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Insee Conjoncture Corse · Juillet 2021 · n° 34
Insee Conjoncture CorseBilan économique 2020 - Corse Une activité fortement impactée mais une économie maintenue à flots

En 2020, la crise sanitaire liée à la propagation du virus de la Covid-19 bouleverse fortement l’économie régionale. L’activité est fortement impactée comme l’indique le décrochage des chiffres d’affaires et de l’investissement pour les entreprises enquêtées par la Banque de France et celles soumises à la TVA auprès de la DRFIP. De même, les heures rémunérées par les entreprises restent très en retrait de leur niveau d’avant crise.

L’emploi résiste toutefois grâce aux dispositifs d’aide : le recours au chômage partiel en particulier reste très mobilisé en Corse notamment dans les secteurs clés de l’hébergement-restauration. Toutefois les difficultés sont réelles sur le marché du travail. Les Déclarations Préalables à l’Embauche (DPAE) peinent à dépasser les trois quarts de leur niveau de 2019. Parallèlement, les effets de la crise conduisent certains demandeurs d’emploi à suspendre leurs recherches dans les secteurs à l’arrêt en période de confinement, ce qui induit un effet en trompe-l’œil sur le chômage. Par ailleurs, du fait de la suspension des procédures judiciaires et des délais accordés les défaillances d’entreprises régressent, alors que les créations marquent le pas. Au niveau sectoriel, les deux confinements instaurés au niveau national limitent de façon drastique les déplacements des personnes, engendrant l’arrêt brutal des activités liées aux transports de passagers. Ainsi, les activités touristiques se trouvent réduites à néant lors du premier confinement et subissent le plus fort préjudice de la crise sanitaire. Le contexte sanitaire a également des effets néfastes sur la construction de logements et les ventes immobilières. Dans le monde agricole, les exploitants, les autorités de tutelle et même les consommateurs font preuve de solidarité, d’adaptation et d’innovation, limitant ainsi les effets délétères de la crise.

Insee Conjoncture Corse
No 34
Paru le :Paru le08/07/2021

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2020 publiés par l'Insee.
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Emploi - L'emploi insulaire résiste notamment grâce au soutien du chômage partiel Bilan économique 2020

Marie-Pierre Nicolaï (Insee), Christian Mariani (Union de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d'allocations familiales)

Sur l’île l’emploi recule fortement (- 3,3 %) au premier semestre, par rapport à l’année précédente notamment dans le tertiaire marchand et l’industrie. En lien avec le confinement et une avant-saison touristique avortée l’emploi se dégrade davantage dans l’hébergement-restauration, le commerce et les transports, secteurs prédominants en Corse. En particulier, les recrutements saisonniers du printemps n’ont pas lieu. Seule, la construction dont l’activité demeure malgré tout soutenue, porte l’emploi régional tout au long de l’année. Toutefois, grâce à la saison estivale, même tardive et amoindrie, et aux dispositifs de soutien massifs à l’emploi et aux entreprises, la crise sanitaire s’avère moins néfaste pour l’emploi dans les secteurs marchands au second semestre. Ainsi, en glissement sur l’année l’emploi est en hausse de + 1,1 % par rapport à fin 2019. La baisse des heures rémunérées par les entreprises, plus importante qu’ailleurs, reflète néanmoins un recours accru au chômage partiel.

Insee Conjoncture Corse

No 34

Paru le :08/07/2021

Avertissement

Depuis la publication des résultats du premier trimestre 2018, le champ des estimations trimestrielles d’emploi (ETE) localisées, réalisées en partenariat avec l’Acoss et les Urssaf (champ hors intérim) ainsi que la Dares (sur l’intérim), s’est étendu. En 2017, les ETE publiées au niveau localisé (région et département) portaient seulement sur les salariés du secteur marchand –hors agriculture et particuliers employeurs– en France métropolitaine. Depuis 2018, le champ des ETE localisées comprend les départements d’outre-mer (hors Mayotte) et l’ensemble de l’emploi salarié, donc y compris les salariés de la fonction publique, de l’agriculture et de l’ensemble des particuliers employeurs. De plus, une distinction des emplois « privé » et « public », établie à partir de la catégorie juridique des employeurs, est disponible au niveau régional. Les niveaux de l’emploi « privé » publiés par les Urssaf et par l’Insee diffèrent du fait d’écarts de champ et de concept et de légères différences peuvent exister sur les taux d’évolution. Parallèlement, l’introduction de la déclaration sociale nominative (DSN) en remplacement du bordereau récapitulatif de cotisations (BRC) peut entraîner des révisions accrues sur les données, en particulier durant la phase de montée en charge de la DSN.

