Bilan économique 2019 - Auvergne-Rhône-Alpes
Confirmant la trajectoire des deux années passées, l’économie régionale poursuit sur sa lancée en 2019. En Auvergne-Rhône-Alpes, l’emploi salarié continue de croître à un rythme de 1 % et le chômage poursuit son recul. Le nombre de créations d’entreprises bat un nouveau record et impacte l’ensemble des secteurs d’activité. Celui de la construction est cependant marqué par une année en demi-teinte. Le marché automobile se porte bien et le trafic aérien atteint un nouveau record. La fréquentation touristique de la région dépasse le niveau très élevé de l’an passé, portée par les nuitées hôtelières. Ce panorama résolument positif sera rapidement mis à mal début 2020 par l’arrivée de l’épidémie de la Covid-19, qui a entraîné, dès le 17 mars, la mise en sommeil d’une grande partie de l’économie. Pendant la période de confinement, l’activité économique aurait baissé d’un tiers en deçà de son niveau en situation « normale » d’activité.
Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2019 publiés par
l'Insee.
Retrouvez les bilans des autres régions ici.
Cette année, la situation exceptionnelle de la pandémie dans les premiers mois de 2020 introduit une rupture avec la dynamique de 2019 et remet en question les éventuelles prévisions réalisées précédemment. Ainsi, ces bilans rendent également compte de la crise, uniquement sur la période de confinement.
Conjoncture agricole - Une année favorable pour les élevages laitiers et porcins, plus difficile pour d'autres filières Bilan économique 2019
David Drosne (Direction Régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt Auvergne-Rhône-Alpes)
L’année 2019 se caractérise par une météo chaude et sèche. Elle entraîne un déficit fourrager important et des rendements de céréales contrastés. La météo affecte également la vigne, les fruits et les légumes même si la qualité du vin est au rendez-vous. Les prix du lait et du porc sont en hausse dans un contexte international favorable. Les cours des bovins maigres sont en baisse et le marché intérieur de la viande bovine est morose.
Insee Conjoncture Auvergne-Rhône-Alpes
No 22
Paru le :18/06/2020
- Des moissons hétérogènes et un déficit fourrager important
- De faibles vendanges mais de belle qualité
- Des fruits et légumes encore fortement affectés par les aléas climatiques
- Un prix du lait de vache en hausse et une production contenue
- Marché du porc très perturbé, baisse des cours des bovins maigres
En 2019, la météo se distingue par des précipitations déficitaires de 28 % sur les neuf premiers mois de l’année. La température moyenne annuelle est 1,1 °C au-dessus des normales (figure 1). Plusieurs épisodes de canicules, mais aussi beaucoup de vent et de très violents orages, touchent la région. Une neige lourde cause également des dégâts importants mi-novembre.
tableauFigure 1 – Sécheresse et canicule puis douceur et humidité en fin d'année en Auvergne-Rhône-AlpesÉcart de la pluviométrie et des températures 2019 par rapport aux normales saisonnières
Écart pluviométrie (mm) | Écart température (°C) | |
---|---|---|
Janv | -19 | -0,5 |
Févr | -17 | 2,0 |
Mars | -19 | 1,2 |
Avr | -2 | 0,3 |
Mai | -42 | -1,6 |
Juin | -2 | 2,1 |
Juil | -14 | 2,5 |
Août | -11 | 1,2 |
Sept | -64 | 1,5 |
Oct | 38 | 2,0 |
Nov | 70 | 0,4 |
Déc | 28 | 2,8 |
- Source : Météo France
graphiqueFigure 1 – Sécheresse et canicule puis douceur et humidité en fin d'année en Auvergne-Rhône-AlpesÉcart de la pluviométrie et des températures 2019 par rapport aux normales saisonnières
Des moissons hétérogènes et un déficit fourrager important
Comme en 2018, la production régionale de céréales est inférieure de 11 % à la moyenne quinquennale. La Limagne est fortement pénalisée par les canicules et la sécheresse. Les surfaces régionales de colza diminuent de 36 % du fait de semis difficiles et les rendements reculent de 15 %.
Face à une production mondiale correcte, le cours du blé tendre se replie de 9 % sur les huit premiers mois de campagne (figure 2). Le prix moyen du colza progresse de 7 % sous l'effet de la baisse de la production européenne.
tableauFigure 2 – Après une nette hausse en 2018, le prix du blé est en baisseCotation du blé tendre et du maïs grain
campagnes | Blé | Maïs |
---|---|---|
2012/2013 | 245,66 | 229,25 |
2013/2014 | 192,40 | 168,18 |
2014/2015 | 173,63 | 145,02 |
2015/2016 | 155,32 | 152,84 |
2016/2017 | 162,05 | 158,61 |
2017/2018 | 157,35 | 149,21 |
2018/2019 | 191,65 | 165,87 |
2019/2020 * | 174,50 | 161,88 |
- Note de lecture : les campagnes portent sur les périodes du 1er juillet au 30 juin de l’année suivante.
- * Pour la campagne 2019/2020, les données ne sont disponibles que sur 8 mois (jusqu’au mois de février 2020)
- Source : FranceAgriMer, La Dépêche
graphiqueFigure 2 – Après une nette hausse en 2018, le prix du blé est en baisseCotation du blé tendre et du maïs grain
La sécheresse printanière limite fortement les premières coupes de foin, particulièrement en Limagne. L'été trop chaud et sec stoppe toute pousse d'herbe dans la région, qui est globalement déficitaire de 31 % sur l'année, et même de 50 % dans l'Allier.
