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Insee Conjoncture Bretagne · Juin 2024 · n° 49
Insee Conjoncture BretagneBilan économique 2023 - Bretagne Un léger ralentissement de l’économie bretonne en 2023

En 2023, dans un contexte international instable et inflationniste, l’économie bretonne apparaît un peu moins dynamique qu’en 2022. La hausse du chiffre d’affaires des entreprises observée dans tous les grands secteurs est moins marquée en 2023. De même, l’activité mesurée par le nombre d’heures rémunérées progresse moins en 2023 que l’année précédente.

Pourtant, avec 16 300 emplois créés en un an, la Bretagne affiche la plus forte hausse de l’emploi salarié des régions métropolitaines. Le taux de chômage (6,1 % de la population active), bien qu’en légère hausse, reste à un niveau bas, bien inférieur au niveau national (7,5 %).

Par ailleurs, le déficit commercial de la région s’améliore grâce à une diminution des importations, les productions agricoles sont fortement valorisées, le secteur du tourisme reste dynamique grâce à une montée en gamme de l’offre d’hébergement et les immatriculations de véhicules repartent à la hausse. Enfin, la couverture énergétique de la Bretagne s’améliore et la production d’énergies renouvelables progresse nettement.

Mais la Bretagne doit aussi faire face à des indicateurs économiques moins favorables en 2023 : la création nette d’emplois salariés diminue par rapport à 2022 et le nombre de demandeurs d’emploi augmente de 1,0 %, plus qu’en France. Le nombre de créations d’entreprises est en repli et celui des défaillances de nouveau en forte croissance. Enfin, la conjoncture est très dégradée dans la construction, avec une chute à la fois des autorisations de construction et des mises en chantier.

Insee Conjoncture Bretagne
No 49
Paru le :Paru le13/06/2024

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2023 publiés par l'Insee.

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Emploi salarié - En 2023, la Bretagne affiche la plus forte hausse de l’emploi salarié des régions métropolitaines Bilan économique 2023

Agnès Palaric (Insee), Stéphane Moro (Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités)

Entre fin 2022 et fin 2023, l’emploi salarié progresse deux fois plus vite en Bretagne qu’au niveau national (+1,2 % contre +0,6 %). S’il augmente dans tous les départements bretons, l’Ille-et-Vilaine porte à elle seule plus de la moitié des 16 300 créations nettes d’emplois en 2023 dans la région. Le tertiaire non marchand apparaît comme le principal moteur de la croissance avec 9 100 emplois créés. Sous l’effet de la baisse de l’intérim, l’emploi dans le tertiaire marchand ralentit. Dans l’industrie bretonne, il progresse plus faiblement et dans la construction, il se replie même légèrement. Quant au secteur agricole, il gagne des emplois dans un contexte de baisse nationale.

Insee Conjoncture Bretagne

No 49

Paru le :13/06/2024

Avertissement

Dans cette publication, le concept d'emploi se réfère aux critères du Bureau international du travail (BIT). Sont comprises dans l'emploi à la fois les personnes ayant travaillé au moins une heure rémunérée pendant une période donnée, mais également les personnes en emploi n’ayant pas travaillé pour certaines raisons (en particulier celles en chômage partiel et en arrêt maladie).

L’emploi salarié breton augmente deux fois plus vite qu’au niveau national

Au cours de l’année 2023, l’emploi salarié poursuit sa croissance chaque trimestre en Bretagne, entre 0,2 % et 0,4 % (figure 1). Fin décembre 2023, la région compte 1 325 000 emplois salariés, soit 16 300 de plus que fin 2022. En un an, l’emploi salarié marque le pas en France (+0,6 %), tandis qu’il augmente de 1,2 % en Bretagne, soit deux fois plus qu’au niveau national. Il s’agit de la plus forte hausse des régions métropolitaines (figure 2).