Au premier semestre, avec les mesures de confinement, l’arrêt des activités des entreprises a des effets délétères sur l’emploi, en net recul de - 3,3 %, par rapport au premier semestre 2019. La Corse est la région la plus impactée avec une baisse du double du niveau national (- 1,7 %) (figure 1).

En effet, l’emploi insulaire est fortement contraint par l’absence des recrutements saisonniers. Les Déclarations Préalables à l’Embauche (DPAE) restent très en retrait jusqu’en juin et le pic de contrats en juillet ne suffira pas à rattraper le retard (figure 2). Ainsi sur l’ensemble de l’année 2020, hors contrats d’intérim, les DPAE sont en net recul (- 24 %) par rapport à 2019 au niveau régional comme dans chacun des deux départements (figure 3). Cette forte baisse, touche principalement les CDD qui régressent de 26 % et l’hôtellerie-restauration (- 31 %). Le démarrage même tardif de la saison estivale permet ensuite une relance de l’activité.

En dépit d’une nouvelle vague épidémiologique dès septembre et grâce au soutien massif du chômage partiel, le repli de l’emploi global se limite à - 0,9 % au second semestre en Corse comme en France, par rapport à la même période de 2019. En particulier, la décrue brutale de l’emploi privé (- 4,7 % au premier semestre) s’atténue au second semestre (- 1,7 %) soit 85 170 emplois fin 2020. De son côté, le tertiaire non marchand, stable au premier semestre, augmente ensuite (+ 1,3 %) (figure 4). Regroupant la plupart des effectifs du public, il représente 36 % de l’emploi salarié total avec 42 730 emplois en fin d’année (figure 5).

Fin 2020, avec 118 110 emplois, l’emploi salarié insulaire s’affiche en progression (+ 1,1 % sur un an) au niveau régional comme dans les deux départements (figure 6). Cela traduit notamment le soutien massif dont les entreprises ont pu bénéficier et notamment le recours très important en région au chômage partiel.

Figure 1Évolution de l'emploi salarié

indice base 100 au 4ᵉ trimestre 2010
Évolution de l'emploi salarié (indice base 100 au 4ᵉ trimestre 2010)
Emploi salarié total - Corse Emploi salarié total - France hors Mayotte Emploi salarié privé - Corse Emploi salarié privé - France hors Mayotte
4ᵉ trim. 2010 100 100 100 100
1ᵉʳ trim. 2011 100,1 100,2 100,4 100,3
2ᵉ trim. 2011 100,6 100,3 101 100,4
3ᵉ trim. 2011 100,8 100,2 101 100,4
4ᵉ trim. 2011 100,8 100,3 100,9 100,4
1ᵉʳ trim. 2012 101,4 100,3 101,7 100,4
2ᵉ trim. 2012 101,4 100,3 101,6 100,3
3ᵉ trim. 2012 101,5 100,1 101,6 100,1
4ᵉ trim. 2012 101,9 100 101,9 99,9
1ᵉʳ trim. 2013 101,9 100 101,9 99,9
2ᵉ trim. 2013 102 99,9 101,7 99,7
3ᵉ trim. 2013 102,2 100,1 102 99,8
4ᵉ trim. 2013 102,7 100,4 102,4 99,9
1ᵉʳ trim. 2014 103,1 100,4 102,7 99,9
2ᵉ trim. 2014 103,3 100,4 102,8 99,9
3ᵉ trim. 2014 103,5 100,3 102,7 99,8
4ᵉ trim. 2014 103,5 100,4 102,5 99,8
1ᵉʳ trim. 2015 103,5 100,4 102,5 99,8
2ᵉ trim. 2015 103,9 100,6 103 100
3ᵉ trim. 2015 104,3 100,7 103,5 100,1
4ᵉ trim. 2015 104,4 100,9 103,4 100,3
1ᵉʳ trim. 2016 104,8 101,1 104,2 100,5
2ᵉ trim. 2016 105,4 101,3 105 100,8
3ᵉ trim. 2016 105,8 101,6 105,5 101,2
4ᵉ trim. 2016 105,4 101,7 105,4 101,3
1ᵉʳ trim. 2017 106,4 102,1 106,8 101,8
2ᵉ trim. 2017 107,1 102,4 107,6 102,2
3ᵉ trim. 2017 107 102,7 107,7 102,6
4ᵉ trim. 2017 107,5 103,1 108,6 103,2
1ᵉʳ trim. 2018 108,9 103,2 110,2 103,3
2ᵉ trim. 2018 110,2 103,3 112 103,5
3ᵉ trim. 2018 109,9 103,4 111,7 103,7
4ᵉ trim. 2018 109,7 103,7 111,4 104,1
1ᵉʳ trim. 2019 110,6 104,1 112,7 104,6
2ᵉ trim. 2019 111,3 104,3 113,3 104,8
3ᵉ trim. 2019 112 104,5 114,1 105
4ᵉ trim. 2019 111,2 104,9 113 105,5
1ᵉʳ trim. 2020 110,4 102,9 111,7 102,9
2ᵉ trim. 2020 104,2 102 103,6 102,2
3ᵉ trim. 2020 108,9 103,8 109,2 104
4ᵉ trim. 2020 112,5 103,7 113,9 103,8
  • Notes : données CVS en fin de trimestre. Les données du dernier trimestre affiché sont provisoires.
  • Champ : emploi salarié total.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Acoss-Urssaf, Dares, Insee.

