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Insee Conjoncture Centre-Val de Loire · Juin 2022 · n° 39
Insee Conjoncture Centre-Val de LoireBilan économique 2021 - Centre-Val de Loire Reprise menacée

Après une année de recul de l’activité économique, 2021 est une année de reprise. Les niveaux d’activité d’avant-crise sont dépassés en fin d’année dans la région et dans tous les départements hormis l’Indre et le Cher. Le recours à l’activité partielle recule nettement et se rapproche de la situation en 2019. La hausse de l’emploi salarié (+ 2,5 % sur l’année) et la baisse du chômage (6,6 % au 4ᵉ trimestre) sont marquées. Les effets de certaines mesures de soutien des entreprises, pour leur permettre de traverser la crise, sont encore observables, notamment au travers de leur faible endettement bancaire net. Cependant des fragilités perdurent, pour les secteurs de l’industrie et de l’hébergement-restauration en particulier, dont l’activité reste en deçà de celle avant la crise sanitaire. Les tensions sur l’approvisionnement et le marché du travail commencent à se répercuter sur les prix, et viennent menacer la reprise.

Insee Conjoncture Centre-Val de Loire
No 39
Paru le :Paru le21/06/2022

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2021 publiés par l'Insee.
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Micro-entreprises - Le nombre de micro-entrepreneurs toujours croissant en région Centre-Val de Loire Bilan économique 2021

Geoffroy Vallée, Frédérique Borie (Union de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d'allocations familiales)

Les récentes augmentations de plafond de chiffres d'affaires contribuent à un vif développement de la forme d'activité indépendante des micro-entrepreneurs et ce malgré la crise sanitaire. Celle-ci a même généré des opportunités dans certaines activités, notamment dans les communes urbaines.

Insee Conjoncture Centre-Val de Loire

No 39

Paru le :21/06/2022

Créé par la loi de modernisation sociale de l’économie de 2008, le dispositif auto-entrepreneur, devenu en 2014 , permet aux artisans, commerçants et professions libérales, d’immatriculer leur entreprise dans un cadre simplifié, sous réserve qu’ils ne dépassent pas un certain plafond de chiffre d'affaires. Ce dispositif est caractérisé notamment par des formalités de création allégées et le paiement de cotisations uniquement si l’activité génère un chiffre d'affaires.

Le plafond de chiffre d'affaires annuel ouvrant droit au dispositif a été doublé en 2018, et réévalué en 2021. Il est fixé à 176 200 € pour les activités de vente de biens et d’hébergement (hors location meublée) et à 72 600 € pour les autres prestations de service.

Une croissance soutenue du nombre de micro-entrepreneurs sur les deux dernières années

Parmi l’ensemble des micro-entrepreneurs, au 1er semestre 2021 60,1 % sont économiquement actifs, c’est-à-dire ont un chiffre d’affaires positif.

Dynamisé par le doublement des plafonds de chiffre d’affaires ouvrant droit au dispositif en 2018, le nombre de micro-entrepreneurs a très fortement augmenté depuis, avec cependant un palier au 1er semestre 2020, lié à la crise sanitaire et au ralentissement brutal de l'activité économique qui en a découlé. La réévaluation de ces plafonds au 1er janvier 2021 donne un nouvel élan à une dynamique déjà soutenue. Ainsi, au 1er semestre 2021, 39 530 micro-entrepreneurs ont été économiquement actifs en région Centre-Val de Loire, en progression de 17,7 % sur un an et de 57,0 % par rapport au 1er semestre 2019.

Ils ont déclaré un chiffre d'affaires dépassant, pour la première fois en région, la barre des 300 millions d'euros, en progression de 45 % par rapport au 1er semestre 2020, marqué par le confinement, et de 69 % par rapport au 1er semestre 2019. Le chiffre d'affaires moyen mensuel s’élève à 1 267 euros (figure 1), en augmentation de 23 % par rapport au point bas du 1er semestre 2020 (1 030 euros).

S'il ne représente que l'équivalent de 3 à 4 % de la population active, l’effectif des micro-entrepreneurs se développe fortement et s'installe dans le paysage économique.

