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Insee Conjoncture Provence-Alpes-Côte d'Azur · Juillet 2021 · n° 34
Insee Conjoncture Provence-Alpes-Côte d'AzurBilan économique 2020 - Provence-Alpes-Côte d'Azur L’économie régionale particulièrement touchée par la crise, un choc amorti sur l’emploi

En 2020, l’activité mondiale est avant tout déterminée par l’épidémie de Covid-19 et par les mesures d’endiguement adoptées. Dans la plupart des pays, la limitation des déplacements a pesé sur la consommation des ménages. En France, la croissance chute fortement, davantage que dans la zone euro.

L’économie de Provence-Alpes-Côte d’Azur, particulièrement exposée par sa composante touristique, est plus affectée que la moyenne des régions de France. L’emploi se contracte, mais le choc économique est amorti par le recours massif à l’activité partielle. Les mesures de soutien de l’État limitent aussi les défaillances d’entreprises à travers un accroissement de l’encours de crédits bancaires. Les créations d’entreprises ne résistent à la crise que grâce aux immatriculations de micro-entrepreneurs. Les premières conséquences sociales de la crise se manifestent par une hausse de la demande d’emploi et une envolée du nombre de bénéficiaires du revenu de solidarité active.

Insee Conjoncture Provence-Alpes-Côte d'Azur
No 34
Paru le :Paru le08/07/2021

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2020 publiés par l'Insee.
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Agriculture - Production et consommation alimentaires face au contexte exceptionnel Bilan économique 2020

Muriel Le Roux (Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt)

En 2020, la commercialisation de produits agricoles de Provence-Alpes-Côte d’Azur est fortement perturbée par la crise sanitaire. À la fermeture des restaurants s’ajoute un comportement différent des consommateurs : la recherche de produits emballés stockables, la hausse des quantités moyennes par achat, mais aussi une attention accrue pour l’origine locale et la vente directe.

Outre la crise sanitaire qui affecte la demande, les volumes et calendriers de production subissent les conditions météorologiques. Après les records de douceur en janvier et février 2020, le gel tardif fin mars et les épisodes de grêle en mai réduisent fortement les rendements et la production, tirant la plupart des cours vers le haut.

Les récoltes de fraises, pêches, melons et de raisin de table tirent leur épingle du jeu. La situation est plus difficile pour l’abricot, la cerise et la salade d’hiver. L’export de vins, quant à lui, souffre particulièrement des surtaxes douanières américaines et de la contraction des échanges mondiaux alors que la vendange est réduite dans le Var par le gel de printemps et la sécheresse estivale.

Insee Conjoncture Provence-Alpes-Côte d'Azur

No 34

Paru le :08/07/2021

Fruits et légumes : une production réduite d’abricots, cerises et pommes

Dans un contexte fortement perturbé par la crise sanitaire, les achats de fruits et légumes par les ménages sont en hausse en 2020. Les volumes de vente progressent de 5 % au niveau national, portés par la hausse des quantités moyennes par acte d’achat. Les consommateurs se tournent vers des produits qui se conservent, tels que la pomme et les légumes pré-emballés (+10 %) [France Agrimer, 2020].

La récolte de fraises débute en Provence-Alpes-Côte d’Azur peu avant le confinement de mars 2020. Les ventes sont ralenties avec des acheteurs focalisés sur les produits stockables de première nécessité. Après une de dix jours en mars, la situation s’inverse en avril : la consommation se dynamise et se maintient à bon niveau jusqu’à la fin de saison. Le cours moyen n’est inférieur que de 1 % à la moyenne quinquennale (figure 1).

La cerise s’écoule lentement au début du mois de mai. Le bilan est décevant : l’offre est réduite et la qualité moyenne, du fait de l’infestation de mouches drosophiles (environ 35 % des cerises précoces n’ont pas pu être commercialisées). L’amélioration des conditions climatiques (encadré) en été profite à la qualité, ce qui dynamise la consommation avec un engouement pour le conditionnement en barquette. Le cours moyen de 2020 est supérieur de 19 % à la moyenne des cinq années précédentes, mais ne compense pas le déficit de production.