Figure 1Évolution trimestrielle de l'emploi salarié

(indice base 100 au 4ᵉ trimestre 2017)
Évolution trimestrielle de l'emploi salarié ((indice base 100 au 4ᵉ trimestre 2017))
Emploi salarié total - Bretagne Emploi salarié total - France hors Mayotte Emploi salarié privé - Bretagne Emploi salarié privé - France hors Mayotte
4ᵉ trim. 2017 100,0 100,0 100,0 100,0
1ᵉ trim. 2018 100,2 100,3 100,2 100,4
2ᵉ trim. 2018 100,4 100,3 100,5 100,6
3ᵉ trim. 2018 100,3 100,2 100,4 100,5
4ᵉ trim. 2018 100,8 100,6 101,1 100,9
1ᵉ trim. 2019 101,3 101,1 101,9 101,5
2ᵉ trim. 2019 101,5 101,3 102,0 101,8
3ᵉ trim. 2019 102,1 101,7 102,6 102,2
4ᵉ trim. 2019 102,5 102,0 103,2 102,6
1ᵉ trim. 2020 100,5 100,2 100,6 100,2
2ᵉ trim. 2020 100,8 99,8 101,2 100,0
3ᵉ trim. 2020 102,9 101,8 103,7 102,2
4ᵉ trim. 2020 102,9 101,8 103,6 102,1
1ᵉ trim. 2021 104,0 102,6 105,2 103,2
2ᵉ trim. 2021 105,2 103,8 106,6 104,7
3ᵉ trim. 2021 106,0 104,6 107,6 105,6
4ᵉ trim. 2021 106,4 105,0 108,2 106,2
1ᵉ trim. 2022 106,8 105,3 108,6 106,6
2ᵉ trim. 2022 107,3 105,8 109,1 107,2
3ᵉ trim. 2022 107,8 106,2 109,9 107,7
4ᵉ trim. 2022 108,3 106,5 110,4 108,2
1ᵉ trim. 2023 108,7 106,7 110,7 108,4
2ᵉ trim. 2023 108,9 106,8 110,8 108,5
3ᵉ trim. 2023 109,3 107,1 111,2 108,8
4ᵉ trim. 2023 109,7 107,1 111,4 108,7
  • Notes : données provisoires pour le dernier trimestre et révisées pour les trimestres précédents ; données CVS en fin de trimestre.
  • Champ : emploi salarié total.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Urssaf, Dares, Insee.

Figure 1Évolution trimestrielle de l'emploi salarié

  • Notes : données provisoires pour le dernier trimestre et révisées pour les trimestres précédents ; données CVS en fin de trimestre.
  • Champ : emploi salarié total.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Urssaf, Dares, Insee.

Figure 2Évolution régionale de l'emploi salarié total entre fin 2022 et fin 2023

Évolution de l'emploi salarié total entre fin 2022 et fin 2023 (en %)
Évolution régionale de l'emploi salarié total entre fin 2022 et fin 2023 (Évolution de l'emploi salarié total entre fin 2022 et fin 2023 (en %))
Évolution de l'emploi salarié total entre fin 2022 et fin 2023 (en %)
Auvergne-Rhône-Alpes 0,6
Bourgogne-Franche-Comté 0,1
Bretagne 1,2
Centre-Val de Loire 0,3
Corse 0,1
France hors Mayotte 0,6
Grand Est 0,0
Guadeloupe 0,4
Guyane 2,9
Hauts-de-France 0,0
Île-de-France 0,8
La Réunion 0,9
Martinique 0,2
Normandie 0,5
Nouvelle-Aquitaine 0,3
Occitanie 0,7
Pays de la Loire 0,8
Provence-Alpes-Côte d'Azur 0,8
  • Lecture : les bornes comprennent une limite correspondant à l'évolution au niveau national (+0,6 % entre fin décembre 2022 et fin décembre 2023), ce qui permet de visualiser si les régions ont évolué plus ou moins vite comparativement au niveau national.
  • Notes : données provisoires pour le dernier trimestre et révisées pour les trimestres précédents ; données CVS en fin de trimestre.
  • Champ : emploi salarié total ; France hors Mayotte.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Urssaf, Dares, Insee.

Figure 2Évolution régionale de l'emploi salarié total entre fin 2022 et fin 2023

  • Lecture : les bornes comprennent une limite correspondant à l'évolution au niveau national (+0,6 % entre fin décembre 2022 et fin décembre 2023), ce qui permet de visualiser si les régions ont évolué plus ou moins vite comparativement au niveau national.
  • Notes : données provisoires pour le dernier trimestre et révisées pour les trimestres précédents ; données CVS en fin de trimestre.
  • Champ : emploi salarié total ; France hors Mayotte.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Urssaf, Dares, Insee.

