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Insee Conjoncture Hauts-de-France · Juillet 2021 · n° 26
Insee Conjoncture Hauts-de-FranceBilan économique 2020 - Hauts-de-France

En 2020, la crise sanitaire affecte toute l’activité économique nationale. Après des reculs importants en avril et en novembre, le volume d’heures rémunérées reste en deçà de son niveau d’avant-crise, en Hauts-de-France plus légèrement qu’au niveau national. La consommation des ménages ralentit également en raison des limitations de déplacement. Malgré le dispositif d’activité partielle, l’emploi diminue dans les Hauts‑de‑France d’un peu plus de 11 000 emplois en un an, notamment dans l’industrie et les services marchands, revenant à son niveau de 2018. Seule la construction enregistre une hausse de ses salariés. La région est par ailleurs l’une des rares régions où l’intérim a gagné des emplois. Même si le chômage apparaît en légère baisse, les demandeurs d’emploi sont plus nombreux qu’un an auparavant. Le tourisme et les transports souffrent durement de la crise, la construction neuve également, mais dans une moindre mesure. À l’inverse, les créations d’entreprises enregistrent un nouveau record.

Insee Conjoncture Hauts-de-France
No 26
Paru le :Paru le08/07/2021

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2020 publiés par l'Insee.
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Synthèse régionale - Contexte national Bilan économique 2020

Noémie Cavan, Aliette Cheptitski (Insee)

Insee Conjoncture Hauts-de-France

No 26

Paru le :08/07/2021

Synthèse régionale - Une économie 2020 marquée par la crise sanitaire

En 2020, la crise sanitaire affecte toute l’activité économique nationale. Après des reculs importants en avril et en novembre, le volume d’heures rémunérées reste en deçà de son niveau d’avant-crise, en Hauts-de-France plus légèrement qu’au niveau national. La consommation des ménages ralentit également en raison des limitations de déplacement. Malgré le dispositif d’activité partielle, l’emploi diminue dans les Hauts-de-France d’un peu plus de 11 000 emplois en un an, notamment dans l’industrie et les services marchands, revenant à son niveau de 2018. Seule la construction enregistre une hausse de ses salariés. La région est par ailleurs l’une des rares régions où l’intérim a gagné des emplois. Même si le chômage apparaît en légère baisse, les demandeurs d’emploi sont plus nombreux qu’un an auparavant. Le tourisme et les transports souffrent durement de la crise, la construction neuve également, mais dans une moindre mesure. À l’inverse, les créations d’entreprises enregistrent un nouveau record.

Une économie nationale et régionale rythmée par les différents confinements

Après un début d’année 2020 prometteur, l’activité économique subit un choc avec la mise en place du 1er confinement à la mi-mars. Le volume d’heures rémunérées en Hauts-de-France recule de 33 % en avril (figure 1). Tous les secteurs sont touchés, l’hébergement-restauration et la construction plus durement (respectivement - 77 % et - 56 %). En raison de leur poids économique, les services marchands contribuent cependant pour plus de la moitié à la baisse globale de l’activité. La reprise progressive à partir de mai permet de revenir à l’été à un niveau proche de celui d’avant-crise (- 3,2 % en août). L’entrée dans un nouveau confinement en novembre provoque une nouvelle baisse de l’activité, moins importante qu’au printemps en raison de règles moins strictes (- 7,2 %). Les services marchands sont encore particulièrement touchés (- 9,8 %). En décembre 2020, le nombre d’heures rémunérées a diminué de 4,4 % par rapport à 2019. Cette baisse est plus forte au niveau national (- 6,7 %). Tous les secteurs connaissent une meilleure reprise dans la région que sur l’ensemble de la France, hormis les services non marchands (figure 2).

