Revenus et patrimoine des ménages Édition 2021
L'Insee présente avec Revenus et patrimoine des ménages les principaux indicateurs et des analyses sur les inégalités monétaires, la pauvreté et le patrimoine des ménages.
Niveau de vie et pauvreté selon la configuration familiale
Insee Références
Paru le :27/05/2021
La vie en commun procure des économies d’échelle pour tous les membres du ménage sur le logement, mais aussi sur les biens d’équipement ménager. Le niveau de vie permet d’en tenir compte en rapportant le revenu disponible au nombre d’unités de consommation (UC) du ménage.
En 2018, en France métropolitaine, avec un niveau de vie annuel de 29 290 euros en moyenne (soit 2 441 euros par mois), les personnes vivant en couple sans enfant disposent du niveau de vie le plus élevé, en particulier quand la personne de référence du ménage a moins de 65 ans (avec un niveau de vie annuel de 30 750 euros en moyenne, soit 2 563 euros par mois) (figure 1). Les personnes vivant seules ou au sein d’une famille monoparentale ont un niveau de vie plus faible en moyenne ; elles ne bénéficient ni des économies d’échelle procurées par la présence d’un second adulte ni du revenu que celui ci est susceptible d’apporter.
tableauFigure 1 - Revenu disponible, niveau de vie et pauvreté selon la configuration familiale en 2018
Revenu disponible moyen du ménage (en euros) |
Niveau de vie des individus du ménage (en euros) |
Part de la population (en %) |
Taux de pauvreté¹ (en %) |
Personnes pauvres¹ (en milliers) |
||
---|---|---|---|---|---|---|
Moyenne | Médiane | |||||
Personne de référence de moins de 65 ans | 40 070 | 24 390 | 21 070 | 78,2 | 16,4 | 8 103 |
Personne seule | 22 290 | 22 290 | 18 940 | 9,5 | 20,2 | 1 216 |
Famille monoparentale | 28 420 | 16 930 | 15 140 | 10,2 | 35,3 | 2 266 |
Couple sans enfant | 46 130 | 30 750 | 26 470 | 12,2 | 7,1 | 549 |
Couple avec enfants | 55 920 | 25 080 | 21 900 | 43,1 | 13,1 | 3 561 |
Autre type de ménage | 42 600 | 20 650 | 18 100 | 3,2 | 25,3 | 510 |
Personne de référence de 65 ans ou plus | 32 280 | 25 600 | 21 830 | 21,8 | 8,9 | 1 224 |
Personne seule | 22 530 | 22 530 | 19 090 | 7,1 | 14,3 | 647 |
Couple | 42 550 | 27 410 | 23 410 | 13,0 | 6,2 | 509 |
Autre type de ménage | 40 710 | 24 650 | 22 000 | 1,7 | 6,4 | 69 |
Ensemble | 37 670 | 24 650 | 21 250 | 100,0 | 14,8 | 9 327 |
- 1. La pauvreté est définie au seuil de 60 % de la médiane des niveaux de vie.
- Lecture : en 2018, les couples sans enfant vivant dans un ménage dont la personne de référence a moins de 65 ans ont en moyenne un revenu disponible de 46 130 euros. 7,1 % des personnes vivant en couple sans enfant sont pauvres, soit 549 000 personnes.
- Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
- Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2018.
De manière générale, le niveau de vie des ménages diminue en moyenne lorsque le nombre d’enfants augmente : il atteint 27 540 euros (soit 2 295 euros par mois) pour les personnes en couple avec un enfant, 25 930 euros (soit 2 161 euros par mois) pour celles avec deux enfants et 21 060 euros (soit 1 755 euros par mois) lorsqu’au moins trois enfants sont présents (figure 2). Lors de la naissance d’un enfant, deux facteurs jouent en sens opposés. D’un côté, l’enfant ne contribue pas directement aux ressources du ménage tout en augmentant les besoins de consommation (d’où l’augmentation du nombre d’UC). De l’autre, certains transferts sociaux (prestations familiales, quotient familial) sont liés à la présence d’enfants.
tableauFigure 2 - Revenu disponible, niveau de vie et pauvreté selon la configuration familiale et le nombre d’enfants en 2018
Revenu disponible moyen du ménage (en euros) |
Niveau de vie des individus du ménage (en euros) |
Taux de pauvreté¹ (en %) |
Personnes pauvres¹ (en milliers) |
||
---|---|---|---|---|---|
Moyenne | Médiane | ||||
Famille monoparentale avec un enfant | 28 060 | 19 460 | 17 670 | 22,7 | 736 |
Famille monoparentale avec deux enfants ou plus | 31 100 | 15 830 | 13 930 | 41,8 | 1 583 |
Couple avec un enfant | 52 360 | 27 540 | 24 280 | 9,1 | 752 |
Couple avec deux enfants | 58 180 | 25 930 | 22 730 | 9,6 | 1 178 |
Couple avec trois enfants ou plus | 57 670 | 21 060 | 17 640 | 23,3 | 1 783 |
- 1. La pauvreté est définie au seuil de 60 % de la médiane des niveaux de vie.
- Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
- Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2018.
Quand l’enfant grandit, ses besoins augmentent, notamment à l’adolescence (consommation courante, études, etc.), ce qui se traduit par une augmentation du nombre d’UC à partir de 14 ans. En moyenne, même si les prestations versées augmentent avec l’âge de l’enfant (majoration des allocations familiales à partir de 14 ans par exemple), et généralement aussi les autres revenus du ménage (augmentation progressive des revenus d’activité des adultes au cours de leur carrière ou accumulation d’une épargne au cours du temps), le niveau de vie a tendance à diminuer quand les enfants grandissent.
Parmi les ménages d'âge actif, les personnes sont différemment réparties sur l’échelle des niveaux de vie selon leur configuration familiale (figure 3). Les familles nombreuses et monoparentales se concentrent parmi les plus modestes, et les couples sans enfant parmi les plus aisées : si les personnes vivant dans une famille monoparentale représentent 10,2 % de la population, elles représentent le quart des personnes ayant un niveau de vie inférieur au 1ᵉʳ décile, alors que les 12,2 % de personnes vivant au sein de couple sans enfant représentent 23,6 % des personnes ayant un niveau de vie supérieur au 9ᵉ décile. Les personnes seules de moins de 65 ans sont elles aussi surreprésentées parmi les plus modestes : elles représentent 9,5 % de la population mais entre 10,9 % et 14,6 % des personnes ayant un niveau de vie inférieur au 4ᵉ décile.
tableauFigure 3 - Configuration familiale selon le niveau de vie en 2018
Inférieur à D1 | De D1 à D2 | De D2 à D3 | De D3 à D4 | De D4 à D5 | De D5 à D6 | De D6 à D7 | De D7 à D8 | De D8 à D9 | Supérieur à D9 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Personne seule de moins de 65 ans | 14,6 | 10,9 | 10,9 | 11,4 | 10,0 | 8,3 | 7,9 | 7,3 | 7,1 | 6,8 |
Famille monoparentale (pers. de réf. de moins de 65 ans) | 25,0 | 19,9 | 15,6 | 12,2 | 8,9 | 6,3 | 3,8 | 4,2 | 3,3 | 2,5 |
Couple sans enfants (pers. de réf. de moins de 65 ans) | 6,3 | 5,1 | 6,8 | 7,6 | 10,1 | 11,7 | 14,6 | 16,7 | 19,5 | 23,6 |
Couple avec enfant(s) (pers. de réf. de moins de 65 ans) | 37,9 | 40,2 | 38,7 | 40,6 | 45,1 | 47,5 | 47,2 | 46,3 | 43,5 | 44,0 |
Personne seule de 65 ans ou plus | 5,3 | 10,2 | 10,3 | 9,6 | 7,6 | 6,9 | 6,0 | 5,6 | 5,3 | 4,7 |
Couple (pers. de réf. de 65 ans ou plus) | 4,4 | 8,2 | 12,2 | 13,4 | 14,4 | 14,3 | 15,3 | 15,3 | 17,0 | 15,4 |
Autre type de ménage | 6,5 | 5,4 | 5,6 | 5,2 | 3,9 | 5,1 | 5,3 | 4,6 | 4,4 | 2,9 |
Ensemble | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
- Note : D1 à D9 sont les déciles de la distribution de niveaux de vie ; D5 est la médiane.
- Lecture : en 2018, 25,0 % des personnes ayant un niveau de vie inférieur au 1ᵉʳ décile vivent dans une famille monoparentale dont la personne de référence a moins de 65 ans.
- Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
- Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2018.
graphiqueFigure 3 - Configuration familiale selon le niveau de vie en 2018
En 2018, la pauvreté monétaire touche 7,1 % des personnes vivant en couple sans enfant et dont la personne de référence du ménage a moins de 65 ans, mais plus du tiers des personnes vivant au sein d’une famille monoparentale (soit 2,3 millions de personnes ; figure 1). Le taux de pauvreté augmente avec le nombre d’enfants présents, pour les couples comme pour les familles monoparentales. 22,7 % pour les personnes vivant au sein d’une famille monoparentale avec un enfant, mais 41,8 % pour celles qui vivent avec au moins deux enfants (figure 2). Malgré les allocations spécifiques qui leur sont attribuées, ces personnes isolées avec plusieurs enfants ont un niveau de vie moyen inférieur de 36 % à celui de l’ensemble de la population.
Définitions
Niveau de vie : revenu disponible du ménage rapporté au nombre d’unités de consommation (UC). Le niveau de vie est donc le même pour toutes les personnes d’un même ménage.
