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Insee Conjoncture Bretagne · Juillet 2021 · n° 34
Insee Conjoncture BretagneBilan économique 2020 - Bretagne En 2020, l’économie bretonne a été moins affectée par la crise que l’économie française

En 2020, les mesures exceptionnelles de lutte contre la pandémie de Covid-19 bouleversent la vie économique et sociale, en France comme à l’étranger. Dans ce contexte, les répercussions économiques prennent une ampleur inédite. La Bretagne n’y échappe pas mais les contrecoups y sont globalement moins prononcés que dans l’ensemble du pays.

Insee Conjoncture Bretagne
No 34
Paru le :Paru le08/07/2021

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2020 publiés par l'Insee.
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Agriculture - Des marchés agricoles diversement impactés par la crise sanitaire Bilan économique 2020

Linda Deschamps (Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt)

En 2020, la situation sanitaire liée à la Covid-19 affecte les filières agricoles. Favorable en début d’année, la conjoncture porcine en pâtit ensuite. La filière poulet profite d’un report de ses débouchés vers la grande distribution. La production d’œufs est stimulée, mais les prix fléchissent. Celui du lait recule dès avril. Les cotations des vaches laitières sont favorisées, au contraire de celles des veaux.

Le bilan est globalement positif pour les légumes. La météo détériore les rendements des céréales à paille et le coût des aliments pour animaux augmente au second semestre.

Insee Conjoncture Bretagne

No 34

Paru le :08/07/2021

Augmentation des prix des céréales et des légumes

En 2020, année exceptionnellement chaude, les rendements régressent en céréales à paille, mais progressent en maïs grain. La production diminue de 8 % pour l’ensemble des céréales (figure 1), malgré une hausse en maïs. Elle décroît en oléagineux et se maintient en protéagineux.

Figure 1Les principales productions

Les principales productions
Bretagne Part Bretagne /France métropolitaine en 2020 (en %)
2019 2020 Évolution 2020/2019 (en %)
Productions végétales (en tonnes)
Blé 2 407 835 1 606 160 -33,3 6
Maïs grain 1 213 936 1 705 356 40,5 12
Orge 682 555 657 635 -3,7 6
Triticale 176 454 133 790 -24,2 11
Autres céréales 93 417 83 089 -11,1 3
Oléagineux 188 167 181 634 -3,5 3
Maïs fourrage 3 839 481 3 734 980 -2,7 23
Choux-fleurs 188 999 189 000 0,0 81
Tomates 179 152 156 925 -12,4 26
Lait (en millions de litres)
Livraisons à l'industrie 5 449 5 423 -0,5 22
Activité dans les abattoirs (en tonnes)
Bovins - 12 mois 64 262 61 735 -3,9 32
Gros bovins 252 264 255 118 1,1 21
Porcs 1 310 138 1 308 610 -0,1 59
Gallus 383 857 378 383 -1,4 33
Dindes 124 135 125 532 1,1 39
Production d'œufs des élevages professionnels (en milliers)
Œufs de consommation* 5 648 050 6 017 400 6,5 42
  • * : Estimation à partir des données nationales.
  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne, Statistique agricole annuelle (2019 définitive, 2020 provisoire), enquête auprès des laiteries, enquête auprès des abattoirs.

Avec une récolte européenne limitée et une demande mondiale dynamique (Chine), les prix des céréales augmentent au second semestre. En Bretagne, entre juin et décembre 2020, le prix du blé gagne 6 % et celui du maïs grain 9 % (figure 2). Cette hausse est répercutée sur le coût de l’alimentation animale.

Figure 2Le prix des céréales en Bretagne

en €/tonne
Le prix des céréales en Bretagne (en €/tonne)
Blé tendre Maïs grain
Déc. 2015 150,52 106,42
Juin 2016 152,35 110,58
Déc. 2016 131,25 123,09
Juin 2017 140,73 131,81
Déc. 2017 129,77 101,63
Juin 2018 140,63 114,37
Déc. 2018 160,73 132,49
Juin 2019 169,14 140,31
Déc. 2019 134,74 114,5
Juin 2020 150,92 124,95
Déc. 2020 159,75 136,36
  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne ; FranceAgriMer.

Figure 2Le prix des céréales en Bretagne

  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne ; FranceAgriMer.

En ce qui concerne les coûts de production, les postes « énergie » et « engrais » diminuent en 2020.