Figure 1Évolution sectorielle mensuelle des heures rémunérées par rapport au même mois de l'année 2019 - Hauts-de-France

en %
Évolution sectorielle mensuelle des heures rémunérées par rapport au même mois de l'année 2019 - Hauts-de-France (en %)
Industrie Construction Hébergement et restauration Autres services principalement marchands Services principalement non marchands Ensemble - Hauts-de-France Ensemble - France
janv. 2020 -1 7,6 6,3 1,9 1,9 1,8 1,9
févr. 2020 0 2,2 5,6 1,6 1,4 1,4 1,8
mars 2020 -11,2 -28,8 -35,5 -11,7 -6,3 -13,3 -13,3
avril 2020 -30,1 -56,4 -77,1 -31 -17 -33 -33,3
mai 2020 -23,3 -21,3 -65,3 -18,6 -10,2 -20,8 -22,5
juin 2020 -10,9 -5,1 -29 -7,3 -2,9 -8,3 -10,3
juil. 2020 -8,3 -3,2 -16,2 -4,3 -1,4 -5,3 -6,8
août 2020 -5,3 -0,5 -11,6 -2,5 -0,5 -3,2 -4,5
sept. 2020 -4,6 -2,4 -11,3 -2,1 -0,1 -2,9 -4,4
oct. 2020 -4,3 -3,3 -17,6 -2 -0,1 -3,1 -4,7
nov. 2020 -3,4 -1,6 -56,3 -7,4 -0,8 -7,2 -9,8
déc. 2020 -3,5 -2,1 -55,5 -2,4 1,1 -4,4 -6,7
  • Note : ensemble des heures rémunérées des salariés y compris les heures supplémentaires ainsi que les absences pour lesquelles le salarié est rémunéré.
  • Champ : France hors Mayotte.
  • Source : DSN - traitement provisoire, Insee.

Figure 1Évolution sectorielle mensuelle des heures rémunérées par rapport au même mois de l'année 2019 - Hauts-de-France

  • Note : ensemble des heures rémunérées des salariés y compris les heures supplémentaires ainsi que les absences pour lesquelles le salarié est rémunéré.
  • Champ : France hors Mayotte.
  • Source : DSN - traitement provisoire, Insee.

Figure 2Évolutions sectorielles des heures rémunérées – comparaison France

en %
Évolutions sectorielles des heures rémunérées – comparaison France (en %)
Avril 2020 / Avril 2019 Décembre 2020 / Décembre 2019
Hauts-de-France France (hors Mayotte) Hauts-de-France France (hors Mayotte)
Industrie -30,1 -27,6 -3,5 -4,1
Construction -56,4 -54,8 -2,1 -2,8
Hébergement et restauration -77,1 -80,3 -55,5 -60,8
Autres services principalement marchands -31,0 -30,0 -2,4 -4,4
Services principalement non marchands -17,0 -18,7 1,1 1,4
Ensemble -33,0 -33,3 -4,4 -6,7
  • Note : ensemble des heures rémunérées des salariés y compris les heures supplémentaires ainsi que les absences pour lesquelles le salarié est rémunéré.
  • Champ : France hors Mayotte.
  • Source : DSN – traitement provisoire, Insee.

La consommation des ménages recule en 2020. Les transactions bancaires (hors ventes par internet) se replient ainsi de 50 % fin mars par rapport à la même période de 2019 (figure 3). Dès la mi-mai, les dépenses par carte bancaire se redressent en étant même plus importantes qu’en 2019, et restent dynamiques au cours de l’été. En novembre avec le second confinement, elles chutent à nouveau (de près de 30 %), pour ensuite revenir à un niveau proche de celui de 2019 à la fin de l’année.

