Insee Conjoncture Provence-Alpes-Côte d'AzurBilan économique 2019 - Provence-Alpes-Côte d'Azur

Une économie régionale dynamique, avant la rupture

En 2019, la croissance économique mondiale ralentit, du fait des incertitudes liées au Brexit ou aux tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis. En France, l’activité a de nouveau ralenti en 2019, avant la baisse brutale début 2020, due à la crise sanitaire.

Dans ce contexte, l’activité économique reste globalement dynamique en 2019 en Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’emploi progresse et le taux de chômage diminue significativement. Le nombre de bénéficiaires du revenu de solidarité active se réduit. Les créations d’entreprises restent dynamiques et les défaillances sont stables.

Insee Conjoncture Provence-Alpes-Côte d'Azur
No 29
Paru le :Paru le18/06/2020
Kendal Masson, Etienne Perron-Bailly (Insee), Thomas Ouin-Lagarde (division Synthèse conjoncturelle, Insee)
Insee Conjoncture Provence-Alpes-Côte d'Azur No 29- Juin 2020

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2019 publiés par l'Insee.
Retrouvez les bilans des autres régions ici.

Cette année, la situation exceptionnelle de la pandémie dans les premiers mois de 2020 introduit une rupture avec la dynamique de 2019 et remet en question les éventuelles prévisions réalisées précédemment. Ainsi, ces bilans rendent également compte de la crise, uniquement sur la période de confinement.

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Synthèse régionale - Contexte national Bilan économique 2019

Kendal Masson, Etienne Perron-Bailly (Insee), Thomas Ouin-Lagarde (division Synthèse conjoncturelle, Insee)

Insee Conjoncture Provence-Alpes-Côte d'Azur

No 29

Paru le :18/06/2020

Synthèse régionale - Une économie régionale dynamique, avant la rupture

Dans un contexte international marqué par les incertitudes en 2019 (Brexit, tensions commerciales sino-américaines), l’économie française a plutôt bien résisté. Aussi, la progression de l’activité en Provence-Alpes-Côte d’Azur est vive en 2019. Les créations d’emploi s’accélèrent et le taux de chômage passe sous les 10 %, une première depuis dix ans. Dans le même temps, les créations d’entreprises sont très dynamiques, tout comme le volume des crédits accordés par les banques.

Le bilan sectoriel est toutefois mitigé. La fréquentation touristique est en hausse, tout comme le nombre de voyageurs par avion dans la région. Mais le nombre de mises en chantier de logements neufs diminue, tandis que l’agriculture pâtit de conditions météorologiques difficiles.

Dans ce contexte, plutôt positif, la crise sanitaire de 2020 marque une rupture brutale pour l’économie en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Au 7 mai 2020, l’activité économique de la région serait inférieure de 33 % par rapport à une situation dite « normale », soit un impact économique équivalent à celui du niveau national. Dans la région, un salarié sur quatre et près de la moitié des non-salariés travaillent dans un secteur très fortement impacté. Les zones touristiques des Alpes et de la Côte d’Azur sont les plus concernées.

Premiers enseignements sur l’impact de la crise sanitaire

Ce bilan, qui porte dans sa quasi-totalité sur l’année 2019 seulement, constituera un point de comparaison indispensable dans l’étude des impacts de la crise sanitaire.

Toutefois, ne considérer que l’année 2019, sans évoquer les conséquences de l’épidémie de Covid-19 et les effets des mesures d’endiguement sur l’activité régionale début 2020, n’aurait que peu de sens. Les outils à notre disposition ont permis de produire une première estimation des effets de cette crise sur l’économie régionale dans un numéro récent d’Insee Conjoncture Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Au 7 mai 2020, compte tenu de sa structure sectorielle, l’activité aurait globalement diminué de 33 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur par rapport à une situation « normale ». La région aurait ainsi subi un choc économique de même ampleur que celui de l’ensemble de la France.

