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Insee Conjoncture Bretagne · Juin 2023 · n° 44
Insee Conjoncture BretagneBilan économique 2022 - Bretagne Malgré de forts vents contraires, l’économie bretonne garde le cap en 2022

En 2021, la Bretagne a connu un net rebond de son activité économique faisant suite à la crise sanitaire du Covid-19. En 2022, l’économie bretonne confirme ce regain de vitalité malgré de forts vents contraires (vague épidémique du variant Omicron, guerre en Ukraine, contexte inflationniste, persistance de difficultés d’approvisionnement et de recrutement).

En 2022, 20 000 emplois nets sont créés en Bretagne et le taux de chômage se maintient à un niveau bas. L’activité augmente dans tous les grands secteurs et le nombre de créations d’entreprises n’a jamais été aussi élevé. Les productions agricoles sont fortement valorisées, la fréquentation touristique dépasse son niveau d’avant la crise sanitaire et le trafic passagers dans les aéroports poursuit son redressement.

Toutefois, l’économie bretonne présente également des points de fragilité : un déficit commercial record, des perspectives baissières d’activité dans la construction de logements neufs et une forte tension dans la construction automobile.

Insee Conjoncture Bretagne
No 44
Paru le :Paru le01/06/2023

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2022 publiés par l'Insee.

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Commerce extérieur - Un déficit commercial record Bilan économique 2022

Philippe Bonnafous (Direction régionale des douanes de Bretagne)

En 2022, les échanges extérieurs de la Bretagne représentent 2,2 % des exportations françaises et 2,1 % des importations. Le déficit des échanges de biens se dégrade très fortement (-3,2 milliards d’euros en 2022, après -1,6 milliard l’année précédente). Les exportations (12,9 milliards d’euros) et les importations (16,1 milliards) atteignent des niveaux historiques. Les produits des industries agroalimentaires totalisent plus du tiers des exportations et présentent de nouveau un solde largement excédentaire. Comme les années précédentes, l’Union européenne – avec l’Allemagne en tête – représente de très loin la première zone d’échanges hors de France pour la Bretagne. Parmi les fournisseurs, la part de la Chine remonte sensiblement et s’approche de son niveau d’avant la crise sanitaire.

Insee Conjoncture Bretagne

No 44

Paru le :01/06/2023

Un solde commercial fortement dégradé

En 2022, les exportations (12,9 ) restent très dynamiques en valeur. Elles ont augmenté de 11,2 %, après +8,9 % l’année précédente. Elles dépassent de 8,4 % leur valeur de 2019, avant la crise sanitaire (figure 1). Les importations enregistrent une progression inédite (+21,5 %) après une hausse déjà importante l’année précédente (18,1 %). Elles s’établissent à 16,1 Md€, un niveau jamais atteint antérieurement qui s’explique largement par le contexte de crise énergétique, aggravé par la dépréciation de l’euro face au dollar. Le déficit commercial se détériore ainsi pour atteindre -3,2 Md€. Le taux de couverture (rapport entre les exportations et les importations) se situe à 80 %, contre 88 % en 2021. Depuis 2010, les échanges de biens sont chaque année déficitaires (sauf en 2013).

Figure 1Les échanges commerciaux extérieurs de la Bretagne sur la période 2006-2022

(en milliards d’euros)
Les échanges commerciaux extérieurs de la Bretagne sur la période 2006-2022 ((en milliards d’euros))
Année Exportations Importations Solde
2006 8,9 7,8 1,1
2007 9,5 7,9 1,6
2008 10,0 9,0 1,0
2009 7,9 7,6 0,3
2010 9,4 10,0 -0,6
2011 11,4 11,8 -0,4
2012 11,3 11,4 -0,1
2013 10,6 10,5 0,1
2014 10,1 10,6 -0,5
2015 10,6 10,7 -0,1
2016 10,6 10,8 -0,2
2017 11,3 11,6 -0,3
2018 11,4 12,4 -1,0
2019 11,9 12,3 -0,4
2020 10,6 11,2 -0,6
2021 11,6 13,2 -1,6
2022 12,9 16,1 -3,2
  • Source : Douanes françaises (hors matériel militaire).

Figure 1Les échanges commerciaux extérieurs de la Bretagne sur la période 2006-2022

  • Source : Douanes françaises (hors matériel militaire).

La place de la région dans le commerce extérieur de la France est stable

Avec 2,2 % des exportations françaises en 2022, la Bretagne se situe, comme les années précédentes, au 12e rang des régions exportatrices. Les importations en Bretagne représentent 2,1 % du total enregistré au niveau national.