Figure 3Évolution hebdomadaire des montants des transactions 2020 par carte bancaire CB par rapport à la même semaine de 2019

en %
Évolution hebdomadaire des montants des transactions 2020 par carte bancaire CB par rapport à la même semaine de 2019 (en %)
semaine Hauts-de-France France entière
2 4,8 3,3
3 4,8 4,1
4 8,8 6,9
5 6,2 4,5
6 2,9 2,8
7 5,2 2,3
8 2,5 4,0
9 -1,1 0,0
10 4,1 4,1
11 10,6 8,3
12 -34,8 -40,5
13 -52,4 -57,9
14 -47,8 -54,4
15 -38,2 -46,6
16 -42,4 -48,4
17 -34,9 -41,5
18 -38,4 -44,9
19 -27,1 -34,4
20 12,2 3,9
21 4,5 -1,2
22 9,7 2,9
23 12,0 2,5
24 7,1 4,3
25 9,9 7,2
26 -6,6 -4,2
27 -1,3 -1,5
28 6,4 6,0
29 10,3 8,7
30 11,1 12,1
31 4,8 5,8
32 13,9 15,5
33 8,9 12,4
34 7,3 11,0
35 1,2 4,9
36 5,9 6,0
37 3,9 5,4
38 4,5 4,6
39 -0,5 0,8
40 0,5 0,9
41 4,3 2,4
42 8,5 7,3
43 4,0 2,2
44 -2,0 -2,4
45 -29,8 -33,5
46 -27,1 -29,7
47 -26,3 -28,4
48 -24,3 -27,0
49 6,1 4,7
50 -0,9 -1,7
51 -7,5 -7,7
52 2,5 -1,7
53 -0,8 -4,5
  • Note : transactions par carte bancaire CB en face-à-face qui n'incluent pas la vente à distance (internet).
  • Champ : France.
  • Sources : Cartes bancaires CB, calculs Insee.

Figure 3Évolution hebdomadaire des montants des transactions 2020 par carte bancaire CB par rapport à la même semaine de 2019

  • Note : transactions par carte bancaire CB en face-à-face qui n'incluent pas la vente à distance (internet). Les traits verticaux indiquent les dates de fermeture et réouverture des commerces « non essentiels » lors des deux confinements.
  • Champ : France.
  • Sources : Cartes bancaires CB, calculs Insee.

L’emploi régional recule et revient à son niveau de 2018

Malgré le soutien apporté par le dispositif d’activité partielle pendant les périodes de confinement (figure 4), l’emploi recule en 2020. Fin décembre, les Hauts-de-France comptent 2 030 200 salariés, soit 11 300 de moins que fin 2019. Après une hausse en 2019 (+ 0,7 % contre + 1,1 % en moyenne nationale), la région perd des emplois (- 0,6 %), mais moins qu’au niveau national (- 1,1 %), et revient à son niveau de 2018. L’industrie et les services marchands sont particulièrement touchés (respectivement - 2,1 % et - 1,5 %), tandis que la construction emploie toujours plus de salariés (+ 1,8 %). La région est l’une des rares où, porté par le tertiaire marchand, l’intérim progresse (+ 1,1 %), alors que la tendance nationale est en nette baisse (- 5,3 %).

Figure 4Activité partielle : nombre de salariés concernés par une demande d'indemnisation

nombre de salariés
Activité partielle : nombre de salariés concernés par une demande d'indemnisation (nombre de salariés)
Hauts-de-France
mars 2020 529 100
avril 2020 643 195
mai 2020 511 065
juin 2020 211 320
juil. 2020 114 975
août 2020 58 170
sept. 2020 66 815
oct. 2020 107 860
nov. 2020 190 260
déc. 2020 132 330
  • Note : données mensuelles brutes, provisoires pendant un an.
  • Source : ASP-DGEFP-Dares - Extraction du SI APART du 19 avril 2021.

Figure 4Activité partielle : nombre de salariés concernés par une demande d'indemnisation

  • Note : données mensuelles brutes, provisoires pendant un an.
  • Source : ASP-DGEFP-Dares - Extraction du SI APART du 19 avril 2021.

Une baisse du chômage en « trompe-l’œil », mais une demande d’emploi en hausse

Le taux de chômage dans les Hauts-de-France diminue de 0,6 point en 2020 pour atteindre 9,3 %. Cette baisse est néanmoins en « trompe-l’œil », car elle ne traduit pas une amélioration du marché du travail. Elle s’explique par une moindre disponibilité et une recherche active limitée des demandeurs d’emploi durant les périodes de confinement, ce qui les exclut de fait de la catégorie des chômeurs BIT. Fin 2020, 577 510 personnes sont inscrites à Pôle emploi, soit 2,0 % de plus qu’il y a un an. Les entrées dans les dispositifs d’accompagnement des jeunes progressent encore cette année.

