La reprise économique à la suite de la crise sanitaire, ainsi que la guerre en Ukraine, ont provoqué de fortes tensions sur les marchés européens de l’énergie. Bien que les entreprises françaises n’aient pas toutes été immédiatement touchées par cette envolée des prix de l’énergie, elles ont été incitées à réduire leur consommation d’énergie pour se préserver de possibles pénuries.

S’agissant plus spécialement de l’électricité, l’exploitation de données mensuelles de soutirage de près de 500 établissements énergo-intensifs directement raccordés au Réseau de Transport d’Électricité (RTE) permet d’identifier des comportements de sobriété énergétique au cours du second semestre 2022. La consommation d’électricité de ces établissements se serait repliée en décembre 2022 d’environ 22 % sur un an.

En considérant le sous-échantillon d’environ 200 entreprises qui figurent également dans l’enquête de conjoncture de l’Insee, on peut mettre en regard la consommation électrique de chaque entreprise et la mesure de l’évolution de son activité économique telle qu’elle est renseignée dans l’enquête. Cette analyse microéconométrique suggère que la moitié du repli de consommation d’électricité (soit 11 points environ) traduirait des comportements de sobriété de la part des entreprises considérées, c’est-à-dire une baisse de la consommation d’électricité indépendante de l’évolution de l’activité. L’autre moitié de ce repli de consommation électrique s’expliquerait par la baisse de production de ces entreprises. À un niveau plus agrégé cependant, les indices de la production des branches énergo-intensives correspondantes suggéreraient une baisse plus modérée de l’activité, ce qui peut traduire un biais de sélection de l’échantillon mobilisé pour l’analyse microéconométrique : l’activité des entreprises directement raccordées à RTE apparaît en effet plus dégradée que celle de leur secteur au cours de la période étudiée.

Du fait du caractère qualitatif de la mesure de l’activité dans l’enquête de conjoncture, l’estimation des comportements de sobriété reste relativement imprécise. Ces résultats invitent par ailleurs à s’intéresser aux déterminants de la sobriété énergétique de ces entreprises industrielles énergo-intensives. L’évolution des comportements de sobriété fin 2022 aurait été davantage marquée parmi les entreprises qui, les années précédentes, n’avaient que modérément ou nullement amélioré leur efficience énergétique. Ces entreprises auraient ainsi disposé de marges de manœuvre potentiellement plus fructueuses que les entreprises ayant déjà atteint un certain degré d’efficience énergétique...