Insee Conjoncture Provence-Alpes-Côte d'AzurBilan économique 2019 - Provence-Alpes-Côte d'Azur

Une économie régionale dynamique, avant la rupture

En 2019, la croissance économique mondiale ralentit, du fait des incertitudes liées au Brexit ou aux tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis. En France, l’activité a de nouveau ralenti en 2019, avant la baisse brutale début 2020, due à la crise sanitaire.

Dans ce contexte, l’activité économique reste globalement dynamique en 2019 en Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’emploi progresse et le taux de chômage diminue significativement. Le nombre de bénéficiaires du revenu de solidarité active se réduit. Les créations d’entreprises restent dynamiques et les défaillances sont stables.

Insee Conjoncture Provence-Alpes-Côte d'Azur
No 29
Paru le :Paru le18/06/2020
Muriel Le-Roux, Olivier Legras (Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt)
Insee Conjoncture Provence-Alpes-Côte d'Azur No 29- Juin 2020

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2019 publiés par l'Insee.
Retrouvez les bilans des autres régions ici.

Cette année, la situation exceptionnelle de la pandémie dans les premiers mois de 2020 introduit une rupture avec la dynamique de 2019 et remet en question les éventuelles prévisions réalisées précédemment. Ainsi, ces bilans rendent également compte de la crise, uniquement sur la période de confinement.

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Agriculture - Gel, canicule et sécheresse mettent à l’épreuve les productions et les marchés agricoles Bilan économique 2019

Muriel Le-Roux, Olivier Legras (Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt)

La campagne agricole 2019 en Provence-Alpes-Côte d’Azur est marquée par des conditions météorologiques défavorables à la production. Les rendements de l’ensemble des fruits et légumes d’été sont réduits.

Les récoltes de cerises, pêches, pommes et salades d’hiver tirent cependant leur épingle du jeu et sont bien valorisées. La situation est plus difficile sur les marchés des raisins de table, melons et tomates anciennes.

La vendange régionale est elle aussi en baisse, victime du gel de printemps et de la sécheresse estivale. Mais l’export de vins se porte toujours bien, en dépit des surtaxes douanières américaines instaurées à l’automne. Les plantes à parfum aromatiques et médicinales ont quant à elles toujours le vent en poupe avec des surfaces toujours en hausse, malgré un marché de plus en plus concurrentiel.

Insee Conjoncture Provence-Alpes-Côte d'Azur

No 29

Paru le :18/06/2020

Une météorologie en dents de scie

L’année 2019 se caractérise par un hiver très doux, suivi de gelées printanières tardives qui réduisent les productions d’abricots, pêches et pommes. L’épisode caniculaire de fin juin bloque le développement des tomates et perturbe le calendrier de production du melon. La sévère sécheresse estivale affecte ensuite la production de raisin avant que les orages violents et répétés de l’automne ne précipitent la fin de la campagne pour la majorité des produits d’été.

Fruits et légumes : des récoltes bien valorisées à l’exception des melons, raisins et tomates anciennes

La cerise s’écoule rapidement dans un marché sous-approvisionné, l’offre étant limitée et la demande dynamique. Le cours moyen de la campagne est supérieur à la moyenne quinquennale de 20 % à 25 % selon les variétés. Les volumes récoltés s’accroissent fortement par rapport à ceux, très faibles, de 2018. Cependant ils demeurent inférieurs à la moyenne quinquennale (-26 %) en raison d‘épisodes de vent survenus au mois de mai (figure 1).

La récole de pêches et nectarines est la 2e plus faible des cinq dernières années. Son arrivée tardive entraîne un sous-approvisionnement du marché et une hausse des cours jusqu’à la mi-août. Malgré un retournement et une offre excédentaire en fin d’été, le cours moyen 2019 est supérieur de 9 % à la moyenne des cinq années précédentes.

