Bilan économique du Languedoc-Roussillon

L'économie du Languedoc-Roussillon a tâtonné en 2014. L'emploi salarié marchand s'est stabilisé avec une baisse dans les secteurs présentiels et une hausse dans les secteurs productifs. La progression de l'emploi total n'a pas été suffisante pour endiguer la hausse du chômage qui a surtout touché les personnes de plus de 50 ans. Les conséquences sociales des tensions sur le marché du travail s'amplifient, le nombre de bénéficiaires de minima sociaux progressant encore plus vite que la croissance démographique.

Insee Conjoncture Languedoc-Roussillon
Paru le :Paru le29/05/2015
P. GIRARD, R. RABIER, L. CLAVEL Insee
Insee Conjoncture Languedoc-Roussillon- Mai 2015
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Bilan économique du Languedoc-Roussillon - synthèse régionale

P. GIRARD, R. RABIER, L. CLAVEL Insee

L’économie du Languedoc-Roussillon a tâtonné en 2014. L’emploi salarié marchand s’est stabilisé avec une baisse dans les secteurs présentiels et une hausse dans les secteurs productifs. La progression de l’emploi total n’a pas été suffisante pour endiguer la hausse du chômage qui a surtout touché les personnes de plus de 50 ans. Les conséquences sociales des tensions sur le marché du travail s’amplifient, le nombre de bénéficiaires de minima sociaux progressant encore plus vite que la croissance démographique.

Insee Conjoncture Languedoc-Roussillon

No 5

Paru le :29/05/2015

Synthèse régionale - Hausse de l’emploi et du chômage

L’évolution de l’emploi salarié marchand, en dents de scie durant toute l’année 2014, reflète les tâtonnements de l’économie régionale. Le léger rebond du second semestre 2013 ne se confirme pas totalement. À la fin 2014, l’emploi salarié marchand se maintient (- 0,1 %) dans la région alors qu’il baisse sensiblement au niveau national (- 0,5 %). Dans le même temps, le taux de chômage poursuit sa progression (+ 0,6 point) pour atteindre 14,3 % de la population active en Languedoc-Roussillon.

Ces indicateurs témoignent d’un contexte de fléchissement de la demande intérieure, en particulier de l’investissement des ménages et de la commande publique. Le 4e trimestre est plus encourageant, avec des signes de regain d’activité qui demandent à être confirmés. L’économie du Languedoc-Roussillon, principalement composée d’activités et d’emplois liés à la demande locale, dites activités présentielles, a tendance à ralentir durant les trois premiers trimestres en dépit d’une fréquentation touristique assez satisfaisante, notamment pour l’hôtellerie de plein air. Le regain d’activité du quatrième trimestre permet à l’emploi de compenser les pertes, grâce à une forte hausse de l’intérim en toute fin d’année. Ainsi, l’économie régionale perd-elle 2 000 emplois salariés dans les secteurs marchands non agricoles au cours des trois premiers trimestres et en regagne-t-elle autant au dernier trimestre.

La stabilité de l’emploi concurrentiel marchand est le résultat d’une baisse dans les secteurs présentiels et d’une hausse dans les secteurs productifs. La forte diminution a d’abord lieu dans le secteur du commerce. Elle peut être la conséquence de l’érosion du pouvoir d’achat des ménages ou de nouvelles formes de commerce, en particulier du e-commerce, nécessitant moins de main d’œuvre locale.

La construction continue à perdre des emplois, malgré une stabilisation en fin d’année. Le recours à l’intérim s’est accéléré fin 2014, notamment pour faire face aux besoins de main d’œuvre des grands chantiers (doublement de l’A9, Ligne Grande Vitesse) et le nombre de logements commencés semble se stabiliser après de fortes baisses depuis fin 2007.

Les services aux entreprises, secteur de la sphère productive de l’économie, présentent les plus fortes progressions d’emploi. De même, l’emploi industriel se stabilise sur un an grâce à un recours accru à l’intérim en fin d’année et un bon niveau d’activité des industries agroalimentaires. Ce regain d’activité dans la sphère productive résulte pour partie du climat national et international qui s’améliore grandement en fin d’année. La demande extérieure des principaux partenaires économiques de la France progresse avec la baisse du coût des produits pétroliers et la dépréciation de l’euro.

Autre secteur productif, la viticulture affiche un volume de la récolte en baisse de 6 % par rapport à 2013 mais qui se situe dans la norme des cinq dernières années en dépit des aléas climatiques. Par ailleurs, sur l’année civile 2014, les cours des vins en vrac progressent de + 10 % et les quantités commercialisées augmentent. Les exportations de vin croissent aussi en volume et en valeur. Les ventes sont particulièrement vigoureuses vers l’Europe (notamment les Pays-Bas et le Royaume-Uni) et l’Asie (en particulier la Chine).

