France, portrait social Édition 2022

Cet ouvrage dresse un panorama complet des pratiques sportives et culturelles en France. Quelle part de leur budget les ménages consacrent-ils à l’achat de biens et services culturels ? Quelles sont les pratiques en amateur artistiques, scientifiques ou créatives les plus répandues ? Quels sont les sports les plus pratiqués ? Quelles sont les pratiques culturelles associées au sport (émissions télé, radio, jeux vidéo, etc.), pour les sportifs comme les non-sportifs ? Les territoires influent-ils sur les pratiques sportives et culturelles des personnes ? Quel usage les jeunes enfants ont-ils des écrans numériques et comment cette utilisation évolue-t-elle entre 2 et 6 ans ?

Insee Références
Paru le :Paru le22/11/2022
Philippe Lombardo (DEPS)
France, portrait social- Novembre 2022
Consulter
Sommaire

23 millions d’amateurs pratiquent une activité de loisir créatif, artistique ou scientifique en 2018

Philippe Lombardo (DEPS)

En 2018, en France métropolitaine, 23,4 millions de personnes âgées de 15 ans ou plus ont pratiqué en amateur au moins une activité de loisir créatif, artistique ou scientifique au cours des douze derniers mois.

La photographie est la plus répandue avec 19 % des 15 ans ou plus qui l’ont pratiquée au cours de l’année. Sa pratique résiste aussi mieux au temps : 21 % seulement des personnes qui en ont fait au cours de leur vie n’en font plus en 2018. D’autres pratiques en amateur sont nettement plus rares, comme le théâtre ou le cirque qui attirent chacune 1 % seulement des personnes de 15 ans ou plus.

Si les activités en amateur séduisent des publics variés, à commencer par les plus jeunes, les hommes et les femmes sont autant engagés, mais choisissent des activités différentes.

En 2018, la pratique en amateur toutes activités confondues s’essouffle par rapport à 2008. L’essor du numérique comme moyen de se former, de créer, de composer ou encore de diffuser ses créations contribue toutefois à redessiner le paysage des pratiques en amateur, tant dans le profil des publics amateurs que dans leur manière de pratiquer.

Insee Références

Paru le :22/11/2022

23 millions de personnes de 15 ans ou plus pratiquent une activité de loisir en amateur en 2018

De nombreuses activités de loisir revêtant une dimension créative, artistique ou scientifique sont  : la musique, l’écriture, les arts graphiques ou manuels, les arts du spectacle vivant, l’audiovisuel ou encore des activités scientifiques. L’enquête sur les pratiques culturelles permet de dresser un panorama des activités pratiquées en amateur et un portrait des amateurs eux-mêmes, en mettant en évidence les facteurs sociodémographiques qui favorisent la pratique selon le type d’activité (source).

En 2018, en France métropolitaine, 23,4 millions de personnes âgées de 15 ans ou plus ont pratiqué au moins une activité de loisir créatif, artistique ou scientifique en amateur au cours des douze derniers mois, soit 45 % de la population de cet âge. Ils sont encore plus nombreux à avoir pratiqué une telle activité au moins une fois au cours de leur vie : 70 % ont joué de la musique, écrit, peint, dessiné, photographié, fait du théâtre, de la danse, effectué des recherches généalogiques ou pratiqué des activités scientifiques techniques, par exemple l’observation des étoiles. La moitié des amateurs ne font qu’une seule activité en 2018, un quart en pratiquent deux, et un autre quart en mènent trois ou plus de front.

La photographie : pratique en amateur la plus répandue, et qui résiste au temps

Avec 19 % de la population des 15 ans ou plus déclarant l’avoir pratiquée au cours des douze derniers mois en 2018, domine parmi les activités en amateur (figure 1). Elle est par ailleurs la plus pratiquée en tant qu’activité exclusive : parmi les amateurs qui n’ont qu’une seule activité, 31 % citent la photographie. Parmi ceux qui ont plusieurs activités, un tiers la considèrent comme la plus importante pour eux. La photographie est aussi l’activité dont le taux d’ est le plus faible : seulement 21 % des personnes ayant fait de la photographie au cours de leur vie n’en font plus en 2018. Le maintien de la pratique photographique est à rapprocher de la diffusion spectaculaire du smartphone au cours de la dernière décennie, qui fournit un nouveau moyen plus accessible et facilement transportable : en 2018, 75 % des 12 ans ou plus possèdent un smartphone, contre seulement 17 % en 2011. La pratique de la photographie est davantage répandue dans les milieux sociaux privilégiés : 43 % des photographes amateurs ont un diplôme de l’enseignement supérieur et 47 % sont . Le montage audio et vidéo concerne quant à lui 9 % des 15 ans ou plus en 2018.