Figure 1Nombre de micro-entrepreneurs économiquement actifs et chiffre d'affaires en Centre-Val de Loire

Nombre de micro-entrepreneurs économiquement actifs et chiffre d'affaires en Centre-Val de Loire
Semestre 1 2019 Semestre 2 2019 Semestre 1 2020 Semestre 2 2020 Semestre 1 2021 Évolution S1 2021/2019 (en %) Évolution S1 2021/2020 (en %)
Micro-entrepreneurs administrativement actifs (en nombre) 38 600 54 960 58 780 56 860 65 820 70,5 12,0
dont Micro-entrepreneurs économiquement actifs (en nombre) 25 180 33 020 33 590 37 380 39 530 57,0 17,7
Chiffre d'affaires déclaré (en milliers d’euros) 177 800 245 700 207 600 270 300 300 500 69,0 44,7
Chiffre d'affaires mensuel moyen (en euros) 1 177 1 240 1 030 1 205 1 267 7,6 23,0
Taux de micro-entrepreneurs avec chiffre d'affaires (en %) 65,2 60,1 57,1 65,7 60,1 - 7,9 pts 5,1 pts
  • Source : Urssaf.

Une croissance du nombre de micro-entrepreneurs sur tout le territoire régional, plus vive dans les zones urbaines

C'est dans l'Indre-et-Loire que le micro-entreprenariat est le plus implanté. Ce département concentre 27,8 % des micro-entrepreneurs de la région, il est surreprésenté par rapport à la population active. C'est à l'inverse en Eure-et-Loir que la part des micro-entrepreneurs est sous-représentée par rapport à la population active (15,4 % des micro-entrepreneurs de la région) comme dans le département de l’Indre avec un taux le plus faible de micro-entrepreneurs (7,5 %) (figure 2).

Figure 2Nombre de micro-entrepreneurs économiquement actifs et chiffre d'affaires par département en Centre-Val de Loire

Nombre de micro-entrepreneurs économiquement actifs et chiffre d'affaires par département en Centre-Val de Loire
Semestre 1 2019 Semestre 1 2020 Semestre 1 2021 Structure Semestre 1 2021 Évolution Semestre 1 2021/2019 Chiffre d’affaires Semestre 1 2021 (milliers d'euros) Chiffre d’affaires mensuel moyen Semestre 1 2021 (euros)
Cher 2 670 3 510 4 210 10,7 57,7 29 200 1 150
Eure-et-Loir 3 800 5 130 6 090 15,4 60,6 49 890 1 360
Indre 1 990 2 550 2 970 7,5 49,2 20 340 1 140
Indre-et-Loire 6 850 9 290 10 980 27,8 60,3 86 660 1 320
Loir-et-Cher 3 250 4 280 4 890 12,4 50,5 36 470 1 240
Loiret 6 630 8 840 10 390 26,3 56,7 77 990 1 250
Centre-Val de Loire 25 190 33 590 39 530 100 56,9 300 540 1 270
  • Source : Urssaf.

Entre début 2019 et début 2021, l'augmentation du nombre de micro-entrepreneurs économiquement actifs s'observe dans tous les départements de la région Centre-Val de Loire allant de + 49 % pour l'Indre à + 60 % pour l'Indre-et-Loire.

Le chiffre d'affaires moyen est plus faible dans les deux départements du sud de la région, environ 200 euros mensuels de moins que dans les départements de l’Eure-et-Loir et de l’Indre-et-Loire (figure 3).

Figure 3Localisation des micro-entrepreneurs économiquement actifs par type de zone au 1er semestre 2021 en Centre-Val de Loire

en %
Localisation des micro-entrepreneurs économiquement actifs par type de zone au 1er semestre 2021 en Centre-Val de Loire (en %)
Rural hors influence d'un grand pôle très peu dense Rural hors influence d'un grand pôle peu dense Rural sous faible influence d'un grand pôle Rural sous forte influence d'un grand pôle Urbain
Cher 9,7 16,9 14,7 17,4 41,4
Eure-et-Loir 5,3 11,3 15,4 23,9 44,2
Indre 17,4 25,1 11,4 12,6 33,5
Indre-et-Loire 1,7 9,0 8,6 18,2 62,5
Loir-et-Cher 4,5 34,3 13,3 12,9 35,0
Loiret 1,4 13,9 10,7 10,7 63,3
Région 4,5 15,8 11,6 15,9 52,1
Région - Travailleurs indépendants hors micro-entrepreneurs 2,9 17,9 10,0 13,7 55,5
  • Source : Urssaf.

