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Insee Conjoncture Nouvelle-Aquitaine · Juin 2023 · n° 37
Insee Conjoncture Nouvelle-AquitaineBilan économique 2022 - Nouvelle-Aquitaine En 2022, l’économie néo-aquitaine résiste malgré de nouvelles tensions

Après la crise sanitaire en 2020 et 2021 dont certaines conséquences persistent, l’économie doit faire face à un climat inflationniste et aux effets du conflit entre l’Ukraine et la Russie. Dans ce contexte, l’activité économique néo-aquitaine résiste mais de façon différenciée selon les secteurs. Le rebond amorcé mi-2021 se poursuit et soutient les créations d’emplois. En 2022, l’emploi salarié continue sa progression, à un niveau comparable à l’avant-crise. Le nombre de demandeurs d’emploi diminue et le taux de chômage se stabilise en fin d’année à 6,4 %. Toutefois, de nombreux secteurs sont toujours confrontés à des difficultés de recrutement et d’approvisionnement ainsi qu’à l’augmentation des prix des matières premières.

Malgré une activité en repli par rapport à 2021, les effectifs du secteur de la construction sont en progression. Les mises en chantier sont en recul en 2022 mais l’augmentation du nombre de permis de construire délivrés au cours de l’année laisse espérer une amélioration pour les années suivantes.

Dans l’industrie, soumise aux mêmes obstacles, la production et l’emploi sont en progression. Certains secteurs, en situation délicate les deux dernières années, retrouvent le chemin de la croissance à l’image de la filière aéronautique qui bénéficie de la reprise du transport aérien international. En revanche, l’industrie agroalimentaire, comme certains pans du secteur agricole, sont moins dynamiques. Ils sont notamment pénalisés par la baisse de la consommation des ménages. La production agricole, tant animale que végétale, est en recul en 2022.

Dans les services marchands, certains secteurs profitent enfin de la sortie de la crise sanitaire comme celui de l’hébergement-restauration. Ce secteur bénéficie notamment du retour des touristes. La fréquentation hôtelière se rapproche de son niveau de 2019 et celle de l’hôtellerie de plein air l’a déjà retrouvé. Ce regain d’activité se traduit par une progression de l’emploi de 5 % en un an. Le secteur des transports bénéficie également de ce retour à la normale des activités touristiques. Le trafic aérien de passagers renoue avec la croissance tout en restant bien inférieur à son niveau de 2019. En revanche, les ports néo-aquitains sont affectés par le conflit russo-ukrainien qui modifie sensiblement le trafic de marchandises.

Dans ce climat morose, les créations d’entreprises ne faiblissent pas mais le nombre de défaillances est de nouveau conforme à ce qu’il était en 2019.

Insee Conjoncture Nouvelle-Aquitaine
No 37
Paru le :Paru le01/06/2023

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2022 publiés par l'Insee.

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Synthèse régionale - Contexte national Bilan économique 2022

Michèle Charpentier, Jules Baleyte, Jérémy Marquis (Insee)

Insee Conjoncture Nouvelle-Aquitaine

No 37

Paru le :01/06/2023

Synthèse régionale – En 2022, l’économie néo-aquitaine résiste malgré de nouvelles tensions

L’activité économique se maintient à un bon niveau

En Nouvelle-Aquitaine, le rebond de l’activité économique effectif depuis mi-2021 se poursuit en 2022, en dépit d’un contexte général de nouveau tendu. Si le spectre de la crise sanitaire s’éloigne de plus en plus, ses conséquences n’ont pas complètement disparu. Avec le conflit russo-ukrainien, de nouvelles tensions économiques apparaissent en cours d’année et perturbent tous les secteurs d’activité.

L’activité économique néo-aquitaine, mesurée par le nombre d’heures rémunérées, dépasse depuis juin 2021 son niveau de 2019, et de façon plus marquée qu’au niveau national (figure 1).

Figure 1Évolution des heures rémunérées par rapport au même mois de l’année 2019 par secteur - Nouvelle-Aquitaine