Figure 1 – Caractéristiques des personnes pratiquant une activité de loisir en amateur en 2018

Figure 1 – Caractéristiques des personnes pratiquant une activité de loisir en amateur en 2018 - Lecture : en 2018, 45 % des 15 ans ou plus déclarent avoir pratiqué une activité en amateur au cours des douze derniers mois, la moitié d'entre eux ont moins de 45 ans.
Pratiquants
(en %)
Taux d’abandon1
(en %)
Âge médian
(en années)
Part parmi les pratiquants actuels
(en %)
Au cours de
leur vie
Au cours des
12 derniers
mois
Au début de la pratique2 Des pratiquants actuels Femmes Diplômés du supérieur Cadres et professions intermédiaires3
Pratiques musicales 33 11 67 10 40 47 42 45
Instrument 22 7 68 39 36 50 50
Chant 16 6 63 45 61 36 41
Écriture 21 8 62 39 64 45 44
Écriture (romans, poèmes, nouvelles) 12 4 67 14 36 59 40 39
Journal intime 15 5 67 12 40 72 51 48
Arts graphiques et manuels 33 15 55 38 61 35 36
Peinture, sculpture 21 8 62 12 40 65 38 38
Poterie 10 2 80 14 52 78 46 47
Dessin 23 12 48 10 35 59 33 34
Arts du spectacle vivant 32 8 75 44 69 36 39
Danse 23 7 70 11 45 71 36 38
Théâtre 14 1 93 12 37 63 32 42
Cirque 4 1 75 10 ns ns ns ns
Audiovisuel 32 24 25 44 45 44 48
Montages audiovisuels 17 9 47 19 35 37 45 50
Photographie 24 19 21 18 47 47 43 47
Activités scientifiques 18 11 39 44 39 47 50
Recherches généalogiques, historiques 10 5 50 28 54 45 43 49
Activités scientifiques techniques 11 7 36 15 38 34 50 49
Ensemble 70 45 36 45 53 40 44
  • ns : non significatif.
  • 1. Personnes déclarant avoir pratiqué l’activité en amateur au cours de leur vie, mais qui ne la pratiquent plus au cours des douze derniers mois en 2018. Au niveau des familles d’activités, il s’agit de l'abandon de toutes les activités de la famille. Idem pour l’ensemble.
  • 2. Dans le cas des pratiques musicales, une seule question sur l'âge au début de la pratique est posée sans distinction entre la pratique instrumentale et/ou celle du chant.
  • 3. Pour les personnes en emploi et les retraités : catégorie socioprofessionnelle actuelle ou dernière catégorie connue.
  • Lecture : en 2018, 45 % des 15 ans ou plus déclarent avoir pratiqué une activité en amateur au cours des douze derniers mois, la moitié d'entre eux ont moins de 45 ans.
  • Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 15 ans ou plus, vivant en ménage ordinaire.
  • Source : DEPS, ministère de la Culture, enquête sur les pratiques culturelles 2018.

La musique : commencée jeune, mais souvent abandonnée

La musique est l’activité la plus pratiquée au cours de la vie : en 2018, 33 % des 15 ans ou plus ont déjà pratiqué le chant ou joué d’un instrument de musique au moins une fois dans leur vie. Mais c’est aussi l’une des activités dont l’érosion de la pratique est la plus forte au fil de l’avancée en âge : deux tiers des personnes qui ont joué de la musique ou chanté au cours de leur vie ne le font plus en 2018, si bien que la musique est moins pratiquée en 2018 (11 %) que la photographie. Jouer d’un instrument est plus courant que chanter (22 %, contre 16 % au cours de la vie), mais l’abandon est également plus fréquent (68 % contre 63 %).

L’apprentissage musical démarre plus jeune que les autres activités : la moitié des musiciens amateurs ont débuté leur activité avant 10 ans (que celle-ci soit ou non toujours pratiquée). La familiarisation avec la musique commence souvent dès le plus jeune âge, avec l’éveil musical s’adressant aux très jeunes enfants ; la pratique se poursuit ensuite généralement dans le cadre de cours en école de musique, au conservatoire ou de cours particuliers. Si elle commence dès l’enfance, la pratique musicale est également souvent abandonnée jeune : la moitié des anciens musiciens avaient moins de 15 ans lorsqu’ils ont cessé cette activité.