Au niveau départemental, entre fin 2022 et fin 2023, l’emploi est le plus dynamique en Ille-et-Vilaine (+1,8 %) (figure 3). Avec 490 000 emplois fin décembre 2023, ce département représente 37 % de l’emploi salarié régional et plus de la moitié de la progression annuelle en volume (+8 600 emplois). Dans les Côtes-d’Armor, l’emploi augmente de 1,2 % en un an. C’est le seul département breton à afficher une croissance supérieure à celle de l’année 2022, qui était de +0,9 %. Le Finistère (+0,9 % soit +3 100 emplois) et le Morbihan (+0,7 % soit +2 000) présentent une croissance inférieure au taux régional.

Figure 3Emploi salarié total en fin d’année par département et par grand secteur d'activité

(en %)
Emploi salarié total en fin d’année par département et par grand secteur d'activité ((en %))
Zonage Emploi au 31/12/2023 (milliers) Évolution entre 2022 et 2023
Agriculture Industrie Construction Tertiaire marchand dont Intérim Tertiaire non marchand Total
Côtes-d'Armor 209,3 0,5 0,4 0,3 1,3 -0,0 1,7 1,2
Finistère 348,5 -0,4 0,8 -0,9 0,6 -10,3 1,7 0,9
Ille-et-Vilaine 490,0 2,5 0,2 -0,1 1,8 -4,1 2,8 1,8
Morbihan 277,3 1,4 0,4 -0,3 0,2 -9,9 1,7 0,7
Bretagne 1 325,0 0,8 0,4 -0,3 1,1 -6,0 2,1 1,2
  • Notes : données provisoires pour le dernier trimestre et révisées pour les trimestres précédents ; données CVS en fin de trimestre.
  • Champ : emploi salarié total.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Urssaf, Dares, Insee.

Au niveau sectoriel, le contribue le plus à l’augmentation annuelle de l’emploi régional (figure 4). Il est en effet le principal secteur créateur d’emplois (+9 100 sur un an), devant le tertiaire marchand (+6 400), l’industrie (+800) et l’agriculture (+200). Seul le secteur de la construction perd des emplois en 2023 (-200).

Figure 4Évolutions trimestrielles de l'emploi salarié total par grand secteur d'activité - Bretagne

(indice base 100 au 4ᵉ trimestre 2017)
Évolutions trimestrielles de l'emploi salarié total par grand secteur d'activité - Bretagne ((indice base 100 au 4ᵉ trimestre 2017))
Construction Industrie Tertiaire marchand hors intérim Tertiaire non marchand
4ᵉ trim. 2017 100,0 100,0 100,0 100,0
1ᵉ trim. 2018 100,3 100,0 100,5 100,0
2ᵉ trim. 2018 100,8 99,9 101,2 99,7
3ᵉ trim. 2018 101,6 99,8 101,2 99,5
4ᵉ trim. 2018 102,1 100,3 102,1 99,6
1ᵉ trim. 2019 102,7 100,6 102,9 99,6
2ᵉ trim. 2019 103,4 100,7 103,1 99,8
3ᵉ trim. 2019 104,8 101,2 103,7 100,1
4ᵉ trim. 2019 105,4 101,6 104,8 100,0
1ᵉ trim. 2020 105,2 101,1 103,2 99,9
2ᵉ trim. 2020 106,3 101,0 102,6 99,3
3ᵉ trim. 2020 108,0 101,4 105,1 100,6
4ᵉ trim. 2020 109,6 102,0 104,6 100,9
1ᵉ trim. 2021 110,9 102,8 106,3 100,9
2ᵉ trim. 2021 112,1 103,4 108,5 101,4
3ᵉ trim. 2021 112,8 104,2 109,7 101,5
4ᵉ trim. 2021 114,2 104,6 110,3 101,5
1ᵉ trim. 2022 114,6 104,9 111,0 101,9
2ᵉ trim. 2022 115,0 105,2 111,9 102,2
3ᵉ trim. 2022 115,9 105,6 112,7 102,2
4ᵉ trim. 2022 116,4 105,7 113,3 102,7
1ᵉ trim. 2023 116,6 105,7 114,0 103,2
2ᵉ trim. 2023 116,4 105,7 114,2 103,7
3ᵉ trim. 2023 116,4 105,9 115,0 104,1
4ᵉ trim. 2023 116,1 106,2 115,2 104,8
  • Notes : données provisoires pour le dernier trimestre et révisées pour les trimestres précédents ; données CVS en fin de trimestre.
  • Champ : emploi salarié total.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Urssaf, Dares, Insee.