Un record pour les créations d’entreprises malgré la crise

En Hauts-de-France, 51 500 entreprises ont été créées en 2020, constituant un nouveau record malgré les difficultés liées à la crise sanitaire (+ 5,4 % par rapport à 2019 contre + 4,0 % au niveau national). La hausse est portée par la création de micro-entreprises dans les activités de commerce et d’hébergement-restauration, notamment celles à distance, mais aussi dans les transports. Grâce aux mesures de soutien accordées aux entreprises, le nombre de défaillances diminue fortement et n’a jamais atteint un niveau aussi bas.

Chute de fréquentation en 2020, rebond à l’été notamment dans les campings

En raison des mesures prises pour gérer la crise sanitaire, en particulier durant les périodes de confinement, la fréquentation hôtelière recule nettement en 2020 dans les Hauts-de-France comme partout ailleurs. Avec 4,9 millions de nuitées, la baisse atteint 46 %, contre 51 % en France métropolitaine, malgré le soutien à l’été de la clientèle résidente. Les campings sont moins touchés (- 21 % de fréquentation), mais plus qu’au niveau national (- 16 %). Dans les hôtels comme dans les campings, la clientèle non-résidente s’est fortement réduite au cours de la période estivale (respectivement - 45 % et - 50 %).

Le logement neuf en difficulté

En 2020, le volume de vente de logements neufs diminue avec un nombre de mises en vente en baisse.

La demande restant toujours dynamique, les prix de vente augmentent, notamment pour les maisons. Les autorisations de construction et les mises en chantier de logements se replient presque partout dans la région. La construction de locaux non résidentiels est également touchée avec un recul important des surfaces de plancher autorisées.

Les marchés agricoles modifiés par la crise

Les conditions climatiques, ainsi que les parasites et maladies, affectent la production de céréales, de betteraves, de lait et l’abattage des porcs. Les changements de consommation profitent à la pomme de terre non transformée et à la viande hachée, tandis que la pomme de terre transformée et les pièces nobles de bovins sont moins demandées.

Des transports peu utilisés

En 2020, les immatriculations de véhicules neufs reculent fortement (- 33 %). Cette baisse est plus marquée qu’au niveau national (- 23 %). Dans les aéroports, les passagers sont moins nombreux, tant pour les vols nationaux qu’internationaux. Le transport de marchandises via le tunnel transmanche semble avoir mieux résisté.

Avertissement

Les données utilisées proviennent de Cartes Bancaires CB et couvrent l'essentiel des transactions par carte bancaire, à l'exception des transactions CB en vente à distance (internet). Elles sont issues d'une extraction de transactions anonymisées et agrégées à l'échelle départementale afin de respecter les exigences de confidentialité.

Contexte national - En 2020, la crise sanitaire a pesé lourdement sur l’activité économique mondiale

L’activité mondiale en 2020 a été avant tout déterminée par l’évolution de la pandémie de Covid-19 et par les mesures d’endiguement adoptées dans les différents pays. La Chine, où le confinement strict et la chute de l’activité ne se sont pas étendus au-delà du premier trimestre, a enregistré un PIB en croissance de 2,3 % en moyenne sur l’année. Les États-Unis – où l’épidémie s’est peu à peu intensifiée, entraînant la mise en place de restrictions locales – et le Japon – bien que relativement épargné – ont en revanche connu une chute du PIB de - 3,5 % et - 4,7 % respectivement. De même, et de façon plus marquée, le PIB a diminué de 6,7 % en moyenne dans la zone euro, laquelle a connu deux vagues épidémiques, au printemps et à l’automne, et instauré des restrictions nationales strictes. Dans la plupart des pays, la consommation des ménages a souffert des mesures limitant les déplacements et les opportunités de consommer ; la production des branches du commerce, des services de transport et de l’hébergement-restauration ont été particulièrement affectées.

