Insee Conjoncture Provence-Alpes-Côte d'Azur ·
Juin 2024 · n° 49Bilan économique 2023 - Provence-Alpes-Côte d'Azur En 2023, une économie régionale au ralenti
En 2023, l’inflation reste élevée au niveau national mais reflue progressivement et l’économie française connaît une croissance faible. La consommation des ménages, moteur de l’économie française, marque le pas, et l’investissement des entreprises ralentit.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, cela se traduit par une activité économique qui se tasse : bien qu’encore en hausse, le rythme de croissance est de plus en plus faible depuis la crise sanitaire. L’emploi suit la même évolution, avec un net ralentissement, alors que le taux de chômage connaît une faible progression. Le nombre de demandeurs d’emploi se stabilise après des mois de baisse. Toutefois, les bénéficiaires du RSA sont un peu moins nombreux. Les défaillances d’entreprises sont de nouveau en hausse.
Au niveau sectoriel, l’activité dans la construction est mal orientée. Ce secteur souffre particulièrement du niveau élevé des taux d’intérêt, qui pénalisent le pouvoir d’achat immobilier des ménages. En revanche, ces taux élevés dynamisent l’épargne rémunérée dans la région. La météo, peu favorable, pèse sur la production agricole. La fréquentation touristique des hébergements marchands est à la peine, malgré un nombre de voyageurs aériens et maritimes en hausse.
Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2023 publiés par l'Insee.
Transports - Le transport de passagers reste dynamique, les ventes de véhicules repartent à la hausse Bilan économique 2023
Etienne Lenzi (Insee), Yohan Urie (Observatoire régional des transports)
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, le secteur des transports de passagers confirme en 2023 sa nette reprise entamée l’année précédente. L’activité est particulièrement dynamique dans le transport aérien et maritime de voyageurs. Le nombre de passagers dans les aéroports de la région dépasse désormais celui d’avant-crise Covid, et le volume de croisiéristes est en forte hausse. En revanche, les volumes de marchandises échangées sont en nette baisse, tant par la voie maritime que par la route.
Les ventes de véhicules neufs repartent à la hausse, après avoir été durement affectées par la crise sanitaire, les difficultés d’approvisionnement et la hausse des coûts de production. Le parc se renouvelle avec des véhicules moins polluants : la part des véhicules électriques augmente pour atteindre 21 % en 2023, et les véhicules les plus polluants (Crit’air 3 ou plus) sont en forte baisse ces dernières années.
- Le trafic aérien de passagers dépasse son niveau d’avant-Covid
- Transport maritime de passagers : les croisiéristes en force à Marseille
- Le transport maritime de marchandises régresse
- Le transport routier de marchandises en retrait
- Fort rebond des ventes de véhicules
- Le parc se renouvelle dans les grandes agglomérations
Le trafic aérien de passagers dépasse son niveau d’avant-Covid
Le transport aérien de passagers en 2023 dans les aéroports de Provence-Alpes-Côte d’Azur poursuit sa reprise post-Covid (+19 % sur un an) et retrouve son niveau d’avant-crise (+0,6 % par rapport à 2019, figure 1). En particulier, le nombre de passagers transportés via des vols internationaux reste dynamique en 2023 (+25 %), après une année 2022 qui avait amorcé le retour en force des touristes venant de l’étranger (+145 % entre 2021 et 2022). La fréquentation des vols intérieurs connaît une hausse moins forte sur un an (+3 %) et ne retrouve pas son niveau de 2019. Au niveau national, le nombre de passagers reste inférieur à celui d’avant-Covid ; les passagers internationaux et nationaux sont en hausse, mais moins que dans la région.
tableauFigure 1 – Passagers des aéroports par type de ligne
Type de ligne | Provence-Alpes-Côte d'Azur | France entière | |||
---|---|---|---|---|---|
Passagers 2023 (nombre) | Évolution entre 2022 et 2023 | Évolution annuelle moyenne entre 2017 et 2022 ¹ | Évolution entre 2022 et 2023 | Évolution annuelle moyenne entre 2017 et 2022 ¹ | |
Lignes nationales ² | 8 408 794 | 2,8 | -1,2 | -1,3 | -2,9 |
Lignes internationales | 16 870 767 | 25,1 | -0,8 | 20,5 | -2,3 |
Transit | 43 898 | -34,3 | -4,5 | -3,9 | -12,9 |
Total | 25 323 459 | 16,5 | -1,0 | 14,2 | -2,5 |
dont lignes à bas coût (low cost) | 13 255 173 | 19,4 | 5,4 | 15,6 | 3,2 |
Part des lignes à bas coût (low cost) (%) | 52,3 | /// | /// | /// | /// |
- ¹ : évolution qui aurait été observée pour le trafic passager des aéroports, pour chaque année de la période considérée, en supposant une évolution identique chaque année.
- ² : la fréquentation des aéroports français comptabilise les passagers embarqués ou débarqués. Ainsi, tous les passagers ayant effectué un vol national à l’intérieur du périmètre défini (France métropolitaine et DROM) sont comptés deux fois. Par exemple, un passager Bordeaux-Lyon est compté une fois au départ de Bordeaux et une fois à l’arrivée à Lyon.