Le classement par département n’évolue pas en 2022. L’Ille-et-Vilaine figure toujours en tête avec près de 38 % des exportations et des importations de la région, en cohérence avec son poids économique au sein de la Bretagne (figure 2). Suivent le Finistère, le Morbihan puis les Côtes-d’Armor.

Figure 2Répartition des échanges commerciaux extérieurs de la Bretagne par département en 2022

(en %)
Répartition des échanges commerciaux extérieurs de la Bretagne par département en 2022 ((en %))
Morbihan Ille-et-Vilaine Finistère Côtes-d’Armor
Exportations 21,5 37,5 29,6 11,4
Importations 24,7 37,9 27,4 10,0
  • Source : Douanes françaises (hors matériel militaire).

Figure 2Répartition des échanges commerciaux extérieurs de la Bretagne par département en 2022

  • Source : Douanes françaises (hors matériel militaire).

Des exportations toujours dominées par les produits agroalimentaires qui enregistrent une forte croissance

Les produits des industries agroalimentaires (4,8 Md€) restent de loin le premier poste d’exportation de l’économie bretonne, à un niveau très supérieur à celui de 2021 (+16,6 %) (figure 3). Les performances du secteur sont notamment portées par les produits laitiers, qui enregistrent des performances remarquables à destination de l’Italie, des Pays-Bas et de l’Algérie. Les autres secteurs porteurs sont les viandes et produits à base de viande (tout particulièrement le secteur de la volaille à destination de l’Espagne et de l’Italie), ainsi que les produits de la boulangerie et de la pâtisserie.

Figure 3Répartition des échanges commerciaux extérieurs de la Bretagne par produits en 2022

(en %)
Répartition des échanges commerciaux extérieurs de la Bretagne par produits en 2022 ((en %))
Produits Exportations Importations
Bretagne France entière Bretagne France entière
Produits agricoles, sylvicoles, de la pêche et de l’aquaculture 5,0 3,9 5,1 2,3
Produits des industries agroalimentaires (IAA) 37,7 10,6 20,8 7,2
Produits pétroliers raffinés et coke 0,0 2,0 7,9 5,0
Équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique 18,6 17,7 17,0 19,2
Matériels de transport 7,5 17,3 7,4 12,5
Produits manufacturés divers 29,1 43,1 41,1 38,3
Hydrocarbures naturels, autres produits des industries extractives, électricité, déchets 1,9 4,8 0,4 15,0
Produits de l’édition et de la communication et produits divers non manufacturés 0,2 0,7 0,2 0,5
  • Note : Les parts étant arrondies au plus près de leurs valeurs réelles, leur somme peut être légèrement différente de 100 %.
  • Source : Douanes françaises (hors matériel militaire).

L’industrie automobile affiche un déficit, les ventes de produits pharmaceutiques sont en forte chute

Le solde du secteur de l’industrie automobile est désormais déficitaire (-0,2 Md€), alors qu’il était historiquement excédentaire. Cette situation s’explique par la forte poussée des importations (+25,0 %), principalement d’Allemagne et d’Espagne. Parallèlement, les exportations (+1,3 %) progressent faiblement, à un niveau plus bas que le rebond enregistré au niveau national (+9,4 %).

Les ventes de produits pharmaceutiques, qui avaient progressé les années précédentes, enregistrent une chute sensible (-7 %), tout particulièrement à destination des États-Unis, de la Pologne et de l’Allemagne.

À l’inverse, plusieurs secteurs industriels contribuent à la croissance des exportations en valeur : les produits chimiques, engrais azotés, matières plastiques (+42 %), le matériel électrique (+21 %), les appareils de mesure, d’essai et de navigation (+35 %).

Importations : une croissance inédite par son ampleur, portée par les prix, notamment ceux de l’énergie

L’explosion de la facture énergétique en 2022 est le principal contributeur à l’accroissement des importations en valeur. Les produits du raffinage du pétrole enregistrent une progression supérieure à 64 % par rapport à 2021.

Dans ce contexte inflationniste, les importations de biens manufacturés progressent dans la plupart des secteurs, tout particulièrement dans les domaines de la chimie et des produits pharmaceutiques. Les importations de produits laitiers et de produits destinés à l’alimentation animale (huiles et graisses végétales, tourteaux) ont également fortement augmenté.

