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Insee Conjoncture Bourgogne-Franche-Comté · Juillet 2021 · n° 27
Insee Conjoncture Bourgogne-Franche-ComtéBilan économique 2020 - Bourgogne-Franche-Comté Durant la crise, l’économie régionale tourne au ralenti

L’activité économique de la Bourgogne-Franche-Comté a été brutalement touchée par la crise sanitaire. Le taux de chômage est au plus bas, mais reflète plutôt un arrêt de la recherche d’emploi durant les différents confinements qu’un marché du travail dynamique. Les gains d’emploi dans la construction et le tertiaire non marchand ne permettent pas de compenser les pertes des autres secteurs, notamment de l’industrie et du tertiaire marchand. Les créations de micro-entreprises augmentent fortement, les travailleurs cherchant à créer leur propre emploi. Sous le coup des restrictions, la fréquentation touristique et le transport aérien s’effondrent.

Insee Conjoncture Bourgogne-Franche-Comté
No 27
Paru le :Paru le12/07/2021

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2020 publiés par l'Insee.
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Frontaliers - Croissance atténuée de l’emploi frontalier Bilan économique 2020

Marie-Laure Simon (Insee)

Fin 2020, 38 700 habitants de la région occupent un emploi en Suisse. Après plusieurs années de croissance, le nombre de travailleurs frontaliers est en légère hausse de 0,6 % sur un an. Le flux de navetteurs du Doubs et du Territoire de Belfort est stable alors que celui du Jura enregistre une progression de 0,9 %. Plus de sept navetteurs sur dix vivent dans le département du Doubs. Les cantons suisses de Vaud, de Neuchâtel et du Jura sont les destinations principales des frontaliers résidant en Bourgogne-Franche-Comté.

Insee Conjoncture Bourgogne-Franche-Comté

No 27

Paru le :12/07/2021

Fin 2020, 38 700 résidents de Bourgogne-Franche-Comté exercent une activité professionnelle en Suisse, soit presque deux fois plus que dix ans auparavant. Toutefois, après trois années de forte augmentation, le nombre de progresse seulement de 0,6 % en 2020, soit 220 frontaliers supplémentaires. En 2019, la hausse était huit fois plus importante (figure 1).

Figure 1Évolution du nombre de frontaliers Bourguignons-Francs-Comtois occupant un emploi en Suisse

Indice base 100 au 1ᵉʳ trimestre 2011
Évolution du nombre de frontaliers Bourguignons-Francs-Comtois occupant un emploi en Suisse (Indice base 100 au 1ᵉʳ trimestre 2011)
Doubs Jura Territoire de Belfort Bourgogne-Franche-Comté France
2011 T1 100 100 100 100 100
2011 T2 105 103 107 105 103
2011 T3 108 106 110 108 105
2011 T4 110 110 112 110 106
2012 T1 112 110 113 112 108
2012 T2 116 114 116 116 111
2012 T3 118 117 119 118 112
2012 T4 118 117 120 119 112
2013 T1 118 117 122 119 113
2013 T2 122 121 126 123 116
2013 T3 125 124 129 126 117
2013 T4 125 124 131 126 117
2014 T1 124 124 133 125 118
2014 T2 127 127 138 129 120
2014 T3 129 128 141 130 121
2014 T4 129 130 142 130 121
2015 T1 127 128 140 129 121
2015 T2 130 130 141 131 123
2015 T3 130 132 143 132 124
2015 T4 129 133 140 132 124
2016 T1 128 133 140 130 125
2016 T2 130 134 144 132 127
2016 T3 129 134 146 132 128
2016 T4 128 132 144 131 128
2017 T1 127 130 145 130 127
2017 T2 130 134 148 133 130
2017 T3 132 137 153 135 132
2017 T4 133 138 155 136 132
2018 T1 133 136 156 136 132
2018 T2 138 142 162 141 135
2018 T3 140 144 167 144 136
2018 T4 140 143 169 144 136
2019 T1 141 144 172 144 137
2019 T2 143 147 174 147 139
2019 T3 146 150 176 150 140
2019 T4 147 151 177 151 143
2020 T1 148 153 180 152 143
2020 T2 148 153 178 152 143
2020 T3 147 153 176 151 144
2020 T4 147 152 178 152 144
  • Source : Office fédéral de la statistique (Statistiques des Frontaliers)

Figure 1Évolution du nombre de frontaliers Bourguignons-Francs-Comtois occupant un emploi en Suisse

  • Source : Office fédéral de la statistique (Statistiques des Frontaliers)

Un net fléchissement de l’emploi frontalier suisse

Les travailleurs frontaliers proviennent à 58 % d’Auvergne-Rhône-Alpes, 20 % de Bourgogne-Franche-Comté et pour une part égale de la région Grand Est.