La récolte d’abricots s’accroît en 2019 et dépasse de 11 % la moyenne 2014-2018. Les aléas climatiques affectent toutefois la qualité des fruits et les calibres se réduisent. Cela freine la consommation dès les premiers jours de juillet et les ventes sont en baisse. Le cours moyen de l’abricot recule donc de 5 % par rapport à la moyenne quinquennale.

Les ventes de tomates connaissent de grandes difficultés en mai et août. La fraîcheur du printemps bride la consommation, provoquant une de seize jours. Fait nouveau en 2019, les méventes concernent l’ensemble des variétés de tomate, y compris les variétés anciennes jusqu’alors préservées. La période de canicule dynamise ensuite la demande mais détruit une partie de la production en juillet et août. Le cours moyen de la tomate « grappe » est 10 % supérieur lors de la campagne 2019 par rapport à la moyenne quinquennale, tandis que celui des tomates « cœur de bœuf » est de 11 % inférieur.

Pour la 3e année consécutive, l’essentiel de la production régionale de melon arrive en même temps que ses concurrents nationaux, eux-mêmes en avance. Ainsi, mi-juillet, malgré des températures idéales, l’offre nationale dépasse largement la consommation, déstabilisant le marché. Les cours chutent de près de 50 % en quelques jours, déclenchant une de cinq jours.

À l’automne, la commercialisation de la pomme débute tardivement dans un contexte de stocks mondiaux encore importants. Le des pommiers est en repli de 10 % par rapport à la moyenne quinquennale : les conditions météorologiques chaotiques ont en effet freiné le grossissement des fruits. Les ventes restent au ralenti jusqu’en fin d’année. Seul l’export à destination du Moyen-Orient et de l’Asie est fluide sur des lots de qualité. Les cours sont plus bas que l’an passé mais supérieurs de 8 à 18 % à la moyenne quinquennale selon les variétés, grâce au stockage frigorifique qui permet de lisser l’offre sur une longue période.

Les ventes de raisin de table sont elles aussi en berne. La vive concurrence italienne et le manque de consommation pèsent sur les cours. Le stockage frigorifique joue un rôle crucial afin d’ajuster l’offre à la demande, sans toutefois permettre cette année de valoriser le produit.

Enfin, l’année se termine dans un marché de la salade rémunérateur. Les cours demeurent élevés de novembre à mi-janvier 2020 et sont supérieurs de 12 % à la moyenne quinquennale. Le rendement estimé est quant à lui supérieur de 7 % à la moyenne quinquennale.

Figure 1Prix moyens annuels des fruits en Provence-Alpes-Côte d'Azur Prix par kg

Prix moyens annuels des fruits en Provence-Alpes-Côte d'Azur
en euros 2019
(expédition)
(** production)
Évolution en %
2019 / 2018 2019 / moyenne 2014 - 2018
Abricot 1,91 -8,2 -4,5
Cerise de bouche 5,51 34,1 24,8
Fraise 6,07 -10,6 -11,8
Nectarine 1,81 -13,0 7,5
Pêche 1,74 -11,2 9,2
Poire 1,17 0,9 24,7
Pomme (destination France)
gala 0,93 -7,0 7,9
golden 0,97 -9,3 18,9
granny smith 1,01 -4,7 14,3
Raisin
lavallée 1,74 -17,5 -15,5
muscat de Hambourg 2,94 -2,0 -5,4
cardinal 2,23 13,2 21,6
Reines-claudes ** 1,95 -5,3 7,0
  • Source : Réseau des nouvelles des marchés

Grandes cultures : chute des surfaces de blé dur

La production globale de céréales est en baisse légère de -3 %. Les surfaces de céréales reculent de 9 %, sous l’effet de la chute de la de blé dur (-38 %) (figure 2), dont les prix des contrats diminuent. Le contexte conjoncturel difficile pour cette céréale incite les agriculteurs à trouver des alternatives économiques. Certains se tournent vers l’orge dont les surfaces cultivées dans la région augmentent de près de 16 %.