Certains secteurs d’activité ont assez bien résisté et fonctionné à un rythme proche de la normale, parce qu’ils recourent massivement au télétravail ou répondent à des besoins dits « essentiels » (agriculture, agroalimentaire, santé, énergie…). D’autres secteurs ont au contraire été durement touchés, comme la construction ou le commerce non alimentaire, et ont tourné au ralenti. L’hébergement-restauration et les activités de loisirs étaient presque à l’arrêt.

L’impact des mesures d’endiguement est donc variable. Les Alpes-Maritimes sont plus durement touchées en raison du poids très important des services marchands comme l’hébergement-restauration et le commerce. Les non-salariés sont en proportion plus affectés que les salariés, car fortement représentés dans des secteurs en difficulté, en particulier dans la construction. Au sein des secteurs les plus touchés, les petits établissements sont plus fréquents que dans le reste de l’économie, et ce tout particulièrement en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Les zones les plus touristiques de la région (Alpes et Côte d’Azur) sont structurellement plus concernées par les baisses d’activités.

Au mois d’avril 2020, la région enregistre 2 367 créations d’entreprises toutes catégories confondues, soit une baisse de 64 % par rapport à avril 2019.

Le nombre de créations d’entreprises chute lourdement dans l’hébergement et restauration (-83 %) et dans les autres activités de services (-80 %). La rupture est visible dans tous les secteurs, même ceux moins impactés comme l’information-communication (-38 %) ou les activités spécialisées, scientifiques et techniques (-40 %). Le nombre de créations a commencé à diminuer significativement dès la semaine 11 (du 9 au 13 mars), soit juste avant les premières mesures de confinement (figure 1).

Figure 1Créations hebdomadaires d’entreprises en Provence-Alpes-Côte d'Azur

Créations hebdomadaires d’entreprises en Provence-Alpes-Côte d'Azur
Semaine 2018 2019 2020
1 4 267 4 548 3 362
2 1 169 1 238 1 360
3 1 392 1 523 1 353
4 930 954 1 039
5 2 195 2 451 2 244
6 1 022 1 239 1 215
7 1 250 1 316 1 261
8 1 079 1 095 964
9 2 214 2 462 1 904
10 1 018 1 204 961
11 1 160 1 313 875
12 1 069 1 125 363
13 2 141 2 711 299
14 1 197 1 301 985
15 1 247 1 338 340
16 1 044 846 515
17 904 948 410
18 1 892 2 120 765
19 699 1 005 495
20 1 111 1 288 573
21 838 984 296
  • Source : Répertoire Sirene, extraction au 2 juin 2020

Figure 1Créations hebdomadaires d’entreprises en Provence-Alpes-Côte d'Azur

  • Source : Répertoire Sirene, extraction au 2 juin 2020

Le nombre de demandeurs d’emplois inscrits dans les catégories A, B et C augmente de 8,3 % entre fin février et fin avril, soit 39 500 personnes supplémentaires. Les plus touchés sont les hommes (+10,7 %) et plus encore les jeunes (+14,5 % chez les moins de 25 ans). Dans la catégorie A, le nombre de demandeurs d’emploi a explosé sur la période (+34 % soit 102 000 inscrits de plus).

L’évolution des achats opérés dans chaque département peut être appréciée par les données de transactions par carte bancaire. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, lors de la mise en place du confinement, la baisse des montants dépensés par carte bancaire atteint 58 % lors de la semaine 13 (du 23 au 29 mars, première semaine complète de confinement) par rapport à la même semaine en 2019 (figure 2). Cette baisse est la même qu’au niveau national. Cet indicateur s’est redressé très rapidement après le 11 mai pour retrouver son niveau de 2019 lors de la semaine 20. La réouverture de commerces non alimentaires a permis une nette reprise de la consommation des ménages.