L’Allemagne reste le premier partenaire de la Bretagne

L’Union européenne (UE) demeure la principale zone avec laquelle commerce la Bretagne. Elle représente, en valeur, 56 % des exportations de la région en 2022 et 57 % des importations. L’Allemagne conserve la première place, avec 9,6 % des exportations et 11,7 % des importations (figure 4). Parmi les autres partenaires prépondérants au sein de l’UE figurent l’Espagne (9,2 % des exportations et 10,9 % des importations), l’Italie (respectivement 7,5 % et 6,2 %), la Belgique (7,2 % et 8,9 %) et les Pays-Bas (6,8 % et 7,2 %).

Figure 4Principaux pays clients et fournisseurs de la Bretagne en 2022

Principaux pays clients et fournisseurs de la Bretagne en 2022
Exportations Importations
Pays Valeur (en millions d’euros) Part du total (en %) Pays Valeur (en millions d’euros) Part du total (en %)
Allemagne 1 231 9,6 Allemagne 1 878 11,7
Espagne 1 190 9,2 Espagne 1 746 10,9
Italie 969 7,5 Chine 1 446 9,0
Belgique 926 7,2 Belgique 1 424 8,9
Pays-Bas 878 6,8 Pays-Bas 1 158 7,2
Royaume-Uni 801 6,2 Italie 988 6,2
États-Unis 661 5,1 Russie 740 4,6
Singapour 575 4,5 Royaume-Uni 573 3,6
Chine 531 4,1 États-Unis 550 3,4
Pologne 439 3,4 Brésil 448 2,8
Japon 217 1,7 Pologne 418 2,6
Portugal 213 1,7 Portugal 230 1,4
  • Source : Douanes françaises (hors matériel militaire).

Hors UE, la Chine représente le premier déficit commercial de la Bretagne. Elle totalise 9,0 % des importations et 4,1 % des exportations bretonnes. La reprise des importations est particulièrement marquée sur les produits pharmaceutiques, les chaussures et l’habillement, ainsi que sur les préparations alimentaires à base de poissons. Le déficit avec la Russie se creuse également, sous les effets conjugués de la progression en valeur des importations de produits pétroliers d’une part, et de la chute des exportations liée aux sanctions économiques d’autre part.

Les autres plus importants déficits commerciaux sont enregistrés avec l’Allemagne (-647 M€), l’Espagne (-556 M€), la Belgique (-498 M€) et le Brésil (-409 M€).

Singapour, au premier rang des excédents commerciaux avec la Bretagne

Pour la troisième année consécutive, Singapour figure au premier rang des excédents commerciaux de la Bretagne (+560 M€), les produits pharmaceutiques de base représentant 88 % des ventes vers ce pays.

Le Royaume-Uni reste un partenaire important pour la Bretagne : il représente le deuxième excédent commercial (+228 M€). Le niveau des exportations s’est redressé (+16,3 % par rapport à 2021), tout particulièrement dans le secteur des industries agroalimentaires (+17,2 %). Les importations sont portées par la hausse des achats de produits pétroliers. En revanche, les produits de la pêche, qui représentent le premier poste à l’importation, enregistrent un tassement (-6 % par rapport à 2021).

Suivent la Grèce (+113 M€), les États-Unis (+111 M€) et la Slovaquie (+92 M€).

Publication rédigée par :Philippe Bonnafous (Direction régionale des douanes de Bretagne)

Pour comprendre

Les données chiffrées présentées concernent uniquement les échanges en valeur de marchandises, hors matériel militaire et hors services. L’information est collectée sur la base de l’enquête mensuelle sur les échanges de biens intra-UE (EMEBI) pour les échanges avec les États membres de l’Union européenne et des déclarations en douane (DAU) pour les échanges avec les autres pays (ou « pays tiers »).

Les données régionales et départementales sont établies selon les principes suivants : à l’exportation, c’est le département de départ des marchandises qui est mentionné, c’est-à-dire le lieu initial à partir duquel les marchandises sont exportées et non pas le département du siège social de l’entreprise qui exporte ; à l’importation, c’est le département de destination réelle des marchandises importées qui est indiqué et non le département du siège social de l’importateur.

1- M€ : million d’euros ; Md€ : milliard d’euros.

Pour en savoir plus

(1) Direction générale des douanes et droits directs, Ouvrir dans un nouvel ongletLe chiffre du commerce extérieur - Bretagne.

1- M€ : million d’euros ; Md€ : milliard d’euros.