Du PIB, des Jeux, des inconnues Note de conjoncture - juillet 2024

 

Note de conjoncture
Paru le :Paru le09/07/2024
Note de conjoncture- Juillet 2024
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Éclairage – Les pertes de parts de marché de la zone euro depuis la crise sanitaire proviennent pour environ un quart du choc de prix de l’énergie, mais iraient au-delà des seuls produits énergo-intensifs

Depuis la crise sanitaire, les principales économies avancées ont subi des pertes de parts de marché au profit de certaines économies émergentes, en premier lieu la Chine. Entre 2019 et 2023, la part de marché des économies avancées, définie comme le poids de leurs exportations en valeur dans le commerce mondial de biens, a diminué de près de 3 % (aussi bien pour la zone euro que pour les États-Unis), alors que celle de la Chine a augmenté de 10 %.

La comparaison de la performance à l’exportation en biens en volume des principales économies avancées – qui corrige de l’orientation géographique des exportations ainsi que des variations relatives de prix – confirme le diagnostic : depuis la crise sanitaire, la performance de la Chine s’est significativement améliorée (+20 %) tandis que celles des économies avancées a dans l’ensemble reculé, dans des proportions variables. Les États-Unis ont connu un recul, -6 % par rapport au niveau de performance de 2019, contre -4 % pour la zone euro. Les pays d’Europe du Sud (l’Espagne mais surtout l’Italie) ont peu ou prou maintenu leur performance à l’exportation. En revanche, les performances britanniques (-19 %), françaises (-9 %), et allemandes (-8 %) se sont particulièrement dégradées depuis la crise sanitaire. Ces évolutions marquent un tournant : l’Italie et la France avaient stabilisé leur performance à l’exportation depuis 2010 (le Royaume-Uni depuis 2015) après avoir beaucoup cédé de terrain dans les années 2000 ; l’Allemagne et les États-Unis les avaient globalement maintenues depuis 2002 ; la Chine n’en gagnait plus de 2012 à 2019.

Ce recul de la performance à l’exportation de la zone euro sur la période récente pourrait être lié à la dégradation de la compétitivité coût de la zone : la hausse du prix de l’énergie, consécutive à l’invasion de l’Ukraine par la Russie est spécifique à la zone euro et constitue un choc d’offre asymétrique. La modélisation économétrique développée dans cet éclairage montre que ce facteur a contribué à la dégradation des performances européennes mais seulement en partie, pour environ 20 % à 25 %.

L’analyse fine par produit des évolutions des parts de marché sur la période récente confirme ce diagnostic macroéconomique. Les biens des branches « énergo-intensives » contribuent certes sur la période récente aux pertes de parts de marché des pays européens et aux gains de la Chine, mais seulement pour environ un quart. D’autres produits sont également responsables des gains de parts de marché de l’économie chinoise sur ses concurrents occidentaux depuis la crise sanitaire : c’est en particulier le cas de l’automobile et des équipements électroniques. Pour ces deux segments, le prix de l’énergie joue un rôle plus secondaire et la perte de performance révèle plutôt une dégradation de la compétitivité hors coût...

Note de conjoncture

Paru le :09/07/2024