En France, l’activité en 2020 a davantage chuté que dans la moyenne de la zone euro

Après une croissance de 1,8 % en 2019, l’activité économique française a chuté fortement à - 8,0 % (figure 5). L’effet de la crise sanitaire a donc été du même ordre de grandeur qu’en Italie (- 8,9 %), nettement plus prononcé qu’en Allemagne (- 5,1 %) et un peu moins qu’au Royaume-Uni et en Espagne (respectivement - 9,8 % et - 10,8 %).

Tous les principaux postes de la demande (hors stocks) participent à cette chute. La plus forte contribution est , de - 3,7 points : les mesures de restriction ont grandement limité les opportunités de consommer des ménages, avec – entre autres – la fermeture pendant plusieurs mois des magasins « non essentiels », des restaurants et cafés ou encore des activités culturelles et sportives. Bien que, de manière inhabituelle, la baisse de l’investissement n’ait guère été amplifiée par rapport à celle de l’activité, ce poste contribue à hauteur de - 2,1 points à la chute du PIB – l’investissement des entreprises contribuant plus que celui des ménages et que celui des administrations publiques. La contribution des échanges extérieurs suit, à - 1,1 point : les exportations ont en effet davantage diminué que les importations, bien que les deux aient pâti de la situation économique dégradée de la France et de ses principaux partenaires (notamment européens).

Figure 5Variations annuelles du PIB et contribution des principaux postes de la demande

Variations annuelles du PIB et contribution des principaux postes de la demande - Lecture : en 2020, le PIB a diminué de - 8,0 % ; la contribution de la consommation privée des ménages a été de – 3,7 points.
PIB (en %) Consommation des ménages (en points) Investissement des ménages (en points) Investissement des entreprises (en points) Investissement des administrations publiques (en points) Echanges extérieurs (en points) Stocks (en points)
2016 1,0 0,9 0,1 0,3 0,0 -0,4 -0,4
2017 2,5 0,9 0,3 0,7 0,0 0,0 0,2
2018 1,8 0,5 0,1 0,5 0,1 0,5 0,0
2019 1,8 1,0 0,2 0,4 0,3 -0,3 0,0
2020 -8,0 -3,7 -0,7 -1,1 -0,2 -1,1 -0,2
  • Note : les volumes sont corrigés des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO).
  • Lecture : en 2020, le PIB a diminué de - 8,0 % ; la contribution de la consommation privée des ménages a été de – 3,7 points.
  • Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.

Figure 5Variations annuelles du PIB et contribution des principaux postes de la demande

  • Note : les volumes sont corrigés des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO).
  • Lecture : en 2020, le PIB a diminué de - 8,0 % ; la contribution de la consommation privée des ménages a été de – 3,7 points.
  • Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.

Cette forte baisse du PIB en moyenne sur l’année recouvre cependant de grandes disparités mensuelles, au gré de l’évolution de la pandémie et des mesures de restrictions (figure 6). Le creux d’activité le plus marqué s’est situé au mois d’avril, à environ - 30 % (en écart au niveau d’avant crise, à savoir le quatrième trimestre 2019) : il reflète la sévérité du confinement mis en place entre le 17 mars et le 11 mai au moment de la première vague épidémique (fermeture d’une partie de l’économie et interdiction de sortir du domicile hors motifs autorisés) mais aussi sa soudaineté, obligeant de nombreuses entreprises à réduire ou cesser leur activité du fait de l’absence de protocoles sanitaires ou de la difficulté à instaurer massivement le télétravail. Le rebond a cependant été particulièrement vif en mai et juin, l’activité se stabilisant entre août et octobre à près de - 3 % par rapport à son niveau d’avant crise. La résurgence de l’épidémie et le confinement instauré en novembre ont ensuite conduit à une nouvelle baisse de l’activité, mais d’ampleur bien moindre, celle-ci se situant ce mois-ci à - 7 % en écart à l’avant crise : les mesures mises en place entre le 30 octobre et le 15 décembre ont en effet été moins strictes, et les ménages et les entreprises se sont davantage adaptées à la situation sanitaire (protocoles sanitaires, télétravail).