(en %)
Évolution des heures rémunérées par rapport au même mois de l’année 2019 par secteur - Nouvelle-Aquitaine ((en %))
Industrie Construction Hébergement et restauration Autres services principalement marchands Services principalement non marchands Ensemble - Nouvelle-Aquitaine Ensemble - France hors Mayotte
janv. 2021 -5,0 7,5 -46,0 -0,8 2,4 -2,7 -5,2
févr. 2021 -4,0 3,2 -55,0 -1,1 3,9 -3,4 -5,4
mars 2021 -3,7 5,2 -55,6 -0,4 4,3 -2,9 -5,1
avr. 2021 -5,0 2,8 -60,4 -4,0 2,3 -6,0 -7,8
mai 2021 -5,3 2,5 -41,3 -2,0 2,6 -4,1 -5,7
juin 2021 -2,0 6,1 -8,7 2,3 4,6 1,4 -0,4
juil. 2021 -4,3 1,7 1,5 1,7 3,3 0,7 -0,8
août 2021 -2,9 0,5 0,1 2,1 3,9 1,1 -0,2
sept. 2021 -2,4 4,3 0,5 3,1 4,2 2,1 0,7
oct. 2021 -2,4 4,0 3,8 3,5 3,6 2,4 0,7
nov. 2021 -0,6 5,7 5,8 5,1 4,9 4,0 2,4
déc. 2021 0,7 -0,1 1,8 5,0 4,8 3,5 2,1
janv. 2022 -2,6 8,0 1,2 4,9 4,6 3,4 1,4
févr. 2022 -1,6 5,5 4,1 6,2 5,3 4,3 3,1
mars 2022 -0,6 7,0 5,9 7,1 6,7 5,4 4,1
avr. 2022 -3,1 3,4 6,3 5,3 5,1 3,4 2,2
mai 2022 -1,4 6,8 9,9 6,9 6,2 5,3 3,8
juin 2022 -0,4 6,3 10,0 7,2 6,8 5,7 4,6
juil. 2022 -4,2 0,5 9,8 4,1 4,4 2,6 1,7
août 2022 -1,1 0,8 7,5 5,5 6,6 4,2 3,6
sept. 2022 -0,7 4,5 6,9 6,4 6,8 4,9 3,8
oct. 2022 -1,5 2,9 8,7 5,5 5,6 4,0 3,0
nov. 2022 0,4 5,1 10,1 6,9 7,1 5,6 4,6
déc. 2022 -0,6 0,2 7,5 6,5 6,8 4,6 3,6
  • Note : ensemble des heures rémunérées des salariés y compris les heures supplémentaires ainsi que les absences pour lesquelles le salarié est rémunéré.
  • Source : DSN - traitement provisoire, Insee.

Figure 1Évolution des heures rémunérées par rapport au même mois de l’année 2019 par secteur - Nouvelle-Aquitaine

  • Note : ensemble des heures rémunérées des salariés y compris les heures supplémentaires ainsi que les absences pour lesquelles le salarié est rémunéré.
  • Source : DSN - traitement provisoire, Insee.

Un marché du travail dynamique

Cette reprise génère de forts besoins en main-d’œuvre dans tous les secteurs. Ainsi, l’emploi salarié continue de progresser en 2022. Sa dynamique de croissance faiblit progressivement au cours de l’année. Fin 2022, l’emploi salarié augmente de 1,1 % par rapport à fin 2021. Par ailleurs, les effectifs intérimaires, sollicités l’année précédente pour absorber le regain d’activité, le sont moins en 2022 au profit de personnels pérennes.

La croissance de l’emploi salarié a néanmoins pu être pénalisée dans de nombreux secteurs comme le transport ou la construction, par les difficultés de recrutement. En effet, des postes restent vacants, obligeant les entreprises à s’adapter. En un an, le nombre d’offres d’emploi déposées à Pôle emploi augmente de 23 % dans la région. Conséquence de ce dynamisme du marché du travail et de la mise en place de nouveaux dispositifs d’insertion professionnelle, le nombre de demandeurs d’emploi néo-aquitains diminue encore en 2022 pour atteindre son niveau le plus bas depuis 2014. Cette baisse, de près de 6 %, est encore plus forte pour les demandeurs d’emploi n’ayant aucune activité professionnelle (-10 %). Toutefois, le nombre de nouvelles inscriptions à Pôle emploi progresse par rapport à l’année précédente, davantage que celui des sorties. En Nouvelle-Aquitaine, le recul du taux de chômage se poursuit début 2022 mais à un rythme plus faible qu’en 2021 puis se stabilise jusqu’à la fin de l’année où il s’établit à 6,4 %, niveau le plus bas depuis 2008.

Tassement de l’activité dans la construction

Outre les difficultés de recrutement qui touchent de nombreux secteurs, les difficultés d’approvisionnement et l’inflation, générée par la sortie de crise et amplifiée par le contexte géopolitique, perturbent l’organisation des entreprises, leurs productions et les marchés.

C’est le cas du secteur de la construction. Même si l’emploi salarié y progresse un peu plus que la moyenne, il cumule déficit de main-d’œuvre, tensions sur les approvisionnements et hausse des coûts des matériaux. Après le net rebond en 2021, l’activité s’y replie : les démarrages de chantiers de logements comme de locaux non résidentiels sont en recul dans la région. Avec la répercussion d’une partie de l’augmentation des coûts de production sur les devis, les chiffres d’affaires sont en augmentation dans toutes les branches (gros œuvre, second œuvre, travaux publics) mais les marges se réduisent.