Figure 1Évolution de l'emploi salarié

  • Notes : données CVS en fin de trimestre. Les données du dernier trimestre affiché sont provisoires.
  • Champ : emploi salarié total.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Acoss-Urssaf, Dares, Insee.

Figure 2Évolutions annuelles des déclarations préalables à l’embauche

Évolutions annuelles des déclarations préalables à l’embauche
Mois 2017 2018 2019 2020
Janvier 3 671 4 545 4 703 4 656
Février 3 337 3 738 3 711 4 113
Mars 5 026 5 429 5 690 4 229
Avril 9 879 11 044 10 995 1 617
Mai 9 595 10 696 10 353 2 801
Juin 10 375 10 696 10 628 10 509
Juillet 11 227 11 996 11 942 12 905
Aout 5 761 5 623 5 625 5 550
Septembre 5 875 6 260 6 723 6 360
Octobre 5 123 5 153 5 620 5 322
Novembre 4 203 4 323 4 424 3 372
Décembre 3 620 3 437 4 016 2 949
  • Source : déclarations préalables à l’embauche hors intérim, données brutes, Acoss-Urssaf.

Figure 2Évolutions annuelles des déclarations préalables à l’embauche

  • Source : déclarations préalables à l’embauche hors intérim, données brutes, Acoss-Urssaf.

Figure 3Déclarations préalables à l’embauche par type de contrat en 2020

Déclarations préalables à l’embauche par type de contrat en 2020
CDD CDI Ensemble
Effectifs (milliers) Part (%) Évolution annuelle (%) Effectifs (milliers) Part (%) Évolution annuelle (%) Effectifs (milliers) Part (%) Évolution annuelle (%)
Corse-du-Sud 27,7 54 % -26,7% 7,6 57 % -7,5% 35,3 55 % -23,3%
Haute-Corse 23,4 46 % -27,0% 5,7 43 % -8,0% 29,1 45 % -23,0%
Corse 51,1 100 % -26,0% 13,3 100 % -16,0% 64,4 100 % -24,0%
Industrie 1,7 3 % -25,0% 0,9 7 % -12,0% 2,7 4 % -21,0%
Construction 3,1 6 % -11,0% 3,0 23 % -9,0% 6,1 10 % -10,0%
Tertiaire marchand 46,3 91 % -27,0% 9,3 70 % -11,8% 55,6 86 % -25,0%
Dont commerce 9,2 18 % -21,0% 3,1 23 % -9,0% 12,3 19 % -18,0%
Dont hébergement-restauration 17,1 33 % -33,0% 2,1 16 % -20,0% 19,2 30 % -31,0%
  • Source : déclarations préalables à l’embauche hors intérim, données brutes, Acoss-Urssaf.