Les fréquentes pluies automnales de 2018 ont en outre retardé les semis de céréales d’hiver. Une partie d’entre eux n’a pu être réalisée qu’en janvier ou février 2019, ce qui a eu un impact négatif sur les rendements. La canicule a ensuite réduit les rendements des cultures d’automne : maïs, tournesol, soja et, dans une moindre mesure, le riz.

Figure 2Production en grandes cultures en Provence-Alpes-Côte d'Azur

Production en grandes cultures en Provence-Alpes-Côte d'Azur
Surfaces Productions Rendements
2019 (ha) 2019 / 2018 en % 2019 / moyenne 2014 – 2018 en % 2019 (T) 2019 / 2018 en % 2019 / moyenne 2014 – 2018 en % 2019 (T) 2019 / 2018 en % 2019 / moyenne 2014 – 2018 en %
Blé tendre 9 095 23,7 -3,7 31 186 29,2 -11,7 3,4 3,0 -8,6
Blé dur 21 038 -37,6 -44,4 71 337 -37,3 -50,2 3,4 0,0 -11,5
Orge & Escourgeon 11 754 16,4 9,0 48 671 31,2 18,8 4,1 10,8 7,9
Avoine 1 712 -12,1 0,8 4 280 -12,1 2,7 2,5 0,0 2,5
Maïs 3 113 16,6 -16,0 24 640 5,8 -22,8 7,9 -9,2 -8,6
Sorgho 2 131 61,3 37,2 7 855 21,5 3,0 3,7 -24,5 -24,5
Triticale 2 394 5,6 -21,4 9 440 6,7 -21,8 3,9 0,0 -1,5
Autres céréales 1 312 15,3 77,2 2 120 15,9 56,4 1,5 -6,3 -11,8
Riz 11 517 21,7 2,9 68 088 22,0 8,3 5,9 0,0 5,0
Total céréales 64 365 -9,0 -19,9 268 437 -3,0 -21,2 4,2 2,7 1,0
Colza 1 328 32,9 -47,3 2 115 -2,0 -60,2 1,6 -27,3 -25,2
Tournesol 8 586 12,1 6,0 14 508 -3,7 -5,5 1,7 -15,0 -10,5
Soja 663 11,1 -29,2 1 583 5,1 -33,9 2,4 -4,0 -5,5
Autres oléagineux 252 115,4 125,8 410 98,0 119,3 1,6 -5,9 -3,6
Total oléagineux 10 844 16,0 -7,1 16 501 -12,0 -29,0 1,7 -19,0 -17,0
Protéagineux 797 -18,0 -57,3 1 533 -20,0 -60,6 1,9 -5,0 -9,0
  • Source : Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt – Paca
  • AGRESTE données définitives jusqu'en 2017 et semi-définitives pour 2018

Viticulture : une production régionale réduite par la sécheresse estivale

En 2019, la production régionale s’élève à 3,8 millions d’hectolitres (hl), en baisse de 7 % par rapport à la moyenne quinquennale (figure 3). Le gel localisé au printemps, la faible pluviométrie et les températures caniculaires de juin ont asséché les grains, entraînant des jus très concentrés. Avec des rendements en baisse sur la majeure partie des vignobles régionaux, cette récolte est l’une des plus basses des cinq dernières années.

Avec 176,5 millions d’euros, l’export de vins bondit de 27 % au 3e trimestre 2019 par rapport au 3e trimestre 2018. Les États-Unis restent le principal client international de vins rosés de Provence (Côtes de Provence rosé, Coteaux d’Aix-en-Provence et Coteaux Varois en Provence). La hausse des droits de douane à l’entrée du marché américain génère de l’incertitude pour les mois à venir et pourrait favoriser la concurrence italienne, exonérée de cette augmentation.