Le nombre de permis de construire délivrés au cours de l’année augmente pour les logements et se stabilise pour les locaux non résidentiels. Ces perspectives a priori favorables pour 2023 sont à nuancer, car la concrétisation des projets sera soumise à l’impact de l’inflation sur les matériaux, et aux conditions plus restrictives d’obtention de crédits immobiliers. La contraction des carnets de commandes et de l’activité pourrait donc se poursuivre, accompagnée d’une dégradation de la rentabilité.

Dans le même contexte de stagnation du pouvoir d’achat et de resserrement des conditions de crédit, le marché de la promotion immobilière est également à la peine : les ventes de logements neufs reculent jusqu’à un niveau inférieur à celui de 2019. En effet, les réservations sont moins nombreuses et les annulations augmentent.

Quelques éclaircies dans le ciel industriel

Comme le secteur de la construction, certaines branches industrielles rencontrent toujours des difficultés d’approvisionnement, même si elles ont tendance à s’estomper au fil de l’année, ainsi que de recrutement. Néanmoins, la production industrielle augmente, notamment dans les équipements électriques et électroniques. Globalement, en un an, les effectifs salariés de l’industrie progressent au même rythme que l’ensemble des secteurs.

La fabrication de matériels de transport renoue avec la croissance de l’emploi grâce à un bon niveau d’activité dans la construction navale et à la reprise dans la filière aéronautique. L’emploi est stable dans l’agroalimentaire qui, comme l’agriculture, subit les conséquences de la baisse de la consommation des ménages et des épisodes de grippe aviaire.

En 2023, les chiffres d’affaires dans l’industrie intégreraient une poursuite de la hausse des prix des produits finis mais peut-être aussi un ralentissement de l’activité. L’impact de la situation énergétique sur les marges serait inégal, mais pénaliserait la rentabilité.

L’agriculture face à de nombreux obstacles

En Nouvelle-Aquitaine, les productions agricoles sont quasiment toutes en retrait. En effet, les éleveurs sont confrontés à la diminution des cheptels de bovins et d’ovins, à de nouvelles épizooties et à la baisse de la consommation des ménages. Ainsi, les abattages de volailles et d’animaux de races à viande, hormis ceux de porcs charcutiers, comme la production de lait de vache reculent. Des productions moindres, la pénurie de certains produits en raison du conflit russo-ukrainien, et l’augmentation des coûts de production génèrent une hausse quasi généralisée des cours des produits agricoles issus de l’élevage. De leur côté, les cultivateurs subissent les effets d’une météo défavorable à leurs productions : gelées, grêle, sécheresse et canicule. Ces conditions associées à une réduction des surfaces cultivées engendrent une diminution des volumes récoltés ainsi qu’un décalage par rapport à la saisonnalité habituelle des productions et aux habitudes de consommation. Ce décalage fait baisser les cours des produits concernés alors que les coûts de production augmentent, notamment les prix des engrais et de l’énergie.

Le contexte économique et géopolitique n’est pas non plus propice à la consommation de produits festifs et coûteux. Ainsi, les ventes de vins et de Cognac se replient en 2022, notamment à l’exportation.

Dans ces conditions de production et de consommation en recul, l’agriculture est le seul grand secteur dont les emplois salariés diminuent en Nouvelle-Aquitaine.

Les services marchands recrutent

Le secteur tertiaire marchand répercute lui aussi l’augmentation des coûts des matières premières et de l’énergie sur ses prix de vente, occasionnant une hausse de son chiffre d’affaires en valeur. Toutefois, cette augmentation est également le fruit de la résistance de son activité, même si toutes les branches ne sont pas logées à la même enseigne.

C’est aussi le plus gros contributeur à l’évolution de l’emploi salarié néo-aquitain. La moitié des emplois de la région sont concentrés dans ce secteur et la croissance y est la plus forte. Les augmentations relatives les plus significatives concernent les activités d’information-communication et de l’hébergement-restauration, les plus faibles le commerce et le transport. Ce dernier secteur peine à retrouver son niveau d’activité d’avant-crise. Le trafic aérien de passagers poursuit sa progression, plus particulièrement sur l’international et les lignes à bas coût, mais son niveau d’activité reste 25 % en dessous de celui de 2019.