Figure 2Évolution du montant hebdomadaire de transactions par carte bancaire entre 2019 et 2020 en Provence-Alpes-Côte d'Azur

Évolution du montant hebdomadaire de transactions par carte bancaire entre 2019 et 2020 en Provence-Alpes-Côte d'Azur
France métro. Provence-Alpes-Côte d’Azur
semaine 10 4,1 1,2
semaine 11 8,3 7,1
semaine 12 -40,3 -40,8
semaine 13 -57,9 -58,2
semaine 14 -54,4 -54,3
semaine 15 -46,5 -47,5
semaine 16 -48,4 -52,0
semaine 17 -41,3 -46,8
semaine 18 -44,7 -47,9
semaine 19 -34,2 -37,9
semaine 20 3,6 1,2
semaine 21 -2,0 -4,6
  • Sources : Cartes Bancaires CB. Calculs Insee.

Figure 2Évolution du montant hebdomadaire de transactions par carte bancaire entre 2019 et 2020 en Provence-Alpes-Côte d'Azur

  • Sources : Cartes Bancaires CB. Calculs Insee.

Depuis la fin de l’année 2019, l’économie régionale a été considérablement affaiblie par la crise sanitaire. Le diagnostic qui suit conserve toutefois son utilité, en tant que point de comparaison pour l’analyse des impacts de la crise. Il peut aussi permettre d’identifier les forces et faiblesses à prendre en compte dans le cadre de la reprise de l’activité post-confinement.

L’emploi salarié dynamique en 2019

En amont du choc économique lié à la crise sanitaire de 2020, le nombre d’emplois a poursuivi sa progression dans la région au cours de l’année 2019. Ainsi, fin 2019, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur compte 1 881 000 emplois salariés, publics et privés confondus. Avec 23 000 postes de plus en un an, l’emploi accélère par rapport à 2018 (+1,3 % après +0,9 %). La hausse dépasse légèrement celle constatée au niveau national (+1,1 %). Tous les départements de la région sont concernés.

Le tertiaire marchand, stimulé par la vigueur des créations d’emplois dans l’hébergement-restauration et l’information-communication, génère à lui seul les deux tiers des emplois supplémentaires de la région. L’industrie progresse à nouveau légèrement et la construction reste sur une dynamique positive, sur la lancée des trois années précédentes.

Chômage et demandeurs d’emploi en baisse

En 2019, avant la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, le taux de chômage localisé diminue en Provence-Alpes-Côte d’Azur pour la troisième année consécutive. Sur un an, il recule de 0,8 point et s’établit à 9,3 % de la population active en fin d’année. Dans le même temps, le nombre d’inscrits à Pôle emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi (catégories A, B, C) recule pour la première fois depuis 2008. Le nombre de bénéficiaires de contrats aidés continue de nettement diminuer. Les entrées en apprentissage, en forte croissance depuis 2016, accélèrent encore.

La hausse des créations d’entreprises se poursuit

En 2019, le nombre de créations d’entreprises augmente encore vivement en Provence-Alpes-Côte d’Azur (+16,3 % après +19,2 % en 2018). Cette hausse concerne tous les types d’entreprises : entreprises individuelles, micro-entreprises et sociétés. Le nombre de défaillances d’entreprises est stable sur un an.

Croissance soutenue de l’encours des crédits bancaires en 2019

Sur l’année 2019, l’encours de crédits bancaires progresse de 6,7 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Cette hausse est supérieure à celle de la France de province (+5,6 %). Dans la région, les trois principales composantes de l’encours sont orientées à la hausse : les crédits à l’habitat (+6,9 %), les crédits d’équipement (+4,8 %) et les crédits de trésorerie (+6,2 %). L’encours total de crédit a progressé dans tous les départements de la région.

L’étude régionale menée par la Banque de France auprès des chefs d’entreprise permet d’observer une hausse moyenne du chiffre d’affaires de 1,8 % (après +3,7 % en 2018). En revanche, les dépenses d’investissement se rétractent (-2,0 %) après la forte hausse de 2018 (+14,8 %).

