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Insee Conjoncture Guadeloupe · Juin 2022 · n° 19
Insee Conjoncture GuadeloupeBilan économique 2021 - Guadeloupe Une reprise contrainte par les suites de la crise sanitaire et les mouvements sociaux

En 2021, l’économie guadeloupéenne est en phase de reprise après la chute brutale de l’activité en 2020, due à la pandémie de Covid 19. La croissance est estimée à 1,9 % en volume soit un rebond relativement faible après la baisse significative de l’année précédente, estimée à 4,9 %. Cette reprise fluctue toutefois en fonction des pics pandémiques et des mesures sanitaires qui les accompagnent tout au long de l’année ainsi que des mouvements sociaux.

Insee Conjoncture Guadeloupe
No 19
Paru le :Paru le21/06/2022

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2021 publiés par l'Insee.
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Commerce extérieur - Rebond des échanges extérieurs Bilan économique 2021

Emmanuel Thioux (Insee)

Après une année 2020 marquée par la crise sanitaire et le repli des échanges, le commerce extérieur de la Guadeloupe se redresse en 2021. Cependant tous les secteurs ne connaissent pas les mêmes évolutions. Avec le renchérissement des prix de l’énergie, les importations et les exportations de carburants ont un impact sur l’évolution en valeur des échanges. Le déficit commercial se creuse de 339 millions d’euros en un an.

Insee Conjoncture Guadeloupe

No 19

Paru le :21/06/2022

En 2021, les échanges extérieurs de la Guadeloupe sont en progression. Le montant total des importations atteint 3,3 milliards d’euros, soit une hausse de 15,7 % par rapport à l’année précédente. Elles dépassent leur niveau pré-crise qui était de 3,0 milliards en 2019. Les exportations augmentent également (+ 40,3 %) et, avec 0,35 milliard d’euros, dépassent largement leur niveau de 2019. Le déficit de la balance commerciale s’accroît et atteint 2,9 milliards d’euros, soit 0,34 milliard d’euros de plus qu’en 2020 (figure 1). Le commerce extérieur des Antilles se caractérise par la faiblesse des exportations, les filières traditionnelles agricoles à l’exportation n’étant pas complétées par de nouvelles filières, et par la croissance constante des importations, portées par un niveau soutenu de la consommation des ménages.

Les importations de carburants augmentent de 53,3 %

Les importations de produits pétroliers raffinés sont les principales responsables du rebond des importations auquel elles contribuent pour près des trois quarts. Leur valeur progresse de 53,3 % (figure 2). Cette augmentation est liée à celle du prix du pétrole, avec une hausse du cours du Brent de 60 % en 2021. Hors produits pétroliers raffinés, la hausse des importations est nettement plus modérée (+ 11 %). 

La hausse des importations concerne aussi les biens durables. Les importations de matériels de transport progressent de 20 %. Cela concerne surtout l’industrie automobile (+ 29 %) avec des véhicules, des pièces et des équipements automobiles. Parmi les biens durables, les importations d’équipements mécaniques, de matériel électrique, électronique et informatique sont en hausse de 3 % par rapport à 2020. Ces achats concernent en particulier, les appareils électroménagers, les outils portatifs à moteur (perceuses, ponceuses...) et les machines pour la construction.

Les importations sont également soutenues par les achats d’autres produits industriels comme le papier, le carton, les produits chimiques ou encore les instruments et fournitures à usage médical.

Les importations de denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac sont quasi stables (+ 1 %). Les achats de produits agricoles progressent eux, de 3 %.

Enfin, avec la crise sanitaire toujours présente, les importations de produits pharmaceutiques augmentent de 15 %.

Des exportations en hausse de 40,3 %

En 2021, le montant total des exportations guadeloupéennes est de 352 millions d’euros, en hausse de 40,3 % par rapport à l’année précédente. Les réexpéditions de produits pétroliers raffinés, essentiellement vers la Guyane, représentent trois quarts de cette hausse. Hors produits pétroliers raffinés, les exportations progressent plus modérément (+ 13 %).

Quatre ans après le passage de l’ouragan Maria qui avait détruit les plantations de bananes, la production continue sa progression malgré un environnement extrêmement concurrentiel avec la « banane dollar » provenant d’Amérique latine. Les exportations de ce produit phare augmentent de 32 % par rapport à 2020, ce qui permet aux exportations agricoles de progresser au même rythme (+ 33 %).