En 2020, le manque de pêches et de nectarines dû aux gelées printanières soutient des cours exceptionnellement hauts, supérieurs de plus de 20 % à la moyenne quinquennale. Malgré une demande faible en juillet et une offre en croissance régulière, les prix sont élevés.

Les cours des melons sont également historiquement hauts en 2020. Dès le mois de juillet, avec une production en baisse et une météo très favorable à la consommation, le melon manque et les cours s’envolent (+16 % par rapport à la moyenne quinquennale).

La campagne d’abricots est mauvaise pour la 3e année de suite (–37 % en 2020). Elle est l’une des plus faibles de la décennie. La demande est très dynamique dans un marché sous-approvisionné. Le cours moyen de l’abricot demeure donc très élevé tout au long de la campagne (+28 % par rapport à la moyenne quinquennale).

Les tomates grappes et rondes atteignent des niveaux de prix records (respectivement +17 % et +11 % par rapport à la moyenne quinquennale), au détriment des variétés anciennes. Cette dynamique s’essouffle, victime d’une demande qui faiblit et d’une météo défavorable. Au début de l’été, l’arrivée en production des autres régions de France et de la Belgique dégrade les cours, alors que les fortes températures entraînent une baisse des .

Le déficit en fruits d’été a un impact positif sur les ventes de raisin de table. Durant toute la commercialisation, la demande reste bien orientée et les cours du raisin frais restent solides. De même, les cours du raisin de longue conservation sont élevés, à l’inverse de 2019. Au total, les cours du raisin noir sont supérieurs de 11 % à la moyenne quinquennale.

La production régionale de pommes se replie de 6 % par rapport à la moyenne quinquennale. C’est une des récoltes les plus faibles de ces dix dernières années, conséquence du gel printanier et de la sécheresse. La commercialisation de la pomme démarre précocement en août dans un marché intérieur porteur, avec une offre réduite et une demande locale présente. Dans un contexte de production limitée, les cours sont supérieurs de 6 % à 19 % par rapport à la moyenne quinquennale suivant les variétés. À l’export, le marché est atone : la contraction du commerce mondial liée à l’épidémie de Covid-19 et la forte concurrence de l’Italie et de la Turquie sont autant de facteurs qui ont un impact sur les ventes.

La saison se termine avec la salade qui subit de plein fouet les conséquences des restrictions sanitaires. La fermeture des restaurants, la faiblesse des commandes vers le marché extérieur, le manque de débouchés des salades destinées à la 4e gamme (sachet) et une offre largement supérieure à la demande font chuter les cours tout au long de la campagne. La salade subit une crise conjoncturelle d’une durée exceptionnelle du 11 décembre au 11 mars 2021. Le cours de la salade est inférieur de 23 % à la moyenne quinquennale.

Figure 1Prix moyens annuels des fruits et légumes en Provence-Alpes-Côte d'Azur

Prix par kg
Prix moyens annuels des fruits et légumes en Provence-Alpes-Côte d'Azur (Prix par kg)
en euros 2020 (expédition) Évolution en %
2020 / 2019 2020 / moyenne 2015-2019
Fruits
Abricot 2,61 36,6 27,6
Cerise de bouche 5,69 3,3 19,2
Fraise 6,55 7,9 -1,2
Nectarine 2,2 21,5 24,9
Pêche
blanche 2,05 17,8 22,3
jaune 2,05 17,8 22,5
Poire 1,19 1,7 16,0
Pomme (destination France)
gala 0,95 2,2 5,6
golden 1,01 4,1 16,6
granny smith 1,12 10,9 18,6
Raisin* 3,44 20,7 11,2
Légumes
Melon 1,17 9,3 16,1
Tomate
grappe 1,58 9,7 16,9
ronde 1,15 4,5 10,6
Salades** (la pièce) 0,44 -28,2 -22,6
  • * lavallée et muscat (frais et longue conservation).
  • **laitue pommée, batavia, lolo blonde et lolo rouge, feuille de chêne blonde et rouge.
  • Source : Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt Provence-Alpes-Côte d’Azur, Réseau des nouvelles des marchés.