Fréquentation touristique en hausse, portée par les hôtels

En Provence-Alpes-Côte d’Azur, la fréquentation des hôtels et campings repart à la hausse en 2019, pour s’établir à 39 millions de nuitées.

Après avoir été plutôt timide en 2018, la hausse de la fréquentation des hôtels est vigoureuse en 2019. Cette hausse est portée par les touristes résidant en France, alors que les nuitées des touristes venant de l’étranger progressent plus modérément.

Dans les campings, le nombre de nuitées recule à nouveau en 2019. La hausse des arrivées de touristes dans ce type d’hébergement ne compense pas la diminution de la durée des séjours.

25 millions de passagers aériens

En 2019, les achats de véhicules neufs demeurent très élevés en Provence-Alpes-Côte d’Azur et la part des véhicules « propres » dans le parc automobile régional est au-dessus de la moyenne nationale.

Le transport maritime de passagers poursuit sa progression, porté par les croisières, tandis que le transport maritime de marchandises diminue.

Le transport de voyageurs par avion, soutenu par le low-cost, marque un nouveau record en 2019 en franchissant le cap des 25 millions de passagers.

L’année 2020 marquera une rupture brutale pour le transport de voyageurs et les achats de véhicules.

Gel, canicule et sécheresse mettent à l’épreuve les productions et les marchés agricoles

La campagne agricole 2019 en Provence-Alpes-Côte d’Azur est marquée par des conditions météorologiques défavorables à la production. Les rendements de l’ensemble des fruits et légumes d’été sont réduits.

Les récoltes de cerises, pêches, pommes et salades d’hiver tirent cependant leur épingle du jeu et sont bien valorisées. La situation est plus difficile sur les marchés des raisins de table, melons et tomates anciennes.

La vendange régionale est elle aussi en baisse, victime du gel de printemps et de la sécheresse estivale. Mais l’export de vins se porte toujours bien, en dépit des surtaxes douanières américaines instaurées à l’automne. Les plantes à parfum aromatiques et médicinales ont quant à elles toujours le vent en poupe avec des surfaces toujours en hausse, malgré un marché de plus en plus concurrentiel.

Un marché immobilier du neuf qui se stabilise dans un contexte incertain

En 2019, le marché de la construction résiste en Provence-Alpes-Côte d’Azur, après une année 2018 difficile. Le nombre d’autorisations de construire reste au niveau de 2018, mais les mises en chantier sont moins nombreuses, conséquence de la forte diminution des autorisations précédentes. Les mises en vente de logements neufs sont en fort recul dans la région, mais les prix restent sur une tendance haussière.

Le nombre d’allocataires du RSA diminue en 2019

Dix ans après la mise en place du revenu de solidarité active (RSA), 154 700 foyers bénéficient de cette prestation en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Après une hausse en 2018, le nombre d’allocataires diminue de 1,2 % en 2019. Le recul est particulièrement prononcé dans les Alpes-Maritimes.

Le nombre de bénéficiaires de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) continue de progresser et s’établit désormais à plus de 93 000 allocataires.

Contexte national - L’économie française en ralentissement modéré en 2019 puis en forte chute début 2020

L’activité a ralenti en 2019 dans presque tous les pays avancés

Les incertitudes politiques et économiques provenant notamment du Brexit ou de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine ont pesé non seulement sur les échanges commerciaux mais aussi, plus globalement, sur l’investissement des entreprises et la croissance mondiale. Après un pic d’activité en 2018, l’activité aux États-Unis a ralenti en 2019 (+ 2,3 % après + 2,9 %), grevée par la décélération de la consommation des ménages (+ 2,6 % après + 3,0 %) et par l’essoufflement de l’investissement des entreprises (+ 2,1 % après + 6,4 %). En zone euro, l’activité a également ralenti, pour la deuxième année consécutive (+ 1,2 % après + 1,9 %) et malgré une politique monétaire de la Banque centrale européenne toujours accommodante. En particulier, l’activité a très nettement décéléré en Allemagne (+ 0,6 % après + 1,5 %) et en Italie (+ 0,3 % après + 0,8 %) mais a un peu mieux résisté en France (+ 1,5 % après + 1,8 %) et en Espagne (+ 2,0 % après + 2,4 %). En 2019, l’activité britannique a évolué par à-coups au gré des anticipations et des comportements de stockage avant la date, plusieurs fois reportée, du Brexit. En moyenne en 2019, l’activité y a crû de 1,4 % (après + 1,3 % en 2018).