Figure 4Évolutions trimestrielles de l'emploi salarié total par grand secteur d'activité - Bretagne

  • Notes : données provisoires pour le dernier trimestre et révisées pour les trimestres précédents ; données CVS en fin de trimestre.
  • Champ : emploi salarié total.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Urssaf, Dares, Insee.

Le tertiaire non marchand tire l’emploi breton vers le haut

En 2023, l’emploi salarié dans le secteur tertiaire non marchand totalise près de 442 000 emplois salariés dans la région (figure 5). Il accélère de 2,1 %, après +1,2 % en 2022. C’est la plus forte croissance annuelle des régions métropolitaines. L’augmentation est de 1,7 % dans les Côtes-d’Armor, le Finistère et le Morbihan. Elle est plus élevée en Ille-et-Vilaine (+2,8 %), liée au dynamisme du secteur de la santé (+5,0 %) avec 1 500 emplois créés, notamment dans les centres hospitaliers rennais.

En France, la hausse depuis fin 2022 dans le tertiaire non marchand est moins prononcée (+0,9 %).

Figure 5Emploi salarié total en fin d’année par secteur d'activité

(en %)
Emploi salarié total en fin d’année par secteur d'activité ((en %))
Secteur d'activité Emploi au 31/12/2023 (milliers) Évolution entre 2022 et 2023 Évolution annuelle moyenne entre 2017 et 2022 ¹
Bretagne Bretagne France hors Mayotte Bretagne France hors Mayotte
Agriculture 26,6 0,8 -0,4 1,4 1,9
Industrie 184,7 0,4 1,1 1,1 0,6
Industrie agroalimentaire 75,7 -0,5 0,8 1,0 1,7
Énergie, eau, déchets, cokéfaction et raffinage 14,3 3,3 2,1 1,5 1,1
Biens d'équipement 20,7 3,2 2,0 1,2 0,4
Matériels de transport 11,7 1,9 1,8 -0,4 -0,5
Autres branches industrielles 62,2 -0,2 0,5 1,4 0,3
Construction 82,3 -0,3 -0,7 3,1 2,9
Tertiaire marchand 589,8 1,1 0,4 2,4 1,8
Commerce 166,6 0,8 0,4 1,9 1,4
Transports 62,3 0,6 0,8 0,8 0,9
Hébergement - restauration 54,6 2,2 1,4 3,0 2,5
Information - communication 36,2 3,0 -0,1 4,6 4,1
Services financiers 37,7 2,9 1,5 1,8 1,1
Services immobiliers 10,2 -0,9 -2,9 4,8 2,2
Services aux entreprises hors intérim 118,4 2,6 1,5 4,3 2,8
Intérim 44,0 -6,0 -6,6 1,3 0,2
Services aux ménages 59,8 2,4 1,0 1,6 1,1
Tertiaire non marchand 441,6 2,1 0,9 0,5 0,4
Total 1 325,0 1,2 0,6 1,6 1,3
  • ¹ : évolution qui aurait été observée pour l'emploi salarié total du secteur pour chaque année de la période considérée, en supposant une évolution identique chaque année.
  • Notes : données provisoires pour le dernier trimestre et révisées pour les trimestres précédents ; données CVS en fin de trimestre.
  • Champ : emploi salarié total.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Urssaf, Dares, Insee.

La baisse de l’intérim freine la progression du tertiaire marchand

Le tertiaire marchand, composé du commerce et des services, regroupe en Bretagne 590 000 salariés fin 2023. Il représente 45 % de l’ensemble des salariés bretons, une part moins élevée que celle observée en France (49 %). Entre fin 2022 et fin 2023, l’emploi dans ce secteur augmente de 1,1 % (après +2,5 % en 2022), soit trois fois plus qu’en France (+0,4 %), ce qui correspond à 6 400 créations nettes d’emplois. Il progresse nettement en Ille-et-Vilaine (+1,8 %) et dans une moindre mesure dans les Côtes-d’Armor (+1,3 %). La hausse est plus limitée dans le Finistère (+0,6 %) et le Morbihan (+0,2 %), en lien avec la baisse d’environ 10 % de l’intérim dans chacun de ces deux départements (encadré).

