévision tous les jours ou presque en 2018

en %
Regarder la télévision tous les jours ou presque en 2018 (en %) - Lecture : en 2018, 75 % des 25-39 ans dans le rural autonome regardent la télévision tous les jours ou presque.
Rural autonome Rural sous faible influence d’un pôle Rural sous forte influence d’un pôle Espace rural Urbain de densité intermédiaire Urbain dense Espace urbain Ensemble
Âge
15-19 ans ns ns ns 58 60 58 59 59
20-24 ans ns ns ns 61 71 47 54 56
25-39 ans 75 73 80 76 82 64 69 71
40-59 ans 80 79 82 80 85 75 79 80
60 ans ou plus 91 88 93 91 92 89 90 90
Sexe
Femmes 79 80 84 85 86 75 77 80
Hommes 82 77 81 77 81 68 75 76
Niveau de diplôme
Aucun diplôme ou CEP 93 88 93 92 93 85 88 90
Brevet, BEP, CAP 81 78 83 81 85 81 83 82
Baccalauréat ou équivalent 79 75 81 79 78 67 71 74
Diplôme du supérieur 66 72 78 72 79 61 67 68
Catégorie socioprofessionnelle1
Agriculteurs et indépendants 84 84 84 84 85 74 79 82
Cadres 67 68 75 70 78 65 69 69
Professions intermédiaires 79 80 84 81 84 72 76 78
Employés 85 86 86 86 88 79 82 83
Ouvriers 88 79 86 85 89 82 86 86
Chômeurs ns ns ns 70 77 67 71 71
Inactifs hors retraités ns ns ns 64 72 63 66 66
Ensemble 80 78 82 81 84 72 76 78
  • ns : non significatif.
  • 1. Les retraités sont classés selon leur dernière catégorie socioprofessionnelle connue.
  • Lecture : en 2018, 75 % des 25-39 ans dans le rural autonome regardent la télévision tous les jours ou presque.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en ménage ordinaire, âgées de 15 ans ou plus.
  • Source : DEPS, ministère de la Culture, enquête sur les pratiques culturelles 2018.

Encadré – Un tiers de la population réside dans une commune rurale, où le niveau de vie médian est plus modeste mais les disparités de revenus plus faibles que dans l’urbain

Depuis 2020, les espaces ruraux ont fait l’objet d’un zonage fin en quatre classes [D’Allessandro et al., 2021]. Ce zonage tient compte de la proportion de personnes en emploi, des zones d’emploi et de l’attractivité des villes :

  • les communes classées dans le rural autonome sont hors influence d’un pôle d’emploi et d’une ville, et peuvent appartenir à une de moins de 50 000 habitants. Parmi celles‑ci, on distingue les communes peu denses des communes très peu denses ;
  • les communes rurales sous faible influence d’un pôle d’emploi appartiennent à une aire d’attraction des villes de plus de 50 000 habitants, mais moins de 30 % des personnes en emploi travaillent dans le pôle de cette aire ;
  • les communes rurales sous forte influence d’un pôle appartiennent à une aire d’attraction des villes de plus de 50 000 habitants et plus de 30 % des personnes en emploi qui résident dans ces communes rurales travaillent dans le pôle de cette aire.

Les communes densément peuplées et les communes de densité intermédiaire forment, elles, l’espace urbain.

En France, un tiers de la population réside dans une commune rurale. La part des cadres et des professions intermédiaires est plus importante dans les territoires sous forte influence d’un pôle et dans l’urbain, par rapport au rural autonome ou sous faible influence d’un pôle (figure A). Les secteurs d’activité agricoles et industriels sont en revanche plus présents dans le rural, où la part d’agriculteurs et d’ouvriers est plus élevée que dans l’urbain. À l’inverse, les emplois liés aux services aux entreprises sont deux fois plus présents dans l’urbain (23 % des emplois) que dans le rural autonome peu ou très peu dense (respectivement 10 % et 11 %).