En 2019, l’activité française a connu un nouveau ralentissement, quoique modéré

Après une année 2017 très dynamique (+ 2,3 %) et une décélération en 2018 (+ 1,8 %), l’activité a de nouveau ralenti en 2019 (+ 1,5 %, figure 3). Ce ralentissement est dû notamment à une dégradation des échanges extérieurs, qui ont contribué négativement à la croissance (- 0,2 point après + 0,4 point). En effet, les exportations en volume ont décéléré (+ 1,9 % après + 4,4 %) davantage que les importations (+ 2,5 % après + 3,1 %). Le ralentissement des exportations a concerné tant les produits manufacturés, notamment les matériels de transport, que les services. En revanche, la demande intérieure a nettement accéléré, soutenant la croissance (contribuant pour + 2,2 points, après + 1,4 point en 2018). Cette accélération a été portée à la fois par les dépenses de consommation des ménages et des administrations publiques et par l’investissement total.

Figure 3L’activité ralentit en 2019, freinée par le solde du commerce extérieurCroissance du PIB et contributions

Variation annuelle du PIB en %, contributions en points
L’activité ralentit en 2019, freinée par le solde du commerce extérieur (Variation annuelle du PIB en %, contributions en points)
Consommation privée (points) Investissement privé (points) Consommation des APU (points) Investissement des APU (points) Solde du commerce extérieur (points) Variation de stocks (points) Croissance du PIB (%)
2015 0,8 0,4 0,2 -0,2 -0,4 0,3 1,1
2016 1,0 0,6 0,3 0,0 -0,4 -0,4 1,1
2017 0,8 1,0 0,3 0,0 -0,1 0,2 2,3
2018 0,5 0,6 0,2 0,1 0,4 0,0 1,8
2019 0,8 0,7 0,4 0,3 -0,2 -0,4 1,5
  • Champ : France.
  • Source : Insee, comptes nationaux, base 2014.

Figure 3L’activité ralentit en 2019, freinée par le solde du commerce extérieurCroissance du PIB et contributions

  • Champ : France.
  • Source : Insee, comptes nationaux, base 2014.

La consommation des ménages a accéléré

Les dépenses de consommation des ménages ont accéléré en 2019 (+ 1,5 % en volume, après + 0,9 % en 2018), dans un contexte d’accélération du pouvoir d’achat du revenu disponible brut des ménages. Ces dépenses ont été soutenues, en particulier, par les achats de biens durables, notamment en équipement du logement, et par les dépenses de loyers, d’hébergement-restauration et d’autres services marchands.

L’investissement a été très dynamique

La formation brute de capital fixe de l’ensemble des agents économiques a accéléré en 2019 (+ 4,2 % après + 3,2 % en 2018), soutenue par l’investissement des ménages (+ 1,8 % après + 1,5 %) et par l’investissement public (+ 7,7 % après + 3,3 %), lui-même porté par l’investissement en construction des collectivités locales avant les élections municipales. L’investissement des entreprises est resté très dynamique (+ 3,6 % après 3,7 %), en particulier en services.

