Insee Conjoncture OccitanieBilan économique 2017 - Occitanie

Dans un contexte de retour à une croissance solide en France, avec une augmentation du PIB de 2,2 % en 2017, l’économie est bien orientée en Occitanie. La reprise de l'emploi salarié régional amorcée en 2015 se confirme et gagne cette année le secteur de la construction. Le dynamisme de l’emploi se traduit par une baisse de plus d’un point du taux de chômage dans la région.

Insee Conjoncture Occitanie
No 13
Paru le :Paru le31/05/2018
Claire Poisson, Christian Fabregue (Draaf - Sriset)
Insee Conjoncture Occitanie No 13- Mai 2018
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Agriculture – L’activité agricole impactée par les intempéries et une conjoncture contrastée sur les marchés Bilan économique 2017

Claire Poisson, Christian Fabregue (Draaf - Sriset)

En 2017, la production agricole est impactée par de fortes intempéries et une conjoncture de marchés mondiaux défavorables pour les grandes cultures, dans la région comme en France métropolitaine. La vigne subit les dégâts les plus importants suite aux gels du printemps, dans les deux bassins viticoles. Les productions de fruits sont moins touchées par les gelées tardives que dans d’autres régions françaises ou européennes. Grâce à la remontée des prix, les filières animales connaissent une embellie, mais elle reste fragile. Les marchés des volailles et des veaux échappent à cette dynamique.

Insee Conjoncture Occitanie

No 13

Paru le :31/05/2018

Une production viticole historiquement faible, des volumes commercialisés en hausse

En France métropolitaine, la production viticole est estimée à 36,8 millions d'hectolitres en 2017, soit à un niveau inférieur de 18 % à la moyenne quinquennale. La production de la région Occitanie s'élève à 12,6 millions d'hectolitres, ce qui représente un peu plus du tiers de la production nationale. Cette production est en baisse de 17 % par rapport à 2016 et de 18 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années.

Le bassin Languedoc-Roussillon, avec une récolte estimée à 10,3 millions d’hectolitres, connaît un niveau historiquement bas, en recul de 17 % par rapport à 2016 qui était déjà une année de faible volume.

Les gelées exceptionnelles, survenues fin avril dans l’Aude et l’Hérault, causent des dégâts sévères et étendus au vignoble. Puis en début d’été, la grêle s'abat dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales. L’intensité des pertes est variable suivant les secteurs mais les vignes les plus touchées ne peuvent être vendangées. De plus, sous l’effet conjugué de températures très élevées et de vents forts, le vignoble souffre durant la maturation d’un déficit hydrique marqué qui a un impact fort sur le grossissement des grappes et le volume final des vendanges.

Si les volumes sont très faibles, le millésime s’annonce d’un excellent niveau qualitatif, lié à l’état sanitaire parfait des raisins récoltés.

Dans le bassin Sud-Ouest, la vendange 2017 est estimée à 2,3 millions d’hectolitres, en recul de 19 % par rapport à 2016.

En Occitanie, les volumes commercialisés en vrac en Indication géographique protégée (IGP) augmentent de 30 % en moyenne en 2017. L’activité du marché des vins IGP en vrac est soutenue essentiellement en fin d’année. Cette reprise de l’activité s’explique par l’existence de stocks disponibles à la vente et l’annonce d’une récolte régionale et nationale historiquement faible. Les vins IGP en Occitanie constituent plus des deux tiers de la production régionale et représentent les trois quarts de la production française de vins IGP.

Les volumes échangés en vins Sans indication géographique (SIG) sont également en hausse, avec une augmentation de 47 % pour l’Occitanie. Toutefois, les niveaux des volumes échangés sur le marché ne rattrapent pas les niveaux élevés des années antérieures à 2014. Les prix moyens des vins rouges et rosés sont en baisse pour la deuxième année consécutive.