Pour la plupart des légumes, les prix progressent dans un contexte de volumes en baisse et d’une demande des consommateurs privilégiant davantage les produits d’origine française lors des périodes de confinement. Comparés aux moyennes quinquennales respectives, le prix annuel de la tomate grappe augmente ainsi de 11 %, avec une offre réduite de 20 %. Les moindres volumes d’artichauts sont également bien valorisés : avec une production en baisse de 41 %, leur prix augmente de 78 %. Concernant le chou-fleur, le prix de la campagne 2019-2020 remonte (+ 49 %), pour une offre plus faible (– 16 %). La production se replie en échalote traditionnelle. En fin de campagne 2019-2020, les prix flambent en poireaux et en endives. En revanche, le prix annuel des pommes de terre primeur se réduit de 12 %, avec une offre comparable à la moyenne 2015-2019.

Baisse du prix du lait à partir d’avril

Entre 2019 et 2020, les quantités de lait livrées par les producteurs bretons baissent légèrement (– 0,5 %) (figure 3). En raison du confinement mis en œuvre en mars et de la fermeture de la restauration hors domicile (RHD), un dispositif national de régulation de la production de lait est mis en place en avril. Craignant un déséquilibre entre l’offre et la demande, de nombreux opérateurs annoncent des baisses de prix au second trimestre. Le prix moyen mensuel passe sous le niveau de 2019 à partir d’avril. Il est également impacté par les cours des produits laitiers industriels qui chutent au printemps. En moyenne annuelle, le prix du lait payé aux producteurs bretons recule de 1,1 % en un an (figure 4). Il dépasse cependant de 6,2 % le prix moyen 2015-2019. Les coûts de production sont stables.

Figure 3Prix et livraisons de lait en Bretagne

indice base 100 en 2015
Prix et livraisons de lait en Bretagne (indice base 100 en 2015)
Année Prix moyen à la production Livraisons
2015 100,0 100,0
2016 92,2 101,0
2017 105,8 103,7
2018 106,5 102,9
2019 111,7 104,0
2020 110,5 103,5
  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne ; FranceAgriMer, enquête mensuelle auprès des laiteries.

Figure 3Prix et livraisons de lait en Bretagne

  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne ; FranceAgriMer, enquête mensuelle auprès des laiteries.

Figure 4Prix des produits animaux

variations annuelles en %
Prix des produits animaux (variations annuelles en %)
2019 2020
Porc charcutier 24,6 -7,2
Lait 4,7 -0,8
Vache de réforme -3,4 0,5
Veau -6,5 -1,1
Poulet standard 0,7 3,2
Œuf de consommation -5,2 -9,5
  • Champ : Porc charcutier, lait et poulet : Bretagne / Vache de réforme : bassin Grand Ouest / Veau  : bassin Nord / Œufs de consommation : France.
  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne ; FranceAgriMer ; Marché au cadran de Plérin.

Figure 4Prix des produits animaux

  • Champ : Porc charcutier, lait et poulet : Bretagne / Vache de réforme : bassin Grand Ouest / Veau  : bassin Nord / Œufs de consommation : France.
  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne ; FranceAgriMer ; Marché au cadran de Plérin.

Difficultés renforcées en veaux de boucherie

Le volume de gros bovins abattus en Bretagne s’accroît de 1,1 %, avec une progression en vaches laitières et allaitantes et un repli en jeunes bovins. La cotation de la vache laitière du bassin Grand Ouest gagne 0,5 % en moyenne annuelle (2,76 €/kg) et 5,5 % au second semestre (figure 5), suite à la hausse de la demande des ménages en produits hachés pendant les périodes de confinement.