Grandes cultures : forte baisse de la production de blé dur

En 2020, la production régionale de céréales est en repli de 7 % (–17 000 tonnes), du fait d’une chute de production de blé dur de 23 %. La surface cultivée en céréales recule de 6 %, affectée par la chute de la de blé dur (–25 %). Seulement 60 500 ha sont cultivés en céréales au cours de la campagne 2019-2020.

La campagne 2019-2020 est aussi marquée par des dates de semis encore plus étalées qu’en 2018-2019. Les pluies automnales excessives ont fortement retardé les semis, jusqu’en février en Camargue et dans la vallée du Rhône.

Figure 2Production en grandes cultures en Provence-Alpes-Côte d'Azur

Production en grandes cultures en Provence-Alpes-Côte d'Azur
Surfaces Productions Rendements
2020 (hectares) 2020 / 2019 en % 2020 / moyenne 2015-2019 en % 2020 (T) 2020 / 2019 en % 2020 / moyenne 2015-2019 en % 2020 (T) 2020 / 2019 en % 2020 / moyenne 2015-2019 en %
Blé tendre 8 953 -1,6 -0,9 31 011 -0,6 -6,4 3 1,8 -4,9
Blé dur 15 763 -25,1 -53,3 55 211 -22,6 -57,9 4 2,9 -8,4
Seigle et Méteil 401 34,1 7,3 1 236 33,6 8,7 3 -0,6 0,7
Orge & Escourgeon 12 807 9,0 18,2 52 025 6,9 22,2 4 -1,0 3,6
Avoine 1 779 3,9 2,6 4 447 3,9 3,9 3 0,0 1,6
Maïs 3 320 6,6 1,1 24 476 -0,7 -13,1 7 -6,7 -13,9
Sorgho 2 125 -0,3 35,1 7 957 1,3 12,3 4 1,1 -18,7
Triticale 2 352 -1,8 -17,8 9 298 -1,5 -17,1 4 1,3 0,8
Autres céréales 1 426 8,7 53,4 2 190 3,3 31,5 2 0,0 -10,7
Riz 11 545 0,2 3,0 62 574 -8,1 -2,0 5 -8,1 -4,9
Total céréales 60 471 -6,0 -20,0 250 427 -6,7 -22,8 4 -1,4 -1,1
Colza 978 -26,4 -53,9 1 778 -15,9 -59,2 2 13,1 -11,3
Tournesol 7 719 -10,1 -7,1 13 503 -6,9 -13,8 2 2,9 -7,9
Soja 574 -13,4 -40,0 1 415 -10,6 -42,1 2 2,9 -2,8
Autres oléagineux 197 -21,8 35,7 341 -16,8 40,0 2 7,5 2,4
Total oléagineux 9 486 -12,5 -17,8 17 073 -8,4 -24,8 2 5,9 -10,7
Protéagineux 406 -49,1 -75,3 965 -37,1 -70,2 2 25,3 21,4
  • Source : Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Viticulture : progression de la production régionale

La production viticole régionale de 2020 est estimée à 4,2 millions d’hectolitres (hl), en hausse de 7 % par rapport à 2019. La production progresse en 2020 dans les Bouches-du-Rhône (+24 %) et en Vaucluse (+9 %), où les rendements n’ont pas trop subi les aléas climatiques. Elle diminue dans le Var (–5 %), où le vignoble a été affecté par le gel, la grêle et la sécheresse.

L’export a fortement ralenti. La hausse des droits de douane à l'entrée du marché américain, associée à la situation sanitaire mondiale, a contracté les échanges. Les ventes sur le marché intérieur sur le segment des hôtels-cafés-restaurants se sont aussi réduites.