Figure 4Évolutions trimestrielles de l'emploi salarié total par grand secteur d'activité - Corse

indice base 100 au 4ᵉ trimestre 2010
Évolutions trimestrielles de l'emploi salarié total par grand secteur d'activité - Corse (indice base 100 au 4ᵉ trimestre 2010)
Construction Industrie Tertiaire marchand hors intérim Tertiaire non marchand
4ᵉ trim. 2010 100 100 100 100
1ᵉʳ trim. 2011 100,3 101,8 100,3 99,5
2ᵉ trim. 2011 101,1 102,9 100,8 99,5
3ᵉ trim. 2011 101,3 103,4 100,6 99,8
4ᵉ trim. 2011 101,3 103,9 100,4 99,8
1ᵉʳ trim. 2012 102,4 104,3 101,2 100,1
2ᵉ trim. 2012 102,5 104,8 100,8 100,5
3ᵉ trim. 2012 101,9 104,1 101 100,8
4ᵉ trim. 2012 102,2 103,5 101,4 101,4
1ᵉʳ trim. 2013 100,9 103,7 101,5 101,7
2ᵉ trim. 2013 100,5 104,8 101,2 102
3ᵉ trim. 2013 100,7 104,9 101,5 102,2
4ᵉ trim. 2013 99,5 104,9 102,2 103,2
1ᵉʳ trim. 2014 99,2 105,7 102,6 103,6
2ᵉ trim. 2014 98,2 105 103 103,9
3ᵉ trim. 2014 96,3 104,7 103,2 104,6
4ᵉ trim. 2014 95,3 104,8 103 105
1ᵉʳ trim. 2015 94,2 105,1 103,5 105,1
2ᵉ trim. 2015 92,8 105,4 104,1 105,4
3ᵉ trim. 2015 91,7 105,7 105 105,4
4ᵉ trim. 2015 90,3 105,5 105,4 105,7
1ᵉʳ trim. 2016 89,5 106,4 106,1 105,5
2ᵉ trim. 2016 89,3 107,3 106,8 106,2
3ᵉ trim. 2016 89,3 108,9 107,7 106,3
4ᵉ trim. 2016 89,2 108 107,3 105,5
1ᵉʳ trim. 2017 89,7 106,5 108,6 105,6
2ᵉ trim. 2017 89,7 108,3 109,9 106,3
3ᵉ trim. 2017 89,7 108,8 109,6 106,1
4ᵉ trim. 2017 90,8 107,9 110,5 106
1ᵉʳ trim. 2018 92,1 108,6 112,2 106,8
2ᵉ trim. 2018 92,4 109,9 114,6 107,1
3ᵉ trim. 2018 93,6 109,7 113,8 106,8
4ᵉ trim. 2018 94,2 111,1 112,7 106,4
1ᵉʳ trim. 2019 97 112,7 114,3 106,4
2ᵉ trim. 2019 96,8 112,6 115 107,2
3ᵉ trim. 2019 97,1 112 116,5 107,4
4ᵉ trim. 2019 98,2 112,4 114,7 107,3
1ᵉʳ trim. 2020 98,1 111,7 113,2 107,6
2ᵉ trim. 2020 99,3 106,1 100,9 106
3ᵉ trim. 2020 100,6 109,5 108,6 108,4
4ᵉ trim. 2020 101,6 111,2 115 109,1
  • Notes : données CVS en fin de trimestre. Les données du dernier trimestre affiché sont provisoires.
  • Champ : emploi salarié total.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Acoss-Urssaf, Dares, Insee.

Figure 4Évolutions trimestrielles de l'emploi salarié total par grand secteur d'activité - Corse

  • Notes : données CVS en fin de trimestre. Les données du dernier trimestre affiché sont provisoires.
  • Champ : emploi salarié total.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Acoss-Urssaf, Dares, Insee.