Les plus diplômés sont surreprésentés parmi les pratiquants amateurs, toutes activités confondues, et ils le sont un peu plus parmi les musiciens amateurs en 2018, et plus particulièrement chez les instrumentistes : la moitié d’entre eux sont diplômés de l’enseignement supérieur. Les hommes sont majoritaires parmi les instrumentistes (64 %) et les femmes parmi les chanteurs (61 %).

Les arts graphiques et manuels : un peu moins élitaires que les autres activités

Parmi les arts graphiques et manuels, le dessin rassemble le plus d’amateurs : 12 % des 15 ans ou plus en ont fait au cours des douze derniers mois. Viennent ensuite la peinture ou la sculpture (8 %) et la poterie (2 %). Ces activités attirent plus souvent les femmes : 61 % des personnes qui pratiquent un art graphique ou manuel sont de sexe féminin, et plus particulièrement la poterie (78 %). Le public qui crée de ses dix doigts est issu d’un milieu social sensiblement plus modeste que la moyenne des amateurs (35 % sont diplômés de l’enseignement supérieur et 36 % sont cadres ou professions intermédiaires, contre respectivement 40 % et 44 % pour l’ensemble des pratiquants amateurs). Il reste toutefois un peu plus élitaire que la moyenne de la population des 15 ans ou plus (respectivement 30 % et 34 %). Les amateurs de poterie, dont 46 % sont diplômés de l’enseignement supérieur et 47 % appartiennent aux catégories sociales intermédiaires ou supérieures, font exception parmi les pratiquants d’activités graphiques ou manuelles. La pratique de la poterie, relativement confidentielle, subit un des effets d’attrition les plus forts : 80 % des personnes ayant modelé une fois dans leur vie ont abandonné l’argile.

Les arts du spectacle vivant : les femmes premières sur scène

Parmi les arts du spectacle vivant, la danse, qui compte 7 % de pratiquants parmi les 15 ans ou plus en 2018, est davantage répandue dans les milieux populaires que la plupart des autres activités en amateur. Cette activité est débutée plutôt jeune, avant 11 ans pour la moitié des pratiquants. Elle est aussi souvent abandonnée ensuite : 70 % n’en font plus en 2018. Les femmes sont majoritaires parmi les danseurs amateurs (71 %).

Le théâtre en amateur est caractérisé quant à lui par la jeunesse de ses pratiquants : la moitié ont moins de 37 ans. Cette activité se distingue surtout par son taux d’abandon très élevé : 93 % des amateurs de théâtre ont abandonné la scène. Seuls 1 % des 15 ans ou plus font du théâtre en 2018, alors que 14 % l’ont pratiqué au cours de leur vie.

En 2018, 1 % des 15 ans ou plus pratiquent les arts du cirque en amateur, et seulement 4 % s’y sont adonnés au cours de leur vie.

L’écriture : moins répandue et fréquemment abandonnée

L’écriture, qui rassemble la rédaction de romans, de nouvelles ou de poèmes ainsi que la tenue d’un journal intime, est moins pratiquée au cours de la vie que les activités précédemment citées. Elle subit de plus une assez forte érosion : 21 % des 15 ans ou plus ont écrit pour le loisir au moins une fois dans leur vie, mais 62 % ont abandonné ensuite. En 2018, 8 % des 15 ans ou plus ont pratiqué cette activité au cours de l’année. L’écriture séduit davantage les femmes (64 %), en particulier lorsqu’il s’agit de la tenue d’un journal intime (72 %).

Les activités scientifiques : un engagement plus durable

Parmi les pratiques en amateur, les activités scientifiques – recherches généalogiques ou historiques et activités scientifiques techniques, comme l’observation des étoiles – sont les moins partagées au sein de la population : 11 % des 15 ans ou plus en pratiquent en 2018 et 18 % en ont pratiqué au cours de leur vie. Ce loisir a ainsi le plus faible taux d’érosion après la photographie (six amateurs sur dix pratiquent toujours). Les amateurs débutent la généalogie relativement tard, à plus de 28 ans pour la moitié d’entre eux, tandis qu’ils découvrent les activités scientifiques techniques beaucoup plus jeunes, à l’âge de 15 ans. Ces activités intéressent davantage les hommes (61 %), et plus particulièrement les activités techniques (66 %). Les pratiques scientifiques figurent parmi les plus élitaires : 47 % des pratiquants sont diplômés de l’enseignement supérieur et 50 % sont cadres ou professions intermédiaires, ce qui est probablement en partie lié à leur nature, exigeant parfois des connaissances préalables.

