Insee Conjoncture Martinique ·
Juillet 2021 · n° 14Bilan économique 2020 - Martinique
En 2020, l’économie de la Martinique est marquée comme les autres régions françaises par les impacts de la pandémie mondiale : son PIB devrait subir une chute de -3 % sur l’année, suite au confinement du printemps. Ce ralentissement arrive sur une économie déjà marquée par une croissance faible depuis 2015. Pour autant, l’impact des restrictions mises en place pour freiner la circulation de la Covid 19 est amorti, d’abord par le poids important du secteur non marchand et celui des administrations publiques dans l’île et ensuite par l’utilisation des différents dispositifs d’aides mis en place par le gouvernement. Ainsi, le recul de l’emploi est relativement faible tandis que la création d’entreprises reste à un niveau élevé tout comme l’activité de construction. En revanche, le tourisme, secteur en croissance et prometteur pour les acteurs économiques martiniquais, subit de plein fouet les effets de la pandémie : il est en recul, d’une manière générale, de moitié. Seul signe encourageant durant cette année particulière, l’épargne des ménages comme celle des entreprises est en hausse, sans pour autant soutenir la consommation.
Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2020 publiés par
l'Insee.
Retrouvez les bilans des autres régions ici.
Transport maritime - Des activités portuaires durement touchées Bilan économique 2020
Jean-Michel VION (Grand Port Maritime de La Martinique)
En 2020, le tonnage total de marchandises transportées par bateau chute de 16 %, entraîné d’une part, par la chute des vracs due au premier confinement puis à l’arrêt quinquennal de la raffinerie SARA, et d’autre part, par la baisse du trafic de conteneurs due au transbordement qui chute de moitié. Avec l’arrêt de la croisière et la limitation drastique du trafic passagers inter-îles depuis mars, la fréquentation du port a fortement reculé.
Après quatre années consécutives de faible activité et un tonnage global traité par la SARA en dessous de la barre du million de tonnes, un nouveau niveau plancher est franchi en 2020, à seulement 700 000 tonnes.
L’activité de la SARA subit d’abord le premier confinement du 2ᵉ trimestre 2020 qui a presque arrêté la consommation des carburants destinés aux transports routiers et aériens ; puis l’arrêt technique du dernier trimestre de l’année. L’import de pétrole brut a donc été arrêté pendant ces deux trimestres, limitant l’importation annuelle à seulement 4 tankers, soit la moitié d’une année « normale ».
En outre, si la baisse de l’import de pétrole brut entraîne mécaniquement celle des exports vers les autres territoires français d’Outre-mer des produits raffinés à Californie, les imports supplémentaires de produits finis pour compenser l’arrêt du raffinage n’ont pas été nécessaires lors du premier confinement, la consommation de l’île en carburants ayant baissé de 80 %.
L’import de produits raffinés par la SARA est donc inhabituellement en baisse de 35 000 tonnes (- 11 %), et se rajoute à la baisse historique non seulement du pétrole brut (- 167 000 tonnes soit - 37 %), mais des exports de produits raffinés (- 45 000 tonnes et - 22 %).
Par contre, l’import direct de fuel par EDF pour ses deux centrales électriques est en progression de 13 000 tonnes (soit + 9 %) malgré la montée en puissance des énergies alternatives (usine du Galion et nouveau parc éolien de Grand’Rivière), et en dépit du confinement qui ne semble pas avoir réduit la consommation en électricité.
Chute plus relative des vracs solides
Les vracs solides ne baissent que de 12 % (- 48 000 tonnes), la crise impactant uniquement l’import de clinker (ciment brut : - 40 000 tonnes soit - 28 %), le BTP étant au ralenti pendant le premier confinement. Les céréales sont en baisse en raison d’un défaut d’approvisionnement sur le dernier mois de l’année, rattrapé en janvier 2021.
L’import de biomasse pour l’usine du Galion est quasi stable (+ 1 %) et les engrais sont en croissance de 6 %.
