Insee Conjoncture GuyaneBilan économique 2017 - Guyane

Le blocage de l’économie guyanaise au mois de mars et d’avril a eu un impact immédiat sur plusieurs indicateurs économiques. L’économie semble cependant s’être rapidement remise en marche et termine l’année 2017 de manière dynamique. Après une période compliquée jusqu’en 2016, le niveau de la commande publique redonne des couleurs aux Bâtiments et Travaux Publics (BTP). Le secteur spatial reste dynamique. La consommation des ménages et l’investissement des entreprises sont bien orientés comme le montrent l’activité bancaire et les ventes d’automobiles. Pour finir, l’emploi salarié et l’intérim sont en hausse en 2017, notamment en fin d’année.

Insee Conjoncture Guyane
No 4
Paru le :Paru le31/05/2018
Rémi Charrier
Insee Conjoncture Guyane No 4- Mai 2018
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Construction - Après une année 2016 exceptionnelle, la commande publique fléchit en 2017  Bilan économique 2017

Rémi Charrier

En Guyane, après un fort rebond en 2016, le volume de la commande publique diminue fortement en 2017. Il reste cependant plus élevé que lors de la crise qui a touché le secteur du bâtiment et travaux publics (BTP) entre 2013 et 2015. Portée par les démarrages de chantier de 2016 et 2017, l’activité est importante pendant l’année 2017. Au cours de l’année, l’emploi salarié est reparti à la hausse dans le secteur de la construction. Enfin, l’intérim progresse fortement en Guyane en fin d’année 2017.

Insee Conjoncture Guyane

No 04

Paru le :31/05/2018

En 2017, le montant des démarrages de chantier s’élève à 357 millions d’euros (figure 1). Il est en très forte baisse (– 31,5 %) par rapport à l’exceptionnelle année 2016 où il s’élevait à 520 millions d’euros. Cemontant reste néanmoins nettement au-dessus de celui des années 2013, 2014 et 2015 où il était en moyenne de 260 millions d’euros. Les appels d’offres en 2017, conditionnant l’activité en 2018, sont aussi en repli. Le montant total atteint 335 millions d’euros contre 365 millions d’euros en 2016, soit une baisse de 8 %.

La commande publique concentrée sur quatre maîtres d’ouvrage en 2017

Les principaux chantiers de 2017 sont fortement concentrés, puisque quatre maîtres d’ouvrage assurent près des trois quarts du montant des lancements de travaux (figure 2). Parmi ces chantiers, on trouve la base de lancement Ariane 6, des programmes de logements sociaux, ainsi que la poursuite des travaux de construction du centre hospitalier de l’ouest guyanais. C’est la première fois, depuis que l’enquête « commande publique » a débuté en 2008, que la commande publique est aussi concentrée. Jusqu’à 2017, le poids des quatre principaux maîtres d’ouvrage variait entre 45 % et 62 %. Depuis 2015, les chantiers les plus importants sont allotis afin de susciter la plus large concurrence possible : les travaux sont répartis en différentes tranches afin que plusieurs entreprises puissent se positionner sur les marchés. De plus, si les grandes entreprises de BTP obtiennent la plus grande partie des marchés, elles sont aussi amenées à sous-traiter une partie de l’activité auprès de plus petites entreprises.

Les mises en chantier de logements sociaux diminuent

La baisse de la commande publique est plus forte dans le logement social (– 38,5 %) que dans les travaux publics (– 24,3 %) et le bâtiment non résidentiel (– 28,8 %). Après trois années de morosité de 2013 à 2015, les mises en chantier de logements sociaux avaient rebondit en 2016 (1 538 logements), se rapprochant de celles de 2011 et 2012 (figure 3).

En 2017 avec 870 logements sociaux mis en chantier, leur construction est en forte baisse par rapport à 2016, mais elle reste proche de la moyenne des dix dernières années. Pour la première fois, Saint-Laurent-du-Maroni arrive en première place pour la construction de logements sociaux. La commune concentre 38 % des mises en chantier, contre 30 % à Cayenne et 28 % à Macouria.

Les appels d’offres sont également en repli

Le montant des appels d’offres lancés en 2017 s’élève à 335 millions d’euros. Il est en baisse de 9 % par rapport à 2016. Il s’agit de la deuxième année consécutive de baisse même si leur montant reste supérieur à celui observé en 2012 ou 2014. La baisse de 2017 est essentiellement due au fort repli des appels d’offres relevant des travaux publics : – 30 % par rapport à 2016 et – 60 % par rapport à 2015. Le bâtiment non résidentiel se porte beaucoup mieux, avec 113 millions d’euros d’appels d’offres, le meilleur résultat depuis 2013 (figure 4). Avec 81 millions d’euros, les appels d’offres pour la construction de logements sont en légère hausse par rapport à 2017 et au-dessus de la moyenne observée entre 2007 et 2017.