Une pratique en amateur plus fréquente chez les jeunes et des prédilections différentes selon le genre

Quelle que soit l’activité de loisir pratiquée en amateur, les pratiquants restent en moyenne plus jeunes que l’ensemble de la population : 42 % des amateurs ont entre 15 et 40 ans, contre 37 % des 15 ans ou plus. De même, si les hommes et les femmes s’engagent autant dans la pratique en amateur, les arts graphiques et manuels, l’écriture et le spectacle vivant sont plus féminisés que les autres activités.

À autres , quelle que soit la famille de pratiques observée, les jeunes de moins de 20 ans ont une probabilité beaucoup plus forte de pratiquer une activité en amateur par rapport aux personnes âgées de 25 à 39 ans, dans des rapports allant de 2,1 pour l’audiovisuel à 4,1 pour la pratique musicale (figure 2). Concernant cette dernière, les jeunes années correspondent à une période de la vie où la prescription scolaire et familiale est encore forte, avec un caractère plus ou moins choisi de la pratique. Mais, et ceci vaut pour toutes les activités pratiquées en amateur pendant le temps libre, il s’agit aussi d’un âge où l’emploi du temps est moins contraint que pendant les premières années de la vie active (la mise en couple, l’arrivée des enfants, le travail laissant moins de temps aux loisirs).

Figure 2 – Effets de l’âge sur les pratiques en amateur

Figure 2 – Effets de l’âge sur les pratiques en amateur - Lecture : toutes choses égales par ailleurs, la probabilité d'avoir pratiqué une activité en amateur au cours des douze derniers mois est multipliée par 3,0 pour les personnes âgées de 15 à 19 ans par rapport à celles de 25 à 39 ans.
Rapport de chances Niveau de significativité
Pratiques musicales
15-19 ans 4,1 ***
20-24 ans 1,5 ns
25-39 ans Réf.
40-59 ans 1,0 ***
60 ans ou plus 1,1 ***
Écriture
15-19 ans 2,6 ***
20-24 ans 1,5 ns
25-39 ans Réf.
40-59 ans 0,8 ***
60 ans ou plus 1,1 ns
Arts graphiques et manuels
15-19 ans 2,4 ***
20-24 ans 1,1 ns
25-39 ans Réf.
40-59 ans 0,8 ***
60 ans ou plus 0,6 ***
Arts du spectacle vivant
15-19 ans 2,2 ***
20-24 ans 1,2 ns
25-39 ans Réf.
40-59 ans 1,1 ns
60 ans ou plus 0,9 ***
Audiovisuel
15-19 ans 2,1 ***
20-24 ans 1,0 *
25-39 ans Réf.
40-59 ans 1,1 **
60 ans ou plus 1,1 **
Activités scientifiques
15-19 ans 2,8 ***
20-24 ans 1,2 ns
25-39 ans Réf.
40-59 ans 1,1 ***
60 ans ou plus 1,5 ns
Toutes activités confondues
15-19 ans 3,0 ***
20-24 ans 1,2 ns
25-39 ans Réf.
40-59 ans 1,0 ***
60 ans ou plus 1,1 ***
  • ns : non significatif ; * : significatif au seuil de 10 % ; ** : significatif au seuil de 5 % ; *** : significatif au seuil de 1 %.
  • Note : les résultats sont extraits de modèles de régression sur variable qualitative opérés pour la pratique en amateur (toutes activités confondues) et pour chacune des six familles d'activités. Sept critères sont pris en compte : l’âge du répondant, son sexe, son lieu de résidence, son niveau de diplôme, son groupe socioprofessionnel et celui de chacun de ses parents.
  • Lecture : toutes choses égales par ailleurs, la probabilité d'avoir pratiqué une activité en amateur au cours des douze derniers mois est multipliée par 3,0 pour les personnes âgées de 15 à 19 ans par rapport à celles de 25 à 39 ans.
  • Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 15 ans ou plus, vivant en ménage ordinaire.
  • Source : DEPS, ministère de la Culture, enquête sur les pratiques culturelles 2018.