Les effets de la crise sanitaire sur l’économie suisse ont freiné la croissance du nombre de frontaliers. Si l’évolution de la main d’œuvre frontalière résidant en Bourgogne-Franche-Comté s’est ralentie, il en est de même pour celle en provenance d’Auvergne-Rhône-Alpes, passant de + 5,2 % en 2019 à + 1,3 % en 2020. La région Grand Est est aussi impactée avec une hausse limitée à + 1,9 % en 2020 contre + 2,6 % l’année précédente.

Le fléchissement de l’emploi frontalier depuis la Bourgogne-Franche-Comté s’explique par le profil des navetteurs.

Ils travaillent en majorité dans l’industrie manufacturière suisse et en particulier dans l’industrie horlogère. Celle-ci emploie un tiers d’entre eux. Or, la crise sanitaire porte un coup très dur à l’horlogerie suisse. Le secteur est très dépendant des exportations, notamment vers la Chine. Le secteur de la santé a attiré davantage de frontaliers dans ce contexte sanitaire particulier, mais n’a pas compensé la baisse des effectifs industriels.

Alors que la crise liée au coronavirus bouleverse le quotidien des travailleurs frontaliers, le gouvernement helvétique en collaboration avec son homologue français a pris des mesures garantissant leurs droits. Les deux pays ont, entre autres, signé un accord amiable en privilégiant le travail à domicile des frontaliers. Par ailleurs, ils sont dispensés de tests PCR pour franchir la frontière.

Le Doubs héberge le plus gros contingent de travailleurs frontaliers

Dans la région en décembre 2020, la quasi-totalité des travailleurs frontaliers résident dans les départements limitrophes de la Suisse. Avec 27 800 navetteurs, le Doubs en concentre près des trois quarts. Ses 170 km de frontière commune et ses infrastructures permettant d’accéder en Suisse, facilitentles déplacements quotidiens. Près de 6 500 habitants du Jura franchissent également quotidiennement la frontière pour travailler en Suisse. Enfin, le Territoire de Belfort fournit 3 500 frontaliers (figure 2).

En 2020, la progression de l’emploi frontalier ralentit fortement par rapport à 2019, + 0,4 % dans le Doubs, + 0,9 % dans le Jura et + 0,3 % dans le Territoire de Belfort contre respectivement + 4,6 %, + 5,6 % et + 5,0 % l’année précédente.

Cependant, il résiste contrairement à l’emploi total qui baisse dans chacun de ces départements en 2020 (figure 3).

Figure 2Répartition du nombre de frontaliers Bourguignons-Francs-Comtois travaillant en Suisse au 4ᵉ trimestre 2020 selon le département de résidence

Répartition du nombre de frontaliers Bourguignons-Francs-Comtois travaillant en Suisse au 4ᵉ trimestre 2020 selon le département de résidence
Département 2020 Q4
Doubs 27 801
Jura 6 532
Territoire de Belfort 3 518
Autres départements de Bourgogne-Franche-Comté 824
  • Source : Office fédéral de la statistique (Statistiques des Frontaliers)

Figure 2Répartition du nombre de frontaliers Bourguignons-Francs-Comtois travaillant en Suisse au 4ᵉ trimestre 2020 selon le département de résidence

  • Source : Office fédéral de la statistique (Statistiques des Frontaliers)

Figure 3Évolution du nombre de frontaliers Bourguignons-Francs-Comtois occupant un emploi en Suisse selon le canton de travail

Évolution du nombre de frontaliers Bourguignons-Francs-Comtois occupant un emploi en Suisse selon le canton de travail
Lieu de travail Effectifs au 4ᵉ trimestre 2020 Évolution (en %)
2020 / 2019 2019 / 2018
Suisse 38 670 + 0,6 + 4,7
dont Vaud 14 960 + 1,4 + 4,2
Neuchâtel 12 570 - 0,1 + 3,4
Jura suisse 7 030 - 0,7 + 3,8
Berne 2 090 + 2,7 + 13,4
Genève 1 110 + 1,3 + 10,1
  • Source : Office fédéral de la statistique (Statistiques des Frontaliers)

Diminution du nombre de navetteurs plus prononcée dans le canton du Jura suisse

Les trois cantons suisses de Vaud, de Neuchâtel et du Jura emploient 90 % des travailleurs frontaliers de Bourgogne-Franche-Comté.

Le Canton de Vaud est la première destination de ces navetteurs (figure 4). Fin 2020, il en accueille 15 000 (+ 1,4 % sur un an).