L’ensemble des vracs liquides et solides chute au total de 282 000 tonnes (- 19 %) dont 234 000 tonnes de vracs pétroliers. La baisse en conséquence directe de la crise sanitaire est évaluée à 150 000 t, soit 55 % de ce chiffre total.
Forte chute du tonnage de marchandises diverses
En 2020, le tonnage des marchandises diverses (conteneurs et ro-ro) chute de 230 000 tonnes (- 14 %). L’essentiel de la baisse du tonnage conteneurisé est entraînée par celle, très forte, du transbordement (- 48 %). Les tonnages du trafic roulier (ro-ro) baissent de 12 %. Le trafic échangé avec la Guadeloupe, touché par la crise sanitaire, régresse de 11 %, mais c’est l’import de véhicules neufs qui est le plus en recul (- 19 %, soit - 5 300 t).
L’impact de la crise sanitaire sur les marchandises diverses se limite au trafic roulier (échanges avec la Guadeloupe et import de véhicules), soit 22 000 tonnes et ne concerne pas la baisse du trafic conteneur (transbordement et banane).
Le total annuel de 2,7 millions de tonnes est le plus bas des quinze dernières années. La chute de 515 000 t représente 16 % de baisse, mais la conséquence directe de la crise sanitaire ne représente que 172 000 t, soit 5,3 % du tonnage.
Bonne résistance du trafic de conteneurs
Le trafic de conteneurs totalise 164 495 Équivalent Vingt Pieds (EVP), soit une baisse de 13 782 EVP par rapport à 2019. Cette baisse provient de la chute du trafic de transbordement (- 14 086 EVP), indépendamment de la crise sanitaire. Ce trafic, très instable et volatil, a commencé à chuter fortement dès le 3ᵉ trimestre 2019.
L’export de banane recule de 11 % (- 1 700 EVP), la production ayant été perturbée pour des raisons phytosanitaires et surtout météorologiques (sécheresse, puis inondations).
Hors transbordement, le trafic domestique de conteneurs pleins (hors banane) a fait mieux que résister à la crise sanitaire, puisqu’il a progressé d’environ 760 EVP pleins.
Par ailleurs le trafic de conteneurs vides augmente de 4 %.
Arrêt forcé du secteur de la croisière
Après un retour à un niveau d’activité « normal » en 2019 qui succédait à deux années exceptionnelles 2017 et 2018, le secteur de la croisière subit la crise la plus grave depuis son existence en 2020.
La crise sanitaire qui perdure ne permet pas d’entrevoir un retour pérenne de l’activité. Aucun calendrier ne peut être avancé pour la reprise de la croisière, ni sur les conditions réglementaires et pratiques.
Les deux mois et demi d’activité ont tout de même permis de totaliser 406 090 passagers (en mouvements d’entrée et de sortie du port), soit une baisse de seulement 7 % sur le premier trimestre, mais au final de 40 % sur l’année, l’activité saisonnière n’ayant pas repris en octobre.
Limitation drastique du trafic de passagers inter-îles
Le transport de passagers inter-îles complètement arrêté (hors rapatriements en début de période de confinement) depuis le 13 mars, a repris le 12 juin avec de fortes limitations de destinations, les îles voisines de la Dominique et de Sainte-Lucie ayant fermé leurs frontières aux ressortissants martiniquais. Le nombre de rotations s’est donc adapté à la forte diminution du potentiel de passagers.
Après une année 2019 exceptionnelle avec plus de 166 000 passagers, le trafic inter-îles 2020 chute à un niveau extrêmement bas de moins de 48 000 passagers, niveau jamais atteint depuis la création de ces lignes maritimes.