Figure 5Cours des bovins – Cotations Grand Ouest

en €/kg
Cours des bovins – Cotations Grand Ouest (en €/kg)
Mois Vache P Jeune bovin R
janv.-15 2,58 3,80
févr.-15 2,66 3,76
mars-15 2,78 3,77
avr.-15 2,83 3,72
mai-15 2,93 3,71
juin-15 3,03 3,76
juil.-15 3,12 3,83
août-15 3,19 3,87
sept.-15 3,05 3,75
oct.-15 2,88 3,67
nov.-15 2,73 3,74
déc.-15 2,52 3,76
janv.-16 2,59 3,75
févr.-16 2,65 3,74
mars-16 2,73 3,73
avr.-16 2,72 3,64
mai-16 2,73 3,56
juin-16 2,71 3,58
juil.-16 2,70 3,65
août-16 2,67 3,65
sept.-16 2,52 3,60
oct.-16 2,52 3,60
nov.-16 2,56 3,65
déc.-16 2,54 3,74
janv.-17 2,63 3,74
févr.-17 2,71 3,73
mars-17 2,82 3,76
avr.-17 2,91 3,77
mai-17 2,94 3,75
juin-17 2,97 3,78
juil.-17 2,88 3,80
août-17 2,95 3,86
sept.-17 2,94 3,88
oct.-17 2,90 3,95
nov.-17 2,84 4,01
déc.-17 2,67 4,03
janv.-18 2,71 3,95
févr.-18 2,75 3,86
mars-18 2,87 3,88
avr.-18 2,85 3,80
mai-18 2,95 3,71
juin-18 2,95 3,69
juil.-18 3,02 3,73
août-18 2,98 3,72
sept.-18 2,98 3,72
oct.-18 2,84 3,70
nov.-18 2,62 3,72
déc.-18 2,61 3,79
janv.-19 2,67 3,82
févr.-19 2,75 3,85
mars-19 2,80 3,84
avr.-19 2,82 3,79
mai-19 2,90 3,78
juin-19 2,90 3,77
juil.-19 2,85 3,76
août-19 2,79 3,80
sept.-19 2,80 3,82
oct.-19 2,63 3,79
nov.-19 2,53 3,84
déc.-19 2,53 3,90
janv.-20 2,55 3,90
févr.-20 2,57 3,85
mars-20 2,67 3,80
avr.-20 2,66 3,70
mai-20 2,81 3,69
juin-20 2,88 3,72
juil.-20 2,88 3,69
août-20 2,88 3,66
sept.-20 2,88 3,64
oct.-20 2,86 3,61
nov.-20 2,77 3,61
déc.-20 2,74 3,63
  • Note : Vaches P et jeunes bovins R : catégories de référence des grilles de cotations.
  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne ; FranceAgriMer.

Figure 5Cours des bovins – Cotations Grand Ouest

  • Note : Vaches P et jeunes bovins R : catégories de référence des grilles de cotations.
  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne ; FranceAgriMer.

À l’inverse, les cours des jeunes bovins se dégradent sur un marché en surplus d’offre. En 2020, le volume de veaux de boucherie abattus en Bretagne régresse de 3,9 %, avec une chute de 18 % en avril-mai, suite à la fermeture de la RHD. Amorcée fin 2019, la reprise des cours s’interrompt au printemps. En moyenne annuelle, le prix du veau du bassin Nord s’affiche à 5,24 €/kg, inférieur de 5,6 % au prix moyen 2015-2019. Le coût des aliments d’allaitement poursuit sa hausse (figure 6).

Figure 6Coût des aliments en Bretagne, selon l ’IPAMPA*

indice base 100 en 2015
Coût des aliments en Bretagne, selon l ’IPAMPA* (indice base 100 en 2015)
Aliments pour porcins Aliments pour volailles Aliments pour gros bovins Aliments pour veaux
2015 100 100 100 100
2016 94,6 96,4 95,5 96,3
2017 94,7 95,8 94,4 99,7
2018 97,8 96,7 96,2 97,3
2019 101,8 99,3 99,1 103
2020 102 99,3 99,4 106,9
  • * : Indice des prix d’achat des moyens de production agricole.
  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne ; Insee.

Figure 6Coût des aliments en Bretagne, selon l ’IPAMPA*

  • * : Indice des prix d’achat des moyens de production agricole.
  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne ; Insee.

Porc : une conjoncture favorable mise à mal

En 2020, le marché du porc est marqué par les effets de la pandémie et de la en Allemagne en septembre, mais il reste soutenu par la demande chinoise. Le volume de porcs abattus en Bretagne se maintient. Très élevé au premier trimestre, le prix du porc redescend ensuite. Au marché de Plérin, le prix de base du porc charcutier s’établit à 1,384 €/kg en moyenne annuelle, en baisse de 7,2 % par rapport au pic de 2019, mais supérieur de 5,1 % au prix moyen 2015-2019 (figure 7). Le coût de l’aliment continue de croître, dépassant le niveau élevé de 2019 au second semestre.