De faibles vendanges mais de belle qualité
La météo affecte également les vignobles, mais de manière très hétérogène. En volume, les vignerons vendangent 11 % de moins que la moyenne quinquennale. Les pertes par rapport à l'année 2018 vont de 7 % pour l'IGP Ardèche à 65 % pour l'AOP Côtes d'Auvergne (impact de la sécheresse). La grêle ampute la récolte de Beaujolais de 34 %. La production européenne se contracte de 15 % en un an.
Conséquence de la belle récolte 2018, le volume des transactions 2018/2019 est en hausse pour la majorité des appellations (+ 9 % en Côtes du Rhône régional, + 13 % en Beaujolais) mais les prix de plusieurs appellations baissent (figure 3). Les exportations de Côtes du Rhône diminuent tandis que celles du Beaujolais augmentent.
tableauFigure 3 – Ressaisissement du Beaujolais rouge, hausse des crus des Côtes du RhônePrix des millésimes de l'année précédente relevés en février - transactions en vrac
Côtes du Rhône régional rouge | Côtes du Rhône crus (1) | Beaujolais crus | Beaujolais génériques rouges | |
---|---|---|---|---|
2016 | 142,1 | 499,2 | 296,8 | 195,1 |
2017 | 140,2 | 522,3 | 298,8 | 195 |
2018 | 165 | 552 | 300,5 | 193,3 |
2019 | 159,2 | 580,3 | 286,4 | 179,5 |
2020 | 155,5 | 631,6 | 281,9 | 196 |
- (1) moyenne Crozes-Hermitage et Saint-Joseph
- Source : Inter Beaujolais, Inter-Rhône
graphiqueFigure 3 – Ressaisissement du Beaujolais rouge, hausse des crus des Côtes du RhônePrix des millésimes de l'année précédente relevés en février - transactions en vrac
Des fruits et légumes encore fortement affectés par les aléas climatiques
Dans le secteur des fruits et légumes, les épisodes climatiques extrêmes, y compris la neige de mi-novembre, réduisent les capacités de production et plusieurs prix sont en hausse, notamment ceux de la cerise, de la poire, du poireau et de l’épinard.
L'année est très difficile pour les producteurs de noix : la récolte atteint seulement 60 % de la moyenne quinquennale et un très grand nombre d'arbres sont détruits, ce qui aura pour effet de réduire la production 2020. Par ailleurs, la concurrence californienne et chilienne fait baisser les prix de 14 % par rapport à la moyenne sur cinq ans.
Un prix du lait de vache en hausse et une production contenue
La production mondiale de lait est contenue tandis que la demande est dynamique. Dans ce contexte, le prix moyen régional est en hausse de 5 % sur un an. La collecte totale de lait de vache diminue de 2 %, mais celle du lait bio augmente de 16 %, après une très forte hausse de 68 % en 2018 (figure 4). Le troupeau laitier régional diminue de 2,5 % après des baisses similaires en 2018 et 2017. La production de lait de chèvre représente 3 % de la production totale régionale de lait. Elle augmente de 2 % cette année ; de même, le prix moyen d'achat est en hausse de 2 %.
tableauFigure 4 – Prix en hausse et production contenuePrix moyen du lait de vache payé au producteur
€/1000 l | Savoie et Haute Savoie | Lait bio, hors Savoie et Haute Savoie | Lait non bio, hors Savoie et Haute Savoie | Tous laits |
---|---|---|---|---|
2015 | 518,20 | 435,35 | 326,83 | 356,29 |
2016 | 515,15 | 448,21 | 308,57 | 340,89 |
2017 | 521,45 | 462,23 | 347,31 | 376,22 |
2018 | 527,83 | 457,79 | 348,46 | 380,86 |
2019 | 561,63 | 464,99 | 365,39 | 399,88 |
- Source : enquête mensuelle SSP / FranceAgriMer
graphiqueFigure 4 – Prix en hausse et production contenuePrix moyen du lait de vache payé au producteur (€/1000 l)
Marché du porc très perturbé, baisse des cours des bovins maigres
La peste porcine africaine, présente en Asie et en Europe de l'Est, menace l'Europe occidentale. Près de la moitié du cheptel porcin asiatique est décimée, soit un quart du cheptel mondial. La demande chinoise est telle que les prix augmentent fortement (+ 19 % pour les cours régionaux en un an).
Conséquence de la sécheresse, un nombre important de bovins maigres est mis sur le marché par anticipation durant l'automne, faisant baisser les prix de 2 à 10 % selon les catégories (figure 5). Le marché intérieur des bovins de boucherie est assez morose. Les abattages régionaux diminuent de 2 % en un an.
tableauFigure 5 – Baisse des cours des bovins maigresÉvolution des cotations annuelles des bovins maigres et des bovins de boucherie (zone centre-est)
2016 | 2017 | 2018 | 2019 | ||
---|---|---|---|---|---|
Bovins maigres (€/kg vif) | Mâle croisé U 400kg | 2,48 | 2,59 | 2,66 | 2,59 |
Mâle salers R 400kg | 2,15 | 2,21 | 2,23 | 2,16 | |
Mâle charolais U 400kg | 2,46 | 2,63 | 2,69 | 2,63 | |
Bovins de boucherie (€/kg de carcasse) | Vache viande R | 3,68 | 3,74 | 3,65 | 3,72 |
Vache lait O | 2,72 | 2,86 | 2,96 | 2,86 | |
Génisse viande R | 3,85 | 3,89 | 3,81 | 3,87 |
- Sources : commissions de cotation des bovins maigres de Clermont-Ferrand et Dijon - FranceAgriMer