Une activité soutenue en 2017

Porté par le fort rebond de la commande publique en 2016, le carnet de commandes du secteur du BTP repart à la hausse en 2017. Les nombreux chantiers démarrés en 2016 vont se prolonger en 2017 et 2018 et générer des recettes importantes pour le secteur. Même si le volume des démarrages de chantiers a baissé en 2017 par rapport à 2016, il reste au-dessus de la moyenne des dix dernières années (288 millions d’euros).

Reprise de l’emploi salarié en 2017

Après une baisse quasi continue entre le 2e trimestre 2013 et le 1er trimestre 2017, l’emploi salarié dans le secteur du BTP se redresse (figure 5) et retrouve son niveau le plus haut depuis le 2e trimestre 2015. Entre fin 2016 et fin 2017, l’emploi salarié a augmenté de près de 10 %. Le BTP a donc recréé en un an près de la moitié des emplois détruits entre 2013 et 2016, hors emplois intérimaires.

L'intérim au plus haut

Tous secteurs confondus, la reprise de l'emploi intérimaire entaméeen décembre 2016 se confirme en 2017 (figure 6). Malgré la chute momentanée de l'intérim durant les mouvements sociaux, le nombre d'intérimaires en équivalent temps plein (ETP) ne cesse de croître en 2017 pour atteindreun pic au mois de novembre (1 410 ETP).

Le nombre d'ETP augmente d'un tiers entre novembre 2016 et novembre 2017. Il a doublé depuis novembre 2015. En Guyane, la bonne santé de l'intérim reflète en grande partie la bonne santé de la construction. En effet, ce secteur assure à lui seul plus de la moitié de l'emploi intérimaire entre 2011 et 2015.

Figure 1Chiffres clés du logement

Chiffres clés du logement
Logements en 2017 (nombre) Évolution 2017/2016 Évolution annuelle moyenne 2016/2011 (1)
Guyane 1 000 -52,7 -2,5
Hexagone 415 000 16,8 -3,0
  • (1) : taux d'évolution annuel qu'aurait connu la construction de logements de la région, si l'évolution avait été la même pour chaque année de la période considérée.
  • Note : données brutes provisoires arrondies à la centaine en date réelle. Les évolutions sont calculées sur données non arrondies.
  • Champ : Hexagone y compris la Corse.
  • Source : SDES, Sit@del2, estimations au 28 mars 2018.

Figure 2La commande publique diminue en 2017Commande publique en Guyane (en million d’euros)

La commande publique diminue en 2017
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
Démarrages de chantier 437 417 282 301 267 520 357
Appels d'offres 389 314 350 311 470 365 335
  • Source : Cerc Guyane, observatoire de la commande publique.

Figure 3La commande publique se concentre sur un nombre restreint de maîtres d’ouvrageCommande publique en Guyane (en million d’euros)

La commande publique se concentre sur un nombre restreint de maîtres d’ouvrage
Quatre principaux maîtres d’ouvrage Autres maîtres d’ouvrage
2011 267 170
2012 196 212
2013 128 154
2014 135 150
2015 132 135
2016 321 199
2017 266 90
  • Source : Cerc Guyane, observatoire de la commande publique.

Figure 3La commande publique se concentre sur un nombre restreint de maîtres d’ouvrageCommande publique en Guyane (en million d’euros)

  • Source : Cerc Guyane, observatoire de la commande publique.

Figure 4Les mises en chantier de logements sociaux sont irrégulièresNombre de logements sociaux mis en chantier

Les mises en chantier de logements sociaux sont irrégulières
2011 1753
2012 1386
2013 431
2014 337
2015 469
2016 1538
2017 869
  • Source : Cerc Guyane, observatoire de la commande publique.

Figure 4Les mises en chantier de logements sociaux sont irrégulièresNombre de logements sociaux mis en chantier

  • Source : Cerc Guyane, observatoire de la commande publique.

Figure 5La commande publique diminue en 2017Commande publique en Guyane (en million d’euros)

La commande publique diminue en 2017
Bâtiment non résidentiel Logements sociaux Travaux publics
2011 84 101 204
2012 48 81 185
2013 166 46 137
2014 110 66 135
2015 58 104 308
2016 102 78 185
2017 113 81 141
  • Source : Cerc Guyane, observatoire de la commande publique.

Figure 5La commande publique diminue en 2017Commande publique en Guyane (en million d’euros)

  • Source : Cerc Guyane, observatoire de la commande publique.