Figure 5Emploi salarié total par secteur d'activité - Corse

en %
Emploi salarié total par secteur d'activité - Corse (en %)
Secteur d'activité Emploi au 31/12/2020 (milliers) Glissement annuel Glissement annuel moyen 2019/2014 ¹
Corse Corse France hors Mayotte Corse France hors Mayotte
Agriculture 2,6 3,0 0,1 7,6 1,6
Industrie 6,9 -1,0 -1,8 1,4 -0,2
Industrie agro-alimentaire 2,5 -3,2 -0,3 1,7 1,0
Énergie, eau, déchets, cokéfaction et raffinage 2,4 1,7 -0,3 3,6 -0,1
Biens d'équipement 0,2 -1,2 -2,6 4,5 -0,7
Matériels de transport 0,2 -18,3 -2,9 -0,2 -0,5
Autres branches industrielles 1,6 0,8 -2,3 -2,0 -0,6
Construction 11,5 3,5 2,2 0,6 0,8
Tertiaire marchand 54,3 0,3 -2,6 2,2 1,7
Commerce 18,1 0,6 -1,0 2,1 0,8
Transports 6,8 -0,3 -0,8 1,1 0,9
Hébergement - restauration 10,0 0,7 -11,2 3,2 2,6
Information - communication 1,6 3,5 -0,5 4,1 2,5
Services financiers 2,6 0,5 -1,1 1,9 0,6
Services immobiliers 1,1 -0,9 -1,8 2,5 1,2
Services aux entreprises hors intérim 8,5 -0,3 -1,1 3,3 2,5
Intérim 0,5 7,3 -5,3 14,6 6,9
Services aux ménages 5,1 -0,7 -4,9 -0,5 -0,2
Tertiaire non marchand 42,7 1,6 0,8 0,4 0,1
Total 118,1 1,1 -1,1 1,5 0,9
  • Notes : données CVS en fin de trimestre. Les données du dernier trimestre affiché sont provisoires.
  • ¹ : glissement annuel qu'aurait connu l'emploi salarié total du secteur, si l'évolution avait été la même pour chaque année de la période considérée.
  • Champ : emploi salarié total.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Acoss-Urssaf, Dares, Insee.

Figure 6Emploi salarié total par département et par grand secteur d'activité - Corse

en %
Emploi salarié total par département et par grand secteur d'activité - Corse (en %)
Emploi au 31/12/2020 (milliers) Glissement annuel
Agriculture Industrie Construction Tertiaire marchand dont Intérim Tertiaire non marchand Total
Corse-du-Sud 62,2 2,7 -3,1 4,7 1,1 7,3 0,9 1,1
Haute-Corse 55,9 3,2 1,1 2,2 -0,4 7,3 2,6 1,1
Corse 118,1 3,0 -1,0 3,5 0,3 7,3 1,6 1,1
  • Notes : données CVS en fin de trimestre. Les données du dernier trimestre affiché sont provisoires.
  • Champ : emploi salarié total.
  • Sources : Insee, estimations d'emploi ; estimations trimestrielles Acoss-Urssaf, Dares, Insee.

La construction reste le pilier de l’emploi marchand

En 2020, la construction, pourtant à l’arrêt en mars 2020, est le premier secteur à reprendre son activité avant le déconfinement. Le recours à l’activité partielle et les reports de charges sociales et fiscales en faveur des secteurs les plus impactés permettent aux entreprises du secteur d’éviter les licenciements. Ainsi, le secteur parvient à étoffer ses effectifs dès le premier semestre (+ 1,8 %) et se révèle plus dynamique au second (+ 3,6 %). La croissance semestrielle de l’emploi est nettement plus rapide en Corse-du-Sud qu’en Haute-Corse. En France hors Mayotte, l’emploi dans la construction demeure également dynamique au cours des deux semestres (respectivement + 1,7 % et + 2,2 %)

Sur l’année, c’est ainsi le principal secteur qui porte la croissance de l’emploi salarié marchand insulaire (avec près de 400 emplois supplémentaires). Il représente fin 2020, 9,8 % de l’emploi salarié insulaire, soit 11 520 postes.

Le tertiaire marchand dans la tourmente

Au premier semestre 2020, l’arrêt des activités non essentielles à la vie courante engendre une chute brutale de l’emploi dans le tertiaire marchand (- 6,9 %). Le secteur regroupe en effet les activités les plus impactées par les dispositifs d’endiguement de la crise sanitaire, qui sont par ailleurs cruciales pour l’emploi régional avec 46,0 % des salariés régionaux. Néanmoins, les dispositifs de soutien à l’emploi, particulièrement mobilisés dans ces secteurs clés de l’économie régionale et l’activité saisonnière produisent leurs effets. Au second semestre, la contraction des effectifs du tertiaire marchand s’atténue de moitié (- 3,2 %). Au niveau France hors Mayotte, l’emploi décroît mais dans une moindre mesure (de - 3,1 % à - 2,1 %).

Dans le commerce, les pertes d’activités liées aux fermetures prolongées des points de ventes non essentiels, entre le 16 mars et le 11 mai, affectent fortement l’emploi qui s’effondre au premier semestre de 4,1 % par rapport à la même période en 2019. Sur la seconde partie de l’année, en lien avec une nouvelle dégradation de la situation sanitaire à l’automne, l’emploi recule (- 1,6 % au second semestre). Avec 18 150 emplois, ce secteur représente 33,4 % des effectifs salariés du tertiaire marchand fin 2020.