Figure 1Reprise de l’activité en fin d’année mais baisse des prix en 2017Volumes commercialisés en vrac et prix des vins IGP Pays d'Oc (bassin Languedoc-Roussillon (*))

Reprise de l’activité en fin d’année mais baisse des prix en 2017
Vol. IGP Blanc (millier hl ) Vol. IGP Rosé (millier hl ) Vol. IGP Rouge (millier hl ) Prix IGP Blanc €/hl Prix IGP Rosé €/hl Prix IGP Rouge €/hl
2010 1 156 1 708 4 758 88,94 59,58 63,77
2011 910 1 307 3 671 92,08 68,31 72,88
2012 1 260 1 621 4 142 84,37 69,26 74,26
2013 1 215 1 703 3 730 89,30 75,50 76,72
2014 1 492 2 112 4 076 97,21 82,35 81,99
2015 1 275 1 683 3 481 108,19 92,17 94,83
2016 1 049 1 059 2 439 110,02 87,11 94,86
2017 1 308 1 344 3 263 101,50 83,10 89,90
Évolution 2016-2017 (%) + 24,69 + 26,87 + 33,80 - 7,74 - 4,61 - 5,23
  • (*) Les volumes du bassin Languedoc-Roussillon représentent 82 % des volumes d’Occitanie.
  • Source : Draaf Occitanie - Sriset et Srfam

Figure 1Reprise de l’activité en fin d’année mais baisse des prix en 2017Volumes commercialisés en vrac et prix des vins IGP Pays d'Oc (bassin Languedoc-Roussillon (*))

  • (*) Les volumes du bassin Languedoc-Roussillon représentent 82 % des volumes d’Occitanie.
  • Source : Draaf Occitanie - Sriset et Srfam

Grandes cultures : production céréalière en hausse, prix en baisse

En 2017, la production française de blé tendre atteint 37,5 millions de tonnes, en augmentation de 36 % par rapport à 2016 et de 5 % par rapport à la moyenne 2012-2016. Ce volume est le plus élevé depuis 2015 (40,8 millions de tonnes). La production régionale reste stable par rapport à la moyenne quinquennale, grâce à de bons rendements (56 quintaux par hectare en moyenne) qui compensent la baisse des surfaces.

L’offre mondiale très abondante et la présence de stocks volumineux empêchent la remontée des cours. Le cours moyen du blé tendre « rendu Rouen » 1 s’établit à 154 €/tonne en septembre : il est inférieur de 3 % à celui de juin 2017 et de 2 % à celui de septembre 2016. La récolte mondiale est estimée en léger repli, mais la récolte et les exportations russes en nette hausse vont concurrencer la commercialisation des blés français, d’autant plus que leur qualité est bonne (65 % ont un taux de protéines supérieur ou égal à 12,5 %).

Dans ce contexte concurrentiel et d’abondance de l’offre pour le blé tendre, les débouchés traditionnels tels que la meunerie, les fabricants d’aliments pour le bétail et l’export vers l’Espagne, principal client de l’Occitanie, sont un véritable atout durant cette campagne.

La campagne 2017 en blé dur est marquée par une stabilité des surfaces et de bons rendements, en hausse de 2 quintaux par hectare par rapport à 2016 avec une production de qualité.

1 Le prix « rendu Rouen » est le prix de la marchandise rendue au port de Rouen. Il inclut le coût de transport depuis le lieu de production jusqu’au port d’embarquement (dans le cas des céréales destinées essentiellement à l’exportation).

Fruits d’été : une campagne précoce et des volumes importants

L’année 2017 se caractérise par une production importante aussi bien pour les fruits d’été que pour la pomme.

La production régionale d’abricots est abondante dès le début de la campagne de commercialisation. Les volumes produits, en avance de plusieurs semaines, présentent une grande variabilité gustative. Mais la situation est identique dans tous les pays producteurs européens, ce qui entraîne un alourdissement du marché sous l’effet d’une concurrence exacerbée et d’une consommation insuffisante. Le pic de production est atteint à la mi-juin sous l'influence des fortes chaleurs.

