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Insee Conjoncture Bourgogne-Franche-Comté · Juillet 2021 · n° 27
Insee Conjoncture Bourgogne-Franche-ComtéBilan économique 2020 - Bourgogne-Franche-Comté Durant la crise, l’économie régionale tourne au ralenti

L’activité économique de la Bourgogne-Franche-Comté a été brutalement touchée par la crise sanitaire. Le taux de chômage est au plus bas, mais reflète plutôt un arrêt de la recherche d’emploi durant les différents confinements qu’un marché du travail dynamique. Les gains d’emploi dans la construction et le tertiaire non marchand ne permettent pas de compenser les pertes des autres secteurs, notamment de l’industrie et du tertiaire marchand. Les créations de micro-entreprises augmentent fortement, les travailleurs cherchant à créer leur propre emploi. Sous le coup des restrictions, la fréquentation touristique et le transport aérien s’effondrent.

Insee Conjoncture Bourgogne-Franche-Comté
No 27
Paru le :Paru le12/07/2021

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2020 publiés par l'Insee.
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Tourisme - La fréquentation hôtelière chute de près de la moitié dans la région Bilan économique 2020

Xavier Tribout (Insee)

En 2020, l’activité touristique a été très fortement freinée par la crise liée à la Covid-19 avec les mesures de restrictions sanitaires et la fermeture d’établissements. L’hôtellerie perd près de la moitié de ses nuitées. Le manque de clientèle étrangère a fortement pesé notamment dans les établissements 4 et 5 étoiles. Le chiffre d’affaires dans l’hôtellerie est en fort recul, en particulier lors des deux confinements. La restauration subit parallèlement une importante baisse d’activité. Ces deux secteurs ont bénéficié de mesures de soutien avec un recours massif à l’activité partielle.

Insee Conjoncture Bourgogne-Franche-Comté

No 27

Paru le :12/07/2021

Avertissement

L'enquête mensuelle de fréquentation touristique habituellement conduite par l'Insee a été suspendue en mars compte tenu de la crise sanitaire liée à la Covid-19. En avril, mai et juin 2020, du fait du premier confinement, les enquêtes de fréquentation touristique ont été réalisées en mode allégé. Ce mode d’enquête a été reconduit en novembre et décembre à la suite du deuxième confinement intervenu fin octobre.

Dans ce cadre, seules les informations portant sur la capacité d'accueil et sur le nombre total de nuitées dans les hôtels ont été collectées. Les questions sur le pays de provenance de la clientèle (résidente versus non-résidente) et le motif de séjour (de loisir versus professionnel) ne sont plus posées.

En 2020, 44 % des nuitées hôtelières ont été perdues dans les hôtels de Bourgogne-Franche-Comté (figure 1). La région a été un peu moins impactée par la crise que la France métropolitaine, qui subit une perte de - 51,5 % de nuitées hôtelières en 2020 par rapport à 2019.

Figure 1Évolution du nombre de nuitées totales dans les hôtels par rapport au même mois de 2019

en %
Évolution du nombre de nuitées totales dans les hôtels par rapport au même mois de 2019 (en %)
Bourgogne-Franche-Comté France métropolitaine
janvier 2020 5,7 5
février 2020 1,8 6,2
mars 2020 -62,6 -55,4
avril 2020 -94,8 -96,2
mai 2020 -87,3 -92
juin 2020 -64,4 -73
juillet 2020 -22,6 -36,5
août 2020 -10,2 -24,8
septembre 2020 -28,6 -42,8
octobre 2020 -37,2 -49,5
novembre 2020 -68,3 -76,3
décembre 2020 -57,4 -69,5
  • Source : Insee en partenariat avec les comités régionaux du tourisme (CRT).

Figure 1Évolution du nombre de nuitées totales dans les hôtels par rapport au même mois de 2019

  • Source : Insee en partenariat avec les comités régionaux du tourisme (CRT).

Fréquentation en baisse dans toutes les catégories d’hôtel

Toutes les catégories d’hôtel ont été fortement touchées par la crise sanitaire. Sur l’ensemble de l’année, les hôtels non classés sont les plus impactés avec une baisse de nuitées de 54,1 % (figure 2). Sur le second semestre, les établissements de très grand confort et de luxe (4 et 5 étoiles) sont les plus fortement touchés. Sur cette période, le nombre de nuitées a diminué de 60 % dans ces hôtels contre - 50 % en moyenne dans les autres catégories. Ils ont pâti de la désaffection des touristes étrangers à partir de l’été, saison pendant laquelle ils représentent une part importante de leur clientèle.

Figure 2Nombre de nuitées dans les hôtels selon la catégorie

Nombre de nuitées dans les hôtels selon la catégorie
Nombre de nuitées en 2020 (milliers) Évolution 2020/2019 (%)
Bourgogne-Franche-Comté France métropolitaine Bourgogne-Franche-Comté France métropolitaine
1-2 étoiles 1 239 25 460 -35,8 -46,3
3 étoiles 1 722 40 192 -45,4 -50,2
4-5 étoiles 553 24 095 -43,9 -59,1
Non classés 497 14 437 -54,1 -47,7
Total 4 010 104 184 -43,9 -51,5
  • Note : données définitives.
  • Source : Insee en partenariat avec les comités régionaux du tourisme (CRT).