Le trafic portuaire est encore perturbé. Le conflit russo-ukrainien favorise le port de La Rochelle en générant un report sur ce site de cargaisons de céréales et oléagineux. En revanche, il pénalise celui de Bayonne avec l’arrêt brutal de certains trafics. Sur le port de Bordeaux, les volumes de marchandises sont en recul par rapport à 2021 mais les bateaux de croisière reviennent faire escale. Le trafic routier de marchandises est en repli. Les entreprises de ce secteur doivent toujours faire face aux difficultés de recrutement et trouver le bon niveau de répercussion de la hausse du prix du carburant pour préserver leurs marges sans risquer de voir leurs carnets de commandes se vider. Le marché de l’automobile n’est pas épargné par la pénurie de composants, l’inflation et les conséquences du conflit russo-ukrainien. Le nombre de véhicules neufs vendus recule de 11 % par rapport à 2021.

Le secteur de l’hébergement-restauration retrouve des couleurs après deux années de restriction de son activité. En effet, les touristes sont de retour. La fréquentation des hôtels néo-aquitains se rapproche du niveau annuel de 2019, grâce à une progression concentrée sur le second semestre, alors que dans les campings ce niveau est déjà dépassé. Ce retour à la normale est essentiellement dû aux touristes résidant en France. Ceux en provenance de l’étranger sont moins nombreux qu’avant la crise sanitaire. Le regain d’activité dans ce secteur s’illustre par une progression de l’emploi salarié de 5 %, malgré des difficultés de recrutement.

En 2023, l’activité dans les services marchands continuerait de faire preuve de résilience. Elle s’accompagnerait d’une dégradation de la rentabilité, mais d’une dynamique encourageante des investissements, notamment en services informatiques.

Stabilisation des créations d’entreprises mais des défaillances en augmentation

La création d’entreprises se maintient à son niveau record atteint en 2021. Regroupant deux tiers des nouvelles entreprises, la création sous le régime de microentrepreneur reste majoritaire. Toutefois, leur croissance (+2 %) est fortement ralentie par rapport à 2021 (+24 %). Le nombre de nouvelles sociétés est stable et celui des entreprises individuelles de nouveau en repli.

Deux tiers des nouvelles entreprises relèvent du secteur des services aux entreprises. Elles y sont en progression de 12 % comme dans les services aux particuliers. La plus forte augmentation concerne l’industrie mais ce secteur représente peu de créations d’entreprises.

Les défaillances d’entreprises repartent à la hausse et retrouvent leur niveau d’avant la crise sanitaire. Elles étaient moins nombreuses en 2021 grâce aux mesures provisoires de soutien pour traverser cette crise. En 2022, l’arrêt de ces dispositifs, l’augmentation des coûts de production et la diminution des marges, ainsi que les difficultés d’approvisionnement et de recrutement, ont pu contribuer à ouvrir une procédure de redressement judiciaire pour 3 600 entreprises dans la région.

Contexte national - Confrontée à la persistance des restrictions sanitaires en Chine et à la guerre en Ukraine, l’économie mondiale a nettement ralenti en 2022

Au cours de l’année 2022, l’économie mondiale a été confrontée à de multiples contraintes, expliquant de fait le fort ralentissement de l’activité au fil des trimestres dans les principales économies (figure 2). En premier lieu, la contrainte sanitaire a continué de peser sur l’activité mondiale : ce fut le cas en Europe au premier trimestre en raison de la vague épidémique liée au variant Omicron, mais aussi et principalement en Chine où, en conséquence de la stratégie « zéro-Covid », des confinements drastiques ont été imposés au cours de l’année, avant la levée complète des restrictions début décembre. De plus, le déclenchement de la guerre en Ukraine, fin février, a accentué le renchérissement des matières premières, notamment énergétiques, et fait craindre de nouvelles difficultés d’approvisionnement en Europe. La production manufacturière européenne a toutefois plutôt résisté au renchérissement des intrants énergétiques, avec un recul concentré sur les branches les plus énergo-intensives.

Les progressions du PIB enregistrées sur l’ensemble de l’année 2022 (de +1,9 % en Allemagne à +5,5 % en Espagne pour les principales économies européennes, +2,1 % aux États-Unis et +3,0 % en Chine) s’expliquent ainsi en grande partie par les élevés à la fin 2021, résultant du rattrapage post-covid au cours de l’année 2021.

Figure 2Variations trimestrielles du PIB dans les principales économies

(en %)
Variations trimestrielles du PIB dans les principales économies ((en %)) - Lecture : au quatrième trimestre 2022, le PIB des États-Unis a progressé de 0,6 %.
Trimestre Allemagne Espagne États-Unis France Italie Royaume-Uni
2021T1 -1,5 -0,2 1,5 0,0 0,5 -1,1
2021T2 1,9 1,4 1,7 1,0 2,5 6,5
2021T3 0,8 3,1 0,7 3,1 2,9 1,7
2021T4 0,0 2,3 1,7 0,5 0,9 1,5
2022T1 1,0 -0,4 -0,4 -0,1 0,1 0,5
2022T2 -0,1 2,5 -0,1 0,5 1,1 0,1
2022T3 0,5 0,4 0,8 0,2 0,4 -0,1
2022T4 -0,5 0,4 0,6 0,0 -0,1 0,1
  • Dernier point : quatrième trimestre 2022, données arrêtées au 30 mai 2023.
  • Lecture : au quatrième trimestre 2022, le PIB des États-Unis a progressé de 0,6 %.
  • Source : Insee, Destatis, Istat, INE, ONS, BEA, NBSC.