Par sous-secteur, les services aux entreprises hors intérim, qui totalisent 118 000 emplois, gagnent 3 000 emplois en Bretagne depuis fin 2022, dont sept sur dix en Ille-et-Vilaine. L’augmentation de l’emploi dans ce secteur (+2,6 %) est plus élevée qu’en France (+1,5 %). Dans les services aux ménages, l’emploi croît de 2,4 % (+1 400) entre fin 2022 et fin 2023 en Bretagne, plus qu’en France (+1,0 %). L’Ille-et-Vilaine et le Morbihan portent la hausse régionale avec 500 emplois créés dans chacun des départements. Dans le commerce, qui regroupe 28 % des emplois du tertiaire marchand en Bretagne, l’emploi augmente de 0,8 % (+1 300 emplois), deux fois plus qu’en France (+0,4 %). La hausse, qui concerne majoritairement le commerce et la réparation d’automobiles et de motocycles, se situe entre 0,6 % dans le Finistère et 1,1 % en Ille-et-Vilaine. En 2023, l’hébergement-restauration, avec une augmentation de 2,2 % du nombre d’emplois dans la région, en crée deux fois moins qu’en 2022 (+1 200 après +2 600). Le département des Côtes-d’Armor affiche la plus forte progression annuelle : +3,6 %. Dans la région, la hausse est également marquée dans l’information et communication (+3,0 %) et les services financiers (+2,9 %). Seul le département des Côtes-d’Armor présente une baisse de l’emploi dans ces deux secteurs. L’emploi progresse plus modérément dans le transport et entreposage (+0,6 %), en lien avec une baisse des effectifs dans le Finistère (avec la fermeture du site Hop à Morlaix) et dans le Morbihan (avec les difficultés de certains transports routiers). Il diminue dans les services immobiliers (-0,9 %) dans tous les départements, excepté l’Ille-et-Vilaine (+0,6 %).

Dans l’industrie, l’emploi augmente moins qu’en France

L’industrie rassemble en Bretagne près de 185 000 salariés fin 2023, ce qui représente 14 % de l’ensemble des salariés bretons, une part un peu plus forte que celle observée en France (12 %). L’emploi dans l’industrie bretonne augmente moins qu’au niveau national (+0,4 % contre +1,1 %). Sur les 800 emplois industriels supplémentaires dans la région, près de la moitié se situe dans le Finistère. Dans les trois autres départements bretons, la hausse se situe entre 0,2 % et 0,4 %.

La Bretagne est la seule région métropolitaine où l’agroalimentaire, qui y représente 41 % des emplois de l’industrie, perd des emplois en 2023. Dans le sillage de l’année 2022, l’emploi dans les industries agroalimentaires diminue de 0,5 % en 2023 (-400 emplois), alors qu’en France, il augmente de 0,8 %. Le Finistère, sous l’effet de difficultés dans les conserveries, et l’Ille-et-Vilaine, marquée par la fermeture de la fromagerie Lactalis à Retiers en 2023, perdent chacun 200 emplois. Dans les deux autres départements bretons, l’emploi est quasi stable.

À l’inverse, l’emploi croît dans la fabrication de biens d’équipement (+3,2 %). En Ille-et-Vilaine, les emplois créés sont les plus nombreux (+400 sur 600 emplois supplémentaires), suite aux embauches de Thales à Étrelles et Safran Electronics & Defense à Fougères. Le sous-secteur de l’énergie, eau, déchets, cokéfaction et raffinage est également créateur d’emplois (+3,3 %, soit +500 emplois). Dans la fabrication de matériels de transport, l’emploi progresse de 1,9 % par rapport à fin 2022 dans la région (+200 emplois), comme en France (+1,8 %). Le dynamisme dans le Morbihan (+6,7 % avec la création de frégates chez Naval Group à Lorient) s’oppose à la baisse de l’emploi en Ille-et-Vilaine (Stellantis à Rennes devant faire face à l’arrêt progressif de commercialisation de deux véhicules). Dans les autres branches industrielles, l’emploi est légèrement en repli de 0,2 % dans un contexte de hausse nationale (+0,5 %). L’évolution de l’emploi dans les Côtes-d’Armor (-1,4 %) et le Morbihan (-0,8 %) est à l’origine de ce recul.