Revenu disponible : revenu à la disposition du ménage pour consommer et épargner. Il comprend les revenus d’activité nets des cotisations sociales, les indemnités de chômage, les retraites et pensions, les revenus du patrimoine (fonciers et financiers) et les autres prestations sociales perçues, nets des impôts directs (impôt sur le revenu, taxe d’habitation, contribution sociale généralisée – CSG –, contribution à la réduction de la dette sociale – CRDS – et prélèvements sociaux sur les revenus du patrimoine). Il comprend de façon plus ou moins large selon les sources le solde des transferts interménages. Cette mesure correspond au concept microéconomique. En parallèle, l’Insee publie des données macroéconomiques relatives au revenu disponible brut dans la comptabilité nationale, qui font référence pour les évolutions globales. Ces évaluations ne sont pas directement comparables, ni en niveau ni en évolution (voir Sources et méthodes).
Unités de consommation : pour comparer les niveaux de vie de personnes vivant dans des ménages de taille ou de composition différentes, on
divise le revenu par le nombre d’unités de consommation (UC). Celles-ci sont généralement
calculées de la façon suivante : 1 UC pour le premier adulte du ménage, 0,5 UC pour
les autres personnes de 14 ans ou plus, 0,3 UC pour les enfants de moins de 14 ans.
Cette échelle d’équivalence (dite de l’OCDE) tient compte des économies d’échelle
au sein du ménage. En effet, les besoins d'un ménage ne s'accroissent pas en stricte
proportion de sa taille. Lorsque plusieurs personnes vivent ensemble, il n'est pas
nécessaire de multiplier tous les biens de consommation (en particulier, les biens
de consommation durables) par le nombre de personnes pour garder le même niveau de
vie.
Dans ses publications, l’OCDE utilise une autre échelle, plus facile à estimer.
Selon cette échelle, le nombre d’unités de consommation est la racine carrée du nombre
de personnes du ménage quel que soit leur âge. Sur données françaises, les deux échelles
donnent des résultats très proches.
Personne de référence : dans l’ERFS, la personne de référence du ménage est, comme dans l’enquête Emploi en continu (EEC), déterminée à partir de la structure familiale du ménage et des caractéristiques des personnes qui le composent. Il s’agit le plus souvent de la personne de référence de la famille, quand il y en a une, ou de l’homme le plus âgé, en donnant la priorité à l’actif le plus âgé. La personne de référence d’une famille est l’homme du couple, si la famille comprend un couple de personnes de sexe différent, ou le parent de la famille monoparentale. Dans SRCV et dans l’enquête Patrimoine, comme dans la majorité des enquêtes ménages à l’Insee, la personne de référence est la personne qui apporte le plus de ressources. Lorsqu’il y a plusieurs principaux apporteurs de ressources déclarés, la personne de référence est en priorité l’actif, puis le retraité et enfin l’inactif non retraité ; à statut égal, la personne de référence est la personne la plus âgée.
Décile : si l’on ordonne une distribution de revenus, de niveaux de vie, de patrimoines, etc., les déciles (notés généralement D1 à D9) sont les valeurs qui partagent cette distribution en 10 parties d’effectifs égaux. Les centiles (notés généralement C1 à C99) la partagent en 100 parties d’effectifs égaux et les quartiles (Q1 à Q3) en 4 parties. La médiane (D5, C50 ou Q2) partage la population en deux sous-populations égales. Ainsi, le neuvième décile (D9) est le seuil en-dessous duquel se situent 90 % de la population ; le quatre-vingt-quinzième centile (C95) est le seuil en-dessous duquel se situent 95 % de la population. Les individus ainsi classés appartiennent à des dixièmes de niveau de vie : les 10 % les plus modestes constituent le premier dixième.
Pauvreté monétaire : l’Insee, comme Eurostat et les autres pays européens, mesure la pauvreté monétaire
de manière relative alors que d’autres pays (comme les États-Unis ou le Canada) ont
une approche absolue. Dans l’approche en termes relatifs, on détermine un seuil de pauvreté en fonction de la distribution des niveaux de vie de l’ensemble de la population et une personne est considérée comme pauvre lorsque
son niveau de vie est inférieur à ce seuil. Le seuil de pauvreté qui fait référence
pour Eurostat est fixé au niveau national à 60 % du niveau de vie médian de chaque pays. Dans cet ouvrage, il s’agit du seuil retenu quand aucune note ne
précise un autre seuil. De façon secondaire, d’autres seuils sont calculés, notamment
celui à 50 % du niveau de vie médian.
Le taux de pauvreté calculé pour effectuer des comparaisons européennes diffère
légèrement du taux national publié dans le reste de l’ouvrage. Il est calculé à partir
d’une autre source statistique, SRCV, et sur un champ différent, de manière à disposer
de statistiques comparables entre pays européens (voir Sources et méthodes, Statistiques sur les revenus et les conditions de vie).
Pour en savoir plus
« Enquête revenus fiscaux et sociaux 2018 et séries longues », Insee Résultats, octobre 2020.
« L’effet d’une naissance sur le niveau de vie du ménage », in Les revenus et le patrimoine des ménages, coll. « Insee Références », édition 2011.