Figure 3Viticulture en Provence-Alpes-Côte d'Azur

Viticulture en Provence-Alpes-Côte d'Azur
2019 Évolution en %
2019 / 2018 2019 / moyenne 2012 - 2018
SUPERFICIE en ha
AOP autres que les vins doux naturels 64 786 0 1
Vins doux naturels en AOP 407 0 -8
Ensemble des vins AOP 65 193 0 0
Autres vins, jus et moûts 20 469 1 0
Vignes de cuve en production 85 662 1 0
Vignes de cuve non productives 742 17 44
Superficie en vignes de cuve 86 404 1 1
PRODUCTION en hl
AOP autres que les vins doux naturels 2 729 001 5 -1
Vins doux naturels en AOP 5 000 11 26
Ensemble des vins AOP 2 734 001 2 -1
IGP, VSIG et autres 1 097 115 -6 -18
dont IGP 1 028 459 -2 -5
Production totale 3 831 116 -1 -7
  • Source : Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt – Paca
  • AGRESTE données définitives pour 2018 et 2019

Lavande et lavandin : des surfaces toujours en hausse

La campagne 2019 est marquée par des conditions météorologiques défavorables à la production. Les rendements en huiles essentielles de lavande et de lavandin sont en retrait de 3 % par rapport à la moyenne quinquennale. Les surfaces poursuivent leur progression, en hausse de 9 % par rapport à l’an passé ce qui permet de compenser la baisse de production.

Le marché mondial du lavandin est très soutenu, les prix atteignent des records. La tendance s’inverse pour l’huile essentielle de lavande dont les cours se tassent sous l’effet de la concurrence bulgare, en plein essor.

Filière animale : des troupeaux ovins en hausse

La production de fourrage est fortement perturbée cette année. La sécheresse réduit les rendements en limitant la pousse d’herbe sur les secteurs non irrigués.

En 2019, les effectifs ovins augmentent à nouveau (+7 %). Les cours moyens des agneaux sont supérieurs de 6 % à l’an passé (figure 4). Les exportations sont également supérieures de 6 % par rapport à 2018, tandis que les importations de viande ovine reculent de près de 11 %.

Le prix moyen d’achat du lait de vache aux éleveurs atteint 0,360 euros/litre. Il continue sa progression (+6 % sur un an).

Figure 4Productions ovines et bovines en région Provence-Alpes-Côte d'Azur

Unités : têtes de bétail et hectolitres
Productions ovines et bovines en région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Unités : têtes de bétail et hectolitres)
2019 Évolution en %
2019 / 2018 2019 / moyenne 2014 - 2018
bovins Vaches laitières 6 648 -1,8 -7,6
Génisses laitières 5 521 -10,2 -20,0
Vaches nourrices 17 515 1,4 2,8
Génices nourrices 10 684 3,6 17,5
Autres bovins 28 521 0,2 -2,4
Effectif total 68 889 -0,1 -0,8
ovins Agnelles 92 655 7,3 3,3
Brebis mères 522 518 7,3 8,2
dont brebis mères traites 7 613 7,3 23,7
Autres ovins 232 804 7,5 8,4
Effectif total 847 804 7,3 7,3
lait Lait de vache livré à l'industrie (Hl) 184 917 0,0 -10,9
Prix moyen (€/L) 0,360 5,7 3,3
  • Source : Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt – Paca
  • AGRESTE données définitives jusqu'en 2017 et provisoires pour 2018

Définitions

Crise conjoncturelle : Selon l' arrêté du 26 avril 2013 modifiant l'arrêté du 24 mai 2005 fixant les modalités d'application de l'article L. 611-4 du code rural, lorsque l'indicateur de marché d'un produit révèle une situation de prix expédition anormalement bas pendant 2 ou 5 jours ouvrés consécutifs (selon le produit), ce produit est considéré en situation de crise conjoncturelle. Des mesures économiques sont alors mises en place par les distributeurs (réduction des marges brutes, mises en avant des produits...) afin de favoriser l'écoulement de la production et rehausser ainsi les cours.

Rendements : volume produit pour une surface donnée, généralement en quintal par hectare ou tonne par hectare

Sole : superficie semée, dédiée à la culture de céréales