Figure ATaux d’emploi des 15-64 ans et répartition par catégorie socioprofessionnelle selon le type de territoire

en %
Taux d’emploi des 15-64 ans et répartition par catégorie socioprofessionnelle selon le type de territoire (en %) - Lecture : en 2017, dans le rural périurbain sous forte influence d’un pôle, 71 % des 15-64 ans sont en emploi, parmi lesquels 2 % sont agriculteurs.
Rural autonome Rural périurbain Urbain Ensemble
Très peu dense Peu dense Sous faible influence d’un pôle Sous forte influence d’un pôle
Part de la population 11 2 9 10 67 100
Taux d’emploi 68 66 69 71 63 65
Catégorie socioprofessionnelle
Agriculteurs 13 4 4 2 0 2
Artisans, commerçants, chefs d’entreprise 9 9 8 7 6 7
Cadres 7 8 11 14 22 18
Professions intermédiaires 20 22 25 28 27 26
Employés 25 28 27 27 28 28
Ouvriers 26 29 26 21 17 20
Ensemble 100 100 100 100 100 100
  • Lecture : en 2017, dans le rural périurbain sous forte influence d’un pôle, 71 % des 15-64 ans sont en emploi, parmi lesquels 2 % sont agriculteurs.
  • Champ : France, personnes âgées de 15 à 64 ans.
  • Source : Insee, recensement de la population 2017.

En 2018, le médian est de 22 900 euros dans le rural sous forte influence d’un pôle, contre 19 700 euros dans le rural très peu dense. De même, le augmente à mesure que les espaces sont éloignés d’une aire d’attraction des villes : 9 % des ménages sont pauvres dans le rural sous forte influence d’un pôle, contre 17 % dans le rural autonome très peu dense (figure B). Les disparités de revenus sont en revanche moins accentuées dans le rural : le rapport entre le niveau de vie des 10 % les plus modestes et celui des 10 % les plus aisés est de 3 dans le rural, contre 3,8 dans l’urbain. Enfin, les personnes de 65 ans ou plus sont plus nombreuses dans le rural autonome que dans l’urbain : 26 % contre 18 %. À l’inverse, celles âgées de 15 à 25 ans représentent 13 % de la population de l’urbain dense, contre 9 % du rural autonome.

Figure BRépartition des ménages selon leur niveau de vie par type d’espace

en %
Répartition des ménages selon leur niveau de vie par type d’espace (en %) - Lecture : en 2018, dans le rural peu dense, 13,8 % des ménages sont pauvres.
Pauvres Modestes Médians Plutôt aisés Aisés
Urbain 16 25 17 30 12
Rural sous forte influence d'un pôle 9 23 21 37 9
Rural sous faible influence d'un pôle 11 27 21 32 8
Rural autonome peu dense 14 30 21 28 6
Rural autonome très peu dense 17 31 20 26 6
  • Note : les ménages pauvres ont un niveau de vie inférieur à 60 % du niveau de vie médian de l’ensemble des ménages. Les ménages modestes ont un niveau de vie compris entre 60 et 90 % du niveau de vie médian, les ménages médians entre 90 et 110 %, les ménages plutôt aisés entre 110 et 180 % et les ménages aisés au-delà de 180 %.
  • Lecture : en 2018, dans le rural peu dense, 13,8 % des ménages sont pauvres.
  • Champ : France métropolitaine, Martinique et La Réunion.
  • Source : Insee, Filosofi 2018.

Sources et méthodes

L'Ouvrir dans un nouvel ongletenquête sur les Pratiques culturelles est réalisée depuis 1973 et interroge la population âgée de 15 ans ou plus sur ses activités de loisir, en particulier culturelles. La dernière édition menée en 2018 a porté sur un échantillon de 9 200 personnes représentatif de la population résidant en France métropolitaine. Trente activités de loisir distinctes ont été sélectionnées pour la présente analyse, classées en trois grandes catégories : loisirs culturels (aller au cinéma, fréquenter une bibliothèque, assister à un spectacle, visiter un musée, participer à un festival, etc.), loisirs médiatiques (regarder des films, écouter la radio, regarder la télévision, écouter des podcasts, etc.) et loisirs ordinaires (jouer à des jeux de cartes ou de société, préparer de bons plats, faire du bricolage, etc.).

L'Ouvrir dans un nouvel ongletenquête nationale sur les pratiques physiques et sportives, conduite tous les 10 ans depuis 2000, a été menée en 2020 auprès de 12 000 personnes résidant en France. Elle permet notamment de mesurer la participation sportive de la population, les modes de pratique, les motivations et les freins à la pratique sportive. Le Ouvrir dans un nouvel ongletrecensement des équipements sportifs, espaces et sites de pratique (RES) a pour objectif de connaître les équipements sportifs et les sites existants, et d’aider à une meilleure perception des inégalités territoriales dans leur répartition.