La construction perd des emplois

Entre fin 2022 et fin 2023, l’emploi dans la construction diminue dans la majorité des régions. En Bretagne, la baisse constatée (-0,3 %) est moins importante que celle observée au niveau national (-0,7 %). Les 200 emplois en moins sur un an sont majoritairement situés dans le Finistère (-0,9 %). Fin 2023, ce secteur emploie 82 300 salariés.

Contrairement au niveau national, l’emploi progresse dans l’agriculture

Fin 2023, l’emploi salarié du secteur agricole rassemble en Bretagne 26 600 salariés, soit 2,0 % de l’ensemble des salariés bretons. Cette part est plus importante que celle observée en France (1,2 %). L’emploi augmente de 0,8 % en 2023 (+200 emplois), dans un contexte de baisse nationale (-0,4 %). Cependant, cette croissance annuelle régionale reste plus faible que celle observée en moyenne sur la période 2017-2022 (+1,4 %). Avec près de 200 emplois supplémentaires en un an (+2,5 %), l’Ille-et-Vilaine apparaît comme le département breton le plus dynamique de ce secteur.

Encadré - L’intérim en Bretagne : une forte baisse en 2023 qui concerne la plupart des secteurs

L’évolution de l’intérim est sensible aux variations de l’activité économique. Ainsi, même s’il ne représente que 3,3 % de l’emploi salarié total en Bretagne à la fin de l’année 2023, il constitue un indicateur avancé de l’emploi. Lors d’opérations de réduction d’effectifs salariés, les postes des intérimaires sont en général les premiers supprimés. Inversement, dans un contexte de reprise de l’activité, les entreprises recourent souvent à l’intérim avant des phases éventuelles de recrutement.

Après le pic historique atteint fin 2022, l’emploi intérimaire se replie fortement en 2023. Ainsi, en fin d’année, on dénombre 44 000 emplois intérimaires, soit 2 800 de moins qu’un an auparavant (-6,0 %). L’emploi intérimaire retrouve ainsi un niveau inférieur à celui d’avant la crise sanitaire (figure 6). Le recul est encore un peu plus marqué au niveau national (-6,7 %). Mesuré en équivalent temps plein (ETP) et en moyenne sur l’année 2023, le volume de l’activité intérimaire régresse de 3,7 %. Cette évolution en moyenne annuelle reflète un ralentissement de l’activité au cours de l’ensemble de l’année 2023.

Figure 6Évolution trimestrielle de l'emploi intérimaire

(indice base 100 au 4ᵉ trimestre 2017)
Évolution trimestrielle de l'emploi intérimaire ((indice base 100 au 4ᵉ trimestre 2017))
Bretagne France hors Mayotte
4ᵉ trim. 2017 100,0 100,0
1ᵉ trim. 2018 99,5 100,9
2ᵉ trim. 2018 97,8 99,8
3ᵉ trim. 2018 97,5 99,7
4ᵉ trim. 2018 98,1 96,4
1ᵉ trim. 2019 101,5 100,1
2ᵉ trim. 2019 101,3 99,8
3ᵉ trim. 2019 101,5 99,2
4ᵉ trim. 2019 100,4 96,5
1ᵉ trim. 2020 66,7 59,6
2ᵉ trim. 2020 80,6 73,0
3ᵉ trim. 2020 96,3 88,7
4ᵉ trim. 2020 94,5 91,0
1ᵉ trim. 2021 98,2 93,7
2ᵉ trim. 2021 100,0 97,1
3ᵉ trim. 2021 101,4 98,0
4ᵉ trim. 2021 105,7 102,1
1ᵉ trim. 2022 104,7 100,9
2ᵉ trim. 2022 103,2 99,2
3ᵉ trim. 2022 105,9 100,7
4ᵉ trim. 2022 106,5 100,8
1ᵉ trim. 2023 104,1 98,7
2ᵉ trim. 2023 105,2 97,7
3ᵉ trim. 2023 102,1 95,7
4ᵉ trim. 2023 100,2 94,1
  • Notes : données provisoires pour le dernier trimestre et révisées pour les trimestres précédents ; données CVS en fin de trimestre.
  • Champ : emploi intérimaire.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Urssaf, Dares, Insee.

Figure 6Évolution trimestrielle de l'emploi intérimaire

  • Notes : données provisoires pour le dernier trimestre et révisées pour les trimestres précédents ; données CVS en fin de trimestre.
  • Champ : emploi intérimaire.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Urssaf, Dares, Insee.