Figure 6Pertes d’activité mensuelles estimées, écart au quatrième trimestre 2019

en %
Pertes d’activité mensuelles estimées, écart au quatrième trimestre 2019 (en %) - Lecture : en novembre, l’activité économique a été en retrait d’environ – 7 % par rapport au niveau du quatrième trimestre 2019.
Perte d'activité mensuelle
Janv. 2020 -0,4
Fév -0,6
Mars -16,5
Avr -30,0
Mai -17,3
Juin -7,6
Juil -4,6
Août -2,4
Sept -2,4
Oct -2,8
Nov -7,1
Déc -4,0
  • Lecture : en novembre, l’activité économique a été en retrait d’environ – 7 % par rapport au niveau du quatrième trimestre 2019.
  • Source : calculs Insee à partir de sources diverses.

Figure 6Pertes d’activité mensuelles estimées, écart au quatrième trimestre 2019

  • Lecture : en novembre, l’activité économique a été en retrait d’environ – 7 % par rapport au niveau du quatrième trimestre 2019.
  • Source : calculs Insee à partir de sources diverses.

L’impact de la pandémie a été contrasté suivant les différentes branches d’activité

En 2020, la valeur ajoutée totale a dans l’ensemble davantage baissé que la consommation privée, avec néanmoins des différences selon les branches (figure 7). La chute de la valeur ajoutée a été la plus forte dans l’hébergement-restauration (- 42 %) – en lien avec les fermetures réglementaires et l’arrêt d’une grande partie du tourisme –, dans les matériels de transport (- 28 %) et les services de transport (- 23 %) – qui ont souffert de la baisse des déplacements nationaux et internationaux –, dans la construction (- 16 %) – qui a surtout été affectée pendant le premier confinement –, et dans les autres services aux ménages (- 23 %) – qui regroupent les activités culturelles et sportives. Au total, les contributions les plus fortes à la baisse totale de la valeur ajoutée sont celles de l’hébergement-restauration, des services de transport et – en raison de leur poids dans la valeur ajoutée et dans le sillage de la situation économique globalement dégradée – des services aux entreprises ; chacune à hauteur d’environ - 1 point.

Figure 7Variation annuelle et contribution des branches en 2020Valeur ajoutée

Variation annuelle et contribution des branches en 2020 - Lecture : en 2020, la valeur ajoutée totale a baissé de - 8,2 % ; l’hébergement-restauration a contribué à cette baisse à hauteur de – 1 point.
Agriculture (en points) Autres branches industrielles (en points) Industrie agro-alimentaires (en points) Matériels de transport (en points) Construction (en points) Autres services marchands (en points) Commerce (en points) Transport (en points) Hébergement-restauration (en points) Services aux entreprises (en points) Services aux ménages (en points) Services non marchands (en points)
Agriculture 0,0
Industrie -0,8 -0,1 -0,4
Construction -0,9
Services marchands -0,4 -0,7 -1,1 -1,2 -0,9 -0,7
Services non marchands -1,0
  • Note : les volumes sont corrigés des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO). La valeur ajoutée totale est calculée hors impôts et subventions sur produits (contrairement au PIB).
  • Lecture : en 2020, la valeur ajoutée totale a baissé de - 8,2 % ; l’hébergement-restauration a contribué à cette baisse à hauteur de – 1 point.
  • Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.

Figure 7Variation annuelle et contribution des branches en 2020Valeur ajoutée

  • Note : les volumes sont corrigés des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO). La valeur ajoutée totale est calculée hors impôts et subventions sur produits (contrairement au PIB).
  • Lecture : en 2020, la valeur ajoutée totale a baissé de - 8,2 % ; l’hébergement-restauration a contribué à cette baisse à hauteur de – 1 point.
  • Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.