La stabilité annuelle de l’emploi salarié marchand concurrentiel dans la région cache de fortes disparités territoriales. Si l’Hérault est le département métropolitain qui gagne le plus d’emplois en 2014, les autres départements de la région en perdent. Le taux de chômage est de 6,2 % dans la zone d’emploi de Lozère et de 18 % dans la zone d’emploi d’Agde-Pézenas, niveau le plus élevé de France métropolitaine.

L’emploi total augmenterait vraisemblablement dans la région en ajoutant les emplois agricoles, non salariés et publics à l’emploi salarié concurrentiel marchand. En effet, au total ces emplois progressent en moyenne de + 0,4 % depuis plusieurs années (+ 0,3 % en 2013).

Dans une région où la population active augmente à un rythme de + 1 % par an, une hausse de l’emploi total de l’ordre de + 0,4 % est insuffisante pour enrayer la croissance du chômage. Ainsi, l’année 2014 est comme les trois années précédentes, une année de croissance d’emploi et de hausse du chômage.

Le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi progresse fortement (+ 6,7 % de DEFM de catégories A, B et C en 2014) touchant particulièrement les personnes de plus de 50 ans (+ 11,7 %). La progression est bien moindre pour les moins de 25 ans (+ 2,7 %) grâce notamment à la forte mobilisation des politiques d’emploi qui leurs sont destinées. La demande d’emploi intervient de plus en plus souvent après une rupture conventionnelle et les licenciements économiques sont repartis à la hausse en 2014. La demande d’emploi de longue durée (plus d’un an) et de très longue durée (plus de deux ans) continue aussi d’augmenter sensiblement.

L’emploi saisonnier, fortement présent dans la région, permettait de sortir de situations de demande d’emploi et d’endiguer le chômage de longue durée. C’est désormais moins le cas. Sur 284 000 demandeurs d’emplois de catégorie A, B ou C dans la région, 117 000 demandeurs sont inscrits depuis plus d’un an, effectif en forte progression sur un an (+ 8,5 %) et dans la continuité des années précédentes. Le chômage de longue durée affecte principalement les personnes de 50 ans ou plus. Le chômage de très longue durée s’amplifie aussi (+ 15,8 %) en 2014. Ces hausses sont comparables au niveau national, dans une région où le taux de chômage est le plus élevé de France métropolitaine.

Les conséquences sociales de la crise s’amplifient. Le nombre de bénéficiaires de minima sociaux progresse plus vite que la croissance démographique. Cela n’est pas lié à un héliotropisme de la pauvreté car les mobilités résidentielles des allocataires avec les autres régions s’équilibrent. Certes insuffisante à réduire totalement les inégalités, la redistribution représente des montants financiers importants. C’est ainsi que les caisses d’allocations familiales (Caf) ont versé en 2014 3,2 milliards d’euros aux foyers de la région, soit environ 5 % du PIB régional.

Cadrage national - En 2014, l’économie française croît faiblement, le pouvoir d’achat des ménages accélère

Légère accélération de l’activité mondiale

En 2014, l’activité mondiale accélère légèrement : la reprise s’affermit dans les pays avancés, tandis que la croissance fléchit dans la plupart des pays émergents.

Dans les pays avancés, l’accélération de l’activité recouvre un décalage conjoncturel entre d’une part les pays anglo-saxons et d’autre part la zone euro. Ainsi, l’activité progresse à un rythme soutenu dans les premiers. La zone euro, en revanche, après deux années de contraction de l’activité, ne renoue que timidement avec la croissance et les hétérogénéités y restent fortes. La croissance de la zone se redresse surtout à la fin de l’année, sous l’effet notamment de deux stimuli extérieurs : d’une part le prix du pétrole baisse fortement au second semestre, d’autre part l’euro se déprécie nettement par rapport au dollar.

Dans les pays émergents, l’activité ralentit pour la quatrième année consécutive, sous l’effet de l’essoufflement de la croissance chinoise, mais aussi de la dégradation dans plusieurs autres grands pays, notamment le Brésil et la Russie.

L’économie française croît faiblement

En 2014, le PIB de la France progresse de 0,2 % après + 0,7 % en 2013.

Figure 1Évolution du PIB en volume et contributions à cette évolution

variation annuelle en %, contributions en points
Évolution du PIB en volume et contributions à cette évolution (variation annuelle en %, contributions en points)
Consommation des ménages Demande publique (1) Investissement privé Échanges extérieurs Variation de stocks Produit intérieur brut (PIB)
2007 1,299431628204960 0,565063875261071 1,158125931665840 -0,840059478237669 0,178906056096484 2,361468012990690
2008 0,248665240535342 0,175246399068264 0,270784469344508 -0,266871675611484 -0,232759401173831 0,195065032162800
2009 0,039522669941126 0,796874636295743 -2,314700185939290 -0,348052830821231 -1,115032236639300 -2,941387947162950
2010 0,941748527390573 0,357067670410097 0,498912949574924 -0,089839400372003 0,257807517801077 1,965697264804670
2011 0,237090127041356 0,091846184334135 0,640437648502487 0,035677166165530 1,074494603523750 2,079545729567260
2012 -0,134914968119160 0,466259696303591 -0,021269523562664 0,505029788841774 -0,632400768889338 0,182704224574204
2013 0,201247255143287 0,407320490481527 -0,139774705180680 -0,037567146956795 0,225176622820225 0,656402516307564
2014 0,314492576160299 0,128394181016700 0,014306257454225 -0,481460848121234 0,203870136340044 0,179602302850035
  • (1) : y compris Institutions sans but lucratif au service des ménages.
  • Champ : France.
  • Source : Insee, comptes nationaux, base 2010.