- Note : données brutes.
- /// : absence de donnée due à la nature des choses.
- Source : Union des aéroports français.
Cette augmentation du trafic aérien en 2023 est portée par les lignes à bas coût ou « low-cost » (+19,4 %) comme par les lignes traditionnelles (+13,5 %), leurs deux clientèles étant en hausse. Les vols à bas coût représentent plus d’un passager transporté sur deux dans les aéroports de Provence-Alpes-Côte d’Azur, contre un sur trois dix ans auparavant.
En parallèle du transport aérien, le nombre de voyageurs sur les lignes ferroviaires est en forte hausse, dépassant son niveau d’avant-Covid en 2022 (dernières données disponibles) en Provence-Alpes-Côte d’Azur, alors que le nombre de voyageurs pour la France entière demeure moins élevé qu’en 2019.
Transport maritime de passagers : les croisiéristes en force à Marseille
En 2023, 5,6 millions de passagers sont passés par les trois principaux ports de la région : Marseille, Toulon et Nice. Le trafic maritime de passagers poursuit sa nette reprise après le point bas enregistré en 2020 (2,0 millions de passagers), sans toutefois retrouver son niveau d’avant crise sanitaire (6,1 millions en 2019, soit une baisse de 8 %).
Les croisiéristes font un retour en force dans les ports en Provence-Alpes-Côte d’Azur, en particulier dans le port de Marseille qui concentre l’essentiel de ces passagers. Ainsi, on compte 2,5 millions de croisiéristes à Marseille en 2023, soit 1,1 million de plus que l’an dernier et 600 000 de plus qu’avant la crise sanitaire.
Le transport maritime de marchandises régresse
L’activité du Grand Port maritime de Marseille (GPMM), qui concentre la quasi-totalité du trafic maritime de marchandises de la région est en baisse en 2023 par rapport à 2022 (-7,6 %, figure 2). La tendance est similaire dans l’ensemble des principaux ports maritimes métropolitains (à l’exception du port de Calais), qui connaissent tous une diminution de leur activité.
tableauFigure 2 – Évolution du transport de marchandises dans les principaux ports français
Année | Marseille | Haropa* | Dunkerque | Nantes | Bordeaux | La Rochelle | Calais |
---|---|---|---|---|---|---|---|
2014 | 78 475 | 88 645 | 47 158 | 26 461 | 8 536 | 9 397 | 43 295 |
2015 | 81 737 | 90 904 | 46 651 | 25 341 | 8 415 | 9 790 | 41 918 |
2016 | 80 590 | 86 376 | 46 762 | 25 436 | 7 860 | 9 215 | 42 994 |
2017 | 80 379 | 92 082 | 50 238 | 29 830 | 7 265 | 8 566 | 50 546 |
2018 | 77 589 | 93 727 | 51 622 | 32 237 | 7 071 | 9 656 | 46 116 |
2019 | 78 947 | 89 259 | 52 696 | 30 631 | 6 812 | 9 780 | 44 055 |
2020 | 68 967 | 74 436 | 45 170 | 27 888 | 6 053 | 8 939 | 39 602 |
2021 | 75 116 | 83 386 | 48 318 | 18 897 | 6 604 | 8 804 | 38 090 |
2022 | 77 818 | 84 532 | 48 983 | 29 635 | 6 544 | 9 581 | 37 149 |
2023 | 71 881 | 80 814 | 43 848 | 28 266 | 6 198 | 8 540 | 41 109 |
- * Haropa : Grand port maritime de la Seine, le Havre-Rouen-Paris.
- Champ : grands ports maritimes de métropole (GPM) et port de Calais.
- Source : SDES, données provisoires CVS-CJO.
graphiqueFigure 2 – Évolution du transport de marchandises dans les principaux ports français
L’activité reste inférieure à l’avant-crise sanitaire au sein du Grand Port maritime de Marseille (-9,0 % par rapport à 2019). Les autres ports de France métropolitaine sont également dans cette situation. Haropa (regroupant les ports du Havre, de Rouen et de Paris), le plus important en termes de volumes de marchandises juste devant Marseille, a encore une activité réduite de 9,5 % par rapport à 2019, et l’écart est de 16,8 % pour Dunkerque, troisième port français.
Le transport routier de marchandises en retrait
Le transport routier de marchandises en Provence-Alpes-Côte d’Azur est en baisse sur un an (-3,6 % de tonnes-kilomètres). Le volume de marchandises transportées reste ainsi en deçà de son niveau d’avant-crise sanitaire (-7,3 %).