Définitions

La grille communale de densité définie par Eurostat permet de comparer le degré d’urbanisation des pays européens, avec une méthodologie homogène et relativement indépendante des découpages administratifs de chaque pays. La grille communale s’appuie sur une grille de carreaux de 1 km2, dans lesquels la population est calculée à partir des données géolocalisées issues, en France, des fichiers démographiques sur les logements et les individus (Fidéli 2018), base de données issue principalement des fichiers fiscaux liés à la taxe d’habitation.

Depuis 2020, les territoires ruraux désignent l’ensemble des communes peu denses ou très peu denses définies dans la grille communale de densité à laquelle ont été adjoints des critères de mobilité pendulaires liée à l’emploi. Selon le degré d’influence d’un pôle d’emploi, quatre catégories d’espaces ruraux se dessinent, tandis que l’espace urbain se découpe en deux catégories selon la densité de population (voir aussi encadré).

L’aire d’attraction d’une ville désigne un ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, constitué d’un pôle de population et d’emploi, et d’une couronne qui regroupe les communes dont au moins 15 % des actifs travaillent dans le pôle.

Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation. Le niveau de vie est donc le même pour tous les individus d’un même ménage.

Le taux de pauvreté correspond à la part des ménages en situation de pauvreté monétaire. En France et en Europe, le seuil de pauvreté est le plus souvent fixé à 60 % du niveau de vie médian.

Pour en savoir plus

D’Allessandro C., Levy D., Regnier T., « Une nouvelle définition du rural pour mieux rendre compte des réalités des territoires et de leurs transformations », in La France et ses territoires, coll. « Insee Références », édition 2021.

Coulangeon P., Menger P.-M., Roharik I, « Les loisirs des actifs : un aspect de la stratification sociale », in Économie et statistique n° 352‑-353, Insee, septembre 2002.

Croutte P., Müller J., Baron A. et Brosseau R. (avec le concours de), Hoibian S. (sous la dir. de), « Ouvrir dans un nouvel ongletBaromètre national des pratiques sportives 2020 », Rapports d'étude n° 2021/03, INJEP, mars 2021.

Donnat O., « Ouvrir dans un nouvel ongletPratiques culturelles 1973‑2008. Dynamiques générationnelles et pesanteurs sociales », Culture études n° 2011-7, ministère de la Culture, DEPS, 2011.

Djakouane A., Sahuc P. (sous la dir. de),Ouvrir dans un nouvel onglet Champs culturels. Pratiques sociales et culturelles des jeunes de l’enseignement agricole, n° 30, octobre 2020.

Lombardo P., Wolff L., « Ouvrir dans un nouvel ongletCinquante ans de pratiques culturelles en France », Culture études n° 2020‑2, ministère de la Culture, DEPS, 2020.

Millery E., Delvainquière J.‑C., Bourlès L., Picard S., « Ouvrir dans un nouvel ongletAtlas Culture : dynamiques et disparités territoriales culturelles en France », Culture études n° 2022-3, ministère de la Culture, DEPS, 2022.

Lefèvre B., Raffin V., « Ouvrir dans un nouvel ongletLes freins à la pratique sportive des Français peu ou non sportifs : des situations hétérogènes », Analyses & Synthèses n° 52, INJEP, novembre 2021.

Zimmer C., Janelli R., « Ouvrir dans un nouvel ongletLes lieux de la pratique sportive en France », Fiches repères, n° 49, INJEP mai 2020.

Hors balade, baignade, relaxation ou déplacement utilitaire.

Depuis les années 1980 et l’instauration de grandes fêtes nationales, l’événementialisation de la culture consiste à créer des événements culturels festifs pour valoriser l’art et la culture et la rendre attractive au plus grand nombre.

Hors balade, baignade, relaxation ou déplacement utilitaire.

Depuis les années 1980 et l’instauration de grandes fêtes nationales, l’événementialisation de la culture consiste à créer des événements culturels festifs pour valoriser l’art et la culture et la rendre attractive au plus grand nombre.