L’analyse toutes choses égales par ailleurs confirme également les variations de certaines pratiques selon le genre. À autres caractéristiques égales, les hommes ont une probabilité deux fois plus faible de pratiquer une activité du domaine des arts graphiques et manuels (peinture, sculpture, poterie et dessin) ou du spectacle vivant (danse, théâtre et cirque), mais ils ont une probabilité quasi double de pratiquer une activité scientifique.

Être diplômé de l’enseignement supérieur favorise la pratique en amateur, quoique modérément : selon la famille d’activités, le rapport de chance est de 1,1 ou 1,2 par rapport à une personne détenant le baccalauréat, à l’exception du spectacle vivant où le diplôme n’est pas significatif. Les cadres ont plus souvent une pratique musicale en amateur. La probabilité d’être musicien parmi les cadres est en effet multipliée par 1,9 par rapport aux employés. Avoir des parents cadres, notamment la mère, joue également sur la pratique d’une activité en général, mais dans une moindre mesure : la probabilité de pratiquer une activité en amateur lorsque la mère est cadre est multipliée par 1,6 par rapport à une situation où la mère est employée.

Enfin, les pratiques amateurs varient peu selon le lieu de résidence : seul le fait d’habiter dans l’agglomération parisienne est associé à une pratique plus fréquente des activités d’écriture (la probabilité est 1,7 fois supérieure par rapport à une personne résidant dans une autre unité urbaine de plus de 100 000 habitants), d’arts graphiques et manuels et d’activités scientifiques (rapports de chances de 1,4).

Les danseurs et musiciens amateurs suivent plus souvent des cours

Pour exercer leur , 40 % des amateurs se forment ou se sont formés par le passé (figure 3). Les personnes faisant de la danse ou de la musique sont celles qui prennent ou ont pris le plus souvent des cours (respectivement 71 % et 68 %). Une majorité de musiciens ont pris des cours par le passé uniquement (43 % des musiciens). C’est le cas de 30 % des danseurs. La danse est l’activité pour laquelle les amateurs prennent le plus souvent des cours au moment de l’enquête : 41 % en suivent, 35 % au sein d’une institution ou d’une école et 6 % sous une autre forme. À l’opposé, les diaristes se forment très peu : 3 % prennent des cours ou en ont pris par le passé.

Figure 3 – Part des pratiquants en amateur, en 2018, prenant ou ayant pris des cours

en %
Figure 3 – Part des pratiquants en amateur, en 2018, prenant ou ayant pris des cours (en %) - Lecture : en 2018, 10 % des personnes ayant pratiqué la musique au cours des douze derniers mois prennent des cours sous une autre forme qu’institutionnalisée.
Prennent des cours Ont pris des cours par le passé uniquement Ensemble
Sous une forme institutionnalisée1 Sous une autre forme
Musique 15 10 43 68
Écriture
(romans, poèmes, nouvelles)
6 2 8 16
Journal intime ns ns ns 3
Peinture, sculpture 14 5 24 43
Poterie 16 6 38 60
Dessin 5 5 31 41
Danse 35 6 30 71
Théâtre ns ns ns ns
Cirque ns ns ns ns
Montages audiovisuels 2 14 9 25
Photographie 1 4 11 16
Recherches généalogiques, historiques 3 6 11 20
Activités scientifiques techniques 11 15 31 57
Ensemble 10 7 23 40
  • ns : non significatif.
  • 1. Cours dispensés dans une structure spécialisée, un conservatoire, une école, ou cours particuliers à domicile ou chez un professeur.
  • Note : les données sont présentées sur l'activité en amateur principale, c’est-à-dire la seule activité pratiquée ou bien celle considérée comme la plus importante lorsque plusieurs activités sont menées de front.
  • Lecture : en 2018, 10 % des personnes ayant pratiqué la musique au cours des douze derniers mois prennent des cours sous une autre forme qu’institutionnalisée.
  • Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 15 ans ou plus, vivant en ménage ordinaire, déclarant avoir pratiqué au moins une activité en amateur au cours des douze derniers mois.
  • Source : DEPS, ministère de la Culture, enquête sur les pratiques culturelles 2018.

De la découverte à l’abandon d’une pratique

Élan de curiosité pour une pratique fraîchement démarrée ou ancrage dans le cycle de vie, l’engagement des amateurs dans leur activité favorite, appréhendé par la durée de la pratique et selon leur âge, fait émerger des profils de pratiques divers. Les débutants, c’est-à-dire ceux qui pratiquent leur activité depuis moins de six ans, ne représentent que 15 % des amateurs actifs en 2018. Ils constituent logiquement un groupe plus jeune que la moyenne : 35 % ont entre 15 et 19 ans, contre 12 % de l’ensemble des amateurs. Les débutants sont particulièrement nombreux dans les activités scientifiques (19 %) et dans le spectacle vivant (20 %).