Figure 2Variations trimestrielles du PIB dans les principales économies

  • Dernier point : quatrième trimestre 2022, données arrêtées au 30 mai 2023.
  • Lecture : au quatrième trimestre 2022, le PIB des États-Unis a progressé de 0,6 %.
  • Source : Insee, Destatis, Istat, INE, ONS, BEA, NBSC.

En France, le PIB a augmenté de 2,5 %, après +6,4 % en 2021. Cette croissance ne dépasse l’acquis de croissance à fin 2021 que de 0,4 point : en trimestriel, le niveau du PIB au quatrième trimestre 2022 est à peine supérieur au niveau du quatrième trimestre 2021. Si la production manufacturière a résisté aux difficultés d’approvisionnement et au renchérissement des intrants, avec une activité en hausse de 1,0 % en moyenne sur l’année, celle de la construction, également soumise à de fortes difficultés de recrutement, a diminué de 0,2 %. En outre, la production d’électricité a été fortement pénalisée par de nombreuses maintenances de centrales nucléaires : l’activité de la branche « énergie, eau, déchets » a ainsi diminué de 10,3 % en 2022 par rapport à 2021, contribuant pour -0,3 point à l’évolution totale de l’activité. Les services marchands, qui étaient restés affectés en 2021 par des restrictions sanitaires, ont bénéficié d’un potentiel de rattrapage important et ont crû de 4,5 % sur l’année.

L’inflation, en forte augmentation, a rogné le pouvoir d’achat des ménages

Le contexte géopolitique a ainsi amplifié les tensions inflationnistes déjà présentes en 2021 à la suite de la reprise post-Covid. Les prix ont ainsi atteint en 2022 des niveaux très élevés dans les économies occidentales. L’inflation, en glissement annuel, s’est élevée jusqu’à 9,1 % aux États-Unis (en juin), 11,1 % au Royaume-Uni (en octobre) et 12,6 % en Italie (en novembre). En France, l’inflation se situait à 2,9 % sur un an en janvier 2022, tirée par les prix de l’énergie. Elle s’est progressivement hissée à environ 6 % sur un an en fin d’année, avec une diffusion à l’ensemble des produits de consommation, en particulier alimentaires (figure 3).