Les exportations de denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac augmentent de 4 %. La moitié est composée de rhum dont les expéditions se maintiennent au niveau de 2020.

Les exportations de matériels de transport augmentent de 6 %, passant de 45 millions d’euros en 2020 à 48 millions d’euros en 2021. Elles sont principalement portées par les exportations de l’industrie automobile qui progressent de 5 % : il s’agit principalement de réexpéditions de véhicules.

La France métropolitaine, premier fournisseur et premier client de la Guadeloupe

En 2021, la France métropolitaine reste le partenaire commercial privilégié de la Guadeloupe. Hors produits pétroliers, elle envoie 70 % des importations et reçoit 66 % des exportations guadeloupéennes (figure 3 et figure 4). Les approvisionnements métropolitains recouvrent de nombreux produits :

  • 77 % des importations de denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac proviennent de France hexagonale,
  • 70 % des équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique,
  • 54 % du matériel de transport,
  • 75 % des autres produits industriels.

Derrière la France métropolitaine, l'Union européenne (hors France et produits pétroliers) est le second fournisseur de la Guadeloupe avec 14 % des importations, en recul d’un point par rapport à 2020. La part des approvisionnements (hors produits pétroliers) venant de Martinique est faible. Elle est stable par rapport à 2020 (1 %). De même, les échanges avec les autres pays de la Caraïbe sont peu développés. Ils représentent 1,5 % des importations et diminuent de 16 % en 2021.

Enfin, les importations de produits pétroliers proviennent principalement des États-Unis et de la Martinique.

Figure 1Valeur des importations et exportations

en millions d’euros
Valeur des importations et exportations (en millions d’euros)
2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Importations 2 590,0 2 528,0 2 775,0 2 939,0 3 024,0 2 813,0 3 254,0
Exportations 209,0 223,0 283,0 280,0 276,0 251,0 351,9
Solde des échanges -2 381,0 -2 305,0 -2 492,0 -2 659,0 -2 748,0 -2 562,0 -2 902,1
  • Source : Douanes, calculs Insee.

Figure 2Montants et évolutions des importations et des exportations par activité

en million d'euros et en %
Montants et évolutions des importations et des exportations par activité (en million d'euros et en %)
Importations Exportations
Valeur Évolution en 2021 Valeur Évolution en 2021
AZ - Agriculture, sylviculture et pêche 72,9 3,1 42,7 33,2
DE - Hydrocarbures naturels, autres produits des industries extractives, électricité, déchets 25,4 2,4 23,1 73,9
C1 - Denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac 483,1 0,8 63,5 4,0
C2 - Produits pétroliers raffinés et coke 493,1 53,3 116,9 176,4
C3 – Équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique 556,5 3,4 16,7 -11,5
C4 - Matériels de transport 401,9 19,8 47,7 6,0
dont industrie automobile 366,6 28,6 17,9 5,3
C5 - Autres produits industriels 1 203,4 17,2 40,4 7,9
dont pharmacie 200,4 14,7 2,1 108,8
Autres 17,7 6,1 1,0 15,6
Total 3 254,0 15,7 351,9 40,3
  • Source : Douanes, calculs Insee.

Figure 3Répartition des importations selon leur provenance

en millions d’euros
Répartition des importations selon leur provenance (en millions d’euros)
Importations
France métropolitaine 1 946,2
Union européenne hors France 398,7
États-Unis 415,2
Caraïbe 63,0
Martinique 73,8
Autre 357,1
  • Source : Douanes, calculs Insee.

Figure 3Répartition des importations selon leur provenance

  • Source : Douanes, calculs Insee.

Figure 4Répartition des exportations selon leur destination de 2016 à 2020

en millions d’euros
Répartition des exportations selon leur destination de 2016 à 2020 (en millions d’euros)
France métropolitaine Guyane Martinique Union Européenne hors France Caraïbe Autre
2016 113,3 10,4 39,5 27,1 5,7 21,5
2017 101,5 75,9 35,8 30,9 11,1 27,4
2018 122,2 48,2 43,8 19,0 16,3 30,6
2019 109,2 71,3 46,1 18,8 8,7 21,6
2020 116,7 40,6 43,0 18,6 5,2 26,7
2021 137,4 106,4 49,4 19,6 10,0 29,1
  • Source : Douanes, calculs Insee.

Figure 4Répartition des exportations selon leur destination de 2016 à 2020

  • Source : Douanes, calculs Insee.
Publication rédigée par :Emmanuel Thioux (Insee)