La chute de l’intérim en 2023 influe sur l’évolution globale du nombre d’emplois salariés dans la région. Ainsi, alors que le nombre d’emplois hors intérim augmente de 1,5 % en un an, il n’est en hausse que de 1,2 % en incluant l’intérim (figure 7).

Figure 7Évolution de l'emploi salarié total et dans les principaux secteurs ayant recours à l’intérim en Bretagne entre fin 2022 et fin 2023

(en %)
Évolution de l'emploi salarié total et dans les principaux secteurs ayant recours à l’intérim en Bretagne entre fin 2022 et fin 2023 ((en %))
Secteur Emplois directs Emplois directs + intérimaires
Industrie agroalimentaire (IAA) -0,5 -1,4
Industrie (hors IAA) 1,1 0,5
Construction -0,3 -0,5
Tertiaire marchand 1,7 1,5
Ensemble 1,5 1,2
  • Note : les intérimaires sont affectés au secteur dans lequel ils effectuent leur mission.
  • Champ : emploi salarié en fin de trimestre, hors agriculture, secteurs principalement non marchands et salariés des particuliers employeurs.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi au 4e trimestre 2023 ; Dreets Bretagne.

Figure 7Évolution de l'emploi salarié total et dans les principaux secteurs ayant recours à l’intérim en Bretagne entre fin 2022 et fin 2023

  • Note : les intérimaires sont affectés au secteur dans lequel ils effectuent leur mission.
  • Champ : emploi salarié en fin de trimestre, hors agriculture, secteurs principalement non marchands et salariés des particuliers employeurs.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi au 4e trimestre 2023 ; Dreets Bretagne.

L’emploi intérimaire est en forte baisse dans l’industrie (-7,0 %). De ce fait, la faible hausse de 0,4 % de l’emploi industriel direct est inversée en y incluant l’intérim (-0,4 % pour l’emploi total). Au sein des grands secteurs industriels, le nombre d’intérimaires diminue très fortement dans la fabrication d’équipements électriques, électroniques, informatique (-13,2 %), ramenant ainsi la hausse des emplois directs de ce secteur de 3,2 % à 2,0 %. De même, l’intérim se replie de 11,6 % dans la fabrication d’autres produits industriels qui comprend notamment l’industrie du caoutchouc et du plastique ou la métallurgie. La faible baisse de l’emploi salarié dans ce secteur (-0,2 %) s’en trouve renforcée (-1,1 % en incluant l’intérim). C’est également le cas dans l’industrie agroalimentaire, qui regroupe près de trois intérimaires sur dix. L’emploi intérimaire y diminue de 6,7 %, ce qui accentue la baisse de l’emploi direct (-0,5 % sans l’intérim, -1,4 % avec). À l’inverse, l’emploi intérimaire augmente fortement dans la fabrication de matériels de transport (+17,1 %), ce qui renforce le gain de l’emploi direct (+1,9 % et +3,2 % en incluant l’intérim).

Le nombre d’intérimaires recule de 3,2 % dans la construction. Le tassement de l’emploi direct (-0,3 %) en est renforcé (-0,5 % avec l’intérim).

Dans le secteur tertiaire marchand, le recours à l’intérim est plus limité. Néanmoins, le recul sensible de l’emploi intérimaire en 2023 (-5,6 %) affecte l’évolution de l’emploi salarié de l’ensemble de ce secteur : +1,7 % sans l’intérim, +1,5 % avec. Les trois plus gros sous-secteurs utilisateurs sont concernés par cette baisse de l’intérim. La chute la plus importante touche le commerce (-10,4 %), abaissant de 0,3 point la hausse de 0,8 % de l’emploi direct. Dans le transport et entreposage, le gain de l’emploi direct (+0,6 %) est intégralement annulé par la perte d’emplois dans l’intérim (-6,9 %). Enfin, la nette hausse de l’emploi direct dans les services aux entreprises (+2,6 %) est rognée par l’évolution de l’emploi intérimaire (-5,5 %), pour s’établir à +2,3 % en intégrant l’intérim.