Figure 3Inflation en France et contributions par poste

(glissement annuel de l’indice des prix à la consommation, en %, et contribution par poste, en points)
Inflation en France et contributions par poste ((glissement annuel de l’indice des prix à la consommation, en %, et contribution par poste, en points)) - Lecture : en décembre 2022, les prix à la consommation ont augmenté de 5,9 % par rapport à décembre 2021 ; l’alimentation a contribué à cette hausse à hauteur de 2,0 points.
Date Alimentation Énergie Produits manufacturés Services Tabac Ensemble Ensemble sous-jacent
janv. 2019 0,4 0,2 -0,1 0,5 0,3 1,2 0,6
févr. 2019 0,5 0,3 -0,1 0,4 0,3 1,3 0,7
mars 2019 0,4 0,4 -0,1 0,3 0,2 1,1 0,5
avr. 2019 0,4 0,4 -0,1 0,5 0,2 1,3 0,7
mai 2019 0,4 0,3 -0,2 0,3 0,2 0,9 0,5
juin 2019 0,4 0,2 -0,2 0,6 0,2 1,2 0,9
juil. 2019 0,5 0,1 -0,2 0,5 0,2 1,1 0,9
août 2019 0,5 0,1 -0,2 0,5 0,2 1,0 0,7
sept. 2019 0,3 0,0 -0,2 0,6 0,2 0,9 0,9
oct. 2019 0,3 -0,1 -0,1 0,6 0,2 0,8 1,0
nov. 2019 0,3 -0,1 -0,2 0,6 0,3 1,0 0,9
déc. 2019 0,3 0,2 -0,1 0,7 0,3 1,5 1,1
janv. 2020 0,3 0,4 -0,1 0,6 0,3 1,5 0,9
févr. 2020 0,3 0,1 0,1 0,7 0,3 1,4 1,3
mars 2020 0,3 -0,3 -0,1 0,5 0,3 0,7 0,7
avr. 2020 0,6 -0,7 -0,1 0,3 0,3 0,3 0,3
mai 2020 0,6 -0,9 -0,2 0,6 0,3 0,4 0,6
juin 2020 0,4 -0,7 -0,3 0,5 0,3 0,2 0,3
juil. 2020 0,2 -0,6 0,5 0,5 0,3 0,8 1,4
août 2020 0,1 -0,6 -0,1 0,4 0,3 0,2 0,5
sept. 2020 0,1 -0,6 0,0 0,3 0,3 0,0 0,5
oct. 2020 0,2 -0,6 0,0 0,2 0,3 0,1 0,3
nov. 2020 0,3 -0,6 -0,1 0,3 0,3 0,2 0,4
déc. 2020 0,2 -0,6 -0,2 0,4 0,3 0,0 0,2
janv. 2021 0,2 -0,5 0,2 0,4 0,3 0,5 0,9
févr. 2021 0,1 -0,1 -0,1 0,4 0,3 0,6 0,4
mars 2021 0,2 0,4 0,0 0,5 0,1 1,1 0,9
avr. 2021 0,0 0,6 -0,1 0,6 0,1 1,2 1,0
mai 2021 0,0 0,8 0,0 0,5 0,1 1,4 1,0
juin 2021 0,0 0,8 0,2 0,4 0,1 1,5 1,1
juil. 2021 0,2 0,9 -0,3 0,3 0,1 1,2 0,2
août 2021 0,2 0,9 0,3 0,3 0,1 1,9 1,3
sept. 2021 0,2 1,1 0,1 0,7 0,1 2,2 1,3
oct. 2021 0,1 1,5 0,1 0,8 0,1 2,6 1,4
nov. 2021 0,1 1,6 0,2 0,9 0,0 2,8 1,6
déc. 2021 0,2 1,4 0,3 0,8 0,0 2,8 1,9
janv. 2022 0,3 1,5 0,2 0,9 0,0 2,9 1,7
févr. 2022 0,4 1,7 0,6 1,1 0,0 3,6 2,5
mars 2022 0,5 2,3 0,5 1,1 0,0 4,5 2,6
avr. 2022 0,6 2,1 0,7 1,4 0,0 4,8 3,3
mai 2022 0,7 2,2 0,7 1,5 0,0 5,2 3,7
juin 2022 1,0 2,7 0,6 1,6 0,0 5,8 3,7
juil. 2022 1,1 2,4 0,7 1,9 0,0 6,1 4,3
août 2022 1,3 1,9 0,9 1,9 0,0 5,9 4,7
sept. 2022 1,6 1,5 0,9 1,5 0,0 5,6 4,5
oct. 2022 2,0 1,7 1,0 1,5 0,0 6,2 5,0
nov. 2022 2,0 1,6 1,1 1,4 0,0 6,2 5,3
déc. 2022 2,0 1,3 1,1 1,4 0,0 5,9 5,3
  • Lecture : en décembre 2022, les prix à la consommation ont augmenté de 5,9 % par rapport à décembre 2021 ; l’alimentation a contribué à cette hausse à hauteur de 2,0 points.
  • Source : Insee.

Figure 3Inflation en France et contributions par poste

  • Lecture : en décembre 2022, les prix à la consommation ont augmenté de 5,9 % par rapport à décembre 2021 ; l’alimentation a contribué à cette hausse à hauteur de 2,0 points.
  • Source : Insee.

Dans ce contexte de forte inflation, de nombreuses mesures ont été prises, pour en atténuer les effets sur les ménages, en tempérant les hausses de prix (bouclier tarifaire sur le prix du gaz et de l’électricité, remise à la pompe sur les carburants) mais aussi en soutenant leur revenu (revalorisations anticipées de nombreuses prestations, suppression de la redevance audiovisuelle, aide exceptionnelle de rentrée scolaire). Au total, le pouvoir d’achat du revenu disponible brut des ménages a été quasi stable en moyenne 2022, soit +0,2 % (figure 4), après +2,6 % en 2021. Le pouvoir d’achat par unité de consommation, qui tient compte des effets démographiques, a quant à lui légèrement diminué en 2022 (-0,4 %).