Figure 7Prix du porc au cadran de Plérin

en €/kg
Prix du porc au cadran de Plérin (en €/kg)
Mois Série brute Moyenne mobile sur 12 mois
janv.-15 1,10 1,25
févr.-15 1,15 1,24
mars-15 1,23 1,24
avr.-15 1,25 1,24
mai-15 1,23 1,25
juin-15 1,31 1,24
juil.-15 1,37 1,24
août-15 1,39 1,24
sept.-15 1,36 1,23
oct.-15 1,30 1,22
nov.-15 1,08 1,21
déc.-15 1,07 1,21
janv.-16 1,09 1,21
févr.-16 1,10 1,22
mars-16 1,12 1,23
avr.-16 1,13 1,24
mai-16 1,20 1,25
juin-16 1,35 1,27
juil.-16 1,46 1,28
août-16 1,47 1,30
sept.-16 1,52 1,33
oct.-16 1,39 1,35
nov.-16 1,30 1,39
déc.-16 1,30 1,41
janv.-17 1,32 1,42
févr.-17 1,38 1,43
mars-17 1,43 1,42
avr.-17 1,54 1,41
mai-17 1,49 1,39
juin-17 1,49 1,38
juil.-17 1,49 1,37
août-17 1,44 1,36
sept.-17 1,33 1,34
oct.-17 1,22 1,32
nov.-17 1,18 1,29
déc.-17 1,16 1,27
janv.-18 1,12 1,24
févr.-18 1,19 1,22
mars-18 1,23 1,21
avr.-18 1,19 1,20
mai-18 1,19 1,20
juin-18 1,21 1,20
juil.-18 1,22 1,20
août-18 1,24 1,20
sept.-18 1,26 1,20
oct.-18 1,19 1,20
nov.-18 1,17 1,22
déc.-18 1,18 1,24
janv.-19 1,17 1,27
févr.-19 1,18 1,30
mars-19 1,25 1,33
avr.-19 1,40 1,37
mai-19 1,46 1,41
juin-19 1,52 1,45
juil.-19 1,55 1,49
août-19 1,61 1,52
sept.-19 1,70 1,55
oct.-19 1,69 1,57
nov.-19 1,69 1,58
déc.-19 1,67 1,57
janv.-20 1,53 1,56
févr.-20 1,48 1,54
mars-20 1,56 1,51
avr.-20 1,49 1,49
mai-20 1,36 1,46
juin-20 1,35 1,42
juil.-20 1,31 1,38
août-20 1,32 1,36
sept.-20 1,38 1,33
oct.-20 1,36 1,32
nov.-20 1,28
déc.-20 1,20
  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne ; Marché au cadran de Plérin.

Figure 7Prix du porc au cadran de Plérin

  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne ; Marché au cadran de Plérin.

Une filière poulet assez épargnée par la crise sanitaire

Le volume de poulets abattus en Bretagne se réduit de 1,9 % en 2020. Leur poids moyen augmente, en lien avec la baisse de la part des « poulets export », plus légers. Pour la filière dinde, la légère hausse des abattages (+ 1,1 %) masque une chute au dernier trimestre. Avec la fermeture de la RHD et de l’export, les filières poulet et dinde bénéficient cependant d’un report partiel de la consommation hors foyer vers celle à domicile. En moyenne annuelle, le cours à la production en France est stable pour le poulet standard comme pour la dinde, mais les cours du second semestre sont supérieurs à ceux du premier.

En 2020, la production française d’œufs de consommation, dont 42 % est d’origine bretonne, dépasse de 6,5 % celle de l’année précédente, retrouvant un niveau plus habituel. La production issue des modes d’élevage alternatifs (biologique, plein air ou au sol), correspondant à 49 % de la production totale, progresse de 26 %. Le prix des œufs poursuit son repli. Favorable au premier semestre grâce à la consommation à domicile, la cotation de l’œuf coquille se réduit de 6 % en moyenne annuelle, avec une chute de 31 % au dernier trimestre. Celle de l’œuf industrie fléchit de 15 % en un an.

Publication rédigée par :Linda Deschamps (Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt)

Catégorie de référence de la grille de cotation.

Maladie animale touchant exclusivement les porcs domestiques et les sangliers.

Catégorie de référence de la grille de cotation.

Maladie animale touchant exclusivement les porcs domestiques et les sangliers.