Figure 3Localisation des micro-entrepreneurs économiquement actifs par type de zone au 1er semestre 2021 en Centre-Val de Loire

  • Source : Urssaf.

Les micro-entrepreneurs sont répartis presque à part égale entre espace urbain (52,1 %) et espace rural (47,9 %). Les territoires ruraux sous influence des grands pôles urbains (27,5 %) accueillent une part des micro-entrepreneurs de la région un peu plus importante que celle des autres indépendants (23,7 %). Ainsi près de 16 % des micro-entrepreneurs sont localisés dans le rural sous forte influence d’un grand pôle, contre moins de 14 % des autres indépendants. L'évolution entre le 1er semestre 2019 et le 1er semestre 2021 bénéficie plus aux zones urbaines (+ 62 %), notamment dans les activités de livraison.

Profil des micro-entrepreneurs : plus masculin, plus d'artisans

En Centre-Val de Loire, les activités des micro-entrepreneurs se répartissent ainsi : 43 % sont artisans, 28 % commerçants et 29 % exercent une profession libérale. Malgré un recul du nombre de commerçants au 1er semestre 2020, au plus fort des restrictions sanitaires, leur effectif croît de 52 % sur 2 ans. Ce sont les professions libérales qui progressent le plus (+ 65 %), particulièrement dans l'informatique et le conseil, mais aussi dans les autres services personnels (aide et conseil à la personne) et dans l'enseignement (figure 4).

Enfin, 59 % des micro-entrepreneurs actifs sont des hommes. Ces entreprises génèrent 67 % du chiffre d’affaires de l’ensemble des micro-entrepreneurs et micro-entrepreneuses (figure 5).

Figure 4Évolution semestrielle du nombre de micro-entrepreneurs économiquement actifs par grand secteur d'activité en Centre-Val de Loire

Évolution semestrielle du nombre de micro-entrepreneurs économiquement actifs par grand secteur d'activité en Centre-Val de Loire
Artisans Commerçants Professions libérales
S1 2019 10 867 7 374 6 941
S2 2019 13 905 9 730 9 383
S1 2020 14 547 9 253 9 794
S2 2020 15 988 10 707 10 681
S1 2021 16 886 11 213 11 433
  • Source : Urssaf.

Figure 4Évolution semestrielle du nombre de micro-entrepreneurs économiquement actifs par grand secteur d'activité en Centre-Val de Loire

  • Source : Urssaf.

Figure 5Part des femmes parmi les micro-entrepreneurs au 1er semestre 2021 en Centre-Val de Loire

Part des femmes parmi les micro-entrepreneurs au 1er semestre 2021 en Centre-Val de Loire
Nombre Chiffre d'affaires
Artisans 36,3 22,9
Commerçants 35,7 37
Professions libérales 53,7 47,2
Total 41,2 33,1
  • Source : Urssaf.

Figure 5Part des femmes parmi les micro-entrepreneurs au 1er semestre 2021 en Centre-Val de Loire

  • Source : Urssaf.

Les activités en développement des micro-entrepreneurs reflètent de nouveaux modes de consommation

La crise sanitaire explique le développement de certains secteurs. Les activités de poste et de courrier (+ 345 %, 1 200 créations nettes en deux ans) bénéficient des nouveaux modes de consommation, renforcés avec la crise sanitaire (achats en ligne, livraison de repas à domicile). Il en est de même pour l'enseignement (+ 39 %), la santé (+ 45 %) (notamment l'activité de psychologue) ou le nettoyage (+ 88 %, 830 créations nettes en 2 ans). D'autres activités bénéficient de l'augmentation du plafond de chiffre d'affaires au 1er janvier 2018. C'est sans doute le cas dans la construction, le conseil, le commerce de gros par exemple, pour lesquels l'évolution du chiffre d'affaires est plus importante que celle du nombre de micro-entrepreneurs.