Figure 4Variations annuelles du pouvoir d’achat et contributions de ses principales composantes

(variation annuelle du pouvoir d’achat, en %, et principales contributions, en points)
Variations annuelles du pouvoir d’achat et contributions de ses principales composantes ((variation annuelle du pouvoir d’achat, en %, et principales contributions, en points)) - Lecture : en 2022, le pouvoir d’achat du revenu disponible brut des ménages a augmenté de 0,2 % ; les revenus d’activité ont contribué à cette croissance à hauteur de 5,5 points.
Année Revenus d'activité Prestations sociales Revenus de la propriété* Prélèvements obligatoires Prix de la consommation des ménages Pouvoir d'achat du revenu disponible brut des ménages Pouvoir d'achat par unité de consommation
2018 1,9 0,8 1,0 -0,6 -1,7 1,4 0,8
2019 2,2 1,0 0,3 -0,1 -0,8 2,6 2,0
2020 -2,6 3,4 -0,2 0,9 -0,9 0,3 -0,3
2021 4,9 -0,7 1,3 -1,2 -1,5 2,6 2,1
2022 5,5 0,2 1,4 -2,0 -4,9 0,2 -0,4
  • * dont excédent brut d’exploitation des ménages purs.
  • Lecture : en 2022, le pouvoir d’achat du revenu disponible brut des ménages a augmenté de 0,2 % ; les revenus d’activité ont contribué à cette croissance à hauteur de 5,5 points.
  • Source : Insee.

Figure 4Variations annuelles du pouvoir d’achat et contributions de ses principales composantes

  • * dont excédent brut d’exploitation des ménages purs.
  • Lecture : en 2022, le pouvoir d’achat du revenu disponible brut des ménages a augmenté de 0,2 % ; les revenus d’activité ont contribué à cette croissance à hauteur de 5,5 points.
  • Source : Insee.

Pourtant, l’emploi salarié est resté dynamique et a connu un ralentissement moins marqué que l’activité économique, avec +337 000 emplois en fin d’année 2022 par rapport à la fin d’année 2021 (soit une hausse de 1,3 % entre fin 2021 et fin 2022). L’emploi salarié dépassait ainsi fin décembre 2022 de 4,5 % son niveau d’avant la crise sanitaire, soit près de 1,2 million d’emplois supplémentaires dont un tiers en contrat d’alternance. Ces créations d’emplois sont surtout concentrées dans le tertiaire marchand (+820 000 emplois fin 2022 par rapport à fin 2019), la construction (+115 000) et le tertiaire non-marchand (+161 000). Ce dynamisme de l’emploi salarié a soutenu le pouvoir d’achat des ménages par le biais des revenus d’activité. Le a diminué de 0,3 point entre fin 2021 et fin 2022, après une baisse de 0,7 point l’année précédente. Il a ainsi atteint 7,1 %, son plus bas niveau depuis le premier trimestre 2008 (si on excepte le recul ponctuel en du deuxième trimestre 2020, pendant le premier confinement).

La demande intérieure a fortement ralenti, dans un contexte d’atonie du pouvoir d’achat et de resserrement des politiques monétaires

Dans un contexte de forte inflation et de quasi-stabilité du pouvoir d’achat, la consommation des ménages a fortement ralenti au cours de l’année 2022, jusqu’à se replier fortement au quatrième trimestre. Elle n’a ainsi augmenté que de 2,1 % en 2022, malgré des effets d’acquis importants fin 2021. Les baisses de consommation se sont concentrées dans les produits les plus soumis à l’inflation, c’est-à-dire l’alimentaire et l’énergie. Le taux d’épargne des ménages s’est établi à 17,5 % en moyenne annuelle 2022, soit 2,5 points au-dessus de son niveau moyen de 2019.

En réponse à la hausse de l’inflation, les principales banques centrales, dont la Banque centrale européenne à partir de l’été 2022, ont procédé à un resserrement rapide des politiques monétaires, entraînant une augmentation du coût du crédit pesant sur l’investissement des entreprises comme des ménages. Ce dernier a ainsi diminué de 1,3 % en 2022 par rapport à 2021. L’investissement des entreprises, quant à lui, a résisté, avec une croissance annuelle de 3,8 % : outre le dynamisme persistant de l’investissement en services informatiques, l’allègement des difficultés d’approvisionnement pour la fabrication de matériels de transport, en milieu d’année, a permis un rattrapage de l’investissement en produits manufacturés. De plus, le taux de marge des sociétés non financières s’est situé, en moyenne sur 2022, à 31,7 % de leur valeur ajoutée, soit un niveau proche de l’année 2018, préservant leur capacité à investir malgré les fortes tensions inflationnistes. Cela représente cependant une baisse du taux de marge de 2,2 points par rapport à 2021, avec la fin du recours massif à l’activité partielle et du versement du Fonds de solidarité.