Figure 6L’emploi salarié rebondit fortement dans le BTP en 2017Évolution de l’emploi salarié (total et BTP) (Indice, base 100 au 4e trimestre 2012)

L’emploi salarié rebondit fortement dans le BTP en 2017
BTP Total
T4 2012 100 100
T1 2013 98 100
T2 2013 103 102
T3 2013 102 103
T4 2013 103 104
T1 2014 101 104
T2 2014 96 105
T3 2014 98 106
T4 2014 93 105
T1 2015 95 106
T2 2015 93 106
T3 2015 91 106
T4 2015 88 106
T1 2016 85 107
T2 2016 84 107
T3 2016 82 106
T4 2016 83 107
T1 2017 83 104
T2 2017 87 107
T3 2017 89 108
T4 2017 92 109
  • Source : Agence Centrale des Organismes de Sécurité Sociale

Figure 6L’emploi salarié rebondit fortement dans le BTP en 2017Évolution de l’emploi salarié (total et BTP) (Indice, base 100 au 4e trimestre 2012)

  • Source : Agence Centrale des Organismes de Sécurité Sociale

Figure 7L’intérim est en forte croissance en 2017 en Guyane et dépasse la Martinique en fin d’annéeNombre d’ETP dans l’intérim en Guyane et aux Antilles

L’intérim est en forte croissance en 2017 en Guyane et dépasse la Martinique en fin d’année
Guadeloupe Martinique Guyane
2014-janvier 813 584 574
873 884 624
895 625 617
656 714 629
658 671 664
729 597 598
666 758 635
807 792 744
840 1 213 669
722 998 514
921 857 695
866 650 654
2015-janvier 839 678 638
888 682 679
870 691 671
891 723 670
812 696 657
879 852 650
1 014 690 676
953 751 639
941 1 225 628
1 035 843 691
1 014 833 720
1 070 1 202 776
2016-janvier. 1 204 1 302 942
1 193 1 360 984
1 236 1 316 981
1 210 1 189 973
1 299 1 263 941
1 094 1 269 836
1 220 1 377 1 042
1 275 1 320 1 041
1 176 1 184 1 062
1 370 1 281 1 140
1 044 1 253 1 072
1 011 1 272 1 098
2017-janvier 1 216 1 313 1 133
1 264 1 294 1 137
1 241 1 345 747
1 313 1 343 825
1 314 1 307 1 000
1 354 1 418 1 112
1 345 1 428 1 107
1 226 1 389 1 159
1 254 1 367 1 310
1 387 1 352 1 275
1 478 1 490 1 420
1 653 1 318 1 434
  • Source : Dares.

Figure 7L’intérim est en forte croissance en 2017 en Guyane et dépasse la Martinique en fin d’annéeNombre d’ETP dans l’intérim en Guyane et aux Antilles

  • Source : Dares.

Avertissement

Les données chiffrées sont parfois arrondies (selon les règles mathématiques). Le résultat arrondi d'une combinaison de données chiffrées (qui fait intervenir leurs valeurs réelles) peut se trouver légèrement différent de celui que donnerait la combinaison de leurs valeurs arrondies.

Pour comprendre

La base de données Sit@del2 rassemble les informations relatives aux autorisations de construire (permis accordés) et aux mises en chantier transmises par les services instructeurs (État, collectivités territoriales) au service statistique du Ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES). Les mouvements relatifs à la vie du permis (autorisations, annulations, modificatifs, déclarations d'ouverture de chantier) sont exploités à des fins statistiques.

Les séries de la construction utilisées pour la conjoncture et le bilan économique sont élaborées à partir de cette base.

En matière de logement, les séries d'estimations en date réelle sont produites mensuellement pour évaluer le nombre d'autorisations et de mises en chantier. Elles visent à retracer dès le mois suivant, l'ensemble des évènements à leur date réelle. Sur la base des données collectées, les séries intègrent une estimation de l'information non encore remontée. Ces séries sont actualisées chaque mois pour prendre en compte les informations les plus récentes. Les estimations en date réelle corrigent des éventuels défauts de collecte des déclarations d'ouverture de chantier.

Pour les locaux non résidentiels, les séries de surface de plancher en date de prise en compte permettent le suivi conjoncturel de ce secteur. Elles agrègent les informations issues des permis (autorisés, commencés, etc.) selon la date d'enregistrement de la donnée dans l'application Sit@del2.
Les séries de surface de plancher en date réelle sont utilisées pour les études structurelles. L'information est restituée selon la date effective de l'autorisation ou de la mise en chantier. Ces séries sont présentées nettes des annulations et ne comportent pas d'estimations : elles minorent donc la réalité, spécialement pour les mois de collecte les plus récents.

Définitions

Logement autorisé :

Un logement autorisé est un logement, non encore réalisé, dont la construction a été autorisée par un permis de construire ou une non-opposition à une déclaration préalable.


Logement commencé :

Un logement est considéré comme commencé (ou mis en chantier) après réception de la déclaration d’ouverture de chantier (DOC) envoyée par le pétitionnaire (ou maître d’ouvrage).

Un chantier est considéré ouvert lorsque les fouilles en rigole ou les fondations sont entreprises pour une partie ou la totalité des constructions autorisées.

Remarque :

Une « fouille en rigole » est un creusement du sol pour permettre la construction à l'emplacement des « semelles » (ces dernières sont les parties basses).

Pour en savoir plus

Site de l’ Ouvrir dans un nouvel ongletOBServatoire ECOnomique (OBSECO) de la commande publique BTP, animé par la CERC et placé sous l’autorité du Secrétariat Général aux Affaires Régionales, ayant pour missions le recensement des achats publics, l’analyse et la prospective relative aux aspects économiques et techniques de la filière.