Figure 3Viticulture en Provence-Alpes-Côte d'Azur

Viticulture en Provence-Alpes-Côte d'Azur
2020 Évolution 2020 / 2019 (en %)
Superficie (en ha)
AOP autres que les vins doux naturels 64 560 0,0
Vins doux naturels en AOP 410 0,0
Ensemble des vins AOP 64 970 0,0
Autres vins, jus et moûts 20 740 1,0
Vignes de cuve en production 85 700 0,0
Vignes de cuve non productives 3 080 9,0
Superficie totale en vignes de cuve 88 790 0,0
Production (en hl)
AOP autres que les vins doux naturels 2 711 860 -1,0
Vins doux naturels en AOP 6 070 21,0
Ensemble des vins AOP 2 717 930 -1,0
IGP, VSIG et autres 1 499 389 37,0
Production totale 4 217 320 7,0
  • Source : Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Lavandes et lavandins : des surfaces et rendements en progression

La campagne de la lavande en 2020 en Provence-Alpes-Côte d’Azur est marquée par des rendements et une production d’huile essentielle particulièrement élevés en raison de bonnes conditions climatiques et sanitaires dans les parcelles. Les rendements sont en hausse de 10 % à 20 % pour la lavande et jusqu’à 50 % pour le lavandin par rapport à l’an passé. Les surfaces cultivées poursuivent leur progression (+8 % par rapport à 2019). Dans ce contexte d’offre très importante, le prix de marché est en nette baisse. Les cours mondiaux de la lavande et du lavandin subissent une tendance baissière sous l’effet de la concurrence bulgare, toujours très présente.

Filières animales : légère baisse des troupeaux ovins

Les températures douces du printemps suivies de chaleurs estivales et d’épisodes pluvieux pendant l’automne ont été propices à la production de fourrages. Les rendements sont en forte hausse par rapport à 2019.

En 2020, les effectifs ovins régressent légèrement (–1,0 %). Le cours moyen de l’agneau est supérieur de 9 % par rapport à l’année précédente. Les importations de viande ovine reculent de 7 % par rapport à 2019 tandis que les exportations chutent de 35 %.

Le prix moyen d’achat du lait de vache aux éleveurs atteint 0,369 euros/litre en 2020, soit une hausse de 2 % par rapport à 2019.

Figure 4Productions ovines et bovines en région Provence-Alpes-Côte d'Azur

En têtes de bétail
Productions ovines et bovines en région Provence-Alpes-Côte d'Azur (En têtes de bétail)
2020 Évolution en %
2020 / 2019 2020 / moyenne 2015-2019
Bovins Vaches laitières 6 614 -0,5 -5,9
Génisses laitières 5 162 -6,5 -22,4
Vaches nourrices 18 250 4,2 5,6
Génisses nourrices 9 895 -7,4 3,4
Autres bovins 29 337 2,9 0,8
Effectif total 69 258 0,5 -0,6
Ovins Agnelles 81 556 -12,0 -9,9
Brebis mères 547 031 4,7 12,7
dont brebis mères traites 7 547 -0,9 14,0
Autres ovins 211 643 -9,1 -2,7
Effectif total 840 229 -0,9 5,6
  • Source : Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Encadré – Météorologie : une année exceptionnellement douce

L’année 2020 se caractérise par un hiver exceptionnellement doux suivi de gelées printanières fin mars qui réduisent fortement les productions de cerises, abricots et pêches. Les fortes températures estivales entraînent une baisse des rendements en tomate et melon, dont la récolte est ensuite écourtée par la fraîcheur de l’automne. Le vignoble varois est quant à lui affecté par le gel, la grêle et enfin la sécheresse réduisant sa production de vin.

Les pluies excessives de l’automne 2019 ont fortement retardé les semis des céréales, entraînant une baisse de la production de céréales et notamment de blé dur.

Publication rédigée par :Muriel Le Roux (Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt)

Définitions

Crise conjoncturelle :

selon l'arrêté du 26 avril 2013 modifiant l'arrêté du 24 mai 2005 fixant les modalités d'application de l'article L. 611-4 du code rural, lorsque l'indicateur de marché d'un produit révèle une situation de prix expédition anormalement bas pendant 2 ou 5 jours ouvrés consécutifs (selon le produit), ce produit est considéré en situation de crise conjoncturelle. Des mesures économiques sont alors mises en place par les distributeurs (réduction des marges brutes, mises en avant des produits...) afin de favoriser l'écoulement de la production et rehausser ainsi les cours.

Rendement :

volume produit pour une surface donnée, généralement en quintal par hectare ou tonne par hectare.

Sole :

superficie semée, dédiée à la culture de céréales.