À l’autre bout du spectre, les pratiquants expérimentés sont nombreux : 60 % des amateurs pratiquent leur activité favorite depuis au moins la moitié de leur vie, quel que soit leur âge. La part d’expérimentés la plus élevée se trouve parmi les musiciens (72 %). Les amateurs expérimentés et toujours actifs sont nombreux à s’être formés grâce à des cours (44 %), mais les deux tiers de ceux qui ont pris des cours n’en suivent plus actuellement, sans doute un témoignage que la pratique a été apprise puis maîtrisée avec le temps et permet désormais de s’y adonner en autonomie.

L’abandon d’une activité de loisir en amateur est un phénomène relativement fréquent : 28 millions de personnes ont arrêté la pratique d’une activité qu’ils avaient à un moment de leur vie démarrée, soit 54 % des 15 ans ou plus. Parmi elles, moins de la moitié (46 %) n’ont plus aucune pratique en amateur en 2018. Ainsi, cesser une activité ne se traduit pas nécessairement par l’abandon de toute pratique en amateur. Les abandons complets sont plus fréquents chez les femmes : 28 % d’entre elles ont abandonné totalement la pratique d’une activité en amateur, contre 22 % des hommes. Jusqu’à 25 ans, les femmes parviennent davantage à maintenir la pratique d’une activité en amateur que les hommes, avec 24 % d’abandon complet de 15 à 24 ans, contre 28 % chez les hommes. Mais les proportions s’inversent ensuite. Entre 25 et 39 ans, l’écart est très net : 31 % des femmes abandonnent toute activité en amateur, contre 20 % des hommes, suggérant que le maintien d’une activité en amateur devient alors plus difficile pour elles, les activités professionnelles et familiales pesant davantage sur leur temps libre.

Depuis une décennie, les outils numériques s’invitent dans les pratiques en amateur

Les pratiques en amateur ont nettement diminué en dix ans : , 39 % des 15 ans ou plus s’y adonnent en 2018, contre 50 % en 2008. Ce recul est particulièrement fort parmi les plus jeunes, qui sont traditionnellement davantage représentés parmi les amateurs.

Dans le même temps, l’appropriation des outils numériques (ordinateurs, smartphones, tablettes) change la façon de pratiquer ces activités, facilitant en particulier le partage de créations personnelles, grâce à l’émergence de plateformes numériques reposant sur ce principe, mais aussi l’apprentissage et la création. Parmi les amateurs de 15 ans ou plus pratiquant l’une des activités pour lesquelles l’utilisation des outils numériques est considérée comme possible et mesurée dans l’enquête (écriture, dessin, musique, photographie et montage audio et vidéo), la part de ce ceux qui y ont recours pour créer, diffuser ou partager des contenus a fortement augmenté, passant d’un tiers des pratiquants en 2008 à la moitié en 2018. Cette progression s’explique certainement par la diffusion massive des smartphones, des tablettes et des réseaux sociaux, comme celle d’Internet au cours de la dernière décennie : en 2018, 89 % des foyers avaient accès à Internet, contre seulement 56 % en 2008.

Le recours aux outils numériques est plus développé dans le montage audiovisuel et la photo

En 2018, 61 % des amateurs (pratiques artistiques et scientifiques confondues) ont recours aux outils numériques pour créer, diffuser ou partager des contenus dans le cadre de leurs , ou encore se  (figure 4).

Figure 4 – Recours au numérique dans les pratiques en amateur en 2018

en %
Figure 4 – Recours au numérique dans les pratiques en amateur en 2018 (en %) - Lecture : en 2018, 24 % des amateurs qui ont dessiné ont diffusé leurs créations au moyen d’outils numériques.
Pour se former Pour créer Pour diffuser Au moins
un des trois usages
Musique ou chant 39 31 26 59
Écriture (romans, poèmes, nouvelles) 24 38 28 60
Journal intime 13 16 14 27
Peinture, sculpture 25 19 19 42
Poterie 22 28 22 46
Dessin 32 34 24 53
Danse 21 12 16 33
Théâtre ns ns ns ns
Cirque ns ns ns ns
Montages audiovisuels 49 66 50 86
Photographie 31 55 40 76
Recherches généalogiques, historiques 42 43 35 76
Activités scientifiques techniques 66 42 35 80
Ensemble 34 38 30 61
  • ns : non significatif.
  • Note : la description par activité présentée ici attribue l’usage du numérique à l’activité qualifiée de plus importante par le répondant.
  • Lecture : en 2018, 24 % des amateurs qui ont dessiné ont diffusé leurs créations au moyen d’outils numériques.
  • Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 15 ans ou plus, vivant en ménage ordinaire, déclarant avoir pratiqué au moins une activité en amateur au cours des douze derniers mois.
  • Source : DEPS, ministère de la Culture, enquête sur les pratiques culturelles 2018.