Publication rédigée par :Geoffroy Vallée, Frédérique Borie (Union de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d'allocations familiales)

Pour comprendre

Le régime de l’auto-entrepreneur a été initialement créé par la loi de modernisation de l'économie (LME) n° 2008-776 du 4 août 2008 et est entré en vigueur au 1er janvier 2009.

La loi Pinel du 18 juin 2014 l’a transformé en régime du micro-entrepreneur à partir du 19 décembre 2014. Elle lui a imposé de nouvelles obligations comme l’immatriculation au registre du commerce et des sociétés (RCS) pour les commerçants ou au répertoire des métiers (RM) pour les artisans. Elle a également mis fin à l’exonération de la taxe pour frais de chambre consulaire et exigé le paiement de la cotisation foncière des entreprises dès la deuxième année d’activité et non plus à partir de la quatrième année. Elle a aussi prévu la fusion du régime fiscal de la micro-entreprise et du régime micro-social à partir du 1er janvier 2016.

Ainsi, depuis cette date, les entrepreneurs individuels relevant du régime fiscal de la micro-entreprise sont automatiquement soumis au régime micro-social.

Depuis le 1er janvier 2018, les seuils de chiffre d’affaires permettant l’accès au régime fiscal de la micro-entreprise et du régime micro-social ont été doublés. Ils s’appliquent désormais aux entreprises dont le chiffre d’affaires de l’année civile précédente ou de l’avant-dernière année n’excède pas :

- 170 000 euros pour une activité de vente de marchandises, d'objets, d'aliments à emporter ou à consommer sur place, ou de fourniture de logement ;

- 70 000 euros pour une activité de services.

Ce régime doit être distingué de la catégorie des micro-entreprises définie par l’article 51 de la loi de modernisation de l’économie (LME) et précisée par le décret n° 2008-1354.

Remarque : Depuis janvier 2011, le micro-entrepreneur peut bénéficier du statut de l'entrepreneur individuel à responsabilité limitée (EIRL) en affectant à son activité professionnelle un patrimoine spécifique séparé de son patrimoine personnel. Il conserve toutefois le régime fiscal et social forfaitaire lié au régime de la micro-entreprise.

Ce régime doit être distingué à la fois du régime micro-fiscal (dit parfois régime fiscal de la micro-entreprise) ainsi que de la catégorie des micro-entreprises définie par l'article  51 de la loi de modernisation de l'économie (LME) et précisée par le décret n° 2008-1354.

Parmi les micro-entrepreneurs, il convient de distinguer :

- ceux ayant déclaré un chiffre d'affaires positif. Ils sont "économiquement actifs".

- ceux n'ayant pas déclaré de chiffre d'affaires pendant la période observée. Leur activité est intermittente ou achevée sans qu'ils aient été radiés. Ils sont "administrativement actifs" sans être "économiquement actifs".

Définitions

Micro-entrepreneur :

Un micro-entrepreneur bénéficie du régime de même nom (appelé auto-entrepreneur jusque 2014), qui offre des formalités de création d'entreprise allégées et un mode de calcul et de paiement simplifié des cotisations sociales et de l'impôt sur le revenu. Il s’applique aux entrepreneurs individuels qui en font la demande, sous certaines conditions.

Le micro-entrepreneur bénéficie ainsi notamment :

  • du régime fiscal de la micro-entreprise ;
  • du régime micro-social ;
  • d'une exonération ou d’une franchise de TVA.

Le régime peut concerner des activités commerciales, artisanales ou libérales, à titre principal ou complémentaire.

Sont exclus du régime :

  • les activités rattachées à la Mutualité sociale agricole (MSA) ;
  • les professions libérales réglementées ne relevant pas de la caisse de retraite de la Cipav (professions juridiques et judiciaires, professions de santé, experts comptables, agents généraux d’assurance...) ;
  • les activités relevant de la TVA immobilière (opérations des marchands de biens, lotisseurs, agents immobiliers…);
  • les activités artistiques relevant de la Maison des artistes ou de l’association Agessa ;
  • les activités de dirigeant majoritaire d’une entreprise ;
  • le cumul avec une activité de travailleur indépendant non salarié déjà immatriculé et relevant de la Sécurité sociale des indépendants.