Avec l’utilisation massive de l’activité partielle, l’emploi a beaucoup moins baissé que l’activité économique

Après une accélération en 2019 (+ 266 100 emplois en fin d’année par rapport à la fin d’année 2018, après 171 500), l’emploi salarié privé a diminué en 2020 (- 332 300) : l’ampleur de la baisse a cependant été bien moindre (- 1,7 % par rapport à fin 2019) que pour l’activité économique. Le dispositif d’activité partielle, considérablement renforcé dès le début de la crise sanitaire, a été massivement utilisé par les entreprises afin de conserver une grande partie de leurs salariés empêchés de travailler : en avril 2020, .

Le taux de chômage a connu des mouvements contraires et atypiques en 2020 : le contexte des deux confinements a en effet rendu difficiles, voire impossibles, les démarches de recherche active d’emploi, affectant par conséquent la . Ces effets « en trompe-l’œil » expliquent la baisse du taux de chômage au deuxième trimestre et en partie la baisse survenue également au quatrième trimestre : le taux de chômage s’y est situé à 8 % de la population active, soit quasiment le même niveau qu’un an auparavant (après 8,1 % fin 2019).

En moyenne, le pouvoir d’achat des ménages et le taux de marge des entreprises ont été préservés, grâce aux mesures de soutien

Après une évolution particulièrement dynamique en 2019 (+ 3,4 %), le revenu disponible brut des ménages a progressé plus modérément en 2020 (+ 1,0 %). D’une part, la masse salariale a diminué (- 4,1 %, conséquence des destructions d’emploi et de la mise au chômage partiel de nombreux salariés). C’est aussi le cas des revenus de la propriété (- 12,6 %) – reflétant en particulier le recul des dividendes versés. Cependant, les dispositifs de soutien (activité partielle et fonds de solidarité), ainsi que les stabilisateurs automatiques (assurance chômage, RSA, impôts) ont permis au revenu des ménages de globalement résister. Les prestations sociales ont ainsi augmenté de 9,5 %, tandis que les impôts sur le revenu et le patrimoine ont diminué à - 3,6 %. Le fonds de solidarité a notamment limité la baisse de l’excédent brut d’exploitation des entrepreneurs individuels (- 0,6 %). Par ailleurs, le déflateur de la consommation des ménages a ralenti avec l’inflation en 2020, à + 0,6 % après + 0,8 %. Finalement, le pouvoir d’achat a fortement ralenti à 0,4 %, après 2,6 % (figure 8) ; tandis que le pouvoir d’achat par unité de consommation s’est maintenu (0,0 %).

Du côté des entreprises, la valeur ajoutée (CVS-CJO) des sociétés non financières a chuté de 8,5 %. Le taux de marge a certes baissé lui aussi, mais dans une moindre mesure, à 31,7 % (après 33,4 % en 2019), soutenu par les dispositifs de soutien mentionnés précédemment (fonds de solidarité notamment et chômage partiel). Il revient ainsi à un niveau proche de celui observé entre 2015 et 2018, après avoir temporairement augmenté en 2019 sous l’effet principalement de l’enregistrement du CICE.

Figure 8Variations annuelles du pouvoir d’achat et contribution de ses principaux déterminants

Variations annuelles du pouvoir d’achat et contribution de ses principaux déterminants - Lecture : en 2020, le pouvoir d’achat des ménages a ralenti à 0,4 % ; les revenus d’activités ont contribué à hauteur de près de – 3 points.
Revenus d'activité (en points) Prestations (en points) EBE des ménages purs (en points) Revenus de la propriété (en points) Impôts et cotisations (en points) Prix à la consommation des ménages (en points) Pouvoir d'achat (en %)
2017 2,3 0,6 0,3 -0,1 -0,8 -0,8 1,8
2018 1,9 0,8 0,3 0,7 -0,6 -1,7 1,4
2019 2,2 1 0,4 -0,1 -0,1 -0,8 2,6
2020 -2,7 3,4 0,2 -0,7 0,8 -0,6 0,4
  • Note : les données sont corrigées des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO).
  • Lecture : en 2020, le pouvoir d’achat des ménages a ralenti à 0,4 % ; les revenus d’activités ont contribué à hauteur de près de – 3 points.
  • Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.