L’hébergement-restauration voit ses effectifs plonger de - 21,9 % au premier semestre. La saison estivale, bien que tardive, permet tout de même aux établissements d’embaucher et de limiter les pertes d’emploi en fin d’année (- 12,6 %). Avec 9 990 salariés, le secteur regroupe 18,4 % des effectifs du tertiaire marchand fin 2020.

Les services immobiliers et les transports sont également concernés par une baisse de l’emploi (respectivement - 10,9 % et - 4,6 %) suivie d’une amélioration au second semestre.

Par ailleurs, les emplois en intérim, particulièrement affaiblis au premier semestre, affichent en fin d’année un niveau supérieur à l’an passé avec 530 salariés.

L’industrie fragilisée notamment dans l’agro-alimentaire

En 2020, les bouleversements économiques liés à la crise sanitaire n’épargnent pas non plus l’emploi industriel régional. Il régresse au premier semestre de - 3,3 % par rapport à 2019, dans un contexte national également en baisse (- 0,7 %). Les effectifs diminuent nettement dans le sud de l’île mais demeurent stables en Haute-Corse.

L’industrie agro-alimentaire, plus impactée en raison de la saisonnalité de ses activités, perd 9,5 % de ses effectifs au premier semestre, la perte se contracte en fin d’année à - 5,6 %. Le secteur représente 36 % des salariés du secteur avec 2 490 postes en fin d’année.

Fragilisés dès le premier semestre, les manufactures de matériels de transport perdent 13,4 % des effectifs sur le second semestre, dénombrant moins de 200 salariés en fin d’année.

En termes d’heures travaillées, l’île est pourtant la plus impactée des régions

Le nombre d’heures de travail rémunérées et déclarées par les employeurs du secteur privé permet d’estimer le niveau d’activité des entreprises. Il intègre à la fois le recul du nombre de contrats, les heures réalisées au sein des contrats existants, mais aussi les heures non effectuées en raison du recours au chômage partiel.

Sur l’année 2020, la perte d’heures rémunérées en Corse s’établit à 17 % par rapport à 2019, un déficit près de deux fois supérieur au niveau national (- 9,4 %), situant l’île en tête des régions les plus impactées, loin devant PACA (- 11,2 %). Au premier semestre, le recul est de 23 %, il est particulièrement marqué durant les mois d’avril (- 52 %) et mai (- 39 %). Le déficit d’heures rémunérées se réduit ensuite et atteint 11 % au second semestre (figure 7).

En Corse, tous les secteurs sont pénalisés, en particulier au premier semestre 2020. Dans l’hébergement-restauration, le nombre d’heures travaillées est amputé de 56 % en raison de la fermeture des établissements. Ce secteur enregistre même sur l’année le déficit le plus important de toutes les régions (- 41 %).

Dans la fabrication de denrées alimentaires-boissons et tabac, la perte est de 28 % au premier semestre 2020. Au final, le recul régional est de 21 % sur l’année, quatre fois plus qu’à l’échelon national dans ce secteur. Le commerce, pilier de l’emploi insulaire, affiche aussi un record en matière de perte d’heures rémunérées avec - 15 % pour 2020, contre - 8,6 % au niveau national. Dans la fabrication de matériel de transports, la Corse est également en tête des régions où le recul est le plus fort (- 29 %). Toutefois, au second semestre, la Corse est la seule région où la construction voit son nombre d’heures progresser de 1 %, après un recul de 19 % au premier semestre.

Figure 7Évolution du nombre d’heures travaillées en 2020 par rapport au même mois en 2019

Évolution du nombre d’heures travaillées en 2020 par rapport au même mois en 2019
Période Corse France
janv.-20 3 2
févr.-20 2 2
mars-20 -22 -13
avr.-20 -52 -33
mai-20 -39 -22
juin-20 -25 -10
juil.-20 -14 -7
août-20 -11 -4
sept.-20 -9 -4
oct.-20 -6 -5
nov.-20 -15 -10
déc.-20 -11 -7
janv.-21 -9 -7
  • Source : DSN 2020.

Figure 7Évolution du nombre d’heures travaillées en 2020 par rapport au même mois en 2019

  • Source : DSN 2020.