Forte chute de la fréquentation du port
En 2020, la fréquentation du port recule à 1 120 escales annuelles, soit une chute de 41 % par rapport à 2019 (- 775 escales), portée essentiellement par l’effondrement du secteur passagers (- 608 escales). La forte limitation des escales « autres » (petits navires de poissons ou escales techniques) a également contribué au recul de la fréquentation du port, en dépit de la légère croissance des escales du secteur marchandises (2,7 %).
tableauFigure 1 – Chiffres clés
2019 | 2020 | Évolution 2020/2019 (en %) | |
---|---|---|---|
Total des Marchandises (en tonne) | 3 214 175 | 2 699 492 | -16,0 |
Nombre de conteneurs (en EVP) | 178 277 | 164 495 | -7,7 |
Nombre de passagers (entrées et sorties) | 838 093 | 453 676 | -45,9 |
dont croisière basée au port | 118 531 | 76 756 | -35,2 |
Nombre d'escales de navires | 1 895 | 1 120 | -40,9 |
- Source : Grand port maritime de la Martinique, février 2020.
tableauFigure 2 – Baisse du trafic de conteneurs en transbordement mais maintien du trafic domestique
Domestique | Transbordement | |
---|---|---|
2007 | 139 | 11 |
2008 | 142 | 4 |
2009 | 128 | 14 |
2010 | 134 | 17 |
2011 | 134 | 13 |
2012 | 129 | 15 |
2013 | 129 | 19 |
2014 | 136 | 36 |
2015 | 142 | 17 |
2016 | 144 | 10 |
2017 | 140 | 20 |
2018 | 141 | 31 |
2019 | 148 | 30 |
2020 | 149 | 15,5 |
- Source : Grand port maritime de la Martinique, février 2020.
graphiqueFigure 2 – Baisse du trafic de conteneurs en transbordement mais maintien du trafic domestique
tableauFigure 3 – Le trafic global subit la plus forte baisse depuis plus de 20 ans
Vracs (kT) | Marchandises diverses (dont conteneurs) | |
---|---|---|
2006 | 1 785 | 1 467 |
2007 | 1 658 | 1 488 |
2008 | 1 685 | 1 405 |
2009 | 1 626 | 1 394 |
2010 | 1 705 | 1 504 |
2011 | 1 364 | 1 451 |
2012 | 1 665 | 1 444 |
2013 | 1 431 | 1 466 |
2014 | 1 817 | 1 760 |
2015 | 1 879 | 1 526 |
2016 | 1 704 | 1 429 |
2017 | 1 435 | 1 561 |
2018 | 1 350 | 1 711 |
2019 | 1 496 | 1 718 |
2020 | 1 214 | 1 486 |
- Source : Grand port maritime de la Martinique, février 2020.
graphiqueFigure 3 – Le trafic global subit la plus forte baisse depuis plus de 20 ans
tableauFigure 4 – La croisière gelée à la mi-mars
Évolution de la croisière en Martinique | Nombre d'escales (en unité) | Nombre de passagers (entrées/sorties) (en millier) |
---|---|---|
2001 | 234 | 382 |
2002 | 206 | 382 |
2003 | 217 | 513 |
2004 | 222 | 302 |
2005 | 127 | 188 |
2006 | 138 | 179 |
2007 | 117 | 134 |
2008 | 109 | 180 |
2009 | 100 | 145 |
2010 | 97 | 161 |
2011 | 60 | 76 |
2012 | 105 | 195 |
2013 | 110 | 254 |
2014 | 145 | 411 |
2015 | 170 | 545 |
2016 | 190 | 654 |
2017 | 225 | 898 |
2018 | 216 | 889 |
2019 | 169 | 672 |
2020 | 100 | 406 |
- Source : Grand port maritime de la Martinique, février 2020.
graphiqueFigure 4 – La croisière gelée à la mi-mars
tableauFigure 5 – Chute de la fréquentation des navires à passagers
2019 | 2020 | Évolution 2020/2019 (en %) | |
---|---|---|---|
Nombre de passagers (entrées/sorties) | 838 093 | 453 676 | -45,9 |
Passagers Croisière transit* | 553 401 | 329 334 | -40,5 |
Croisière basée au port | 118 531 | 76 756 | -35,2 |
Total Croisière | 671 932 | 406 090 | -39,6 |
Inter-îles | 166 161 | 46 586 | -72,0 |
Nombre d'escales | 1 895 | 1 120 | -40,9 |
Marchandises | 693 | 712 | 2,7 |
Croisières | 169 | 100 | -40,8 |
Inter-îles de passagers | 712 | 173 | -75,7 |
Autres | 323 | 135 | -58,2 |
- * passagers croisière en transit (excursionnistes) comptés 2 fois (au débarquement et à l'embarquement), conformément au référentiel technique annexé à l'arrêté ministériel du 24 octobre 2012 et relatif à l'élaboration et à la transmission des statistiques portuaires.