Recul de la fréquentation estivale

Entre le confinement du printemps et celui de la fin d’année, les nuitées hôtelières n’ont pas retrouvé leur niveau de 2019. L’activité estivale a néanmoins été soutenue par une plus forte affluence de la clientèle résidant en France, qui est moins partie à l’étranger. En moyenne, avec - 20 % de nuitées sur les mois de juillet à septembre par rapport à 2019, la région perd moins que le niveau national (- 34,1 %).

Parmi les départements de la région, seul le Jura gagne des nuitées hôtelières (figure 3). Le Territoire de Belfort, la Côte-d'Or et le Doubs sont les plus perdants.

Figure 3Nombre de nuitées dans les hôtels par département en juillet, août et septembre (3ᵉ trimestre - T3)

en %
Nombre de nuitées dans les hôtels par département en juillet, août et septembre (3ᵉ trimestre - T3) (en %)
Nombre de nuitées dans les hôtels en juillet, août et septembre (T3) Part de nuitées effectuées en juillet, août et septembre (T3) par une clientèle non résidente
2020 T3 (milliers) Évolution 2020 T3/2019 T3 Évolution annuelle moyenne 2019 T3/2014 T3 ¹
Côte-d'Or 635 -25,5 0,7 35,8
Doubs 262 -21,4 2,7 18,4
Jura 193 4,6 0,3 14,0
Nièvre 121 -7,6 -0,5 11,2
Haute-Saône 35 -18,5 -1,2 10,6
Saône-et-Loire 408 -17,2 0,1 24,1
Yonne 184 -20,9 0,0 14,1
Territoire de Belfort 49 -46,0 4,2 17,1
Bourgogne-Franche-Comté 1 886 -20,0 0,8 23,9
France entière 45 960 -34,1 1,1 16,4
  • ¹ : taux d'évolution annuel qu'aurait connu le nombre de nuitées si l'évolution avait été la même lors des troisièmes trimestres de chaque année de la période considérée.
  • Source : Insee en partenariat avec les comités régionaux du tourisme (CRT).

Davantage d’offre hôtelière sur le deuxième confinement que durant le premier confinement

Les deux périodes de confinement ne se sont pas traduites de la même façon en termes d’ouverture et de fermeture des établissements hôteliers. Seul un quart des hôtels sont restés ouverts pendant les deux confinements.

En avril, les établissements ont massivement fermé, faisant chuter le nombre de chambres offertes dans les hôtels, de 81 % pour s’établir à son plus bas niveau de l’année. En mai et juin, le nombre de chambres a remonté progressivement pour se rapprocher de son niveau de 2019.

Durant le confinement de novembre, les hôtels sont restés davantage ouverts. Le nombre de chambres offertes n’a chuté que de 34 % par rapport au même mois de l’année précédente.

Un chiffre d’affaires annuel réduit de moitié

Sur l’ensemble de l’année, les hôtels de la région ont perdu environ 50 % de leur chiffre d’affaires. Ce recul est un peu moins marqué qu’au niveau national, - 57 %.

La région est moins attractive car éloignée des zones très ensoleillées ou des littoraux. Déjà en 2019, elle subissait le repli des étrangers, notamment des Britanniques. Et le confinement et des mesures aux frontières n’ont fait qu’accentuer le phénomène, tout particulièrement en avril et mai.

Le chiffre d’affaires a accusé alors une baisse de 90 % par rapport à l’année passée en Bourgogne-Franche-Comté comme dans l’ensemble de la France (figure 4).

La reprise est ensuite graduelle, et plus rapide dans la région qu’en moyenne nationale. Aussi, 83 % des hôtels étaient ouverts en juin et pratiquement tous fonctionnaient en juillet et en août. Le chiffre d’affaires total est reparti à la hausse mais restait en août 7 % en deçà de celui observé l’année passée.

Lors du deuxième confinement, bien que les déplacements professionnels restaient possibles, la baisse du chiffre d’affaires des hôtels est tout de même de plus de 60 % en novembre et décembre. L’activité dans la restauration, très liée à celle de l’hôtellerie, a suivi les mêmes tendances.

Figure 4Évolution du chiffre d'affaires par rapport au même mois de l'année précédente - Bourgogne-Franche-Comté