L’évolution de l’emploi intérimaire dans les départements bretons est contrastée. Celui-ci régresse fortement dans le Finistère (-10,3 %) et le Morbihan (-9,9 %). En Ille-et-Vilaine, la baisse est moins marquée qu’au niveau régional (-4,1 %). Les Côtes-d’Armor échappent à la tendance générale, l’emploi intérimaire y reste stable. Ces évolutions différenciées s’expliquent en partie par celles de l’emploi intérimaire dans l’industrie. Le recul y est très marqué dans les deux premiers départements (-10,6 % dans le Finistère et -10,9 % dans le Morbihan), et en particulier dans l’industrie agroalimentaire (respectivement -11,6 % et -14,2 %). Dans les Côtes-d’Armor, l’intérim dans l’industrie faiblit peu (-0,5 %), il est même en hausse dans l’industrie agroalimentaire (+2,3 %).

Publication rédigée par :Agnès Palaric (Insee), Stéphane Moro (Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités)

Avertissement

Les données chiffrées sont parfois arrondies (selon les règles mathématiques). Le résultat arrondi d'une combinaison de données chiffrées (qui fait intervenir leurs valeurs réelles) peut se trouver légèrement différent de celui que donnerait la combinaison de leurs valeurs arrondies.

Pour comprendre

Définitions

Emploi salarié :

Les salariés sont les personnes qui travaillent, aux termes d’un contrat, pour une autre entité résidente en échange d’un salaire ou d’une rétribution équivalente, avec un lien de subordination.

Estimations d'emploi localisées / ESTEL / Estel :

Le concept central d'Estel est une synthèse ascendante des sources administratives utilisées avec prise en compte de la multi-activité. Estel mesure l'emploi selon un concept « BIT répertorié ».

Intérim / Travail temporaire / Travail intérimaire :

L' intérim (ou travail intérimaire ou travail temporaire) consiste à mettre à disposition provisoire d’entreprises clientes, des salariés qui, en fonction d'une rémunération convenue, sont embauchés et rémunérés à cet effet par l'entreprise de travail temporaire.

Correction des variations saisonnières / CVS / Désaisonnalisation :

La correction des variations saisonnières permet d’éliminer l’effet de fluctuations périodiques infra-annuelles dues au calendrier et aux saisons, de manière à faire ressortir les évolutions les plus significatives de la série. Celles-ci sont contenues dans la tendance et la composante irrégulière.

Nomenclature d'activités française / NAF :

La nomenclature des activités économiques en vigueur en France depuis le 1er janvier 2008 est la nomenclature d'activités française (NAF rév. 2). La NAF a la même structure que de la nomenclature d'activités de la Communauté européenne (NACE rév. 2) mais elle comporte un niveau supplémentaire, spécifique à la France, celui des sous-classes.

La NAF rév. 2 comporte cinq niveaux comprenant respectivement : 21, 88, 272, 615 et 732 postes.

La NAF rév. 2 s'est substituée à la NAF rév. 1 datant de 2003 (entrée en vigueur au 1er janvier 2003). La NAF rév. 1 comporte cinq niveaux ayant respectivement 17, 31, 62, 224, et 712 postes .

La NAF rév. 1 avait succédé à la NAF qui était en vigueur depuis le 1er janvier 1993.

Emploi (au sens du Bureau International du Travail (BIT)) :

Une personne en emploi au sens du Bureau International du Travail (BIT) est une personne de 15 ans ou plus ayant effectué au moins une heure de travail rémunéré au cours d’une semaine donnée ou absente de son emploi sous certaines conditions de motif (congés annuels, maladie, maternité,etc.) et de durée.

Chômage partiel :

Lorsqu'une entreprise réduit son activité au-dessous de l'horaire légal ou arrête momentanément tout ou partie de son activité et qu'elle n'entend pas rompre les contrats de travail qui la lient à ses salariés, elle peut avoir recours au chômage partiel.

Ce secteur comprend l’administration publique, l’enseignement, la santé et l’action sociale.

Pour en savoir plus

(1) Insee, « Au quatrième trimestre 2023, l’emploi salarié est stable », Informations rapides no 2024-47, février 2024.

(2) Lardoux J.-M., Palaric A. (Insee), « 4ᵉ trimestre 2023 : en Bretagne, l’emploi augmente plus qu’ailleurs et le taux de chômage reste bas », Insee Conjoncture Bretagne no 48, mars 2024.

(3) Dreets Bretagne, « Ouvrir dans un nouvel ongletL’intérim en Bretagne au 4ᵉ trimestre 2023 », mars 2024.

Ce secteur comprend l’administration publique, l’enseignement, la santé et l’action sociale.