En 2019, le chômage a nettement baissé

L’emploi total a fortement accéléré en 2019, avec 358 000 créations nettes d’emplois tous secteurs confondus après 228 000 en 2018 (dont 287 500 créations nettes d’emplois dans le champ salarié public et privé, après 158 100 en 2018). Ainsi, le taux de chômage a poursuivi sa décrue, atteignant 8,1 % de la au quatrième trimestre 2019 après 8,7 % au quatrième trimestre 2018 (soit 8,4 % en moyenne annuelle en 2019 après 9,0 % en 2018).

Le pouvoir d’achat des ménages a soutenu la consommation

En 2019, le revenu disponible brut des ménages a progressé de 3,1 % en valeur (après + 3,0 % en 2018). Il a été soutenu par une accélération des prestations sociales (+ 3,1 % après + 2,0 %, notamment du fait, en 2019 de la revalorisation et de l’élargissement de la prime d’activité mis en place dans le cadre des mesures d’urgence économiques et sociales) et par le ralentissement des impôts courants (+ 0,3 % après + 9,6 % en 2018), du fait notamment de la poursuite des réductions de taxe d’habitation et après une forte hausse de la CSG en 2018 du fait de la bascule de cotisations sociales vers la  CSG. Les salaires nets de cotisations sociales ont ralenti, mais sont restés vigoureux (+ 3,3 % après + 4,8 %). Le prix de la dépense de consommation finale a ralenti (+ 0,9 % après + 1,7 % en 2018), si bien que le pouvoir d’achat du revenu disponible a accéléré (+ 2,1 % après + 1,3 %, figure 4). Ramené au niveau individuel, le pouvoir d’achat par unité de consommation a augmenté de 1,5 % (après + 0,7 % en 2018).

Du côté des entreprises, la transformation du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) en allègements de cotisations sociales a nettement soutenu le taux de marge des sociétés non financières (+ 1,8 point, mais + 0,1 point hors transformation du CICE).

Figure 4L’accélération des prestations sociales soutient le pouvoir d’achatÉvolution du pouvoir d'achat en % et contributions en points

L’accélération des prestations sociales soutient le pouvoir d’achat
Revenus d'activité (points) Prestations sociales en espèces (points) EBE des ménages purs (points) Revenus nets de la propriété (points) Revenus nets de la propriété et EBE des ménages purs (points) Prélèvements obligatoires (points) Prix de la consommation des ménages (points) Pouvoir d'achat des ménages (%)
2015 1,0 0,6 0,3 0,0 0,2 -0,5 -0,3 0,8
2016 1,3 0,6 0,3 -0,2 0,1 -0,4 -0,2 1,6
2017 2,3 0,6 0,3 -0,1 0,2 -0,8 -0,8 1,7
2018 1,9 0,7 0,3 0,7 1,0 -0,6 -1,7 1,3
2019 1,9 1,1 0,0 0,2 0,3 -0,2 -0,9 2,1
  • Champ : France.
  • Source : Insee, comptes nationaux, base 2014.

Figure 4L’accélération des prestations sociales soutient le pouvoir d’achatÉvolution du pouvoir d'achat en % et contributions en points

  • Champ : France.
  • Source : Insee, comptes nationaux, base 2014.

Au mois de mars et au deuxième trimestre 2020, l’activité a fortement chuté

Le contexte conjoncturel de l’année 2019 a été radicalement modifié début 2020 avec l’émergence de l’épidémie de Covid-19, frappant d’abord la Chine puis se propageant dans le reste du monde. Les mesures prises, en France et dans les autres pays concernés, pour endiguer la propagation du virus, ont des conséquences lourdes sur le fonctionnement des économies. En France, un confinement de la population a été mis en place entre le 16 mars et le 11 mai, s’ajoutant à la fermeture des établissements recevant du public et des commerces non essentiels.

Dans ce contexte, l’activité a lourdement chuté : pendant toute la période de confinement, elle se serait située à environ un tiers en deçà de son niveau en situation « normale » d’activité (figure 5). Dans les autres pays, la forte baisse du PIB au premier trimestre 2020 témoigne, comme en France, de l’.