...traduisant notamment le recours important au dispositif d’activité partielle

Largement sollicité en 2020, le chômage partiel a joué pleinement son rôle d’amortisseur des effets de la crise sur le marché du travail.

Au plus fort de la crise sanitaire au printemps 2020, 40 % des salariés insulaires en ont bénéficié en avril, 29 % en mai. Cette part est nettement supérieure à celle de la France pour les mêmes mois (respectivement 27 % et 18 %). Les taux diminuent nettement en Corse avec la reprise des activités dès le mois de juin (14 %) et oscillent entre 6 % et 4 % de juillet à octobre. Fin octobre, les restrictions sanitaires ont un nouvel impact sur le recours au chômage partiel, toujours plus marqué dans l’île. En fin d’année, 10 % des salariés sont encore concernés en Corse (après 15 % en novembre), soit 4 points de plus que sur le continent (figure 8).

Figure 8Part de salariés en chômage partiel

Part de salariés en chômage partiel
Les données détaillées sont disponibles dans le fichier à télécharger.

Figure 8Part de salariés en chômage partiel

  • Note : Au 31 décembre 2020, 9 % des salariés de Corse sont en moyenne en activité partielle.
  • Source : DSN 2020.

Encadré - Une consommation ballottée par les vagues épidémiques

La crise économique qui découle de la pandémie de Covid-19 a non seulement fragilisé la production et l’emploi en 2020, mais aussi freiné brutalement la consommation des ménages par la fermeture des établissements et points de ventes hors alimentation, l’arrêt des déplacements et des locations saisonnières.

En Corse, dès le début du confinement en mars 2020, le montant des transactions par cartes bancaires s’effondre de 54 % par rapport à leur niveau de 2019, comme dans toutes les régions. Mais contrairement aux autres régions où le niveau de ces dépenses dépasse à nouveau celui de 2019 au moment du déconfinement, la Corse reste pénalisée par l’absence de la consommation touristique d’avant-saison. Ce déficit ne se résorbe qu’à la mi-juillet retrouvant alors un niveau équivalent à 2019.

À partir de la troisième semaine d’août 2020 et jusqu’à la troisième semaine d’octobre, les achats par cartes bancaires sont orientés à la hausse (entre 10 % et 15 %) et dépassent leur niveau de 2019 plus nettement que dans les autres régions. Les effets du second confinement, bien qu’immédiats sur les dépenses (- 29 % pour la première semaine de novembre), n’affectent pas de façon durable la consommation contrairement au niveau national. En Corse, le déconfinement et les achats de fin d’année stimulent les dépenses par cartes bancaires, bien au-dessus de leur niveau de 2019, en particulier au cours des deux premières semaines de décembre (respectivement + 17 % et + 10 %). Au cours de cette période, la tendance est plus nuancée au niveau national (+ 5 % et - 2 %) (figure 9).

Figure 9Évolution hebdomadaire des montants des transactions 2020 par carte bancaire CB par rapport à la même semaine de 2019

en %
Évolution hebdomadaire des montants des transactions 2020 par carte bancaire CB par rapport à la même semaine de 2019 (en %)
semaine Corse France entière
2 5,6 3,3
3 7,9 4,1
4 6,2 6,9
5 7,6 4,5
6 5,3 2,8
7 5,1 2,3
8 6,4 4,0
9 4,8 0,0
10 3,4 4,1
11 8,9 8,3
12 -32,5 -40,5
13 -54,4 -57,9
14 -52,7 -54,4
15 -46,4 -46,6
16 -53,9 -48,4
17 -51,1 -41,5
18 -53,5 -44,9
19 -44,6 -34,4
20 -6,6 3,9
21 -22,5 -1,2
22 -22,4 2,9
23 -22,3 2,5
24 -25,0 4,3
25 -14,4 7,2
26 -14,8 -4,2
27 -9,1 -1,5
28 -5,0 6,0
29 2,3 8,7
30 1,1 12,1
31 0,0 5,8
32 5,7 15,5
33 8,1 12,4
34 13,1 11,0
35 12,1 4,9
36 13,0 6,0
37 11,3 5,4
38 15,1 4,6
39 9,5 0,8
40 11,9 0,9
41 11,2 2,4
42 13,5 7,3
43 13,6 2,2
44 4,1 -2,4
45 -28,8 -33,5
46 -23,1 -29,7
47 -20,6 -28,4
48 -18,1 -27,0
49 17,0 4,7
50 10,4 -1,7
51 1,1 -7,7
52 0,4 -1,7
53 2,9 -4,5
  • Note : transactions par carte bancaire CB en face-à-face qui n'incluent pas la vente à distance (internet).
  • Champ : France.
  • Sources : Cartes bancaires CB, calculs Insee.