La production de pêches et de nectarines est également marquée par des volumes de production en hausse dans la région, tout comme dans les autres pays producteurs. Malgré ces volumes très importants, le marché reste stable en juin et juillet, mais le mois d'août est moins satisfaisant : la demande est insuffisante et les prix en baisse. Au total, la production régionale 2017 est une récolte satisfaisante aussi bien en quantité qu'en qualité.

La production 2017 de pommes est estimée en hausse de 2 % en Occitanie par rapport à 2016. Les épisodes de gel du printemps n’affectent pas les volumes régionaux contrairement aux autres régions françaises et pays d’Europe. La campagne de commercialisation 2017-2018 démarre avec un déficit important d’offre au niveau européen. La forte diminution des offres polonaise et italienne, principaux concurrents, facilite le positionnement de la production française et régionale sur le marché européen. Dans ce contexte, les cours de la pomme s’orientent à la hausse dès le début de la campagne de commercialisation.

Légumes : des productions hétérogènes et des cours en baisse

L’année 2017 est beaucoup plus hétérogène pour les légumes.

La production régionale de courgettes est en baisse malgré un maintien des surfaces plantées. La production de plein champ du Gard, principal département producteur en Occitanie, connaît son pic en mai et juin. À partir de juillet, la décroissance des volumes s'accompagne d'une faible demande et d'une concurrence des autres bassins qui ne permettent pas de hausse des prix.

La campagne 2017 de tomates de bouche est marquée par une légère baisse des surfaces. Les surfaces de tomates destinées à l’industrie diminuent également en raison d'une trop faible valorisation du produit, mais les rendements sont en augmentation. La demande de tomates, trop faible pour absorber les volumes produits, entraîne la chute des prix et la tomate connaît une période de crise conjoncturelle au début du mois d'août.

La récolte 2017 d’ail se déroule bien et les volumes sont satisfaisants. Mais dès les premières mises en marché, l'ail violet est pénalisé par le manque de couleur, lié au déficit d’eau au printemps. Des problèmes de qualité apparaissent sur l’ail rose en cours de conservation et entraînent une baisse des volumes disponibles sur les marchés. Les premières cotations sont nettement inférieures aux deux années précédentes. Le marché demeure lent et compliqué durant l’automne, quelle que soit la variété.

Les surfaces de production et les rendements de melon sont en hausse dans le bassin Languedoc-Roussillon. Sous l'effet des fortes chaleurs de juin, les volumes produits augmentent rapidement dans les bassins Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, entraînant un télescopage des offres françaises et espagnoles, provoquant une crise conjoncturelle dès le 29 juin. Bien que la crise cesse en août, la situation reste difficile, car la météo peu clémente ne favorise ni la production ni la consommation, et les prix restent bas.

La production de salade d’hiver est marquée par une forte baisse des surfaces en Occitanie suite à la crise de l'année précédente. En début de campagne, l'offre reste modérée mais à partir du mois de février, avec des conditions météorologiques très favorables, la production s’accélère dans toutes les régions. Les prix chutent et la salade subit une crise conjoncturelle du 23 mars jusqu'à la fin de campagne fin avril. Pour la campagne 2017-2018, les surfaces de salade de plein champ continuent à diminuer dans la région, en particulier dans les Pyrénées-Orientales. Cette régression se traduit par le démontage de serres et par la culture d'autres légumes. Des exploitations, jusqu'à présent en monoproduction de salades, diversifient leurs productions avec du céleri, du chou, de la patate douce ou de la pomme de terre primeur.

Productions animales : une année contrastée

La situation s’améliore en 2017 sur les marchés des productions animales, hormis ceux des veaux de boucherie et des volailles.

Le marché des bovins finis se redresse du fait de l’amélioration progressive du marché du lait, qui conduit à une réduction des abattages de vaches laitières, après deux années successives de hausse. Avec moins de vaches laitières dans les abattoirs, les prix des bovins finis retrouvent leur cours habituel. Mais l’embellie reste fragile. La consommation de viande bovine continue de s’éroder : - 2,4 % sur les neuf premiers mois 2017 par rapport à la même période l’année précédente. Cependant, face au repli de la consommation, les importations de viande bovine se contractent et cette réduction de l’offre contribue aussi au redressement des cours.