En France, la perte d’activité concerne surtout les branches marchandes (- 40 % pendant toute la durée de confinement). Dans l’industrie, hormis la branche agro-alimentaire nécessaire à la fourniture de biens essentiels, les autres branches sont particulièrement touchées, à travers la baisse de la demande nationale et étrangère, les difficultés d’approvisionnement ou encore l’indisponibilité de la main-d’œuvre et les difficultés à mettre en place les mesures sanitaires sur les sites de production. Dans les services, les pertes d’activité sont plus contrastées, élevées dans les secteurs directement concernés par les mesures de confinement (commerce, services de transport, hébergement et restauration, loisirs) et plus faibles dans les activités telles que les services financiers ou d’assurance. Enfin, la construction a pâti de l’arrêt partiel voire complet des chantiers.

La crise sanitaire s’est également traduite par un recul important de la consommation des ménages, qui elle aussi se serait située un tiers environ en deçà de son niveau en situation « normale » (- 35 % de perte de consommation à la fin mars puis - 32 % au 7 mai). Cette perte traduit notamment la chute des achats de carburants, de véhicules automobiles et d’autres biens manufacturés (habillement) mais également des services de transport, d’hébergement et restauration et de loisirs. En revanche, certains produits ont vu leur consommation augmenter pendant le confinement (produits alimentaires notamment).

Cette crise touche fortement l’ensemble des régions françaises, avec quelques disparités néanmoins, compte tenu des différences de structure sectorielle qui existent d’. En effet, la perte d’activité au niveau local dépend entre autres du poids des activités durement touchées par la crise (tourisme, construction…) et de celui des secteurs qui au contraire sont davantage épargnés (agriculture).

Figure 5L’activité a fortement baissé pendant le confinement puis se redresserait progressivementLes services ont été principalement touchés par la perte d'activité

En %
L’activité a fortement baissé pendant le confinement puis se redresserait progressivement (En %)
Agriculture, sylviculture et pêche Industrie Construction Services principalement marchands Services principalement non marchands Evolution activité totale
26 mars -0,2 -6,0 -5,0 -20,2 -3,2 -34,6
9 avril -0,2 -5,9 -4,9 -21,9 -3,4 -36,3
23 avril -0,2 -5,3 -4,4 -21,6 -3,3 -34,9
7 mai -0,2 -5,2 -4,2 -20,3 -3,3 -33,2
27 mai -0,1 -3,3 -2,1 -13,9 -1,7 -21,2
  • Source : Points de conjoncture de l’Insee ; les dates indiquées sont les dates de parution de ces différents Points.

Figure 5L’activité a fortement baissé pendant le confinement puis se redresserait progressivementLes services ont été principalement touchés par la perte d'activité

  • Source : Points de conjoncture de l’Insee ; les dates indiquées sont les dates de parution de ces différents Points.

Hors Mayotte.

Au premier trimestre 2020, le PIB a baissé de 2,2 % en Allemagne, 5,3 % en France, 5,3 % en Italie, 5,2 % en Espagne, 2,0 % au Royaume-Uni, 1,3 % aux États-Unis, ces écarts pouvant traduire à la fois les différences de calendrier dans la mise en place de mesures d’endiguement de l’épidémie et les différences méthodologiques d’estimation de l’activité dans cette période très particulière.

Voir l’éclairage régional du Point de conjoncture du 7 mai.

Hors Mayotte.

Au premier trimestre 2020, le PIB a baissé de 2,2 % en Allemagne, 5,3 % en France, 5,3 % en Italie, 5,2 % en Espagne, 2,0 % au Royaume-Uni, 1,3 % aux États-Unis, ces écarts pouvant traduire à la fois les différences de calendrier dans la mise en place de mesures d’endiguement de l’épidémie et les différences méthodologiques d’estimation de l’activité dans cette période très particulière.

Voir l’éclairage régional du Point de conjoncture du 7 mai.