La demande intérieure finale a ralenti en France mais aussi dans le reste de la zone euro, tandis que les confinements en Chine pénalisaient ses échanges commerciaux et flux touristiques. La demande mondiale adressée à la France a ainsi pesé sur les exportations françaises en volume, dont la croissance de 7,2 % en 2022 masque un ralentissement quasi-continu au fil des trimestres. Les importations, de leur côté, ont davantage augmenté que la demande intérieure (+8,7 % en 2022, après +9,2 % en 2021) : la baisse de production nationale d’électricité s’est traduite par des importations équivalentes. Le commerce extérieur a ainsi contribué négativement, à hauteur de -0,6 point à la croissance du PIB (figure 5). La consommation comme l’investissement des administrations publiques ont ralenti en 2022, l’année 2021 ayant été marquée par la reprise consécutive aux confinements de 2020 mais également par l’essor des dépenses de vaccination. La consommation des administrations publiques a ainsi augmenté de 2,9 % en 2022, et leur investissement de 1,5 %.

Figure 5Variations annuelles du PIB et contribution des principaux postes de la demande

(variations en %, contributions en points)
Variations annuelles du PIB et contribution des principaux postes de la demande ((variations en %, contributions en points)) - Lecture : en 2022 le PIB a augmenté de 2,5 % ; la consommation privée des ménages a contribué à cette croissance à hauteur de 1,0 point.
Année Consommation des ménages Consommation des administrations publiques Investissement des ménages Investissement des entreprises Investissement des administrations publiques Échanges extérieurs Variations de stocks PIB
2017 0,9 0,4 0,3 0,8 0,0 -0,1 0,2 2,5
2018 0,5 0,2 0,1 0,5 0,1 0,4 0,0 1,8
2019 0,9 0,3 0,1 0,5 0,3 -0,3 0,0 1,9
2020 -3,4 -1,1 -0,5 -1,0 -0,2 -1,3 -0,2 -7,7
2021 2,6 1,8 0,8 1,5 0,1 0,2 -0,6 6,4
2022 1,0 0,8 -0,1 0,6 0,1 -0,6 0,8 2,5
  • Note : les volumes sont corrigés des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO).
  • Lecture : en 2022 le PIB a augmenté de 2,5 % ; la consommation privée des ménages a contribué à cette croissance à hauteur de 1,0 point.
  • Source : Insee.

Figure 5Variations annuelles du PIB et contribution des principaux postes de la demande

  • Note : les volumes sont corrigés des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO).
  • Lecture : en 2022 le PIB a augmenté de 2,5 % ; la consommation privée des ménages a contribué à cette croissance à hauteur de 1,0 point.
  • Source : Insee.
Publication rédigée par :Michèle Charpentier, Jules Baleyte, Jérémy Marquis (Insee)

Définitions

Heures rémunérées :

le volume d’heures rémunérées correspond à la durée pour laquelle le salarié est rémunéré sur une période. Cela inclut notamment les heures supplémentaires mais aussi les absences pour lesquelles le salarié perçoit une rémunération, comme les congés payés, les jours fériés ou les jours attribués au titre de la réduction du temps de travail. Ce volume d’heures rémunérées est une composante importante de l’activité économique, même s’il ne la mesure pas directement : d’une part, certaines absences sont considérées comme du travail rémunéré et d’autre part, la rémunération des salariés ne reflète pas toujours les fluctuations de leur productivité.

L'acquis de croissance du PIB pour 2022 fin 2021 correspond au taux de croissance du PIB entre 2021 et 2022 que l'on obtiendrait si le PIB demeurait jusqu'à la fin de l'année 2022 au niveau du dernier trimestre de 2021.

Les chiffres qui suivent sont issus de la publication du taux de chômage du premier trimestre 2023, en date du 17 mai 2023. Dans le chapitre sur le chômage et les politiques de l’emploi, les données utilisées sont celles de la publication du 14 février 2023.

Les confinements ont rendu difficiles les démarches de recherche active d’emploi, ce qui influe sur la mesure du taux de chômage : en effet, un chômeur au sens du BIT est une personne âgée de 15 ans ou plus, sans emploi durant une semaine donnée, disponible pour travailler dans les deux semaines, et qui a effectué au cours des quatre dernières semaines une démarche active de recherche d’emploi.

L'acquis de croissance du PIB pour 2022 fin 2021 correspond au taux de croissance du PIB entre 2021 et 2022 que l'on obtiendrait si le PIB demeurait jusqu'à la fin de l'année 2022 au niveau du dernier trimestre de 2021.

Les chiffres qui suivent sont issus de la publication du taux de chômage du premier trimestre 2023, en date du 17 mai 2023. Dans le chapitre sur le chômage et les politiques de l’emploi, les données utilisées sont celles de la publication du 14 février 2023.

Les confinements ont rendu difficiles les démarches de recherche active d’emploi, ce qui influe sur la mesure du taux de chômage : en effet, un chômeur au sens du BIT est une personne âgée de 15 ans ou plus, sans emploi durant une semaine donnée, disponible pour travailler dans les deux semaines, et qui a effectué au cours des quatre dernières semaines une démarche active de recherche d’emploi.