en %
Évolution du chiffre d'affaires par rapport au même mois de l'année précédente - Bourgogne-Franche-Comté (en %)
Hôtellerie Restauration
janv. 2019 -2 -1,8
févr. 2019 6,7 7
mars 2019 -1,3 3,2
avril 2019 5,9 2,3
mai 2019 -3,5 1,9
juin 2019 8 2
juil. 2019 -5,2 5
août 2019 4,8 4,2
sept. 2019 2,2 -1,5
oct. 2019 -0,1 2,9
nov. 2019 4,2 7,3
déc. 2019 5,5 0,9
janv. 2020 3,8 8
févr. 2020 1,2 -2,9
mars 2020 -61,8 -52,8
avril 2020 -90,8 -92,9
mai 2020 -90,4 -77
juin 2020 -59,1 -28,8
juil. 2020 -18,5 -7,3
août 2020 -6 -1,3
sept. 2020 -25,7 -7,2
oct. 2020 -31,6 -17,5
nov. 2020 -76,7 -71,2
déc. 2020 -63 -61,6
  • Avertissement : au niveau régional, les évolutions pour les campings ne sont disponibles que pour le cumul sur 12 mois. Elles ne sont pas disponibles au niveau départemental. Ceci pour des raisons de fragilité des données lorsque l'on descend à un niveau géographique plus fin.
  • Champ : unités légales monorégionales pérennes de 2017 à 2020, dont l'activité principale n'a pas bougé durant cette période.
  • Source : DGFiP, Insee.

Figure 4Évolution du chiffre d'affaires par rapport au même mois de l'année précédente - Bourgogne-Franche-Comté

  • Avertissement : au niveau régional, les évolutions pour les campings ne sont disponibles que pour le cumul sur 12 mois. Elles ne sont pas disponibles au niveau départemental. Ceci pour des raisons de fragilité des données lorsque l'on descend à un niveau géographique plus fin.
  • Champ : unités légales monorégionales pérennes de 2017 à 2020, dont l'activité principale n'a pas bougé durant cette période.
  • Source : DGFiP, Insee.

Un recours massif à l’activité partielle pour soutenir le secteur

La perte d’activité a eu un fort impact sur les salariés de l’hébergement-restauration. Dès le mois de mars, 30 % des salariés de ce secteur ont bénéficié des mesures d’activité partielle (figure 5). C’est en avril et en mai que la mesure fut la plus sollicitée, aidant environ 70 % des salariés. La proportion a ensuite décru, à 30 % en juin et 7 % en août, pour remonter à 60 % en novembre et décembre.

Figure 5Part des salariés du secteur hébergement-restauration en situation d'activité partielle

en %
Part des salariés du secteur hébergement-restauration en situation d'activité partielle (en %)
Bourgogne-Franche-Comté France hors Mayotte
mars 2020 32,6 31,7
avril 2020 69,8 68,2
mai 2020 66 62,6
juin 2020 31,1 31,5
juil. 2020 12,5 15,6
août 2020 7,3 10,9
sept. 2020 7,8 11,9
oct. 2020 12,9 19,5
nov. 2020 58,9 54,5
déc. 2020 57,3 52,6
  • Avertissement : données arrêtées au 8 mars 2021.
  • Source : DSN.

Figure 5Part des salariés du secteur hébergement-restauration en situation d'activité partielle

  • Avertissement : données arrêtées au 8 mars 2021.
  • Source : DSN.
Publication rédigée par :Xavier Tribout (Insee)

Avertissement

Les données chiffrées sont parfois arrondies (selon les règles mathématiques). Le résultat arrondi d'une combinaison de données chiffrées (qui fait intervenir leurs valeurs réelles) peut se trouver légèrement différent de celui que donnerait la combinaison de leurs valeurs arrondies.

Définitions

Hôtellerie de plein air (campings) / Campings :

Les campings sont destinés à l’accueil de tentes, de caravanes, de résidences mobiles de loisirs et d’habitations légères de loisirs. Ils sont constitués d’emplacements nus ou équipés de l’une de ces installations, ainsi que d’équipements communs.

Nuitée :

Le nombre de nuitées correspond au nombre total de nuits passées par les clients dans un établissement ; deux personnes séjournant trois nuits dans un hôtel comptent ainsi pour six nuitées de même que six personnes ne séjournant qu'une nuit.

Arrivées :

Les arrivées sont le nombre total de personnes arrivées dans un établissement durant la période considérée. Elles ne sont comptées qu'une fois, au 1er jour de leur séjour, quelle que soit la durée du séjour.

Séjour :

Les voyages se décomposent en « séjours » définis par le fait d'avoir passé au moins une nuit en lieu fixe. La durée des séjours est comptabilisée en nuitées.

Durée moyenne de séjour (hôtellerie, hôtellerie de plein air) :

Rapport du nombre de nuitées au nombre d'arrivées de clients hébergés.

Taux d'occupation (hôtellerie, hôtellerie de plein air, autres hébergements) :

Le taux d'occupation est le rapport entre le nombre de chambres (emplacements) occupés et le nombre de chambres (emplacements) offerts par les hôtels et campings ouverts.

Tourisme :

Le tourisme comprend les activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et séjours dans des lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année.

Résident (au sens du tourisme) :

personne résidant en France et réalisant un séjour touristique en France.

Non-résident (au sens du tourisme) :

personne résidant à l'étranger et réalisant un séjour touristique en France.

Taux d'ouverture :

rapport entre le nombre d'hôtels ouverts au moins un jour le mois de l'enquête et le nombre d'hôtels du parc.

Pour en savoir plus

Tribout X., « Saison d'été 2019 : fréquentation en hausse dans les campings de Bourgogne-Franche-Comté », Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté n° 92, novembre 2019.