Les amateurs dont la pratique favorite consiste à réaliser des montages audiovisuels ou à faire de la photo utilisent le plus massivement les ordinateurs, smartphones et tablettes (respectivement 86 % et 76 %). Pour ces amateurs, l’outil numérique est plébiscité pour créer (66 % pour créer ou produire du contenu audiovisuel et 55 % pour réaliser ou éditer des photos) mais aussi pour diffuser leurs créations (respectivement 50 % et 40 %).

Face au numérique, les pratiques qui engagent le corps, comme la danse, se distinguent des autres. Les amateurs dont la pratique favorite est la danse ou l’écriture d’un journal intime sont les moins adeptes du support numérique (respectivement 33 % et 27 % des pratiquants ont recours à ces outils), alors que les amateurs qui écrivent des nouvelles ou de la poésie sont 60 % à l’utiliser. Les jeunes générations – généralement plus rompues aux outils numériques – sont pourtant très bien représentées parmi les personnes qui tiennent un journal intime (la moitié ont moins de 40 ans). De ce point de vue, l’écriture d’un journal intime peut donc être vue comme une activité où le support papier a toute son importance dans l’acte personnel et intime de rédaction du diariste.

Si la consultation des réseaux sociaux a bondi de façon spectaculaire en dix ans (en 2018, 53 % des 15 ans ou plus consultent les réseaux sociaux, contre 13 % en 2008), leur utilisation comme moyen de diffusion d’un contenu produit en tant qu’amateur (musique, écrits, images et vidéos) est restée quant à elle contenue : 15 % des amateurs de 15 ans ou plus ont utilisé les réseaux sociaux pour partager leurs créations en 2018, contre 10 % en 2008.

Les amateurs d’activités scientifiques (66 %), les personnes qui réalisent des montages audiovisuels (49 %), celles qui effectuent des recherches généalogiques (42 %) et enfin les musiciens (39 %) ont le plus recours au numérique pour se former. Les outils numériques sont nettement moins utilisés (toutes fins confondues, et en particulier dans un but d’auto-formation) dans le cadre des autres pratiques.

Source

Depuis le début des années 1970, l’Ouvrir dans un nouvel ongletenquête sur les pratiques culturelles, produite par le ministère de la Culture, constitue le principal baromètre des comportements culturels des personnes de 15 ans ou plus résidant en France métropolitaine. La dernière édition, menée en 2018, a été étoffée sur de nombreux points, en particulier sur la pratique en amateur. Les répondants déclarent s’ils ont pratiqué chaque activité au cours de leur vie, ainsi qu’au cours des douze derniers mois puis sont invités à donner des détails quant à la pratique : l’âge qu’ils avaient lorsqu’ils ont débuté et l’âge qu’ils avaient lorsqu’ils ont arrêté de pratiquer l’activité le cas échéant, la prise de cours ou encore le recours aux outils numériques dans le cadre de la pratique. Certaines de ces questions avaient été introduites de façon partielle dans l’édition de 2008, ce qui permet de mesurer quelques évolutions sur dix ans.

Définitions

Les pratiques en amateur sont au nombre de quatorze dans l’enquête sur les pratiques culturelles, regroupées en six familles : pratiques musicales (instrument ou chant), écriture (romans/poèmes/nouvelles ou journal intime), arts graphiques et manuels (peinture/sculpture, dessin ou poterie), arts du spectacle vivant (théâtre, danse ou cirque), audiovisuel (photographie ou montages audio et vidéo) et activités scientifiques (recherches généalogiques/historiques ou activités scientifiques techniques).

L’abandon d’une pratique en amateur correspond au fait de l’avoir pratiquée au cours de sa vie alors qu’elle n’est plus pratiquée au cours des douze derniers mois. Le taux d’abandon rapporte la part de ceux qui ne pratiquent plus à celle des personnes ayant pratiqué au cours de leur vie.