Chaque jour, 12 600 régionaux rejoignent le canton de Neuchâtel pour y travailler. Leur nombre est stable par rapport à 2019. Plus de neuf sur dix vivent dans le département du Doubs.

En revanche, le canton du Jura suisse enregistre une légère baisse du nombre de frontaliers (- 0,7 %) pour revenir à 7 000 personnes au quatrième trimestre 2020 (figure 5).

Par ailleurs, le canton de Berne compte près de 2 100 travailleurs frontaliers résidant dans la région. Il présente une hausse de 2,7 % en 2020 contre + 13,4 % un an auparavant. Ces territoires se situent dans « la vallée de la montre ». Ils se trouvent fortement impactés par la baisse de la production de l’industrie horlogère confrontée aux conséquences de la crise sanitaire.

Enfin, 1 100 habitants de la région occupent un emploi dans le canton de Genève. Près des deux tiers d’entre eux vivent dans le département du Jura. La hausse des frontaliers en provenance de la région est de seulement 1,3 % en 2020 dans le canton de Genèvecontre + 10,1 % l’année précédente.

Figure 4Répartition du nombre de frontaliers Bourguignons-Francs-Comtois travaillant en Suisse au 4ᵉ trimestre 2020 selon le canton de travail

Répartition du nombre de frontaliers Bourguignons-Francs-Comtois travaillant en Suisse au 4ᵉ trimestre 2020 selon le canton de travail
Canton de travail Doubs Jura Territoire de Belfort Autres départements de Bourgogne-Franche-Comté
Vaud 9 226 5 544 37 152
Neuchâtel 12 202 151 110 111
Jura suisse 4 058 18 2 708 249
Berne 1 636 12 400 41
Genève 219 726 19 146
Autres 460 80 244 125
  • Source : Office fédéral de la statistique (Statistiques des Frontaliers)

Figure 4Répartition du nombre de frontaliers Bourguignons-Francs-Comtois travaillant en Suisse au 4ᵉ trimestre 2020 selon le canton de travail

  • Source : Office fédéral de la statistique (Statistiques des Frontaliers)

Figure 5Évolution du nombre de frontaliers Bourguignons-Francs-Comtois occupant un emploi en Suisse selon le département de résidence

Évolution du nombre de frontaliers Bourguignons-Francs-Comtois occupant un emploi en Suisse selon le département de résidence
Lieu de résidence Effectifs au 4ᵉ trimestre 2020 Évolution (en %)
2020 / 2019 2019 / 2018
Bourgogne-Franche-Comté 38 670 + 0,6 + 4,7
dont Doubs 27 800 + 0,4 + 4,6
Jura 6 530 + 0,9 + 5,6
Territoire de Belfort 3 520 + 0,3 + 5,0
France 189 670 + 1,2 + 5,2
  • Source : Office fédéral de la statistique (Statistiques des Frontaliers)
Publication rédigée par :Marie-Laure Simon (Insee)

Sources

Au travers de la source Statistique des frontaliers (Staf), l'Office fédéral de la statistique (OFS) suisse fournit trimestriellement des informations quant à l'effectif de travailleurs frontaliers étrangers en activité et leurs principales caractéristiques. Ces données sont collectées à partir du registre des autorisations frontalières délivrées et celui des assurances sociales.

L'Insee produit également des statistiques de frontaliers à partir des lieux de résidence et de travail déclarés au Recensement de la population. Contrairement à l'OFS, ces données concernent l'ensemble des résidents, quelle que soit leur nationalité.

Pour autant, les deux sources sont concordantes : en 2017, 35 700 frontaliers travaillent en Suisse au Recensement de la population, tandis que l'OFS comptabilise 34 700 frontaliers étrangers en provenance de Bourgogne-Franche-Comté.

Définitions

Les travailleurs frontaliers comptabilisés par l’Office fédéral de la statistique sont des ressortissants étrangers détenteurs d’une autorisation de travail en Suisse (permis G) et domiciliés dans une zone frontalière étrangère.

Pour en savoir plus

Mathias J., Hmamda N., « Ouvrir dans un nouvel ongletImpact de la crise de la Covid-19 sur l’Arc jurassien franco-suisse », Observatoire statistique transfrontalier de l’Arc jurassien, mars 2021.

Mathias J., René Y., Hmamda N., « Ouvrir dans un nouvel ongletL’horlogerie, une spécialité reconnue de l’Arc jurassien », Observatoire statistique transfrontalier de l’Arc jurassien, décembre 2020.

Charton C., René Y., Hmamda N., « Ouvrir dans un nouvel ongletLes déplacements domicile-travail des frontaliers de l’Arc jurassien – Édition 2020 », Observatoire statistique transfrontalier de l’Arc jurassien, août 2020.