Figure 1Évolution du PIB en volume et contributions à cette évolution

  • (1) : y compris Institutions sans but lucratif au service des ménages.
  • Champ : France.
  • Source : Insee, comptes nationaux, base 2010.

La demande intérieure hors stocks est le principal contributeur à la croissance du PIB, à hauteur de + 0,5 point, comme en 2013. La consommation des ménages accélère légèrement (+ 0,6 % après + 0,4 % en 2013). La demande intérieure est également soutenue par le dynamisme des dépenses de consommation des administrations publiques (+ 1,6 %, comme en 2013), tandis que leur investissement recule fortement (- 6,9 % après + 0,1 % en 2013). L’investissement des entreprises non financières se redresse (+ 2,0 % après + 0,5 % en 2013), alors que l’investissement des ménages, principalement en logements, se replie pour la troisième année consécutive (– 5,3 % en 2014). Au total, l’investissement de l’ensemble des secteurs se replie en 2014 (- 1,2 %) plus fortement qu’en 2013 (- 0,6 %).

En 2014, les exportations gagnent en dynamisme (+ 2,4 % après + 1,7 % en 2013). Mais les importations accélèrent plus vivement (+ 3,8 %, après + 1,7 %). Au total, la contribution des échanges extérieurs à la croissance du PIB devient négative (- 0,5 point après une contribution neutre en 2013).

Figure 2Le PIB et les opérations sur biens et services

Le PIB et les opérations sur biens et services
Évolution en volume aux prix de l'année précédente (en %) 2014
2012 2013 2014 En milliards d'euros (volume chaîné) Contribution à la croissance du PIB en volume
Produit intérieur brut (PIB) 0,2 0,7 0,2 2 060,9 0,2
Importations 0,7 1,7 3,8 630,1 -1,2
Consommation effective des ménages, dont : 0,2 0,6 0,9 1 464,8 0,7
- dépense des ménages -0,3 0,4 0,6 1 094,9 0,3
- dépense individualisable des administrations 1,5 1,6 1,6 546,0 0,4
Consommation collective des administrations publiques 1,4 1,9 0,8 175,9 0,1
Formation brute de capital fixe, dont : 0,2 -0,6 -1,2 443,1 -0,3
- entreprises non financières -0,2 0,5 2,0 248,8 0,2
- ménages -2,1 -1,5 -5,3 98,8 -0,3
- administrations publiques 1,8 0,1 -6,9 75,2 -0,3
Variations de stocks (contribution à la croissance) -0,6 0,2 0,2 10,0 0,2
Exportations 2,5 1,7 2,4 593,6 0,7
  • Source : Insee, comptes nationaux, base 2010.

Par branche, l’activité est portée par les services marchands (+ 0,5 % après + 0,7 %), les services non marchands (+ 1,0 % après + 1,2 %) et l’agriculture (+ 8,5 % après - 1,9 %). L’activité de la branche énergie-eau-déchet se replie fortement (- 2,1 % après + 2,2 % en 2013), en raison d’un climat doux en début comme en fin d’année. La construction recule fortement (- 3,6 %), après une quasi-stabilisation en 2013 (+ 0,1 %). L’activité dans l’industrie manufacturière se replie (- 0,7 % après + 0,5 %).

Le pouvoir d’achat rebondit

Le pouvoir d’achat rebondit (+ 1,1 % après - 0,1 % en 2013). En termes nominaux, le revenu des ménages gagne en dynamisme (+ 1,1 % après + 0,7 % en 2013), alors que les prix de la consommation décélèrent de nouveau nettement (0,0 % après + 0,8 % en 2013).

L’emploi total croît légèrement

L’emploi salarié marchand non agricole recule légèrement (- 0,2 %), en raison du faible rythme de croissance de l’activité. Mais, grâce aux créations nettes d’emplois dans les branches non marchandes, principalement des contrats aidés (notamment la montée en charge des emplois d’avenir), l’emploi total augmente en moyenne sur l’année (+ 0,3 %) et le taux de chômage est quasi stable en moyenne annuelle (10,2 % après 10,3 % en 2013).

 

Avertissement

Dans le cadrage national, les évolutions sont en moyenne annuelle ; elles sont principalement en glissement annuel (T4 2014 / T4 2013) pour les autres évolutions du Bilan, ce qui peut expliquer certains écarts entre les chiffres du cadrage national et le reste du Bilan économique régional.