Le marché du veau de boucherie continue de montrer quelques signes d’essoufflement. En repli constant depuis 2010, les abattages de veaux de boucherie se réduisent de nouveau en 2017, de 2 % en Occitanie et de 1,8 % en France métropolitaine. Comme en 2016, l’alourdissement des poids des carcasses permet néanmoins aux opérateurs de compenser la baisse du nombre d’animaux et de maintenir un volume de production.

La conjoncture s’améliore sur le marché des bovins maigres (broutards) en 2017. Les exportations sont en hausse, tirées par la demande dynamique des ateliers d'engraissement des clients traditionnels de la France : l’Italie et l’Espagne. Les volumes exportés depuis les exploitations d’Occitanie sont en hausse comme en métropole, de 2,5 % par rapport à 2016 et de 19 % par rapport à la moyenne 2014-2016. Malgré des volumes exportés abondants, le cours du broutard ne fléchit pas. La cotation du broutard croisé laitier à la commission de Toulouse reste au-dessus de la moyenne 2012-2016.

La collecte mondiale de lait repart à la hausse sur l’année passée, en particulier en Nouvelle-Zélande, aux États-Unis, dans l'Union européenne et en France, dans un contexte de prix du lait porteur et d’une demande internationale, notamment chinoise, dynamique. En France, les prix à la production du lait de vache se redressent fortement à partir de juillet, sous l'effet de l’amélioration générale des marchés et de la flambée des prix du beurre. Ceux-ci battent des records en raison d'une offre insuffisante face à une forte demande. La conséquence est positive pour les producteurs d’Occitanie comme au niveau national. Le prix moyen régional est proche de 330 € pour 343 € les 1 000 litres en moyenne nationale.

Le manque d’agneaux tire les cours à la hausse. La production ovine française est de nouveau à la baisse en 2017, de 2,7 % en têtes et de 2,8 % en poids au niveau national contre moins de 1 % au niveau régional. L’Occitanie est la première région allaitante de France et produit près de 30 % de la viande ovine française (troupeaux viande et lait confondus). La production régionale se caractérise par une production importante et de qualité. Dans ce contexte, la production régionale arrive à se maintenir et le recul dans les abattoirs régionaux est moins prononcé qu’au niveau national.

Palmipèdes gras : un coup dur pour la filière

La filière des palmipèdes gras est durement touchée en Occitanie avec deux épisodes rapprochés d'épizootie aviaire, un premier vide sanitaire au printemps 2016 puis à nouveau un dépeuplement des élevages début 2017.

Le second épisode en 2017 touche particulièrement certains départements de la région Occitanie : le Gers et dans une moindre mesure les Hautes-Pyrénées et la Haute-Garonne. Afin d’éradiquer l’épizootie aviaire, hautement pathogène (H5N8), le principe retenu vise à abattre rapidement des palmipèdes prêts à gaver (PAG). Sous l’effet conjugué du vide sanitaire et des abattages préventifs de jeunes cheptels (canards PAG), les tonnages de canards gras abattus sont en repli, de 32 % par rapport à 2016 et 54 % par rapport à 2015, période pendant laquelle l'épizootie aviaire ne s’était pas encore déclarée. L’impact sur la filière en 2017 est supérieur à 2016, car il concerne tous les professionnels de la filière.

Fin mai, le redémarrage est difficile, car les cheptels reproducteurs sont aussi touchés. Ainsi, certains gaveurs ne reprennent leur activité que tardivement fin 2017. Par ailleurs, la relance de la filière palmipèdes à foie gras s’accompagne de la mise en œuvre par les producteurs de règles de production et de biosécurité qui viennent renforcer celles déjà existantes.

Pour en savoir plus

« L’horizon s’éclaircit pour les filières animales en fin d’année », Ouvrir dans un nouvel onglet Bilan annuel de la conjoncture 2017 Draaf Occitanie, mars 2018