Figure 8Variations annuelles du pouvoir d’achat et contribution de ses principaux déterminants

  • Note : les données sont corrigées des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO).
  • Lecture : en 2020, le pouvoir d’achat des ménages a ralenti à 0,4 % ; les revenus d’activités ont contribué à hauteur de près de – 3 points.
  • Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.
Publication rédigée par :Noémie Cavan, Aliette Cheptitski (Insee)

Définitions

Demande d'indemnisation pour activité partielle :

le dispositif de l’activité partielle (ou chômage partiel) permet aux établissements confrontés à des difficultés temporaires de diminuer ou suspendre leur activité tout en assurant aux salariés une indemnisation pour compenser leur perte de salaire. L’activité partielle fait l’objet de demandes d’autorisation préalables (DAP) déposées par les établissements souhaitant recourir à l’activité partielle en raison de la crise sanitaire, ainsi que les demandes d’indemnisation (DI). Lors de la phase d’indemnisation, il est possible que le nombre d’heures effectivement consommé soit inférieur à celui qui avait été demandé. En complément des données administratives (DAP et DI), les réponses des entreprises à l’enquête mensuelle Acemo-Covid-19 sont mobilisées. Elles permettent d’estimer le nombre de salariés qui ont été effectivement placés en activité partielle chaque mois, et d’anticiper ainsi les demandes d’indemnisations qui vont arriver, les entreprises disposant, pour un mois donné, d’un délai d’un an pour faire leur demande. L’ensemble des données présentées sur l’activité partielle sont susceptibles d’être révisées.

Heures rémunérées :

le volume d’heures rémunérées correspond à la durée pour laquelle le salarié est rémunéré sur une période. Cela inclut notamment les heures supplémentaires mais aussi les absences pour lesquelles le salarié perçoit une rémunération, comme les congés payés, les jours fériés ou les jours attribués au titre de la réduction du temps de travail. Ce volume d’heures rémunérées est une composante importante de l’activité économique, même s’il ne la mesure pas directement : d’une part, certaines absences sont considérées comme du travail rémunéré et d’autre part, la rémunération des salariés ne reflète pas toujours les fluctuations de leur productivité.

Transactions par cartes bancaires :

les montants des transactions par carte bancaire en face‑à‑face proviennent de Cartes Bancaires CB. Elles sont anonymisées et agrégées à l‘échelle départementale. Elles concernent tout détenteur de carte bancaire CB sur le territoire français, ce qui, outre les ménages, peut couvrir aussi des entreprises. Elles couvrent l’essentiel des transactions bancaires, avec et sans contact, à l’exception des transactions en vente à distance (internet). Elles permettent de suivre une partie de la consommation des ménages. Les transactions réalisées par d’autres moyens de paiement (espèces, chèque, ticket restaurant, etc.) ne sont pas suivies.

Estimation prenant en compte la correction des variations saisonnières et les effets des jours ouvrables.

Contrairement à la crise de 2008-2009, où la contribution négative de l’investissement dominait.

Situation sur le marché du travail au 26 avril 2020, Dares.

Un chômeur au sens du BIT est une personne âgée de 15 ans ou plus, sans emploi durant une semaine donnée, disponible pour travailler dans les deux semaines, et qui a effectué au cours des quatre dernières semaines une démarche active de recherche d’emploi.

Estimation prenant en compte la correction des variations saisonnières et les effets des jours ouvrables.

Contrairement à la crise de 2008-2009, où la contribution négative de l’investissement dominait.

Situation sur le marché du travail au 26 avril 2020, Dares.

Un chômeur au sens du BIT est une personne âgée de 15 ans ou plus, sans emploi durant une semaine donnée, disponible pour travailler dans les deux semaines, et qui a effectué au cours des quatre dernières semaines une démarche active de recherche d’emploi.