Donnat O., Ouvrir dans un nouvel onglet Les amateurs , Paris, ministère de la Culture, DEP, 1996.

Flichy P., Ouvrir dans un nouvel onglet Le sacre de l'amateur. Sociologie des passions ordinaires à l'ère numérique , Seuil, 2010.

Lombardo P., Wolff L., Ouvrir dans un nouvel onglet Cinquante ans de pratiques culturelles en France , Culture études n° 2020-2, ministère de la Culture, DEPS, 2020.

Les photos prises avec le téléphone portable sont incluses si la personne considère faire de la photographie.

Les retraités ont été reclassés dans leur dernière catégorie socioprofessionnelle connue.

Des régressions sont réalisées sur chacune des six familles de pratiques en amateur pour mesurer, toutes choses égales par ailleurs, les effets des caractéristiques sociodémographiques sur la probabilité de pratiquer en 2018. Sept critères sont pris en compte : l’âge du répondant, son sexe, son lieu de résidence, son niveau de diplôme, son groupe socioprofessionnel et celui de chacun de ses parents. Le revenu, qui peut constituer un frein à la pratique en raison du coût du matériel ou d’inscription dans une école ou un conservatoire par exemple, n’a pas été pris en compte pour des raisons de qualité (variable peu ou mal renseignée).

La seule activité en amateur qu’ils exercent ou bien celle qu’ils considèrent comme la plus importante pour eux lorsqu’ils en mènent plusieurs en même temps.

L’enquête de 2008 ne portait pas sur ces activités scientifiques qui doivent donc être exclues du champ pour mesurer l’évolution des pratiques en amateur.

Tel qu’il est construit, le questionnaire ne permet pas de s’assurer que les outils numériques ont été utilisés pour une activité en particulier plutôt qu’une autre, ce qui pose une difficulté d’interprétation lorsque le répondant a déclaré s’adonner à plusieurs activités en amateur. La description par activité présentée ici attribue l’usage du numérique à l’activité qualifiée de plus importante, en faisant l’hypothèse que cela reflète bien le comportement de l’amateur.

L’acte de se former grâce au numérique n’est mesuré qu’à partir de l’enquête de 2018.

Les activités de spectacle vivant, pour lesquelles les questions sur le recours au numérique n’ont pas été posées en 2008, ainsi que les activités scientifiques techniques sont écartées de l’analyse dans ce paragraphe du fait de la rupture de série avec l’enquête de 2008.

Les photos prises avec le téléphone portable sont incluses si la personne considère faire de la photographie.

Les retraités ont été reclassés dans leur dernière catégorie socioprofessionnelle connue.

Des régressions sont réalisées sur chacune des six familles de pratiques en amateur pour mesurer, toutes choses égales par ailleurs, les effets des caractéristiques sociodémographiques sur la probabilité de pratiquer en 2018. Sept critères sont pris en compte : l’âge du répondant, son sexe, son lieu de résidence, son niveau de diplôme, son groupe socioprofessionnel et celui de chacun de ses parents. Le revenu, qui peut constituer un frein à la pratique en raison du coût du matériel ou d’inscription dans une école ou un conservatoire par exemple, n’a pas été pris en compte pour des raisons de qualité (variable peu ou mal renseignée).

La seule activité en amateur qu’ils exercent ou bien celle qu’ils considèrent comme la plus importante pour eux lorsqu’ils en mènent plusieurs en même temps.

L’enquête de 2008 ne portait pas sur ces activités scientifiques qui doivent donc être exclues du champ pour mesurer l’évolution des pratiques en amateur.

Tel qu’il est construit, le questionnaire ne permet pas de s’assurer que les outils numériques ont été utilisés pour une activité en particulier plutôt qu’une autre, ce qui pose une difficulté d’interprétation lorsque le répondant a déclaré s’adonner à plusieurs activités en amateur. La description par activité présentée ici attribue l’usage du numérique à l’activité qualifiée de plus importante, en faisant l’hypothèse que cela reflète bien le comportement de l’amateur.

L’acte de se former grâce au numérique n’est mesuré qu’à partir de l’enquête de 2018.

Les activités de spectacle vivant, pour lesquelles les questions sur le recours au numérique n’ont pas été posées en 2008, ainsi que les activités scientifiques techniques sont écartées de l’analyse dans ce paragraphe du fait de la rupture de série avec l’enquête de 2008.