Figure 9Évolution hebdomadaire des montants des transactions 2020 par carte bancaire CB par rapport à la même semaine de 2019

  • Note : transactions par carte bancaire CB en face-à-face qui n'incluent pas la vente à distance (internet). Les traits verticaux indiquent les dates de fermeture et réouverture des commerces « non essentiels » lors des deux confinements.
  • Champ : France.
  • Sources : Cartes bancaires CB, calculs Insee.
Avertissement

Les données agrégées utilisées dans cette fiche proviennent de Cartes Bancaires CB et couvrent l’essentiel des transactions par cartes bancaires. Elles sont tirées d’une extraction de transactions anonymisées et agrégées à l’échelle départementale afin de respecter les exigences de confidentialité. Ces informations sont sujettes à certaines limites et diffèrent des données nationales (voir Point de conjoncture du 7 mai 2020, p. 21).

Publication rédigée par :Marie-Pierre Nicolaï (Insee), Christian Mariani (Union de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d'allocations familiales)

Avertissement

Les données chiffrées sont parfois arrondies (selon les règles mathématiques). Le résultat arrondi d'une combinaison de données chiffrées (qui fait intervenir leurs valeurs réelles) peut se trouver légèrement différent de celui que donnerait la combinaison de leurs valeurs arrondies.

Définitions

Emploi salarié :

Les salariés sont les personnes qui travaillent, aux termes d’un contrat, pour une autre entité résidente en échange d’un salaire ou d’une rétribution équivalente, avec un lien de subordination.

Estimations d'emploi localisées / ESTEL / Estel :

Le concept central d'Estel est une synthèse ascendante des sources administratives utilisées avec prise en compte de la multi-activité. Estel mesure l'emploi selon un concept « BIT répertorié ».

Intérim / Travail temporaire / Travail intérimaire :

L' intérim (ou travail intérimaire ou travail temporaire) consiste à mettre à disposition provisoire d’entreprises clientes, des salariés qui, en fonction d'une rémunération convenue, sont embauchés et rémunérés à cet effet par l'entreprise de travail temporaire.

Correction des variations saisonnières / CVS / Désaisonnalisation :

La correction des variations saisonnières permet d’éliminer l’effet de fluctuations périodiques infra-annuelles dues au calendrier et aux saisons, de manière à faire ressortir les évolutions les plus significatives de la série. Celles-ci sont contenues dans la tendance et la composante irrégulière.

Nomenclature d'activités française / NAF :

La nomenclature des activités économiques en vigueur en France depuis le 1er janvier 2008 est la nomenclature d'activités française (NAF rév. 2). La NAF a la même structure que de la nomenclature d'activités de la Communauté européenne (NACE rév. 2) mais elle comporte un niveau supplémentaire, spécifique à la France, celui des sous-classes.

La NAF rév. 2 comporte cinq niveaux comprenant respectivement : 21, 88, 272, 615 et 732 postes.

La NAF rév. 2 s'est substituée à la NAF rév. 1 datant de 2003 (entrée en vigueur au 1er janvier 2003). La NAF rév. 1 comporte cinq niveaux ayant respectivement 17, 31, 62, 224, et 712 postes .

La NAF rév. 1 avait succédé à la NAF qui était en vigueur depuis le 1er janvier 1993.

Chômage partiel :

Lorsqu'une entreprise réduit son activité au-dessous de l'horaire légal ou arrête momentanément tout ou partie de son activité et qu'elle n'entend pas rompre les contrats de travail qui la lient à ses salariés, elle peut avoir recours au chômage partiel.

Emploi (au sens du Bureau International du Travail (BIT)) :

Une personne en emploi au sens du Bureau International du Travail (BIT) est une personne de 15 ans ou plus ayant effectué au moins une heure de travail rémunéré au cours d’une semaine donnée ou absente de son emploi sous certaines conditions de motif (congés annuels, maladie, maternité,etc.) et de durée.

Pour en savoir plus

Notes de conjoncture trimestrielles, Insee Conjoncture Corse

Ouvrir dans un nouvel ongletStat’UR Corse, Urssaf Conjoncture Corse