- Source : Grand port maritime de la Martinique, février 2020.
tableauFigure 6 – Une activité portuaire en baisse
2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | Évolution 2020/2019 (en %) | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Total liquides + solides en vrac | 1 430 893 | 1 816 861 | 1 879 281 | 1 703 673 | 1 434 665 | 1 349 504 | 1 496 041 | 1 213 905 | -18,9 |
Liquides en vrac | 1 213 036 | 1 577 152 | 1 643 012 | 1 483 522 | 1 196 691 | 1 091 458 | 1 111 059 | 876 992 | -21,1 |
Pétrole brut | 477 319 | 636 962 | 709 022 | 626 680 | 461 840 | 382 577 | 452 914 | 284 955 | -37,1 |
Produits pétroliers raffinés (1) | 735 717 | 796 464 | 776 634 | 687 906 | 565 462 | 558 886 | 508 647 | 429 403 | -15,6 |
Import EDF Bellefontaine | 0 | 143 726 | 157 356 | 168 936 | 169 389 | 149 995 | 149 498 | 162 634 | 8,8 |
Solides en vrac | 217 857 | 239 709 | 236 269 | 220 151 | 237 974 | 258 046 | 384 982 | 336 913 | -12,5 |
Céréales | 53 598 | 51 687 | 53 997 | 53 510 | 52 283 | 50 919 | 51 119 | 47 553 | -7,0 |
Engrais | 19 814 | 23 267 | 20 163 | 23 043 | 16 149 | 18 275 | 16 524 | 17 526 | 6,1 |
Clinker | 137 671 | 143 116 | 147 987 | 131 397 | 144 627 | 123 000 | 144 600 | 104 788 | -27,5 |
Autres solides en vracs | 6 774 | 21 639 | 14 122 | 12 201 | 24 915 | 65 852 | 172 739 | 167 046 | -3,3 |
Marchandises diverses | 1 448 121 | 1 759 573 | 1 526 034 | 1 429 442 | 1 561 093 | 1 711 212 | 1 718 134 | 1 485 587 | -13,5 |
Conteneurs | 1 028 776 | 1 280 380 | 1 063 445 | 971 510 | 1 065 512 | 1 179 834 | 1 171 347 | 989 194 | -15,6 |
Tares des conteneurs | 292 484 | 339 700 | 312 494 | 301 614 | 327 770 | 350 269 | 361 142 | 333 459 | -7,7 |
Véhicules automobiles | 20 662 | 21 609 | 25 638 | 27 169 | 26 011 | 29 151 | 27 753 | 22 421 | -19,2 |
RO-RO (hors conteneurs) | 81 630 | 77 678 | 82 519 | 86 939 | 88 503 | 95 321 | 98 087 | 88 269 | -10,0 |
Tares Ro-Ro et ferry | 42 749 | 40 206 | 41 938 | 42 210 | 53 297 | 56 637 | 59 805 | 52 245 | -12,6 |
Total marchandises | 2 879 014 | 3 576 434 | 3 405 315 | 3 133 115 | 2 995 758 | 3 060 716 | 3 214 175 | 2 699 492 | -16,0 |
- Source : Grand port maritime de la Martinique, février 2020.
Définitions
Transbordement : déchargement et rechargement de marchandises d’un navire sur l’autre dans un délai court
NDR : mouvements d’entrées et sorties de passagers # nombre d’individus visitant la Martinique, c’est-à-dire que les passagers en escale à la journée sont comptabilisés au débarquement puis au retour sur le navire
NDR : mouvements d’entrées et sorties de passagers # nombre d’individus visitant la Martinique, c’est-à-dire que les passagers en escale à la journée sont comptabilisés au débarquement puis au retour sur le navire