Les trois composantes du transport de marchandises (entrées, sorties et trafic interne) sont en baisse. Les entrées de marchandises dans la région mesurées en tonnes-kilomètres baissent légèrement sur un an (-1,1 %) et demeurent largement inférieures à leur niveau de 2019 (-8,9 %, figure 3). Les sorties de la région sont en baisse cette année par rapport à 2022 (-6,1 %) et sont également plus faibles qu’avant la crise sanitaire, suivant la tendance nationale. Le trafic intérieur à la région diminue également (-3,9 % sur un an) mais reste très proche de son niveau de 2019.
tableauFigure 3 – Évolution du transport routier de marchandises - Provence-Alpes-Côte d'Azur
Entrées dans la région | Sorties de la région | Intérieur de la région | |
---|---|---|---|
2017 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
2018 | 100,9 | 102,3 | 106,7 |
2019 | 105,1 | 110,1 | 100,4 |
2020 | 97,5 | 99,0 | 98,7 |
2021 | 95,7 | 104,6 | 101,3 |
2022 | 96,8 | 103,3 | 104,0 |
2023 | 95,7 | 97,1 | 99,9 |
- Note : 2023 provisoire.
- Champ : hors transport international.
- Source : SDES, Enquête Transport routier de marchandises.
graphiqueFigure 3 – Évolution du transport routier de marchandises - Provence-Alpes-Côte d'Azur
Fort rebond des ventes de véhicules
Les immatriculations de véhicules neufs repartent à la hausse (+9,8 %), après trois années marquées par la crise sanitaire, les difficultés d’approvisionnement et la hausse des coûts de production. En 2020, la pandémie avait entraîné une forte baisse des ventes. Celle-ci a été suivie d’un léger rebond en 2021, puis d’une nouvelle baisse en 2022 (figure 4). Tous les types de véhicules sont concernés par cette embellie, sauf les véhicules de transports en commun qui enregistrent une baisse après leur hausse de 2022.
tableauFigure 4 – Évolution du nombre d'immatriculations de véhicules particuliers neufs
Provence-Alpes-Côte d'Azur | France entière | |
---|---|---|
2017 | 100,0 | 100,0 |
2018 | 101,8 | 103,1 |
2019 | 105,6 | 104,7 |
2020 | 84,0 | 78,5 |
2021 | 84,5 | 79,2 |
2022 | 79,4 | 73,1 |
2023 | 87,2 | 84,2 |
- Note : données brutes.
- Champ : les immatriculations de véhicules neufs sont issues du répertoire statistique des véhicules routiers (Rsvero) qui recense les véhicules routiers immatriculés sur le territoire français (départements d’outre-mer compris), hors immatriculations provisoires et transit temporaire.
- Source : SDES, Rsvero.
graphiqueFigure 4 – Évolution du nombre d'immatriculations de véhicules particuliers neufs
Dans la région, les véhicules électriques particuliers profitent d’une belle dynamique. Ils représentent plus d’un véhicule sur cinq vendus dans la région (21,0 %), bien au-dessus de la moyenne française (16,7 %). Cette part est en augmentation pour tous les types de véhicules particuliers (hors les 2-3 roues à moteurs).
Le parc se renouvelle dans les grandes agglomérations
Par ailleurs, dans les quatre grandes aires d’attraction des villes de Provence-Alpes-Côte d’Azur (agglomérations métropolitaines de plus de 150 000 habitants), on observe que le parc automobile se renouvelle à un rythme soutenu. La part des vignettes les plus polluantes (Crit’air 3 ou supérieur) y passe ainsi de 44 % en 2019 à 28 % en 2023 (données complémentaires). Dans ces agglomérations, le volume de voitures particulières Crit’air 3 ou plus a baissé de près de 35 % sur cette période. Ces véhicules les plus polluants représentent en 2023 un peu plus du quart des presque deux millions de véhicules du parc automobile.
Avertissement
Les données chiffrées sont parfois arrondies (selon les règles mathématiques). Le résultat arrondi d'une combinaison de données chiffrées (qui fait intervenir leurs valeurs réelles) peut se trouver légèrement différent de celui que donnerait la combinaison de leurs valeurs arrondies.
Sources
Définitions
Immatriculations de véhicules neufs
Les immatriculations de véhicules neufs sont issues du répertoire statistique des véhicules routiers (Rsvero) qui recense les véhicules routiers immatriculés sur le territoire français (départements d’outre-mer compris). Les immatriculations provisoires de véhicules neufs et celles des véhicules en transit temporaire ne sont pas comptabilisées.
Tonne-kilomètre
Une tonne-kilomètre est une unité de mesure correspondant au transport d'une tonne sur une distance d'un kilomètre.
Les agglomérations de plus de 150 000 habitants sont classées en territoires zone à faibles émissions (ZFE) et territoires de vigilance. Elles mettent de manière obligatoire ou volontaire des restrictions de circulation pour les véhicules les plus polluants (vignettes Crit’air 3 à 5) dans un objectif d’amélioration de la qualité de l’air. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, quatre agglomérations sont concernées : Aix-Marseille, Avignon, Nice et Toulon.
Pour en savoir plus
(1) Observatoire Régional des Transports, « Ouvrir dans un nouvel ongletLe journal des transports », no 120, mai 2023.
(2) Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires, Datalab, « Ouvrir dans un nouvel ongletChiffres clés des transports », édition 2023, mars 2023.